| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 216 217 218 (219) 220 221 222 ... 956 »


Dagobert
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 18 octobre 629 Dagobert Ier devient roi des francs

né vers 602/605, mort le 19 janvier 638 ou 639, est un roi des Francs de la dynastie mérovingienne. Fils de Clotaire II 584-629, un arrière-petit-fils de Clovis, il règne sur l'Austrasie de 622 à 632 et est roi des Francs de 629 à 639. Durant cette période, il a sa résidence le plus souvent autour de Paris, notamment à Clichy actuel département des Hauts-de-Seine. Sous son règne, la royauté mérovingienne jette un dernier éclat avant que la réalité du pouvoir ne passe aux maires du palais. Roi des Francs du 18 octobre 629 au 19 janvier 638 ou 639, son prédécesseur est Clotaire II, Caribert II Unification de l'Aquitaine en 632, son successeur est Sigebert III: Roi d'Austrasie. Clovis II: Roi de Neustrie et des Burgondes. Il appartient à la dynastie des Mérovingiens. Son père est Clotaire II, sa mère Bertrude. Sa conjointe : Gomatrude, Nanthilde, Ragnetrude: concubine, Wulfégonde, Berchilde: concubine? ses enfants : Sigebert III, Clovis II

En bref

ils de Clotaire II et de Bertrade. Afin de satisfaire le particularisme de l'aristocratie austrasienne, que dominaient le maire du palais Pépin de Landen et l'évêque de Metz Arnoul, son père l'avait envoyé en Austrasie comme roi dès 623. Dagobert devint l'unique roi des Francs à la mort de Clotaire 629 et surtout à la mort de son propre frère, Caribert, à qui il avait dû laisser le gouvernement d'une partie de l'Aquitaine et du Languedoc 632. Il dut cependant composer à son tour avec les exigences de l'aristocratie et donner pour roi aux Austrasiens son fils Sigebert, alors en bas âge 634. Afin d'éviter que celui-ci ne s'approprie un jour la totalité du royaume, Dagobert attribua de son vivant à son second fils, Clovis II, la Bourgogne et la Neustrie.
Pendant les dix années de son règne, Dagobert a joui d'un pouvoir absolu, et la postérité en a gardé le souvenir, embelli par la comparaison avec ses médiocres successeurs. Il fut l'un des très rares Mérovingiens qui parvinrent à la royauté à l'âge d'homme et purent régner sans partage. Il fit reconnaître son autorité par les Saxons, les Gascons et les Bretons, intervint dans les affaires intérieures du royaume wisigothique d'Espagne, entretint de bonnes relations avec Byzance et tenta de s'opposer, avec les Saxons, les Thuringiens, les Alamans et les Lombards, à la poussée de la nouvelle puissance slave. Le prestige personnel de Dagobert, qui lui assura la soumission absolue de son royaume, fut tel, hors de ce royaume, qu'aucun roi des Francs ne l'égala plus avant l'avènement de Pépin le Bref. Jean Favier
"Le Bon roi Dagobert" Cette chanson composée à une époque qui reste imprécise – probablement antérieure à la révolution de 1789 –, cette chanson redevint tout à coup à la mode en 1814. On y intercala des couplets satiriques d'actualité. Interdite par la police, elle reprit au retour des Bourbons.

Contexte historique

Le règne de Dagobert se déroule environ 130 ans après celui de Clovis et 120 ans avant l'avènement du carolingien Pépin le Bref. Dagobert prend la succession de son père Clotaire II, ce dernier a unifié les terres franques alors réparties entre les petits fils de Clovis. Dagobert règne donc sur un royaume unifié. Cependant, il doit compter avec la noblesse austrasienne, qui avait su monnayer son aide auprès de Clotaire II contre Brunehaut.

La dynastie mérovingienne de Clovis à Dagobert

Le règne de Clovis 481-511 a établi la domination des Francs sur la plus grande partie de la Gaule ex-romaine. À la mort de Clovis, le royaume est partagé entre ses quatre fils, puis réunifié vers 555, augmenté de la Bourgogne, par Clotaire Ier.
Un nouveau partage entre fils a lieu à la mort de celui-ci, entre de nouveau quatre fils : l'un, Caribert meurt en 567 ; Gontran, roi de Bourgogne, reste dans une certaine mesure à l'écart du conflit, commencé vers 570, entre les couples Sigebert-Brunehilde/Brunehaut royaume de Metz, l et Chilpéric-Frédégonde royaume de Paris, Neustrie ; Sigebert est assassiné en 575, Chilpéric en 584 ; il laisse un fils de quelques mois, Clotaire, qui triomphe en 613 avec l'exécution de Brunehilde et de ses petits-enfants. Il réunifie alors le royaume franc. Cependant, sous la pression des nobles austrasiens, il doit dès 623 confier le royaume d'Austrasie à son fils Dagobert, qui lui succède comme roi des Francs en 629.

Le monde à l'époque de Dagobert

Sous le règne de Dagobert, le royaume franc couvre l'ancienne Gaule ainsi que des dépendances en Germanie, notamment la Bavière. Il est ici au contact de peuples encore païens : les Frisons, les Saxons et les Alamans en Germanie, les Avars en Pannonie actuelle Hongrie. Au nord, l'actuelle Angleterre est divisée entre différents royaumes anglo-saxons Kent, Mercie, etc., dont certains sont encore païens. Au sud-est, l'Italie est aux mains des Lombards, royaume des Lombards, duchés de Spolète et de Bénévent, dont beaucoup sont encore ariens ou païens, et de l'Empire byzantin, Exarchat de Ravenne, dont dépend Rome, siège de la papauté ; Sicile et Italie du sud. Au sud, l'Espagne est aux mains des Wisigoths, royaume de Tolède, dont était originaire la reine Brunehilde. La grande puissance de l'époque est l'Empire byzantin capitale : Constantinople qui contrôle, en plus des provinces italiennes, le sud des Balkans, le Moyen-Orient et l'Afrique du nord. La date de 630 est importante pour l'avenir de ces régions : c'est l'année de la prise de La Mecque par les musulmans de Médine, donc le début des conquêtes musulmanes ; le prophète de l'islam Mahomet meurt en 632.

Pépinides et Arnulfiens à l'époque de Dagobert

Les Pépinides et arnulfides, ancêtres des Carolingiens, constituent dès cette époque deux familles importantes en Austrasie. Parmi eux, on doit citer le maire du palais Pépin de Landen et saint Arnoul. De leur alliance et du mariage de leurs enfants, naîtra la famille carolingienne. Ils possèdent de très nombreux domaines en particulier dans la vallée de la Meuse Herstal, Jupille, etc.. Après Dagobert, les maires du palais d'Austrasie, de Neustrie ou de Bourgogne jouent un rôle croissant, au détriment des rois de la famille mérovingienne.
la chronique de Frédégaire, qui date du VIIe siècle,
le Liber Historiae Francorum VIIIe siècle,
les5 Gesta Dagoberti, ouvrage rédigé au IXe siècle aux environs de 835 par Hilduin de Saint-Denis et Hincmar de Reims.
La chronique de Frédégaire est rédigée peu après le règne de Dagobert. Mais elle est tout de même biaisée par le point de vue de son auteur, qui juge les rois en fonction de leur attitude vis-à-vis de l'Église. Les deux chroniques ultérieures sont encore plus biaisées, parce que le règne de Dagobert est, dans les milieux carolingiens, l'objet d'une reconstruction qui en fait le roi mérovingien le plus remarquable après Clovis.
Il existe aussi quelques chartes le plus souvent des chartes de donation. Certaines datent du règne de Dagobert, mais un assez grand nombre de fausses chartes attribuées à Dagobert ont été rédigées après sa mort, du IXe au XIIe siècle, en particulier à l'abbaye de Saint-Denis, lieu de la sépulture de Dagobert, et plus tard de Charles Martel et Pépin le Bref, puis des Capétiens. On a au total 40 documents dont 33 sont faux 20 documents concernent Saint-Denis, dont 18 faux.
Ce phénomène des fausses chartes de Dagobert est lié à la valorisation de son rôle à l'époque carolingienne, puis sous les Ottoniens et les Capétiens. Dans cette perspective, ont aussi été élaborées de fausses généalogies10 établissant le rattachement des Carolingiens, puis d'autres familles, aux Mérovingiens grâce à une sœur inventée de Dagobert ; cette pratique a encore lieu au XVIe siècle au sein de la famille des ducs de Lorraine en lutte contre la famille royale française des Valois.

Sa vie

Dagobert est le fils de Clotaire II fils de Chilpéric Ier et arrière-petit-fils de Clovi). Sa mère s'appelle Bertrude.
À l'âge de neuf ans, il est atteint d'une entérite colique. Bertrude l'envoie, avec son demi-frère Caribert, dans la villa royale de Reuilly, à l'est de Paris. Il est instruit par des clercs qui lui enseignent le latin et l'histoire. À dix ans, il apprend à monter à cheval, pratique du sport et le maniement des armes11. Il pratique également comme passe-temps certaines activités manuelles comme l'ébénisterie et la menuiserie. En 615, il rejoint la cour du roi son père, avec qui il entretient des relations dictées par la raison d'État, pour y suivre l'instruction de l'École du palais où il enrichit ses connaissances politiques et administratives.
En 618, quelques mois après le décès de Bertrude, l'épouse de Clotaire, ce dernier, père de Dagobert se remarie avec Sichilde, alors gouvernante de Caribert. Dagobert la voit comme une intrigante cherchant à favoriser Caribert tout en la soupçonnant d'avoir été la maîtresse de son père. Avec son frère Brodulf ou Brunulf, elle tente de faire obtenir un héritage égal entre les deux fils de Clotaire, alors que Caribert est mis à l'écart de la succession royale pour cause d'incapacité à régner. En 621, aux quinze ans de Caribert, Sichilde obtient de Clotaire un don de petits domaines disparates et éloignés les uns des autres, formant des comtés gérés par des intendants royaux, à chacun de ses deux fils. L'âge de la majorité est donné aux deux princes, supprimant leur gouvernance. En guise de remplacement, un maire du palais est désigné pour chacun d'eux, bien que ne régnant sur aucun royaume. Harmaire échoit à Caribert, quant à Dagobert, il lui est permis de choisir : il propose le duc Ega, qui, en plus d'avoir bonne réputation, participe à sa formation à l'école du palais, ce dernier accepte et la proposition est approuvée par le roi. Brodulf et Sichilde font en sorte d'éloigner le plus possible Dagobert de la cour, afin que le roi porte plus d'attention à Caribert, en incitant Clotaire à envoyer Dagobert un peu partout à travers la Gaule : en Austrasie, Burgondie et Neustrie. Ceci permet à Dagobert de connaître les régions du royaume avec leurs particularités, de rencontrer des gens de toutes conditions et de visiter toutes sortes de lieux, de lier des relations et d'être perçu comme délégué de la couronne18.
En 622, il siège au conseil du royaume, où il participe aux décisions gouvernementales en étant consulté par son père et ses ministres. Il recommande la prolifération des immunistes, octroyant un diplôme royal d'immunité aux propriétaires de domaine, refusant l'accès au domaine à toute personne extérieure autre que le roi afin de limiter le pouvoir des Grands du royaume qui usurpent le pouvoir du roi pour exercer une juridiction à ses dépens et accaparer des pouvoirs judiciaires ainsi que des biens, taxes, capitations, récoltes... Il promeut également des recommandations pour assurer une meilleure hiérarchisation seigneuriale : un seigneur reçoit l'hommage d'un guerrier ou d'un chef qui prête serment de fidélité et offre ses services en échange d'avantages et de la protection du seigneur. Une protection spéciale et des devoirs particuliers sont attribués à ceux qui se recommandent au roi. Les leudes sont des recommandés qui placent leurs terres sous la protection du roi et en échange de quoi, le roi leur en offre d'autres.
Dans le but d'augmenter la production agricole des paysans libres, le concept d'origine romaine des précaires est répandu : un propriétaire terrien accorde l'exploitation d'un terrain à un paysan libre pour un certain nombre d'années qui peut faire ce que bon lui semble de la récolte, en échange le paysan doit aménager et entretenir la terre. À l'expiration du délai d'exploitation, le propriétaire bénéficie des aménagements et constructions réalisées.
Pour fidéliser les vassaux à la monarchie, des bénéfices peuvent être accordés : l'usufruit d'un domaine, pour une durée déterminée d'au moins cinq ans et à vie la plupart du temps, est attribué à un favori du roi en échange de services rendus.

Roi d'Austrasie

En 623, l'évêque de Metz, Arnoul, demande à être visité par le roi, mais celui-ci préfère envoyer Dagobert. Arnoul rend compte que les Austrasiens sont jaloux des Neustriens qui bénéficient de la présence du monarque et s'estiment lésés. Aussi, ils souhaitent la présence du roi en leur contrée ce que Clotaire refuse. Mais cédant aux revendications autonomistes des nobles d'Austrasie, il nomme Dagobert vice-roi de ce territoire, amputé néanmoins des régions à l'ouest des Ardennes et des Vosges ; les vallées de la Haute-Meuse, de la Haute-Marne, de l'Aisne, de la Champagne. Les villes de Verdun, Toul, Châlons et Reims, également exclues, sont déclarées cités royales et ne dépendent que du roi en tant qu'associé à la couronne avec délégation d'autorité. Cette décision est approuvée par Brodulf qui voit là une occasion d'éloigner Dagobert ainsi que Harmaire, que Brodulf suggère qu'il commande des troupes afin d'apaiser les troubles causés outre-Rhin par le duc saxon Aighina. C'est alternativement à Metz et à Trèves qu'il réside alors. Ses tuteurs seront le maire du palais Pépin de Landen, saint Arnoul et Cunibert ou Chunibert, évêque de Cologne, qui sont déjà les dirigeants effectifs de la contrée. Son éducation s'oriente de manière à répondre aux besoins de l'Église, et il ne peut se passer de la compagnie d'Arnoul au point de menacer ses fils de mort si ce dernier ose mener une vie érémitique.

Il se consacre à l'amélioration du système judiciaire afin d'étendre les compétences du roi par la mise en place de réformes. Le wergeld prix de l’homme pour une même catégorie sociale est pratiquement équilibré, quelle que soit la naissance des hommes, les conditions de l'état civil, de la famille, des successions s'uniformisent. En conformité avec l'édit de 614, il impose que durant les jugements, un évêque ou un clerc intervienne pendant les débats ou délibérations pour réduire les injustices. Le comte du palais ou le clerc peuvent demander la reconsidération des sentences et interjeter appel. Il pousse à la périodicisation régulière des sessions, au maintien des jurys populaires, à la désignation de conseillers-auditeurs compétents au mandat de longue durée. Le référendaire spécialise les juristes auxquels le roi fait appel. Il laisse le chancelier-référendaire promouvoir à la chancellerie des magistrats pour des missions juridiques ou d'inspections. Les accusés, défendeurs et demandeurs peuvent s'appuyer sur des témoins, des garants ou cautions. Les problèmes concernant les veuves, orphelins et déshérités sont soumis aux clercs, qui ont mission de représentant et conseiller. Les conseillers-auditeurs non convoqués à une session peuvent assister ou représenter en justice des plaideurs. La taille des pagus unité administrative principale des états du royaume, où les comtes exercent la juridiction du roi, sont de tailles variables, empêchant ainsi le comte d'y assurer la représentation du roi à chacune des audiences des différents centres judiciaires. Les comtés sont donc partagés en vicairies où à leurs têtes sont nommés des vicaires, qui président les tribunaux locaux, sous autorité du comte. Les affaires importantes sont directement présidées par les comtes. Les comtes et les vicaires doivent désigner juristes et clercs de leur entourage pour assistance. Les comtes eux-mêmes ont appel à des vicaires pour les affaires courantes et pour les remplacer lors de leurs déplacements.
Chrodoald, un aristocrate bavarois de la famille des Agilolfing propriétaire d'un domaine à l'ouest de Trèves, exerce un trafic de marchandises avec les duchés alliés de l'Est et étend son influence au détriment de celle du roi, pour constituer un État indépendant. Il refuse également de payer l'impôt à Pépin de Landen, dont il a acheté certains de ses officiers, et ne se soumet guère au ban. Arnoul souhaite sa mise à l'arrêt et un jugement par le tribunal royal. Chrodoald se réfugie à Paris auprès de Clotaire qui demande à Dagobert d'abandonner toute poursuite, et de promettre de le laisser regagner ses terres. Clotaire aurait reçu serment de Chrodoald qu'aucun trouble n'interviendrait de sa part. Après consultation de Pepin, Arnoul, Harmaire, Anségisèle et l'évêque Clodulf de Metz, également conseiller royal, Dagobert accorde son pardon. À son retour au palais de Metz, il est assassiné par des hommes du patrice Harmaire sur ordre de Dagobert. Clotaire se rend compte qu'il y a eu accord entre son fils et l'entourage de celui-ci. Il menace de le destituer s'il ne vient pas de lui-même pour repentance et soumission. Dagobert en profite pour étendre son autorité sur Metz et Trèves. Il envoya Cunibert à Clichy demander au roi l'Austrasie avec la Champagne, Brie et les cités royales. Un comité de douze Grands a lieu pour en délibérer. En septembre 626, il rencontre son père et s'installe dans la villa royale de Saint-Denis. C'est peut-être à cette date ou en 625 qu'il fait embellir son monastère.

L'assemblée accorde l'intégralité de l'Austrasie à Dagobert excepté l'Aquitaine et la Provence, habituellement rattachées aux rois Austrasiens. Il est convoqué par son père à Clichy en présence d'Amand et de Caribert, pour reconnaissance officielle du royaume d'Austrasie et prêter serment d'allégeance. Mais Clotaire impose la condition qu'il épouse la sœur de la reine Sichilde, Gomatrude et que Caribert épouse Fulberte, belle-sœur de Brodulf, l'existence de Fulberte serait contestée, voir article Faux Mérovingiens. Ces mariages permettent à Sichilde et Brodulf que des membres de leur famille soient reines. Le mariage a lieu en décembre 626 à Clichy, Amand célèbre l'union. Il unit également Caribert et Fulberte quelques jours après.
Le duc Aighina doit s'expliquer devant Dagobert des troubles causés, à l'extérieur de son duché, par ses soldats. Il remet en cause la gestion de ses troupes par le patrice Harmaire et un différend éclate entre eux. Aighina doit faire serment de fidélité et est convié à une assemblée de Grands présidée par Clotaire, qui se situe entre décembre 626 et 627. Harmaire se fait assassiner en sortant de la grande salle de la villa royale. Les assassins s'enfuient mais des témoins reconnaissent des hommes de la garde personnelle d'Aighina qui s'est réfugié à Montmartre. Les fidèles de Harmaire veulent le venger et assiègent le duc. Brodulf demande l'intervention du roi qui convoque Ega pour imposer la paix du roi entre les rivaux. Aighina est destitué de son duché, remis à Berthoald, exilé à Montmartre avec une petite garde en compagnie et avec l'octroi d'un petit domaine comme résidence forcée.
En avril 627, profitant de la mort d'Harmaire, qui n'est pas encore remplacé dans ses fonctions, les Saxons commandés par Berthoald attaquent l'Austrasie. Dagobert lève le ban et commande les troupes à Spa. Durant la bataille, les cavaleries ennemies s'affrontent laissant les deux chefs face-à-face : Berthoald agrippe la chevelure de Dagobert et la lui coupe.
Dagobert demande de l'aide à Clotaire qui, avec Ega et l'armée Neustrienne, arrive près d'Aix-la-Chapelle. Le duc fond avec sa cavalerie sur les troupes de l'armée neustrienne tentant de la prendre à revers mais Ega et ses hommes, grâce à leurs piques et lances, font Berthoal prisonnier et mettent ses troupes en déroute. Ega convoque le roi et son fils et demande l'application des lois de la guerre concernant les traîtres : Clotaire ordonne l'exécution de Berthoald qui est décapité.
À la suite des affrontements, Dagobert doit reconstituer les royaumes de Saxe et de Thuringe.

En matière fiscale, il ordonne la restauration du cadastre, le versement annuel d'une redevance par les Grands. Les levées exceptionnelles sont supprimées et le droit de gîte et d'hospitalité, qui permet au roi et son escorte de bénéficier d'un hébergement et de subsistance, n'est plus accablant et des dédommagements sont accordés aux cités d'accueil. Les zones de stationnement et les relais des armées doivent être dédommagées par les provinces ou le pays dans son ensemble. Il encourage les comtes à rendre une justice moins intéressée en accroissant les inspections, les modifications de sentences. Il accorde des faveurs aux magistrats intègres. Il dote les comtes de bénéfices personnels qu'ils tentent de rendre héréditaires.
Face à l'augmentation des biens ecclésiastiques, Cunibert et Clodulf en informent le roi qui promeut de nouvelles lois : en cas de fraude électorale pour la nomination d'un évêque, ainsi que pour les désignations abusives de diacres et de prêtres, un appel peut être fait au roi. Il en est de même en cas de manquement d'un évêque pour l'assistance aux déshérités. L'enseignement leur revenant de fait, il leur est imparti d'ouvrir des écoles et de veiller à la bonne formation des clercs instructeurs, sous peine de voir leurs privilèges remis en cause. Les biens de l'Église ont pour objectifs l'amélioration des conditions des paysans et l'augmentation de leurs rendements. Les affranchis, esclaves, veuves et orphelins passent sous la juridiction des évêques tout comme les contrats de mariages et testaments.

Roi des Francs

Dagobert reçoit le royaume Franc par les évêques et les grands de Burgondie. Bibliothèque municipale de Castres. XIVe siècle
Dès le décès de Clotaire II 18 octobre 629, un messager lui transmet une invitation aux funérailles de son père à Paris. Le roi est enterré à l'église saint-Vincent. Alors que Sichilde s'est rendue dans sa villa de Bonneuil, Brodulf explique qu'avant sa mort, Clotaire aurait légué le royaume à Caribert, secondé par le maire du palais neustrien Landri. Dagobert exigea des témoignages et Brodulf dit que Landri et Amand sont témoins de la scène. Tous les deux sont convoqués et le contredisent : Landri dit qu'il n'a pas reçu de consignes particulières et Amand n'a entendu qu'un bredouillage de confession sans rapport. Dagobert ordonne à Brodulf de partir le plus loin et le plus vite possible, ce qui est fait. Face à toute la cour, il déclare son titre royal en se faisant nommer roi de Bourgogne, puis chasse Caribert de la Neustrie, lui faisant jurer de renoncer définitivement à la Gaule, Caribert devant lui succéder en l'absence de descendance. Quelques jours plus tard, Landri meurt et est remplacé par Ega. Il visite la Neustrie et la Burgondie pour y établir les réformes mises en place en Austrasie, puis s'installe dans l'abbaye de Saint-Denis.

La division du royaume des Francs 628.

Ega et le trésorier royal Didier, viennent le voir pour lui annoncer que l'Aquitaine se révolte du fait de l'absence de visite du roi dans cette province. Le comte de Cahors se fait assiéger par un groupement de bandits et de population locale, entrainant la lapidation de l'évêque Rubique, frère de Didier, qui tente de s'interposer. Didier est désigné comme successeur de Rubique. Afin d'apaiser les tensions, le roi doit se faire représenter en Aquitaine. Poussé par son oncle Brodulf, Caribert réclame son dû. Dagobert ne lui laisse pour territoire que le royaume d'Aquitaine, créé pour l'occasion. Ce royaume a Toulouse pour capitale et englobe l'Aquitaine méridionale duché de Vasconie jusqu'au Pyrénées avec comme principales villes Agen, Cahors, Périgueux et Saintes. Aidé par les ducs Vascons et Aighinan ainsi que par d'autres ducs et comtes, il envoie des troupes sur les principaux lieux de rébellion. Il repousse les Vascons ibériques ainsi que leurs alliés Aquitains, Proto-basques, soumettant à l'autorité royale toute l'Aquitaine. Le duc Aighinan s'installe avec ses troupes aux bords des Pyrénées. Lorsque Caribert rejoignit Toulouse, il reçoit un légat de Dagobert pour le complimenter de sa victoire.
Voulant répudier Gomatrude qui lui a été imposée par son père, il convoque le référendaire Dadon, l'évêque Amand et un officier de sa garde. L'officier est chargé d'avertir la reine qu'elle ne doit plus que se contenter de vivre dans une aile de sa villa de Romilly et d'y rester. Puis le roi accompagné de Dadon, Amand et de hauts dignitaires, signe l'acte de répudiation, ne laissant à la reine que la liberté de choisir son lieu de résidence, l'accompagnement de serviteurs et la possibilité de percevoir une pension de la part du comté de son lieu de résidence. Amand s'oppose à cette décision et est destitué de ses fonctions à la cour pour être envoyé auprès de Caribert, qui accepte de l'héberger. Mais devant son refus, Dagobert nomme Amand évêque sans siège fixe, en lui donnant pour mission l'évangélisation des païens du Pays basque. Avec l'aide de clercs qui l'accompagnent et des seigneurs chrétiens locaux, il fonde des paroisses, crée des séminaires d'enseignement de langue romane et de formation des diacres. Sa mission achevée, Caribert fait d'Amand son aumônier. Gomatrude est finalement répudiée et se réfugie dans le domaine de se belle-sœur Bruère.
En 630, afin de rendre justice et secourir les pauvres, il voyage en Burgondie, se rendant dans plusieurs villes dont Saint-Jean-de-Losne, où il fait assassiner Brodulf. Il répudie Gomatrude à Reuilly et épouse Nanthilde. Il prend ensuite comme concubine Ragnetrude qui enfante de Sigebert, Saint Amand et Dagobert Ier.
En décembre 630 ou en janvier 631, Dagobert parraine Chilpéric, le nouveau-né de Caribert II et de Fulberte. Caribert est malade de dysenterie ou de tuberculose, ce qui engendre des troubles causés par les seigneurs aquitains ainsi qu'une crainte de rébellion vasconne ou d'offensive wisigothe.
En 631, accompagné à Orléans par Pépin de Landen, son fils Sigebert est baptisé par l'évêque Amand et Caribert II. Il signe un traité de Paix Perpétuelle avec l'empereur byzantin Héraclius. Sur les conseils de ce dernier, il fait baptiser tous les juifs de son royaume.
Les Wendes ou Vénèdes, ethnie Slave, agressent une caravane de négociants Francs, provoquant un conflit diplomatique entre Dagobert et Samo, roi des Wendes. Les Francs d’Austrasie s’unissent avec les Lombards et les Alamans pour battre les Wendes. Dans la bataille, qui a lieu à Kaaden-sur-l'Oder (Wogatisburg)44, les Austrasiens sont vaincus. On attribue cette défaite par un manque de motivation, dû à une politique pro-neustrienne et au fait « qu'ils se voyaient haïs de Dagobert et continuellement dépouillés par lui.
En mars 631, Sisenand, aristocrate Wisigoth, demande l'appui de Dagobert pour détrôner son rival. Dagobert lève des troupes en Bourgogne et envoie les ducs Abondance et Vénérande qui marchent jusqu'à Saragosse. Sisenand monte alors sur le trône et offre aux envoyés de Dagobert 200 000 sous d'or, qui bénéficient à l'abbaye de Saint-Denis.
En janvier 632, Caribert II meurt. La volonté d'autonomie en Aquitaine est ébranlée par la mort du roi. Il est décidé que le duc Egina et l'évêque de Toulouse assurent la gouvernance de l'Aquitaine accompagné par l'évêque Didier de Cahors, qui dispense des conseils en cas de problème, pendant la minorité de Chilpéric. Cependant, celui-ci meurt quelque temps après, peut-être assassiné sur ordre de Dagobert. Le 8 avril 632, il récupère l'Aquitaine, reconstituant ainsi le royaume franc tel qu'il était sous le règne de son père. Dès lors, il choisit de quitter l'Austrasie, et de prendre Paris pour capitale, de par sa position géographique au centre du royaume.
Il se sépare ensuite de Pépin de Landen, tentant de recouvrer un peu du pouvoir que son père avait laissé aller aux maires du palais. Il choisit alors d'excellents conseillers tels que le chancelier Didier, le référendaire gardien du sceau royal Dadon canonisé sous le nom de Saint Ouen et l'orfèvre Eligius futur saint Éloi. Avec leur aide, il s'occupe en priorité des affaires intérieures du grand royaume des Francs et son règne constitue une trêve heureuse dans l'anarchie mérovingienne et apporte une paix relative, grâce à sa volonté d'unifier le gouvernement du pays. Il entreprend un certain nombre de réformes essentielles :
Il lutte contre les revendications autonomistes de certaines parties de la noblesse, et continuant l'œuvre entreprise par Clotaire II, il parvient à supprimer la pratique successorale dite de la patrimonialité qui fut, à cause des mésententes de partage, génératrice de nombreux conflits.
Il parvient aussi à réorganiser l'administration et la justice du royaume, et prend l'initiative, sur les conseils de l'ancien orfèvre Éloi, d'éliminer toute la fraude monétaire, en centralisant au palais la frappe de la monnaie.
Construction de Saint-Denis. Campagne de Dagobert Ier en Poitou. Robinet Testard, Poitiers XVe siècle. Grandes Chroniques de France. Bibliothèque nationale de France.
Il développe également l'éducation et les arts, et fait de nombreux dons importants au clergé il fonde entre autres l'abbaye de Saint-Denis qui accueille son tombeau quelques années plus tard : il lui accorde un droit de foire où tous les ans à partir du 9 octobre, jour de la saint Denis, le clergé peut organiser une foire pour effectuer du commerce et prélever des taxes à la place du pouvoir royal. Il aide Éloi à la fondation du monastère de Solignac, près de Limoges, et celui de saint Martial, dans l'île de la cité à Paris. Il accorde des privilèges d'immunité à Dadon, favorise le monastère de Rebais et choisit Didier au siège épiscopal de Cahors. Il est en fait le dernier roi mérovingien à diriger personnellement le regnum francorum.
Au niveau politique, Dagobert développe les relations diplomatiques avec les pays voisins : un accord en 633 avec les Saxons pour qu'ils l'aident à protéger ses frontières des Slaves de Samo. Les Saxons proposent à Dagobert de protéger le royaume en échange de rémission de leur tribut de cinq cents vaches. Il mène également des campagnes militaires, notamment contre les Vascons 638, les Bretons, et surtout les Slaves qui lui résisteront en 632.
Mais en 634, la noblesse d'Austrasie se révolte. Pour apaiser les esprits, Dagobert est contraint d'abandonner le royaume d'Austrasie à son fils Sigebert III qui n'a alors que deux ans il réussit néanmoins à écarter cette fois Pépin de Landen du poste de maire du palais. Il lui donne comme tuteurs l'évêque de Cologne et le duc Andalgésil.
En 635, il a de Nanthilde un fils nommé Clovis. Ce sont ensuite les nobles de Neustrie qui revendiquent leur rattachement à la Burgondie ; ils exigent et obtiennent que Dagobert rassemble les deux régions, et qu'il place son fils Clovis II à la tête de ce nouveau royaume.
Un traité fut conclu avec Sigebert, afin qu’à la mort de Dagobert la Neustrie et la Bourgogne reviennent à Clovis, l’Austrasie restant à Sigebert et à sa descendance.
En 637, une révolte de Vascons éclate. Une armée est envoyée de Bourgogne, avec à sa tête Chadoinde et dix ducs, qui ravagent leurs vallées. Lors du retour, un duc est piégé dans la vallée de la Soule et sa troupe est vaincue.
À la mort, en 612, du duc de Domnonée Hoël III, qui détient également le titre de roi des Bretons, ses deux fils Judicaël et Gazlun sont désignés pour gouverner conjointement48. Néanmoins, Gazlun refuse de partager le pouvoir et tente d'obtenir le titre de roi. Après une bataille partisane, Gazlun avec l'appui du duc-roi du Bro-Waroch, prend le dessus sur Judicaël et ses partisans cornouaillais. Celui-ci se consacre alors à la vie monastique du monastère de Saint-Méen-de-Ghé. Par l'intermédiaire d'intrusions, Gazlun dépossède alors des leudes partisans de son frère, en enferme certains en prison, en assigne à résidence et fait saccager des domaines et chantiers de construction. Il tente même d'imposer en culte des saints de son choix. Par crainte de voir cette pagaille déborder sur le royaume des Francs, les villes de Nantes et Rennes qui constituent ses défenses et ont été ravagées44, sont renforcées. Afin de savoir ce qui se passe, un notable est envoyé auprès de l’entourage de Gazlun qui décède en fin d’année 632.
Une délégation bretonne se rend au monastère de Saint-Méen-de-Ghé pour inciter à Judicaël à devenir roi. Celui-ci a pris goût à la vie monastique et préfère que son fils de douze ans, Alaüs, prenne sa place. La délégation lui demande d’au moins régner jusqu’à la majorité de son fils. Finalement, Judicaël accepte de devenir duc de Domnonée. Les nouvelles de Bretagne parviennent difficilement à la cour de Dagobert, qui décide de voyager en Poitou, dans l’Orléanais, la Touraine et le Maine pour enrichir ses informations. Il rencontre sans doute Berthilde dans un grand domaine des environs d’Orléans. Il apprend la mort de Gazlun et la prise de pouvoir de Bretagne par Judicaël. Eloi a pour mission d’obtenir la soumission de Judicaël et la réparation de tous les préjudices subis par ses leudes. Durant l’absence d’Eloi, le duc Ega assure sa fonction au gouvernement. Eloi s’installe alors dans le palais du gouverneur de Vannes. Avec l’aide de clercs qui l’accompagnent et qui se déplacent dans le Bro-Waroch, la Cornouaille et la Domnonée, il apprend que Judicaël n’a pas demandé audience à Dagobert pour se consacrer au redressement de la Bretagne, après les troubles causés par Gazlun. Des officiers laïcs de la délégation d’Éloi apprennent que les leudes ont été libérés et dédommagés. Éloi rencontre l’abbé du monastère de Saint-Méen-de-Ghé pour établir un accord en vue de faire se rencontrer Judicaël et Dagobert. Une ambassade est alors accueillie au palais de l’évêque à Vannes, où Éloi accueille des laïcs et ecclésiastiques. Il leur demande s’ils peuvent exprimer les intentions du roi Judicaël et celui-ci qui fait partie du groupe répond Je suis Judicaël et je ne suis pas roi. Après cette délégation, plusieurs négociations ont lieu tantôt à Vannes tantôt à Saint-Méen-de-Ghé. Judicaël y explique qu’il a accepté le titre de duc de Domnonée, que son père lui a attribué à lui et son frère, mais qu’il refuse tout titre royal. Il ajoute que tous les seigneurs bretons reconnaissent la suzeraineté de Dagobert, qu’il n’a jamais failli à sa parole, et refuse de se soumettre, ce qui serait reconnaître une faute qu’il n’a pas faite. Judicaël reproche aux Francs leur indifférence et de n’être pas intervenus contre Gazlun, ce à quoi Éloi répond que la situation bretonne est mal connue de la cour franque et que l’envoi d’un légat auprès de Gazlun signifie la reconnaissance de son pouvoir. L’insistance d’Éloi pour que Judicaël rencontre le roi des Francs est vouée à l’échec, Judicaël affirmant que Je ne suis qu’un duc, non un roi. Je n’ai nulle raison de solliciter une faveur particulière, et nulle raison non plus de réitérer un acte d’allégeance auquel mon pays est fidèle. Il accepte néanmoins d’être reçu par un haut représentant du roi comme le serait n’importe quel duc plutôt que de dîner avec Dagobert. Éloi accepte de le faire recevoir par le référendaire Dadon. Judicaël accorde une audience aux représentants de Cornouaille et du Bro-Waroch, qui le saluent comme roi, pour exprimer aux représentant du roi des Francs la fidélité de la Bretagne. Judicaël rencontre alors Dadon à Creil pendant deux jours, en tant que duc des Bretons. Celui-ci enregistre les déclarations et renouvelle l’amitié et l’appui du roi. Le jour du départ de Judicaël, alors qu’il vient prévenir son hôte, Dagobert apparaît derrière une tenture qui se soulève, et donne l’accolade au duc pris de court, puis se retire. À la fin de l’année 634, Judicaël cède sa place à son fils Alaüs Alain II, qui sera traité en souverain de toute la Bretagne, pour se retirer au couvent de Saint-Méen-de-Ghé. Cette relation entre la Bretagne et le royaume des Francs permet d’accroître les liens entre seigneurs bretons pouvant devenir leudes du roi des Francs, et les autres leudes. De plus, de riches Francs peuvent s’installer en Bretagne et contribuer à faire vivre la région. Des liens commerciaux s’installent notamment avec le développement des manufactures de toiles de Vitré et de Locronan, des salines de Guérande et de Bourgneuf-en-Retz. Par l’intermédiaire des transports rapides dits de cache-marée, la Bretagne approvisionne de grandes villes telles que Paris en poisson frais. Les grandes villes bretonnes se développent : Brest devient un centre de construction navale et port de commerce. Le Mans devient un centre d’échange entre la Bretagne et la Neustrie et des populations bretonnes s’installent dans l’Alençonnais et dans l’ouest sarthois.

L’aristocratie vasconne se soumet à Clichy.

Mort de Dagobert 639. Chronique des empereurs, XVe siècle, Paris, bibliothèque de l'Arsenal.
En 638 ou 639, Dagobert tombe malade d’un flux au ventre à Épinay-sur-Seine. Il recommande alors la reine Nanthilde et son fils Clovis au maire du palais de Neustrie Aega. Il meurt quelques jours après, le 19 janvier à l'âge de 36 ans.

Héritage

À sa mort, ses deux héritiers sont encore très jeunes : Sigebert a huit ans et Clovis quatre ; l'unité de commandement disparaît et les luttes et l'anarchie reprennent. Le pouvoir des maires du palais va s'accroître au détriment des rois, car ils en profitent pour manipuler les jeunes souverains et s'emparer définitivement du pouvoir : c'est le début de l'époque dite des Rois fainéants qui marquera la fin de la dynastie mérovingienne.
Avant de mourir, le roi Dagobert a choisi d'être enterré, non à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, comme ses prédécesseurs depuis Childebert Ier en 558, mais à la nouvelle basilique Saint-Denis dont il a fait construire l'enceinte, sur le lieu où reposait déjà depuis 570 Arégonde, la quatrième épouse de Clotaire Ier. De Dagobert, dernier roi unique du regnum Francorum, il subsiste le tombeau que fait installer au XIIIe siècle le roi Louis IX.
Au XIIIe siècle, les moines de Saint-Denis voulurent rendre hommage au roi Dagobert en réalisant, pour sa dépouille, un tombeau exceptionnel. Mais la sulfureuse réputation du bon roi les fit trembler. Ils imaginèrent donc une sculpture un peu ambiguë et qui se lit dans la pierre comme une bande dessinée… L'âme du roi, figurée en enfant nu et couronné, est emportée en Enfer par les griffes des démons. Heureusement, saint Denis, saint Martin et saint Maurice délivrent cette âme, la présentent au Ciel et lui permettent d'accéder au Paradis. Le message est clair : Dagobert aurait mérité l'Enfer, mais l'intercession des saints lui a miraculeusement ouvert les portes de la bienheureuse éternité.

Le restaurateur de l'unité du regnum Francorum

Construction de la cathédrale de Saint-Denis
Il est reconnu roi d'Austrasie 623 par son père, Clotaire II, désireux de satisfaire le particularisme de l'aristocratie austrasienne. D'abord placé sous la tutelle du maire du palais Pépin de Landen et d'Arnoul, évêque de Metz, il leur échappe à sa majorité et, à la mort de son père, se fait reconnaître roi en Bourgogne puis en Neustrie, évinçant son frère cadet Caribert, relégué en Aquitaine.
Il reconstitue ainsi, pour la deuxième fois depuis la mort de Clovis, l'unité du regnum Francorum, dont il établit la capitale à Paris.

Tombeau de Dagobert Ier

Dernier roi mérovingien à avoir effectivement gouverné, il fut enseveli à l'abbaye de Saint-Denis, qu'il avait enrichie de ses dons. Au lendemain de sa mort, l'anarchie reparaît, inexorable, facilitée par une nouvelle et définitive division du regnum entre ses deux fils : Sigebert III, roi d'Austrasie depuis 634, et Clovis II, roi de Neustrie depuis 635.

Étymologie du nom Dagobert

Le nom de Dagobert est généralement considéré comme d'origine germanique : il pourrait signifier Jour brillant ou Bonheur du jour, obert ou oberth bonheur et dag jour, en vieux francique.
Une autre hypothèse est celle de l'étymologie celtique : dago signifierait bon et ber, grand .

Mémoire de Dagobert Récits de la vie de Dagobert

Alors qu'il était adolescent, Dagobert partit à la chasse au cerf. Ses chiens en poursuivirent un qui se réfugia dans une chapelle édifiée, à Catulliacum, sur le tombeau des saints Denis, Rustique et Eleuthère, évêques de Paris. Un miracle empêcha les chiens d'entrer, impressionnant Dagobert qui conçut pour les saints une grande vénération.
Chassant un cerf avec saint Ouen dans la forêt de Cuise, il aperçoit dans l'air une croix d'une blancheur lumineuse. Saint Ouen décida de bâtir une église à cet endroit, qui devint le prieuré de Lacroix.
Peu de jours après son entrée à Metz pour y exercer la délégation d'autorité de la couronne de son père, Dagobert aurait reçu la visite d'un prince d'Arabie attiré en Francie et en Alémanie par des perspectives d'échanges commerciaux. Ce prince l'aurait averti de la fuite de Mahomet, l'hégire, et de son retrait à Médine.
Notburge, fille de Dagobert, se vit proposer en mariage par son père, qui séjournait dans la vallée du Neckar près du royaume Wende, au roi Samo. Horrifiée par un mariage païen, Notburge se réfugia dans une grotte de l'autre côté de la rivière. Irrité, le roi la retrouva et la saisit par le bras qui lui resta dans la main. Reprenant ses esprits, Notburge entend le bruit d'un être rampant, un serpent s'avance et la remplit d'effroi. Cependant, jetant les yeux sur le reptile, elle lui voit la tête surmontée d'une couronne, une herbe dans la bouche, et fixant ses regards sur la plaie. Serpent divin, blessure guérie. Pieuse, Notburge obtint la conversion des habitants du lieu. La grotte devint un lieu de pèlerinage, et on éleva une église sur sa tombe à Hochhausen. Elle fut sanctifiée sainte Notburge.
Dagobert tomba malade d'une fièvre que les médecins ne savaient guérir. Au bout de six mois, son père envoya en Sarthe à saint Longis, fondateur du monastère du même nom « un calice et une patène en argent, que l'on voit encore aujourd'hui dans ce monastère. Le messager qui s'y rendait n'était pas encore à la moitié du chemin que la fièvre quittait le prince. .
Dagobert fut atteint de lèpre. Il confia son royaume à son fils et partit en pèlerinage avec son épouse. En Alsace, ils s'établirent à Atenborg. Au cours d'une chasse, le roi s'étendit sur un pré fleuri pour y dormir. Au réveil, le contact de sa peau avec la rosée rendit saine une partie de son corps. Sur conseil de sa femme, il s'immergea complètement et guérit de même. Le roi rendit pieusement grâce à Dieu, et dit dans un élan joyeux : Il est sûr que des saints se trouvent ici, ou que ce lieu même est sanctifié. Ainsi, je veux que cet endroit soit appelé désormais Lieu-Saint, ou Lieu-des-Saints Heiligenstadt. Les saints étaient les martyrs Aureus et Justin, une église fut construite en leur honneur.
La sœur de Dagobert, Énimie, se vit offerte en mariage. Or, elle était vouée au Christ. Elle demanda au seigneur d'empêcher cela, et fut atteinte de lèpre. Une vision lui intima de partir guérir à la fontaine de Burle, en Gévaudan. Ainsi, elle put guérir. De retour dans le royaume franc, la lèpre frappa à nouveau. Elle retourna à Burle et compris qu'elle devait rester en Gévaudan. Elle y accomplit de grands miracles, où tel saint Romain, elle anéantit le Drac, accompagnée partout de sa filleule également nommée Énimie. Elles moururent quasiment en même temps et furent ensevelies l'une au-dessus de l'autre, en sorte que seul le tombeau de la filleule, placé en haut, portait mention d'Énimie. Dagobert se rendit jusque dans le Gévaudan qu'en explorateur zélé il se mit à parcourir pour chercher l'endroit où se trouvait enseveli le corps de sa sœur la bienheureuse Énimie, tant il avait le désir de l'emporter dans son pays, pour glorifier sa sœur d'innombrables louanges et pour qu'honneur lui soit rendu. Mais trompé par la disposition des tombeaux, il s'empara d'Énimie la jeune. Ainsi, les reliques de la sainte restèrent en son abbaye.
Clotaire II fit Sadragésile duc d’Aquitaine. Celui-ci n’appréciait pas Dagobert et, lorsque ce dernier l’invita à sa table, en l’absence de Clotaire II, Sadragésile refusa de boire à trois reprises avec Dagobert en plus de se montrer impoli. Dagobert le ridiculisa en lui faisant couper la barbe et en le faisant battre avec des verges. Au retour de Clotaire II, son ministre raconta les faits. Le roi menaça son fils qui se réfugia en la chapelle de Saint-Denis où les hommes de son père ne purent entrer. Durant cette captivité, Dagobert fit un songe où les saints lui seraient apparus. Dagobert s’engagea à les honorer en échange de leur protection. Clotaire II s’inclina devant le pouvoir des saints et se réconcilia avec son fils. Il offrit, en plus, des dons au tombeau des saints.
Dagobert, ayant rassemblé une armée aussi nombreuse qu'il le put, passa le Rhin en personne, et n'hésita point à aller attaquer les saxons. Durant la bataille, Dagobert fut blessé à la tête et son père vint à son secours. Ils combattirent ne laissant vivant aucun homme dont la taille surpassât la longueur de son épée. Ce serait après la mort de son père que Dagobert aurait fait reconstruire l'église de saint-Denis en remerciement de la protection des saints.

La chanson Le bon roi Dagobert

Dans la culture populaire française, Dagobert est surtout connu au travers de la chanson du Bon Roi Dagobert. Celle-ci semble dater de la Révolution française. Selon la légende, Dagobert était tellement distrait qu'il avait l'habitude de mettre ses culottes ses braies, pantalons à l'envers. Myope, Dagobert avait l'habitude, selon Wulfram de Strasbourg VIIIe siècle, de se prendre les pieds dans les tapis et de chuter, sous les regards médusés des témoins. Bon vivant et populaire, il riait bien souvent de sa propre personne. Le respect dû au roi a fait passer sa légendaire distraction pour une simple légende.
Cette chanson, écrite sur un air de danse dit Fanfare du Cerf, n'a pas pour but de transcrire une vérité historique mais plutôt de se moquer du roi Louis XVI, connu entre autres pour sa personnalité distraite, et de la reine Marie-Antoinette, à travers ce roi ancien et mal connu.
Dagobert Ier, roi d'Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne, mort en 638 peint par Émile Signol 1804-1892. Peinture conservée au musée national du château et des Trianons de Versailles.


Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l
6





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Posté le : 16/10/2015 22:06
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Juste Lipse
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 18 octobre 1547 naît Justus Lipsius

ou en français Juste Lipse, de son nom d'origine Joost Lips, à Overijse Duché de Brabant, philologue et humaniste qui vécut dans ce qui était alors les Pays-Bas espagnols et aujourd'hui la Belgique, décédé à Louvain le 23 mars 1606, de nationalité néerlandaise il travailla à Iéna, Leyde, Louvain comme linguiste, historien, philosophe
Converti au calvinisme, professeur à Iéna puis à Leyde, il rentra, en 1590, dans la communion catholique et enseigna à Louvain. Sa philosophie s'inspire du stoïcisme.
Il s'efforça, notamment avec la composition de son essai De Constantia, de promouvoir un stoïcisme chrétien renouvelé du stoïcisme ancien. Par là, il devait influencer nombre de ses contemporains, donnant naissance au courant du Néo-stoïcisme. Il enseigna dans les universités d’Iéna, Leyde et Louvain.
Ses idées sur le citoyen idéal, comme individu responsable, dont le comportement est dicté par la Raison, qui reste maître de ses émotions, et est prêt à combattre pour le service de la Cité, firent de nombreux adeptes dans les temps troublés de la Réforme. L'idéal citoyen de Juste-Lipse, transposé à la politique, se traduit concrètement par une rationalisation de l'État et de ses organes exécutifs, un gouvernement autoritaire du prince, l'éducation des citoyens à la discipline, et une militarisation importante de la Société. Ces principes sont à la base du concept d'État moderne, tel qu'il se développa dans la République des Provinces-Unies.


Sa vie

Petit-neveu de l’érudit Martin Lipse, mort en 1555, Juste Lipse fit ses études à Bruxelles, à Ath et au collège des Jésuites de Cologne d’où ses parents le retirèrent, de crainte qu’il n’entrât chez les jésuites, pour l’envoyer faire son droit à Louvain, mais il préféra s'orienter vers les belles-lettres. Il suivit, comme secrétaire, le cardinal de Granvelle à Rome où il suivit les cours de Marc-Antoine Muret avec qui sa prodigieuse mémoire lui permit bientôt de rivaliser.
Il rentra à Louvain et voyagea, partageant sa vie entre les études, l’enseignement et les plaisirs. Il se convertit au luthéranisme, mais ses ouvrages Considérations politiques et surtout De una religione, dans lequel il prêchait la nécessité d’une religion unique et exclusive, semblèrent des avances faites au parti catholique et le rendirent suspect aux yeux des réformés. Il résolut alors de quitter la Hollande, et sous prétexte de maladie, il se rendit à Spa, d’où il envoya sa démission de l’université de Leyde. En 1591, il fit publiquement acte d’adhésion à la religion catholique.
Malgré les nombreuses offres de postes d’enseignant arrivant de toute l’Europe, il préféra la ville de Louvain. Il devint également historiographe de Philippe II d'Espagne et conseiller de l’archiduc Albert. Il publia de nombreux ouvrages sur des sujets très divers, religion, politique, philosophie, antiquité. Il a laissé également une très vaste correspondance.
On dit qu’il avait, au quotidien, un caractère agréable, malgré des accès de mélancolie. Il détestait la musique, mais aimait beaucoup les chiens et les fleurs, principalement les tulipes.[réf. nécessaire] C’est pourquoi, dans un portrait de groupe Rubens l’a représenté avec des tulipes derrière lui et son chien Mopsulus à ses pieds
Il mourut d’une maladie du foie.

Art épistolaire et débat d'idées

Le premier théoricien moderne de l'art épistolaire fut Érasme, avec son De conscribendis epistolis 1522. Face aux nomenclatures fixes des Formulaires médiévaux, il affirme que les lettres peuvent traiter toutes sortes de sujets et adapter leurs formes et formules en conséquence. Cependant, il maintient une rhétorique de la monovalence : un sujet, un propos, une lettre. Selon lui, c'est la vaste culture et la parfaite maîtrise rhétorique qui permettent à l'épistolier d'ajuster son texte au sujet, à la situation et au destinataire. Il conserve donc les principes de l'art oratoire établis par Cicéron et Quintilien. En même temps, il fonde une lignée de l' éloquence épistolaire, qu'illustrent en France les Lettres 1586 d'E. Pasquier, puis celles de Guez de Balzac, qui valurent à celui-ci la réputation de meilleur épistolier, et le plus éloquent, de son temps. Dans la république européenne des Lettres, mentionnons Juste Lipse, dont le recueil d'Epistolarum selectorum centuria prima, contemporain des Lettres de Pasquier, met l'accent sur le soin de l'elocutio, donc sur le travail du style. Cette lignée nourrie de la tradition de la lettre savante, à sujet moral, scientifique ou politique, saura se prolonger jusqu'au XVIIIe siècle. Elle engendrera des textes assez longs, fortement structurés, étayés de preuves et agencés selon la progression du raisonnement, notamment quand seront traitées des questions philosophiques ou religieuses ; en d'autres termes, on a ici affaire à des équivalents de l'éloquence délibérative ou judiciaire.
Une autre lignée, quoique de moins haute dignité selon les théories de l'époque, naquit en même temps et prit rapidement une extension plus grande. Son origine est allemande et latine avec les Epistolae obscurorum virorum d' Ulrich von Hütten (1515). À l'occasion de débats entre théologiens, celui-ci publia ces « lettres des hommes obscurs » qui sont des parodies des « lettres d'hommes illustres », des lettres éloquentes et savantes. En France, si les traités en forme de lettres furent assez peu nombreux durant la Réforme, le protestant Théodore de Bèze publia une Epistola magistri Passavanti (1553) qui reprenait le même schéma. Se faisait jour, de la sorte, une veine de l'éloquence par lettres à la fois ironique et susceptible de toucher les mondains aussi bien que les savants. Les pamphlets de la Ligue, puis ceux de la Fronde, firent un grand usage de la forme épistolaire, en particulier de sa version familière, que sa tournure soit sérieuse ou satirique. Dans la lettre polémique soutenue, donner à son discours une forme épistolaire était un moyen simple de porter le débat devant un public ; dans la lettre polémique familière et humoristique, la fiction souvent se renforce : l'auteur ne se donne pas pour le scripteur, mais invente une figure fictive susceptible de toucher un large auditoire, soit par une illusion de proximité sociologique et culturelle (ainsi abondent les lettres attribuées à un bourgeois, un curé, un simple gentilhomme, etc.), soit par la bouffonnerie. L'art de convaincre et la logique de l'incitation captent ainsi les ressources de la fiction et du jeu littéraire en fonction de leur projet.
L'usage de la lettre dans le débat d'idées atteint son apogée avec les Provinciales. On suit ici très nettement le passage d'un registre à l'autre, puisque les Lettres à un duc et pair d'Antoine Arnauld, qui étaient au centre du débat religieux dans lequel Pascal intervient, étaient des traités atteignant plusieurs centaines de pages. Pascal, lui, donne de « petites lettres » : il adopte la fiction d'une correspondance privée et, là où les docteurs en théologie argumentaient lourdement, il raconte, analyse brièvement, et joue de l'ironie. De plus, déplaçant le discours de l'espace savant vers l'espace mondain, il porte le débat devant l'opinion publique alors naissante. Il va jusqu'à mimer l'adhésion souhaitée du public : la troisième provinciale est une réponse, approbative, du provincial (le destinataire fictif), qui elle-même inclut deux billets approbateurs émanant d'une femme du monde et d'un homme de lettres. Plutôt que d'asséner en une seule fois un gros volume, Pascal va publier successivement ses diverses lettres, conservant ainsi les avantages de la spontanéité. Le succès fut immense et, par une inversion significative de la hiérarchie théorique des genres, les Provinciales furent traduites aussitôt en latin par Nicole, pour être diffusées dans toute la république des Lettres.
L'art de la lettre éloquente se manifeste aussi, en ce temps, sous une forme versifiée avec les Épîtres, celles de Boileau en particulier. Il connaîtra son âge d'or au XVIIIe siècle, soit dans sa version familière et ironique, où s'inscrivent les Lettres philosophiques de Voltaire, soit dans une version plus sérieuse de ton, dont relève la Lettre sur les spectacles de Rousseau. Mais l'éloquence tend alors à abandonner le tour de la lettre savante : assouplie, elle se fonde surtout sur la manifestation de l'investissement du scripteur, et donc sur la sincérité que la lettre exhibe. Depuis lors, la lettre comme expression du débat d'idées est restée un genre très actif. Le J'accuse de Zola, qui marque l'avènement d'une nouvelle figure de l'intellectuel et inaugure la vogue des « lettres ouvertes » qui fleurit au XXe siècle, appartient à cette catégorie. Les écrivains ont par la suite largement employé cette forme de l'éloquence épistolaire en en faisant le support du discours littéraire le plus engagé, y compris sur les questions sociales et politiques les plus délicates, comme ce fut le cas, par exemple, pour la Lettre ouverte aux directeurs de la Résistance de Paulhan, à propos de l'épuration. Chaque circonstance où les milieux intellectuels se trouvent divisés sur un point essentiel du débat idéologique favorise ainsi un regain de la lettre d'éloquence.

La lettre privée

Une génération après l'essor de la lettre éloquente vint celui de la lettre privée, en même temps que l'on assistait à un accès plus large des mondains à la culture écrite. Dès 1552, E. Pasquier incluait dans ses Rimes et prose un groupe de Lettres amoureuses. En 1555 paraissait le Stille, ou Manière de composer toutes sortes d'épistres ou lettres missives, qui est le premier manuel épistolaire en français, et où les lettres privées ont une place. En 1568 Le Secrétaire de Chappuys ce titre sera ensuite l'appellation courante des manuels épistolaires et en 1569 les Lettres missives et familières de Du Tronchet donnent une large place aux modèles de lettres mondaines. L'influence espagnole (Lettres dorées de Guevara et italienne les lettres de l'Arétin en particulier y est forte. Lettres authentiques traduites et lettres inventées s'y mêlent. Ce type d'ouvrage fait florès au XVIIe siècle et dans les siècles suivants, jusqu'à nos jours où il s'en diffuse encore.
Les secrétaires fournissaient des modèles de lettres de civilité (d'excuses, d'invitation, de condoléances...), en même temps que des conseils de rédaction. Ils constituaient des compléments des manuels de savoir-vivre, et des manuels de langue et de conversation. Par exemple, Puget de La Serre associe à son Secrétaire de la cour (1623, nombreuses rééditions) des Compliments de la langue française (1646). Le rôle de ces ouvrages « parascolaires » est donc considérable, non seulement dans la diffusion des normes de sociabilité et de civilité, mais aussi dans la formation des goûts littéraires. Ils contribuent à l'expansion de l'idéal de l'« honnête homme ». Le langage épistolaire se doit, selon eux, d'avoir les qualités de la conversation mondaine, mais en plus épuré. Il sera donc sincère, mais sans ostentation, riche d'émotion, mais tempéré d'humour, nourri de culture, mais sans pédanterie, capable d'invention, mais sans abus du jeu d'esprit. Ainsi la rhétorique se fondrait dans le « naturel » au sein d'une manière de bien dire et bien écrire qui serait aussi une (bonne) manière d'être.
Il s'agit là d'un idéal, que nombre de manuels illustrent mal et que nombre de lettres privées n'atteignent pas. Mais l'existence d'un public familiarisé avec l'art de la lettre spontanée et bien faite explique que celle-ci ait pu devenir un objet de littérature. Un pas décisif à cet égard est franchi avec la publication posthume des Lettres de Voiture 1654. Cette correspondance authentique d'un mondain en vogue offrait aux gens à la mode un miroir de leurs usages et de leur « style ». Elle leur représentait leur vie au vrai, mais exprimée avec un agrément tel que la lecture en devenait plus attrayante que celle des fictions. Ces textes relèvent surtout, en fait, de l'anecdote salonnière et du jeu d'esprit, mais un « Tout-Paris » qui pratiquait l'une et l'autre s'y est reconnu et a su leur faire un large succès.
Mais le phénomène le plus remarquable en ce domaine reste le triomphe de la Correspondance de Mme de Sévigné. Sa première édition (partielle) parut près de trente ans après la mort de l'auteur ; le succès fut immédiat, durable, et il persiste. Des historiens ont polémiqué pour savoir si Mme de Sévigné, en rédigeant ses lettres, songeait à leur publication ou s'il s'agit d'une correspondance vraiment spontanée. Il est certain que ces lettres sont d'authentiques lettres privées, destinées à tisser et consolider les liens de l'épistolière avec ses correspondants, à exprimer son amour maternel à sa fille, ou encore à régler des affaires privées et à accomplir des obligations de civilité. Mais il est logique qu'évoluant dans un milieu pétri de culture épistolaire Mme de Sévigné y ait trouvé un terrain propice à déployer un art de la lettre privée : non qu'elle applique les recettes des secrétaires, mais parce que la sensibilité et le style qui lui sont propres bénéficient de surcroît d'un goût affiné par ce qui était « dans l'air du temps ». Ce qui est en fait le plus significatif est le phénomène qu'illustre son succès littéraire posthume : le passage opéré par les critiques et le public d'une écriture du quotidien à l'écriture relevant de l'art littéraire.
Dans de telles publications, bien plus que dans des discours écrits composés exprès, et bien mieux même que dans les romans, s'offre au public le plaisir de découvrir sur le vif une intimité authentique. L'intérêt peut ainsi inclure celui du récit romanesque ou biographique, puisqu'on suit, chez Mme de Sévigné, la trame d'un véritable roman vécu de l'amour maternel ; il se rattache donc à la curiosité que l'on éprouve pour l'analyse psychologique appliquée à un être vrai ; et il peut, enfin, être celui qui accompagne une lecture d'ordre documentaire, concernant un milieu et une situation historique.
Si la Correspondance de Mme de Sévigné reste un cas exceptionnel par sa notoriété, cette partie de la littérature épistolaire a depuis lors donné nombre de publications et demeure très active. Deux catégories sont particulièrement abondantes. L'une couvre les correspondances de personnages célèbres, notamment celles des écrivains. Pour peu que les textes en aient été conservés, rares sont ceux, parmi les auteurs de quelque renom dans l'histoire littéraire, dont les lettres n'aient pas été recueillies et éditées. La critique y recherche un éclairage inédit sur les œuvres tandis que le public y lit des confidences et l'histoire d'une vie. Ainsi, Voltaire a laissé plusieurs milliers de lettres, aussi bien d'ordre intime que de tour plus officiel et public (à Frédéric II notamment). La vivacité de son style, nourri de l'art de la conversation mondaine qu'il pratiquait en virtuose, fait de cette correspondance une œuvre de haute tenue littéraire, en même temps que son abondance en fait le roman vrai d'une vie fertile en événements. Autre exemple célèbre, dans une veine différente : la correspondance de Flaubert, dont les confidences à des intimes avec qui les réserves ne sont pas de mise, offre une sorte de « journal » où l'on peut suivre la gestation de ses œuvres, et notamment de Madame Bovary.
L'autre catégorie, non moins active, concerne les correspondances de gens sans notoriété mais ayant vécu une situation sociale, historique ou psychologique remarquable : les guerres, emprisonnements, exils, procès, maladies, etc. forment la thématique de ces courriers lus comme autant de documents. Les soldats font à cet égard l'objet d'une attention particulière : en témoignent par exemple Le Soldat de Lagraulet. Lettres de G. Cuzacq écrites sur le front entre août 14 et sept. 16 et Les raisins sont bien beaux. Correspondance de guerre d'un rural. Là aussi, les similitudes avec le journal intime et les mémoires sont manifestes. Là aussi, on voit entrer en littérature, par le relais de l'histoire, ce qui, dans le principe, n'en relevait pas.

Honneurs

Buste de Juste Lipse à Overijse. Œuvre d’Édouard François Marchant 1853.

Édifices

Le siège du Conseil de l'Union européenne à Bruxelles porte son nom car une rue Juste Lipse se trouvait à cet endroit jusqu'à la construction de ce bâtiment en 1985.
Le bâtiment principal de la faculté de philosophie et lettres de l'université de Leyde porte son nom.

Toponymie

La place principale de sa commune natale, Overijse, porte son nom.
Une rue de Bruxelles porte son nom quoique son tracé et son emplacement aient été drastiquement modifiés en 1985.
Une rue de la ville d'Ath Hainaut
Une voirie de Louvain-la-Neuve Brabant-Wallon
Une rue de Louvain Brabant Flamand
Une rue de Gand Flandre Orientale

Sculpture

Un buste massif de Juste Lipse se trouve dans le hall d'entrée du bâtiment du Conseil.
Son buste est visible sur la place principale d'Overijse
Une statue se trouve au milieu de l'avenue des Alliés Bondgenotenlaan à Louvain, là où elle rencontre la rue Juste Lipse Justus Lipsiusstraat, œuvre de Jules Jourdain frère de Victor Jourdain.

Autres

En 2006 pour célébrer le 400e anniversaire de sa mort une pièce commémorative est frappée à son effigie. Deux valeurs sont mises en circulation : argent de 10 € et or de 50 €.

Œuvres traduites en français

Rubens présenté à Juste Lipse par Mme Moretus fille de Christophe Plantin - Tableau de Mathieu-Ignace Van Brée
Traité de la Constance de Just. Lipsius, auquel, en forme de devis familier, est discouru des afflictions & principalement des publiques, & comme il se faut résoudre à les supporter, Tours, Claude de Montrœil et Jean Richer, 1594
De la Constance, Paris, Gilles Robinot, 1606
Histoire de Notre-Dame de Hal, Bruxelles-Ostende, Ch.-J.-A. Greuse, 1859
Lettres inédites de Juste Lipse, concernant ses Relations avec les Hommes d’État des Provinces-Unies des Pays-Bas, principalement pendant les années 1580-1597, Amsterdam, C.G. van der Post, 1858
Traité de la constance Éd. Lucien Du Bois, Bruxelles, C. Muquardt, 1873
Œuvres, Gand, Vyt, 1886
La Correspondance inédite de Juste Lipse conservée au Musée Plantin-Moretus, Anvers, Vereeniging der Antwerpsche Bibliophielen Vrijdagmarkt, 1964
Les deux Livres de la constance : esquels en forme de devis familier est discouru des afflictions, et principalement des publiques, et comme il se faut résoudre à les supporter, traduction anonyme du latin, édition de Tours, 1592, Paris, Noxia, 2000

Œuvres en latin


Hortorum lib. IV. Cum Disputatione de cultura hortensi. Joan. Meursii fil. Arboretum sacrum. Angeli Politiani Rusticus. Adhaec Lipsii Leges hortenses et Lazari Bonamici carmen De vita rustica, Éd. René Rapin, Ultrajecti, Apud J. Ribbium, 1672
I. Lipsi Satvrnalivm sermonvm libri dvo, qui de gladiatoribus, Lvgdvni Batavorvm, Ex officina Plantiniana, apud Franciscum Raphelengium, 1590
Iusti Lipsi Epistolae Pars III, 1588-1590 Eas ediderunt, adnotatione critica instruxerunt, notisque illustrarunt Sylvette Sué & Hugo Peeters, Brussel, Koninklijke Academie voor wetenschappen, letteren en schone kunsten van België, 1987
Iusti Lipsi Epistolae quam curavit edendam Jeanine De Landtsheer, Brussel, Koninklijke Academie voor wetenschappen, letteren en schone kunsten van België, 1994
Iusti Lipsi saturnalium sermonum libri duo, qui De gladiatoribus, Antverpiae, Ex officina Plantiniana, apud Ioannem Moretum, 1604, 1598
Iusti Lipsis Epistolae Pars XIII, 1600, Brussel, Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten, 2000
De amphitheatro liber : in quo forma ipsa loci expressa, et ratio spectandi, cum aeneis figuris, Lugduni, Batavorum, Ex officina Christophori Plantini, 1584
Iusti Lipsi de amphitheatris quae extra Romam libellus : in quo formae eorum aliquot & typi, Antverpiae, apud Ch. Plantinum, 1584
Iusti Lipsi Saturnalium sermonum libri duo : qui de gladiatoribus, Éd. Jan Moretus, Antverpiae, ex officina Plantiniana, apud Ioannem Moretum, 1604
Iusti Lipsi de Cruce : ad sacram profanamque historiam utiles, Éd. Jan Moretus, Antverpiae, ex officina Plantiniana, apud Ioannem Moretum, 1593
Justi Lipsi De bibliothecis syntagma, Éd. Jan Moretus, Antverpiae, ex officina Plantiniana, apud Ioannem Moretum, 1602
Iusti Lipsi de Militia Romana Libri V 4- Apud Ioannem Moretum- Antwerpiea, ex officina Plantiniana, - 1598.



Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l




Posté le : 16/10/2015 21:41

Edité par Loriane sur 18-10-2015 15:42:04
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Choderlos de Laclos
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 18 octobre 1741 naît Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos

à Amiens, officier militaire et écrivain français du mouvement des lumières, dont l'Œuvre principale est "Les Liaisons dangereuses " en 1782, il meurt à 61 ans, à Tarente, dans le royaume des deux-siciles, le 5 septembre 1803.
Laclos a écrit quelques poésies publiées dans L’Almanach des Muses. Il a aussi composé les livrets de deux opéras-comiques. L’un, Ernestine, est inspiré d’un roman de Mme Riccoboni et tombe lors de sa première représentation. Issu de la petite noblesse de robe récemment anoblie en 1701 par l’achat d’une charge de secrétaire des Finances de Monsieur, frère de Louis XIV. Une naissance médiocre, peu de fortune amenèrent Laclos à choisir le métier des armes. Officier d'artillerie besogneux qui ne trouva pas le champ libre pour ses ambitions, il n'était encore que capitaine en 1769. En garnison à l'île d'Aix et à l'île de Ré.
UIl choisit l'écriture et il est l'homme d'une seule œuvre : Les Liaisons dangereuses, commencées en 1779 sur l’île d’Aix, et publiées en 1782. Scandale immédiat. En 1785, pour participer à un concours académique à Châlons-sur-Marne, Laclos rédige De l’éducation des femmes.
Pour prévenir contre le vice, il faut bien le peindre. Tel est le prétendu propos des Liaisons dangereuses, ce livre qui, suivant le mot de Baudelaire, s'il brûle, ne peut brûler qu'à la manière de la glace. Sans doute s'agit-il d'une satire des mœurs contemporaines qui montre la décadence des valeurs morales à la fin du XVIIIe s. on n'est d'ailleurs pas très sûr que Laclos n'éprouve pas quelque admiration pour le monde corrompu qu'il dépeint.

En bref

En définitive, Laclos est l'auteur d'un seul livre, Les Liaisons dangereuses, qui subsiste envers et contre tout : le milieu, les mœurs ont changé, l'anecdote offre peu d'intérêt par elle-même ; mais il manifeste, caché sous l'analyse la plus claire, on ne sait quel secret qui touche à la réalité de l'amour et de ses fantasmes. L'homme et l'œuvre : une double énigme. Un homme énigme, tout fait énigme ici, à commencer par l'homme. Sa vie paraît presque plate. Né à Amiens, Pierre Ambroise Choderlos de Laclos, écuyer infime et récente noblesse, entre à dix-huit ans à l'école d'artillerie de La Fère ; ne réussit pas, en 1761, à embarquer pour l'Amérique avec la Brigade des colonies, traîne de garnison en garnison, invente un boulet creux (l'obus), se morfond à l'île d'Aix où il écrit Les Liaisons, publiées en 1782, a, l'année suivante, un enfant de Marie-Solange Duperré qu'il épouse en 1786 et qui lui donnera deux autres enfants, polémique contre les théories – toujours en honneur – de Vauban, prend un congé en 1788, se voue – certains disent : se damne – à Philippe-Égalité jusqu'en 1792, milite chez les jacobins, échappe à la guillotine, est réintégré dans l'armée, promu général, et meurt de fièvre, en 1803, au siège de Tarente. Voilà, en gros, pour le donné manifeste. Les dessous ? Marcel Proust a opposé trop schématiquement au portrait de Mme de Genlis, hypocrite moralisatrice, le portrait de Laclos, l'honnête homme par excellence, le meilleur des maris ... qui a écrit le plus effroyablement pervers des livres ». Le meilleur des maris – les portraits de sa femme évoquent Cécile de Volanges – a une étrange bouche sensuelle. Cet honnête homme est l'indicateur du duc d'Orléans. Cet indicateur est jacobin. Ce jacobin, le voici nommé général, en 1800, par le Premier Consul. Ce rousseauiste, comme Bonaparte, semble placer l'énergie de l'intelligence bien au-dessus de la bonté. Et puis, enfin, l'honnête homme par excellence, avant de devenir le meilleur des maris, a tout de même écrit le plus effroyablement pervers des livres.
L'œuvre n'est pas moins énigmatique. Poésies légères, discours académique sur L'Éducation des femmes 1783, éloge de Vauban 1787, deux articles de critique littéraire, quelques proclamations jacobines, tout cela ensemble reste si léger, même de style, qu'un des éditeurs des Liaisons dangereuses, Yves Le Hir, en a conclu qu'il était impossible que ce chef-d'œuvre fût de Laclos, ce dernier s'étant contenté de raccorder et d'ajuster des lettres véritables.

Sa vie

Deuxième fils d’un secrétaire à l’intendance de Picardie et d’Artois, d'une famille de robe récente, il est poussé par son père à s'engager dans l'armée, bien que les perspectives de promotion soient restreintes, puisqu'il choisit l’artillerie, arme technique convenant à son esprit mathématique. Il est admis en 1760 à l’École royale d'artillerie de La Fère – ancêtre de l’École polytechnique.
Il est nommé successivement sous-lieutenant en 1761 puis lieutenant en second en 1762. Rêvant de conquêtes et de gloire, il se fait affecter à la Brigade des colonies, en garnison à La Rochelle. Mais le traité de Paris en 1763, met fin à la guerre de Sept Ans. Faute de guerre, le jeune lieutenant de Laclos est obligé d’étouffer ses ambitions dans une morne vie de garnison : au 7e régiment d’artillerie de Toul en 1763, où il deviendra franc-maçon dans la loge L’Union1, à Strasbourg de 1765 à 1769, à Grenoble de 1769 à 1775, puis à Besançon de 1775 à 1776. Cette année-là, affilié à la loge parisienne Henri IV, il en devient le Vénérable Maître. Parvenu dans les Hauts grades de la franc-maçonnerie, il créera son propre chapitre, la Candeur. Nommé capitaine à l’ancienneté en 1771 – il le restera durant dix-sept ans jusqu’à la veille de la Révolution – cet artilleur, froid et logicien, à l’esprit subtil, s’ennuie parmi ses soldats grossiers. Pour s'occuper, il s'adonne à la littérature et à l’écriture. Ses premières pièces, en vers légers, sont publiées dans l’Almanach des Muses. S’inspirant d’un roman de Marie-Jeanne Riccoboni, il écrit un assez mauvais opéra-comique Ernestine, le chevalier de Saint-Georges se chargeant de la partition. Cette œuvre n’aura qu’une seule désastreuse représentation, le 19 juillet 1777 devant la reine Marie-Antoinette.
Lors de cette même année 1777, il reçoit la mission d’installer une nouvelle école d’artillerie à Valence qui recevra notamment le jeune Napoléon Bonaparte. De retour à Besançon en 1778, il est promu capitaine en second de sapeurs. Durant ses nombreux temps libres en garnison, il rédige plusieurs œuvres, où il apparaît comme un fervent admirateur de Jean-Jacques Rousseau et de son roman la Nouvelle Héloïse, qu’il considère comme le plus beau des ouvrages produits sous le titre de roman. En 1778, il commence à rédiger Les Liaisons dangereuses.
Choderlos de Laclos est nommé maréchal de camp le 22 septembre 1792.
Il eut un fils : Étienne Fargeau Choderlos de Laclos, auteur des Carnets de marche du commandant Choderlos de Laclos An XIV- 1814, suivis de lettres inédites de Mme Pourrat, publiés avec une préface et des notes par Louis de Chauvigny Payot, 1912, né le 1er mai 1784 à La Rochelle et mort à la bataille de Berry-au-Bac le 18 mars 1814 lors de la campagne de France sous les ordres du Maréchal Marmont.

Les Liaisons dangereuses

En 1779, il est envoyé en mission dans l’île d'Aix pour assister le marquis de Montalembert dans la direction de la construction de fortifications contre les Britanniques. Néanmoins, il passe beaucoup de temps à l'écriture des Liaisons dangereuses qu'il rédige au cours de ses passages dans l'île mais également à Besançon et Paris3, de même qu'une Épître à Madame de Montalembert. Promu en cette fin d’année capitaine de bombardier, il demande un congé de six mois qu’il passe dans la capitale française où il écrit ; il sait que désormais son ambition littéraire doit passer avant son ambition militaire en impasse.
Son ouvrage en gestation contient ses frustrations militaires – n’avoir jamais pu faire valoir ses qualités lors d’une guerre – mais aussi les nombreuses humiliations qu’il estime avoir subies au long de sa vie, de la part des vrais nobles, ainsi que des femmes qu’il pense inaccessibles. Les Liaisons dangereuses sont donc aussi pour lui une sorte de revanche et une thérapie.
En 1781, promu capitaine-commandant de canonniers, il obtient une nouvelle permission de six mois, au cours de laquelle il achève son chef-d’œuvre. Il confie à l’éditeur Durand Neveu la tâche de le publier en quatre volumes qui sont proposés à la vente le 23 mars 1782. Le succès est immédiat et fulgurant ; la première édition comprend deux mille exemplaires qui sont vendus en un mois — ce qui pour l’époque est déjà assez extraordinaire — et dans les deux années qui suivent une dizaine de rééditions sont écoulées.
La publication de cet ouvrage, considéré comme une attaque contre la noblesse, est jugée comme une faute par la hiérarchie militaire. Ordonné de se rendre immédiatement dans sa garnison en Bretagne, depuis laquelle il est envoyé à La Rochelle en 1783 pour participer à la construction du nouvel arsenal, il fait la connaissance de Marie-Soulange Duperré5, qui le séduit et avec qui il aura rapidement un enfant. Il a 42 ans, elle seulement 24, mais, réellement amoureux, il l’épousera en 1786 et reconnaîtra l’enfant. Marie-Soulange sera le grand amour de sa vie et lui donnera deux autres enfants.
Choderlos de Laclos ne ressemble en rien au séducteur archétype du personnage de Valmont et n’en a aucune des tares6. Il n’est en rien un séducteur et on le décrit comme « un monsieur maigre et jaune à la conversation froide et méthodique. Sa vie sentimentale se limite à son épouse Marie-Soulange à qui il est fidèle, de même qu’il est pour ses enfants un père attentionné.
Par la suite, il participe à un concours académique dont le sujet est Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l’éducation des femmes ?, ce qui lui permet de développer des vues plutôt féministes sur l’égalité des sexes et l’éducation des jeunes filles. Dans ce texte resté inachevé, il dénonce l’éducation donnée aux jeunes filles qui ne vise, selon lui, qu’à les accoutumer à la servitude, et à les y maintenir. Le thème de l’émancipation féminine avait déjà dans Les Liaisons dangereuses un rôle important.
Le 17 juin 1787, il écrivait au Journal de Paris son projet de numérotation des rues de Paris.

La Révolution

En 1788, il quitte l’armée. Après une période de recherche personnelle du meilleur moyen de favoriser son ambition et diverses tentatives pour approcher un grand seigneur, il entre au service du duc d’Orléans dont il partage les idées sur l’évolution de la royauté.
La révolution qui éclate est enfin pour lui l’occasion de vivre intensément, il s'engage dans la Ligue des aristocrates, un groupuscule de petits nobles qui sera interdit par Robespierre. Dès le début il mène des intrigues en faveur de son maître et organise complots et machinations. Les 5 et 6 octobre 1789, il travaille aux journées versaillaises. D’après Gonzague Saint Bris, Choderlos de Laclos aurait organisé de bout en bout la marche des femmes à Versailles pour réclamer du pain7. Parmi les manifestantes, quelques hommes déguisés auraient été prévus pour s'infiltrer dans le palais7 et il rédige avec Brissot la pétition à l’origine de la fusillade du Champ-de-Mars. En octobre 1790, il fonde le Journal des Sociétés des amis de la constitution, émis par le Club des Jacobins. Le 17 juillet 1791, il négocie le rachat des six cents piques du 14 juillet.
Il se rallie à l’idée républicaine et quitte l'exil à Londres qu'il aurait partagé avec le duc d’Orléans7 pour un poste de commissaire au ministère de la Guerre où il a la charge de réorganiser les troupes de la jeune République. Ce poste de commissaire du ministère est équivalent au grade de général de brigade. Grâce à ses activités, il est chargé de l'organisation du camp de Châlons en septembre 1792 et il prépare de façon décisive la victoire de la bataille de Valmy. À cause de la trahison de Dumouriez, il est emprisonné comme orléaniste, mais sera libéré sous la Convention thermidorienne.
Ayant mis au point, lors d’expériences balistiques, un boulet creux chargé de poudre, de son invention, la mise au point des premiers boulets explosifs lui est attribuée. En 1795, espérant être réintégré dans l’armée, il rédige un mémoire intitulé « De la guerre et de la paix » qu’il adresse au Comité de salut public, mais sans effet. Il tente aussi d’entrer dans la diplomatie et de fonder une banque sans davantage de succès.
Finalement, il fait la connaissance du jeune général Napoléon Bonaparte, le nouveau Premier Consul, artilleur comme lui, et il se rallie aux idées bonapartistes. Le 16 janvier 1800, il est réintégré comme général de brigade d’artillerie et affecté à l’Armée du Rhin, où il reçoit le baptême du feu à la bataille de Biberach. Affecté au commandement de la réserve d’artillerie de l’armée d'Italie, il meurt le 5 septembre 1803 à Tarente, non pas lors d’un affrontement, mais affaibli par la dysenterie et le paludisme, et est enterré sur place. Au retour des Bourbons en 1815, sa tombe fut violée et détruite.

Prononciation

Certains francophones ne savent pas prononcer Choderlos, soit sho-der-lo et non ko-der-lo. Roger Vailland, dans son Laclos par lui-même, donne un fac-similé d’un Mémoire pour demander la Croix de Saint-Louis rédigé par Laclos et daté du 26 août 1787 ; il s’y dénomme Chauderlot de Laclos. D'ailleurs, on trouve souvent dans les écrits de l'époque l'orthographe Chauderlos-Laclos, qui confirme la prononciation sho-der-lo. Par exemple, dans son Histoire de France8, Rocques de Montgaillard écrit en 1827 que ... la compagnie d'artillerie destinée à agir contre l'Assemblée nationale, est commandée par Chauderlos-Laclos (si connu par son infâme roman intitulé Les Liaisons dangereuses, officier entièrement dévoué au duc d'Orléans… Les actuels descendants de Choderlos de Laclos prononcent leur nom : sho-der-lo.

Les Liaisons dangereuses Une œuvre test

Les Liaisons sont un chef-d'œuvre énigmatique. Qu'a voulu démontrer l'auteur ? Il porte un masque, et il nous dit d'entrée qu'il porte un masque, pour que nous ne sachions plus, en définitive, s'il porte un masque : un « Avertissement » prévient : « Ce n'est qu'un roman », et la préface qui le double garantit que ce recueil de lettres est authentique. Ce dédoublement caractérisera l'art de Laclos. Honnête homme par excellence ? Mais peut-être, par cela même, romancier d'un livre pervers, prêchi-prêchant l'utilité de dévoiler les moyens qu'emploient les corrupteurs, pour mieux s'octroyer le droit d'observer, sentir et peindre, selon sa définition du romancier, le trouble de la présidente de Tourvel prise aux rets de ses liaisons dangereuses.
En doute sur les intentions de l'auteur, il convient de consulter l'œuvre seule. Que signifie-t-elle ? La signification du Père Goriot ou de Madame Bovary ne se prête guère à des interprétations aussi contrastées que celles – horreur ou extase – dont les Liaisons sont l'épreuve, chacun s'y projetant, comme dans le test de Rorschach : Grimm, sa prudence cauteleuse à l'égard de la bonne compagnie ; La Harpe, sa hargne de réactionnaire ; Musset, sa suffisance de dandy romantique qui rabaisse Valmont au-dessous de Lovelace ; Baudelaire, son satanisme ; Giraudoux, tendre racinien, son hermaphrodisme du couple tragique ; Malraux, sa mythologie de la volonté ; Vailland, son petit catéchisme de crypto-roué communiste ; Dominique Aury, son espoir de libérer la femme ; pour ne rien dire de tous ceux – Sainte-Beuve, Lanson, etc. – qui préfèrent la consigne du silence sur cet ouvrage interdit de 1815 à 1875.
L'énigme ne vient pas de l'anecdote. Presque du feuilleton : deux complices, deux séducteurs, chacun à la manière de son sexe selon les mœurs du temps ; elle, la marquise de Merteuil, en se dissimulant – Tartuffe femelle, pour Baudelaire ; lui, le vicomte de Valmont, en fanfaronnant, se vengent à pervertir Cécile de Volanges, une innocente de quinze ans ; entre-temps, Valmont parvient encore à déshonorer la vertu même, la présidente de Tourvel qui en meurt, et, tandis qu'il se fait tuer en duel, sa complice, trahie, ruinée, défigurée par la petite vérole, quitte la France.

Trop de clarté devient suspecte

Observons l'art du romancier. Rien de plus simple en apparence : un récit par lettre, qui suit l'ordre linéaire du calendrier. Les lettres offrent de nombreux avantages. On nous les livre, elles détectent ; c'est, sous une autre forme, mais selon le même principe, la technique du Diable boiteux qui soulève les toits de Paris : elles découvrent ce qui est couvert. Comme, d'ailleurs, chaque épistolier y parle nécessairement de ce qu'il connaît en première personne, le romancier n'a pas à faire preuve de cette voyance qui – reprochait Sartre à Mauriac – prive les personnages de leur liberté : le lecteur est informé de tout, sans avoir à intervenir. Au surplus, chaque épistolier, menteur ou sincère, s'exprime à sa manière : d'où la rare « variété des styles » dont se flatte Laclos en sa préface, dont Grimm le félicite, et si frappante que Y. Le Hir n'en voit d'autre explication que l'authenticité des lettres. Menteuse ou véridique, une lettre s'adresse toujours à quelqu'un qu'il importe de prendre en considération si l'on a de l'usage ; c'est ce qu'enseigne la marquise de Merteuil à Cécile de Volanges : « Vous écrivez toujours comme un enfant... c'est que vous dites tout ce que vous pensez, et rien de ce que vous ne pensez pas ; [or] vous voyez bien que, quand vous écrivez à quelqu'un, c'est pour lui et non pas pour vous : vous devez donc moins chercher à lui dire ce que vous pensez, que ce qui lui plaît davantage. » Mais mentir n'est pas si facile, et, cette fois, c'est à Valmont que la marquise donne une leçon de style ; rien de si difficile en amour que d'écrire d'une façon vraisemblable ce qu'on ne sent pas : « Ce n'est pas qu'on ne se serve des mêmes mots ; mais on ne les arrange pas de même, ou plutôt on les arrange, et cela suffit. » Ainsi, en un jeu de miroirs, Laclos approfondit, par la variété des styles, la très banale technique des lettres : chaque scripteur y exprime à la fois sa personnalité, son rapport à la personnalité à laquelle il s'adresse, le rapport des divers milieux sociaux. Autre jeu de miroirs : la même scène – le bienfait truqué, la chute de Cécile, la rencontre des voitures devant la Comédie, etc. – reflétée sans déformation par deux témoins, mais avec des significations différentes. Variété des personnages dans la variété des styles, variété de signification des mêmes circonstances, machinations que l'on démonte avant de les monter, mensonges expliqués d'avance, rien n'échappe, par la correspondance des miroirs, tout apparaît dans la clarté d'un impeccable mécanisme.

Des personnages transformés

Cette clarté, précisément, devient suspecte, anormale. Que cache-t-elle ? Elle cache, sous l'ordre abstrait des dates que portent les lettres, le travail du temps subjectif. Le héros du roman classique, trop souvent demeure le même, à peine marqué, à la fin, de quelques traces extérieures de ses aventures, à peine grimé en vieillard. En dehors de La Vie de Marianne, on ne voit guère, au XVIIIe siècle, que Les Liaisons dangereuses pour remplacer ou compléter le caractère, immuable comme une espèce, par un individu qui change avec l'expérience. Seules les dames que leur âge met à l'abri de la passion – la mère de Cécile de Volanges, la tante de Valmont, dont les lettres sont admirables – ne sont pas touchées par le temps. Tous les autres personnages sont transformés. Par quoi ? Par l'amour. La moins atteinte est Cécile de Volanges, son amour est trop juvénile. Il semble, dans Les Liaisons, que le désir ou le plaisir garde l'immédiateté de la nature, ne dure que l'espace d'un besoin, n'offre qu'un bonheur passager, n'engage pas, obéisse à des lois mécaniques et, par cela même, puisse être exploité comme jeu social de vanité perverse. Au contraire, l'amour dépasse la nature, peut-être la société, il aspire au bonheur durable, il engage, il transforme, on ne peut jouer avec lui. Le plaisir et l'amour peuvent être dissociés Cécile. On va du désir à l'amour Valmont, ou de l'amour au désir avoué la présidente. La marquise permet le plaisir à Valmont ; elle se trouble dès qu'elle le sent amoureux. L'art de Laclos excelle lorsque, ingénieur de la femme, il analyse en elle – Cécile, Mme de Tourvel dans sa chute – le mécanisme, le comportement du désir.

Un caractère

Bien entendu, le changement du personnage a lieu selon la loi du caractère. Danceny restera honnête, Valmont volage, Cécile « niaise et sensuelle », la Présidente sans mensonge. Cependant, si Les Liaisons s'élèvent au chef-d'œuvre, elles le doivent, en grande partie, au caractère de la marquise de Merteuil. Quel caractère ! Elle est la première héroïne tragique à ne pas dépendre des dieux, mais à être le dieu d'elle-même. Elle se crée. Elle maîtrise même sa physionomie. Son énergie, son œil d'aigle, sa passion de la liberté en font un archétype, un fantasme de cape et d'épée contre les injustices. À s'en tenir à l'anecdote de ses conquêtes, on regrette qu'elle dépense le génie de Bonaparte à des batailles de café du Commerce. Mais c'est sa révolte qui compte. Elle sert une cause. Elle en accepte tous les risques. Son inévitable point faible : ayant pris le maquis, pouvait-elle agir sans complice ? et ne pas aimer ce complice ? Yvon Beltran;

Les liaisons dangereuses, livre de Choderlos de Laclos


Rien ne semblait destiner l'officier d'artillerie Choderlos de Laclos (1741-1803) à la littérature, ni son roman, Les Liaisons dangereuses, paru en 1782, à un tel succès de scandale. Sa formation lui assura une solide culture scientifique et technique ; son expérience, de garnison en garnison, lui permit de côtoyer le libertinage aristocratique plus que de le pratiquer lui-même. Il offre pourtant à l'Ancien Régime finissant l'image la plus cruelle de la crise des valeurs, et à la tradition littéraire du roman libertin un chef-d'œuvre qui semble en épuiser la veine.
Le sous-titre complet du roman, Lettres recueillies dans une société et publiées pour l'instruction de quelques autres, indique la forme adoptée : le roman épistolaire, illustré par Richardson et Rousseau et devenu la forme romanesque dominante dans l'Europe des Lumières. L'épigraphe, J'ai vu les mœurs de mon temps, et j'ai publié ces lettres, est empruntée quant à elle à la Préface de La Nouvelle Héloïse (1761) de Rousseau. C'est en disciple de Jean-Jacques Rousseau que Laclos entreprend de critiquer les mœurs dépravées de la noblesse de cour pour laquelle la morale religieuse est devenue conformisme et formalisme, tandis que quelques libertins, qui se proclament roués, c'est-à-dire dignes du supplice de la roue, bafouent l'amour et le mariage. Les « liaisons dangereuses » désignent les mauvaises fréquentations qui menacent les jeunes gens, et les lettres imprudentes qui tombent entre les mains de séducteurs et deviennent des armes contre leurs auteurs. Le texte est si bien agencé en machine infernale qu'il finit par apparaître comme une peinture complaisante des conduites de séduction. Les Liaisons dangereuses ont pu être lues comme une apologie de cette maîtrise du mensonge qu'est le libertinage, qui mime le langage de l'amour et tend à contrôler les aveux et les déclarations de chacun. Le romancier et son lecteur risquent alors de devenir les complices objectifs des roués. Les Liaisons dangereuses peuvent donc aussi apparaître comme l'exacte antithèse de La Nouvelle Héloïse.

Les dangers du libertinage

L'intrigue commence avec l'entrée dans le monde de la jeune Cécile Volanges qui quitte son couvent pour être mariée au comte de Gercourt. Elle raconte à son amie de couvent ses premières expériences mondaines et amoureuses : elle s'éprend de son maître de musique, Danceny. Une de ses parentes, la marquise de Merteuil, entend se venger de Gercourt qui lui a été autrefois infidèle, et convainc son complice en libertinage, le vicomte de Valmont, de séduire et de déflorer la jeune Cécile pour ridiculiser son futur époux : « Je veux donc bien vous instruire de mes projets : mais jurez-moi qu'en fidèle chevalier vous ne courrez aucune aventure que vous n'ayez mis celle-ci à fin. Elle est digne d'un héros : vous servirez l'amour et la vengeance ; ce sera enfin une rouerie de plus à mettre dans vos Mémoires... » Mais Valmont est obsédé par la conquête d'une femme apparemment vertueuse et inaccessible, la présidente de Tourvel. Il faut que Cécile et la présidente se trouvent l'une et l'autre dans un château de province pour que Valmont mène de front les deux entreprises. Il couche facilement avec la jeune Volanges, mais n'obtient la présidente qu'au terme d'une longue traque. La marquise de Merteuil, qui est la confidente de ces hauts faits libertins, diagnostique dans le bulletin de victoire de Valmont la naissance d'un sentiment amoureux pour la présidente de Tourvel. Elle oppose à l'efficacité libertine de son complice sa propre dextérité. Elle séduit et mène à sa perte Prévan, qui est un double de Valmont et qui croyait contrôler leur relation. Elle séduit ensuite le jeune Danceny. C'est désormais la guerre entre les anciens amants, entre les libertins. Tandis que Valmont refuse de perdre la présidente, Merteuil le fait provoquer en duel par Danceny, furieux de découvrir comment Cécile a été déshonorée. Valmont meurt ou se laisse tuer, et révèle la correspondance de la marquise. Celle-ci, défigurée par la petite vérole, partiellement ruinée et surtout rejetée par l'opinion publique, doit fuir en Hollande.

L'effondrement d'une société corrompue

L'œuvre commence par l'ironique contradiction entre un « Avertissement de l'éditeur » et une « Préface du rédacteur » qui postulent l'authenticité des lettres ou bien leur caractère factice ; elle s'achève par un énigmatique dénouement. Valmont meurt-il par amour ? C'est bien en tout cas ce qui arrive à la présidente de Tourvel, frappée par l'annonce de son décès. La marquise meurt quant à elle sur le plan social : la Hollande peut-elle lui assurer une autre vie ? Cécile ira dans un couvent et Danceny risque de prendre la place de libertin que vient d'abandonner le vicomte de Valmont. La critique du libertinage ne débouche donc ici sur aucune morale positive. La société aristocratique semble irréversiblement corrompue et fausse, la perspective d'un sentiment authentique reste hypothétique et floue. Le roman donne le sentiment d'une habileté rhétorique qui renvoie dos à dos le lyrisme amoureux et la méchanceté libertine, la passion rousseauiste et l'analyse froide à la Crébillon Fils 1707-1777.
Mais en doublant la figure traditionnelle du libertin par celle de la libertine qui prétend agir avec les armes des hommes et dénonce la fatuité masculine, Laclos ne se contente pas de reproduire le schéma de la séduction selon Crébillon Fils, auteur à succès de romans licencieux. La marquise de Merteuil critique la vanité de Valmont avec des arguments qui semblent ceux qu'emploie le valet de Beaumarchais contre le comte Almaviva dans Le Mariage de Figaro : « Où est le mérite qui soit véritablement à vous ? Une belle figure, pur effet du hasard ; des grâces que l'usage donne presque toujours ; de l'esprit à la vérité, mais auquel le jargon suppléerait au besoin ; une impudence assez louable, mais peut-être uniquement due à la facilité de vos premiers succès, voilà tous vos moyens. »
La force de caractère de la marquise de Merteuil et l'abandon amoureux de la présidente de Tourvel apparaissent comme des énergies qui dissolvent de l'intérieur la société de l'Ancien Régime. Laclos montre surtout que chaque rêve de maîtrise se heurte à une part d'illusion et de faiblesse. Les libertins qui se croyaient tout-puissants sont emportés à leur tour par le sentiment ou le ressentiment. Reste l'exceptionnelle maîtrise narrative d'un écrivain qui ne pourra pourtant jamais composer de second roman. Michel Del

Œuvres

Ernestine, opéra-comique, 1777.
Pierre Choderlos de Laclos : Œuvres et bibliographie
Les Liaison dangereuses
Des Femmes et de leur éducation, 1783.
Instructions aux assemblées de bailliage, 1789.
Journal des amis de la Constitution, 1790-1791.
De la Guerre et de la paix, 1795.


Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l

Posté le : 16/10/2015 21:10
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Saint-Paul-Roux
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 18 octobre 1940 à Brest meurt Paul-Pierre Roux, dit Saint-Pol-Roux

à 79 ans, né le 15 janvier 1861 dans le quartier de Saint-Henri à Marseille, poète symboliste, dramaturge, auteur précurseur des surréalistes français.
Symboliste la Dame à la faulx, 1899, considéré par les surréalistes comme un précurseur, il conserva une part de l'héritage romantique Féeries intérieures, 1907.
Quarante ans dans le dix-neuvième, quarante dans le vingtième, la terrestre existence de Saint-Pol-Roux est exactement balancée sur un couteau qui est l'aube de notre siècle », écrit André Pieyre de Mandiargues. Quant à l'œuvre, elle semble vouloir dépasser toute limite temporelle. Le premier livre, Golgotha, date de 1884, et le dernier paraîtra à peu près un siècle plus tard : une masse considérable d'inédits Le Trésor de l'homme, La Répoétique, etc. n'a été découverte et publiée que plus de trente ans après sa mort. Par cette surprise posthume, Saint-Pol-Roux reste un auteur à découvrir. Plus que celle d'aucun autre son image est changeante. Ainsi, ses premières œuvres sont d'un poète symboliste – Mallarmé l'appelle mon fils –, plus tard, les surréalistes le fêtent comme un précurseur – André Breton lui dédie Clair de terre. Puis on le redécouvre comme le premier baroque moderne. Et chaque livre qui paraît nous oblige à réviser nos jugements.


En bref

Pierre-Paul Roux, dit Saint-Pol-Roux, semble être un avatar de Janus : une vie et une œuvre à deux faces. La biographie est ainsi divisée : d'une part – après la naissance à Saint-Henri près de Marseille et l'adolescence à Lyon –, la vie parisienne de la fin du XIXe siècle, les manifestations littéraires accompagnant la naissance du symbolisme ; d'autre part, la solitude, l'exil choisi à l'extrême pointe de la Bretagne, au bout du monde. Jusqu'au jour cruel de 1940 où à Brest un soldat allemand fit de Saint-Pol-Roux un poète assassiné.
L'œuvre est également partagée. Dans un premier temps, Saint-Pol-Roux écrit les poèmes en prose des Reposoirs de la procession : trois volumes, respectivement intitulés La Rose et les épines du chemin, De la colombe au corbeau par le paon et Les Féeries intérieures, publiés entre 1893 et 1907. Saint-Pol-Roux en explique lui-même l'ordonnance : « Le seul ordre donné à ces courtes exégèses est celui de la journée. Chaque tome commence avec l'aube, suit le cours du soleil et s'achève aux étoiles... » Cet ordre circulaire a une signification. Pour le poète, le mouvement du monde est un cycle de métamorphoses, celui de l'être aussi. La matière n'est que de l'idée saisissable ; nous vivons dans une forêt, non de symboles, mais de contraires qu'il faut tenter d'unir. C'est ce que Saint-Pol-Roux nommait l'idéoréalisme, terme dont Breton reconnaît, dans le Manifeste du surréalisme 1924, qu'il précède en l'annonçant le surréalisme. Le poète travaille à l'avènement de ce nouvel état (l'harmonie des contraires) : chaque image en est, à sa manière, l'épiphanie. On comprend que Saint-Pol-Roux ait été, comme le disait Remy de Gourmont avant les surréalistes, « l'un des plus féconds et des plus étonnants inventeurs d'images et de métaphores ». De cette période datent aussi L'Âme noire du prieur blanc 1893, L'Épilogue des saisons humaines et surtout La Dame à la faulx 1899, drames fabuleux où les personnages semblent des symboles de chair et d'os.
De 1907 à 1940, Saint-Pol-Roux élabore, dans le silence et le secret, une œuvre demeurée inédite de son vivant, mutilée par le pillage des Allemands. Le poète en est mort, car c'est à cette œuvre qu'il tenait par-dessus tout, parlant en 1928 de la scission entre ses œuvres passées et ses œuvres futures, écrivant par ailleurs : Je vis dans cinquante ans. Ce que Saint-Pol-Roux appelait ses œuvres futures, ce sont aujourd'hui Le Trésor de l'homme, deux conférences sur l'imagination, prononcées devant des étudiants, en 1925, à la demande des surréalistes, La Répoétique, grand livre où se déploie le rêve d'une posthistoire dans laquelle l'homme serait Dieu, et le Verbe total Cinéma vivant, méditation sur l'homme et ses miroirs (l'enfant, l'œuvre), et projet d'un cinéma sans écran ; Vitesse, celle de la mécanique, mais aussi de la pensée, de l'imagination, de Dieu même. D'autres pages encore sont une succession de notes, d'aphorismes, que Saint-Pol-Roux lui-même appelle fatras. Qu'on ne s'y trompe pas pour autant : sa pensée, loin d'être confuse, exprime la quête d'une nouvelle unité, appelle la fin des divisions. De là, dans les éclats mêmes, un ton de prophétie.

Sa vie

Saint-Pol-Roux est né le 15 janvier 1861 dans le quartier Saint-Henri de Marseille, dans une famille d'industriels en produits céramiques. En 1872, à l'âge de dix ans, il est envoyé au collège Notre-Dame des Minimes à Lyon et en sortira en 1880 en tant que bachelier ès lettres. La même année, il s'engage pour un an dans l'armée. Sa première œuvre, Raphaëlo le pèlerin, drame en trois actes, montre son attrait pour le théâtre.
En 1882, il part s'installer à Paris et commence des études de droit, qu'il ne terminera jamais. Il fréquente en particulier le salon de Stéphane Mallarmé pour qui il a la plus grande admiration. En 1886, il fonde avec Éphraïm Mikhaël et Pierre Quillard, d'après Gérard Walch, la petite revue La Pléiade qui ne parut que de manière éphémère. Il gagne une certaine notoriété, essaie quelques pseudonymes et signe à partir de 1890 Saint-Pol-Roux. Il tente de faire jouer une de ses pièces, la Dame à la faux, par Sarah Bernhardt. Il est même interviewé par Jules Huret, en tant que membre du mouvement symboliste. Il aurait peut-être participé à la Rose-Croix esthétique de Joséphin Peladan en 18903. Mais il n'y appartient pas très longtemps, car il ne figure pas parmi les signataires sur l'original du document. Saint-Pol-Roux s'est sans doute intéressé à cette audacieuse tentative littéraire, et a dû la quitter rapidement. En 1891, il rencontre sa future femme, Amélie Bélorgey, décédée en 1923. À cause de difficultés financières, Saint-Pol-Roux quitte Paris.

L'exil volontaire

Son exil l'amènera d'abord à Bruxelles, avant qu'il ne trouve une retraite paisible dans les forêts d'Ardenne. C'est là, en toute tranquillité, qu'il terminera sa Dame à la faux. Après un court retour à Paris, Saint-Pol-Roux quitte la capitale définitivement en 1898. Il exécra rapidement la capitale pour son ostracisme et la médiocrité du milieu de la critique littéraire, qu'il ignora avec autant de superbe qu'elle le méconnut. Il s'installe ensuite avec sa femme à Roscanvel dans le Finistère, où naît sa fille Divine en 1898. La « chaumière de Divine devenue trop petite, il s'installe à Camaret-sur-Mer et fait de la Bretagne le centre de gravité de son œuvre. Il profite des subsides que lui avait assurés un opéra, Louise, dont il avait rédigé pour Gustave Charpentier le livret. Il acheta en 1903 une maison de pêcheur surplombant l'océan, au-dessus de la plage de Pen-Had, sur la route de la pointe de Pen-Hir. Il la transforme en manoir à huit tourelles dont la maison formerait le centre et baptisa la demeure Manoir du Boultous. À la mort de son fils Coecilian, tombé en 1914 près de Verdun, il le renommera Manoir de Coecilian dont on peut encore voir les ruines. Face à la mer, l'homme est plus près de Dieu, disait-il.
Il reçoit de nombreux artistes et écrivains comme André Antoine, Victor Segalen, Alfred Vallette, Max Jacob, André Breton, Louis-Ferdinand Céline et même, en 1932, Jean Moulin, alors sous-préfet de Châteaulin. Les membres du mouvement surréaliste le considèrent comme un prédécesseur. André Breton publia son Hommage à Saint-Pol-Roux le 9 mai 1925 dans Les Nouvelles Littéraires, où il revendiqua Saint-Pol-Roux comme le seul authentique précurseur du mouvement dit moderne
Saint-Pol-Roux fut membre de l'académie Mallarmé de 1937 à 1940.

Mort de Saint-Pol-Roux

Dans la nuit du 23 au 24 juin 1940, un soldat allemand investit le manoir, tua la gouvernante et blessa grièvement Divine à la jambe d'une balle de révolver. Il sera souvent dit et écrit que le soldat viola Divine ; elle même l'attesta par écrit, mais le réfuta par la suite. Saint-Pol-Roux échappe à la mort. Le soldat allemand s'enfuit, effrayé par le chien de la maison, fut arrêté, condamné à mort par un Conseil de guerre et fusillé. Saint-Pol-Roux, qui, blessé lui-même, était hospialisé à Brest, avait négligé de mettre ses inédits en lieu sûr. Lorsqu'il retourne à Camaret et trouve le manoir livré au pillage et ses manuscrits déchirés, dispersés ou brûlés, il ne se remet pas de ce choc. Transporté le 13 octobre à l'hôpital de Brest, Saint-Pol-Roux le Magnifique, mage de Camaret, atteint d'une crise d'urémie, y meurt de chagrin le 18 octobre. Divine est décédée en 1985.
Le manoir de Coecilian fut bombardé en août 1944 par les avions alliés et complètement incendié. Il ne reste, au début du xxie siècle, que quelques vestiges de cette demeure.

Un poète oublié

Saint-Pol-Roux représente l'archétype du « poète oublié . C'est à ce titre qu'André Breton lui dédie le recueil Clair de terre ainsi qu'à « ceux qui comme lui s'offrent le magnifique plaisir de se faire oublier et que Vercors lui dédie Le Silence de la mer le poète assassiné.
De son vivant même, son œuvre restait méconnue, ayant été pourtant publié dans la revue L'Ermitage et célébré aussi bien par les symbolistes (notamment Remy de Gourmont que, plus tard, par les surréalistes qui donneront un banquet à la Closerie des lilas en son honneur en 1925, lequel tourna au pugilat et dont Saint-Pol-Roux s'enfuit, effrayé.
L'universitaire Michel Décaudin raconte ainsi qu'allant lire, dans les années 1950, Les Reposoirs de la procession à la bibliothèque de l'Arsenal à Paris, on lui communiqua un volume dont les pages n'étaient pas coupées : Il était ainsi resté en rayon plus de cinquante ans sans être consulté.
À partir de la Libération, Divine s'efforce en vain d'empêcher l'œuvre de son père de tomber dans l'oubli. Malgré les études de Michel Décaudin, la parution d'un volume dans la collection Poètes d'aujourd'hui chez Seghers et les émissions de Jean-Pierre Rosnay à la radio, où il fit dire quelques-uns de ses poèmes, Saint-Pol-Roux reste largement méconnu.
C'est en grande partie grâce au travail de sauvetage, de défrichage et de publication des éditions Rougerie que pendant ces années de purgatoire, les poèmes, essais et pièces de théâtre rescapés de la barbarie nazie furent édités ou réédités. Une masse considérable de manuscrits inédits Le Trésor de l'Homme, La Répoétique a survécu au pillage.

La parole contre l'écriture

La prophétie est parlée avant d'être écrite. C'est par là qu'on peut comprendre le refus de publier, après 1907 si l'on excepte quelques textes circonstanciels et mineurs.
L'exil volontaire en Bretagne, la non-publication indiquent chez Saint-Pol-Roux le franchissement d'un seuil. Il a voulu entrer dans l'infinitude du langage, et il ne le pouvait que par l'exercice de la parole, sans commencement ni fin. Ainsi, pour cette dernière période, on ne connaît que des brouillons, ni datés ni numérotés. Pour le poète, il est clair que le livre est une prison : il « enferme » et l'encre « respire la mort ». Saint-Pol-Roux a rêvé d'un Verbe total, transcrivant pour lui-même ses paroles intérieures : notes répétitives et raturées, tissage infini. Acceptant à la rigueur, pour plus tard, d'être imprimé. Mais il a tout fait, de son vivant, pour ne pas se voir dans les miroirs de la critique, de la lecture.
Cette hypothèse du refus de l'écriture au profit de la parole formulée, les preuves de son bien-fondé viennent aussitôt se disposer autour, en étoile : Saint-Pol-Roux adorait intervenir oralement à la radio, en plein air... ; les seuls textes dont nous ayons une version immédiatement lisible sont ceux de conférences ; la seule œuvre achevée, la Synthèse légendaire, est orale, exécutée en plein air, en 1926, comme une œuvre musicale, par deux cent cinquante récitants.
L'invention de l'imprimerie a valeur de péché originel ; par-delà Gutenberg, il faut retrouver Orphée, le poète qui chante par opposition à celui qui écrit. Il y a là le désir d'un retour à Dieu, qui crée en parlant. Écrire sans miroir, et surtout parler sans écho, c'est donner une allure absolue à son discours. Une phrase en témoigne, que Saint-Pol-Roux avait écrite sur un mur de son manoir : Ici, j'ai découvert la vérité du monde. On peut dire que la certitude de Saint-Pol-Roux est fondée sur un doute à l'égard du livre. S'il participe au courant poétique allant du symbolisme au surréalisme, il participe tout autant à l'une des aventures occidentales : la mise en crise du livre, de Montaigne à Mallarmé, en passant par Joubert. Il est normal qu'en même temps il ait magnifié la réapparition de l'oral par la technique : celle du son, et celle de l'image.
Qu'Orphée ait tenu une plume entre ses mains n'est qu'une erreur de l'histoire. Et toute l'œuvre de Saint-Pol-Roux est une recherche des pouvoirs perdus du poème, ainsi que l'annonce d'un monde nouveau, proche de celui que promettaient Campanella ou Cyrano de Bergerac. Gérard Macé

L'œuvre de Saint-Pol-Roux

Saint-Pol-Roux a tenté de créer une œuvre d'art totale. Ce rêve de la littérature symboliste consistait à créer une œuvre parfaite répondant à tous les sens. Saint-Pol-Roux s'est donc intéressé au genre théâtral et à l'opéra, pendant ses années parisiennes. À la fin de sa vie, il s'émerveille des possibilités artistiques offertes par le cinéma. Saint-Pol-Roux a également créé la notion d'idéoréalisme. Il souhaitait une fusion artistique entre le monde réel et le monde des idées, dans une perspective néoplatonicienne. Il imagine une cosmologie, où la Beauté perdue dans le monde réel doit être révélée par le poète.

Hommage

Saint-Pol-Roux a donné son nom à un établissement scolaire de Bretagne :
Le collège public de Brest.

Œuvres

Raphaëlo le pèlerin, imprimerie de H. Olivier, Paris, 1879.
Sous le nom de Saint-Paul de Roux
Raphaëlo le pèlerin, Pinet Marseille et Josserand Lyon, 1880
Sous le nom de Paul Roux
Maman!, Ollendorff, 1883
Garçon d'honneur, Ollendorff, 1883
Le Poète, Ghio, 1883
Un drôle de mort, Ghio, 1884
Rêve de duchesse, Ghio, 1884
La Ferme, Ghio, 1886
Sous le nom de Saint-Pol-Roux
Bouc émissaire, s.n., 1889
L'âme noire du prieur blanc, Mercure de France 1893
Les Reposoirs de la procession, vol 1., Mercure de France, 1893
L'Épilogue des saisons humaines, Mercure de France 1893
La Dame à la faux, Mercure de France, 1899
Les Reposoirs de la procession, vol. I : La Rose et les épines du chemin, Mercure de France, 1901
Anciennetés, Mercure de France, 1903
Les Reposoirs de la procession, vol. II : De la colombe au corbeau par le paon, Mercure de France, 1904
Les Reposoirs de la procession, vol. III : Les Féeries intérieures, Mercure de France, 1907
Les Fééries intérieures, 1907
La Mort du Berger, Broulet, Brest, 1938, 69 p.
La Supplique du Christ, 1939.

Œuvres posthumes

Bretagne est Univers, Broulet, Brest, 1941
Florilège Saint-Pol-Roux, L'Amitié par le Livre, 1943
Anciennetés, Seuil, 1946
L'Ancienne à la coiffe innombrable, Éd. du Fleuve, Nantes, 1946
Août, Broder, 1958
Saint-Pol-Roux "Les plus belles pages", Mercure de France, 1966
Le Trésor de l'homme, Rougerie, Mortemart, 1970
La Répoétique, Rougerie, Mortemart, 1971
Cinéma vivant, , Rougerie, Mortemart, 1972
Vitesse, Rougerie, Mortemart, 1973
Les Traditions de l'avenir, Rougerie, Mortemart, 1974
Saint-Pol-Roux / Victor Segalen, Correspondance, Rougerie, Mortemart, 1975
La Transfiguration de la guerre, Rougerie, Mortemart, 1976
Genèses, Rougerie, Mortemart, 1976
La Randonnée, Rougerie, Mortemart, 1977
De l'art magnifique, Rougerie, Mortemart, 1978
La Dame à la faulx, Rougerie, Mortemart, 1979
Les Reposoirs de la procession, vol. I : La Rose et les épines du chemin, Rougerie, Mortemart, 1980
Les Reposoirs de la procession, vol. II : De la colombe au corbeau par le paon, Rougerie, Mortemart, 1980
Les Reposoirs de la procession, vol. III : Les Féeries intérieures, Rougerie, Mortemart, 1981
Le Tragique dans l'homme, vol. I : Les Personnages de l'individu, Les Saisons humaines, Tristan la Vie, Rougerie, Mortemart, 1983
Le Tragique dans l'homme, vol. II : Monodrames, L'Âme noire du prieur blanc, Fumier, Rougerie, Mortemart, 1984
Tablettes. 1885-1895, Rougerie, Mortemart, 1986
Idéoréalités. 1895-1914, Rougerie, Mortemart, 1987
Glorifications. 1914-1930, Rougerie, Mortemart, 1992
Vendanges, Rougerie, Mortemart, 1993
La Besace du solitaire, Rougerie, Mortemart, 2000
Les Ombres tutélaires, Rougerie, Mortemart, 2005
Litanies de la mer, Rougerie, Mortemart, 2010


Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l



Posté le : 16/10/2015 20:58
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les bons mots de Grenouille
Plume d'Or
Inscrit:
22/01/2012 16:15
De Alsace
Messages: 317
Niveau : 16; EXP : 64
HP : 0 / 391
MP : 105 / 14218
Hors Ligne
Parfois la meilleur vengeance est de sourire, de ne rien faire et de passer à autres choses




DANS LA SÉRIE " LES CHANSONNIERS "




PIERRE- JEAN VAILLARD

Cliquez pour afficher l


Pierre-Jean Vaillard né à Sète le 12 mars 1918, mort le 17 février 1988 à Paris à l'âge de 69 ans, est un chansonnier, écrivain, humoriste, auteur d'aphorismes, comédien de théâtre et de radio.
Il a épousé le 9 février 1942 à Tunis Odette Marie Céleste Kellner.

Il a été à l'origine avec Jacques Canetti, de la fondation, en 1943, du Théâtre des Trois Ânes à Alger (rue Mogador). Il a été la tête d'affiche du Théâtre des Deux Ânes pendant plus de 30 ans.

Pierre-Jean Vaillard était un chansonnier de la vieille école. Du temps où les cabarets montmartrois s’inspiraient encore de l’esprit impertinent de Béranger et de Bruant. Avec son allure de comptable, sa voix chantante et un peu apprêtée, il avait fait, avec des compères comme Robert Rocca, Jacques Grello ou René Dorin, un art précis et savoureux de la revue satirique.

Pierre-Jean Vaillard est aussi l’auteur de nombreux ouvrages (« Je vous salue, Mesdames » , « Le hérisson vert », « Une plume dans le vent »…) composé surtout d’épigrammes qui, toutes proportions gardées, le placent dans le sillage d’un Jules Renard ou d’un Sacha Guitry.

Il repose au cimetière de Montmartre
.


Cliquez pour afficher l

Pierre-Jean Vaillard et Georges Brassens




SES CITATIONS :


- " Faire l'amour c'est encore ce qu'on a trouvé de mieux jusqu'à aujourd'hui, pour lutter contre l'insémination artificielle."


- " Un bienfait n'est jamais perdu. C'est peut-être pour ça qu'on n'en trouve jamais!"


- " Etant donné que les jupes raccourcissent et que les décolletés deviennent de plus en plus bas, il n'y a qu'à attendre que les deux se rejoignent."


- " L'homme descend du singe, mais certains descendent plus vite que d'autres."


- " Une seule femme pour un seul homme: ou ce n'est pas assez, ou c'est trop! "


- " S'il y a tant d'accidents sur les routes, c'est parce que nous avons des voitures de demain, conduites par des hommes d'aujourd'huisur des routes d'hier "



- " Puisque nous disons de notre épouse légitime qu'elle est notre moitié, nous devrions avoir le droit de nous marier deux fois pour savoir au moins ce qu'est une femme entière."



- " On dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Peut-être, mais il vous permet en tout cas de choisir le genre de misère que vous préférez."



- " Nous vivons une époque où les gens dont on dit qu'ils sortent de l'ordinaire sont généralement des gens qui ont plutôt l'air d'y entrer."



- " Méfiez-vous des gens dont on dit qu'ils ont le coeur sur la main. Comme ce n'est pas sa place, demandez-vous ce qu'ils peuvent bien avoir à la place du coeur."


- " Le printemps, c'est la saison où les garçons commencent à peine à comprendre ce que les filles savent depuis le début de l’hiver."


- " La pudeur n'est le plus souvent qu'une question d'éclairage."


- " La politique, c'est comme la musique ou la prostitution: il faut commencer jeune."


- " Je sais maintenant pourquoi les Anglais préfèrent le thé: je viens de goûter leur café.


- " J'adore la télévision. En fermant les yeux, c'est presque aussi bien que la radio. "


- " Il y a des femmes dont on ne supporte ni la présence ni l'absence... c'est sans solution."


- " Il ne faut jamais battre une femme. Même avec une fleur. Prenez carrément un vase."


- " En voyant le dimanche matin les gens jouer au tiercé on se met à penser que l'homme est la moins noble conquête du cheval."

Cliquez pour afficher l



PIERRE - JEAN VAILLARD ET LA POLITIQUE :


MAI 1984

Vous nous avez bien eus en Mai quatre vingt un (1)
Avec vos sortilèges, vos rires et vos promesses.
Vous vendiez du bonheur comme on vend du parfum
Et oui, deux ans plus tard…vous nous bottiez les fesses.
Le bon peuple de gauche caressait l’or des songes,
Il le sait maintenant, ce n’était que mensonges !
Le chômage s’installe, le franc est chancelant,
Le Dollar au Zénith, le Super à cinq francs.
Le pays incrédule gît au sol, pantelant
Ah ! Ne claironnez plus vos avances sociales,
Nous sommes tous meurtris par vos ponctions fiscales.
Votre grand argentier nous prend bien pour des cons
En réclamant toujours et encore du pognon !
Tout le monde est saisi par un affreux vertige,
En cauchemar atroce devant nos caisses vides ;
Expliquez-nous comment, vous avez en deux ans !
Endetté ce pays pour plus de cinquante ans !
Vous rabâchez sans cesse cet éternel refrain :
C’est la faute à la droite, et aussi aux Ricains !
Et tant que vous y êtes, pourquoi pas aux putains ?
Il faut savoir, messieurs, quelquefois dans la vie
Reconnaître ses torts, ses erreurs, ses oublis,
Et non se réfugier dans un défi hargneux.
Les vrais hommes publics sont francs et courageux.
Nous allons sans détour et sans ambiguïté
Vous servir tout de go, vos quatre vérités :
Vous êtes des charlots, des guignols, des manants,
Et votre chef débile, le triste « mythe errant » !
Homme au visage pâle et au regard fuyant,
Ce bouffon d’opérette qui trône à l’Elysée
Est de toute l’Europe, devenu la risée !
Arrêtez vos salades et vos propres mensonges,
La coupe amère est pleine, elle va déborder.
Halte là ! Ça suffit ! Foutez le camp, partez !
Nous n’aimons pas, Messieurs, passer pour des cocus,
Et nous vous chasserons à coups de pied au cul !

Pierre Jean Vaillard

---------

"Fellagha"

Quand ma pensée s'en va vers l'Afrique du Nord
Je me sens, tout d'un coup, bourré de remords
Que l'Algérie soit une province française,
C'est évident, bien sûr, bien que tout ne plaise
Que des hommes aient fait d'un bled qui n' était rien, Ce beau pays algérien

Nul ne peut dire le contraire...
...Seulement, ces temps-ci, il faut compter, ici bas, avec un mécontent, un certain fellagha.
Et, petit fellagha, c'est à toi que je pense
En voyant ta rancune à l' égard de la France.
J'ai beaucoup réfléchi et ma méditation
Me décide à venir te demander pardon.
Oui, pardon, Fellagha, pardon pour mon grand-père
Qui vint tracer des routes et labourer la terre.
Il est tombé chez toi, il a tout chamboulé
Où poussaient des cailloux, il a foutu du blé
Et, mettant après cela le comble de l'ignoble,
Où poussaient des cailloux il a fait un vignoble Pardon, cher petit Fellagha,
Oh, pardon de tous ces dégats.
Et mon affreux grand-père (il faut qu'on le confesse) n'était pas seul de son espèce.
Ces autres scélérats ont bâti des cités
Ils ont installé l'eau et l' électricité.
Et tu n'en voulais pas, c'est la claire évidence


Puisque avant qu'arrive la France
Tu n'avais, en dehors de la Casbah d'Alger,
Que la tente ou bien le gourbi pour te loger
Et tu t' éclairais à l'huile
Nos maisons, bien sûr, c' était la tuile.
De l' électricité, et encore soyons francs,
Tu ne demandais pas qu'on te mette au courant
Tu t'es habitué à ces choses infâmes
Mais le regret et la mort dans l' âme
Stoïquement, d'ailleurs, supportant ces malheurs,
Avec courage et bonne humeur.
Mais tu engraissais, mais de mauvaise graisse
Car tu prenais le car, (une invention traitresse)
Ce même car que, pris d'un délire divin,
Tu devais, un beau jour, pousser dans le ravin.
Je comprends ta rancœur, je comprends ta colère,
Tu n'es pas au niveau des Arabes du Caire
Tu gâches et tu vis mieux qu'un fellagha égyptien.
A quoi Nasser ... Nasser à rien
Nous avons massacré les lions, les panthères,
Nous avons asséché les marais millénaires.
Les moustiques sont morts... les poux, De Profundis.
Nous avons tout tué jusqu' à la Syphilis.
Ah! Pardon, Fellagha, pour tous ces carnages.
Nous avons fait tout cela, c'est bougrement dommage.
Car si d'autres idiots l'avaient fait, inspirés
C'est nous qui maintenant, viendrions vous libérer,
Et bouffer les marrons cuits pour ces imbéciles.
S'aurait été moins long et beaucoup plus facile.
Bien pardon, Fellagha, de t'avoir mieux nourri,
Et d'avoir à tes pieds nus, mis (oh maladresse),
Des souliers...
Dont tu voudrais nous botter les fesses.
C’est fait...




Cliquez pour afficher l







Cliquez pour afficher l


TESTEZ VOTRE FOI :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


test 2

Gag-test : le premier voyage interstellaire


Enoncé de la question :

---------------------------------


Vous êtes cosmonaute, et vous allez partir pour le premier voyage interstellaire, seul dans une fusée pour au moins 10 ans. Vous avez le droit d’emporter un seul objet personnel.
Que choisissez-vous ?

1 - Une Encyclopédia Universalis

2 - Une bougie

3 - Une bouteille de vin

4 - Une boussole

5 - Un préservatif

6 - Une pince à épiler

7 - Une photo de votre maman

8 - Une bible

9 - Un pain d’explosif

10 - Un crucifix

11 - Trois paires de gants

12 - Un appareil photo avec déclenchement retardé

13 - Une Encyclopédie des perversions sexuelles

14 - Une caméra vidéo

15 - Une fiole d’eau bénite



Cliquez pour afficher l



Sélectionnez votre réponse :
---------------------------------------



1 - Une Encyclopédia Universalis

2 - Une bougie

3 - Une bouteille de vin

4 - Une boussole

5 - Un préservatif

6 - Une pince à épiler

7 - Une photo de votre maman

8 - Une bible

9 - Un pain d’explosif

10 - Un crucifix

11 - Trois paires de gants

12 - Un appareil photo avec déclenchement retardé

13 - Une Encyclopédie des perversions sexuelles

14 - Une caméra vidéo

15 - Une fiole d’eau bénite





Résultats en fonction de votre choix :
-----------------------------------------------------



Réponse n°1 - Une Encyclopédia Universalis

Vous désirez mettre à profit tout ce temps pour vous émerveiller de l'immensité de la Création Divine.
Vous êtes déiste.



Réponse n°2 - Une bougie

Vous emportez de quoi rallumer les huit autres bougies que l'Eternel vous fournira pour Hannouka.
Vous êtes juif pratiquant.



Réponse n°3 - Une bouteille de vin

Surtout ne pas partir sans le sang du Christ, VDQS et A.O.C. de préférence.
La communion, c'est sacré, Nom de Dieu !
Vous êtes catholique franchouillard et beauf.

Cliquez pour afficher l


Réponse n°4 - Une boussole

Vous voulez pouvoir toujours trouver la direction de La Mecque cinq fois par jour, même à 74 milliards de kilomètres de la Terre.
Vous êtes musulman pratiquant.



Réponse n°5 - Un préservatif

Au cas où vous trouveriez Dieu, là haut dans le ciel, vous voulez lui montrer que vous savez le mettre comme le pape l'a dit - à l'index !
Vous êtes catholique polonais.



Réponse n°6 - Une pince à épiler

Vous voulez être sûr que vous pourrez enlever un à un sans les écraser, les puces, les poux, ou les petits extra-terrestres.
Vous êtes bouddhiste.



Réponse n°7 - Une photo de votre maman

Nous ne pouvons rien dire de vos croyances religieuses actuelles, mais vous êtes sûrement originaire d'une famille juive et vous n'avez pas eu les moyens de vous offrir dix ans de psychanalyse.



Réponse n°8 - Une bible

Vous voulez avoir de quoi rire pendant longtemps en découvrant le plus grand et le plus populaire des recueils d'âneries écrit par les hommes au cours de l'Histoire.
Vous êtes athée.



Réponse n°9 - Un pain d'explosifs

Vous espérez rencontrer Dieu et en finir avec lui dans un grand boum.
Vous êtes athée tendance Bakounine.



Réponse n°10 - Un crucifix

Vous souhaitez montrer aux extra-terrestres une preuve de la bêtise et de la cruauté des croyances et des coutumes de vos semblables. Vous voulez aussi leur rappeler que 100 ans environ avant une crucifixion célèbre, les romains en avaient exécutées cinq à six mille sur la voie Appia, pour écraser la révolte servile de Spartacus. Vous, vous n'oubliez pas ce genre de "détail".
Vous êtes athée de gauche.



Réponse n°11 - Trois paires de gants

Au cas où vous la verriez dans son royaume céleste, vous préparez une offrande pour Shiva.
Vous êtes hindouiste.



Réponse n°12 - Un appareil photo avec déclenchement retardé

Vous voulez revenir avec une photo de "moi devant Saturne", ou "moi avec mes potes martiens", ou "moi devant l'entrée du Paradis", ou "moi au milieu des 70 vierges promises aux martyrs". N'importe quoi pourvu que ça épate les copains et que vous puissiez leur dire - "Moi qui vous parle, j'ai fait le ....".
Vous êtes en adoration devant votre Ego, et adepte du Club Méd.



Réponse n°13 - Une Encyclopédie des perversions sexuelles

Vous voulez pouvoir entretenir à la main tous les organes dont l'Eternel vous a généreusement pourvu. De toutes façons, c'est Lui qui décide de votre Salut. Vous avez la Grâce ou non, ça ne dépend pas de ce que vous faites.
Vous êtes janséniste.



Réponse n°14 - Une caméra vidéo

Vous voulez pouvoir revendiquer votre prochaine prise d'otage d'extra-terrestres mécréants en envoyant comme d'habitude une cassette à Al Jezira.
Vous êtes musulman djihadiste.

Cliquez pour afficher l



Réponse n°15 - Une fiole d'eau bénite

Quelles que soient les créatures que vous rencontrerez, vous voulez vous assurer qu'elles ne seront pas sous l'influence du Malin.
Vous êtes fondamentaliste protestant américain, ou, si vous êtes français, vous regardez trop les séries sur M6.


de Athéisme.free.fr


Cliquez pour afficher l

La Terre vue de la Lune. NASA.






NOS AMIS LES BEAUX LIVRES :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


La description complète:
------------------------------------



Cahier
Ensemble de feuillets pliés 1, 2, 3 ou 4 fois puis cousus les uns à la suite des autres au moyen d'un cousoir. Le fil utilisé est toujours du fil de lin, que l'on utilise des rubans de lin ou de coton ou encore des ficelles de chanvre.


Chasse
Distance (3 à 4 mm) de laquelle les plats débordent du corps d'ouvrage, en tête, en queue et en gouttière.



Coiffes
Extrémités du dos rabattues au-dessus des tranchefiles.


Contreplat
Intérieur du plat.


Corps d'ouvrage
L'intérieur du livre, sans les plats ni la couvrure.


Collationner
Vérifier la bonne suite des pages.


Demi-reliure
Reliure dont les plats sont pour partie recouverts de papier.


Dos
Le côté visible une fois le livre rangé normalement dans une bibliothèque et sur lequel on dore le titre.


Entrenerfs
Distance séparant les nerfs entre eux.


Fonds
Plis des feuillets doubles.


Gardes
(1) gardes blanches, placées au début et à la fin du volume avant la couture, pour le protéger et améliorer sa présentation ;
(2) gardes couleur, en papier marbré, décoré ou uni, appliquées après la mise en toile ou en cuir et collées directement sur le contreplat.


Gouttière
Côté opposé au dos.

Cliquez pour afficher l


Mors
Angle de 90° formé par le fond des cahiers de début et de fin lors de l'arrondissure. Il a pour hauteur l'épaisseur des plats qui viennent s'y plaquer. C'est aussi le nom du cuir ou de la toile qui revient sur les plats dans une demi-reliure.


Nerfs
À l'origine, traces visibles, en relief sur le dos, des nerfs sur lesquels le livre était cousu. Aujourd'hui ce ne sont plus que de simples décorations, qui tendent d'ailleurs à disparaître dans la reliure contemporaine.


Plats
Ce sont les deux cartons recouvrant le livre (plat avant et plat arrière...).
Plein cuir, plein maroquin, plein chagrin, etc.
Ouvrage relié entièrement en cuir.


Queue
La queue est la partie inférieure de l'ouvrage.


Signet
Ruban fixé en tête du livre, destiné à marquer la page où s’est arrêtée la lecture.


Tête
La tête d’un livre est le côté supérieur de l'ouvrage


Tranche
Indifféremment des trois côtés du livre autres que le dos, qui peut-être de tête, de queue ou de gouttière.


Tranchefiles
Petite bande de soie ou de cuir, unicolore, bicolore ou tricolore, placée sous la coiffe, servant uniquement de décoration.



Cliquez pour afficher l


Toppan Printing, imprimeur japonais propose un livre minuscule illustré, intitulé Fleurs de saison, dont les caractères sont si microscopiques qu'ils sont illisibles à l'oeil nu. ( photo agrandie)

Chacune des 22 pages carrées de cet ouvrage miniature ne dépassent pas 0,75 mm de côté, contre 0,90 mm pour le micro-livre russe actuellement reconnu comme le plus petit du monde par le Guinness des records.
Toppan, qui a commencé à fabriquer des "micro-livres" en 1964, avait déjà détenu la palme de champion du monde de cette spécialité en 2000 avec un ouvrage de 0,95 mm de côté.

Son nouvel ouvrage lilliputien est en vente dans le Musée de l'imprimerie géré par Toppan, pour 29.400 yens pièce (235 euros), accompagné d'une loupe et d'une version agrandie.




Cliquez pour afficher l

Un autre trésor bibliophile: un abécédaire à peine plus gros qu’une tête d’épingle, relié à la main en cuir. D’une longueur de 2,4 millimètres x 1,5 mm de largeur x 2,9 mm de hauteur, il pèse seulement environ 5 mg, et comporte 32 pages. On ne peut le lire qu’avec une loupe et une pince à épiler





Cliquez pour afficher l


LE MOT FIN :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-



La comédienne Madeleine Brohan finit ses jours au dernier étage d’une maison de la rue de rivoli. Ses amis y arrivaient tout essoufflés.
- « Madeleine ! pourquoi nous fais-tu le coup d’habiter si haut ? «
- « C’est le dernier moyen qui me reste pour faire battre le coeur des hommes . «


—————


Au cours d’un tête- à-tête Nixon-Brejnev au Kremlin :
- « Comment fonctionne votre économie ? " demande Nixon
- « C’est très simple. ils font semblant de travailler et nous faisons semblant de les payer . "

___________


Au ter d’une conférence donnée à Washington, une personne dans l’assistance questionne Albert Einstein :
- « Quelle différence entre la théorique et la pratique ?
- « La théorie, c’est quand on sait tout et que rien de fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Mais ici, nous avons réuni théorie et pratique: rien ne fonctionne et personne ne sait pourquoi… «

—————

Dans cent ans qu’aimeriez-vous que l’on dise de vous ? demande-t-on à Woody Allen
- « J’ aimerai que l’on dise : « Il se porte bien pour son âge ! «

—————

Le cardinal Maury fut le plus célèbre orateur de son temps il fut réélu l’Académie en 1086

Le cardinal avait exigé que dans son discours de réception qu' on l’appela « Eminence « .
Régnuaud fut chargé du discours, l’atmosphère n’était pas au beau fixe entre les deux hommes. Régnaud s’enquit perfidement :
- « Vous vous estimez donc beaucoup Monsieur ? «
Le cardinal Maury, qui n’affrontait pas là sa première averse, répondit:
- « Très peu quand je me considère. Beaucoup quand je me compare «


—————

La gloire de Sacha Guitry a un peu éclipsé celle de son père, l’acteur Lucien Guitry , bien que celle-ci fut immense.
Mais ce séducteur avait parfois la main un peu lourde sur ses maîtresses.
L’une d’elle, prise de panique, alors qu’il levait le bras sur elle s’écria:
- « Au secours! au secours ! j’ai peur !
Et lucien Guitry de lui murmurer, dans un style lyrique :

- « N’aie pas peur : je suis là !. «




Les cinq femmes de Sacha.

Sacha Guitry se maria cinq fois. La première, en 1907, à 19 ans, il se maria en pyjama. Celle qu’il épousa s’appelait Charlotte Lysès. Elle avait 27 ans et était la partenaire de son père Lucien Guitry. C’était à Honfleur, en plein mois d’août. Sacha joua le moribond et l’on fit déplacer le maire pour un mariage in extremis. Ému par la situation, le maire débita les formules rituelles. Au moment dire « oui », Sacha bondit du lit et se mit à valser avec sa promise tout heureux de sa facétie.

Avec sa seconde épouse, Yvonne Printemps, il resta marié douze ans avant qu’elle ne le quitte pour épouser Pierre Fresnay.

La troisième, Jacqueline Delubac, ne fit que passer. Pourtant, le jour de leur mariage, en février 1935, Sacha avait déclaré : « J’ai 50 ans, Jacqueline en a 25, il est donc normal qu’elle devienne ma moitié. »

A 54 ans, il épousa Geneviève de Sereville qui n’avait que 19 ans. Ce qui fit dire à Yvonne Printemps : « Sa prochaine épouse ne pourra être que Shirley Temple ! »

Il se maria une cinquième et dernière fois, en 1949, avec Lana Marconi âgée de 28 ans. Sacha lui trouvait les plus belles mains du monde. Peu de temps avant de mourir, il déclara : « Ah ! ces mains, ces belles mains, qui fermeront mes yeux et fouilleront mes tiroirs ! »



Cliquez pour afficher l





ÇA NE SERT A RIEN DE LE SAVOIR :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


quoique ...


- Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, la première bombe lancée sur Berlin par les alliés a tué le seul éléphant dans le zoo de Berlin.


- En Lettonie, il est possible de donner son âme en garantie d'un prêt bancaire.


- En criant pendant 8 ans 7 mois et 6 jours, vous produirez assez d'énergie pour chauffer une tasse de café.


- La hauteur de la Tour Eiffel peut varier de 15 cm selon la tempèrature.


- Le cornichon est un fruit.


- A l'équateur, tout le monde pèse un peu moins. Un homme de 70 kg pésera 250 grs de moins . La force centrifuge due à la rotation de la terre, diminue légèrement la force gravitationnelle. La somme de ces deux forces est d'ailleurs appelée force de pesanteur. Elle dépend de la latitude (9,765 m/s² à l'équateur et 9,865 m/s² au pôle nord), mais aussi de l'altitude : plus on monte, moins on pèse lourd.


- Sur la carte de visite de Al Capone, il y avait écrit marchand de meubles.


- Le requin est le seul poisson qui peut cligner des yeux.


- Breath est une pièce de Samuel Beckett qui fut jouée pour la première fois en 1969. Elle dure trente secondes et ne posséde ni dialogues, ni acteurs.

La pièce, nommée “Breath” (Souffle), a été vue par 85 millions de personnes (tous médias confondus) et jouée sur scène 1314 fois entre 1971 et 1989 à Broadway.

Samuel Beckett, écrivain d’avant-garde, poète et dramaturge irlandais, met en avant le gâchis et le désordre de la vie et du temps dans une pièce sans texte et sans acteurs. Selon lui, la vie ne serait qu’un instant entre la naissance et la mort.

L’action débute sur une scène plongée dans l’obscurité.
Les 10 premières secondes, une faible lumière éclaire progressivement la scène jonchée de détritus tandis que retentit un cri de nouveau-né. Puis une inspiration accompagne la mise en lumière de la scène.
S’ensuit un silence de 5 secondes.
Enfin l’éclairage diminue sur une expiration et l’on peut entendre à nouveau le cri du nouveau-né.
La scène est replongée dans l’obscurité totale et dans le silence pendant les 5 dernières secondes.


- L' étymologie du mot orchidée vient du mot " orchis " qui signifie testicule en grec ancien.


- Les tigres ont également la peau rayée, pas seulement la fourrure.


- Le premier train roulait à 8 km/h


Cliquez pour afficher l






ACROSTICHE :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


Un acrostiche est un poème dont les initiales des vers, lues verticalement, composent un mot.


Maria
de Apollinaire

Mon aimée adorée avant que je m'en aille
Avant que notre amour triste défaille
Râle et meure ô m'amie une fois
Il faut nous promener tous les deux seuls dans les bois
Alors je m'en irai plus heureux que les rois.

---------

de Pierre Corneille

S'attacher au combat contre un autre soi-même,
Attaquer un parti qui prend pour défenseur
Le frère d'une femme et l'amant d'une soeur
Et rompant tous ces noeuds, s'armer pour la patrie
Contre un sang qu'on voudrait racheter de sa vie,
Une telle vertu n'appartenait qu'à nous;
L'éclat de son grand nom lui fait peu de jaloux...

--------

Acrostiche célèbre, composé par Louis XIV à l'adresse d'un courtisan désargenté :

Louis est un héros sans peur et sans reproche
On désire le voir. Aussitôt qu'on l'approche
Un sentiment d'amour enflamme tous les coeurs.
Il ne trouve chez nous que des adorateurs.
Son image est partout... excepté dans ma poche.


----------


Adieu - Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encore que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon coeur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusque au bout du monde

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

4 fév. 1915



Cliquez pour afficher l



----------




ENIGMES LITTERAIRES :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


"En été, dans les champs, on trouve mon premier,
Mon dernier, pour peser se met dans la balance,
Et jadis fut Voltaire exilé de France, pour avoir trop souvent composé mon entier." 9 lettres

--------

Enigme de Nicolas Boileau :

" Du repos des humains, implacable ennemie,
J'ai rendu mille amants envieux de mon sort.
Je me repais de sang et je trouve la vie
Dans les bras de celui qui recherche ma mort."

Selon une note de l'édition de 1873 de ses Oeuvres complètes, Nicolas Boileau aurait imaginé cette énigme alors qu'il n'avait que 17 ans


Cliquez pour afficher l



LA MACHINE D’ ANTICYTHERE :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-



C’est un des mystères de la science. La machine d’Anticythère, cette machine ancestrale qui permet de prédire des phénomènes astronomiques, demeure depuis plusieurs décennies une véritable inconnue pour la communauté scientifique.

Depuis plus d’un siècle les chercheurs sont fascinés par ce calendrier permettant de reproduire les mouvements du Soleil, de la Lune, et de prédire les éclipses dès l’Antiquité, comme sauront le faire les horloges astronomiques …15 siècles plus tard !

Une fonction astronomique dont l’existence a pu être établie avec certitude depuis une dizaine d’années grâce à l’informatique et la tomographie à rayons X : le mécanisme étant très abîmé après un bain forcé de vingt siècles dans l’eau salée, on en a recréé une copie virtuelle et animée sur ordinateur pour la faire fonctionner.

Cliquez pour afficher l

La machine d'Anticythère est actuellement conservée au Museum National d'Archéologie à Athènes, mais diverses reconstitutions peuvent en être vues à New-York et à Kassel en Allemagne.


On pensait que la machine d’Anticythère datait d’un siècle av. J-C, mais les derniers travaux menés par l’historien Christián Carman et le physicien James Evans (On the epoch of the Antikythera mechanism and its eclipse predictor) révèlent que le mécanisme d’Anticythère permettait de prédire une éclipse qui se déroula le 12 mai de l’an 205 av. J-C.

Reste à savoir qui a pu créer un tel mécanisme : le célèbre mathématicien grec Archimède (mort 7 ans avant cette éclipse), ou des Babyloniens moins connus ?

Repéché en 1901 par des pêcheurs surpris par une tempête, et réfugiés sur l'île d' Anticythère - entre le Péloponnèse et la Crête - ils découvrent ce trésor archèologique dans l'épave d'un navire naufragé.

Arte a diffusé un documentaire de 1 h14 sur cet stupéfiant calculateur astronomique grec.



Cliquez pour afficher l







ON REVISE SES CLASSIQUES :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-




La nuit de mai
Poète : Alfred de Musset (1810-1857)



La muse

Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore,
Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser ;
Et la bergeronnette, en attendant l'aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser.
Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.

Le poète

Comme il fait noir dans la vallée !
J'ai cru qu'une forme voilée
Flottait là-bas sur la forêt.
Elle sortait de la prairie ;
Son pied rasait l'herbe fleurie ;
C'est une étrange rêverie ;
Elle s'efface et disparaît.

La muse

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,
Balance le zéphyr dans son voile odorant.
La rose, vierge encor, se referme jalouse
Sur le frelon nacré qu'elle enivre en mourant.
Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.
Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée
Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.
Ce soir, tout va fleurir : l'immortelle nature
Se remplit de parfums, d'amour et de murmure,
Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

Le poète

Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
Qu'ai-je donc en moi qui s'agite
Dont je me sens épouvanté ?
Ne frappe-t-on pas à ma porte ?
Pourquoi ma lampe à demi morte
M'éblouit-elle de clarté ?
Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.
Qui vient ? qui m'appelle ? - Personne.
Je suis seul ; c'est l'heure qui sonne ;
Ô solitude ! ô pauvreté !

La muse

Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet ; la volupté l'oppresse,
Et les vents altérés m'ont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne t'en souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
Ah ! je t'ai consolé d'une amère souffrance !
Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d'amour.
Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance ;
J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour.

Le poète

Est-ce toi dont la voix m'appelle,
Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ?
Ô ma fleur ! ô mon immortelle !
Seul être pudique et fidèle
Où vive encor l'amour de moi !
Oui, te voilà, c'est toi, ma blonde,
C'est toi, ma maîtresse et ma soeur !
Et je sens, dans la nuit profonde,
De ta robe d'or qui m'inonde
Les rayons glisser dans mon coeur.

La muse

Poète, prends ton luth ; c'est moi, ton immortelle,
Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux,
Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle,
Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.
Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire
Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ;
Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre,
Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur.
Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées,
Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ;
Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu,
Éveillons au hasard les échos de ta vie,
Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie,
Et que ce soit un rêve, et le premier venu.
Inventons quelque part des lieux où l'on oublie ;
Partons, nous sommes seuls, l'univers est à nous.
Voici la verte Écosse et la brune Italie,
Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux,
Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes,
Et Messa la divine, agréable aux colombes,
Et le front chevelu du Pélion changeant ;
Et le bleu Titarèse, et le golfe d'argent
Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire,
La blanche Oloossone à la blanche Camyre.
Dis-moi, quel songe d'or nos chants vont-ils bercer ?
D'où vont venir les pleurs que nous allons verser ?
Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière,
Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet,
Secouait des lilas dans sa robe légère,
Et te contait tout bas les amours qu'il rêvait ?
Chanterons-nous l'espoir, la tristesse ou la joie ?
Tremperons-nous de sang les bataillons d'acier ?
Suspendrons-nous l'amant sur l'échelle de soie ?
Jetterons-nous au vent l'écume du coursier ?
Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre
De la maison céleste, allume nuit et jour
L'huile sainte de vie et d'éternel amour ?
Crierons-nous à Tarquin : " Il est temps, voici l'ombre ! "
Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ?
Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ?
Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ?
Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ?
La biche le regarde ; elle pleure et supplie ;
Sa bruyère l'attend ; ses faons sont nouveau-nés ;
Il se baisse, il l'égorge, il jette à la curée
Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant.
Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée,
S'en allant à la messe, un page la suivant,
Et d'un regard distrait, à côté de sa mère,
Sur sa lèvre entr'ouverte oubliant sa prière ?
Elle écoute en tremblant, dans l'écho du pilier,
Résonner l'éperon d'un hardi cavalier.
Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France
De monter tout armés aux créneaux de leurs tours,
Et de ressusciter la naïve romance
Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ?
Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ?
L'homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie,
Et ce qu'il a fauché du troupeau des humains
Avant que l'envoyé de la nuit éternelle
Vînt sur son tertre vert l'abattre d'un coup d'aile,
Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ?
Clouerons-nous au poteau d'une satire altière
Le nom sept fois vendu d'un pâle pamphlétaire,
Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli,
S'en vient, tout grelottant d'envie et d'impuissance,
Sur le front du génie insulter l'espérance,
Et mordre le laurier que son souffle a sali ?
Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ;
Mon aile me soulève au souffle du printemps.
Le vent va m'emporter ; je vais quitter la terre.
Une larme de toi ! Dieu m'écoute ; il est temps.

Le poète

S'il ne te faut, ma soeur chérie,
Qu'un baiser d'une lèvre amie
Et qu'une larme de mes yeux,
Je te les donnerai sans peine ;
De nos amours qu'il te souvienne,
Si tu remontes dans les cieux.
Je ne chante ni l'espérance,
Ni la gloire, ni le bonheur,
Hélas ! pas même la souffrance.
La bouche garde le silence
Pour écouter parler le coeur.

La muse

Crois-tu donc que je sois comme le vent d'automne,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Et pour qui la douleur n'est qu'une goutte d'eau ?
Ô poète ! un baiser, c'est moi qui te le donne.
L'herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C'est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du coeur :
Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;
En vain il a des mers fouillé la profondeur ;
L'Océan était vide et la plage déserte ;
Pour toute nourriture il apporte son coeur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps ;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le coeur.
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.

Le poète

Ô Muse ! spectre insatiable,
Ne m'en demande pas si long.
L'homme n'écrit rien sur le sable
À l'heure où passe l'aquilon.
J'ai vu le temps où ma jeunesse
Sur mes lèvres était sans cesse
Prête à chanter comme un oiseau ;
Mais j'ai souffert un dur martyre,
Et le moins que j'en pourrais dire,
Si je l'essayais sur ma lyre,
La briserait comme un roseau.

Alfred de Musset.






LA PHOTO :
-:-:-:-:-:-:-:-:-


Cliquez pour afficher l

de Marco Mattiussi


Cliquez pour afficher l

deviantart.com

Cliquez pour afficher l

slrobertson.com

Cliquez pour afficher l


REPONSES AUX ENIGMES :
des Épigrammes - Puce /


Cliquez pour afficher l

Posté le : 16/10/2015 20:19

Edité par Grenouille sur 05-12-2015 17:57:34
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


11/10/15Zwingli,Potemkine,A.Bruckner,J.H.Fabre,E.Roosevelt,F.Mauriac,CdeMaunourg,P.J.Jouve
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne

    

Découvrir BACCHUS "  Permettez que je m'indigne "

Texte à l'affiche : " Reflets " de Jeff 111

terre       terre      terre       terre     terre     terre     terre 

Le    11   Octobre    1739     naît    Grégori     POTEMKINE         Lire Ici



Le   11   Octobre   1896    meurt    Anton   
BRUCKNER

Lire ICI 

  
Le    11    Octobre   1884   naît    Éléanor    
ROOSEVELT
 LIre ICI

 
Le    11    Octobre      1887     naît     Pierre-Jean    JOUVE

Lire ICI



                                                                                                                                



Aujourd'hui Dimanche 11 Octobre 2015
 
LIRE , ÉCRIRE, DECOUVRIR

PAGES D'ACCUEIL PRÉCÉDENTES Dans la BIBLIOTHEQUE LIRE ICI 

*Les bons mots de Grenouille

*Vos défis avec notre fidèle Couscous

       
        BACCHUS   NOUS   A  QUITTÉ    

Ami poète, ami aimé, notre coeur pleure, ta famille de L'ORée te fera vivre encore et encore ... La beauté de ta plume et la beauté de ton âme resteront pour nous le phare de L'ORée des rêves. Merci ami; merci  d'être venu nous offrir ton talent d'écriture et de vie, merci pour ta tendre présence, nous la gardons comme un trésor.
 

   



Le   11   Octobre    1531    naît    Ulrich    ZWINGLI
Lire ICI

  
Le     11     Octobre   1885    naît    François    
MAURIAC

LIRE ICI


Le  11  Octobre  1231  Conrad  de  
MARBOURG ...

Lire ICI


Le   11  Octobre   1915  meurt   Jean-Henri   
FABRE
Lire iCI

* Les bons mots de Grenouille *
Cliquez ici pour les lire


                            ---*ATELIER CONCOURS*--
        *Cliquez ici pour rejoindre Couscous 
                   dans son nouveau défi
                                                                                                               
      
     




Posté le : 16/10/2015 18:03
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 10 Octobre 2015
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35559
Hors Ligne
Arielleffe,

Le gars n'est pas très pudique ! En fait, Donald avait raison. Bon, je prépare ma valise car je suis frileuse alors pas question de me balader à poil !
J'attends que les petits hommes verts passent me chercher dans mon lit, surtout que le voyage a l'air très agréable.
En plus, ils donnent à manger gratos ! Venez me chercher !!!

Merci

Couscous

Posté le : 15/10/2015 19:00
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 10 Octobre 2015
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35559
Hors Ligne
Cher Donald,

J'adore quand tu prend ta lyre et quelques cachets multicolores pour nous emmener avec toi dans un monde musical et géométrique.
C'est une fable moderne qui nous rappelle les erreurs passées de la race humaine qui a passé son temps à détruire.

Très joli texte.

Merci mon canard

Couscous

Posté le : 15/10/2015 18:57
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 10 Octobre 2015
Plume d'Or
Inscrit:
06/08/2013 20:30
De Le Havre
Messages: 805
Niveau : 25; EXP : 53
HP : 0 / 613
MP : 268 / 19540
Hors Ligne
Couscous : Paul est un idiot, ou alors il veut se débarrasser de sa femme en la dégoûtant de lui.

Istenozot : Encore un bon moyen de s'envoyer en l'air on dirait !

Kijtiti : quelle belle histoire, j'ai beaucoup aimé, c'est vraiment différent de ce que tu écris d'habitude. Voilà une autre facette de ta personnalité.

Athéna : J'aurais tellement aimé que ce vol soit réel, j'imagine la super ambiance et le bonheur de se connaître enfin, peut-être un jour, qui sait ?

Donald : Voilà notre Donald devenu écolo philosophe. Tu vas peut-être fonder un nouveau parti, c'est à la mode en ce moment, je suggère les Philoverts, J'ai publié mon texte encore plus tard que toi ;)

Posté le : 15/10/2015 18:46
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 10 Octobre 2015
Plume d'Or
Inscrit:
06/08/2013 20:30
De Le Havre
Messages: 805
Niveau : 25; EXP : 53
HP : 0 / 613
MP : 268 / 19540
Hors Ligne
Voyage, voyage

L’hiver est arrivé, et avec le temps froid, les rhumes et les grippes. Je me traîne jusqu’à mon lit, avec la ferme intention d’y rester tout le weekend, mes vieilles douleurs m’épuisent. Je me glisse dans les draps chauds, je m’installe dans les oreillers moelleux, et je m’endors.

Mes rêves sont agités. Mon corps est balloté dans tous les sens, j’ai la sensation de me trouver dans un train, je sens les vibrations de la machine, j’entends le bruit régulier des rails sous mon lit. Finalement non, c’est le bruit des pneus sur l’asphalte et les changements de vitesse qui me bercent. A moins que ce ne soit le bruit des réacteurs d’un avion. Peut-être pas. J’entends maintenant le bruit de l’eau sur la coque d’un navire. Je pars loin, très loin. Je ne suis pas inquiète, je sens des bras qui m’enlacent, la chaleur d’un autre corps emporté, comme moi. Son odeur est apaisante, je suis tranquille, je me laisse bercer, nous flottons, tranquillement.

Le mouvement s’est arrêté, je suis debout dans un grand tube. Il n’y a aucune présence humaine. Je suis complètement impuissante, je ne semble pas pouvoir bouger. Je sens une chaleur agréable sur mes pieds, je les sens se détendre. Je perds l’équilibre mais je suis retenue par les parois du cylindre. Que se passe-t-il ? Ça ne me fait pas mal, au contraire, mes jambes se redressent, mon bassin se stabilise. Mon ventre gargouille, ma colonne vertébrale se redresse et tous mes organes semblent se remettre en place. A l’intérieur de ma bouche, des fourmillements. Mes dents deviennent plus grosses, plus lisses. Je me sens plus forte.

Je me réveille doucement. Les draps sont doux, très doux, on dirait de la fourrure. Je sens toujours cette présence rassurante près de moi. Je reste un peu dans ce cocon douillet, mais je finis tout de même par me réveiller. J’ouvre les yeux sur une pièce complètement inconnue, tout est blanc et apaisant. Il y a bien un bras qui me retient, je le pousse délicatement. Il appartient à un parfait inconnu. Je me rends compte soudain que je suis complètement nue, dans un lit, avec un homme dans le plus simple appareil. Je me lève d’un bond. Qu’est-ce que je fais là ? Je cherche des vêtements pour me couvrir et trouve une sorte de couvre lit. Je pars à la découverte de ce lieu dans lequel j’ai dormi. Combien de temps ? Aucune idée. Je me sens extrêmement bien, j’ai dû vraiment bien dormir. Mais comment suis-je arrivée ici ?
Il y a une grande pièce qui ouvre sur une terrasse en bois. Le jardin est magnifique. La végétation est tropicale. Sur la droite, il y a un ponton et je découvre que je suis au bord de l’eau. C’est magnifique. Il fait beau, le ciel est étonnamment bleu, et il fait chaud, mais pas trop. Je retourne à l’intérieur, il y a une jolie cuisine, une grande salle de bain. J’ai l’impression d’être dans un hôtel quatre étoiles à Bali.

Je décide d’aller réveiller l’homme qui est encore endormi. Je suis obligée de le secouer. Malgré son jeune âge il n’a pas l’air très dynamique.

- Ouh, ouh, debout là-dedans, il faut se réveiller maintenant.

Il me répond par des grognements et ouvre un œil, et se redresse d’un coup.

- Qui êtes-vous ?

- Je m’appelle Zoé et vous ?



- Vivien. On est où ?

- Aucune idée. Je pensais que vous le saviez. On peut peut-être se tutoyer on a passé la nuit ensemble.

- Ah bon ?

Je vois dans ses yeux qu’il réalise qu’il est nu comme un ver. Le premier moment de surprise passée, il se lève et décide d’aller visiter la maison.

- Il y a d’autres personnes ici ?

- Je n’ai vu personne.


Je n’ai même pas eu la présence d’esprit d’appeler qui que ce soit.
Vivien se promène d’une pièce à l’autre sans complexe.

- Dis donc c’est sympa ici ! Tu es là depuis longtemps ? Tes parents sont au courant ?

- Mes parents sont morts depuis longtemps, et les tiens ?

- Ah c’est triste. Mon père est mort, mais ma mère est toujours là. A soixante ans c’est bien d’avoir toujours ses parents.

- Soixante ans ?

- Oui, j’ai soixante ans.

Je me mets à rire, le garçon qui est devant moi n’a pas plus de vingt-cinq ans.

- Tu fais drôlement jeune alors !

Il se redresse, tout fier, mais un peu surpris.

- Merci. Et toi tu as quel âge ? J’espère que je ne vais pas me faire arrêter pour détournement de mineure.
Il est vraiment drôle.

- Aucun risque, à cinquante ans on ne risque plus rien.

- Excuse-moi. Tu as dit cinquante ans ?

Il m’entraîne avec lui vers un miroir qu’il vient de repérer dans un placard de la chambre. J’y vois deux jeunes gens. Nous avons rajeuni d’une trentaine d’années…
- Voilà pourquoi je me sens si bien. Plus de douleurs, j’y vois parfaitement, tout est net, aucune trace de ma myopie légendaire !

En revenant vers la cuisine, nous remarquons que la table est mise et qu’un petit déjeuner très sain et diététique a été préparé. Dans un coin de la pièce une caméra nous observe, puis une voix synthétique semble sortir de partout à la fois.

- Bonjour, nous ne vous voulons aucun mal, nous voulons vous étudier dans votre milieu naturel. Vous serez bien nourris, nous veillerons à ce que vous ayez une activité physique régulière et adaptée. Vous serez éduqué pour que nous puissions examiner votre activité cérébrale. Profitez de tout, relaxez-vous. S’il vous manque quelque chose, demandez-le, nous sommes à votre service.

Quelle drôle de fin d’année, les souvenirs de notre vie passée reviennent petit à petit. Faut-il abandonner tout ce que l’on a connu avant ? Etre pris en charge pendant quelques temps ne me paraissait pas une si mauvaise idée. Vivien semblait partager mon idée.

- Tu viens te baigner ?

Donald m’avait prévenue que des extra-terrestres de la planète X nous observaient. D’ailleurs, Couscous avait mis l’inspecteur La Boulette sur le coup. Un fin limier belge, spécialisé dans les OVNIS en tous genres. Mais il passait son temps au café avec Istenozot et Kijtiti, impossible pour ces trois fêtards de terminer une enquête. Ce n’était que repas arrosés au bon vin de Touraine et autre Bourgogne rouge ou blanc. Athéna du haut de l’Olympe avait demandé de l’aide à son émissaire la gentille Loriane, elle avait surveillé les nouveaux arrivants de l’Orée, mais ces derniers temps, j’avais remarqué sur des nouvelles confirmées ou pas, écrites par des individus bizarres affublés de patronymes étranges, tel Grenouille. On avait dû être espionnés. Maintenant, on se la coulait douce, peut-être nos amis allaient-ils aussi faire partie de l’Expérience ? A oui, j’avais oublié de vous dire que c’est comme cela que cela s’appelle, nous faisons partie de l’Expérience. Je vais leur suggérer de faire venir les amis, et on va se faire des petits gueuletons, il faudra apprendre à ces aliens la diététique Oréenne.

Posté le : 15/10/2015 18:17
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 216 217 218 (219) 220 221 222 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
80 Personne(s) en ligne (59 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 80

Plus ...