| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 185 186 187 (188) 189 190 191 ... 956 »


Joseph Joffre 1
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Le 3 janvier 1931 à Paris 7e meurt Joseph Jacques Césaire Joffre

à 78 ans, né le 12 janvier 1852 à Rivesaltes Pyrénées-Orientales, officier général français de la Première Guerre mondiale, artisan de la victoire alliée lors de la bataille de la Marne et de la stabilisation du front nord au début de la guerre. Il est nommé maréchal de France en 1916.
C'est aussi un des responsables militaires les plus controversés du XXe siècle, notamment en raison de l'emploi de la stratégie militaire de l'offensive à outrance, extrêmement coûteuse en vies humaines pour des résultats relativement médiocres sur le terrain, notamment lors de la bataille des frontières et de la bataille de la Marne. En 1916, il est remplacé par le général Nivelle. En 1918, il est élu à l'Académie française au fauteuil 35. Il a le grade Général de division de 1869 à 1916 pendant le conflit de la première Guerre mondiale, puis il est commandement Généralissime de 1914 à 1918, ses faits d'armes en 1887 est la prise de Ba-Dinh, en 1894 : Prise de Tombouctou, en 1914 : Bataille de la Marne, en 1916 : Bataille de Verdun
Ses distinctions sont Chevalier de la Légion d'honneur en septembre 1885, commandeur de la Légion d'honneur en avril 1903, grand-croix de la Légion d'honneur le 11 juillet 1914, il reçoit la médaille militaire en décembre 1914, puis en décembre 1016 il est fait maréchal de France, et reçoit la croix de guerre 1914-1918

En bref

Fils d'un petit propriétaire viticulteur, Joseph Joffre fait de brillantes études et, grâce à l'aide de ses compatriotes, prépare l'École polytechnique où il entre, benjamin de sa promotion. Lieutenant, puis capitaine au 1er génie à Versailles, il participe à la reconstruction de l'enceinte fortifiée de Paris. Prématurément veuf, il demande à servir en Extrême-Orient. À Formose, en 1885, il fortifie Keelung, puis, chef du génie à Hanoï, il organise les travaux de défense du Haut-Tonkin et prend part aux sièges de Ba Dinh et Ma Kao. Rentré en France, il est chargé des cours de fortification à l'école d'application de Fontainebleau où il ne brille pas. Appelé au Soudan pour diriger la construction du chemin de fer de Kayes à Bamako, il reçoit le commandement de la région nord-ouest. Au début de 1894, il pénètre en force à Tombouctou et organise le pays en dépit de l'hostilité du gouverneur Grodet. Il part pour Madagascar en janvier 1900, réclamé par Gallieni, pour créer le camp retranché de Diégo-Suarez. Général de brigade en 1902, il est ensuite nommé directeur du Génie à Paris et reçoit sa troisième étoile en 1905. C'est à l'époque un homme de cinquante-trois ans, corpulent, méthodique, ponctuel et assidu, peu loquace et pourvu d'un solide bon sens. En 1910, quoique non breveté, il entre au Conseil supérieur de la guerre dont, en 1911, il est vice-président. La même année, la réorganisation du haut commandement fait de lui, avec le titre de chef d'état-major général, le chef incontesté de l'armée française. Auteur d'un plan de mobilisation connu sous le nom de plan XVII, qui avait sur les précédents l'avantage d'envisager la violation de la neutralité belge, Joffre se préoccupe de réorganiser l'armée, divisée par l'affaire Dreyfus et les influences politiques. Il fait établir des thèmes de travail et des règlements que l'on expérimente lors de manœuvres sur le terrain. Tous les échelons y participent et les chefs incapables sont éliminés. Il préconise la loi de trois ans que le parlement vote le 18 juillet 1913. Grâce à lui, lorsque la guerre éclate (2 août 1914), l'armée française a comblé une partie de son handicap, face à la puissante armée allemande.
Les premiers revers aux frontières n'entament ni le calme ni la détermination du commandant en chef. Devant la manœuvre allemande de débordement par la gauche, Joffre réussit une retraite générale stratégique sans rupture du front allié et, le 6 septembre, profitant d'une erreur de l'état-major ennemi qui le croit battu, il donne l'ordre d'attaquer sur l'ensemble du front. C'est la victoire de la Marne à laquelle participe Gallieni ; Paris est sauvé. Viennent ensuite la série d'opérations destinées à stopper la « course à la mer » et la stabilisation des fronts, marquée de part et d'autre par de furieuses et sanglantes attaques, en Artois au printemps et à l'automne de 1915, à Verdun et sur la Somme en 1916. Depuis le début de la guerre, la fermeté inébranlable de Joffre a fait de lui le pilote sûr qu'il fallait à l'armée, le temps que les ressources des empires français et anglais entrent en jeu. Mais le général en chef, qui refuse toute immixtion extérieure dans son commandement, n'a pas que des amis dans les milieux politiques. La pression de ses adversaires sur le gouvernement ne cesse de croître et, les résultats de l'offensive de la Somme ayant été jugés insuffisants, Joffre est remplacé par Nivelle en décembre 1916. C'est la disgrâce. Il est cependant élevé à la dignité de maréchal de France le 25 du même mois, mais il n'a pratiquement plus aucun pouvoir. En 1917, il effectue, avec Viviani, une mission aux États-Unis pour préparer l'entrée en guerre de ce pays. Le maréchal y reçoit un accueil triomphal. Les Parisiens aussi l'ovationnent quand, le 14 juillet 1919, il défile sous l'Arc de triomphe à la tête des armées alliées, aux côtés de Foch et de Pétain.
Après la guerre et son élection à l'Académie française, il effectue de nombreuses missions de prestige à l'étranger. Rentré en France, il rédige ses Mémoires qui, terminés en 1928, ne seront publiés qu'après sa mort. Le pays lui fait des funérailles nationales grandioses et le Parlement vote une loi qui déclare que « Joseph Joffre, maréchal de France, a bien mérité de la Patrie ». André DAUBARD

Sa vie

Joseph Joffre naît à Rivesaltes, le 12 janvier 1852, à 8 heures du matin. La famille est aisée, nombreuse et catalane : le père, Gilles Joffre 1823-1899, est tonnelier et sa mère, Catherine Plas 1822-1899, mère au foyer. Élève brillant, il fait d'abord ses études secondaires au lycée François-Arago de Perpignan, puis en 1868 au lycée Charlemagne à Paris en classe préparatoire aux grandes écoles. Classé 14e sur 132 au concours d’entrée à l'École polytechnique de juillet 1869, il est le benjamin de sa promotion car il n'a que dix-sept ans. Un de ses amis dira de lui : Il avait vraiment bon air, sous le frac, avec ses galons d'or tout neufs.
Il suit l'instruction militaire depuis quelques mois quand la guerre franco-prussienne éclate durant l’été 1870. Il est aussitôt affecté au bastion 39, près de La Villette. Il est déçu par la médiocrité de la défense française. Joseph Joffre participe à la guerre comme sous-lieutenant des 8e, 4e et enfin 21e régiments d'artillerie. En mars 1871 seulement, il retrouve l'École polytechnique avec ses camarades. Durant la Semaine sanglante, Joffre se montre hostile à la Commune de Paris.
En juillet 1871, il retrouve une nouvelle fois l'École. À sa sortie de Polytechnique, il choisit le génie militaire et est affecté au 2e régiment à Montpellier en novembre 1871. Promu lieutenant en 1872, il est détaché à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Fontainebleau. Il fait la connaissance d'une jeune veuve, Marie-Amélie Pourcheiroux de six ans son aînée, qu'il épouse le 11 octobre 1873 mais qui meurt en couches quelques mois après, le 3 avril 1874 à Montpellier. Il demande sa mutation.
Joffre est affecté au 1er régiment à Versailles au cours du printemps 1874. Il participe à la reconstruction de l'enceinte fortifiée de Paris puis il dirige la construction du fort de Montlignon Seine-et-Oise, 1874. Initié franc-maçon en 1875, il fait partie de la loge Alsace-Lorraine. Nommé capitaine, le jeune officier part pour Pontarlier travailler aux fortifications du Jura en 1876, puis à celles de Mont-Louis et Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales de 1883 à 1884.
Sa demande de partir en Extrême-Orient est acceptée quelques mois après son dépôt, à la fin de l'année 1884.

Service dans les colonies françaises

De retour à Paris, le capitaine Joffre reçoit sa mutation en Extrême-Orient, où la France cherche depuis plusieurs années à accroître son emprise économique et militaire. En janvier 1885, il embarque à Marseille et arrive sur l'île de Formose un mois et demi plus tard. Là-bas, il est nommé chef du génie sous les ordres de l'amiral Amédée Courbet. Chargé de fortifier la base de Chilung organiser la communication, fortifier et loger, Joffre suit l'objectif de remporter la mainmise sur le Tonkin dans la guerre franco-chinoise.
Deux ans plus tôt, en avril 1883, l'Annam avait accordé un protectorat français sur le Tonkin contre l'avis de la Chine. Nommé chef du génie à Hanoï, Joseph Joffre organise les postes de défense du Tonkin septentrional en juillet 1885. Il tente d'améliorer les hôpitaux, d'ouvrir de nouvelles routes, des digues et des bureaux pour l'armée française. Son supérieur écrit :
Officier très intelligent et instruit. Capable, zélé, tout dévoué à son service. A déjà eu l'occasion de faire de grands travaux de fortification […]. Par son mérite, par sa manière de servir, cet officier est digne d'arriver aux grades élevés de l'armée du génie.
Au mois de septembre suivant, la Chine abandonne toute prétention sur le Tonkin. Très satisfait de son subalterne, Courbet fait décorer l'officier du génie de la Légion d'honneur le 7 septembre. En janvier 1887, le capitaine Joffre obtient sa première citation pour sa participation, au sein de la colonne Brissaud, aux opérations contre la position retranchée de Ba Dinh. Il y dirige les travaux de sape contre la citadelle assiégée et joue un rôle dans la victoire : il est cité à l'ordre de la division du Tonkin mars 1887. En janvier 1888, il quitte le Tonkin pour faire le tour du monde, Chine, Japon et États-Unis.
De retour en France en octobre 1888, il est attaché au cabinet du directeur du génie et promu au grade de commandant l'année suivante. Chef de bataillon, il est affecté au 5e régiment du génie à Versailles où il se spécialise dans la logistique ferroviaire. En 1891, on le retrouve chargé de cours à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Fontainebleau. En octobre 1892, le commandant Joffre est envoyé en Afrique dans la région du Soudan français aujourd'hui le Mal réclamé par le colonel Louis Archinard. Là, son objectif est de diriger la construction d'une ligne de chemin de fer entre Kayes, la capitale de la région depuis 1892, et Bamako.
En décembre 1893, Louis Albert Grodet succède au général Archinard comme gouverneur du Soudan français. Paris lui demande d'étendre la conquête française, mais de manière pacifique à la différence de son prédécesseur. En déplacement à Tombouctou avec son secrétaire le lieutenant Boiteux en janvier 1894, Grodet est irrité par les officiers français. Prétextant un danger réel et malgré le refus du gouverneur, le lieutenant-colonel Bonnier envoie deux colonnes de troupes, terrestre et navale, pour les protéger. La colonne terrestre est confiée au commandant Joffre alors mêlé à la campagne de 1894. Bonnier ayant péri au cours d'une bataille contre les Touaregs, ce sont les hommes de Joffre qui prennent avec succès Tombouctou le 12 février. Le commandant supérieur du Soudan français déclare : D'un esprit élevé, d'un caractère conciliant et très droit, Joseph Joffre a su mettre de côté toutes les questions de peu d'importance qui auraient pu soulever quelques difficultés et compromettre la bonne entente avec les chefs de service […] .
Après la prise et la pacification de Tombouctou, Joffre est promu commandant supérieur de Kayes-Tombouctou avec le grade de lieutenant-colonel en mars 1894. À son départ, la région semble pacifiée. En mars 1895, il est affecté à l'état-major du génie et devient secrétaire de la commission d'examen des inventions pour l'Armée. Il revoit une ancienne connaissance, Henriette Penon, mariée, avec qui il a une liaison. Un enfant, Germaine, nait le 1er janvier 1898 : nul ne saura jamais si l'enfant est bien de Joffre ou du mari de sa maîtresse. Nommé colonel deux ans plus tard, il participe sous les ordres du général Joseph Gallieni, gouverneur général de Madagascar, à la campagne de colonisation de l'île lancée depuis les années 1895 et 1896. Joffre est alors chargé de la fortification du port de Diego-Suarez pour lutter contre la poche de résistance malgache qui irrite beaucoup Gallieni. À cause d'intrigues politiques, il est contraint de repartir en métropole en janvier 1901. Entre-temps, il est promu général de brigade et rappelé par Gallieni. Joffre est de retour à Madagascar pour achever sa mission en avril 1902. Son travail exécuté, il retourne en France au cours du printemps 1903 ; il est fait commandeur de la Légion d'honneur.

LMire La suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10417#forumpost10417

À la tête de l'Armée française

Après un bref passage comme commandant de la 19e brigade de cavalerie à Vincennes, il est nommé directeur du génie au ministère de la Guerre en janvier 1904. Le 26 avril 1905, âgé de cinquante-trois ans, il épouse civilement Henriette Penon. La même année, il obtient sa troisième étoile de général de division et devient en 1906 le nouveau chef de la 6e division d'infanterie à Paris, puis il est nommé inspecteur permanent des écoles militaires en janvier 1907. En mai 1908, le divisionnaire prend en charge le commandement d'un corps d'armée : le 2e corps d'armée à Amiens. Le général Joffre devient membre du Conseil supérieur de Guerre en mars 1910. Il prend une part active dans l'élaboration des plans de stratégie militaire contre l'Allemagne.
Le 19 juillet 1911, le général Victor-Constant Michel, chef d'État-Major et président du Conseil supérieur de guerre, présente son plan XVI. Celui-ci propose une attente défensive et un élargissement du front jusqu'à la Belgique en mobilisant tous les réservistes. Il est rejeté à l'unanimité par les membres du Conseil. Le 28 juillet, qualifié d'incapable par le ministre de la Guerre Adolphe Messimy, il est destitué de ses fonctions en Conseil des ministres.
Messimy réforme le haut commandement militaire français. Les fonctions de chef d'État-Major général et de généralissime ne font plus qu'une. Dans un premier temps, le général Gallieni, 62 ans, est consulté pour prendre la tête de l'Armée ; mais il refuse en faisant état de la limite d'âge 64 ans et de sa santé fragile. Deux autres généraux sont proposés : Paul Pau et Joseph Joffre. Le général Pau refuse pour deux raisons : son âge également de 62 ans et le fait que le gouvernement aura son mot à dire sur la nomination de ses officiers généraux. Par défaut, c'est Joffre qui est nommé le 28 juillet 1911.
À 59 ans, il est un des plus jeunes généraux de l'époque, également un des rares officiers de haut rang à avoir une expérience internationale Formose en 1885, Japon en 1888 et enfin il a été un des brillants artisans de l'enracinement de la France dans tous les territoires d'outre-mer Tonkin, Soudan français, Madagascar. Le 2 août 1911, le généralissime exige la nomination du remuant général Édouard de Castelnau pour le seconder à la tête de l'État-Major.
En août 1911, éclate le coup d'Agadir : il y a danger de guerre. Le président du Conseil Joseph Caillaux se renseigne auprès de Joffre :
« Général, on dit que Napoléon ne livrait bataille que lorsqu'il pensait avoir au moins 70 % de chances de succès. Avons-nous 70 % de chances de victoire si la situation nous accule à la guerre ? »
« Non, je ne considère pas que nous les ayons » répond Joffre.
« C'est bien, alors nous négocierons… » décide Caillaux
Conscient que le conflit est proche et de dimension mondiale, Joffre réorganise l'Armée. Il obtient des financements importants, met en place les aspects logistiques, les infrastructures indispensables et enfin il mise sur de nouvelles unités : l'artillerie lourde et l'aviation. En dernier lieu, le généralissime consolide durant l’année 1913 les rapports avec la Russie et l'Angleterre, avec qui la France s'est engagée militairement au sein de la Triple-Entente depuis août 1907.
Au cours de l’été 1914, l'Armée française achève de combler une partie de son handicap face au puissant voisin grâce à l'organisation du généralissime Joffre. Le 11 juillet, le généralissime est fait grand-croix de la Légion d'honneur.

L’offensive à outrance La coopération franco-britannique

En juillet 1911, à la suite de la crise d'Agadir occasionnée par l'envoi d'une canonnière allemande, le général Henry Hughes Wilson, directeur des opérations au ministère de la Guerre, se rend à Paris pour suivre les manœuvres françaises. Les Anglais coopèrent avec la France mais ils poussent Caillaux à réagir fermement vis-à-vis de l'Allemagne. Joffre témoigne :
« C'est … du début de cette période que datent les premières conversations entre l'État-Major français et l'État-Major britannique. Le général Wilson vint en France travailler avec nous et préparer le débarquement éventuel d'un corps expéditionnaire britannique. Il fut le premier et bon ouvrier de cette collaboration. »
Au fil des mois, le rapprochement des Français et des Britanniques se précise. On décide du volume de soldats britanniques disponibles, qui seraient prêts à intervenir en cas de conflit et à quel moment :
« Nous souhaiterions savoir si les relations établies entre états-majors sont la conséquence d'un traité ou d'un accord verbal entre les deux gouvernements, ou bien s'ils résultent d'un consentement tacite entre ceux-ci. En outre, peut-on admettre que, selon toutes probabilités, l'Angleterre serait à nos côtés dans un conflit contre l'Allemagne ?
Le chef d'État-Major exige que l'Armée soit profondément réformée la doctrine militaire, les règlements, le matériel, le haut commandement et la mobilisation, alors qu'elle est divisée par l'affaire des fiches et les influences politiques. D'ailleurs, le 19 juillet 1913 une loi instituant le service militaire à trois ans est votée. Le nouveau haut commandement élabore divers plans d'offensive dont le fameux plan XVII. Ce dernier est l'œuvre d'un des stratèges de l'État-Major qui donne des conférences au centre des hautes études militaires, le colonel Louis Grandmaison pour qui — comme pour beaucoup d'officiers français — l'objectif primordial est la récupération de l'Alsace-Lorraine perdue en 1871. Joffre fait également établir des thèmes de travail et des règlements qu'on expérimente lors des manœuvres sur le terrain.
Le 21 février 1912 a lieu une réunion secrète au Quai d'Orsay à Paris, à laquelle le général Joffre est présent : l'objectif est la mise en commun des différentes mesures des États-Majors russes, britanniques et français. Rapidement la question de la neutralité belge arrive dans les débats. En janvier 1912 à ce sujet, le président du Conseil Raymond Poincaré conseille à Joffre de se montrer prudent afin de ménager l'opinion anglaise :
En tout état de cause, il faudrait assurer qu'un plan de pénétration française en Belgique ne déterminerait pas le gouvernement britannique à nous retirer son concours.
Joffre prévoit dans son plan XVII une pénétration préventive en Belgique mais le gouvernement l'en dissuade. En effet, en novembre 1912, la Belgique est toujours neutre en vertu des traités de 1831 et 1839. Ceux-ci lui font un devoir de se défendre contre toute intrusion militaire et d'appeler immédiatement ses garants qui sont la France, l'Angleterre et l'Allemagne. Dans le cas d'une initiative militaire française, la Belgique se trouverait ipso facto obligée d'appeler l'Angleterre à son secours, mais aussi l'Allemagne. Donc si la France violait la première la neutralité belge, il en résulterait un embarras diplomatique avec l'Angleterre et cela donnerait un avantage numérique consolidé à la Triplice.

Mise en place du plan XVII

Le plan XVII esquisse une stratégie : la victoire dépend de la supériorité des forces morales. Il s'agit pour la plupart des généraux de reprendre les provinces perdues uniquement grâce à l'esprit combatif et à la volonté des soldats seulement armés de fusils à baïonnette accompagnés du canon de 75 : la guerre à outrance. Stratégiquement, pour Joffre la clé de la victoire c'est de rompre le front adverse pour déboucher sur les vastes espaces où la vraie guerre pourrait avoir lieu. Pourtant certains se montrent plutôt hostiles à la proposition du généralissime : c'est le cas du capitaine Bellanger, du général Estienne, du général Lanrezac et du colonel Pétain.
Ces derniers préconisent plutôt la puissance matérielle de l'artillerie, la manœuvre et l'initiative. D'autant que l'État-Major général sous-estime la puissance militaire allemande. Helmuth von Moltke dirige une armée rapide, facilement manœuvrable et surtout une double stratégie à la fois offensive et défensive mitrailleuses. Joffre est à la base un officier du génie qui n'a pas reçu les enseignements de l'École de guerre. Il n'a qu'une maigre expérience de la direction d'une armée et il fait confiance aveuglément au plan XVII en minimisant le rôle de l'artillerie lourde.
Depuis 1904, l'État-Major français est en possession du plan Schlieffen fourni par un officier allemand félon, qui prévoit la prise de Paris et la défaite française en quarante-et-un jours. Le général Joffre, qui dirige les opérations sur le terrain, est persuadé que les Allemands ne vont pas utiliser toutes leurs réserves — comme le prétendait le général Michel — et qu'ils ne pourront pas à la fois mener une grande offensive en Belgique, comme leur plan le prévoit, et repousser les assauts du plan XVII en Lorraine. Ce que le généralissime n'a pas prévu, c'est qu'en Lorraine l'ennemi a rassemblé des forces importantes et qu'il a la supériorité du feu mitrailleuses et artillerie lourde. La plupart des officiers français, eux, ne veulent pas entendre parler de ces armes modernes ; ils les jugent superflues… Excepté le canon de 75, l'artillerie française est très inférieure à l'allemande. Début 1914, l'artillerie lourde française est constituée de 280 pièces pour 848 à l'artillerie allemande.

Échec du plan XVII : Surtout, pas d'affolement !

Principales erreurs stratégiques françaises au début de la Première Guerre mondiale.
Le 29 juillet 1914, l'Angleterre demande à la France et à l'Allemagne si elles s'engagent à respecter la neutralité belge en cas de guerre : la France accepte. Le lendemain, Joffre obtient l'autorisation du ministre de la Guerre de replier les troupes de couverture à dix kilomètres de la frontière afin d'éviter toute provocation. Grâce à cette tactique, si les armées allemandes veulent entrer au contact des armées françaises, elles devront franchir la frontière, assumant le rôle d'agresseur. La France pourra alors stigmatiser l'Allemagne et s'assurer la faveur de l'opinion anglaise et l'aide militaire future de la Grande-Bretagne. Ceci d'autant plus que celle-ci est tenue, par son engagement de garante de la neutralité belge, d'intervenir contre l'Allemagne qui a elle-même garanti la neutralité belge. En attendant, l'Angleterre reste réservée, attendant l'initiative allemande.
Le 1er août 1914, l'Allemagne et la France décrètent la mobilisation générale. Le 3, l'ambassadeur d'Allemagne von Schoen se présente au président du Conseil René Viviani pour lui remettre la déclaration par laquelle l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 3 août, l'Allemagne lance un ultimatum à la Belgique d'avoir à laisser passer ses troupes qui vont attaquer la France suivant le plan Schlieffen. Le 4 août, le roi des Belges Albert 1er et le gouvernement belge soutenus par le Parlement, rejettent l'ultimatum et annoncent que la Belgique se défendra. L'Angleterre annonce le lendemain son intention de se battre aux côtés de la Belgique pour honorer sa garantie à la neutralité belge. Le 5 août, la Ire armée de von Kluck déferle sur Liège où l'armée belge de campagne résiste à un contre trois en manœuvrant par contre-attaque dans les intervalles des forts. Le 8 août, Joffre, qui ne vole pas au secours des Belges, laisse les Allemands dérouler leur stratégie et ordonne aux 1re et 2e armées françaises de passer à l'offensive en Lorraine, en Alsace et dans les Ardennes pour attaquer de front les troupes allemandes : c'est la bataille des Frontières. Quant aux Anglais, ils entrent en Belgique et placent à Mons leur armée limitée à quatre divisions car ils ne sont pas en force pour s'aventurer plus à l'Est et au Nord pour aider les Belges.
Fonction Responsable Durée
Commandant en chef des opérations Gal Joseph Joffre 2 août 1914 - 26 décembre 1916
Major général Gal Émile Belin 2 août 1914 - 22 mars 1915
1er aide major général Gal Henri Berthelot 2 août 1914 - 22 novembre 1914
2e aide major général Gal Céleste Deprez 2 août 1914 - 21 août 1914
Directeur de l'Arrière Gal Édouard Laffon de Ladébat 2 août 1914 - 30 novembre 1914
L'organisation sur le terrain du général Joffre au 2 août 1914
Armée française Commandant en chef Secteur Durée
1re armée Gal Auguste Dubail Vosges 2 août 1914 - 5 janvier 1915
2e armée Gal Édouard de Castelnau Lorraine orientale 2 août 1914 - 21 juin 1915
3e armée Gal Pierre Xavier Emmanuel Ruffey Lorraine occidentale 2 août 1914 - 30 août 1914
4e armée Gal Fernand Langle de Cary Aisne-Ardennes 2 août 1914 - 11 décembre 1915
5e armée Gal Charles Lanrezac Ardennes-Belgique 2 août 1914 - 3 septembre 1914
armée des Alpes Gal Albert d'Amade Alpes 2 août 1914 - 17 août 1914
armée d'Alsace Gal Paul Pau Alsace 11 août 1914 - 28 août 1914

Alsace

Joffre confie le commandement de l'armée d'Alsace à l'un de ses proches collaborateurs, le général Pau, dont l'objectif est de libérer en quelques semaines la province perdue. Une partie de la 1re armée dirigée par le général Auguste Dubail entre en Alsace par Belfort puis s'établit sur le bord du Rhin le 4 août 1914. Le VIIe corps d'armée entre à Thann le 7 et à Mulhouse le 8. À Paris on félicite Joffre :
Mon général, l'entrée des troupes françaises à Mulhouse, aux acclamations des Alsaciens, a fait tressaillir d'enthousiasme toute la France. La suite de la campagne nous apportera, j'en ai la ferme conviction, des succès dont la portée militaire dépassera celle de la journée d'aujourd'hui. Mais, au début de la guerre, l'énergique et brillante offensive que vous avez prise en Alsace nous apporte un précieux réconfort. Je suis profondément heureux, au nom du Gouvernement, de vous exprimer toute ma gratitude.
Cependant, la contre-offensive allemande est terrible et rapide, le général Pau est contraint d'évacuer l'ensemble de l'armée d'Alsace le 25 août. Seules Thann et sa région restent françaises jusqu'à la fin de la guerre. Cette nouvelle provoque un vent d'inquiétude dans toute la France.

Lorraine

La Lorraine française est quadrillée d'un réseau de places fortifiées conçu par le général Séré de Rivières au lendemain de la guerre de 1870 places de Verdun, de Toul, d'Épinal et de Belfort. Joffre ordonne à la 3e armée d'avancer jusqu'à Sarrebruck puis de lancer une offensive sur le Luxembourg. La 2e armée dirigée par Castelnau s'engage sur le secteur de Morhange le 19 août. C'est un véritable carnage : l'infanterie française perd 8 000 hommes en deux jours bataille de Morhange. Le 20 août, Castelnau ordonne le repli sur Lunéville.
L'autre partie de la 1re armée de Dubail est impliquée dans la bataille de Sarrebourg, où le commandant parvient à maintenir ses positions ; mais faute de renfort à l'ouest par la 2e armée, il doit se replier également. Forts de leurs contre-offensives, les Allemands se lancent sur Nancy, où ils sont repoussés par le 20e corps d'armée dirigé par le général Foch.

Ardennes

Lorsque Joffre apprend que les troupes allemandes pénètrent en Belgique, il réoriente la 5e armée du général Lanrezac vers le nord pour couvrir les autres armées du mouvement tournant sud-sud-ouest prévu par le plan Schlieffen. Joffre ordonne à la 5e armée d'attendre devant Mézières et d'affronter la IIe armée de von Bülow à son arrivée. Plus à l'ouest, le corps expéditionnaire britannique affronte la Ire armée allemande de Moltke à Mons. Cependant manquant d'hommes, Lanrezac fait appel à une division de réserve, qui arrive trop tard. Le 14 août, Lanrezac rencontre Joffre en personne et lui expose une seconde fois sa crainte d'une grosse offensive allemande sur l'ouest.
Le généralissime rétorque : Nous avons le sentiment que les Allemands n'ont rien de prêt par là. J. Joffre, 14 août 1914.
Les Belges, quant à eux, qui ne peuvent compter, à ce stade de la guerre, sur l'arrivée des Anglais et des Français, se replient le 19 août après avoir retenu 150 000 Allemands devant les forts de Liège puis en les battant lors d'une bataille d'arrêt dite bataille de la Jette. Quant aux Anglais, n'étant pas en nombre suffisant pour participer offensivement à la bataille commune avec quatre divisions, ils tentent d'affronter l'armée allemande à Mons le 23 août. C'est au soir de ce même jour que Lanrezac ordonne, de son propre chef, la retraite de son armée vers Maubeuge pour éviter un nouveau Sedan, c'est-à-dire un enveloppement complet de son armée par l'ennemi. Joffre est furieux.
Le bilan à la fin du mois d’août 1914 est lourd pour l'État-Major français. Ses différentes attaques se sont révélées inutiles et surtout désastreuses : on estime les victimes à plus de 100 000 morts côté français, des soldats en capote bleue et au pantalon rouge qui attaquent de front face aux mitrailleuses allemandes. Quasiment toutes les armées françaises battent en retraite et sont dans l'ensemble désordonnées. Joffre ordonne qu'on pourchasse et qu'on exécute non seulement les fuyards mais également tout officier faisant preuve « d'insuffisance et de faiblesse, mais encore d'incapacité ou de lâcheté manifeste devant l'ennemi. Depuis le 3 août, le gouvernement autorise le commandement militaire à faire exécuter les sentences de mort. Devant ce qui peut laisser augurer une défaite française, l'État-Major allemand décide de se diriger sans tarder sur Paris, pensant que la prise de la capitale pourrait entraîner l'effondrement de la France.
« Nos troupes si visibles avec leurs culottes rouges, nos officiers plus visibles encore avec leur tenue différente de celle de la troupe et l'obligation que leur faisait le Règlement de se tenir nettement hors du rang, s'étaient aventurées sur des polygones parfaitement repérés, où artillerie et infanterie tiraient à coup sûr. »
L'erreur de nos états-majors dirigeants a été de ne croire qu'à la guerre de mouvement et de nier la guerre de siège, de la nier non seulement avant, mais pendant la guerre elle-même.
Je ne sais qui l’a gagnée, mais je sais qui l'aurait perdue. J Joffre

La bataille de Guise

Joffre ordonne à la 5e armée de Lanrezac le lancement d'une offensive de flanc contre la IIe armée allemande autour de Guise afin de soulager d'une part le corps expéditionnaire anglais épuisé et d'autre part pour reprendre Saint-Quentin. Le 28 août, le général Douglas Haig fait savoir que son corps ne pourra pas renforcer Lanrezac à Saint-Quentin.
À l'est, les hommes du général Langle de Cary 4e armée se battent héroïquement face aux Allemands. Le commandant en chef vient en personne au QG de Lanrezac ; il est très optimiste et il espère une belle offensive sur Saint-Quentin :
Pousser l'attaque à fond, sans s'inquiéter de l'Armée anglaise.
Le 29 août, Bülow lance une grande offensive sur Guise. Le 10e corps d'armée et la 51e division de réserve sont contraints de reculer. L'attaque sur Saint-Quentin est désormais impossible, sinon la 5e armée risque d'être prise en écharpe. Joffre revient au QG de Lanrezac qui doit modifier l'avancée. Au lieu d'attaquer Saint-Quentin, le 3e corps d'armée oblique sur la droite pour attaquer Guise par l'ouest. Ce dernier est aidé par le retour du 10e corps qui attaque par le sud. La supériorité numérique allemande est écrasante, et Bülow est maître de l'Oise.
Le 1er corps du général Franchet d'Esperey est dépêché sur place. Il dirige l'assaut contre les troupes et les ponts : le Xe corps allemand est arrêté puis l'ensemble de l'armée allemande bat en retraite vers le nord. Le 18e corps français s'arrête aux portes de Saint-Quentin. Le commandant allemand appelle alors son homologue von Klück afin qu'il vienne en renfort à la tête de sa Ire armée. Cette dernière, qui se dirigeait sur Paris, change sa direction et bifurque vers le sud-est, offrant son flanc aux armées françaises. C'est à ce moment que manquent les 150 000 hommes retenus en Belgique par le siège de la place forte d'Anvers, la plus grande du genre en Europe avec ses trois ceintures de forteresses, depuis laquelle les Belges lancent trois sorties successives entre la fin août et la mi septembre, empêchant le commandement allemand de renforcer ses armées qui marchent sur Paris et dans l'Est de la France.

Stratégie de Joffre L'organisation sur le terrain du général Joffre au 3 septembre 1914

Armée française Commandant en chef Secteur Durée
1re armée Gal Auguste Dubail Vosges 2 août 1914 - 5 janvier 1915
2e armée Gal Édouard de Castelnau Lorraine orientale 2 août 1914 - 21 juin 1915
3e armée Gal Maurice Sarrail Lorraine occidentale 30 août 1914 - 22 juillet 1915
4e armée Gal Fernand Langle de Cary Aisne-Ardennes 2 août 1914 - 11 décembre 1915
5e armée Gal Louis Franchet d'Esperey Ardennes-Belgique 3 septembre 1914 - 31 mars 1916
6e armée Gal Michel Maunoury Paris 17 août 1914 - 13 mars 1915
9e armée Gal Ferdinand Foch Autour de Paris 29 août 1914 - 7 octobre 1914
Le 1er septembre 1914, Joffre esquisse la nouvelle situation stratégique. Il a la bonne idée de déplacer l'aile gauche de la 5e armée sur Paris, puisque les Allemands ont pour objectif la capitale française et l'enveloppement des armées. Le commandant en chef en profite pour rencontrer Lanrezac au QG de la 5e armée à Sézanne. Accompagné du commandant Maurice Gamelin, il lui annonce qu'il est obligé de lui enlever le commandement de l'armée, où il sera remplacé par Franchet d'Esperey :
« Vous faites des observations à tous les ordres qu'on vous donne !
Lanrezac dira à la suite de cette entrevue :
« À la place du général Joffre, j'aurais agi comme lui ; nous n'avions pas la même manière de voir les choses, ni au point de vue tactique ni au point de vue stratégique ; nous ne pouvions pas nous entendre.
Pourtant, dès le début de la guerre Joffre avait observé :
« Si je venais à manquer, c'est Lanrezac qui devrait me remplacer »
Le généralissime prépare un piège à l'ennemi :
Si les Allemands attaquent Paris et Verdun, ils affaiblissent leur centre.
S'ils négligent au contraire ces forteresses et qu'ils attaquent les lignes françaises, ils exposent leurs flancs à une double manœuvre enveloppante préparée entre Paris et Verdun.
Joffre met son plan en marche :
Verdun est renforcé et prêt à soutenir un siège.
la 6e armée est créée des suites de l'armée d'Alsace 26 août 1914 ; l'objectif de son commandant, le général Maunoury est double : couvrir Paris et envelopper par la gauche les armées ennemies ;
la 9e armée est créée avec des éléments des 3e et 4e armées 5 septembre 1914 ; l'objectif de son commandant, le général Foch, est de lancer des offensives centrales, appuyées par la 4e armée de Langle de Cary ;
la 3e armée confiée au général Maurice Sarrail a également un double objectif : envelopper par la droite les armées ennemies et gérer la défense des forts de la Meuse Verdun ;
Joffre prend personnellement le commandement du camp de Paris.
Le 3 septembre, Franchet d'Esperey arrive à proximité de la Marne avec sa 5e armée. Le général Maunoury dirige la protection de la capitale extra muros pendant que la protection intérieure est organisée par le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Sarrail s'apprête à enrayer la Ve armée du Kronprinz. Quant à Joffre, qui transfère son Quartier général de Vitry-le-François à Bar-sur-Aube, il organise l'ensemble avec un calme imperturbable.
Face à la menace, le gouvernement a quitté Paris pour Bordeaux. Durant la journée, un avion d'observation de la 6e armée décèle un changement important dans la marche des armées allemandes : une colonne ennemie se détourne de Paris pour se rabattre sur Meaux. Gallieni, qui vient de comprendre la manœuvre d'enroulement allemande en informe le GQG et demande l'autorisation de lancer la 6e armée dans le flanc de cette armée ennemie.
Le 4 septembre, après plusieurs heures de réflexion et un problème de coordination avec Gallieni, le général Joffre est décidé : il va attaquer. Le 6 au matin, il lance toutes les armées à l'attaque.
Gallieni me demandait au téléphone. Il venait de rentrer de son quartier général. Il avait trouvé mon télégramme lui prescrivant de porter la 6e armée sur la rive gauche de la Marne, au sud de Lagny. Cette prescription venait modifier les ordres que Gallieni lui-même avait donnés à Maunoury pour le lendemain après-midi. Je le rassurai en lui faisant connaître que, depuis l'envoi de mon télégramme de treize heures, j'avais pris la résolution d'engager une offensive générale à laquelle la 6e armée devait participer […]

Bataille de la Marne Première bataille de la Marne.

La tactique de Joffre est claire : les ailes gauche 6e armée, appuyée par la 5e armée et l'armée anglaise et droite 3e armée ont pour mission d'envelopper les armées allemandes et le centre 9e et 4e armées de les déstabiliser par des offensives frontales. Le 5 septembre, dans l'après-midi, le général Maunoury lance ses hommes dans une attaque enveloppante entre l'Ourcq et Château-Thierry. Les hommes de French, de Franchet d'Esperey et de Foch appuient cette attaque. Le commandant en chef prend le soin d'envoyer un message aux troupes :
Au moment où s'engage une bataille d'où dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis, et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée
L'ensemble des armées lance l'offensive le lendemain à l'aube. Sur l'aile gauche, von Klück, occupé avec le mouvement enveloppant de Maunoury, n'arrive pas à venir à bout de l'armée de Foch pourtant épuisée mais qui tient bon. Sur l'aile droite, Sarrail est en mauvaise posture entre Paris et Verdun, ses corps sont durement touchés, le chef de la 10e division est mort au combat. Le 7 septembre, les Allemands arrivent même à ouvrir une brèche entre la 3e et la 4e armée. La situation est critique pour Sarrail. Le lendemain, le 15e corps de la 2e armée lui arrive en renfort. Au soir du 8, les armées sont épuisées et le bilan est un statu quo :
La clé de la victoire vient de l'arrière français : l'armée de French et la 5e armée de Franchet d'Esperey sont encore fraîches alors que les Allemands n'ont plus de réserves pour le moment. Le 9, von Klück lance des assauts désespérés contre Maunoury, qui est mis à mal mais qui obtient des renforts en hommes et en matériels de Gallieni par le biais des fameux taxis de la Marne. De son côté, Foch est appuyé par le 10e corps de la 5e armée et par la division marocaine du général Humbert. Les Allemands entament leur retraite. Le 9, Franchet d'Esperey envoie alors l'ensemble de ses lignes à la poursuite de l'ennemi et libère Château-Thierry et Montmirail.
Le 13 septembre, Joffre annonce la victoire au gouvernement :
« Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout l'ennemi est en retraite. À notre gauche, nous avons franchi l'Aisne en aval de Soissons, gagnant ainsi plus de cent kilomètres en six jours de lutte. Nos armées au centre sont déjà au niveau de la Marne et nos armées de Lorraine et des Vosges arrivent à la frontière. »
La paternité de la victoire de la Marne est complexe. À la base elle a été permise grâce au général Lanrezac, un officier de génie non reconnu par Joffre qui, par sa victoire à Guise, a neutralisé en partie l'armée de von Bülow qui devait rejoindre von Klück sur Paris. Bien entendu, elle a découlé des conceptions de l'État-Major général, à la base de la création des 6e et 9e armées qui ont eu un rôle majeur, mais elle n'a pas suivi la tactique d'enveloppement de départ préparée par Joffre. Les généraux Gallieni et Maunoury, véritables artisans sur le terrain de la victoire, ont obligé l'ennemi à découvrir son centre droit, où une brèche s'est ouverte pour les hommes de French et de Franchet d'Esperey.

Stabilisation du front Première gloire

La bataille de la Marne couvre de gloire le général Joffre qui, aux yeux de tous, est le véritable vainqueur. Face aux quelques polémiques, le général Pétain dit : Que cela plaise ou non, Joffre est à jamais le vainqueur de la Marne. Le commandant en chef a permis de sauver Paris et d'éviter à l'Armée française l'anéantissement. Dans tout le pays ainsi que chez les Alliés, Joffre jouit d'une très grande popularité. Le vainqueur de la Marne fait l'objet d'un véritable culte qui va se maintenir jusqu'à sa mort. Une certaine joffrolâtrie s'installe en France. De nombreuses images d'Épinal montrent le chef comme le vainqueur ayant écarté le danger. Des poèmes, des assiettes, des statuettes à son effigie mettent en avant sa gloire. Des centaines d'enfants sont prénommés Joffre ou Joffrette tant en France qu’au Canada ou aux États-Unis. Il incarne le Père tranquille et protecteur qui tient dans ses bras la République allégorie du journal Le Rire rouge, automne 1914.
Pourtant, l'ennemi renaît rapidement de ses cendres sur l'Aisne. L’État-Major français comprend alors que la guerre, qu'on pensait conclure en quelques semaines, risque d'être plus longue que prévue. Une seconde responsabilité incombe à Joffre : préparer la France à une guerre longue et éprouvante. Il commence par envoyer à Limoges et à assigner à résidence cent trente-quatre généraux qui lui semblent incompétents de là naîtra le verbe limoger et le nom limogeage, il multiplie les inspections sur le terrain, il renforce les contacts avec les forces alliées pour constituer différents fronts d'attaque et enfin il tente de résoudre des problèmes proprement militaires.
.Joffre continue de veiller aux progrès de l'aéronautique, qui a une place à part entière dans le conflit. Le 8 octobre 1914, il affirme :
« Ces résultats montrent que l'aviation est à même de rendre les plus grands services et de justifier la confiance que le commandement place en elle
Il doit aussi faire face à une crise des munitions, à un manque de canons lourds, à l'absence de l'artillerie qui se font sentir au cours de la bataille de l'Aisne.
De la Course à la mer aux batailles du Nord

La bataille de l’Aisne 13 septembre - 24 septembre 1914

Après leur défaite sur la Marne, les divisions allemandes se replient vers le nord, sur l'Aisne, entre le 10 et le 14 septembre. Quant à Joffre, il veut profiter de sa posture de vainqueur et ordonne aux armées françaises et britanniques d'attaquer les armées ennemies le 13. Encore une fois, il préconise la tactique d'enveloppement du flanc droit allemand. Sur le Chemin des Dames, déjà en 1914, le corps expéditionnaire et la 6e armée ne parviennent pas à venir à bout d'un ennemi équipé d'une puissante artillerie lourde.
Le 17, la manœuvre de Joffre est un échec, les Allemands renforcent leur droite avec la VIIe armée de von Heeringen venue en renfort. Mais décidé à en finir en enveloppant par le nord-ouest, il appelle une partie des troupes de Castelnau, stationnées en Lorraine. Le 20, une énergique offensive française est lancée entre Noyon et Péronne. En vain. Les lignes françaises manquent de matériel pour lancer des offensives efficaces munitions, stocks divers, nourriture, artillerie lourde. Le commandant des forces allemandes, von Bülow, a imaginé un efficace retranchement de ses troupes et lance à son tour des contre-manœuvres qui obligent l'armée française à s'allonger sans cesse vers le nord. Cet étalement du front jusqu'à Dunkerque, c'est le début de la Course à la mer qui réunit les Belges du roi Albert aux Français de Ronarc'h. Le roi accepte de placer son armée sous le commandement de Joffre qui dirige, dès lors, une stratégie globale réunissant les franco-anglo-belges.
À partir du 18 septembre, les combats continuent autour du massif de l'Aisne ; l'armée anglaise essuie de lourdes pertes. Trois jours après, le général Castelnau fait son entrée à Noyon, mais il ne peut s'y maintenir longtemps. Cependant, les lignes allemandes sont contenues. Le 22, il faut désormais déloger l'ennemi de ses positions : la 4e brigade du Maroc tirailleurs sénégalais et algériens se lance avec beaucoup de courage dans les bois et permet de gagner du terrain. Les prochaines attaques se révèlent infructueuses.

De Noyon à Dunkerque 24 septembre - 4 novembre 1914

La 2e armée subit un ralentissement de son avancée de jour en jour. Joffre rappelle Castelnau à l'ordre :
Rectifiez la marche de vos deux corps de gauche orientée trop à l'est, et redressez-la franchement vers le nord !
En effet, c'est toujours plus vers le nord que tout se joue. Là-bas, la cavalerie allemande du général von Marwitz harcèle les lignes françaises dans le secteur de Ham. Le 24, Joffre prend connaissance du fait que les Allemands ont amené toutes les forces qu'ils avaient en Belgique après avoir échoué à écraser l'armée belge. Il écrit au ministre de la Guerre Alexandre Millerand :
Le moment est venu pour l'armée belge d'agir sur les communications de l'ennemi.
Mais c'est ce que les Belges faisaient depuis le mois d'août en adoptant la tactique de l'avant-garde générale, chère à Napoléon, qui consiste à manœuvrer sur les flancs et les arrières ennemis en les attaquant pour gêner ses communications et, surtout, pour l'empêcher de réunir ses forces en un seul corps. C'est cela qui a fait que 150 000 hommes, ainsi que de l'artillerie lourde, manquèrent aux Allemands lors de la bataille de la Marne.
À partir du 26 septembre, l'ensemble des divisions françaises se heurtent à des forces ennemies considérables. Il faut des renforts autour d'Amiens. Joffre organise efficacement la venue de nouvelles divisions par camions et par trains en provenance de Compiègne. Le général Castelnau se maintient péniblement dans le Sud. Il organise plutôt efficacement la situation sur le long terme, mais il n'a pas assez de moyens matériels et d'hommes pour lutter contre von Bülow. Le 2 octobre, les combats font rage au nord d'Arras vers Lens et Béthune. L'objectif du commandement allemand est d'empêcher la remontée des troupes françaises vers le nord avec l'arrivée de nouveaux renforts.
Le 3 et le 4 octobre, le 10e corps d'armée de Castelnau subit plusieurs échecs en Artois. Il prévoit de reporter ses troupes en arrière. Mais Joffre lui ordonne d'aller de l'avant, car sinon cela donnerait l'impression d'une défaite. Le corps est bombardé dans les faubourgs d'Arras. Joffre préconise aux commandants français qu'ils doivent veiller à ce que l'inviolabilité du front soit maintenue. Il télégraphie aux généraux d'armée :
Fortifiez-vous le plus possible sur tout votre front. Agissez avec le maximum d'énergie. Nous étudions les moyens de vous amener des renforts.
Le commandant en chef envoie des renforts, surtout des troupes anglaises et belges dans les Flandres. Les Belges ont pu quitter Anvers après un mois de siège en évitant l'encerclement. rejoignant la côte avec le concours d'une unité française, les fusiliers marins de l'amiral Ronarc'h. Le roi Albert Ier déclare même qu'il est prêt à recevoir les instructions de Joffre. L'objectif est d'aider les Belges à se maintenir sur l'Yser afin d'empêcher toute offensive allemande contre Dunkerque et Calais. Au début de novembre 1914, la sécurité de l'armée française dans le Nord est consolidée surtout avec l'arrivée de la 42e division puis du 9e corps d'armée.

La bataille des Flandres mi-octobre – mi-novembre 1914

L'État-Major allemand ordonne la prise de Calais. Les alliés Français, Anglais et Belges mettent tout en œuvre pour défendre la région. C'est le début de la guerre de tranchées. Les Belges tendent des inondations en ouvrant les vannes qui protégeaient la plaine de Flandre de la mer. Les premières lignes d'assaut allemandes s'enlisent et reculent en catastrophe, on se bat pour des îlots de boue, des positions sont disputées pendant des jours et des jours, des villages sont ravagés et, à Ypres, les Anglais prennent, perdent et reprennent plusieurs fois la ville qui est ravagée. C'est le général d'Urbal qui commande les troupes françaises et son armée devient l'armée de Belgique. Au GQG, les généraux Belin et Berthelot, adjoints de Joffre, organisent admirablement les mouvements de troupes entre les divers points du front.
Finalement, l'Allemagne est vaincue dans les Flandres. La seule bataille d'Ypres lui coûte plus de 150 000 hommes. Dunkerque et Calais ne sont plus menacés. Après la victoire de la Marne, celle des Flandres popularise davantage le général Joffre. Mais la guerre n'est pas finie.

Nouvelles offensives : Artois et Champagne

«Le silencieux : Joffre
Il ne dit rien mais chacun l'entend.
Dessin de Charles Léandre paru dans
Le Rire Rouge du 19 décembre 1914.

La stratégie du général Joffre

À partir de l'hiver 1914-1915, le front occidental se stabilise de la mer du Nord à Belfort sur près de 750 km. Le conflit a déjà occasionné la perte de 850 000 hommes aux différents belligérants, que ce soit en morts, disparus, blessés ou prisonniers. Depuis l'épisode de la Marne, Erich von Falkenhayn remplace Moltke à la tête de l’État-Major allemand et en novembre 1914, les lignes allemandes sont en difficulté sur le front russe. Falkenhayn ordonne l'envoie de renforts sur le front oriental. Joffre, qui a connaissance de ce transfert, veut une percée sur le front ouest pour déstabiliser l'ennemi. Le 8 décembre 1914, il met au point deux offensives principales : en Artois et en Champagne ; les opérations seront exécutées par la 4e armée de Langle de Cary et la 10e armée de Maud'huy. En prévision, le généralissime garde à sa disposition deux divisions à Compiègne, une à Soissons, une autre à Bar-le-Duc et enfin les divisions du Gouvernement militaire de Paris. Pour Joffre, il les grignote et encore une fois l'année 1915 est marquée par la volonté d'obtenir la rupture.
Il prévoit également des offensives secondaires en Flandres, en Argonne et en Meuse. Le but est de détourner l'adversaire des zones principales d'attaque d'Artois et de Champagne. Il s'agit principalement des Flandres et de La Boisselle, respectivement confiées à la 8e armée du général d'Urbal et à la 2e armée du général Castelnau. Enfin, le dernier dispositif de Joffre réside dans la présence de deux armées défensives : la 6e armée de Maunoury et la 5e armée de Franchet d'Esperey dans l'Aisne et à Reims.

L'opération en Artois 17 décembre 1914 - 15 janvier 1915

L'offensive artésienne a pour but de libérer définitivement le territoire national envahi.
Le général Maud'huy, qui est installé à Cambligneul, lance l'attaque le 17 décembre 1914. Ses objectifs sont Vimy et la route Arras-Souchez. Pour désorienter l'ennemi, on commence l'offensive sur La Bassée. Le général Foch, le commandant du groupe du Nord, arrive le 17 pour prendre les opérations en main. Le 21, il lance une attaque sur Carency, mais le terrain se révèle très difficile, les tranchées sont inondées, les hommes épuisés et les fusils enrayés : les pertes françaises sont lourdes. Finalement, l'artillerie française tient tête aux attaques allemandes. Après de nouvelles attaques meurtrières et inutiles, le général Joffre décide de limiter l'action de la 10e armée à des entreprises ponctuelles et de mettre au repos les troupes le 15 janvier 1915.
Il est à noter que cette opération artésienne n'est mentionnée ni dans les Mémoires de Joffre ni ceux de son adjoint Foch. Pour le général Fayolle : Ce projet me paraît stupide, insensé.

Les opérations en Champagne 20 décembre 1914 - 9 janvier 1915

D'après le dispositif de Joffre, la 4e armée du général de Langle de Cary est couverte à droite par celle du général Sarrail entre l'Argonne et la Meuse. Le Ier corps colonial est le premier à s'élancer le 20 décembre. Il repousse une contre-attaque ennemie, mais les pertes sont lourdes.
Dès le 22, on se contente d'organiser le terrain conquis et de repousser les contre-attaques allemandes. Le 24 suivant, la 33e division prend des positions importantes de la région. Pourtant, le 25, le commandant des opérations modifie son plan et ordonne une poussée vers l'est Perthes-Massiges. Le 30 décembre, il n'y a plus de progression possible, le temps est exécrable et le GQG n'envoie pas assez de munitions. Au total 5 256 soldats ont été tués et la ligne est remontée de deux kilomètres vers le nord
.
Les offensives secondaires Flandres et La Boisselle

En Flandre, Joffre préconise l'attaque à d'Urbal lorsque l'artillerie sera prête. Néanmoins, les Anglais sont tellement impatients que l'attaque est lancée le 14 décembre 1914. Les résultats se révèlent rapidement insuffisants. Le 17, le 20e corps s'empare de 500 m2 de tranchées mais ailleurs, l'ennemi semble invincible. Le terrain est tellement impraticable que Joffre propose au commandant d'adopter la défensive lorsque c'est nécessaire.
Plus au sud, à La Boisselle, Castelnau ordonne l'attaque le 17 décembre sans même lancer l'artillerie. La contre-attaque allemande est meurtrière, les pertes sont lourdes et les gains faibles. Castelnau suspend l'offensive jusqu'au 24. Ce jour, le 118e régiment prend en partie La Boisselle malgré une violente attaque allemande et garde ses positions.
En Argonne, le général Dubail dirige la 1re et la 3e armée. Du 7 au 12 décembre, l'offensive ne rencontre aucun obstacle et s'empare des tranchées ennemies. Mais une contre-attaque provoque 250 morts. Le 13, le terrain est également impraticable dans la Woëvre ; comme ailleurs aucune offensive n'est possible. Le 20, l'infanterie prend avec beaucoup de difficultés Boureuilles, mais menacée d'enveloppement, elle doit se retirer. Globalement, les opérations sont un échec.
Enfin, les armées défensives subissent elles aussi de graves revers. Dans l'Aisne, la 6e armée de Maunoury attaque le plateau de Loges, mais elle subit de lourdes pertes 1 600 morts. À Reims, les hommes de Franchet d'Esperey doivent maintenir les forces allemandes pour soulager la 4e armée française mais aucune offensive ne réussit.
En Artois comme en Champagne, les offensives sont stériles, aucune avancée marquante en cet hiver 1914-1915. Joffre persiste, le plan est maintenu pour le printemps 1915.

Joffre et l’opinion publique

Le Grand Quartier général GQG de Joffre au 22 mars 1915
Fonction Responsable Durée
Commandant en chef des opérations Gal Joseph Joffre 2 août 1914 - 26 décembre 1916
Commandant en chef adjoint des opérations Gal Ferdinand Foch 4 octobre 1914 - 13 juin 1915
Major général Gal Maurice Pellé 22 mars 1915 - 20 décembre 1916
1er aide major général Gal Alphonse-Pierre Nudant 22 mars 1915 - 23 juin 1915
2e aide major général Gal Frédéric Hellot 22 mars 1915 - 23 juin 1915
3e aide major général et responsable de l’arrière Cel Camille Ragueneau 30 novembre 1914 - 4 mai 1917

L’organisation sur le terrain du général Joffre au 22 mars 1915

Armée française Commandant en chef Secteur Durée
1re armée Gal Pierre Auguste Roques Vosges 5 janvier 1915 - 25 mars 1916
2e armée Gal Édouard de Castelnau Lorraine orientale 2 août 1914 - 21 juin 1915
3e armée Gal Maurice Sarrail Lorraine occidentale 30 août 1914 - 22 juillet 1915
4e armée Gal Fernand Langle de Cary Aisne-Ardennes 2 août 1914 - 11 décembre 1915
5e armée Gal Louis Franchet d'Esperey Ardennes-Belgique 3 septembre 1914 - 31 mars 1916
6e armée Gal Pierre Dubois Autour de Paris 13 mars 1915 - 26 février 1916
7e armée Gal Henri Putz ? 7 septembre 1914 - 2 avril 1915
Détachement armée de Lorraine Gal Georges Humbert Lorraine occidentale 9 mars 1915 - 24 juillet 1915
10e armée Gal Louis de Maud'huy Artois 1er octobre 1914 - 2 avril 1915
Armée de Paris Gal Joseph Gallieni Paris 26 août 1914 - 29 octobre 1915
Au 1er janvier 1915, Joffre a, de nouveau, limogé de nombreux généraux. Depuis le début de la guerre on en est à 162 dans la zone des armées dont 3 commandants d'armée, 24 de corps d'armée, 71 de division, etc.. Les raisons sont multiples : soit le commandant a échoué dans sa mission, soit il est incapable d'assumer ses fonctions, soit encore il fait partie des nombreux officiers généraux républicains placés par le général Louis André lorsqu'il était ministre de la Guerre 1900-1902, au cours d'une époque très anticléricale.
En ce début d'année 1915, la situation militaire est nouvelle : les deux armées sont bloquées face-à-face ; aucune manœuvre n'est possible. Les généraux sont formés à l'attaque mobile, aux manœuvres mais pas à une guerre de tranchées. Joffre qui dispose désormais de 2 250 000 hommes, de 286 000 Britanniques et de 110 000 Belges ordonne la reprise de l'offensive pour percer le front allemand et revenir à une guerre mobile comme au début du conflit. Certains de ses subordonnés, tel le général Gallieni, proposent plutôt la défensive, plus appropriée à ce type de conflit. Le lieutenant-colonel Messimy, ancien ministre de la Guerre 1911-1912 devenu chef de corps sur le front, écrit :
« Ces offensives prises partout au hasard, sans idée d'ensemble, sans plan stratégique !
Joffre n'en démord pas. Il est hanté à l'idée d'une défaite russe sur le front oriental. Pourtant, malgré des moyens énormes en Champagne, la 4e armée essuie échec sur échec. La percée est ratée en décembre 1914, de nouveau en janvier 1915, de nouveau en mars. Les pertes françaises sont au total de 92 000 morts. En mai, Foch conduit en vain la deuxième offensive artésienne avec sept corps d'armée, appuyés par 780 pièces d'artillerie légère, 213 d'artillerie lourde et plusieurs escadrilles aériennes.

La troisième offensive de Champagne 24-29 septembre 1915

En Artois, une nouvelle offensive est lancée le 9 septembre 1915 entre Loos-en-Gohelle et Arras contre la VIe armée du prince Rupprecht. Malgré l'aide des Anglais, les violentes offensives françaises restent stériles : deux semaines plus tard, à peine 600 mètres de terrain sont conquis. Le 16 septembre, une dernière offensive généralisée est lancée, mais les soldats sont épuisés et les pertes sont une nouvelle fois énormes : au total, 2 260 officiers et 100 300 soldats y laissent la vie. Joffre ordonne la suspension de l'offensive. Le commandant en chef est sévèrement critiqué à Paris.
Après l'échec en Artois, zone trop étroite, Joffre veut concentrer ses attaques sur la Champagne qui semblerait être le secteur de prédilection de l'armée française. On se bat également en Argonne, où la 3e armée de Sarrail prête main forte sur l'aile droite de la 4e armée. Ici aussi, une seconde fois, les combats sont sanglants. Le 24 septembre, Joffre donne à lire une déclaration à tous les soldats :
« Soldats de la République ! Après des mois d'attente qui nous ont permis d'augmenter nos forces et nos ressources, tandis que l'adversaire usait les siennes, l'heure est venue d'attaquer pour vaincre et pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de la Marne et des Flandres, des Vosges et d'Arras. Derrière l'ouragan de fer et de feu déchaîné grâce au labeur des usines de France, où vos frères ont nuit et jour travaillé pour vous, vous irez à l'assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées des Alliés. Votre élan sera irrésistible. Il vous portera d'un premier effort jusqu'aux batteries de l'adversaire au-delà des lignes fortifiées qu'il nous oppose. Vous ne lui laisserez ni trêve ni repos jusqu'à l'achèvement de la victoire. Allez-y de plein cœur pour la délivrance du sol de la patrie, pour le triomphe du droit et de la liberté. Joffre.
L'attaque est lancée le 24 à 9 h 45. Les soldats portent le nouvel uniforme bleu horizon et un casque. Joffre a nommé le général Castelnau responsable de la manœuvre. Ce dernier dirige la 2e armée du général Pétain et la 4e de Langle de Cary. Pétain commence par lancer le corps colonial, mais les réserves arrivent avec du retard. Les pertes sont lourdes. Langle de Cary attaque à gauche, mais la situation est encore pire. Le 27, la situation n'a progressé que de quelques mètres. Pétain suspend l'attaque. Castelnau la relance le 28 mais l'élan est brisé par les gaz asphyxiants. Pris d'urgence, Castelnau doit abandonner l'offensive le 29. Les munitions manquent toujours terriblement :
En définitive, la lutte sur le front franco-anglo-belge pendant l'année 1915 apparaît comme une course entre notre matériel offensif chaque jour grandissant, et les organisations défensives allemandes de jour en jour plus solides.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10417#forumpost10417


Posté le : 04/01/2016 15:50
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Joseph Joffre 2
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57675
Hors Ligne
Les opérations en Orient mars - octobre 1915

En février 1915, le président de la République Raymond Poincaré, déçu des échecs à répétition, propose une percée ailleurs qu'en France, en Serbie par exemple. Joffre y est catégoriquement opposé et menace de démissionner. Poincaré cède. Pourtant l'aventure des Dardanelles revient sur le tapis et c'est Winston Churchill qui en est l'artisan. Il prévoit de rétablir la liaison avec la Russie, de porter un coup contre l'Autriche-Hongrie, d'influencer les Balkans et l'Italie et enfin d'installer l'Angleterre sur les détroits. Joffre ainsi que French et Wilson ne sont pas du même avis. La mission a néanmoins lieu le 18 mars. C'est un échec sanglant pour les Alliés et l'Angleterre : 20 000 tués sur les 28 000 soldats britanniques partis au front.
À la suite de nombreux échecs en Argonne et aux rapports houleux entre les deux hommes, Joffre retire à Sarrail le commandement de 3e armée. Il est accusé de dissimuler ses erreurs de manœuvre et de ne pas avoir fortifié suffisamment les forteresses dont il avait la charge ; il est remplacé par le général Humbert. Sarrail traite Joffre de dictateur en puissance. Cependant, l'ancien commandant a de nombreuses relations au Parlement : on lui propose l'armée de Lorraine ; mais Joffre refuse. Commence une furieuse campagne contre le commandant en chef : Clemenceau, Viviani, Lyautey, Doumer, Painlevé lui sont hostiles. En août 1915, Sarrail accepte de prendre le commandement de l'armée d'Orient dont l'objectif est d'entrer à Salonique. L'opération échoue dès novembre. Le 16 janvier 1916, Joffre est contraint de confier à Sarrail le commandement des troupes interalliées de Macédoine.
Le généralissime reste optimiste et rassure le ministre :
Nous devons avoir la conviction que, en augmentant nos ressources en munitions, en perfectionnant notre organisation matérielle, en donnant plus d'ampleur encore à nos attaques, nous parviendrons à briser les lignes allemandes que nos dernières opérations ont réussi à entamer si largement. Contraints de lutter sur deux fronts, nos adversaires ne pourront pas se constituer des disponibilités aussi fortes que les nôtres, tant que nous n'aurons de notre côté qu'un front à alimenter.

Verdun et la Somme : l’épuisement du chef

La préparation de 1916 : une nouvelle année offensive
Les conférences de Calais et de Chantilly décembre 1915
Les principaux chefs alliés se réunissent d'abord à Calais sous la direction du président du Conseil Aristide Briand. La France prévoit l'envoi de renforts à l'armée d'Orient à Salonique, mais la Grande-Bretagne déclare qu'elle retire ses troupes avant de revenir sur ses positions. Il est aussi décidé d'évacuer la zone des Dardanelles où au total, 225 000 Britanniques et 40 000 Français ont péri pour rien. Enfin le général Joffre souligne qu'à son goût, la coopération interalliée est nettement insuffisante et il réclame une aide majeure dans la guerre économique.
Les jours suivants, ces mêmes chefs se retrouvent à Chantilly pour superviser les plans militaires de l'année à venir. Joffre défend le projet d'une nouvelle offensive — décisive — sur la Somme. Depuis quelques jours, il a une autorité plus importante. Il dirige désormais l'opération de Salonique, il a été nommé commandant de tous les fronts français et il se proclame chef interallié.


La tactique de Joffre


Une nouvelle fois, le président Poincaré met en garde Joffre sur les offensives à venir. Il serait selon lui plus sage de lancer des attaques sûres et non plus au hasard. Car au 1er janvier 1916, les pertes françaises depuis le début de la guerre sont de 600 000 hommes. L'opinion continue de gronder. Le général Joffre se défend : sans offensive, Falkenhayn en aurait déjà fini avec les Russes ; on ne peut laisser la France immobile et être envahie ; durant l'offensive de Champagne, les Allemands étaient prêts à lâcher. Foch a la responsabilité de préparer une vaste offensive dans la Somme au moyen de trois armées durant l'été 1916.
Sur les conseils des généraux Pétain, Fayolle et Maud'huy, le généralissime tire les leçons des échecs de 1915 et présente une nouvelle tactique d'attaque. Il faut profiter de la guerre immobile pour reprendre son souffle, dit-il. Désormais on va chercher « l'usure de l'ennemi » ; une attaque frontale le déstabilisera, l'artillerie lourde attaquera ses points faibles. D'autre part, on établit également « la décision » : l'effort n'interviendra que si l'usure semble suffisante. Ces nouveautés entraînent une réorganisation totale de l'artillerie à l'échelle de la France. Trois centres de formation pour officiers ouvrent même leurs portes à Châlons, Amiens et Toul. En un an, la production de canons lourds est passée de 740 à plus de 2 000 et celle d'obus de 4 000 à 11 000 par jour. Joffre reconnaît ses erreurs et ne souhaite plus les réitérer.

La bataille de Verdun : le début de la fin pour Joffre


Article détaillé : Bataille de Verdun 1916.
Le Grand Quartier Général GQG de Joffre au 1er février 1916
Fonction Responsable Durée
Commandant en chef des opérations Gal Joseph Joffre 2 août 1914 - 26 décembre 1916
Major général Gal Maurice Pellé 22 mars 1915 - 20 décembre 1916
1er aide major général Cel Louis Poindron 22 janvier 1916 - 21 janvier 1918
2e aide major général Cel Henri Claudel 22 janvier 1916 - 2 mai 1917
3e aide major général et responsable de l'arrière Cel Camille Ragueneau 30 novembre 1914 - 4 mai 1917
L’organisation sur le terrain du général Joffre au 1er février 1916
Armée française Commandant en chef Durée
1re armée Gal Pierre Auguste Roques 5 janvier 1915 - 25 mars 1916
2e armée Gal Philippe Pétain 21 juin 1915 - 1er mai 1916
3e armée Gal Georges Humbert 22 juillet 1915 - 15 octobre 1918
4e armée Gal Henri Gouraud 11 décembre 1915 - 14 décembre 1916
5e armée Gal Louis Franchet d'Esperey 3 septembre 1914 - 31 mars 1916
6e armée Gal Pierre Dubois 13 mars 1915 - 26 février 1916
7e armée Gal Étienne de Villaret 3 novembre 1915 - 19 décembre 1916
Détachement Armée de Lorraine Gal Céleste Deprez 5 novembre 1915 - 31 décembre 1916
10e armée Gal Victor d'Urbal 2 avril 1915 - 4 avril 1916
Armée de Paris Gal Michel Maunoury 5 novembre 1915 - 6 avril 1916
Armée d'Orient Gal Maurice Sarrail 3 octobre 1915 - 11 août 1916
Le 15 décembre 1915, le général Gallieni met en garde Joffre :
« Toute rupture du fait de l'ennemi survenant dans ces conditions engagerait non seulement votre responsabilité mais celle du gouvernement ! »
Le généralissime trouve scandaleux que de telles craintes circulent sans son consentement. Le 5 août 1915, le GQG avait trouvé nécessaire de désarmer en partie les forts de la Meuse pour y transférer les canons sur la Somme. Il ne manque pas de rappeler à Gallieni qu'il a, lui seul, la conduite des opérations. À ceux qui trouvent cela risqué il répond : « Mais non ! Les Allemands n'attaqueront pas dans ce secteur ! ». Le lieutenant-colonel Émile Driant, député et commandant des 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied, est l'un de ceux qui sont réputés alarmistes : Joffre menace de le déférer en Cour martiale.
De son côté, Falkenhayn se rend compte que la situation est critique pour l'Allemagne, dans les domaines militaire comme économique : il faut saigner l'ennemi à tout prix. Dans un premier temps, il choisit Belfort, puis redoutant la réaction helvétique, il se concentre sur Verdun. C'est une place forte stratégique française mais qui manque de communications : il sait qu'une partie du chemin de fer est de l'autre côté du front, les renforts français n'arriveront que par une petite voie au compte-gouttes. En parallèle, la 2e armée s'engagera en Champagne et la 3e sur la Somme. L'attaque est lancée le 21 février 1916.
Joffre et Foch, très occupés à la préparation de l'offensive sur la Somme, sont totalement pris au dépourvu. Les Allemands bombardent Verdun sans arrêt pendant trois semaines. Le fort de Douaumont est pris le 23 février et en quelques jours, les pertes françaises sont hallucinantes : 25 000 soldats hors de combat, 150 pièces d'artillerie détruites, une bande de 7 km perdue. Pourtant les Poilus tiennent le coup. À son tour, le fort de Brabant est pris le 24 et le général Herr, responsable de la région fortifiée, est débordé. Le général Langle de Cary, qui commande le groupe d'armées du Centre, ordonne le repli sur la rive gauche de la Meuse. Le généralissime reste calme et ordonne fermement de ne pas abandonner la rive droite de la rivière.
Joffre nomme le général Pétain commandant de la défense de Verdun et il envoie Castelnau sur place pour diriger les opérations. Dès le 27 février, Pétain organise ses forces afin de prendre en tenaille l'avance allemande ; le lendemain, la 3e armée du général Humbert est même placée sous son commandement direct. Le général en chef télégraphie à Pétain
Tout chef qui dans les circonstances actuelles donnera un ordre de retraite sera traduit devant un Conseil de guerre !
Enfin il ordonne à Pétain une contre-offensive et à Dubail une attaque par le flanc sud. Le 1er mars, Pétain frappe avec 660 pièces d'artillerie lourde. La Voie sacrée permet l'acheminement de 23 000 tonnes de munitions et de 190 000 soldats. Le 6, nouvel assaut de Falkenhayn qui provoque de grosses pertes côté français. Joffre est critiqué au Parlement. Gallieni, ministre de la Guerre entre en conflit avec le généralissime et évoque publiquement les erreurs commises à Verdun. Pourtant Briand ne le suit pas et il doit démissionner. Le général Roques, un ami personnel de Joffre, le remplace. Le haut commandement allemand échoue, ses attaques sur la rive droite de la Meuse sont endiguées et ne donnent pas de meilleurs résultats sur la gauche. Pétain s'exclame : Courage, on les aura ! Le 11 mars Joffre écrit à ses soldats :
« Soldats de l'armée de Verdun ! Depuis trois semaines, vous subissez le plus formidable assaut que l'ennemi ait tenté contre vous. L'Allemagne escomptait le succès de cet effort qu'elle croyait irrésistible et auquel elle avait consacré ses meilleures troupes et sa plus puissante artillerie. Elle espérait que la prise de Verdun raffermirait le courage de ses alliés et convaincrait les pays neutres de la supériorité allemande. Elle avait compté sans vous ! Nuit et jour, malgré un bombardement sans précédent, vous avez résisté à toutes les attaques et maintenu vos positions. La lutte n'est pas encore terminée, car les Allemands ont besoin d'une victoire. Vous saurez la leur arracher. Nous avons des munitions en abondance et de nombreuses réserves. Mais vous avez surtout un indomptable courage et votre foi dans les destinées de la République. Le pays a les yeux sur vous. Vous serez de ceux dont on dira : Ils ont barré aux Allemands la route de Verdun.
Au mois de juillet 1916, Joffre trouve Pétain finalement trop défensif et il décide de le remplacer par le général Robert Nivelle. Le 15 juillet, le général Mangin lance sa 37e division et approche de Douaumont. Globalement chacun reste sur ses positions. Le 13 septembre, le généralissime se rend à Verdun pour planifier avec Nivelle et Mangin une nouvelle attaque. L'assaut est donné le 24 octobre, tout se passe comme prévu. On progresse de trois kilomètres et le 2 novembre, le général Mangin parvient à reprendre le fort de Vaux. Joffre est ébloui : Magnifique, incomparable Mangin ! Le 15 décembre, huit divisions reprennent le haut de la Meuse et 25 000 Allemands sont mis hors de combat. La bataille de Verdun est terminée.

L’offensive sur la Somme

Les plans ont été mis au point par les généraux Foch, Joffre et Haig. Il faut attaquer sur les deux rives. Joffre est irrité par les renforts toujours croissants demandés par Pétain à Verdun. Foch qui voulait 42 divisions et 1 700 pièces d'artillerie lourde aura finalement 22 divisions et 540 pièces. Bien entendu, en terrain découvert, la préparation n'échappe pas au haut commandement allemand. Foch envisage deux attaques : une « à cheval » sur la Somme pour appuyer une offensive britannique. Le général Fayolle rappelle qu'il faut mener un assaut organisé et conduit d'objectif en objectif, précédé d'une préparation de l'artillerie lourde. Le généralissime abandonne définitivement l'offensive à outrance.
Le 1er juillet, l'attaque est lancée à l'aube. La 6e armée de Foch avance de dix kilomètres et fait 8 000 prisonniers, en revanche les Britanniques peinent à franchir les premières positions allemandes. Le général Haig ordonne leur repli ce qui rend Joffre furieux : « Vous attaquerez ! Je le veux ! » crie-t-il. Finalement, les Anglais sont renvoyés sur le front et Falkenhayn doit transférer des batteries de Verdun à la Somme. Le 15 juillet, les chars blindés sont utilisés. En août 1916, Joffre écrit à ses soldats :
« Le moment approche où sous la poussée commune s'effondrera la puissance militaire allemande. Soldats de France, vous pouvez être fiers de l'œuvre que vous avez accomplie déjà. Vous êtes décidés à l'accomplir jusqu'au bout ; la victoire est certaine.
Rapidement un conflit naît entre les commandements français et britannique. Haig se décharge des ordres de Joffre. Le généralissime lui demande de se reprendre, en vain. La grande bataille prévue n'aura pas lieu. Dès septembre, les combats ralentissent et le mois suivant, la bataille est quasiment terminée. Joffre et Foch sont déçus, ils ont aéré Verdun, ils ont saigné les Allemands Falkenhayn est remplacé par Paul von Hindenburg, mais ils n'ont pas brisé l'énergie ennemie. Les Britanniques estiment que le coût est encore une fois lourd pour de faibles résultats : 140 000 morts et 210 000 blessés. Durant le mois d'octobre, les armées françaises combattent seules, mais sans Londres rien n'est possible.
Bien qu'en certains endroits le front ait progressé d'une dizaine de kilomètres à l'avantage des Alliés, l'enlisement de la Somme reste globalement un échec, tout comme Verdun, une victoire amère. À l'est, les Roumains déclarent la guerre aux Empires centraux et Joffre leur envoie le général Berthelot. Cependant, la Roumanie est rapidement écrasée. À Salonique, l'armée de Sarrail ne donne aucun résultat. À Verdun, les Allemands recadenassent la ville. On estime le bilan des batailles : au moins 170 000 Français morts à Verdun, 216 000 blessés et autant sur la Somme. Joffre est sérieusement critiqué.

De la disgrâce à la fin de la guerre Maréchal de France malgré lui

Joffre impute à Pétain le défaitisme ambiant qui règne à Paris à la suite des résultats des batailles de 1916. Selon lui, ce ne serait pas Pétain le « sauveur de Verdun » ; pour lui c'est Nivelle le véritable génie. Dans tous les cas, l'opinion est sérieusement remontée contre le généralissime et dès le mois de juin, le Parlement s'est réuni secrètement afin d'envisager la réorganisation du haut commandement français. Joffre répond :
« Je ne me laisserai pas tirer dans les pattes. Soit ! Ces messieurs iront où ils voudront, mais flanqués d'officiers de mon État-Major. Je ne puis admettre qu'ils aillent se fournir d'arguments contre mon commandement auprès de certains de mes subordonnés.
Le généralissime est aussi en conflit avec Londres. Les Britanniques lui rappellent que, étant donné leur poids dans l'armée alliée, ils pourraient très bien prendre la tête du commandement interallié. L'organisateur de la Somme, le général Foch, est sujet à une vive polémique. Le ministre de la Guerre, le général Roques, dit de lui qu'il est trop vieux et le député Augagneur affirme qu'il sacrifie ses troupes. Enfin, le Parlement fait remarquer à Joffre qu'il n'a pas donné tous les moyens nécessaires à l'armée d'Orient de Sarrail.
Le président du Conseil, Aristide Briand, propose de confier au général Nivelle, un proche de Poincaré, le commandement en chef des armées et de conférer à Joffre le titre honorifique de général en chef des armées françaises, comme conseiller technique du gouvernement. Le généralissime comprend qu'on veuille le mettre dans l'ombre, mais pour lui seul Foch peut lui succéder. Le 7 décembre 1916, Briand annonce à la Chambre Assemblée nationale, que le GQG va être réorganisé prochainement. Joffre et Foch sont remplacés. Une véritable intrigue se met en place, orchestrée par Poincaré et Briand.
Au même moment, le président du Conseil contacte le général Lyautey gouverneur du Maroc pour lui proposer le ministère de la Guerre. Véritable ennemi de Joffre, Lyautey n'accepte pas que ce dernier soit nommé conseiller au sein du ministère de la Guerre. Le 26 décembre, Briand informe Joffre qu'il doit renoncer à toute fonction au gouvernement. L'ancien généralissime est contraint de s'incliner. En échange, il est fait maréchal de France ; le dernier à avoir reçu cette distinction était le maréchal Edmond Le Bœuf élevé au maréchalat en 1870. Ce titre honorifique lui est conféré pour éviter tout scandale politique.

Mission aux États-Unis Les États-Unis pendant la Première Guerre mondiale.

À la suite de la déclaration de guerre du Congrès américain à l'Allemagne, le ministre de la Guerre Alexandre Ribot propose à Joffre de prêter « son inégalable prestige » et d'accompagner Viviani aux États-Unis. Après avoir hésité, Joffre accepte. En effet, n'ayant pas d'ennemis et n'étant plus en guerre depuis la fin de la guerre de Sécession, les Américains n'ont qu'une armée balbutiante de 120 000 hommes. L'objectif donné à Joffre est de convaincre le président Woodrow Wilson de préparer son armée à la guerre. La mission embarque à bord du Lorraine II le 15 avril 1917
Au bout de neuf jours de mer, la mission arrive à New York le 24 avril. L'amiral Mayo, chef de la flotte américaine de l'Atlantique s'exclame : « Sir, votre présence ici est le plus grand honneur qui puisse être rendu à mon pays ! » Dans les rues, la foule crie « Joffre ! Joffre ! » L'homme est accueilli en héros national. Tous les journaux américains rendent hommage au « vainqueur de la Marne » et on va jusqu'à le comparer à La Fayette. Joffre donne une conférence à l'École de guerre sur la situation militaire de l'Europe : il demande les moyens les plus rapides pour une intervention américaine. À Mount Vernon, il dépose sur la tombe de George Washington la palme offerte aux soldats morts pour la patrie.
Enfin, il désire convaincre le président Wilson qu'il rencontre longuement. Avec lui, il passe en revue chaque détail du conflit : les effectifs français et allemands, l'organisation de l'armée américaine, le transport et le débarquement, l'organisation du commandement… Au ministère de la Guerre, on lui présente le commandant des forces américaines, le général John Pershing. Au total, dans un premier temps, une division composée de quatre régiments d'infanterie, de douze batteries de campagne et de six batteries lourdes s'embarquent début juin. Le 24 mai, le maréchal Joffre est de retour en France ; il est nommé inspecteur général des troupes américaines. Une nouvelle polémique émerge : contrairement à ce qui était prévu, c'est-à-dire que les Américains servent dans leur armée, le gouvernement Painlevé veut placer des paquets de soldats américains dans les armées franco-britanniques. Joffre refuse et énonce que la parole de la France aux États-Unis est en jeu. Le 13 juin, Pershing est accueilli par Joffre à Paris ; les deux officiers sont reçus triomphalement par les Parisiens.

Foch à la tête des Alliés

Cependant, il y a toujours énormément de tensions entre les commandements français et anglais. Certains regrettent le départ de Joffre. En août 1917, Painlevé accuse le maréchal de vouloir prendre le pouvoir. Ailleurs en Europe, les Russes se décomposent définitivement et cherchent à signer la paix avec les Allemands, l'armée d'Orient est figée à Salonique et les Italiens sont écrasés à Caporetto novembre 1917. Face à une situation politique intérieure et extérieure délicate, Poincaré décide de nommer, malgré lui, son rival Georges Clemenceau à la tête du Conseil des ministres.
Le maréchal n'a plus de rôle dans le commandement militaire français, mais on lui demande son avis sur le nom du futur commandant en chef : choisir entre Pétain le défensif et Foch l'offensif. Admirant les deux généraux, Joffre choisit Foch, car il estime que la France ne peut pas rester les bras croisés. Autre point important, le commandement unique. Depuis le départ de Joffre à la tête du commandement français, les Alliés franco-anglais ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le sort de l'Europe ennemie : les empires ottoman et austro-hongrois, la Pologne et l'Allemagne. Le 8 janvier 1918, le président Wilson présente ses quatorze points.
En mars, la situation devient préoccupante avec la signature d'un traité de paix entre la Russie et l'Allemagne. Hindenburg peut désormais déplacer toutes ses troupes sur le front occidental : 192 divisions d'infanterie contre 172 chez des Alliés (France, Grande-Bretagne, Belgique, Portugal et États-Unis) sans commandement uni. Le 21 mars, Hindenburg et Ludendorff lancent une série d'offensives ; ils sont rapidement à Ham et Péronne. À Amiens, les Britanniques sont en déroute et Clemenceau pense quitter Paris. De son côté, Joffre supplie la présidence de faire nommer Foch généralissime. Trois conférences se tiennent au cours de la fin mars : les Alliés ne se mettent pas d'accord et enfin lors d'une quatrième à Beauvais le 15 avril, le général Foch est nommé généralissime de toutes les armées alliées. Joffre lui écrit :
« Mon cher ami, j'ai appris avec satisfaction que l'on s'était enfin décidé à vous donner les pouvoirs de commandant en chef des armées alliées. Vous avez une tâche très lourde […]. Quelles que soient les difficultés de votre tâche, je suis persuadé que vous la mènerez à la bonne fin. Ce que vous avez fait sur l'Yser et dans les Flandres répond du succès de vos opérations actuelles. Tous mes vœux sont avec vous. Joffre »
En août-septembre 1918, Foch lance trois grandes offensives et deux mois plus tard les Allemands entament une retraite générale. L'armistice est signé le 11 novembre.

L’après-guerre : la seconde gloire du maréchal Joffre

Hommage de la France

Clemenceau ne souhaite pas inviter Joffre parmi les personnalités présentes lors de l'entrée officielle des troupes françaises à Metz et Strasbourg. Mais Pétain parvient à le faire venir. Quelques mois plus tôt, le maréchal Joffre avait été élu à l’Académie française le 14 février 1918 au fauteuil de Jules Claretie. Cependant il est reçu, en uniforme de général, à la Coupole le 19 décembre et les présidents Wilson et Poincaré sont présents pour l'occasion. Dans son discours, il commence par faire l'éloge de l'Armée, de ses chefs, de Foch, des soldats français, des Alliés, des soldats britanniques, des soldats russes… Voici son discours :
« Pour louer de tels soldats, les mots sont impuissants et seul mon cœur s'il pouvait laisser déborder l'admiration dont il est pénétré pour eux, traduirait l'émotion que j'éprouve… Je les ai vus, couverts de poussière et de boue, par tous les temps et par tous les secteurs […] toujours égaux à eux-mêmes, bons et accueillants, affectueux et gais, supportant les privations et les fatigues avec bonne humeur, faisant sans hésitation et toujours simplement, le sacrifice de leur vie
En février 1919, il retourne en cure dans le Roussillon à Amélie-les-Bains, puis à Rivesaltes, où le maire le reçoit officiellement. Il se recueille devant sa maison natale puis sur la tombe de ses parents. À Paris, le 14 juillet, la foule le réclame afin qu'il défile aux côtés du maréchal Foch à cheval, lors du défilé de la Victoire. Les deux militaires sont accueillis triomphalement. En octobre, c'est la ville de Perpignan qui lui rend hommage, il défile en voiture, la foule est là encore une fois. Le poète catalan Janicot lui écrit même un poème. Dans les autres villes de France, il préside des centaines de banquets d'anciens combattants, des meetings de veuves de guerre, des réunions de grands invalides de guerre, il inaugure des monuments aux morts.

Popularité internationale

De retour à Paris en janvier 1920, il doit partir en Roumanie remettre la médaille militaire au roi Ferdinand Ier et la Croix de guerre à la ville de Bucarest. À cette occasion, un pâtissier roumain a créé un gâteau au chocolat qu'il nomme Joffre, en l'honneur du maréchal. Le maréchal représente aussi la France à Belgrade et à Lisbonne, où il inaugure le monument du Soldat inconnu portugais. Enfin, il se rend à Madrid où est remise la médaille militaire au roi Alphonse XIII. Il termine son périple par Barcelone, où il est pris en porte-à-faux lors de manifestations catalanes et anti-espagnoles : il doit écourter son séjour et part le 7 mai 1920.
Le 11 novembre 1921, il embarque sur le paquebot Porthos à Marseille. Joffre débarque d'abord aux États-Unis, où il a pour mission de renouer l'amitié franco-américaine. Début décembre, il accoste à Saïgon, puis visite les ruines d'Angkor et le 1er de l'an 1922, il arrive en Annam, où il revient à Ba-Dinh là-même où il fit un siège en 1887, lorsqu'il était officier du génie en Extrême-Orient. Quelques jours plus tard, le maréchal entre à Hanoï, où il remet la croix de grand officier de la Légion d'honneur au général Puypéroux. Il termine son tour du monde par le Japon, à Yokohama puis Tokyo, où il rencontre le prince impérial Hirohito, et enfin la Chine à Pékin et Shanghai. Partout où il passe, la foule l'accueille triomphalement.

Fin de vie

Il rentre en France, au début de l'année 1922 pour terminer tranquillement une vie bien chargée, âgé de 70 ans. Joffre achète avec sa femme et sa fille une châtaigneraie à Louveciennes à l'ouest de Paris, où il fait bâtir un bungalow – type colonial – précédé d'une façade aux colonnades blanches à la manière du Mount Vernon de Washington. En 1928, il termine ses Mémoires entamés huit ans auparavant, où il raconte ses responsabilités de 1910 à 1917 en deux tomes qui seront édités post mortem selon sa volonté. C'est à cette époque qu'il perd deux de ses amis : le maréchal Fayolle le 27 août 1928 et le maréchal Foch le 20 mars 1929.
Le 21 juin 1930, le maréchal Joffre fait sa dernière apparition publique à l'occasion de l'inauguration de sa statue à Chantilly, où il a tenu son QG pendant la Grande Guerre. Il est très affaibli, car depuis plusieurs mois il a une artérite des membres inférieurs et peine à se déplacer. Le 19 décembre, d'atroces douleurs aux jambes l'emmènent à l'hôpital : les médecins, René Leriche et René Fontaine, doivent l'amputer de la jambe droite. Quelques jours plus tard il tombe dans le coma. Le 3 janvier 1931 à 8 h 0, il aurait prononcé ces derniers mots : J'ai beaucoup aimé ma femme et je n'ai jamais fait de mal à personne, puis il s'éteint à 8 h 23 à 78 ans à la clinique des frères de Saint-Jean-de-Dieu au 19 rue Oudinot dans le VIIe arrondissement de Paris.
Des obsèques nationales lui sont organisées le 7 janvier. Le service religieux est célébré en l'église Saint-Louis-des-Invalides à Paris, ainsi qu'en l'église Saint-Louis-des-Français de Rome et en l'église Saint-Polycarpe de Smyrne95. Quelques jours plus tard, le 11, le Parlement vote une loi déclarant que Joseph Joffre, maréchal de France, a bien mérité de la Patrie. Il repose dans un mausolée situé dans sa propriété de La Châtaigneraie à Louveciennes Yvelines. Henriette Joffre meurt en 1956 à 92 ans.

Un personnage controversé

Joseph Joffre est une personnalité controversée. De son vivant, certains le vénéraient, d'autres le détestaient. Au début du xxie siècle, la Grande Guerre est à la mode dans l'historiographie internationale et le maréchal, longtemps oublié, revient sur le devant de la scène. Joffre est parfois vu comme le vainqueur de la Marne, ou au contraire comme le massacreur de 14. Son rôle réel dans la victoire de la Marne est très discuté. Durant la guerre et jusqu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, les partisans de Gallieni affrontaient ceux de Joffre.
Le 28 septembre 2004, à l'occasion du 90e anniversaire de la victoire de la Marne, le ministre délégué aux Anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, citant le général de Gaulle, rend hommage au maréchal Joffre au seuil de son tombeau à Louveciennes :
[...] Si la guerre sanctionne impitoyablement les déficiences et les défaillances, elle ne ménage pas le succès à la valeur et à la vertu. Ce fut la fortune de la France que son armée, demeurée solide en dépit du revers initial, eût alors à sa tête un chef qui ne perdit point l'équilibre.
Joffre est avant tout un bâtisseur. Il exerce brillamment sa spécialité, le génie militaire, en particulier durant ses missions coloniales Formose, Tonkin, Soudan français et Madagascar. En 1911, il accède aux plus hautes fonctions de l'Armée, principalement parce que personne ne le concurrence pour obtenir cette haute responsabilité. Il limite le retard de l'armée à l'entrée en guerre, mais il s'avère un général d'armée relativement médiocre. Aucun de ses plans d'attaque n'est une grande réussite, la victoire de la Marne étant due en grande partie à une grave erreur stratégique allemande. En août 1914, Joffre a près de quarante ans de retard en stratégie militaire sur des généraux comme Lanrezac ou Pétain. Et contrairement à ces derniers, il n'a pas fait l'École de guerre.
Sa vision de la guerre est obsolète, il l'envisage comme tenante de l'offensive et héritière de l'épopée napoléonienne. Il ne perçoit pas les problèmes que rencontrent ses commandants d'armée : les troupes d'assaut, en raison de la lenteur de leur progression, s'avèrent incapables de provoquer la rupture tant attendue, alors que les réserves adverses arrivent beaucoup plus rapidement chemin de fer et camion. À la suite des échecs cuisants que connaît son armée en août-septembre 1914, Joffre en vient même à douter de la furie française. Il ne comprend pas pourquoi les combattants ne chargent pas comme on l'a toujours fait. Il méconnaît l'avantage de la défensive tranchées, multiples lignes de défense, barbelés sur l'offensive exposition des fantassins à l'artillerie, absence de moyens d'assaut réellement efficaces jusqu'à l'arrivée des chars. Ne percevant pas les conséquences et les capacités nouvelles qu'offrent les dernières évolutions technologiques sur les champs de bataille, il en retourne la responsabilité sur les hommes de troupe.
Il est le responsable — de par sa position au sommet de la hiérarchie militaire — de centaines de milliers de morts causés par ses offensives aveugles, souvent critiquées en vain par certains de ses généraux, Fayolle et Foch entre autres. A contrario, il s'avère plutôt bon diplomate dans ses relations avec les Alliés britannique et surtout américain pendant la guerre mais également comme représentant de la France à l'étranger durant les années 1920. Son rôle dans la bataille de la Marne de septembre 1914, découle de sa fonction de commandant en chef des armées du Nord-Est à qui incombait la conduite stratégique de la guerre et la coordination avec l'armée anglaise. Il était le seul à pouvoir assumer l'arrêt de la retraite et à décider du jour de la contre-offensive, mais la tactique en elle-même relève naturellement de ses généraux d'armées : Maunoury, Gallieni, Franchet d'Esperey, Foch, Langle de Cary, Sarrail, Castelnau et Dubail qui ont leur part dans cette victoire.
En outre, Joffre est le symbole de la promotion sociale au plus haut niveau de l'État. Au cours de sa vie, il a toujours su être au bon endroit au bon moment et prendre ses responsabilités : nomination au poste de chef d'État-Major 1911, bâton de maréchal reçu pour éviter tout scandale politique 1916. Pour l'anecdote, des admirateurs, après la bataille de la Marne, se référant à l'exemple napoléonien, firent une demande en Conseil d'État afin que lui soit attribué le titre de duc de la Marne. Cette demande fut rejetée mais le Conseil d'État indiqua qu'il lui était possible de changer son nom en Joffre de la Marne. Il n'en fit rien et préféra garder le nom sous lequel il était né.

Honneurs

Les distinctions françaises

Chevalier de la Légion d'honneur 7 septembre 1885
Officier de la Légion d'honneur 26 décembre 1895
Commandeur de la Légion d'honneur 11 juillet 1903
Grand officier de la Légion d'honneur 11 juillet 1909
Grand-croix de la Légion d'honneur 11 juillet 1914
Médaille militaire 26 novembre 1914
Croix de guerre 1914-1918 avec une palme
Médaille coloniale avec agrafe « Sénégal-Soudan » 1894
Médaille commémorative de l'expédition du Tonkin mars 1887
Officier de l'ordre du Dragon d'Annam 1887
Médaille commémorative de la guerre 1870-1871 1871

Les distinctions étrangères

Distinguished Service Medal États-Unis
Doctor honoris causa des universités de Harvard (États-Unis), de Porto Portugal et de Coimbra Portugal
Grand-croix du Ouissam alaouite chérifien Maroc
Chevalier grand-croix de l'ordre du Bain Royaume-Uni
Sceptre de Jade de l'empereur Khai-Dinh Annam, 1922
Grand-croix de l'ordre royal du Cambodge

Hommages

Son nom ou un dérivé de son nom a été attribué de multiples façons en hommage aux services qu'il a rendus à la Nation, sous les diverses formes suivantes :
le prénom de Joffrette a été utilisé, particulièrement entre 1915 et 1918 en l'honneur du vainqueur de la Marne ;
en 1918, il est élu à l'Académie française, au fauteuil 35, cet hommage donne ensuite naissance à l'expression une élection de maréchal, c'est-à-dire une élection non justifiée par les talents d'écrivain du postulant100 ;
son nom a été donné à un gâteau roumain en janvier 1920 à l'occasion de sa venue dans le pays ;
une statue équestre à son effigie est inaugurée à Rivesaltes le 22 novembre 1931, en présence d'André Maginot, alors ministre de la Guerre101 ;
son nom est donné à deux établissements d'enseignement se trouvant dans sa région d’origine : le collège Joffre de Rivesaltes, son village natal des Pyrénées-Orientales, ainsi qu'au prestigieux lycée Joffre de Montpellier, ancien « Grand-lycée-impérial » ;
en 1933, son nom est donné à un paquebot des Messageries maritimes, le Maréchal Joffre ;
de nombreuses lieux géographiques, places ou voies urbaines portent son nom :
un sommet du massif du Canigou des Pyrénées-Orientales, le pic Joffre102, d’altitude 2 362 mètres et situé au nord du pic du Canigou ;
une ville malgache, Joffreville ;
le parc de Charny à Québec au Canada,
un pont à Orléans dans le Loiret,
une place d'Amiens, dans la Somme, avec sa statue placée au milieu d'un vaste rond-point,
la route qu'il a aménagée entre Masevaux et Thann, pour la libération de Thann en août 1914,
une avenue à Bruxelles,
une rue de Malo-les-Bains depuis le 23 mars 1919103.
une rue à Liège,
une rue à Rennes,
un boulevard à Dijon,
une avenue à Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne,
un grand boulevard de la ville de Tamatave, à Madagascar,
un bâtiment servant de logement aux élèves dans l'enceinte de l'École polytechnique (installée à Palaiseau depuis 1976)
le Joffre est un jeu de cartes populaire dans Bellechasse Québec, Canada ;
il donne son nom à la promotion 2003-2006 du lycée François-Arago de Perpignan dont il est issu ;
enfin, de manière anecdotique, il est cité dans plusieurs albums de la bande dessinée Achille Talon.



Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Posté le : 04/01/2016 15:23

Edité par Loriane sur 05-01-2016 20:01:49
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Plume d'Or
Inscrit:
18/02/2015 13:39
De Dijon
Messages: 2303
Niveau : 39; EXP : 1
HP : 190 / 950
MP : 767 / 25999
Hors Ligne
Chère Delphine,

Tel est pris qui croyait prendre, pourrait-on en lisant ta nouvelle.
Dis voir, c'est Madame Poisson, la poisse, sans vouloir faire un jeu de mots. Je ne peux pas m'empêcher. Et ainsi j'ai la pêche à plaisanter ainsi.

J'ai tout comme Mafalda beaucoup ri en te lisant.
Ton imagination est inépuisable.
Il va me falloir me trouver une idée.
Là, je pars me faire ausculter.

Bises
Amitiés de Dijon

Jacques

Posté le : 04/01/2016 09:18
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les bons mots de Grenouille
Plume d'Or
Inscrit:
22/01/2012 16:15
De Alsace
Messages: 317
Niveau : 16; EXP : 64
HP : 0 / 391
MP : 105 / 14214
Hors Ligne
Cliquez pour afficher l




POUR BIEN DEMARRER L' ANNEE ...
==============================
Reprendre les bonnes résolutions de 2015 -2014 - 2013....




Cliquez pour afficher l





Voici une liste de bonnes résolutions à cocher. Imprimez, signez le contrat, et vérifiez dans un an …
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


- Arrêter de fumer

- Maigrir de plusieurs kilos

- Ne plus grignoter entre les repas

- Faire du sport

- Ne plus me mettre en colère pour une broutille

Cliquez pour afficher l



- Ne plus remettre à demain ce que je peux faire immédiatement

- Appeler mes parents une fois par semaine.

- Appeler mes beaux-parents de temps en temps, mais pas trop souvent …

- Lire au moins un livre par mois

- Ne plus regarder d’émission idiote à la télé

- Jouer moins avec la console de jeu vidéo des enfants

- Ne plus faire d’ordinateur le dimanche

- Dépenser moins en vêtements

- Dépenser moins en chaussures

- Économiser pour les vacances

- Boire un peu moins de bière

- Écouter avec attention les histoires de bonne femme de ma femme


Cliquez pour afficher l


- Écouter avec l’air passionné les histoires de mec de mon mari.

- Rire aux blagues de mon mari

- Arrêter de faire des jeux de mot qui ne font rire que moi

- Penser à fêter les anniversaires

- Envoyer une carte de voeux pour le nouvel an

- Demander une augmentation à mon chef de service

Cliquez pour afficher l


- Refaire mon CV et chercher un meilleur job

- J'arrête de m'auto-stresser

- Je me couche plus tôt

- je me lève moins tard

- J'adhère à une association

- Je donne au téléthon

- Conduire de façon plus cool

- Essayer de retrouver mes points de permis

- Passer mon permis

- Repeindre les volets

- Ranger le garage

- Entretenir mieux le jardin

- Mettre la musique moins forte

- Me laver les dents deux fois par jour

- Aller chez le dentiste

- Ne plus dire de mal de ce collègue idiot, car c’est pas sa faute.

- Arrêter de faire des résolutions en début d’année que je ne pourrais pas tenir.

- Agir pour diminuer les excès du réveillon.

- Ne pas reprendre un plat même si c'est bon.

- Ne pas acheter juste parce que c'est nouveau.



ET ....

- Envoyer un petit mot sympa aux auteurs qui, bénévolement, passent un temps infini sur l'Orée des rêves pour publier une rubrique qui me distrait .. francepouillaude@orange.fr





Cliquez pour afficher l


Le piège des calories

Compenser ses excès alimentaires en faisant du sport, c'est impossible.

Notre corps est une machine ultra efficace, ne consommant qu'une énergie dérisoire pour bouger et faire des efforts physiques.
Pour perdre 1 kilogramme de graisse corporelle, il vous faudra brûler… 8000 calories.
Moins manger est plus efficace pour maigrir que de faire du sport.
de Santé Nature Innovation du 2 janvier 2015



Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l



[color=000000][b]« Aujourd'hui, j'ai permis au soleil de se lever plus tôt que moi. »
de Georg Christoph Lichtenberg


« Le rire et le sommeil sont les meilleurs remèdes du monde. »
de Proverbe irlandais


« Le bonheur est une petite chose que l'on grignote, assis par terre, au soleil. »
de Jean Giraudoux


« La connerie, c'est la décontraction de l'intelligence ! »
de Serge Gainsbourg


« Dans la Genèse, il est dit que ce n'est pas bon pour un homme d'être seul, mais quelquefois c'est reposant. »de John Barrymore


« Nous sommes ici-bas pour rire. Nous ne le pourrons plus au purgatoire ou en enfer. Et, au paradis, ce ne serait pas convenable. »
de Jules Renard


« Demeurer immobile, à écouter... c'est la tranquillité de l'axe au centre de la roue... »
de Charles Morgan


« Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille. »
de Napoléon Bonaparte


« De temps en temps, il faut se reposer de ne rien faire. »
de Jean Cocteau


« Les trente premières années se passent à ne pas pouvoir se réveiller, les trente suivantes à ne pas pouvoir s’endormir. »
Proverbe chinois


« Je préfère ne pas penser à la mort, ou alors à celle des autres, c'est plus gai. »
de : Les Vamps


« On ne frappe pas un ennemi à terre. Mais alors quand ? »
de Lucien Guitry


« La météo est une science qui permet de connaître le temps qu’il aurait dû faire. »
de Philippe Bouvard

Cliquez pour afficher l



« A vingt ans on veut changer le monde, à quarante on veut changer de corps, et après cinquante ans, quand rien ne vous dérange, c'est qu'on est mort. »
de Gustave Parking



« On nous montre comment, avec les détergents actuels, on peut enlever des taches de sang. Mais il est probable qu’avec un t-shirt couvert de sang, notre soucis premier ne soit pas de faire partir la tache mais de trouver un endroit pour cacher le corps. »
de Jerry Seinfeld


« Un raciste, quand il commande un "Black & White", demande deux verres séparés. »
de Roland Magdane


« - Toi, tu mets ton point d'honneur à ne pas être dans le vent ! - J'ai peur de m'enrhumer. »de Jean Anouilh


« Les esprits mobiles ne sont pas garantis contre les idées fixes. »
de Aymond d'Alose


« Naître, c'est se trouver dans une mauvaise passe. »
de Arthur Koestler

Cliquez pour afficher l
[right]

« Apéro : les verres de contact. »
de Antoine Blondin


« Si haut qu'on monte, on finit toujours par des cendres. »
de Henri Rochefort


« Ici gît suis. Ici gît reste. »
de Roland Bacri


« Pour voir loin, il faut y regarder de près. »
de Pierre Dac


Cliquez pour afficher l

[/color]




LA PILE ELECTRIQUE DE BAGDAD :
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-



La « pile électrique de Bagdad » est le surnom donné à une poterie datant du iiie siècle av. J.-C., découverte en 1936 dans un village près de Bagdad dans l'actuelle Irak. Cette poterie est renommée depuis que quelques archéologues, tels que Wilhelm König, ont émis l'hypothèse qu'elle aurait servi de pile électrique. Cette thèse est toujours controversée en 2016.

Cliquez pour afficher l


L’Irak possède un riche héritage national. Le jardin d’Éden ou encore la Tour de Babel de la Bible s’y seraient trouvés.

En 1938, alors à Bagdad, l’archéologue allemand Wilhelm König découvre une jarre en argile longue de 13 cm et contenant un cylindre de cuivre entouré d’une tige de fer. La jarre portait des signes de corrosion et semblait avoir contenu un acide léger, comme du vin ou du vinaigre.
König pensa que ces vases étaient des cellules galvaniques, ou des éléments de pile, peut-être utilisées pour plaquer de l’or sur des objets en argent. La solution acide servait d’électrolyte, ou conducteur électrique. La datation des objets est incertaine. König les situe entre 250 avant J.-C. et 224 après J.-C., tandis que d’autres proposent les années 225 à 640 après J.-C.
Par la suite, les chercheurs ont montré que les répliques de la pile de Bagdad produisaient réellement du courant électrique quand on y versait du jus de fruit ou du vinaigre.

Le métallurgiste Paul Craddock remarque que les piles sont une exception et qu’à ce jour, personne n’en a trouvé de semblables : « Ce sont des objets insolites, l’une des énigmes de la vie ».
D’autres hypothèses ont été émises sur l’emploi de ces piles, comme produire un courant électrique à des fins d’acupuncture ou impressionner les adorateurs d’idoles....

Cliquez pour afficher l


Si l’on découvrait un jour des fils ou des conducteurs avec d’autres piles anciennes, cela conforterait l’idée qu’elles fonctionnaient comme piles. Bien sûr, même si ces vases produisaient un courant électrique, cela n’implique pas que les peuples anciens comprenaient véritablement leur fonctionnement.



Cliquez pour afficher l





ON REVISE NOS CLASSIQUES :
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=



Nicolas BOILEAU (1636-1711)

Rien n'est beau que le vrai...

... Rien n'est beau que le vrai : le vrai seul est aimable ;
Il doit régner partout, et même dans la fable :
De toute fiction l'adroite fausseté
Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité.

Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces,
Sont recherchés du peuple, et reçus chez les princes ?
Ce n'est pas que leurs sons, agréables, nombreux,
Soient toujours à l'oreille également heureux ;
Qu'en plus d'un lieu le sens n'y gêne la mesure,
Et qu'un mot quelquefois n'y brave la césure :
Mais c'est qu'en eux le vrai, du mensonge vainqueur,
Partout se montre aux yeux et va saisir le coeur ;
Que le bien et le mal y sont prisés au juste ;
Quejamais un faquin n'y tint un rang auguste ;
Et que mon coeur, toujours conduisant mon esprit,
Ne dit rien aux lecteurs qu'à soi-même il n'ait dit.
Ma pensée au grand jour partout s'offre et s'expose,
Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose...



*********



Victor HUGO (1802-1885)

L'aurore s'allume

I

L'aurore s'allume ;
L'ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.

Tout chante et murmure,
Tout parle à la fois,
Fumée et verdure,
Les nids et les toits ;
Le vent parle aux chênes,
L'eau parle aux fontaines ;
Toutes les haleines
Deviennent des voix !

Tout reprend son âme,
L'enfant son hochet,
Le foyer sa flamme,
Le luth son archet ;
Folie ou démence,
Dans le monde immense,
Chacun. recommence
Ce qu'il ébauchait.

Qu'on pense ou qu'on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L'esquif cherche un môle,
L'abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !

II

Vérité profonde !
Granit éprouvé
Qu'au fond de toute onde
Mon ancre a trouvé !
De ce monde sombre,
Où passent dans l'ombre
Des songes sans nombre,
Plafond et pavé !

Vérité, beau fleuve
Que rien ne tarit !
Source où tout s'abreuve,
Tige où tout fleurit !
Lampe que Dieu pose
Près de toute cause !
Clarté que la chose
Envoie à l'esprit !

Arbre à rude écorce,
Chêne au vaste front,
Que selon sa force
L'homme ploie ou rompt,
D'où l'ombre s'épanche ;
Où chacun se penche,
L'un sur une branche,
L'autre sur le tronc !

Mont d'où tout ruisselle !
Gouffre où tout s'en va !
Sublime étincelle
Que fait Jéhova !
Rayon qu'on blasphème !
Oeil calme et suprême
Qu'au front de Dieu même
L'homme un jour creva !

III

Ô Terre ! ô merveilles
Dont l'éclat joyeux
Emplit nos oreilles,
Eblouit nos yeux !
Bords où meurt la vague,
Bois qu'un souffle élague,
De l'horizon vague
Plis mystérieux !

Azur dont se voile
L'eau du gouffre amer,
Quand, laissant ma voile
Fuir au gré de l'air,
Penché sur la lame,
J'écoute avec l'âme
Cet épithalame
Que chante la mer !

Azur non moins tendre
Du ciel qui sourit
Quand, tâchant d'entendre
Je cherche, ô nature,
Ce que dit l'esprit,
La parole obscure
Que le vent murmure,
Que l'étoile écrit !

Création pure !
Etre universel !
Océan, ceinture
De tout sous le ciel !
Astres que fait naître
Le souffle du maître,
Fleurs où Dieu peut-être
Cueille quelque miel !

Ô champs ! ô feuillages !
Monde fraternel !
Clocher des villages
Humble et solennel !
Mont qui portes l'aire !
Aube fraîche et claire,
Sourire éphémère
De l'astre éternel !

N'êtes-vous qu'un livre,
Sans fin ni milieu,
Où chacun pour vivre
Cherche à lire un peu !
Phrase si profonde
Qu'en vain on la sonde !
L'oeil y voit un monde,
L'âme y trouve un Dieu !

Beau livre qu'achèvent
Les coeurs ingénus ;
Où les penseurs rêvent
Des sens inconnus ;
Où ceux que Dieu charge
D'un front vaste et large
Ecrivent en marge :
Nous sommes venus !

Saint livre où la voile
Qui flotte en tous lieux,
Saint livre où l'étoile
Qui rayonne aux yeux,
Ne trace, ô mystère !
Qu'un nom solitaire,
Qu'un nom sur la terre,
Qu'un nom dans les cieux !

Livre salutaire
Où le cour s'emplit !
Où tout sage austère
Travaille et pâlit !
Dont le sens rebelle
Parfois se révèle !
Pythagore épèle
Et Moïse lit !





ILS ONT DIT :
=-=-=-=-=-=-=-=




De Winston Churchill:

- « S’améliorer, c’est changer; être parfait, c’est changer souvent … «

- A propose d’un député ayant rejoint le Parti socialiste:
- « C’est la seule fois de ma vie que j’ai vu un rat nager vers un navire en perdition «


*****


- De Paul Claudel, l’abbé Englebert disait :
« Il parle de Dieu comme si ils avaient gardé les dindons ensemble «


*****


- « Les Français, disait Alfred de Vigny, sont satisfaits à peu de frais; un peu de familiarité dans les manières leur semble de l’égalité «

- « Opinion du général de Gaulle: « Le désir du privilège et le goût de l’égalité, passions dominatrices et contradictoires des Français de toute époque »


*****


- « La fille de Mme de Sévigné, Mme de Grignan, à propos du mariage de son fils avec la fille du Fermier Général Saint-Amand, fort riche mais de petite naissance: « Il faut bien mettre du fumier sur les meilleures terres. «


*****


- Les Pensées de Chamfort :
- Le noble est un intermédiaire entre le roi et son peuple.
- Oui, tout comme le chien de chasse est l’intermédiaire entre le chasseur et le lièvre.


*****



Avec une lucidité morbide, Pierre Desproges, atteint d’un cancer dont il mourra, inventa ce dicton:
« Noël au scanner, Pâques au cimetière « Et aussi : Plus cancéreux que moi, tumeur. «


*****


Louis Pauwels sur Sigmund Freud :
« Je vous résume le freudisme: Pourquoi ? Parce queue. «




Cliquez pour afficher l




LES BONNES QUESTIONS :
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=


- Pourquoi quand quelqu'un se fait super mal devant nous, qu'il est en train de hurler de douleur en se roulant par terre, regrettant le jour ou il est né, notre premier réflexe est de demander : ça va ?


- Pourquoi dans les magasins, quand on vient juste pour regarder, on a 3 vendeurs minimum sur le dos, et quand on veut acheter, on n’en trouve aucun ou bien ils sont tous occupés ?


-Pourquoi tout le monde vénère t-il Chuck Norris, alors que Bob l'éponge fait mieux, il fait cuire des steaks sous l'eau ?


- Pourquoi les Marsupilami ont-ils un nombril, alors qu'ils naissent dans des Å“ufs ?


-Pourquoi plus nous nous approchons de notre domicile, plus nous avons envie de faire pipi ?


- Pourquoi met-on une pizza qui est ronde dans une boîte carrée et la mange-t-on en forme de triangle ?


- Si c'est mauvais de grignoter pendant la nuit, à quoi sert la lumière dans le frigo?


- Pourquoi les footballeurs sautent de joie après avoir marqué un but, alors que c'est leur métier ? On n'a jamais vu un boucher se rouler par terre après avoir vendu un gigot.


- Quand un homme s’approche un peu trop près d’une femme, pourquoi celle-ci lui dit qu’il va trop loin ?


- Pourquoi sur les shampoings il y a marqué : « ne pique pas les yeux »... alors qu’au dos de celui-ci, il y a écrit : « en cas de contact avec les yeux, rincer immédiatement » ?



LA PHOTO :
=-=-=-=-=-=-=




Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l

Sur le blog de Violine

Posté le : 03/01/2016 18:46
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Plume d'Or
Inscrit:
18/02/2015 13:39
De Dijon
Messages: 2303
Niveau : 39; EXP : 1
HP : 190 / 950
MP : 767 / 25999
Hors Ligne
Cher Donald,

Visiblement il manquait un peu d'ambiance là haut!
Il fallait sans doute y mettre une ambiance révolver.
Quoi de mieux pour le fer(pardon le faire) que notre Lu6fer.
Quelle trouvaille. C'est le beau 6!

Une escapade d'enfer au paradis. Quelle imagination.
Et une ambiance USA comme tu sais nous le faire toujours avec bonheur. Et alors les actrices, l'ambiance est aux pin-up. Moi, je comprends Lu6fer!

Je me suis amusé à te lire.
Merci cher Donald.

Je te souhaite une magnifique semaine.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 03/01/2016 18:09
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Plume d'Or
Inscrit:
14/03/2014 18:40
De Paris
Messages: 1111
Niveau : 29; EXP : 25
HP : 0 / 706
MP : 370 / 21252
Hors Ligne
Chère Delphine,

La vengeance est un plat qui se mange froid, même le soir du réveillon. Ton histoire confirme cet adage populaire, si cher à mon cœur et tellement présent dans tes histoires.

Il ne manquait plus qu'un ou deux Hurlus.

Bonne année,

Bises

Donald

PS: Des fois, tu me fais peur, quand même.

Posté le : 03/01/2016 17:58
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35550
Hors Ligne
Inoubliable réveillon !

Carine monte dans l’ascenseur de l’immeuble et je me mets à sangloter. Ma voisine de palier me demande ce qui provoque mes pleurs.
– Je suis toute seule pour le réveillon. En plus cela me rappelle toujours le dernier passé avec mon regretté Robert.
– Votre mari ?
– Non, mon petit chien. Il s’est étranglé avec une coquille d’escargot volée sur la table un trente-et-un décembre.
– Oooh, je ne savais pas…. Si vous voulez, vous pouvez passer le réveillon avec nous. S’il y en a pour six, il y en a pour sept.
– Et plus on est de fous, plus on rit !
– Oui ! Vous acceptez ?
– C’est bien gentil, je viens à quelle heure ?
– Disons vingt heures.
– Je me mettrai sur mon trente-et-un ! Normal pour la Saint-Sylvestre, non ?
– Je vois que vous avez retrouvé le sourire. À jeudi alors. Bonne journée Madame Poisson.
– Vous aussi Madame Leboeuf. Et encore merci.

Le trente-et-un à dix-neuf heures, j’appuie avec insistance sur la sonnette de mes chers voisins. C’est Carine qui m’ouvre, les cheveux encore en bataille :

– Madame Poisson, vous êtes tôt !
– Je viens vous aider.
– Ce n’est pas nécessaire.
– Si, j’insiste !

Elle me fait entrer. Le couple est encore en plein préparatifs culinaires. Je propose de mettre la table. Carine m’ouvre le buffet donnant accès à son service en porcelaine et ses verres en cristal. Mais, sur le chemin entre le meuble et la table de la salle à manger, mes mains pleines d’arthrose lâchent les assiettes fleuries. Je suis alors invitée à rester sur le canapé devant des en-cas du même nom, pendant que Jacques joue de l’aspirateur et que Carine part faire le deuil de ses assiettes dans la cuisine.
Les invités arrivent peu après vingt heures. Il y a deux couples : Henri et Vanessa, Jean-Marc et François. Chacun me salue poliment en jetant un coup d’œil au plateau des canapés qui est devenu aussi clairsemé qu’un potager en plein désert. Carine sort alors le champagne en me proposant :

– J’ai du jus de fruits pour vous.
– Non, le champagne me convient très bien. J’ai peu l’occasion d’en boire.

Et je ne m’en prive pas car c’est moi qui termine la bouteille de Moët et Chandon, grand cru 2006. Les derniers canapés engloutis, nous nous installons à table sur laquelle se trouvent des assiettes dépareillées et une soupière remplie de gaspacho, posée juste devant moi. À ce moment, je suis prise d’une crise d’éternuement et ne peux empêcher mon dentier supérieur de s’échapper de ma bouche pour atterrir dans la soupe. Je me confonds en excuses face aux invités plutôt amusés et une Carine effarée. Finalement, je goûte seule à cette spécialité espagnole très réussie par notre hôte pendant que celle-ci réchauffe rapidement une soupe en boîte pour les autres.
L’entrée est un plat d’escargots de Bourgogne. En les voyant, je fonds en larmes.
– Cela me rappelle mon Robert. Il me manque tant ! C’est à cause de ces vilaines bêtes qu’il est mort. Dès que je vois une coquille, j’ai le cœur qui saigne… Je me souviens comment il s’étouffait en me regardant avec ses petits yeux mouillés. Il semblait me dire qu’il m’aimait et regrettait son larcin. Je l’ai tenu dans mes bras jusqu’à son dernier soupir. Puis je l’ai déposé dans son panier près du feu que j’ai laissé allumé jour et nuit. Son petit corps s’est desséché, ainsi il reste toujours près de moi.

Les escargots sont engloutis rapidement avec un sentiment de malaise palpable chez les invités qui se lancent des regards étranges.
Le plat est une raclette avec un joli plateau de charcuterie. À la vue des tripes, je ne peux m’empêcher d’évoquer les détails de ma dernière coloscopie. Etrangement, les invités semblent avoir du mal à terminer leurs assiettes. La mienne vidée, je demande l’emplacement des toilettes.

À mon retour, Carine débarrasse la table et s’exclame :

– Qui veut du fromage ?

Jean-Marc lui répond :

– Je suis grand amateur de Maroilles et de camembert. On les sent jusqu’ici !
– Ah non, il n’y a que du gouda, de l’emmental, du Comté et de la feta. Rien de bien odorant !

Je réponds :

– Je suis désolée mais je crois que j’ai bouché vos toilettes. J’étais constipée depuis quelques jours….

Un air de dégoût, presque de frayeur, se lit sur le visage de mes hôtes.
Personnellement, je fais l’impasse sur le fromage. Lorsque Carine évoque des crêpes flambées au dessert, je lui demande de m’en occuper car c’était ma grande spécialité lorsque je recevais des invités. Elle refuse avec véhémence mais cède devant mon insistance et mes yeux de cockers. Je me souviens avoir craqué une allumette après avoir arrosé abondamment les crêpes de Grand-Marnier et puis… un grand blanc.
En ouvrant les yeux, je vois Jacques occupé à actionner l’extincteur afin d’étouffer le feu qui consume les crêpes et attaque le meuble de cuisine. On m’aide à me relever en disant :

– On va vous reconduire chez vous.
– Vous avez une bonne assurance, j’espère ?
– Ne vous en faites pas pour ça…

En refermant la porte de mon appartement, je ne peux m’empêcher de sourire. Cela leur apprendra à mettre mon amie Martha, la grand-mère de Carine, au home juste pour récupérer son appartement sans devoir payer de loyer. Quand je vais lui raconter cette soirée mémorable à ma prochaine visite, on va bien rigoler ! C’est alors que l’église sonne les douze coups de minuit et que j’entends les voisins se souhaiter la bonne année. Je parie que leur bonne résolution pour 2016 sera de ne plus jamais m’inviter.

Posté le : 03/01/2016 16:43
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35550
Hors Ligne
Mon Donald,

Ce Lu6fair est un célèbre trouble-fête et il le prouve ici. Une belle idée de faire revivre ces grandes du show business. Et les vaches sacrées, ne seraient-elles pas les cousines de Meuh-oui et Meuh-non ?

Cela a du être une fête d'Enfer ! Yeahh Baby !

Merci mon canard

Couscous

Posté le : 03/01/2016 16:43
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Plume d'Or
Inscrit:
14/03/2014 18:40
De Paris
Messages: 1111
Niveau : 29; EXP : 25
HP : 0 / 706
MP : 370 / 21252
Hors Ligne
Saint-Sylvestre


Lu6fair se regarda dans le miroir de l’ascenseur, ajusta son nœud papillon puis, visiblement satisfait de sa tenue, appuya sur le bouton du septième étage. La fête battait son plein, comme à chaque Saint-Sylvestre. Les enturbannés, les vaches sacrées, les petits blonds à ailes blanches, tout le gotha du monde religieux profitait de cette soirée de trêve instaurée par le vieux monsieur à la barbe blanche, l’hôte du moment. Lu6fair ne se souvenait plus pourquoi cette tradition existait à l’étage du haut alors que les gueux du bas se tapaient constamment les uns sur les autres, soutenant mordicus des principes dépassés, à coups de bombes et de gaz.

Lu6fair se dirigea vers le bar. Une splendide blonde aux formes sculpturales commandait une coupe de vin pétillant, sous l’œil amusé de ses copines, une rousse incendiaire et une brune magnifique. Lu6fair se dit qu’il les avait déjà vues quelque part toutes les trois, sans se souvenir exactement où. Il utilisa cette excuse pour engager la conversation avec la brune.
— Vous allez me trouver lourd, commença-t-il, mais je ne me souviens pas où nous nous sommes rencontrés.
— Pour sûr, mon biquet, tu ne joues pas la carte de l’originalité. Fais marcher tes méninges !
— Je suis à court d’arguments pour ce soir, et pourtant les balivernes sont mon fonds de commerce. J’emballe des gogos à longueur de journée.
— Tu vends des aspirateurs Dyson, je suppose, lança la rousse, tout à coup intéressée par la discussion.
— Non, juste des promesses.
— Tu es politicien, alors, lâcha la blonde. J’en ai connu des tas, jadis.

Lu6fair se souvint. La brune s’appelait Ava. Jadis, chez les bouseux d’en-bas, elle était une star, une diva, un fantasme absolu. Des générations de boutonneux s’étaient imaginées à son bras, pour ne pas dire plus, tandis que des dizaines d’écrivains avaient glosé sur ses formes parfaites et ses yeux envoutants. Elle avait éclairé deux décennies d’un nouvel art, celui des écrans géants et des images en couleurs, avant de terminer dans les cavernes de l’oubli, une fois sa beauté effacée par le temps et les excès en liqueurs variées.
— Non, je ne suis pas politicien, même si j’en conseille quelques uns, parfois.
— Je donne ma langue au chat, mon biquet, susurra la blonde.
— Qu’il s’amuse avec, elle a l’air bien agile, répliqua Lu6fair en se focalisant sur la brune. Toi, je me souviens de ton nom. Tu es Ava Gardner.
— Alors là, mon chou, tu m’épates, persifla Ava. Quelle mémoire !
— J’ai l’impression que tu ne me portes pas dans ton cœur, Ava.
— Loin de moi cette idée, mon charmant Lu6fair.

Lu6fair décida de passer outre l’allusion. Il se rappelait d’Ava Gardner lors de son audition au Purgatoire. Elle avait échoué aux tests de QI, un peu trop compté sur ses atouts naturels et finalement le jury l’avait envoyé directement aux Enfers, avec un boulot de strip-teaseuse à la clé, dans une taverne de troisième ordre. Pour cette raison, elle ne l’avait pas oublié non plus.
— Et vous, les filles, je crois également vous avoir reconnues, chanta-t-il aux deux autres.
— Fais nous profiter de ta science, mon petit bouquetin, répondit la rousse.
— Toi, tu es Rita Hayworth, un sex-symbol chez les ahuris du monde d’en-bas. Ta légende est restée, avec quelques chefs d’œuvre à ton actif.
— Bravo, Sherlock !
— Et la blonde, c’est Jayne Mansfield, la reine du poster, chez les adolescents américains.
— Quelle culture, remarqua Jayne. Nous aussi, on te connait. Tu étais dans le jury du Purgatoire. On te doit, ainsi qu’aux onze autres jurés, notre descente aux Enfers, notre boulot de danseuse de bar, bref pas vraiment le repos éternel promis par tes pairs.

Lu6fair utilisa son argumentaire favori, la défense élastique, un exercice incontournable quand il rencontrait des morts assez stupides pour croire au Paradis. Il raconta les magouilles entre les fanatiques des orgies de compétition et les sobres gardiens du temple. Les premiers avaient manœuvré pour se garder toutes les beautés, du genre Ava, Jayne et Rita, laissant les seconds avec les cérébrales, les Marguerite, Simone et consorts, juste bonnes à philosopher sur le vide, entre deux solos de lyre joués par des blondinets émasculés. Résultat des courses : toutes les actrices, mannequins, chanteuses un tant soit peu sexy avaient terminés aux Enfers, avec leurs équivalents masculins, les Marlon, Elvis et autres symboles de la virilité.

Visiblement, ses arguments portèrent. Ava perdit de sa morgue, Jayne tordit un peu plus de la fesse et Rita afficha un sourire à damner un moine cistercien. Lu6fair en profita pour se détendre les papilles, avala une rasade de vin pétillant puis passa la seconde.
— Je suis pardonné, les filles ? Vous ne me faites plus la gueule ?
— On dirait que oui, répondit Jayne en lui léchant le cou. Je te croquerais bien, mon loulou.
— Une question demeure, jeta Ava, tel un pavé dans la mare. Qu’est-ce que tu fais ici ?
— Si je te disais que je suis en mission pour le Seigneur, me croirais-tu ?
— Je suis conne, certes, mais pas ce point. Tu dois me confondre avec Marilyn.

Cette boutade déclencha une vague de rires gras chez Rita et Jayne. Même mortes, les stars de cinéma ne pouvaient pas se supporter et déclinaient leur inimitié en bandes. Ici, on avait droit à la version Cinémascope, celle où Ava régnait en maîtresse sur la mythique Rita et l’éphémère Jayne. Marilyn les avait effacé des tablettes, poussées dans les archives des critiques cinématographiques, emballé dans du papier jauni et étiquetées ringardes.
— Disons que je suis venu pimenter la soirée, dit Lu6fair.
— Bonne chance, alors, persifla Ava. Ici, depuis des années, c’est toujours le même cérémonial. On se dirait aux Oscars. Tout le monde se congratule, alors qu’en vrai chacun déteste son voisin. C’est beaucoup trop propre, net, sans surprises. On s’emmerde, en vrai.
— Alors pourquoi viens-tu ?
— Je suis payé pour assurer le décor. Jayne, Rita et moi sommes les guirlandes de cette fête des faux-culs. Si tu te promènes à l’étage, tu verras que nous ne sommes pas les seules. Le casting change chaque année, c’est tout. Hier, c’était le tour de Marilyn et ses courges. Aujourd’hui, c’est nous, les vraies, les dures, les tatouées. Nous sommes leur piment.

Ava cligna de l’œil, déclenchant à nouveau l’hilarité. Lu6fair jugea le moment propice pour avancer ses pions, au lieu de jouer aux dés tel un dieu de seconde zone.
— Et si on changeait un peu la donne, histoire de montrer qui vous-êtes ?
— On risque de ne pas toucher notre salaire, s’inquiéta Rita.
— Quel que soit le prix initial, je le multiplie par dix, proposa Lu6fair.
— C’est tentant, avoua Jayne.
— Je marche, répondit Ava.
— Banco, conclut Rita.
— Voici les consignes, commença Lu6fair.

De sage, la fête devint réellement débridée. Ava réussit à convaincre Marlon et les autres de rajouter une touche de soufre, de mélanger les voiles et la vapeur. Les anges jouèrent du Jimi Hendrix, les vaches sacrées pétèrent du méthane, les enturbannés firent tourner les serviettes. De saint, Sylvestre passa à démon, sans se préoccuper du qu’en-dira-t-on et des bonnes manières. La Terre arrêta de tourner en rond pendant une douzaine d’heures, au grand dam d’Isaac Newton et Galilée, les invités surprise d’une fête censée réconcilier l’Esprit et la Science, les Faits et les Lettres.

Posté le : 03/01/2016 15:11
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi festif du 2 janvier 2016
Plume d'Or
Inscrit:
18/02/2015 13:39
De Dijon
Messages: 2303
Niveau : 39; EXP : 1
HP : 190 / 950
MP : 767 / 25999
Hors Ligne
Cher Donald,

Ta rencontre avec Lao Tseu est original. J'aurais bien aimé le découvrir ainsi.
Je l'ai beaucoup lu et j'adore.
Il est une phrase de lui que j'aime tant : "dis moi et j'oublierai, enseigne moi et je me souviendrai, implique moi et j'apprendrai". Je mets en application cette phrase dans mes missions d'audit, de formation et de conseil, au quotidien.

Porte toi bien et prend bien soin de toi.
Au plaisir de te lire encore et toujours.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 02/01/2016 18:00
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 185 186 187 (188) 189 190 191 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
59 Personne(s) en ligne (50 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 59

Plus ...