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Re: Défi du 24 octobre
Plume d'Or
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Quelle réponse à ce thème !
J'ai bien aimé ce texte court, avec une chute bien marquée et une vision critique de notre monde.
Une fois de plus Emma, ça a été un plaisir de te lire.
Bon, je retourne au travail,
Bises
Donald

Posté le : 24/10/2015 15:15
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Re: Défi du 24 octobre
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hello !

Je fais une halte des plus rapides pour poster ma réponse au défi !
Suis actuellement noyée dans le travail. La vie est ainsi faite !

voici ma petite participation à ce défi mortel !



La mort est une jeune femme moderne…


Oubliez les visions que vous vous faites habituellement de la mort : austère Charon, hideuse faucille, Cerbere à trois têtes ou spectres indociles…

La mort est en fait une jeune femme de son temps, qui s’habille en Prada et aime le rouge à lèvres Chanel. Elle porte souvent de hauts talons Louboutin et ne déteste pas les sacs à main de chez Lancel

La mort est un peu matérialiste ces temps ci. Elle a déserté les froids cimetières. Aux nécropoles, elle préfère les lumières des mégapoles et n’a que dédain pour les antiques ossuaires

La mort a un rendez-vous, ce soir. Qui sait ? Peut-être un futur amant ? Longtemps elle a fréquenté Peste Bubonique, Tuberculose et Choléra mais - il faut bien l’avouer- les morts violentes n’ont pas vraiment d’avenir… Il y a quelques siècles, elle a eu un gros coup de cœur pour Maladie Vénérienne. Celui-là manquait un peu d’hygiène intime mais avait son charme discret

Ce soir la mort a rendez-vous avec Paul. Ça n’a rien de spectaculaire comme nom, Paul. La mort a un peu peur qu’il ne soit pas de son standing

La mort en a marre de ces amants pas très sortables. Comment voulez-vous qu’elle trouve un gendre acceptable à dieu le père ? La Faim dans le Monde, par exemple, ne restait jamais pour diner – soi-disant une question de principe. La Guerre transformait les réunions de famille en champs de bataille. Le meurtre profitait d’un tête-à-tête pour planter un couteau dans le dos… Bonjour la compagnie !

Alors la mort s’est cherché un fiancé un peu urbain, un peu branché, un pur produit de son époque. Quelqu’un qui s’intéresse aux belles bagnoles et qui n’a pas peur de claquer son fric pour le dernier portable dernier cri.

Il sonne. Il est à l’heure. Elle lui ouvre tout sourire.

Il a de l’allure, ce Paul Ussion.

Posté le : 24/10/2015 15:09
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Re: Texte à corriger Temp
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Merci Jeff, cette correction est bonne..
Si Malori l'adopte nous pourrons remettre le texte en page .

Posté le : 24/10/2015 08:38
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Re: Texte à corriger Temp
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Il y a quelque chose,vraiment...Si je peux me permettre,et en toute modestie :

Passé si vaste,
Un temps qui s'en va.
Ce temps je le veux,
Je le désire,
Par mon âme asséchée.
Ce temps qui court,court,
Comme un fou,

Je ne peux l'attraper.
Vaste mirage
Tombé sur le toit par un beau matin.
Jardin renversé de roses,
C'est le temps encore
Qui passe par là...

En espérant ne pas avoir travesti votre pensée...

Posté le : 23/10/2015 23:03
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Raymond Queneau
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Le 25 octobre 1976 meurt à Paris Raymond Queneau

à 73 ans, né au Havre le 21 février 1903, romancier, poète, dramaturge français, cofondateur du groupe littéraire Oulipo. Il appartient au mouvement Surréalisme, Pataphysique, Queneau était Satrape du Collège de ’Pataphysique, Cofondateur de l'Oulipo.
Derrière des lunettes souriantes et une œuvre ouvertement bon enfant, Raymond Queneau apparaît comme un écrivain mystérieux : pas enveloppé, mais rempli de mystère. Au moment même où l'on croit saisir une intention, une propriété, une morale, c'est tout autre chose qui se présente, chaque fil tirant sur le précédent. On ne sait jamais par quel bout le saisir, ou, plutôt, ce qui va jaillir de la boîte que l'on s'apprête à ouvrir.
Autre paradoxe ou, tout au moins, autre curiosité : cet écrivain, qui a traversé le surréalisme, la littérature engagée et le nouveau roman sans daigner se plier à aucune de ces modes, n'est cependant jamais passé pour un plumitif rétrograde. Il est resté tout au long de sa vie, et restera longtemps encore, un auteur résolument moderne. Ce refus de la mode et du sérieux qui l'accompagne toujours a toutefois longtemps fait prendre Raymond Queneau pour un plaisantin – on disait parfois, poliment, un humoriste, mais cela ne valait guère mieux. Pourtant, cette œuvre souriante et grave, conduite avec rigueur et obstination à travers d'assez grandes difficultés dans l'attente puis sous le poids d'un succès tardif, fait de Raymond Queneau un écrivain exemplaire.

En bref

" Je naquis au Havre un 21 février 1903..." Né au Havre, où ses parents possédaient une boutique de confection et de mercerie, Raymond Queneau fréquente le lycée de la ville jusqu'à son baccalauréat. En 1920, il se rend à Paris pour préparer une licence de philosophie. En 1924, Pierre Naville le fait entrer au groupe surréaliste. D'octobre 1925 à février 1927, il effectue son service militaire dans les zouaves et participe, de ce fait, à la guerre du Rif. En 1928, il trouve du travail comme employé de banque et collabore aux activités de la rue du Château, où se réunissent les dissidents, Prévert, Duhamel, Tanguy du groupe surréaliste. En 1929, il rompt avec André Breton pour des raisons uniquement personnelles, il évoquera cette période quelques années plus tard dans Odile. En 1932, il fait un voyage en Grèce, au cours duquel il commence à écrire Le Chiendent, roman qui paraît en 1933. Dès lors, la vie de Raymond Queneau s'efface derrière son œuvre. En voici les pulsations principales.
En 1937 paraît Chêne et chien, important recueil de poèmes. En 1938, Queneau entre au comité de lecture des éditions Gallimard. En 1945, il crée, avec Michel Gallimard, l'Encyclopédie de la Pléiade, qu'il dirigera pendant trente ans. En 1949, Yves Robert met en scène Exercices de style, et Juliette Gréco rend célèbre Si tu t'imagines. En 1951, Queneau est élu à l'Académie des Goncourt, et admis au Collège de Pataphysique. En 1953, il écrit les dialogues du film Monsieur Ripois, de René Clément. En 1959, paraît Zazie dans le métro, qui connaît un succès considérable et inattendu. En 1960, suite à la publication de Cent Mille Milliards de poèmes, il fonde, avec François Le Lionnais et quelques amis, l'Ouvroir de Littérature Potentielle OuLiPo. En 1968, paraît Le Vol d'Icare, son dernier roman, puis, en 1973, Le Voyage en Grèce, recueil d'articles publiés, pendant les années trente, dans différentes revues. Son dernier livre, Morale élémentaire, paraît en 1975 : c'est un recueil de poèmes à la fabrication énigmatique. Raymond Queneau meurt, le 25 octobre 1976, à Neuilly-sur-Seine.
Première prose, premiers vers :
Raymond Queneau reprenait volontiers à son compte la remarque de La Fontaine : J'écris des poèmes comme un pommier produit des pommes. On pourrait étendre cette image à l'ensemble de son œuvre. En effet, celle-ci a poussé, dans une époque bien précise, dans une terre littéraire parfaitement définie : elle est le fruit de cette époque et de ce sol. Mais elle se développe à sa manière, sans se laisser influencer par les va-et-vient de la mode : le goût de ses pommes dépend évidemment du terroir et du climat, mais elles ne sentiront jamais l'orange ni le melon.
Ce phénomène est assez curieux pour qu'on s'y arrête un instant : Queneau est le seul écrivain qui, ayant fréquenté le groupe surréaliste (orthodoxe) pendant cinq ans, n'en ait retenu aucune influence. Bien mieux : il en a tiré la conviction définitive que ce n'est pas du tout comme cela qu'il convenait d'écrire. Les auteurs qui, dès ce moment-là, l'ont le plus directement influencé sont Flaubert, Joyce et Faulkner. Quelques poèmes, pourtant, plus tard recueillis dans Les Ziaux, peuvent faire songer à l'approche discrète d'un univers rêveur.
En fait, le premier ouvrage publié par Raymond Queneau, Le Chiendent 1933, manifeste sans ambiguïté deux préoccupations profondément étrangères aux surréalistes et qui ne l'abandonneront jamais : le souci de la construction romanesque et l'attention méthodique portée au langage il faudrait dire : aux langages. Le Chiendent est né d'un projet singulier : celui d'une transposition du Discours de la méthode en français moderne. Bien entendu, il ne reste à peu près rien de cette chimère initiale, hormis l'illustration romanesque, subtile et délectable, du Cogito ergo sum.
Il est impossible de résumer l'intrigue du Chiendent, roman touffu où foisonnent les personnages, où s'enchevêtrent les situations. Une partie de l'histoire tourne autour d'une porte mystérieuse, détenue par un sordide brocanteur, puis court derrière un hypothétique trésor. Dès ce premier roman, Queneau met au point un style parlé » qui lui est déjà personnel, différent de celui de Céline, qui, d'ailleurs, n'est qu'à lui et de celui de la rue qui, d'ailleurs, n'est pas un mais mille. En fait, il faudrait préciser davantage : le style de Raymond Queneau ne réside pas tant dans une forme, syntaxique et lexicale, du français populaire que dans la façon très nuancée dont il introduit ledit français populaire dans une langue fort bien écrite, et même sévèrement châtiée. Cet apport de tournures et de vocables nouveaux présente deux avantages, entre autres : un enrichissement du matériau dont dispose l'écrivain ; de multiples possibilités de ruptures de ton.
Ces ruptures de ton sont nécessaires à Raymond Queneau, d'abord parce que c'est un procédé qui l'amuse, mais surtout parce qu'elles s'intègrent fort bien à son souci d'une construction très élaborée. Le plan du Chiendent n'a aucunement été confié au hasard : quatre-vingt-onze sections, 13 × 7, dont chacune occupe une place parfaitement définie ; entrées et sorties des personnages, déroulement des péripéties, développement des situations, tout est soumis à des règles d'arithmétique élémentaire et de symétrie.
Un tel projet aurait pu donner, entre les mains d'un écrivain médiocre, un roman sec et plat. Raymond Queneau en a fait un chef-d'œuvre d'intelligence et de grâce, de drôlerie, de tendresse et de cruauté.
Le premier recueil de vers de Queneau, Chêne et chien, a été publié en 1937. C'est un ouvrage curieux, dans lequel on trouve des souvenirs d'enfance et de jeunesse, le récit d'une psychanalyse puis celui d'une fête au village. Dans ce recueil, qui se sous-titre « roman en vers », le poète rejette, d'une manière à la fois éclatante et modeste, vingt ans de terrorisme surréaliste et un demi-siècle de verroterie sophistiquée. Usant d'une écriture volontairement terne et banale, ne décrivant que les faits les plus ordinaires, parfois jusqu'au plus trivial, il retrouve les traces d'une poésie quotidienne qui n'apparaissait plus en 1930 et jusque vers 1970) que dans les chansons.
On peut considérer que Le Chiendent et Chêne et chien représentent les fondements de toute l'œuvre romanesque et poétique de Raymond Queneau : on y trouve déjà, au moins en germe, tout l'éventail de ses curiosités, de ses soucis, de ses humeurs ; on y trouve aussi, et pas du tout en germe mais très au point, les différents procédés d'écriture qu'il n'abandonnera jamais.

Sa vie

Raymond Queneau a grandi dans une famille de commerçants. Il rejoint Paris pour faire des études de philosophie à la Sorbonne et à l’École pratique des hautes études où il suit notamment les cours d’Alexandre Kojève sur Georg Wilhelm Friedrich Hegel.
Il fréquente le groupe surréaliste auquel il adhère en 1924. À la suite de son exclusion en 1930, il participe au pamphlet Un cadavre contre André Breton avec un texte intitulé Dédé. Raymond Queneau a relaté de façon satirique son expérience du surréalisme dans Odile, où Breton apparaît sous les traits du personnage d’Anglarès.
Après la rupture avec le surréalisme, Raymond Queneau se lance dans l’étude des fous littéraires et travaille à une Encyclopédie des sciences inexactes. Refusée par les éditeurs, cette encyclopédie lui servira pour le roman Les Enfants du Limon 1938.
Son service militaire en Algérie et au Maroc 1925-1927 lui permet de s’initier à l’arabe. Au cours d’un voyage en Grèce en 1932 Odile, il prend conscience du danger de laisser la langue littéraire s’éloigner de la langue parlée. Rapprocher ces deux extrêmes deviendra son grand projet littéraire. Dans cet esprit, il jettera les bases du néo-français caractérisé par une syntaxe et un vocabulaire typiques du langage parlé et par une orthographe plus ou moins phonétique. Dans les dernières années de sa vie, il reconnaîtra l’échec de ce projet, et que la télévision, par exemple, ne semblait pas avoir eu l’effet négatif sur la langue écrite qu’il craignait. Il collabore à la revue La Critique sociale de Boris Souvarine (ainsi qu'au Cercle communiste démocratique fondé par ce dernier2), puis au quotidien L'Intransigeant.
C’est en 1933 qu’il publie son premier roman, Le Chiendent, qu’il construisit selon ses dires comme une illustration littéraire du Discours de la méthode de René Descartes. Ce roman lui vaudra la reconnaissance de quelques amateurs qui lui décernent le premier prix des Deux-Magots de l'histoire. Suivront quatre romans d’inspiration autobiographique : Les Derniers Jours, Odile, Les Enfants du limon et Chêne et Chien, ce dernier entièrement écrit en vers.
Après avoir été journaliste pendant quelques années et avoir fait plusieurs petits métiers, Queneau entre en 1938 aux éditions Gallimard où il devient lecteur, traducteur d’anglais, puis membre du Comité de lecture. Il est nommé en 1956 directeur de l'« Encyclopédie de la Pléiade ». Parallèlement, il participe à la fondation de la revue Volontés et commence une psychanalyse.
C’est avec Pierrot mon ami, paru en 1942, qu’il connaît son premier succès. En 1947 paraît Exercices de style, un court récit décliné en une centaine de styles, dont certains seront adaptés au théâtre par Yves Robert. Ces Exercices de style lui furent inspirés par L’Art de la fugue de Johann Sebastian Bach, lors d’un concert auquel il avait assisté, en compagnie de son ami Michel Leiris, et qui avait fait naître en lui l’envie de développer différents styles d’écriture. Sous le nom de Sally Mara, auteur fictif qu'il a créé, il publie la même année On est toujours trop bon avec les femmes qui lui vaut des démêlés avec la censure.
En 1949 est publiée sa traduction du roman de George Du Maurier Peter Ibbetson, et en 1950 un second ouvrage sous pseudonyme, le Journal intime de Sally Mara, pour lequel il reçoit le prix Claire Belon.
À la Libération, il fréquente Saint-Germain-des-Prés. Son poème Si tu t’imagines, mis en musique par Joseph Kosma à l’initiative de Jean-Paul Sartre, est un des succès de la chanteuse Juliette Gréco. D’autres textes sont interprétés par les Frères Jacques. Il écrit des paroles pour des comédies musicales, des dialogues de films dont Monsieur Ripois, réalisé par René Clément, et aussi le commentaire du court métrage d’Alain Resnais Le Chant du styrène. Il réalise et interprète le film Le Lendemain.
Il publie de nouvelles chroniques fantaisistes de la vie de banlieue : Loin de Rueil 1944, Le Dimanche de la vie 1952, dont le titre est emprunté à Hegel. Un roman plus expérimental, Saint-Glinglin 1948, rassemble des textes publiés séparément depuis 1934.
Amoureux des sciences, Raymond Queneau adhère à la Société mathématique de France en 1948. Il s’évertue à appliquer des règles arithmétiques à la construction de ses œuvres, à la façon de la méthode lescurienne S + 7 : prendre un texte, n’importe lequel, prendre un dictionnaire, n’importe lequel, généraliste ou thématique, et remplacer tous les substantifs dudit texte par d’autres substantifs trouvés dans le dictionnaire choisi et situés sept places plus loin ou sept places avant par rapport à la place initialement occupée par le substantif à remplacer ou qu’il aurait occupée s’il y figurait. En 1950, il publie un texte d’inspiration scientifique, Petite cosmogonie portative. Il publie également cette année-là un recueil d’études critiques, Bâtons, chiffres et lettres.
Toujours en 1950, il entre comme satrape au Collège de ’Pataphysique, et est élu à l’Académie Goncourt en 1951.
En 1959 paraît Zazie dans le métro qui s’ouvre par l’expression Doukipudonktan ! Le succès de ce roman surprit Queneau lui-même et fit de lui un auteur populaire. Une adaptation au théâtre par Olivier Hussenot et au cinéma par Louis Malle suivront.
À la suite d’un colloque en septembre 1960 une décade de Cerisy intitulée Raymond Queneau et une nouvelle illustration de la langue française, dirigé par Georges-Emmanuel Clancier et Jean Lescure, il fonde en décembre 1960, avec François Le Lionnais, un groupe de recherche littéraire, le Séminaire de littérature expérimentale Selitex qui allait très vite devenir l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle. Sa soif de mathématiques combinatoires s’étanchera aussi à la coupe de l’Ouvroir qui accueille, entre autres, le père de la théorie des graphes, Claude Berge. Raymond Queneau publie également deux articles de recherche mathématique en théorie des nombres, en 1968 aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Paris3 et en 1972 au Journal of Combinatorial Theory4. Quant à l’Oulipo, il aura une grande descendance, plus ou moins sécessionniste, avec d’autres groupes comme l’Oupeinpo, l’Outrapo, l’Oubapo…
Avec Cent mille milliards de poèmes 1961, Raymond Queneau réussit un exploit tant littéraire qu’éditorial. C’est un livre-objet qui offre au lecteur la possibilité de combiner lui-même des vers de façon à composer des poèmes répondant à la forme classique du sonnet régulier : deux quatrains suivis de deux tercets, soit quatorze vers. Cent mille milliards est le nombre de combinaisons possibles calculé par Queneau : C’est somme toute une sorte de machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d’années en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Le roman Les Fleurs bleues 1965, nouveau succès public, illustre l’apologue du penseur taoïste chinois Tchouang-Tseu se demandant s’il est Tchouang-Tseu rêvant d’un papillon ou un papillon rêvant qu’il est Tchouang-Tseu… Il poursuit son œuvre poétique avec Courir les rues, Battre la campagne, Fendre les flots.
Raymond Queneau meurt le 25 octobre 1976 d'un cancer du poumon. Il est inhumé au cimetière ancien de Juvisy-sur-Orge Essonne. Son épouse Janine est décédée en 1972.
Une partie importante des manuscrits de Raymond Queneau est aujourd'hui conservée par la Bibliothèque municipale du Havre. Ce fonds, constitué à partir de 1991, contient de nombreux manuscrits, des œuvres romanesques et poétiques, des correspondances, des peintures de l'auteur.

Un outil de choix : le langage

La curiosité de Raymond Queneau est immense : elle s'étend à tous les domaines de la science, avec une préférence marquée pour les mathématiques. Cette disposition encyclopédique réunit notamment deux penchants complémentaires : le goût pour l'acquisition du savoir et l'intérêt pour les méthodes de la découverte. Le deuxième point est naturellement essentiel : c'est lui qui fait de Raymond Queneau un esprit scientifique véritable, et non un compilateur du type Bouvard et Pécuchet. On se gardera de négliger cet aspect de sa personnalité qui l'a conduit à diriger l'Encyclopédie de la Pléiade. Enfin, on se souviendra, toujours à ce propos, de la jolie question posée dans Odile : Quelle satisfaction peut-on bien éprouver à ne pas comprendre quelque chose ?
C'est au langage, qui allait devenir son principal outil de travail, que la curiosité de Queneau s'est appliquée avec le plus de constance et de pénétration. C'est aussi cet aspect de son art qui a le plus vivement frappé les critiques. Tous ses commentateurs, et ils commencent à devenir nombreux, ont insisté sur le français parlé de Queneau, et plus précisément sur ce qui leur sautait immédiatement aux yeux : les trouvailles phonétiques, comme Polocilacru, Le Dimanche de la vie et le célèbre Doukipudonktan sur quoi s'ouvre Zazie dans le métro.
Il est bien vrai que le langage de Queneau constitue un apport dont il est peu d'exemples dans la littérature contemporaine. Comme toutes les propositions réellement révolutionnaires, il joue sur deux niveaux : le corrosif et le bâtisseur. Le corrosif traque les lieux communs, fanfaronnades et vacuités, les met en évidence avec malice, les rend inutilisables à jamais. Le bâtisseur offre de nouvelles formes d'écriture, plus directes, plus efficaces ou plus subtiles.
Allant jusqu'au bout de ce souci, en 1960, avec son ami le mathématicien François Le Lionnais, Raymond Queneau fonde l'Ouvroir de Littérature Potentielle, qui se propose de créer de nouvelles « structures » poétiques et romanesques de nouvelles formes fixes, comparables au sonnet, par exemple, ou des contraintes analogues à la règle des trois unités. L'OuLiPo, dont les membres actuels continuent à travailler dans le même sens, ne fut pas un simple club littéraire de plus, mais une création véritable : l'œuvre de Raymond Queneau la plus insaisissable et la plus riche.

Le romancier

L'évidente importance des recherches et des découvertes langagières dans le travail de l'écrivain a conduit la plupart des analystes à négliger ses exceptionnelles qualités de romancier : Queneau est un admirable créateur de figures et un merveilleux conteur d'histoires.
Ses personnages sont divers, bien qu'on puisse les répartir en deux familles assez homogènes : les héros et les gens ordinaires. Pour aller vite, nous dirons que les héros, ce sont ceux qui pensent : ils ne pensent pas forcément comme leur auteur, mais enfin ils font fonctionner leur cervelle, comme un outil d'investigation. Les gens ordinaires sont rebelles à tout effort cérébral, et absorbent benoîtement les idées des autres quand elles parviennent jusqu'à eux.
Il faut ici réserver un paragraphe particulier aux personnages féminins. Les « héroïnes » sont décrites par Queneau avec une force et une tendresse peu communes. Ainsi, c'est presque toujours à leur énergique obstination que les hommes leurs maris, leurs amants doivent leur salut. C'est le cas d'Odile Odile, de Noémi Les Enfants du limon, d'Annette Un rude hiver, de LN Le Vol d'Icare. Mieux, même : en y regardant de plus près, on découvrira que les femmes que l'on peut tenir pour ordinaires jouent elles aussi, dans leur ménage ou leur famille, un rôle déterminant : Sidonie Cloche Le Chiendent et Julia Le Dimanche de la vie sont les éléments moteurs des romans qu'elles habitent.
Ces personnages, Queneau les place dans des situations généralement insolites, pleines de développements nombreux et de péripéties surprenantes. Plusieurs de ses romans présentent même différentes intrigues enchevêtrées, ce qui les rend impossibles à résumer : c'est le cas du Chiendent et de Pierrot, déjà cités, mais aussi des Derniers Jours, des Enfants du limon, de Saint-Glinglin. On remarquera également qu'en un temps où les écrivains « sérieux » abandonnaient volontiers les émotions sentimentales aux auteurs populaires, Raymond Queneau publiait, avec Odile et Un rude hiver, deux romans d'amour graves, profonds et bouleversants.
On ne peut pas quitter le chapitre des personnages sans observer que, parmi d'autres, plus fugitives, une question têtue court d'un livre à l'autre, de la prose à la poésie, et c'est : Qu'est-ce qu'un personnage de roman ? Cette question, qui forme la trame du Chiendent, se trouve explicitement posée dans Le Vol d'Icare. On observera que Raymond Queneau, en écrivain rebelle à toute confession publique, a subtilement déplacé le traditionnel problème d'identité, devenu, sous la forme : Mais qui suis-je donc ? le pont-aux-ânes des littérateurs contemporains.

Une morale

Malgré la méfiance que professait Raymond Queneau à l'égard des faiseurs de systèmes et le peu d'empressement qu'il mettait à donner des leçons, il est clair que l'on peut distinguer, dans son œuvre, l'ombre d'une morale : c'est là le propre de tout univers cohérent, qu'il soit réel ou imaginaire. Cette morale, assez curieusement, ne coïncide pas tout à fait avec celle de la société des hommes. Cet écrivain réaliste ne restitue pas le monde tel qu'il est : il le corrige. Mais, comme il le corrige par de simples (quoique pas innocentes) omissions, ce qu'il nous en montre nous paraît parfaitement authentique.
Par exemple, il n'y a pas un seul salaud dans cette œuvre qui fait vivre pourtant des centaines de personnages – en réalité, il y en a un : Bébé Toutout, le gnome diabolique du Chiendent ; et ce n'est pas exactement un homme.
Je crois qu'il faut faire ici la part de la malice : Queneau choisit, parce que c'est plus agréable, de ne parler que des gens sympathiques, de ceux qu'il aurait du plaisir à fréquenter. Il fait même un instant semblant de croire aux rossignols humanistes, et que tous les hommes sont de bonne volonté. Mais il laisse traîner, ici ou là, un signe révélateur, un indice de sa fausse naïveté.
Le mot malice est préférable au mot humour, et pas seulement parce que, de celui-ci, on use à tort et à travers. L'humour est plein de replis ombreux, d'âcres touffeurs et de ricanements que l'on ne découvre jamais au fond des choses, chez Queneau. C'est peut-être à son ascendance campagnarde qu'il doit cela : les paysans, même les plus rusés, sont doués d'une trop bonne humeur pour avoir de l'humour ! La malice, en revanche, convient tout à fait à leur façon de voir, de comprendre et de raconter les choses. Enfin, si l'on se posait sérieusement la question, on pourrait se reporter à l'article « L'Humour et ses victimes », publié en 1938 dans Volontés, et repris, trente-cinq ans plus tard, dans Le Voyage en Grèce. Il ne résout pas le problème : il jette le lecteur de bonne foi dans une saine perplexité, ce qui est bien préférable.

Le dernier envol

De 1952 à 1960, Raymond Queneau a écrit les dialogues de plusieurs films : outre Monsieur Ripois, de René Clément, on peut citer La Mort en ce jardin, de Luis Buñuel, et Le Dimanche de la vie, de Jean Herman, tiré de son propre roman. Malgré le grand amour qu'il a toujours manifesté pour le cinématographe (et qui se matérialise dans Loin de Rueil), il ne semble pas que cette activité ait entièrement répondu à son attente. On peut supposer qu'un esprit aussi précis, un artisan aussi pointilleux, n'allait pas supporter longtemps la sympathique mais épuisante approximation qui accompagne souvent le travail des cinéastes.
Le dernier roman de Raymond Queneau, Le Vol d'Icare, n'est pas seulement le dernier. Il semble qu'au faîte d'une œuvre nombreuse et dense, l'écrivain ait voulu réunir tout ce qu'il savait faire et tout ce qu'il aimait en un somptueux bouquet final. On y remarquera, en effet, que ce livre conçu comme un scénario de film est très soigneusement construit ; que son écriture utilise le mode du récit, très elliptique, et des dialogues qui ressemblent à ceux du cinéma ; que l'on y trouve des personnages fort divers, dont un héros en voie de développement et plusieurs femmes énergiques ; que la présence de l'Exposition universelle de 1889 symbolise la passion encyclopédiste, et l'affrontement entre les écrivains, la passion littéraire...
Enfin, Raymond Queneau apporte une héroïque réponse à l'obscure question sur la nature et l'identité du personnage de roman, une réponse mélancolique et fière, celle-là même que l'on pouvait attendre et que l'on n'espérait pas : c'est celui qui s'envole et qui meurt à la fin. Jacques Bens

Influence

L'influence de René Guénon sur Raymond Queneau :
Un utilisateur prévoit de modifier cet article pendant quelques jours. Vous êtes invité(e) à en discuter en page de discussion et à participer à son amélioration de préférence en concertation pour des modifications de fond.
Raymond Queneau était un lecteur assidu et attentif de l'œuvre de René Guénon, qu'il avait découvert en lisant en 1921 l'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues5. À partir de cette date et jusqu'à ce que les fin des années '20, Queneau avait lu tous les livres et les articles de Guénon6, et a eu aussi une brève correspondance avec lui.

Å’uvres

Les Œuvres complètes sont éditées aux éditions Gallimard dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Romans

Le Chiendent, 1933, Prix des Deux Magots
Gueule de pierre, 1934
Les Derniers Jours, 1936
Odile, 1937
Les Enfants du limon, 1938
Un rude hiver, 1939
Les Temps mêlés (Gueule de pierre II), 1941
Pierrot mon Ami, 1942
Loin de Rueil, 1944
En passant, 1944
On est toujours trop bon avec les femmes, 1947
Saint-Glinglin, 1948
Le Journal intime de Sally Mara, 1950
Le Dimanche de la vie, 1952
Zazie dans le métro, 1959
Les Fleurs bleues, 1965
Le Vol d'Icare, 1968

Poésies

Chêne et chien, 1937
Les Ziaux, 1943
L'Instant fatal, 1946
Analyse logique, 1947
Petite cosmogonie portative, 1950
Si tu t'imagines, reprenant les trois premiers recueils, 1952
Cent mille milliards de poèmes, 1961
Le Chien à la mandoline, 1965
Courir les rues, 1967
Apprendre à voir, 1968
Battre la campagne, 1968
Fendre les flots, 1969
Morale élémentaire, 1975

Essais et articles

Traité des vertus démocratiques, manuscrit de 1937, édité pour la première fois en 1993.
Bâtons, chiffres et lettres, 1950
Pour une bibliothèque idéale, 1956
Entretiens avec Georges Charbonnier, 1962
Bords, 1963
Une Histoire modèle, 1966
Le Voyage en Grèce, 1973

Divers

Exercices de style, 1947
Contes et propos, 1981
Journal 1939-1940, 1986
Journaux 1914-1965, 1996
Lettres croisées 1949-1976 : André Blavier-Raymond Queneau, correspondance présentée et annotée par Jean-Marie Klinkenberg, 1988
Sur les suites s-additives, Journal of Combinatorial Theory 12 1972, p. 31-71
La légende des poules écrasées, texte théâtral publié dans le Magazine Littéraire no 523, septembre 2012

Traductions

Le Mystère du train d'or d'Edgar Wallace, avec sa femme Janine, sous le nom de Jean Raymond, 1934
Peter Ibbetson de George du Maurier, 1946
L'Ivrogne dans la brousse The Palm wine drinkard d'Amos Tutuola, 1953
Impossible ici It Can't Happen Here, Sinclair Lewis, 1953
Certains l'aiment chaud Some Like it Hot, film de Billy Wilder, 1959. Adaptation française des dialogues.

Correspondances

Correspondances Raymond Queneau - Élie Lascaux, Verviers, Temps Mêlés, octobre 1979 126 p.
Une correspondance Raymond Queneau - Boris Vian, Les amis de Valentin Brû, no 21, 1982 48 p.
Raymond Queneau et la peinture, Jean Hélion, Les amis de Valentin Brû, no 24-25, 1983 100 p.
Raymond Queneau et la peinture, II, Enrico Baj, Les amis de Valentin Brû, no 26, 1984 50 p.
Raymond Queneau et la peinture, IV, Élie Lascaux, Les amis de Valentin Brû, 1985 88 p.
30 lettres de Raymond Queneau à Jean Paulhan, Revue de l'association des amis de Valentin Brû, 1986 102 p.

Discographie

Raymond Queneau mis en musique
Raymond Queneau mis en musique et chanté, par Jean-Marie Humel, Paris : Jacques Canetti, 1991, Jacques Canetti 107752
François Cotinaud fait son Raymond Queneau, par l'ensemble Text'up 2004, Label Musivi
Si tu t'imagines, musique Joseph Kosma, par Juliette Gréco, 1949
L'instant fatal, musique Max Unger, 20107
9 chansons sur des poèmes de Raymond Queneau, par Gilles Maugenest, 2002
Tant de sueur humaine, musique Guy Béart, par Guy Béart, 1965. Disques Temporel
Les fleurs bleues du pianiste Stéfano Bollani

Filmographie

En 1951, le cinéaste Pierre Kast réalisa Arithmétique leçon d'arithmétique de 8 minutes donnée par Raymond Queneau avec mise en évidence du zéro, l'une des découvertes les plus importantes de l'esprit humain, et du nombre googol, le 1 suivi de cent zéros.
Raymond Queneau interpréta le rôle de Georges Clemenceau dans le film Landru de Claude Chabrol, sorti le 25 janvier 1963.


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Posté le : 23/10/2015 21:44
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Benjamin Constant
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Le 25 octobre 1767 naît Benjamin Constant de Rebecque

romancier, du mouvement libéralisme, romantisme, essayiste, homme politique, et intellectuel français d'origine vaudoise, mort à 63 ans, à Paris le 8 décembre 1830, inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Ses Œuvres principales sont : " Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs,essai de 1815 et Adolphe, roman en 1816.
Républicain et engagé en politique depuis 1795, il soutiendra le Coup d'État du 18 fructidor an V, puis celui du 18 Brumaire. Il devient sous le Consulat le chef de l'opposition libérale dès 1800. Après avoir quitté la France pour la Suisse puis l'Allemagne, il se rallie à Napoléon pendant les Cent jours, et revient en politique sous la Restauration. Élu député en 1818, il le sera encore à sa mort en 1830. Chef de file de l'opposition libérale, connue sous le nom des « Indépendants », il est l'un des orateurs les plus en vue de la Chambre des députés et défend le régime parlementaire. Lors de la Révolution de juillet, il soutient l'installation de Louis-Philippe sur le trône.
Auteur de nombreux essais sur des questions politiques ou religieuses, Benjamin Constant est aussi l'auteur de romans psychologiques sur le sentiment amoureux comme Le Cahier rouge 1807, où se retrouvent des éléments autobiographiques de son amour pour Madame de Staël, et Adolphe 1816.

En bref

Né le 25 octobre 1767 à Lausanne, descendant de protestants français réfugiés en Suisse, Constant appartient à une famille de hobereaux qui louait ses services aux armées étrangères. Il reçoit une éducation très disparate, qu'il a décrite avec humour dans le Cahier rouge. Livré à des précepteurs médiocres, il fait preuve néanmoins de talents précoces, surtout dans le domaine des langues anciennes et de la musique. À douze ans, il écrit un roman héroïque, Les Chevaliers. Ballotté à travers l'Europe par son père Bruxelles, 1774 ; Londres, Oxford, 1780 ; Erlangen, 1782 ; Édimbourg, 1785 ; Paris, 1785 et 1787, son instruction très vaste souffre pourtant d'un manque de continuité. De 1788 à 1794, Constant exerce durant six ans la fonction de chambellan à la cour de Brunswick. Séjour morose, qu'un triste mariage, bientôt rompu, rend encore plus sombre. Il trompe son ennui en se dévouant pour sauver l'honneur et la fortune de son père compromis dans un interminable procès militaire. Le jeune Vaudois en conçoit de la haine à l'égard de l'aristocratie bernoise ; il affiche son goût pour la démocratie, se lie avec Jacob Mauvillon et s'intéresse de plus en plus à la Révolution. Cette évolution l'émancipe peu à peu du mentorat d'Isabelle de Charrière, avec laquelle il était lié depuis 1787. Ses déboires ne l'empêchent pas de travailler ; il découvre la théologie allemande et nourrit sa réflexion de l'exemple de Frédéric II et du joséphisme. C'est donc un jeune homme très brillant, mais un peu amer et désabusé, que rencontre Mme de Staël le 18 septembre 1794 à Lausanne.
L'amour qu'il éprouve pour cette femme déjà célèbre lui procure en même temps l'enthousiasme et une raison d'être. Mme de Staël lui offre l'occasion de se révéler intellectuellement grâce à sa conversation et à son esprit et matériellement grâce à ses relations. Constant peut ainsi passer de l'obscurité d'une petite cour allemande à la scène parisienne sur laquelle il arrive avec la fille de Necker en mai 1795. Dès lors, jusqu'en 1802, il va participer au combat des républicains modérés contre les tentatives des royalistes ou celles des néo-jacobins. Cette politique qui vise à terminer la Révolution le place évidemment du côté de la bourgeoisie et de ceux qui ont tout à redouter d'un retour des privilèges ou d'un égalitarisme babouviste. Mais, contrairement à la légende, Constant n'a rien d'un muscadin, et il est faux de voir dans son action l'ambition d'un arriviste sans scrupule. Quatre brochures remarquées De la force du gouvernement actuel, 1796 ; Des réactions politiques suivi de Des effets de la Terreur, 1797 ; Des suites de la contre-révolution de 1660 en Angleterre, 1798, la traduction de la Justice politique de Godwin, la fondation d'un club républicain, des discours politiques, tout cela contribue à faire de Constant un propagandiste écouté, sinon toujours suivi. Conscient des défauts de la Constitution de l'an III, il approuve le courant révisionniste qui aboutit au 18-Brumaire. Mais, dès le lendemain, il se méfie de Bonaparte, dont il pressent l'aspiration au pouvoir personnel. Bel exemple de lucidité, à un moment où l'euphorie était générale dans le clan républicain ! C'est de Brumaire en effet que date pour l'écrivain la prise de conscience de plus en plus nette de la nocivité du pouvoir, quand celui-ci ne trouve aucune limite à son action. Par ses discours au Tribunat et dans sa vaste étude sur la Possibilité d'une constitution républicaine dans un grand pays inédit, Constant va essayer de parer au progrès du despotisme et de l'arbitraire. Son opposition, mal comprise, ne vise pas tant la personne du Premier consul que ses principes de gouvernement.
Appartenant par sa formation à l'époque des Lumières, par sa carrière au XIXe siècle, Benjamin Constant est l'un des représentants les plus illustres et les plus controversés de cette période charnière. Témoin privilégié des bouleversements révolutionnaires, il tenta très tôt de les inscrire dans une explication générale, en faisant intervenir le principe de l'évolution progressive des sociétés. Héritier du XVIIIe siècle, il a voulu en confronter les leçons avec l'expérience récente, afin de réaliser une synthèse d'inspiration résolument libérale. Cette tentative pour combiner l'histoire et la théorie représente un aspect très intéressant de sa démarche intellectuelle. L'importance attribuée dans cette perspective au rôle de l'écrivain est un des traits typiques du groupe de Coppet où se forgèrent de nouveaux concepts et dont Constant ne doit pas être séparé. C'est avec Mme de Staël, Sismondi, les frères Schlegel, notamment, qu'il élabora ses recherches dans des domaines très variés : religion, politique, histoire, littérature, théâtre. De là une œuvre abondante qui fait apparaître une autre caractéristique propre aux mêmes auteurs : Constant fut un intermédiaire entre plusieurs cultures allemande, anglaise, française et entre deux grands courants de pensée, le classicisme et le romantisme. Malheureusement, une tradition historiographique malveillante a longtemps retardé la juste appréciation du rôle du groupe de Coppet. Constant, comme Mme de Staël à laquelle il fut longtemps attaché, eut le triste privilège d'être la cible d'une critique qui s'est trop appesantie sur les aspects anecdotiques de sa vie. Il est vrai que ses biographes ont été longtemps tributaires d'une documentation partielle, mutilée et faussée par des amateurs incompétents. La version authentique et intégrale du Journal intime n'existe que depuis 1952 ; les archives n'ont été accessibles que depuis 1953, 1974 et 1980. C'est pourquoi on assiste actuellement à une redécouverte progressive de l'œuvre.

Sa vie

Benjamin Constant naît le 25 octobre 1767 à Lausanne, fils de Louis-Arnold-Juste Constant de Rebecque, colonel dans un régiment suisse au service de la Hollande stationné à Huningue en septembre 1772 et d'Henriette-Pauline de Chandieu, qui meurt des suites de ses couches le 10 novembre 1767. Originaire de l'Artois et devenue protestante au XVIe siècle, la famille Constant de Rebecque s'était fixée dans la région de Lausanne après la révocation de l’Édit de Nantes 1685.
Suivant son père constamment en voyage, il achève ses études à l'université de Nuremberg en Bavière 1782, puis en Écosse à l'université d'Édimbourg 1783. Il passe la plus grande partie de sa vie en France, en Suisse et en Grande-Bretagne. En 1787, il rencontre à Paris Mme de Charrière, avec laquelle il entame une liaison et une longue correspondance. Son père l'attache en mars 1788 comme chambellan à la cour de Brunswick, où il épouse le 8 mai 1789 Johanne Wilhelmine Luise, dite Minna, baronne de Cramm 1758-1825 et dame d'honneur de la duchesse de Brunswick Augusta de Hanovre, puis devient conseiller de légation.
Le 11 janvier 1793, il rencontre Charlotte de Hardenberg 1769-1845, fille d'un conseiller de légation et nièce de Hardenberg, mariée depuis 1787 à Wilhelm Albrecht Christian, baron de Mahrenholz 1752-1808, avec laquelle il se lie d'amitié. Charlotte divorce, tandis que les Constant se séparent fin mars 1793, avant d'engager en juin 1794 une procédure de divorce, lequel est prononcé le 18 novembre 1795. Après le départ de Constant en août 1794, Charlotte se remarie à Brunswick le 14 juin 1798 avec le vicomte Alexandre-Maximilien du Tertre 1774-1851, un émigré français dont elle divorce en mai 1807. Le 5 juin 1808, Benjamin et Charlotte se marient en secret. Charlotte restera l'épouse de Benjamin jusqu'à la mort de celui-ci en 1830, et mourra elle-même en juillet 1845.
Il entretient de 1794 à 1810 une liaison fameuse avec Germaine de Staël, et la richesse de leurs échanges intellectuels au sein du Groupe de Coppet en fait l'un des couples les plus en vue de leur époque. Il échange une longue correspondance avec sa cousine Rosalie, pour qui il a beaucoup d'affection. Il est très actif dans la vie publique durant la deuxième moitié de la Révolution française puis sous la Restauration française.

Sous la Révolution française

Quittant la Suisse, Benjamin Constant arrive à Paris avec Mme de Staël le 25 mai 1795, peu après la journée de prairial, et fait ses débuts politiques. Il commence par publier un violent réquisitoire contre le projet de décret des deux-tiers, avant de faire volte-face, un mois plus tard, et d'appeler, sous l'influence de Jean-Baptiste Louvet de Couvray, avec lequel il s'est lié d'amitié, au soutien de la constitution de l'an III et des conventionnels qui l'ont enfantée. Il publie les Lettres à un député de la Convention dans les Nouvelles politiques, nationales et étrangères de Suard 24-26 juin 1795. Le 15 octobre 1795, le Comité de salut public exilant Mme de Staël, il la suit dans sa propriété de Coppet sur les rives du lac Léman, en Suisse.
Entre la journée de vendémiaire et celle de fructidor, il s'émancipe de la tutelle et du salon de Mme de Staël et se lie avec Paul Barras, s'engageant en faveur de la politique directorial. Mi-avril 1796, il publie sa première brochure politique importante : De la force du gouvernement actuel et de la nécessité de s'y rallier, insérée dans Le Moniteur. Fin mai-début juin 1797, il publie Des effets de la Terreur à la suite de la seconde édition de De la force du gouvernement actuel et de la nécessité de s'y rallier. Devenu orateur au Cercle constitutionnel de la rue de Lille, qui réunit les républicains modérés, il s'oppose au club de Clichy.
Après le coup d'État du 18 fructidor an V, il sollicite auprès de Barras, dans une lettre datée du 27 mars 1798, d'être agréé par le gouvernement comme candidat officiel, mais sans succès. Le virage à gauche du Directoire et la poussée électorale des Néo-jacobins le marginalisent. La presse directoriale et néo-jacobine lancent de vives campagnes de presse contre ce professeur d'oligarchie. Lors des élections de l'an VI, il subit un échec cuisant. Malgré la mobilisation des réseaux de Mme de Staël, il ne parvient pas à devenir député du Léman. De retour à Paris, exclu de la compétition électorale de l'an VII, il se lie avec Sieyès, nommé au Directoire le 16 mai 1799, et soutient ses projets de révision constitutionnelle.
Absent de Paris du 14 au 17 brumaire pour se porter à la rencontre de Mme de Staël, alors de retour dans la capitale, il y arrive en sa compagnie le soir du 18 brumaire 9 novembre 1799. Le lendemain, il assiste à Saint-Cloud au coup d'État de Bonaparte. Le 24 décembre, Sieyès, qui est alors occupé à placer ses amis et alliés, le fait nommer au Tribunat, malgré de nombreuses oppositions et les réticences de Bonaparte.
Avec d'autres libéraux, il s'y oppose bientôt à la monarchisation du régime, s'opposant à l'établissement des tribunaux spéciaux, et participe à la rédaction définitive du Code civil. Le 5 janvier 1800, il prononce au Tribunat son premier discours, qui le fait apparaître comme le chef de l'opposition libérale, dans lequel il dénonce le régime de servitude et de silence qui se prépare. L'été 1801 voit son départ pour la Suisse, et, le 17 janvier 1802 il est écarté du Tribunat.
Éloigné de Paris avec Mme de Staël sur l'ordre de Napoléon en 1803, il passe en Allemagne. À Weimar, il rencontre Friedrich von Schiller, Johann Wolfgang von Goethe, Christoph Martin Wieland et Johann Gottfried von Herder. Nommé membre de l'académie de Göttingen, il traduit en vers français le Wallenstein de Schiller 1809.

Sous l'Empire

En décembre 1804, il retrouve à Paris Charlotte de Hardenberg, avec laquelle il entame une liaison en octobre 1806. Mme de Staël ayant refusé de l'épouser après le décès de son époux, Charlotte et le vicomte du Tertre ayant divorcé en 1807, Benjamin Constant se marie secrètement avec Charlotte à Besançon, le 5 juin 1808. Entré vers la même époque en relations avec Bernadotte, il est décoré de l'Étoile polaire.
En 1814, il fait paraître De l'esprit de conquête et d'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation actuelle, hostile à Napoléon. Par l'entremise de Mme Récamier, il est chargé par Caroline Bonaparte, reine consort de Naples de défendre ses intérêts au Congrès de Vienne. Sous la Première Restauration, il défend l'alliance des Bourbons avec l'héritage issu de la Révolution dans Le Journal des Débats. Aussi, quand lui parvient la nouvelle du retour de l'île d'Elbe de Napoléon, il publie le 19 mars 1815 un article dans lequel il le traite d'Attila, de Gengis Khan, plus terrible, plus odieux encore, affirmant : Je n'irai pas, misérable déserteur, me traîner d'un pouvoir à l'autre, couvrir l'infamie par le sophisme, et bégayer des paroles profanées pour racheter une existence honteuse. Puis il part pour Nantes avec l'idée de s'exiler aux États-Unis, avant de rentrer à Paris, où Napoléon le fait appeler le 14 avril pour lui demander un projet de constitution.

Les Cent-Jours

Rallié à l'Empire, il est nommé au Conseil d'État 20 avril 1815 et participe à la rédaction de l'Acte additionnel 24 avril 1815. Il formule sa théorie du régime parlementaire dans Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs 29 mai 1815.
Après la seconde abdication de Napoléon, il se réfugie à Bruxelles 1er novembre 1815, puis en Angleterre 27 janvier 1816, bien que sa condamnation à l'exil, prononcée le 19 juillet 1815, ait été révoquée par le Roi le 24 juillet suivant, et y publie Adolphe.

Sous la Restauration

Benjamin Constant reprend la route de Paris le 27 septembre 1816, à la suite de la dissolution de la Chambre des députés des départements, le 10. Opposé aux Ultras, il fait paraître Des moyens de rallier les partis en France, et collabore au Mercure. Une fois celui-ci interdit par la censure, Constant est l’un des fondateurs et des principaux rédacteurs de La Minerve française, puis de La Renommée. Il y rédige aussi bien des analyses que des comptes rendus d’ouvrages, dont la teneur politique est généralement marquée. Cette activité fait de Constant l’une des personnalités en vue de la vie politique et l’un des leaders d’opinion du courant libéral. Il donne par ailleurs une série de cours à l’Athénée royal, dont la célèbre conférence « De la liberté des anciens comparée à celle des modernes » ; Constant y insiste sur le nécessaire intérêt des citoyens modernes à la vie politique: le système représentatif moderne décharge certes les citoyens du travail politique professionnel mais il exige cependant leur extrême vigilance et leur engagement participatif pour garantir l’exercice de leurs droits et la préservation de leurs jouissances privées.
Dès 1817, Constant aspire à compléter son activité journalistique par un mandat électif ; mais sa personnalité, son passé ainsi que ses livres et ses articles lui suscitent de tenaces inimitiés auprès du gouvernement et des royalistes. Conscient que l’épisode des Cent-Jours lui a valu autant d’incompréhensions que d’ennemis, Constant ressent le besoin de se justifier, et il fait alors paraître les Mémoires sur les Cent-Jours ; de même cherche-t-il à faire valoir l’immutabilité de ses opinions libérales en publiant un recueil de ses textes, le Cours de politique constitutionnelle. Cela ne suffit pas immédiatement à lui valoir une élection : battu une première fois à Paris en 1817, Constant est encore vaincu de quelques voix l’année suivante lorsque le ministère lui fait obstacle en lui opposant le grand industriel Ternaux, pourtant lui-même plus proche des libéraux que de la majorité ministérielle.
Lors d’une élection complémentaire au printemps 1819, Constant est finalement élu le 26 mars par la Sarthe 667 voix sur 1 051 votants et 1 490 inscrits, dont la délégation au Palais Bourbon comprend déjà le général La Fayette. Constant monte pour la première fois à la tribune le 14 avril ; tout au long de son mandat, Constant essaiera d’orienter dans un sens plus libéral la marche du ministère, sans grand succès puisque le centre ministériel, la droite et les ultras seront toujours majoritaires au cours de cette législature, surtout après l’assassinat du duc de Berry et le virage à droite pris alors par le gouvernement en réaction. Siégeant parmi le côté gauche de la Chambre, au sein de l'opposition libérale en compagnie de Voyer d’Argenson, Lafayette, Chauvelin, Laffitte, Dupont, Manuel, Foy, Martin de Gray ou Daunou, Constant défend les principes de la Charte, la liberté de la presse, les acquéreurs de biens nationaux, la liberté individuelle, la liberté religieuse, s’oppose aux lois d'exception, combat l’esclavage.
En juin 1822, après une polémique dans la presse, il se bat en duel avec Joseph Forbin des Issarts. Réélu aux élections de 25 février 1824 député du 4e arrondissement de Paris par 737 voix sur 1 355 votants 1 475 inscrits. D'abord contestée à cause de sa nationalité suisse, son élection est finalement validée. Puis, aux élections du 17 novembre 1827, il est réélu à la fois dans la circonscription de la Seine, où il obtient 1 035 voix sur 1 183 votants et 1 291 inscrits, et dans le 2e arrondissement électoral du Bas-Rhin Strasbourg, avec 124 voix sur 243 votants et 268 inscrits ; il choisit la seconde. Durant ces deux législatures, il s'oppose aux lois sur le sacrilège, sur le droit d'aînesse 1826 et de justice et d'amour contre la presse 1827. L'un des 221 en 1830, il est réélu à Strasbourg le 23 juin 1830 par 201 voix sur 275 votants et 296 inscrits.
Chef de file de l'opposition libérale de gauche connue sous le nom des Indépendants, il est l'un des orateurs les plus éloquents de la Chambre des députés. Passé sans enthousiasme dans l'opposition dynastique après les ordonnances de juillet, il contribue à l'avènement de Louis-Philippe, qui le soulage de ses soucis financiers en lui faisant un don de 300 000 francs, tout en protestant que la liberté passe avant la reconnaissance. Le 27 août 1830, après l'abdication de Charles X, le 2 août, il est nommé président d'une section au Conseil d'État. Réélu le 21 octobre 1830 avec 208 voix sur 237 votants et 279 inscrits, il prononce son dernier discours à la Chambre le 19 novembre.
Malade, il décède le 8 décembre 1830. Des funérailles nationales lui sont organisées le 12 décembre 1830 ; entre cent et cent cinquante mille personnes suivent le convoi funèbre, ce qui en fait l'un des cortèges les plus importants de la Restauration et du début de la monarchie de Juillet en l’honneur d’un homme politique. Au cours de la cérémonie, des jeunes gens veulent porter son cercueil au Panthéon, mais ils en sont empêchés. Un député ayant également sollicité cet honneur pour le défunt, la proposition est mise au vote, et n'obtient pas la majorité. Benjamin Constant est donc inhumé au cimetière parisien du Père-Lachaise 29e division.

L'affaire Wilfrid Regnault

En 1817, il prend fait et cause pour Wilfrid Regnault. Celui-ci, accusé d'avoir assassiné une veuve à Amfreville, un village de Normandie, est condamné à mort le 29 août 1817 par la Cour d'assises de l'Eure. Ce jacobin normand avait vécu à Paris et était soupçonné d'avoir participé aux massacres de septembre sous la Révolution.
Benjamin Constant, à la suite du jeune Odilon Barrot, avocat de Regnault, estime que la réputation de Regnault a contribué grandement à sa condamnation. Le maire d'Amfreville-la-Campagne est en effet un noble, ancien député ultra de la Chambre introuvable de 1815. Il a participé à l'enquête, et s'est par la suite avéré l'auteur d'une note, parue dans la presse, calomnieuse à l'égard de Regnault. Constant reprend tous les éléments de l'enquête et poursuit comme publiciste la démarche que les avocats de Regnault avaient commencée : il confronte les témoignages, fait dresser un plan du village d'Amfreville, répertorie les incohérences et les contradictions des témoignages et lance une campagne de presse en faveur de Regnault, analysant toutes les incohérences de l'accusation une à une, avec autant de précision, de verve et de rigueur que Voltaire dans l'affaire Calas.
Les différentes voies judiciaires n'ayant pas abouti à sauver la tête de Regnault, le dernier recours est en effet l'instance royale, au moyen de l'opinion publique. Constant obtient, à la suite de la publication de deux brochures intitulées Lettres à Odilon Barrot, et de la campagne de presse qui suit, la commutation de la peine en vingt ans d'emprisonnement au grand dam des ultras à défaut de la reconnaissance de son innocence et de la grâce. Regnault sortira de prison en octobre 1830, et n'aura jamais rencontré Benjamin Constant.
À travers cette affaire particulière, c'est le droit, pour chaque personne, de combattre une décision judiciaire inique que défendait Constant. Dans un article paru dans La Minerve en mars 1818, il explique : Encore un mot sur le procès de Wilfrid-Regnault, il écrit : C'est aujourd'hui plus que jamais que les formes doivent être respectées …, que tout Français a le droit de s'enquérir si on les observe, si toutes les vraisemblances ont été pesées, tous les moyens de défense appréciés à leur juste valeur. Il ajoutait que mille motifs se réunissent pour entraîner les hommes, sans qu'ils s'en doutent, hors de la ligne, devenue étroite et glissante, de la scrupuleuse équité.

Une retraite forcée

Exclu du Tribunat en 1802 avec une fournée d'idéologues, Benjamin Constant commence alors sa traversée du désert. Jusqu'en 1814, il partagera l'ostracisme qui frappe Mme de Staël. Période extrêmement féconde, malgré la censure et l'état général des esprits qui ôtent à l'écrivain tout espoir de publication. Il accumule des matériaux abondants dont il tirera profit sous la Restauration. En 1803 et 1806, il achève deux gros traités politiques. Le second, intitulé Principes de politique, fixe quasi définitivement sauf pour ce qui concerne la propriété sa doctrine libérale.
En 1806, Constant commence un roman qui deviendra Adolphe. En 1809, il publie Wallstein d'après la pièce de Schiller, dont la préface peut être considérée comme un premier manifeste d'une esthétique non classique. En 1813, il compose un poème épique : Florestant, ou le Siège de Soissons. Cependant, quelque importants que ces textes puissent paraître pour l'histoire littéraire, ils ont été pour l'auteur négligeables en regard de sa gigantesque recherche sur les religions antiques, qui l'occupe presque continuellement, et dont nous pouvons suivre la réalisation grâce aux fonds manuscrits. Son mariage avec Charlotte née Hardenberg en 1808, sa rupture avec Mme de Staël, si longtemps différée, accentuent son goût déjà prononcé pour l'introspection. Dès 1803, Amélie et Germaine révélait son hésitation entre deux types de femmes ; puis le Journal intime rédigé de 1804 à 1807 et repris de 1811 à 1816 se fait entre autres l'écho de cette difficulté qu'il a de prendre parti. Enfin, Cécile 1810 ? et Ma Vie ou Cahier rouge, 1811 tentent de conjurer, par le biais de l' autobiographie, une profonde angoisse. Ces écrits, connus au XXe siècle seulement, font de Constant un maître de l'analyse psychologique. Adolphe, reconnu de nos jours comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature, met en scène un jeune homme incapable de rompre une liaison sentimentale et qui souffre de faire souffrir. Longtemps interprété comme un portrait moral à peine dissimulé de son auteur, et comme un récit de sa vie amoureuse on a voulu reconnaître Anna Lindsay dans Ellénore, et l'impossible rupture évoque évidemment ses relations avec Mme de Staël, Adolphe séduit aujourd'hui la critique par ses procédés de narration particulièrement subtils et par son style dépouillé, très classique dans sa forme et qui rend admirablement l'atmosphère fatale du roman. Le statut des œuvres autobiographiques est à son tour réexaminé dans une perspective plus littéraire : il ne s'agit plus en effet d'y voir le simple décalque de la réalité vécue, mais déjà la transposition de celle-ci dans une dimension romanesque. Amélie et Germaine, malgré l'authenticité des personnages et des situations, ne doit pas être considéré comme un vrai journal intime, car on peut observer dans son écriture un dérapage vers la forme du roman. Ma Vie, Cécile, Adolphe représentent ainsi les étapes non chronologiques de la recherche du genre narratif le mieux adapté à l'évocation de problèmes intimes, mais qui confinent, grâce à ces procédés, à l'universel.

Le retour à la vie publique

Si le triomphe de Napoléon avait relégué dans l'ombre l'activité de Constant, la chute de l'empereur l'autorise à revenir sur la scène politique. Dès 1813-1814, dans le sillage de Bernadotte, puis lors de l'intermède des Cent-Jours, Constant, jusqu'à sa mort qui eut lieu le 8 décembre 1830, va progressivement devenir l'un des phares de l'école libérale, luttant pour le respect des libertés individuelles dans le cadre de la Charte et contre les exigences ultraroyalistes. Ce combat est poursuivi dans la presse le Mercure, la Minerve, la Renommée, le Courrier français, à la Chambre des députés de 1819 à 1822 et de 1824 à 1830, et par la publication de nombreux ouvrages Cours de politique constitutionnelle, 1818 ; Mémoires sur les Cent-Jours, 1820 ; De la religion, 5 vol. de 1824 à 1831 ; Mélanges de littérature et de politique, 1829.... Activité débordante, qu'il assure malgré une santé déficiente, des procès, des menaces, des embarras financiers, mais qui lui apporte la popularité et l'estime de la jeunesse. Une foule immense accompagne son cercueil au Père-Lachaise le 12 décembre 1830, selon un rite qui rappelle les funérailles de Foy, de Manuel et, plus tard, de Lamarque.

Une œuvre à redécouvrir ?

Deux facteurs ont contribué à masquer l'importance de l'œuvre constantienne. D'une part, la gloire posthume d'Adolphe et des écrits intimes (qui n'étaient pas destinés à la publication) a attiré la critique vers l'aspect le plus brillant de son œuvre, tandis que les progrès de l'érudition n'étaient pas encore en mesure d'éviter les pièges de la fascination biographique. D'autre part, il faut noter l'absence de concordance parfaite entre l'œuvre publiée par l'auteur et celle qu'il a laissée à l'état manuscrit. Or cette dernière permet précisément de mieux saisir l'unité profonde d'un travail en perpétuel recommencement. La recherche récente tente donc d'appréhender globalement l'homme et l'œuvre dans son contexte social, politique et culturel. Les options fondamentales de Constant étant en général connues, on n'attend plus de révélations surprenantes ; mais la critique veut mettre en premier plan les procédés d'écriture, la genèse des textes et tout ce que les archives peuvent nous apprendre sur le travail intellectuel entre la période des Lumières et le positivisme. Peu importe ou tant mieux si l'homme ressort différent de cette enquête ; l'essentiel est de restituer une œuvre conforme à son élaboration progressive, dans la perspective qui fut celle de l'auteur. Étienne Hofmann

Å’uvre

Les commentateurs ont longtemps tenu le libéralisme de Constant pour une simple rationalisation de l'égoïsme et de l'intérêt matériel ou comme un écran idéologique au triomphe d'un gouvernement élitiste. Ces reproches, comme ceux qui associent Constant à une girouette, datent de l'époque même de Constant, et l'historien polémiste Henri Guillemin s'en est fait l'un des plus bruyants porte-parole.
Depuis une trentaine d'années cependant, les travaux sur les écrits, les manuscrits et la pensée de Constant ont complètement invalidé cette vision. L'édition des Principes de politique 1806-1810, manuscrit resté inédit jusqu'en 1980, a constitué un moment important à cet égard. On s'est de même rendu compte de l'unité de l'œuvre de Constant, loin des images de girouette : tant que les principes qu'il promeut peuvent être appliqués, peu lui importe en somme le mode de gouvernement république, Empire ou monarchie constitutionnelle, d'où cette image qui lui a longtemps collé à la peau de serviteur déloyal aux régimes qui l'emploient.

Les sources : Benjamin Constant, lecteur

Avant d'être un philosophe, Constant fut un lecteur passionné et un écrivain. Il avait une excellente connaissance de la philosophie et du romantisme allemand Kant, Schelling, Schlegel. Il entra en 1796, dans une vive polémique avec le philosophe de Koenigsberg qui soutenait que dire la vérité était un devoir moral indépendant du contexte. Il fut également volontiers lecteur des nombreux libéraux français dont Voltaire et des écrits de Condillac, il a fréquenté le milieu de Fauvel et de Cabanis.

Adolphe, l'écrivain

Constant est connu pour son abondante correspondance, son journal intime, ses récits autobiographiques dont Adolphe publié en 1816 à Paris.
Le critique Charles Du Bos 1882-1939 a dit de lui : l'égal de quiconque ... mais, pas plus que son esprit, sa langue ne témoigne d'aucun indice national. Elle est classique mais sans le tour classique.

La liberté chez les Modernes

Constant se distingue de ses aînés Rousseau et Montesquieu quant à sa vision du pouvoir de l'État. Pour lui, en schématisant, peu importe l'origine ou la nature du pouvoir, monarchie, république… du moment qu'il est déployé de façon acceptable : le peuple reste souverain, sans quoi ce serait le règne de la force, mais son pouvoir doit s'arrêter au seuil de l'individu. Le bonheur et les besoins de la société ne recouvrent pas nécessairement ceux des individus : il faut donc conjuguer le pouvoir du peuple avec la protection de ceux-là. La société ne saurait avoir tous les droits sur l'individu ; il est des choses sur lesquelles la collectivité et les lois n'ont pas à s'exprimer, qu'elles n'ont pas le droit d'interdire, et que les individus ont le droit de faire : c'est ainsi que Constant donne une définition de la liberté. Il ajoute que l'homme souffrant naturellement du besoin d'agir et du plaisir à se croire nécessaire, le pouvoir occupé par un homme tend en général à s'accroître : il faut ainsi prendre des précautions contre le pouvoir lui-même plutôt que contre l'homme qui le possède, comme d'une arme qui pourrait tomber en des mains incertaines : c'est contre l'arme et non contre le bras qu'il faut sévir.
Toute autorité qui n'émane pas de la volonté générale est incontestablement illégitime. … L'autorité qui émane de la volonté générale n'est pas légitime par cela seul …. La souveraineté n'existe que d'une manière limitée et relative. Au point où commence l'indépendance de l'existence individuelle, s'arrête la juridiction de cette souveraineté. Si la société franchit cette ligne, elle se rend aussi coupable de tyrannie que le despote qui n'a pour titre que le glaive exterminateur. La légitimité de l'autorité dépend de son objet aussi bien que de sa source. Constant théorise ainsi l'expérience vécue sous la Terreur : le peuple souverain sans limite conduit à des formes aussi abominables que la plus brutale monarchie de droit divin.
La multiplication des pouvoirs pour limiter les pouvoirs entre eux peut mener, selon Constant, à une escalade indésirable et à une forme de tyrannie du nombre : plus les bénéficiaires et les lieux du pouvoir sont nombreux, plus violente risque d'être leur tyrannie ainsi démultipliée. Pour Constant, les garanties constitutionnelles et l'opinion publique constituent les plus sûrs garde-fous à un emballement du pouvoir étatique, d'où l'importance qu'il accorde dans ses écrits, particulièrement pendant la Restauration, à la liberté de la presse : Toutes les barrières civiles, politiques, judiciaires deviennent illusoires sans liberté de la presse. Sans elle, le peuple se détacherait entre autres des affaires publiques ; l'activité et l'émulation des écrits permettent aux esprits d'être stimulés, de parvenir à plus de pénétration et de justesse. Constant a une vision perfectibiliste de l'histoire.
Il insiste également sur la garanties des formes, en particulier judiciaires, en tant que rempart contre l'arbitraire et les abus, arguant que la seule utilité n'est pas un principe satisfaisant ni suffisant : L'on peut trouver des motifs d'utilité pour tous les commandements et pour toutes les prohibitions. … C'est avec cette logique que de nos jours on a fait de la France un vaste cachot. À la Chambre, le 3 mai 1819, il combattra aussi ce système qui dit qu'il vaut mieux prévenir les délits que les punir, système toujours mis en avant par le despotisme pour enchaîner les innocents, sous le prétexte qu'ils pourraient bien devenir coupables ; système qui s'étend d'un individu à tous les individus, d'une classe à toutes les classes, et ourdit un vaste filet dans lequel tous, sous le prétexte d'être garantis, se trouvent enveloppés. Constant soutient que le gouvernement doit absolument respecter les formes, c'est-à-dire ne pas céder à la violence illégitime, à l'arbitraire, à l'injustice ou à l'irrégularité, même contre ses ennemis, sous prétexte de perdre de sa légitimité, du respect qu'il doit inspirer, et de sacrifier le but qu'il veut atteindre aux moyens trop importants qu'il y emploie.
Auteur libéral, c'est de l'Angleterre plus que de la Rome antique qu'il tire son modèle pratique de la liberté dans de vastes sociétés commerçantes. Il établit en effet une distinction entre la liberté des Anciens et celle des Modernes. Il définit la première comme une liberté républicaine participative conférant à chaque citoyen le pouvoir d'influer directement sur la politique à travers des débats et des votes à l'assemblée publique. Le pendant de ce pouvoir politique est l'asservissement de l'existence individuelle au corps collectif, la liberté individuelle étant totalement soumise aux décisions du corps politique. Pour assurer la participation à la vie politique, la citoyenneté est un lourd fardeau et une obligation morale nécessitant un investissement considérable en temps et en énergie. En général ceci ne peut se faire sans une sous-société d'esclaves chargée de l'essentiel du travail productif, permettant ainsi aux citoyens de se consacrer aux affaires publiques. En outre, la liberté des Anciens concerne des sociétés homogènes et de petite taille, dans lesquelles la totalité des citoyens peut sans difficulté se rassembler en un même lieu pour débattre.
La liberté des Modernes, par opposition, est selon Benjamin Constant fondée sur les libertés civiles, l'exercice de la loi, et l'absence d'intervention excessive de l'État. La participation directe des citoyens y est limitée : c'est la conséquence nécessaire de la taille des États modernes. C'est aussi le résultat inévitable du fait d'avoir créé une société commerçante dépourvue d'esclaves dont tous les membres ou presque sont dans l'obligation de gagner leur vie par leur travail. Dans ces sociétés, les citoyens élisent des représentants, qui délibèrent en leur nom au parlement et leur épargnent ainsi la nécessité d'un engagement politique quotidien.
De plus, Constant pense que le commerce, qui vaut mieux que la guerre, est naturel aux sociétés modernes. En conséquence, il critique les appétits de conquête de Napoléon comme non libéraux et non adaptés à l'organisation des sociétés modernes, fondées sur le commerce. La liberté ancienne tendrait naturellement vers la guerre, tandis qu'un État organisé selon les principes de la liberté moderne serait en paix avec toutes les nations pacifiques.

Sentiment religieux et méliorisme

En plus de ses travaux littéraires et politiques, Constant a travaillé durant une quarantaine d'années sur la religion et le sentiment religieux. Ses ouvrages témoignent d'une ambition de saisir un phénomène social inhérent à la nature humaine qui, dans les formes qu'il prend, est soumis au concept de perfectibilité. Si les formes se figent, la rupture est inévitable : les formes que prend le sentiment religieux doivent donc s'adapter et évoluer.
Constant refuse à l'autorité politique le droit de se mêler de la religion de ses sujets, même pour la défendre. Il estime que chaque individu doit pouvoir conserver le droit de trouver où il le souhaite consolation, morale et foi : L'autorité ne peut agir sur la conviction. Elle n'agit que sur l'intérêt »15. Il condamne de même la vision d'une religion vulgairement utile, au nom de la dégradation du sentiment.
Il considère le déclin du polythéisme comme un fait nécessaire depuis le progrès de l'humanité. Plus l'esprit humain se perfectionne, plus les résultats du théisme doivent être heureux. Le théisme connait lui-aussi une évolution. Le christianisme, en particulier sous sa forme protestante est, à ses yeux, la forme la plus tolérante et le degré supérieur de l'évolution intellectuelle, morale et spirituelle.

Édition de son œuvre

Pour toutes les œuvres de Constant, l'édition de référence, riche en introductions, notes et variantes, est celle des Œuvres Complètes, en cours d'édition 17 tomes parus dont dix d'œuvres et sept de Correspondance, 21 volumes. Un volume de ses œuvres regroupées sous le titre Écrits autobiographiques – Littérature et politique – Religion est paru dans la Bibliothèque de la Pléiade édition et préface d'Alfred Roulin, 1957.

Essais

De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s'y rallier 1796
Des réactions politiques 1797
Des effets de la Terreur 1797
Fragments d'un ouvrage abandonné sur la possibilité d'une constitution républicaine dans un grand pays publié en 1991 chez Aubier, ouvrage inédit probablement rédigé entre 1795 et 1810
De l'esprit de conquête et de l'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne 1814
Réflexions sur les constitutions, la distribution des pouvoirs et les garanties dans une monarchie constitutionnelle 1814
Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs 1815
Mémoires sur les Cent-Jours
Cours de politique constitutionnelle 1818-1820
De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes célèbre discours prononcé en 1819
Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri 1822-1824
De la religion considérée dans sa source, ses formes et son développement 1824-1830
Appel aux Nations chrétiennes en faveur des Grecs. 1825
Mélanges de littérature et de politique 1829
Du polythéisme romain considéré dans ses rapports avec la philosophie grecque et la religion chrétienne 1833
Correspondance de Benjamin Constant et d'Anna Lindsay - L'Inconnue d'Adolphe, publiée par la baronne Constant de Rebecque. Plon, 1933.

Romans

Dennis Wood, Isabelle de Charrière et Benjamin Constant. À propos d'une découverte récente. [Sur Les Lettres d'Arsillé fils, Sophie Durfé et autres, roman écrit par Benjamin Constant et Madame de Charrière. In : Studies on Voltaire and the eighteenth century ; 215. Oxford, Voltaire Foundation, 1982, p. 273-279.
Adolphe 1816 — consultez quelques citations
Le Cahier rouge 1807, publication posthume 1907
Cécile 1811, publication posthume 1951

Lettres

Lettre à M. Odillon-Barrot, avocat en la Cour de cassation, sur l'affaire de Wilfrid Regnault, condamné à mort 1818 puis publié chez P. Plancher en 1819
Deuxième lettre à M. Odillon-Barrot, avocat en la Cour de cassation, sur l'affaire de Wilfrid Regnault, condamné à mort 1818 puis publié chez P. Plancher en 1819
De l'appel en calomnie de M. le marquis de Blosseville, contre Wilfrid-Regnault 1818 puis publié chez P. Plancher en 1819
Correspondance Isabelle de Charrière et Benjamin Constant 1787-1805, Éd. Jean-Daniel Candaux. Paris, Desjonquères, 1996
Renée Weingarten, Germaine de Staël & Benjamin Constant. A dual Biography, Yale, 2008.

Postérité

Ses essais sur l'évolution des religions et le sentiment religieux soumis au concept de perfectibilité sont parfois rapprochés avec Auguste Comte et Ernest Renan.
Benjamin Constant a fasciné Jacques Chessex ; il est indirectement le héros de son roman L'Imitation 1998, dont le personnage principal, Jacques-Adolphe Jacques comme Jacques Chessex, Adolphe qui renvoie à l'œuvre la plus connue de Constant, agit et vit dans l'imitation de son modèle, Benjamin Constant.

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Posté le : 23/10/2015 20:08
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Re: Défi du 24 octobre
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Cher Serge,

Ton défi est mortel!
Je t'écris ces quelques lignes pour te dire que je suis encore bien vivant, et que, sans que la mort ne s'en suive et qu'elle ne me précède, bien sûr, je vais te répondre.

En attendant, porte toi bien mon ami!
Eh, je constate que tu as fait mieux que moi en matière d'impatience à l'égard de l'émission d'un défi!
Décidément de toi, je ne suis que le modeste disciple!

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 23/10/2015 19:47
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Bataille d'Azincourt
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Le 25 octobre 1415 se déroule la bataille d'Azincourt

en Artois, Battle of Agincourt en anglais pendant la guerre de Cent Ans.
Elle se déroule dans une clairière entre le bois d'Azincourt et celui de Tramecourt et se termine par une victoire anglaise décisive. Les Belligérants sont le royaume de France et le royaume d'Angleterre. Commandé par Charles Ier d'Albret, et Jean II Le Meingre, Henri V d'Angleterre et Thomas Erpingham. Les forces en présence
sont composées de 12 000 à 35 000 hommes, approx. 9 000 hommes : 1 000 chevaliers, 6 000 archers, 2 000 fantassins. Les pertes sont de 6 000 morts, 2 200 prisonniers 600 morts, dont 13 chevaliers. Elle se déroule pendant la guerre de Cent Ans.
Les batailles :
-première phase 1337-1360, Arnemuiden 1338 · L'Écluse 1340 · Saint-Omer 1340 · Chevauchée de 1346 · Caen 1346 · Crécy 1346 · Calais 1346 · Neville's Cross 1346 · Winchelsea 1350 · Chevauchée de 1356 · Poitiers 1356 · Grande Jacquerie 1358 · Meaux 1358.
-Guerre de Succession de Bretagne : Champtoceaux 1341 · Hennebont 1342 · Morlaix 1342 · Vannes 1342 · Cadoret 1345 · La Roche-Derrien 1347 · Combat des Trente 1351· Mauron 1352 · Montmuran 1354 · Rennes 1356-1357 · Auray 1364
-La deuxième phase 1369-1389 : Cocherel 1364 · Pontvallain 1370 · La Rochelle 1372 · Révolte des Tuchins 1381-1384 · Révolte paysanne anglaise 1381 · Roosebeke 1382
Guerre civile de Castille : Nájera 1367 · Montiel 1369
-Armagnacs et Bourguignons, Révolte des Cabochiens 1413· Anthon 1430
-Troisième phase 1415-1428 : Harfleur 1415 · Azincourt 1415 · Rouen 1418 · Baugé 1421 · Meaux 1421 · Cravant 1423 · Brossinière 1423 · Verneuil 1424
-Quatrième phase 1429-1453 :Orléans 1428-1429 · Journée des Harengs 1429 · Jargeau 1429 · Meung-sur-Loire 1429 · Beaugency 1429 · Patay 1429 · Chevauchée vers Reims 1429· Montépilloy 1429 · Paris 1429 · Laval 1429 · Compiègne 1430 · Gerberoy 1435 · Campagne Bretagne et Normandie 1448-1449 · Fougères 1449 · Verneuil 1449 · Formigny 1450 · Castillon 1453


En bref

Bataille de la guerre de Cent Ans à Azincourt, le 25 octobre 1415, près d'Hesdin, aujourd'hui dans le Pas-de-Calais.
L'armée féodale du roi de France Charles VI, peu disciplinée, y fut écrasée par les Anglais, moins nombreux, mais mieux commandés, sous les ordres de leur roi Henri V. Cette bataille décima la noblesse française et permit aux Anglais de conquérir une grande partie de la France, au moment où la querelle des Armagnacs et des Bourguignons divisait les Français guerre de Cent Ans.
La bataille d'Azincourt est une défaite cuisante des Français face aux Anglais, durant la guerre de Cent Ans. Revendiquant le trône de France, Henri V d'Angleterre débarque en Normandie en août 1415, à la tête d'une armée d'environ 11 000 hommes. Il s'empare de Harfleur en septembre, mais ses forces sont réduites alors de moitié, à la suite des combats et en raison des maladies. Henri prend la décision de se porter vers le nord-est pour rejoindre Calais, possession anglaise, d'où il espère pouvoir regagner l'Angleterre. Mais une imposante armée française, sous les ordres du connétable Charles d'Albret, cherche à lui bloquer sa retraite.
Cette armée compte de 20 000 à 30 000 hommes et réunit la fine fleur de la chevalerie française. Elle rattrape l'armée anglaise exténuée à Agincourt aujourd'hui Azincourt, dans le département du Pas-de-Calais. Persuadés de remporter une victoire facile, les Français ont imprudemment choisi pour champ de bataille une étroite clairière, d'environ 900 mètres, encadrée par deux bois. L'exiguïté du terrain rendant les manœuvres quasi impossibles, l'avantage de leur écrasante supériorité numérique se voit réduit à néant. À l'aube du 25 octobre 1415, les deux armées se préparent au combat. Du côté français, trois formations en bataille, les deux premières à pied, sont contraintes de s'aligner les unes derrière les autres. Henri ne dispose que d'environ 5 000 archers et 900 hommes d'armes, qu'il déploie en une seule ligne. Les hommes d'armes ont mis pied à terre et sont répartis en trois groupes centraux reliés par des groupes d'archers qui forment des angles en saillie, flanqués sur les ailes droite et gauche par deux masses d'archers supplémentaires.
Les archers anglais s'avancent pour avoir leur ennemi à portée de flèches. Le tir nourri des long bows pousse alors les Français à attaquer. Des charges isolées de chevaliers français se brisent sur la ligne de pieux acérés dressée par les Anglais. Vient alors le principal assaut, à pied, des chevaliers français, en lourde armure de plaques, sur un sol détrempé par la pluie. Sous le choc, la ligne anglaise cède d'abord du terrain, mais se ressaisit rapidement. Les chevaliers français sont engagés en rangs si serrés que certains d'entre eux parviennent à peine à lever le bras pour porter leurs coups. C'est à ce moment déterminant que Henri donne l'ordre à ses archers, équipés légèrement et plus mobiles, d'attaquer à l'épée et à la hache. Les Anglais taillent alors en pièces les Français empêtrés dans une effroyable cohue. Des centaines de nobles sont faits prisonniers pour être rançonnés, mais lorsque la crainte d'une nouvelle attaque française survient à l'approche des milices communales, ils sont tous massacrés sur les ordres d'Henri.
Cette bataille est un désastre pour les Français. Le connétable et douze autres membres de la haute noblesse, quelque 1 500 chevaliers et environ 4 500 hommes d'armes sont tombés, tandis que les pertes des Anglais s'élèvent à moins de 450 hommes. Les Anglais furent certes vaillamment dirigés par leur roi, mais la tactique absurde des Français a au moins autant contribué à leur défaite.

La bataille

Les troupes françaises, fortes de quelque 18 000 hommes, tentent de barrer la route à l'armée du roi d'Angleterre Henri V, forte d'environ 6 000 hommes et qui tente de regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc par là même l'Angleterre.
Débarquée dès le 13 août au lieu-dit Chef-de-Caux, près de la ville d'Harfleur, l'armée anglaise parvient au bout d'un mois et demi de siège 17 août-7 octobre 1415 à prendre cette dernière, s'assurant ainsi d'une tête de pont en Normandie. Jugeant la saison trop avancée, Henri V se refuse à marcher sur Paris, et comme son aïeul Edouard III en 1346, il se dirige alors avec son armée vers le Nord de la France en vue de rembarquer vers l'Angleterre. L'ost du roi de France, Charles VI absent car atteint alors d'une maladie mentale, parvient à rattraper les Anglais le 24 octobre. La bataille qui s'ensuit se solde par une défaite importante pour le camp français : la cavalerie lourde, rendue moins efficace par un terrain boueux et les retranchements anglais, est transpercée par les archers en majorité gallois, équipés de grands arcs à très longue portée.
Cette bataille, où la chevalerie française est mise en déroute par des soldats anglais inférieurs en nombre, est souvent considérée comme la fin de l'ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée, suprématie qui ne fait que se renforcer par la suite avec l'invention des armes à feu. Elle est, en réaction, une cause majeure de l'épopée de Jeanne d'Arc, puis de l'investissement dans l'artillerie qui deviendra une spécialité française.
Pour les Anglais, cette bataille reste l'une des victoires les plus célébrées, notamment par William Shakespeare dans une pièce de théâtre, Henri V.

Configuration du terrain et conditions météorologiques

La bataille a lieu dans la clairière entre les bois d'Azincourt et de Tramecourt, dans l'actuel Pas-de-Calais près du village d'Azincourt. Le champ de bataille a été un élément déterminant à l'issue de l'affrontement. Au nord, au pied de la colline et dans des champs fraîchement labourés, se trouve l'armée commandée par Charles Ier d'Albret, connétable de France, qui s'y est placé, après une longue poursuite de onze jours, pour interdire le passage vers Calais aux forces anglaises qui ont mené une campagne sur la Somme.
La nuit du jeudi 24 octobre se passe sur le terrain pour les deux camps. Une lourde pluie tombe toute la nuit sur les deux armées peu abritées. Le champ de bataille, tout en longueur, est fortement détrempé, particulièrement côté français, placés dans le bas de la colline où coule un ruisseau devenu torrent durant la nuit. Le terrain boueux désavantageait l'armée française composée de nombreux chevaliers en armures dont certains se sont noyés sous leur poids. Le religieux de Saint-Denis dira dans sa chronique que les troupes françaises marchaient dans la boue qui s'enfonçait jusqu'aux genoux. Ils étaient déjà vaincus par la fatigue avant même de rencontrer l'ennemi.

Disposition des armées

Position troupes lors de la bataille d'Azincourt
Troupes françaises :
L'avant-garde est composée de bacinets, chevaliers ou écuyers, d'archers m d'arbalétriers n et d'hommes d'armes à pied C et Cr que le connétable C conduit.
L'aile droite du comte de Vendôme est composé d'hommes d'armes
L'aile gauche était composée de l'élite des hommes d'armes à cheval .
L'arrière garde était le surplus des gens d'armes.
Troupes anglaises :
Les archers sur le devant avec les gens d'armes derrière. les 2 autres ailes sont disposées de la même manière.

Au point du jour, le vendredi 25 la Saint-Crépin, Henri V dispose sa petite armée environ 6 000 combattants, dont 5 000 archers et 1 000 hommes d'armes. Il est probable que les trois forces habituelles aient été placées sur une ligne, chacune avec ses archers sur les flancs et les hommes d'armes démontés occupant le centre ; les archers étant placés en avant dans des avancées en forme de coin, presque exactement comme à la bataille de Crécy. Henry V se met en bon chef de guerre à la tête de ses hommes, entouré de sa garde personnelle, dans le corps de bataille principal, formé d'une ligne ininterrompue de combattants sur quatre rangs. Le duc d'York commande l'aile droite, tandis que le sire de Camoys est à la tête de l'aile gauche. Les archers sont menés par le duc d'Erpyngham, dont une grande majorité se trouve sur les flancs, ainsi que 200 autres archers dans le bois de Tramecourt afin d'empêcher un encerclement par les Français. Enfin, les archers se sont protégés par des rangées de pieux, destinés à briser la charge française.
Un grand nombre de seigneurs français sont présents au point que des bannières durent être repliées car elles gênaient la vue du corps de bataille principal. Les Français, en revanche, sont groupés sur trois lignes et en masse. Ils sont significativement plus nombreux que les Anglais, mais à Azincourt, ils ne peuvent utiliser la puissance de leur charge. Le terrain boueux fait glisser les chevaux lourdement chargés. Les quatre vagues d'attaque successives s'empêtrent les unes dans les autres.
L'avant-garde française est composée de 3 000 chevaliers, commandée par les grands seigneurs tels que le maréchal Boucicaut, le connétable Charles d'Albret, le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, David de Rambures, grand maître des arbalétriers, le seigneur de Dampierre amiral de France, Guichard Dauphin, et autres officiers du roy d'après Monstrelet. Le plus puissant d'entre eux, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, est absent; il désirait participer à la bataille et avait même mobilisé des troupes. Le gouvernement armagnac alors en place avait en effet commandé au duc de Bourgogne l'envoi de 500 hommes d'armes et de 300 archers. Cependant, sa présence n'était pas souhaitée à cause notamment de la rivalité entre les partis bourguignon et armagnac. De ce fait, Jean sans Peur ne donna pas à ses vassaux l'ordre de se rendre à la bataille, ordre qui ne fut bien entendu pas écouté puisque nombre de chevaliers français tués à Azincourt étaient sujets du duc de Bourgogne, dont ses propres frères Antoine de Brabant et Philippe de Nevers.
Le corps de bataille principal, 150 mètres derrière l'avant-garde, était fort de 4 000 hommes commandés par les comtes d'Aumale, de Dammartin et de Fauquembergues. Ces deux premières batailles étaient constituées d'hommes en armure qui avaient mis pied à terre. L'arrière-garde se composait de combattants de petite noblesse et de combattants de basse naissance soldats et hommes de traits soit au total 4 100 combattants. Ils s'étaient fait ainsi reléguer à l'arrière à cause de l'organisation traditionnelle des batailles, qui veut que les grands soient à l'avant. De plus, selon les chroniqueurs, l'ost royal refusa l'aide de 4000 arbalétriers génois car il s'estimait bien assez nombreux. Sur les flancs, deux contingents de cavalerie lourde, soit 2400 cavaliers. Son but était de briser les rangs d'archers anglais et de faciliter de cette manière l'attaque des batailles principales. Les commentateurs français estiment que les chevaliers ont peu à craindre car, s'ils sont capturés, une rançon sera versée pour les libérer. Ce n'est pas le cas de la piétaille, composée de simples soldats. Ceux-ci ont intérêt à défendre chèrement leur peau et à bien se battre.
Des débats courent sur le nombre de Français présents, amenant ainsi un rapport de 1 contre 2 à 1 contre 12, soit environ 72 000 hommes d'armes français. Le nombre le plus raisonnable est celui du Dr. Anne Curry: 13 500 Français. Le royaume de France ne pouvait mobiliser davantage, d'autant plus qu'une partie de l'ost était à Rouen chargée de la protection du roi.

Déroulement de la bataille

et massacre des prisonniers et blessés français

L'échec des négociations

Pendant les trois premières heures après le lever du soleil, il n'y a aucun combat.
Des négociations s'engagent. Les Français demandent la renonciation du roi d'Angleterre à la couronne de France. Les Anglais de leur côté demandent l'accès libre à Calais et sont même prêts à rendre les forteresses qu'ils tiennent dans le Nord du royaume de France, Harfleur, qu'ils viennent de prendre après un long siège d'un mois, entre autres. Elles échouent. La bataille aura lieu.

La bataille

Il est dix heures. L'armée anglaise met genoux en terre et baise le sol. Le roi d'Angleterre, en manque de vivres avec une armée malade et fatiguée, ne peut repousser la bataille. Henri V d'Angleterre fait alors avancer ses hommes de 600 mètres vers les lignes françaises, d'une part pour les provoquer et les faire attaquer, d'autre part pour occuper la partie la plus étroite de la plaine, entre deux forêts. De plus, en se plaçant aussi près, il met les Français à portée des flèches des arcs anglais. Les archers se réfugient derrière des pieux qu'ils ont taillés le soir ou la veille, apportés et plantés dans le sol pour parer les charges de cavalerie. Ils décochent une première volée.
Oubliant les leçons des batailles de Crécy et de Poitiers, les chevaliers français, 1 200 hommes de cavalerie lourde sur chaque aile, chargent les rangs anglais. Mais seuls 900 cavaliers sont à leur poste. Le premier obstacle est le terrain, détrempé par la pluie qui s'est abattue toute la nuit et fraîchement labouré nous sommes fin octobre, le second obstacle se trouve dans les archers anglais et leurs redoutables capacités. Criblés, cavaliers et montures n'atteignent pas les rangs ennemis. Ceux qui ont réussi sont empalés sur les pieux des archers ou capturés, voire tués.
Sur ce, les chevaux blessés cherchent à s'enfuir et se heurtent à l'avant-garde française à pied, qui devant ce massacre, décide de charger. Le connétable lui-même dirige la ligne principale d'hommes d'armes démontés. Et fut l'avant-garde toute fendue en plusieurs lieux d'après la chronique de Ruisseauville. Alors commencèrent à cheoir hommes d'armes sans nombre, d'après Le Fèvre. Les archers anglais déversent leurs flèches et en noircissent le ciel. Du côté français, les hommes de traits sont bloqués derrière l'arrière-garde. Les Français utilisent des canons et serpentines, Le Fèvre.
Sous le poids de leurs armures, les hommes d'armes de l'avant-garde s'enfoncent profondément dans la boue à chaque pas. Ils atteignent cependant les lignes anglaises et engagent le combat avec les hommes d'armes anglais. Pendant un court moment, le combat est intense. L'armée anglaise se voit contrainte de reculer. Henri V est presque mis à terre, la couronne de son heaume voit l'un de ses ornements fendu par le connétable qui a réussi à fendre la garde rapprochée du roi, il est rapidement désarmé. Les archers anglais répondent par d'autres salves. Piégés dans un entonnoir, les Français, embourbés, obligés de baisser la tête face aux flèches, incapables de lever leurs armes dans cette mêlée trop serrée, sont immobilisés. Les Anglais en profitent et pénètrent les rangs français. Les archers délaissent leurs arcs pour des armes de corps-à-corps épées, haches, maillets, becs de faucons, ... et entrent dans la mêlée. L'avant-garde française est taillée en pièces en une demi-heure.
Cette première ligne ruinée bat en retraite mais se heurte à la deuxième ligne de bataille française qui entre dans la mêlée, ce qui engendre une confusion monstre. Les cadavres des chevaux et des hommes barrent toute progression et tout assaut. Les Anglais comprennent que la bataille est presque gagnée et cherchent à faire des prisonniers. Contrairement aux ordres d'Henri V, les hommes d'armes anglais profitent de la victoire qui se fait jour et font de nombreux prisonniers espérant en tirer rançon comme c'est alors l'usage, estimant en outre qu'il serait peu chrétien de les tuer. Certains Français, selon les chroniqueurs, s'enfuient alors.
Les Français reçoivent alors quelques renforts. D'abord, le duc de Brabant, frère de Jean sans Peur duc de Bourgogne, arrive avec onze de ses chevaliers. Il n'attend pas son armure qui doit arriver par convoi, endosse le tabard de son chambellan et fonce dans la mêlée.

Le massacre des prisonniers et blessés français

Puis, dans le dos des Anglais, des cris retentissent. C'est Ysembart, seigneur d'Azincourt, Rifflart de Palmasse et Robinet de Bournonville, avec 600 paysans. Ils s'en prennent aux bagages royaux et s'emparent de l'épée royale, d'une couronne, des sceaux royaux et d'une partie du trésor royal. Pris de la peur d'être attaqué à revers, Henry V donne ordre de massacrer les prisonniers "sinon les seigneurs" selon Georges Chastellain. Mais les archers refusent non pour des raisons morales mais parce qu'un tel acte supprime toute possibilité de demander rançon des prisonniers. Henry V menace de pendre quiconque refusera d'obéir à ses ordres et charge un écuyer et 20 archers de tuer les prisonniers. Il craint que la charge d'Ysembart d'Azincourt n'amène les prisonniers français à se soulever contre leurs gardiens. Chaque homme tue son prisonnier. Ils sont égorgés, ils ont le crâne fracassé à la masse d'arme ou à la hache, ou bien enfermés dans des granges auxquelles on met le feu, rapportés par Gilbert de Lannoy qui échappe de peu aux flammes. Le duc de Brabant est lui aussi égorgé. Il n'a pas été reconnu par les Anglais en tant que membre de la maison de Bourgogne.
Henry V peut alors se tourner vers le combat principal. C'est alors que la troisième ligne française, bien que sans chef, charge et se brise sur les Anglais et s'enfuit à son tour. Ysembart d'Azincourt et ses hommes battent eux aussi en retraite. Il est dix-sept heures. La bataille est terminée.
Revenant le lendemain matin sur le champ de bataille, Henry V fait massacrer les blessés français qui ont survécu.

Facteurs de l'issue de la bataille

En plus de leur indiscipline et de leur conviction de remporter la victoire grâce à leur supériorité numérique, les Français se créèrent eux-mêmes certaines difficultés.
Il avait plu toute la nuit précédant la bataille.
Arbalètes : les cordes d'arbalètes françaises étaient trop humides et donc souvent hors fonctionnement. De plus, les arbalétriers étaient mal placés pour tirer.
Jean II le Meingre dit Boucicaut, commandant les troupes françaises, avait établi un plan de bataille quelques jours avant la bataille avec les grands nobles présents. Cependant, il ne put être appliqué car il ne prenait pas en compte la nature du terrain, qui allait devenir celui d'Azincourt. Il fallut se rendre à l'évidence que l'ost du roi de France était trop nombreux pour manœuvrer dans une plaine aussi étroite rendant alors obsolète le plan de Boucicaut. En conséquence, on en revient à un plan plus simple et traditionnel, en rejetant la piétaille et les gens de trait à l'arrière, privant les hommes d'armes de leurs soutiens.
Placement en hauteur des Anglais. Les Français ont chargé, de plus à pied, sur une pente boueuse...
Tactique de placement des lignes anglaises occupant la place entre les deux bois : plus moyen de les attaquer de côté. En outre, Henry V avait placé des hommes dans les bois pour éviter toute approche française par ceux-ci. Les Anglais étaient placés en entonnoir, les Français ont eu le réflexe chevaleresque de charger tout droit, les plaçant ainsi sous les flèches anglaises en tir croisé.
Tous les attaquants français étaient à découvert de même que les Anglais d'ailleurs, et les archers anglais n'avaient qu'à tirer sans cesse devant eux puisque sur les côtés se trouvaient les deux bois qui restreignaient leur cible.
Armes de jet : le long bow, un des arcs les plus puissants pouvant transpercer une armure jusqu'à 100 mètres, bien que les arbalètes soient encore plus puissantes. Cependant, les tirs étaient, à longue distance, des tirs de sape, et non des tirs efficaces, pour blesser les troupes dont l'équipement défensif était léger et les flèches avaient perdu leur puissance contre les chevaliers lourdement armés. Il faut attendre une centaine de mètres pour que le long bow anglais, d'une puissance allant de 100 à 180 livres, puisse se montrer efficace.
Cadence de tir des archers anglais : de 12 à 14 flèches par minute les arbalètes ne pouvant tirer que 2 carreaux par minute. De plus, les archers anglais étant positionnés en entonnoir, le tir croisé s'est révélé meurtrier.
Le nombre des cavaliers français à la charge en rangs serrés. Lorsqu'un cheval tombait pendant la charge, le suivant écrasait ou trébuchait fréquemment sur le précédent. Les archers anglais, qui composaient les deux ailes, avaient planté des pieux dans le sol, afin de se prémunir des charges de cavalerie.

Bilan

Les pertes totales des Anglais sont de 13 chevaliers dont le duc d'York, petit-fils d'Édouard III, tué par le duc d'Alençon et une centaine de simples soldats. Les Français perdent 6 000 chevaliers dont le connétable, et de nombreux grands seigneurs dont quatre princes du sang, plusieurs ducs, Jean Ier d'Alençon, Édouard III de Bar, Charles d'Orléans est lui fait prisonnier ; 5 comtes dont Philippe de Bourgogne et le comte Robert de Marle, 90 barons et un millier d'autres chevaliers furent faits prisonniers. Baudoin d'Ailly, dit Beaugeois, seigneur de Picquigny, vidame d'Amiens, grand seigneur de l'Amiénois, conseiller et chambellan du roi de France Charles VI, meurt trois semaines après la bataille, des suites de ses blessures. À signaler également la mort du duc de Brabant et de Limbourg Antoine de Bourgogne, venu participer à la bataille côté français malgré la neutralité affichée de son frère et suzerain Jean sans Peur, duc de Bourgogne.
Les seuls à survivre seront ceux qui auront préféré ne pas participer : À ce combat, le duc de Bretagne, Jean, bien qu'il eût été appelé, n'assista pas. Étant venu à Amiens avec un grand nombre de ses Bretons, communément estimés à dix mille hommes, il aima mieux attendre là l'issue de la guerre, plutôt que de s'exposer de trop près aux dangers. La bataille terminée, il reprit le chemin de son duché, sans même avoir vu les ennemis, mais non sans quelque dommage pour les localités où il passait.

La paix de Troyes, désastreuse pour la France

sera signée cinq ans plus tard.

La débâcle de la chevalerie française d'Azincourt, qui fait suite à celles de Crécy, de Poitiers et de Nicopolis, prive momentanément la France de cadres administratifs et militaires en grand nombre du fait des nombreux tués chez les baillis et les sénéchaux du roi. Elle met également en évidence la conception dépassée que se font de la guerre les armées françaises en particulier une partie de la chevalerie, alors qu'Anglais et Ottomans ont déjà organisé des armées unies et disciplinées : les Français, supérieurs en nombre, mais incapables d'obéir à un chef unique et placés dans l'impossibilité de faire manœuvrer les chevaux, comme à la bataille de Poitiers, soixante ans auparavant, auraient eu intérêt à négocier avec Henri V, qui avait abandonné son rêve de revendiquer la couronne de France.
Cette bataille marqua un tournant dans l'art de la guerre en Europe : des armées plus maniables et plus articulées, comme l'était déjà celle d'Édouard III, dont la composition et le comportement permettaient de préfigurer le déroulement des batailles intervenant dès la fin du XIVe siècle défont des masses hétéroclites pleines d'inutile bravoure.



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Posté le : 23/10/2015 19:38
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Georges Bizet
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Le 25 octobre 1838 à Paris naît Alexandre-César-Léopold Bizet

plus connu sous le nom de Georges Bizet, est un compositeur français de Musique romantique, il reçoit une formation au conservatoire de Paris, il a pour maître Antonin Marmontel. Il est le fils de Adolphe Amand Bizet et Aimée Léopoldine Joséphine Delsarte. Il se marie à Geneviève Halevy. Jacques Fromental Halévy est son beau-père et Magdeleine Real del Sarte est sa cousine germaine. Ses Œuvres principales sont : Carmen, l'un des opéras les plus connus et les plus joués, Les Pêcheurs de perles, L’Arlésienne. Il meurt à 36 ans, le 3 juin 1875 à Bougival Seine-et-Oise.

En bref

Fils d'un professeur de chant, il eut pour premiers maîtres ses parents, jusqu'à l'âge de neuf ans. Entré au Conservatoire de Paris, il y fut l'élève de Marmontel piano, Benoist orgue, Zimmermann harmonie et Halévy composition. Il travailla également avec Gounod, qui éprouva pour lui une vive sympathie. Après avoir obtenu de nombreuses récompenses, il remporta en 1857 le premier grand prix de Rome et partit pour la Villa Médicis. Il avait alors déjà composé un chef-d'œuvre, la symphonie en ut 1855, créée en 1935 seulement, et s'était essayé à l'opérette, notamment en 1857 avec le Docteur Miracle, partition couronnée ex aequo avec l'œuvre homonyme de Charles Lecocq, à l'issue d'un concours organisé par Offenbach, et représentée en alternance avec celle-ci aux Bouffes-Parisiens.
La gloire posthume qu'à connue Bizet avec Carmen a fait de lui un des ces innombrables créateurs dont l'histoire n'a retenu qu'une œuvre, injustice flagrante si l'on considère l'importance de Bizet dans l'histoire de la musique française et la valeur indéniable de ses autres ouvrages. Il s'est imposé dans l'univers alors bien terne de la musique française, qui cherchait un nouveau souffle après le passage dévastateur de Berlioz et devait se contenter de compositeurs d'opéras comme Ambroise Thomas, Jacques Fromental Halévy ou Giacomo Meyerbeer. À cet égard, Bizet constitue le maillon indispensable qui mène à Debussy. À une époque où la musique française se complaisait dans une médiocrité facile, il est à l'origine d'un renouveau dont les retombées dépasseront largement le strict domaine lyrique.
Des dons exceptionnels. On ne risque guère de se tromper en rêvant de ce qu'eût été la place tenue par Bizet s'il avait eu le temps de la tailler à sa mesure. Son admiration pour Wagner et l'affirmation corollaire, dans son œuvre propre, d'un art qui lui est opposé en tout point disent assez bien qu'il était de taille à dresser devant l'envahisseur une digue puissante ; bien autrement que n'avaient chance de le faire les meilleurs musiciens de sa génération : un Saint-Saëns, un Delibes, un Massenet..., l'un trop sec, les autres trop frivoles. Il avait toutes les armes pour bien tenir ce rôle : le don inné, la science acquise, la générosité de cœur, la curiosité intellectuelle.
Le don ? Sans doute le tenait-il de la famille de sa mère, née Delsarte. Georges Bizet avait vu le jour à Paris le 25 octobre 1838. La musique était reine au foyer de son oncle François Delsarte, personnage extravagant, chanteur sans voix, mais professeur célèbre dans l'Europe entière. On peut comprendre que le mariage d'Aimée Delsarte avec le coiffeur-perruquier Adolphe Bizet ait pu être vu d'un assez mauvais œil dans un tel milieu, encore que ce nouveau Figaro ne fût pas dépourvu de talents musicaux, qu'il développa en devenant compositeur et professeur de chant. Georges Bizet, qui n'eut jamais pour son père beaucoup d'estime, lui rendait témoignage, le disant le seul professeur qui connaisse l'art de la voix, propos un peu désobligeant pour l'oncle Delsarte.
La science acquise ? Bizet, pianiste virtuose dès l'enfance, par les soins de sa mère, entra au Conservatoire par faveur, avant l'âge requis, et y fit brillamment toutes ses classes, jusqu'au prix de Rome qu'il remporta à dix-huit ans, dès son deuxième concours, en 1857. Il avait déjà fait jouer l'année précédente, aux Bouffes-Parisiens, une opérette en un acte, Le Docteur Miracle, qui lui avait valu le premier prix, ex aequo avec Charles Lecocq, dans un concours organisé par Offenbach. C'est dire la précocité du jeune musicien, que viendra confirmer encore la découverte, en 1933, de la Symphonie en ut, écrite à dix-sept ans et jugée inavouable par son auteur lui-même. Elle contient pourtant, parmi beaucoup de détails exquis, une longue phrase de hautbois où se montre clairement la générosité d'une invention mélodique dont il devait donner par la suite des exemples fameux.
Quant à son langage harmonique, il est le plus précieux, le plus savoureux et le plus personnel de la musique française de son temps. Son art des enchaînements rares et imprévus, sa façon d'éclairer une mélodie rigoureusement diatonique et tonale par des accords contrastés, empruntés au besoin à des tonalités étrangères, son jeu raffiné des retards et des appoggiatures, tout signale en lui un artiste devenu maître de son langage.

La vie d'un musicien surdoué

Acte de baptême de Georges Bizet en date du 16 mars 1840 en l'église Notre-Dame-de-Lorette à Paris.
Alexandre César Léopold Bizet est né le 25 octobre 1838 au 26 rue de La Tour-d'Auvergne à Paris (ancien 2e arrondissement)1. Son père, Adolphe Armand Bizet, d'abord installé comme coiffeur et perruquier, s'est reconverti dans l'enseignement du chant en 1837. Sa mère, Aimée Léopoldine Joséphine Delsarte, pianiste, lui enseigne les premiers rudiments de l'instrument. Son oncle François Delsarte, professeur de chant, spécialiste de Gluck, est célèbre dans l'Europe entière. L'opéra et le piano marquent donc d'emblée de leur empreinte le destin du jeune homme.
L'enfant est rebaptisé Georges le 16 mars 1840 lors de son baptême en l'église Notre-Dame-de-Lorette à Paris : son parrain est Philippe Louis Brulley de la Brunière et sa marraine est Hyppolite Sidonie Daspres.
Georges montre très tôt des dons pour la musique et entre au Conservatoire de Paris à l'âge de neuf ans, dans la classe de piano de Marmontel. Il y obtiendra un premier prix de piano en 1851, puis un second prix en 1852. La même année, il entre dans la classe d'orgue de Benoist. En 1853, il entre dans la classe de composition de Jacques Fromental Halévy, auteur de nombreux opéras dont La Juive et qui a compté Charles Gounod parmi ses élèves. Le jeune Bizet obtient un second prix d'orgue et de fugue en 1854, puis un premier prix en 1855. Il travaille également avec Pierre Zimmermann, le prédécesseur de Marmontel au Conservatoire.
À l'automne 1855, âgé d'à peine dix-sept ans, il compose en un mois sa première symphonie, en ut majeur, œuvre d'une grande vivacité, inspirée par la Première Symphonie de Gounod, dont il vient de publier une version pour piano à quatre mains. Sa symphonie en ut n'a été redécouverte qu'en 1933 dans les archives du Conservatoire de Paris et n'a été créée que deux ans plus tard à Bâle. En 1856, son opérette Le Docteur Miracle créée le 9 avril 1857 remporte le premier prix du concours d'opérette.
En 1857, à l'âge de 19 ans, il remporte avec sa cantate Clovis et Clotilde le Grand Prix de Rome de composition musicale, prestigieux tremplin à cette époque pour une carrière de compositeur et dont la récompense est un séjour de trois ans à la Villa Médicis. L'Académie de France à Rome que Napoléon Bonaparte avait transférée à la Villa Médicis accueillait de jeunes artistes pour leur permettre de se perfectionner dans leur art et leur demandait en retour de réaliser des travaux annuels envoyés et jugés à Paris. Ces travaux étaient appelés les envois de Rome. Ce séjour en Italie loin de sa famille a une importance considérable dans la vie du jeune musicien qui découvre le bonheur d'être libre, la beauté de Rome et de la nature qui l'entoure. Ce séjour heureux l'aide à grandir et à s'affranchir des règles strictes imposées par l'école et par sa mère. Le Bizet de Carmen est né en Italie Biographie de Bizet, Les Amis de Georges Bizet.
Pendant son séjour à l'Académie de France à Rome, il effectue les envois ordinaires :
un opéra-bouffe en deux actes 1858/9 : Don Procopio, sur un livret de Carlo Cambiaggio,
une ouverture 1861: La Chasse d'Ossian,
un opéra-comique en un acte 1862 : La Guzla de l'émir, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré.

Une vie matérielle et familiale difficile

De retour en France, il se consacre à l'enseignement et à la composition. Il a à peine 25 ans quand en 1863, Léon Carvalho lui commande Les Pêcheurs de perles, sur un livret de Carré et Cormon, pour le Théâtre-Lyrique. Berlioz en donnera une critique positive dans le Journal des Débats du 8 octobre 1863 ayant apprécié un nombre considérable de beaux morceaux expressifs pleins de feux et d'un riche coloris. Cette œuvre est donc un succès encourageant pour le jeune compositeur et connaîtra dix-huit représentations. Sur commande et sur un médiocre livret de J.H.V. de Saint-Georges et de J. Adenis librement adapté du roman de Walter Scott, La Jolie Fille de Perth, il compose en 1866 et fait jouer en 1867 La Jolie Fille de Perth, opéra en 4 actes.
Il épouse le 3 juin 1869 Geneviève Halévy, fille de son professeur de composition, Jacques Fromental Halévy, mort sept ans plus tôt, et de Léonie Rodrigues-Henriques. Le jeune compositeur a 30 ans et la jeune fille 20 ans. Il entre ainsi par son mariage dans la famille Halévy, une grande famille juive qui compte à cette époque dans la société française. Son beau-père était membre de l'Institut et secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts et Ludovic Halévy, le librettiste de talent qui composera le livret de Carmen avec Henri Meilhac, est le cousin germain de Geneviève. Le jeune couple s'installe dans un hôtel particulier 22, rue de Douai au sein de la Nouvelle Athènes5 à Paris. Sa jeune épouse lui donne un fils, Jacques 1872-1922, qui sera le grand ami de l'adolescence de Proust.
Il réalise de nombreuses transcriptions pour piano d'œuvres lyriques à la mode pour le compte des éditeurs Choudens et Heugel. Pendant la guerre de 1870, il s'engage dans la Garde Nationale, puis part pour Libourne. Il revient au Vésinet auprès de son père, puis en 1871 à Paris après la Commune. La même année, il tire une Petite suite d’orchestre, de ses Jeux d'enfants, pour piano à quatre mains. Elle sera créée le 2 mars 1873, au théâtre de l'Odéon, par Édouard Colonne. Djamileh est jouée la même année à l'Opéra-Comique mais est arrêtée après onze représentations.
Pour la pièce de théâtre L'Arlésienne d'Alphonse Daudet, il compose une musique de scène ; mais l'œuvre, jouée au théâtre du Vaudeville le 1er octobre 1872, est retirée de l'affiche après vingt représentations. Bizet extrait de sa musique une suite orchestrale créée le mois suivant aux Concerts Pasdeloup qui remportera un succès jamais démenti. Il l'adapte également pour piano à quatre mains. Patrie, pour orchestre est jouée fin 1872, par les Concerts Pasdeloup au cirque d'Hiver.
À l'image d'un Rossini, Bizet imaginait une vie matérielle confortable, une vie de rentier, grâce à quelques succès rapides à l'Opéra Comique qui ne se produisirent jamais. Les Pêcheurs de perles, La Jolie Fille de Perth, Djamileh, L'Arlésienne n'ont pas été de grands succès couronnés de nombreuses représentations. Sa vie a été dévorée par les travaux alimentaires pour les éditeurs et par les leçons de piano. Je travaille à me crever… - Je mène une existence insensée…, écrit-il dans ses lettres. Sa vie familiale n'est pas plus heureuse. Il ne peut pas partager ses difficultés et ses soucis avec sa jeune épouse Geneviève, coquette et nerveusement fragile. Il doit même les lui cacher. Leurs six années de mariage ne leur feront pas connaître le bonheur conjugal.

Carmen, mort de Bizet

En 1875, il s'installe dans le petit village de Bougival pour terminer l'orchestration de Carmen et honorer cette nouvelle commande de l'Opéra-Comique qui voulait « une petite chose facile et gaie, dans le goût de notre public avec, surtout, une fin heureuse cité par les Amis de Georges Bizet. Le musicien appréciait le calme du site au bord de la Seine. Il faudra toute la ténacité de Bizet et de Ludovic Halévy, son librettiste, pour convaincre le directeur de l'Opéra Comique d'accepter cet opéra si différent de ses aspirations ! Après trois mois de travail sans répit et 1 200 pages de partition, Carmen, son chef d'œuvre, est prêt et son superbe livret est de Henri Meilhac et de Ludovic Halévy qui ont écrit les livrets des plus célèbres opérettes de Jacques Offenbach, La Belle Hélène, La Vie parisienne, La Périchole. Bizet assiste à toutes les répétitions qui se révèlent épuisantes : il se heurte aux chanteurs qui n'ont pas l'habitude de bouger en scène et de jouer leurs personnages avec le naturel que Bizet attend d'eux, aux musiciens qui trouvent cet opéra trop difficile et toujours à la mauvaise humeur du directeur exaspéré par le thème de la pièce qu'il trouve indécent.

Carmen et Don José

Le 3 mars 1875, il est fait chevalier de la Légion d'honneur, le jour de la première de Carmen qui se révèle être un désastre. Les musiciens et les choristes sont médiocres, les changements de décor prennent un temps considérable si bien que la salle se vide peu à peu. Le public et la critique sont scandalisés par cette histoire sulfureuse que la presse du lendemain condamne au nom de la morale. Bizet en est bouleversé. Il contracte une angine mais décide contre tous les avis de se réfugier dans sa maison de Bougival. Le 29 mai 1875, il se baigne dans l'eau glacée de la Seine et est pris dès le lendemain d'une crise aiguë de rhumatisme articulaire. Lors d'une représentation, Bizet a une rupture d’anévrisme au moment où Célestine Galli-Marié, chantant avec le "trio des cartes" au troisième acte, retournait ... la carte impitoyable qui dit toujours: la mort!
Il décède d'un infarctus à Bougival dans la nuit du 2 au 3 juin, à l'âge de 36 ans.
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise division 68. Le 10 juin est inauguré le tombeau érigé par l'architecte de l'Opéra Charles Garnier : un sarcophage recouvert d'un toit en bâtière est taillé dans la pierre rouge jurassienne de Sampans ; une stèle en forme de pyramide tronquée est ornée d'une lyre de bronze symbolisant son art, enlacée par une couronne de lauriers8. Cette stèle portait le buste du compositeur qui est volé avec cinq autres en novembre 2006. Retrouvé, il est depuis détenu par la conservation du cimetière.

La gloire de Carmen

Le succès extraordinaire de Carmen tient à sa musique, archétype de ce qui caractérise l'esprit et le style si particulier de la musique française : clarté, sonorités limpides, élégance diaphane, suggestion, articulation, lisibilité J-C Casadesus, C'est un fait, Carmen est devenue un mythe. Il tient également à la très grande unité entre le livret et la musique, entre la dramaturgie et le chant. Le premier coup de cymbales de l'ouverture contient toute la fulgurance d'un rayon de soleil acéré mais il fait luire aussi la pointe menaçante d'un couteau brandi. Le ton est donné. L'urgence est là. Elle conduit d'une façon implacable à la finalité de l'ouvrage, la fatalité de la mort. J-C Casadesus, idem. .
Son opéra Carmen, adapté de la nouvelle de Prosper Mérimée, est l'une des œuvres du répertoire les plus jouées dans le monde. L'échec de l'œuvre lors de ses premières représentations tient principalement au rejet du sujet par le public de l'époque. Carmen est une femme sulfureuse, sans attaches, sans respect pour l'ordre établi, passant d'amant en amant, ayant pour seule morale et pour seules règles sa liberté et son bon plaisir.
La critique musicale n'est pas tendre non plus à l'époque. Le journal Le Gaulois dira: « Monsieur Bizet appartient à l'école du civet sans lièvre ; il remplace par un talent énorme et une érudition complète, la sève mélodique ! » Pour Camille du Locle, directeur de l'Opéra-Comique, C'est de la musique cochinchinoise ; on n'y comprend rien! » Alexis Payne, Grands opéras du répertoire, Fayard, 1979, p. 73"
Mais en Europe, après la mort de Bizet, la carrière de Carmen sera rapide. Le premier triomphe de cette œuvre lumineuse a lieu à Vienne dès le mois d'octobre 1875. Brahms, enthousiaste, assiste à vingt représentations. Richard Wagner et Nietzsche furent, entre autres, des admirateurs de l'œuvre dont Tchaïkovski disait que « d'ici dix ans, Carmen serait l'opéra le plus célèbre de toute la planète cité par Les Amis de Georges Bizet. Il a fallu que Carmen connaisse le succès dans le monde entier et notamment aux États-Unis et en Russie pour que l'Opéra Comique mette à nouveau à son répertoire cette œuvre, Une histoire pure et limpide comme celle d'une tragédie antique, qui commence dans la naïveté d'une carte postale et s'achève dans le sang. J-F Sivadier, metteur en scène.

Une vie difficile, une mort prématurée

Sa générosité de cœur ? Elle lui a coûté assez cher pour qu'il ne soit pas permis d'en douter. Toute sa vie en témoigne et surtout l'histoire de son mariage, en 1869, avec Geneviève Halévy, fille du compositeur de La Juive, future épouse en secondes noces du banquier Strauss et promue par Marcel Proust duchesse de Guermantes. C'était alors une jeune femme séduisante certes, mais névrosée, en perpétuelle discussion avec une mère que sa folie intermittente conduisait de maison de santé en maison de santé. L'inépuisable dévouement de Bizet pour sa belle-mère ne le cédait en rien à son amour attentif pour sa femme, un amour sans cesse traversé de drames qui, dans la dernière année du musicien, menacèrent fort de détruire son ménage.
Après une période dominée par des activités pianistiques souvent alimentaires leçons et répétitions d'opéras, arrangements de partitions, il compose un premier opéra, Les Pêcheurs de perles 1863, dont l'accueil est assez médiocre et qui deviendra pourtant l'un de ses ouvrages les plus populaires. La Jolie Fille de Perth 1866 et Djamileh 1872 ne connaissent pas davantage le succès. Le choix de ses sujets révèle tout autant les goûts de l'époque que la curiosité intellectuelle de Bizet, qui recherchait volontiers l'exotisme et se plongeait parfois dans des études philosophiques. En 1871, il compose une suite de douze pièces pour piano à quatre mains, Jeux d'enfants, qu'il orchestrera en partie six numéros : son langage s'est simplifié, laissant couler librement la veine mélodique et montrant un raffinement harmonique qui trouve son épanouissement dans le musique de scène pour la pièce d'Alphonse Daudet L'Arlésienne 1872. À la création, c'est un nouvel échec pour le compositeur, que compense vite le succès de la suite symphonique créée un mois plus tard par Jules Pasdeloup. Après une autre tentative dans le domaine lyrique Don Rodrigue, 1873, resté inachevé) et une page de circonstance, l'ouverture Patrie 1873, Bizet consacre toutes ses forces à la composition de Carmen, sur un livret de Meilhac et Halévy d'après la nouvelle de Prosper Mérimée 1873-1874. L'ouvrage est mal accueilli à l'Opéra-Comique, où la critique juge l'intrigue indécente et vulgaire. Il est vrai que l'ouvrage avait de quoi surprendre, tant il s'écarte des conventions de l'époque avec cette antithèse d'héroïne et cette fin tragique. Mais la véritable nouveauté de Carmen réside surtout dans la vérité des personnages, l'expression de leurs sentiments, le sens de la couleur et du mouvement.

Les Pêcheurs de perles

José Carreras et Teresa Berganza interprètent Carmen 1875 du Français Georges Bizet 1838-1875, au Covent Garden de Londres, en 1984.
Les circonstances de la mort de Bizet, à Bougival, le 3 juin 1875, restent obscures : quelques semaines après la création de Carmen, dans la nuit de la trente-troisième représentation, il succombait à une crise cardiaque. Saint-Saëns est à l'origine de la légende selon laquelle Bizet se serait laissé mourir, croyant à l'échec de Carmen. Mais c'est faire abstraction d'une santé délicate fragilité de la gorge et rhumatismes aigus et de l'attitude du public, qui était plus ouvert que la critique.

L'Å“uvre et son destin

Après sa mort, il y eut encore trois représentations de Carmen à Paris, et c'est de l'Opéra de Vienne, où Brahms vint le voir et l'entendre vingt fois de suite, que le chef-d'œuvre reprit plus tard son vol. C'est à Vienne également que Wagner le connut et l'admira sans réserve, ne se doutant pas que Nietzsche en ferait un jour une machine de guerre contre lui.
Quelques-unes des appréciations du philosophe sur la musique de Bizet sont à retenir pour leur justesse et leur pénétration. Il parle de « son allure légère, souple, polie ». Il s'enchante de ce qu'elle ne procède pas – comme celle de Wagner – par répétition, de ce qu'elle fait confiance à l'auditeur en « le supposant intelligent ».
Lorsque Nietzsche écrit : L'orchestration de Bizet est la seule que je supporte encore, il pense évidemment à sa luminosité, à son absence d'enflure. Chaque élément sonore y est dur, concentré dans sa substance, entouré d'air et d'espace.
Quand il écrit de cette musique : Il me semble que j'assiste à sa naissance », il consacre ainsi son naturel, sa spontanéité. Peut-être aussi ressent-il, sous cette forme imagée, cet art des charnières qu'aucun musicien de théâtre n'a maîtrisé comme Bizet. On ne sent jamais le passage d'une situation à une autre, d'un centre d'intérêt, d'un moyen d'expression à un autre... sauf, bien entendu, s'il veut que nous le sentions, car c'est alors non plus l'art des charnières, mais celui des contrastes qui est mis en action.
Quant à son instinct de l'accent dramatique qui porte, en une formule ramassée et percutante, il éclate à chaque page, notamment dans le duo final de Carmen, et c'est encore à Nietzsche que nous emprunterons, pour conclure, la phrase qui l'illustre d'un exemple caractéristique : Je ne connais aucun cas où l'esprit tragique, qui est l'essence de l'amour, s'exprime avec une semblable âpreté, revêt une forme aussi terrible que dans le cri de don José : C'est moi qui l'ai tuée... Alain Pâris

Å’uvre

Son nom reste associé pour la postérité à l'opéra Carmen, l'un des piliers du répertoire lyrique français, et à la suite d'orchestre L'Arlésienne, connue pour le thème de La Marche des rois et Li chevau frus, une chanson provençale du Moyen-Age.

Lyrique

Le Docteur Miracle, opérette 1856
Don Procopio, opéra-bouffe 1858-59, créé en 1906
La Prêtresse, opérette inachevée
Les Pêcheurs de perles, opéra 1863
Ivan IV, 1862-65 créé en 1946
La Jolie Fille de Perth, opéra 1866
Noé, opéra de Fromental Halévy achevé par Georges Bizet 1869
Djamileh, opéra en un acte 1871
L'Arlésienne, musique de scène 1872 il a ensuite fait une suite de l'arlésienne pour la pièce d'Alphonse Daudet .
Carmen, opéra-comique 1875

Musique pour orchestre

Symphonie en ut majeur 1855
Ouverture 1855
Suite d'orchestre : Scherzo et Andante, Marche funèbre 1860-1861
Six Chants du Rhin 1865
Marche funèbre 1868-69
Symphonie Roma ou Souvenirs de Rome 1860-68, révisée en 1871
Jeux d'enfants, suite orchestrale tirée des no 2, 3, 6, 11 et 12 de la Suite pour piano à quatre mains 1872
L'Arlésienne, suite no 1 1872 — La suite no 2 a été orchestrée après la mort du compositeur par Ernest Guiraud.
Patrie, ouverture symphonique 1873
Musique pour piano
Grande Valse de concert en mi bémol 1854
Nocturne en fa majeur 1854
Trois esquisses musicales 1858
Chants du Rhin 1865
Variations chromatiques de concert 1868
Nocturne en ré majeur 1868
Jeux d'enfants, douze pièces pour duo ou piano à quatre mains 1871

Musique chorale

Valse en sol majeur, pour chœur mixte et orchestre 1855
La Chanson du Rouet, pour voix solo et chœur mixte (1857
Clovis et Clotilde, cantate 1857
Te Deum, pour soprano, ténor, chœur mixte et orchestre 1858)
Vasco de Gama, ode-symphonie 1859-60
La mort s'avance, pour chœur mixte et orchestre 1869

Mélodies

Manuscrit de Sérénade de Georges Bizet, 1874
Vieille Chanson 1865
Après l'hiver 1866
Feuilles d'album, six chansons 1866
Chants des Pyrénées, six chansons folkloriques 1867
Berceuse 1868
La Coccinelle 1868
Sérénade : Ô, quand je dors (1870
Absence 1872
Chant d'amour 1872
Écrits
Lettres à un ami, 1865-1872

Adaptations au cinéma

Carmen Jones, film d'Otto Preminger 1954) basé sur la comédie musicale Carmen Jones d'Oscar Hammerstein II, musique de Bizet.
Carmen, film de Carlos Saura 1983 inspiré de l'opéra et de la nouvelle de Prosper Mérimée.
Carmen, film de Francesco Rosi 1984 avec Julia Migenes Carmen ; Placido Domingo Don José ; Ruggero Raimondi Escamillo; Orchestre national de France dirigé par Lorin Maazel.
Discographie
Å’uvres pour piano
Intégrale de l'œuvre pour piano - Setrak (1996, Harmonia Mundi HMA 1905223-24
Chants du Rhin - Luisada 1999, RCA + Fauré : Nocturne
Opéras
Carmen - Teresa Berganza, Ileana Cotrubas, Placido Domingo, London Symphony Orchestra, Dir. Claudio Abbado 1978,
Djamileh - Orchestre national d’Île-de-France, Chœur Vittoria, Dir. Jacques Mercier 1998, BMG

Musique orchestrale

Les disques regroupent en général les suites de Carmen et de l'Arlésienne, parfois la petite suite Jeux d'enfants et dans certains cas, la symphonie en ut.
Suites Carmen no 1 & 2, Suites de l'Arlésienne no 1 & 2 - Orchestre des Concerts Lamoureux, Dir. Igor Markevitch (décembre 1959, Philips "Silver Line" 420 863-2)
Suites de l'Arlésienne no 1 & 2, Symphonie en ut - Royal Symphonic Orchestra, Orchestre National de la Radiodiffusion Française Symphonie, Dir. Sir Thomas Beecham 1956 & 1959, Emi 5 67231 2
Suite de Carmen, Petite Suite d'orchestre, Suites de l'Arlésienne no 1 & 2 - Orchestre de la Bastille, Dir. Myung-Whun Chung mars 1991, DG 471 736-2
Symphonie en ut, Petite Suite d'orchestre, Suite de la Jolie Fille de Perth - Orchestre de la Suisse romande, Dir. Ernest Ansermet Decca 433 721-2


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Posté le : 23/10/2015 19:15
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Théophraste Renaudot
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Le 25 octobre 1653 à Paris meurt Théophraste Renaudot

Journaliste, médecin, philanthrope, né en 1586 à Loudun. Il est le fondateur de la publicité et de la presse française par ses deux créations du Bureau d'adresse 1629 et de la Gazette, journal hebdomadaire 30 mai 1631. Médecin ordinaire du roi, il fut nommé commissaire aux pauvres du royaume . Ce médecin du roi, soutenu par Richelieu et le père Joseph, avait, en tant que commissaire des pauvres, ouvert une sorte de dispensaire-bureau de placement et publiait une feuille d'annonces. Le 11 octobre 1631, il obtint le privilège de l'impression des gazettes, nouvelles et récits de tout ce qui s'est passé et se passe tant dedans que dehors le royaume. Il favorisa, dans sa Gazette et dans la feuille de son bureau d'adresses, l'échange par annonces entre ceux qui proposaient leurs services et ceux qui en demandaient : Terres seigneuriales à vendre. Maisons aux champs qu'on demande à acheter. Bénéfices à permuter...
En 1635, il prit la direction du Mercure de France. La Gazette devenue la Gazette de France parut de 1762 à 1914 deviendra le journal officiel. Renaudot apparaît à plus d'un titre comme un fondateur. Premier directeur de journal, à l'origine de la publicité de presse, il fut également le premier rédacteur, ou rewriter : en effet, les nouvelles que publiait la Gazette n'étaient pas, le plus souvent, recueillies par lui ; il réécrivait des informations que d'autres – y compris Richelieu, et même Louis XIII – lui fournissaient, comme le feront tant d'autres journalistes après lui. Il émit en outre un certain nombre de préceptes concernant la recherche de la vérité qui, aujourd'hui encore, fondent la déontologie du métier.
Un prix littéraire, le prix Renaudot, fondé en 1925, perpétue sa mémoire.
Louis XIV confirma à ses fils Théophraste conseiller à la Cour des monnaies, mort en 1672, puis Eusèbe 1613-1679 le privilège de la Gazette et du bureau d'adresses, qu'il continuèrent à diriger et à publier après la mort de leur père.

En bref

La carrière de Renaudot est des plus curieuses : elle révèle une grande opiniâtreté, beaucoup d'intelligence, de réels talents d'intrigue et surtout une remarquable curiosité. Bien que trop souvent ignoré par l'histoire, le père de La Gazette fut un des esprits les plus remarquables de son temps.
Né dans une famille protestante aisée, Renaudot quitta Loudun dans la Vienne en 1605 pour faire ses études de médecine à Montpellier : il y fut reçu docteur en 1606, à vingt ans ! Il voyagea ensuite plusieurs années avant de se fixer en 1612 dans sa ville natale. Un Traité des pauvres lui valut en 1612 un premier brevet royal pour un projet de bureau d'adresses. En Poitou, Renaudot connut Richelieu, évêque de Luçon, réfugié près de Poitiers, et le père Joseph. En 1624, ses deux protecteurs firent confirmer ses brevets ; en 1626, Renaudot, qui s'était installé à Paris, se convertit au catholicisme. En 1629, il put enfin ouvrir dans l'île de la Cité, rue de Calandre, à l'enseigne du Grand Coq, son bureau d'adresses.
À l'origine, il ne s'agissait que d'un bureau de placement officiel destiné à offrir du travail à la masse des gueux qui encombraient les hospices et les bas quartiers de Paris. Mais très vite ce bureau diversifia ses activités : ce fut une véritable agence de renseignements de tous ordres qui enregistrait les demandes d'emploi, les propositions de vente ou d'achat les plus diverses, les propositions de voyages à frais partagés, les déclarations de toute nature ; ce service de petites annonces eut un très grand succès, car il correspondait à un véritable besoin.
Petit à petit, Renaudot élargit les activités de son bureau d'adresses. En 1631, il y installa sa Gazette et son imprimerie ; il y édita à partir du 1er juin 1632 sa Feuille du bureau d'adresses, véritable feuille d'annonces, décadaire puis hebdomadaire avant de reprendre, quelques années plus tard, la publication du Mercure français. En 1633, deux ans avant la création de l'Académie française, en marge de ses activités de gazetier il ouvrit les conférences du bureau d'adresses, qui, consacrées à des sujets non politiques, étaient l'occasion de rencontres entre beaux esprits et d'échanges des informations. En 1637, un brevet vint consacrer les opérations « de grâce », prêts sur gage et vente aux enchères qui transformaient une partie du bureau d'adresses en une salle des ventes et en un mont-de-piété. La même année, un autre brevet royal reconnaissait le dispensaire de soins gratuits que Renaudot avait créé avec l'appui de pharmaciens, de chirurgiens et de docteurs en médecine : commissaire général des pauvres du royaume, historiographe du roi, Renaudot, à l'apogée de sa carrière, créa en 1641 une succursale de son bureau d'adresses, rue Saint-Thomas aux galeries du Louvre. Mais ses activités lui avaient créé bien des ennemis, à Paris, au Parlement, qui supportaient mal de se voir imposer les « innocentes inventions » du protégé de Richelieu, et surtout à l'École de médecine, où les créations charitables et les enseignements originaux de Renaudot, suppôt de méthodes et de théories médicales contraires à l'enseignement scolastique, soulevaient l'indignation.
Après la mort de Richelieu en 1642 et de Louis XIII l'année suivante, privé de protection, Renaudot perdit toute une série de procès qui aboutirent en 1644 à la fermeture du bureau d'adresses. Renaudot, qui sut heureusement convaincre Mazarin de l'utilité de La Gazette, consacra la fin de sa vie à son métier de gazetier, malgré les multiples difficultés que la Fronde et ses crises entraînèrent, dès 1648, dans la publication de cette feuille officielle. Renaudot mourut en 1653 à demi ruiné, déçu par ses échecs, mais fier de pouvoir transmettre La Gazette à ses héritiers.
En 1925, quelques journalistes fondèrent un nouveau prix littéraire, le prix Théophraste-Renaudot, qui, décerné tous les ans, perpétue le souvenir de leur illustre ancêtre. Pierre ALBERT

Sa vie

Protestant et médecin.
Orphelin d’une modeste famille de la bourgeoisie protestante de Loudun dont il est natif, il fit de bonnes études de médecine auprès des chirurgiens de Paris et à la Faculté de Médecine de Montpellier, qui était alors ouverte aux protestants. Médecin à 20 ans, il voyagea en Italie, en Allemagne et peut-être en Angleterre. En 1602, il contracta les écrouelles, à l'origine des cicatrices sur son visage.
En 1609, il se marie, et s’établit à Loudun, menant une vie de modeste notable. Il rencontre alors le prédicateur franciscain François Leclerc du Tremblay, dit le père Joseph, mystique et ardent partisan de la Réforme catholique, qui l’amena à s’interroger sur la question de la pauvreté dans le royaume de France, qui faisait alors des ravages au début du XVIIe siècle. Il fit parvenir au Conseil de Régence de Marie de Médicis un traité Sur la condition des pauvres, qui lui valut d’obtenir le titre de médecin ordinaire du roi Louis XIII en 1612. Faveur qui fut sans lendemain, peut-être en raison de l’opposition des dévots catholiques alors fort hostiles aux protestants.

Au service des pauvres et de l’État

Vers 1625, il se convertit au catholicisme et entra dans le Conseil de Richelieu. Client du cardinal, Renaudot est l’exemple même de la réussite sociale d’un homme talentueux malgré ses origines modestes et protestantes, alors même que le royaume s’engageait dans la remise en cause des droits des protestants.
En 1628 ou 1629, il ouvrit un bureau d’adresses avec don d’un privilège royal. Il s’agissait pour lui d’accueillir offres et demandes d’emplois, afin d’apporter un remède à la pauvreté et au vagabondage sans le concours de l’Église, de la charité traditionnelle ou encore de l’enfermement. En 1633, une ordonnance contraignit tous les sans emplois à s’y inscrire. Cette mesure fut accompagnée cette année-là de la création du premier journal d’annonces : la Feuille du bureau d’adresses. Son bureau, installé dans l’île de la Cité à l’enseigne du Grand Coq, prospéra et accueillit de nombreuses activités. Pour 3 sous, on pouvait faire figurer dans le journal des propositions de vente, de location ou de service.
Il y installa également un dispensaire, payant pour les aisés et gratuit pour les pauvres. Il y accueillit même depuis 1632 des conférences hebdomadaires médicales, puis variées, ouvrant l’ère des conférences mondaines et formant l’image de l’honnête homme. Enfin Louis XIII l'autorise le 27 mars 1637 à ouvrir un mont-de-piété dans son bureau d'adresses qu'il transforme en salle des ventes.
Sa réussite fut si importante qu’en 1641 il put ouvrir au Louvre une succursale de son bureau d’adresses. Néanmoins, cela lui attira de nombreuses inimitiés de la part de la faculté de médecine de Paris.

Un fondateur de la presse

Théophraste Renaudot fut l’un des précurseurs de la presse écrite. Le 30 mai 1631, il lance sa célèbre Gazette, bientôt imité par les Nouvelles ordinaires de divers endroits des libraires parisiens Martin et Vendosme, parues dès juillet 1631. Soutenu par Richelieu, qui fit de la Gazette un instrument de sa propagande politique, Renaudot emporta ce marché face à ses concurrents, malgré l’hostilité de la communauté des imprimeurs et libraires parisiens. En 1635, l’État lui accorda un monopole pour lui et ses successeurs.
La qualité de son journal était jugée par le gouvernement bien meilleure que celle de ses concurrents, essentiellement les Nouvelles ordinaires de divers endroits, fondée par Jean Epstein. Il avait le soutien financier du gouvernement de Richelieu.
Qualité, abondance, diversité géographique, concision et clarté des nouvelles, la Gazette fut un grand succès et lui fut adjoint, dès 1634, le supplément des Extraordinaires, relatant dans le détail les évènements les plus importants. En 1611, parut le premier volume Mercure François, recueil des évènements des années 1605 à 1610, dont la relation de la première installation des Français au Canada. Les frères Richer se chargent de sa publication jusqu'en 1635. Théophraste Renaudot continua cette importante publication jusqu'en 1643.

Les difficultés de la Fronde

Avec la mort de Richelieu en 1642 et celle de Louis XIII l'année suivante, Théophraste Renaudot perdit ses principaux protecteurs. La Régence ne put prendre le risque de mécontenter ses ennemis. La Faculté obtint l’interdiction des consultations médicales et des conférences dans son bureau d’adresses, puis le bureau fut entièrement fermé en 1646.
La Gazette survécut, passant au service de Mazarin, mais la Fronde vint, en 1649, en entraver la parution régulière. Renaudot suivit, lors de la fuite de la famille royale afin de protéger le jeune Louis XIV, la reine et Mazarin à Saint-Germain, laissant à ses fils Eusèbe et Isaac la rédaction du journal. Son monopole fut alors entamé par la parution de titres rivaux à Paris comme en province.
Renaudot fut remercié de sa fidélité avec le poste d’historiographe du roi. À sa mort, à l'âge de 67 ans, le monopole de la Gazette fut confirmé à son fils aîné, qui ne put réellement empêcher d’autres parutions.

Ouvrages

La Gazette.
[Abrégé de la vie et de la mort du prince de Condé, 1647.
La Vie et la mort du maréchal de Gassion, 1647.
La Vie de Michel Mazarin, 1648.

Institut Renaudot

Association de santé communautaire, elle a pris le nom de Renaudot en hommage à son engagement en faveur des pauvres. Depuis 1981, cette association regroupe des professionnels de centres municipaux de santé dispensaires, publics, municipaux, ainsi que des conseillers santé et des chargés de mission santé dans les centres communaux d'action sociale CCAS politique de la ville. Elle recense et collige projets et expériences sur une plate-forme Internet.

prix Théophraste Renaudot

Théophraste Renaudot
Prix littéraire français fondé en 1925, décerné chaque année à la même époque que le prix Goncourt à l'auteur d'un roman, d'un récit, d'un recueil de contes ou de nouvelles.


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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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