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Rosa Luxembourg 2
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Révolution en Allemagne

Révolution allemande de 1918-1919 et Révolte spartakiste de Berlin
La révolution allemande de novembre 1918 permet à Rosa Luxemburg de sortir de prison : une amnistie politique est prononcée le 6 novembre ; elle-même est libérée le 10 et regagne seule Berlin, alors que la ville est en pleine effervescence révolutionnaire. Les dirigeants spartakistes se réunissent et fondent, après quelques difficultés pour trouver un imprimeur, un nouveau journal, Die Rote Fahne Le Drapeau rouge. Rosa Luxemburg y appelle le prolétariat allemand à poursuivre la révolution et à s'organiser pour en prendre la direction ; elle surestime alors l'engagement révolutionnaire des ouvriers allemands et sous-estime l'attrait que peuvent exercer sur eux des valeurs bourgeoises comme la propriété, le nationalisme ou la religion. Elle mène une existence harassante et, du fait de la distance entre la rédaction du journal et son appartement, est fréquemment obligée de coucher dans des hôtels.
La Ligue spartakiste, menée notamment par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, prône une radicalisation de la révolution et l'accès au pouvoir des conseils d'ouvriers et de soldats apparus fin 1918 dans toute l'Allemagne à l'occasion de la révolte populaire, pour former une République des conseils. Pour les spartakistes, la révolution doit désormais s'étendre à toute l'Europe avec le soutien de la Russie soviétique. Hostiles pour leur part à tout putschisme et à tout terrorisme de parti, Liebknecht et Rosa Luxemburg sont dépassés par l'utopisme des intellectuels et le radicalisme des ouvriers qui les suivent. Le SPD, qui a formé le gouvernement dirigé par Friedrich Ebert, souhaite au contraire une transition politique modérée afin d'éviter à l'Allemagne une situation du type russe. La tension politique est extrême et, le 6 décembre, des troupes gouvernementales occupent la rédaction de Die Rote Fahne. Une manifestation spartakiste est dispersée à coups de mitrailleuse, faisant treize morts et trente blessés. Les spartakistes sont finalement désavoués par ceux-là même qu'ils ambitionnent de mettre au pouvoir : le 16 décembre, le Congrès national des Conseils d'ouvriers et de soldats, seul pouvoir légitime aux yeux des spartakistes, se réunit et décide à la majorité qu'il ne lui appartient pas de décider du sort de l'Allemagne, et que cette tâche devra être confiée à une assemblée constituante élue au suffrage universel. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ne sont pas autorisés à siéger au congrès, pas même avec voix consultative.
Le climat d'agitation révolutionnaire en Allemagne aboutit à la formation du Parti communiste d'Allemagne KPD : les spartakistes, ayant pris la décision de se séparer de l'USPD, forment le parti lors d'un congrès tenu du 30 décembre 1918 au 1er janvier 1919. Rosa Luxemburg, qui aurait pour sa part préféré la dénomination de socialiste à celle de communiste pour établir plus facilement des liens avec les révolutionnaires occidentaux, est mise en minorité sur ce point. Elle-même préfère continuer d'utiliser le seul nom de Ligue spartakiste pour désigner le parti. Karl Radek, vieil adversaire de Rosa Luxemburg, est alors présent clandestinement sur le territoire allemand en tant qu'émissaire de la Russie soviétique : il assiste au congrès fondateur du KPD et débat à cette occasion avec Rosa Luxemburg de l'usage de la terreur. Alors que Radek, comme les autres bolcheviks, juge la terreur indispensable pour préserver la révolution, Rosa Luxemburg se montre sceptique ; elle fait finalement adopter dans le programme du parti allemand un point qui s'oppose à toute pratique terroriste. Rosa Luxemburg et Paul Levi plaident pour la participation des communistes à l'élection de l'assemblée constituante, mais la majorité se prononce pour le boycott de ces élections65. Rosa Luxemburg tente en vain de convaincre le congrès du KPD du danger que représente le refus de participer au processus électoral.
Début janvier 1919, l'agitation politique dans les milieux ouvriers tourne à l'affrontement ouvert quand le préfet de police Emil Eichhorn, membre de l'USPD, refuse de quitter son poste après le départ des indépendants du gouvernement et distribue des armes aux ouvriers radicaux. Karl Liebknecht, emporté par le mouvement, croit à la possibilité d'un soulèvement qui renverserait le gouvernement : le KPD forme avec d'autres groupes, dans la nuit du 5 au 6, un comité révolutionnaire et décide de passer à l'insurrection. Rosa Luxemburg juge le mouvement totalement prématuré mais choisit de le soutenir par loyauté via ses articles dans Die Rote Fahne. Le soulèvement, spontané mais sans plan, direction ni organisation, échoue totalement : le ministre SPD Gustav Noske est chargé d'organiser la répression, qu'il confie aux corps francs. Les militaires écrasent l'insurrection avec une grande brutalité, tuant les spartakistes qui se présentent porteurs d'un drapeau blanc. Bientôt, tout Berlin est occupé par l'armée. Rosa Luxemburg fait paraître le 14 janvier 1919 son dernier article, amèrement intitulé L'Ordre règne à Berlin.

Assassinat

Le lendemain de la parution du dernier article de Rosa Luxemburg, des militairesnote 1,70 se présentent à son domicile clandestin. Arrêtée, elle est conduite, en même temps que Wilhelm Pieck, à l'hôtel Eden qui sert de quartier-général provisoire à la division de cavalerie et de fusiliers de la garde : interrogée par le capitaine Waldemar Pabst, elle refuse de répondre aux questions de ce dernier. Des militaires la font ensuite sortir de l'hôtel pour l'escorter en prison. Alors qu'elle est dirigée vers la sortie de l'hôtel, elle est frappée à la tête à coups de crosse de fusils ; les soldats la font ensuite monter dans une voiture pour la conduire en détention. Alors que le véhicule a à peine parcouru cent mètres, Rosa Luxemburg est tuée d'une balle dans la tête par l'un des militaires, probablement le lieutenant Vogel qui commandait l'escorte. Son cadavre est jeté dans le Landwehrkanal. Un communiqué affirme ensuite qu'elle a été tuée par une foule de citoyens en colère. Karl Liebknecht, arrêté lui aussi, est également tué en sortant de l'hôtel Eden par l'escorte qui était censée l'emmener en prison.

Funérailles de Rosa Luxemburg, le 13 juin 1919.

Symboliquement, un cercueil vide représentant Rosa Luxemburg est enterré le 25 janvier en même temps que celui de Liebknecht et de 31 autres victimes de la répression. Un corps identifié comme celui de Rosa Luxemburg est finalement repêché le 31 mai73,69,74. Leo Jogiches tente de découvrir la vérité sur la mort de Rosa Luxemburg : en mars, il est arrêté à son tour, puis tué, officiellement alors qu'il tentait de s'évader du quartier général de la police.
Les militaires responsables de la mort de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht sont traduits en justice pour maltraitances : le procureur Paul Jorns plaide cependant les circonstances atténuantes en raison de leurs excellents états de service. Le soldat Runge, qui avait frappé Rosa Luxemburg à la tête, est condamné à deux ans et deux semaines de prison pour tentative de meurtre, et le lieutenant Vogel à deux ans et quatre mois pour s'être débarrassé du cadavre et avoir fait un rapport incorrect. Vogel s'évade ensuite en bénéficiant de complicités et vit quelque temps à l'étranger en attendant une amnistie. Runge déclarera plus tard avoir accepté d'endosser tous les torts en échange d'une condamnation légère, il demandera par la suite au chancelier Hitler une compensation pour sa condamnation et se verra accorder par le régime nazi la somme de 6 000 marks. Durant les années qui suivent la mort de Rosa Luxemburg, Paul Levi, un temps chef du KPD avant d'être écarté par l'Internationale communiste, se bat pour empêcher que les assassinats de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ne soient amnistiés et pour dénoncer le truquage de l'enquête. En 1928, il assure la défense d'un éditeur que le procureur Jorns poursuivait en diffamation pour avoir publié un article l'accusant d'avoir truqué l'enquête Luxemburg-Liebknecht. Levi parvient à prouver que Jorns a détruit des preuves des deux meurtres, et obtient qu'il soit jugé coupable d'avoir couvert les assassins. Jorns fait appel et il est par la suite dédommagé par le régime nazi pour ses ennuis judiciaires. Dans une interview accordée en 1959, Waldemar Pabst déclare que la mort de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg était dûment planifiée. En 1962, commentant officiellement les déclarations de Pabst, le gouvernement ouest-allemand qualifie les assassinats de Liebknecht et Rosa Luxemburg d'exécutions en accord avec la loi martiale.
L'ouvrage théorique de Rosa Luxemburg Introduction à l'économie politique est publié après sa mort par les soins de Paul Levi. Sa tombe se situe au cimetière central de Friedrichsfelde de Berlin, où un hommage lui est rendu chaque deuxième dimanche de janvier. En mai 2009, Michael Tsokos, directeur de l'institut médico-légal de l'hôpital Charité de Berlin, annonce la découverte dans les sous-sol de l'institut, du corps d'une femme aux caractéristiques physiques fortement similaires à celles de Rosa Luxemburg. Il y aurait selon lui des doutes importants sur l'identité du corps reposant au cimetière de Berlin, devenu chaque année un lieu de recueillement pour des milliers de personnes.

Théories et postérité politique

Rosa Luxemburg n'a pas laissé de système idéologique élaboré, bien que des lignes directrices se dégagent de sa pensée1. Elle se sert des concepts développés par Karl Marx pour fonder sa propre analyse, et étudie les aspects nouveaux du capitalisme de l'époque : colonialisme, impérialisme, accumulation des capitaux… Elle réfléchit aux moyens de créer une alternative à ce mode de développement économique et politique, et théorise notamment l'internationalisme. Dans ce cadre, elle développe une critique du nationalisme et des luttes de libération nationale :
« … le fameux droit de libre disposition des nations n'est qu'une phraséologie creuse …

La Révolution russe, 1918

En pratique, elle s'oppose, avec le SDKPiL, à l'indépendance de la Pologne et à la lutte nationale en général.
Elle considère que la révolution sera l'œuvre des masses et non le produit d'une « avant-garde éclairée » qui ne peut que se transformer en une dictature, « celle d'une poignée de politiciens, non celle du prolétariat ».
« Considérer qu'une organisation forte doit toujours précéder la lutte est une conception tout à fait mécaniste et non dialectique »
— Gesammelte Werke, IV, Berlin, p. 397
Rosa Luxemburg considère que le socialisme est lié à la démocratie : Quiconque souhaite le renforcement de la démocratie devra souhaiter également le renforcement et non pas l’affaiblissement du mouvement socialiste ; renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même.

Elle estime que le réformisme conduit à l’abandon de l’objectif socialiste : « Quiconque se prononce en faveur de la voie des réformes légales, au lieu et à l’encontre de la conquête du pouvoir politique et de la révolution sociale, ne choisit pas en réalité une voie plus tranquille, plus sûre et plus lente, conduisant au même but, mais un but différent, à savoir, au lieu de l’instauration d’une société nouvelle, des modifications purement superficielles de l’ancienne société … non pas la suppression du salariat, mais le dosage en plus ou en moins de l’exploitation.
Présentant ses conceptions du socialisme dans une brochure du SDKPiL en 1906, elle écrit : La suppression du capitalisme et de la propriété privée ne pourra pas s’effectuer dans un seul pays. … Le régime socialiste mettra fin à l’inégalité entre les hommes, à l’exploitation de l’homme par l’homme, à l’oppression d’un peuple par un autre ; il libèrera la femme de l’assujettissement à l’homme ; il ne tolèrera plus les persécutions religieuses, les délits d’opinion.
L'un des points essentiels de la conception du socialisme par Rosa Luxemburg tient à la liberté de penser différemment : pour elle, l'engagement révolutionnaire est avant tout une question morale, tenant à l'obligation de lutter pour un système social plus humain : elle considère par conséquent la Realpolitik, qu'elle soit exposée par Kautsky, Lénine, ou Marx lui-même, comme immorale et sans valeur ; la dimension éthique et l'idéalisme des ouvriers sont à ses yeux plus importants que les lois de l'histoire. Dans Grève de masse, Parti et syndicat, elle se livre à une critique de l'autorité centrale du parti, à laquelle elle oppose les grèves de masse spontanées, qui expriment à ses yeux la capacité des ouvriers à prendre leur destin en main. Elle désapprouve également l'idée d'insurrection armée, qui revient à déclencher artificiellement la révolution. Enfin, elle s'oppose de manière fondamentale au nationalisme, facteur de division. Pour Rosa Luxemburg, la révolution est avant tout un changement radical et profond dans les relations entre classes sociales : dans cette optique, le marxisme, loin du jargon auquel le réduisent certains démagogues, est avant tout une philosophie humaniste destinée à rendre au peuple son intégrité. Alors qu'elle croit, au début du XXe siècle, que le nationalisme est sur son déclin, elle considère que le groupe social des prolétaires ne doit pas correspondre à une nation, ni être défini en termes de citoyenneté, de race ou d'hérédité, mais s'identifier au prolétariat international, uni par un mode de vie commun. Elle nie ainsi le lien entre le droit à l'autodétermination nationale et la liberté d'expression, considérant que la priorité du mouvement socialiste doit être d'obtenir l'autodétermination, non pas pour les nations, mais pour la classe ouvrière. Opposée au nationalisme, la révolution socialiste internationale est également destinée, dans l'optique de Rosa Luxemburg, à mettre un terme à l'exploitation, à l'inégalité des sexes et à l'oppression raciale. Un régime socialiste dans lequel les individus seront liés par l'harmonie et la solidarité aboutira ainsi à la création d'une nation par consentement commun.
Helene Deutsch, disciple de Sigmund Freud, qui la rencontre en 1910 au Congrès de Copenhague, a été impressionnée par la personnalité de Rosa Luxemburg et le charisme qu’elle dégageait. Elle devint pour elle un modèle de référence.
Le terme de luxemburgisme a été utilisé pour désigner un courant d'idées de la gauche communiste opposée à l'autoritarisme léniniste, et plus précisément la tendance conseilliste. Au sein du mouvement communiste, Rosa Luxemburg fait l'objet de jugements contrastés : certains approuvent sa condamnation de la terreur bolchevique et tendent à faire du luxemburgisme un modèle qui respecterait la volonté des masses et concilierait socialisme et démocratie ; d'autres, tout en louant parfois sa mémoire et son courage, la critiquent au nom de l'orthodoxie léniniste, puis stalinienne, et regrettent ce qu'ils appellent ses erreurs. Le terme luxemburgisme est surtout utilisé à des fins polémiques — qu'il s'agisse de le louer ou de le condamner — Rosa Luxemburg n'ayant pas elle-même présenté ses idées sous la forme d'un système cohérent.
En 1921, le régime bolchevique donne le nom de Luxemburg à la ville géorgienne de Katharienenfeld aujourd'hui Bolnissi. Dans les années qui suivent, cependant, l'Internationale communiste dénonce le luxemburgisme : ce terme est alors utilisé, dans le vocabulaire du Komintern, pour englober les communistes opposés à la bolchevisation, soit au contrôle plus strict de leurs organisations par l'IC. Dans les années 1930, Rosa Luxemburg elle-même est dénoncée par Staline pour sa critique de la révolution bolchevique ; elle est dès lors exclue des grandes figures du marxisme reconnues par l'Internationale communiste. Staline dénonce notamment de prétendues parentés idéologiques entre le luxemburgisme, le trotskisme et le menchevisme.
Rosa Luxemburg est par la suite réévaluée comme une figure majeure de l'histoire du socialisme, de la théorie marxiste et du mouvement communiste, mais ses idées et son image sont instrumentalisées par des camps politiques opposés. Sa mémoire est ainsi récupérée par les régimes du bloc de l'Est — sa tombe et celle de Karl Liebknecht deviennent ainsi en République démocratique allemande le lieu d'une cérémonie d'hommage annuelle — sans que sa pensée politique y soit un objet d'études approfondies. Le régime est-allemand rend hommage à Rosa Luxemburg en tant que martyre de la révolution, jusqu'à lui vouer une forme de culte mais, paradoxalement, sans prendre en considération son apport politique ni le détail de ses idées. Durant la guerre froide, Rosa Luxemburg se trouve ainsi honorée par les mêmes dirigeants communistes qui avaient précédemment interdit ses écrits. Une place du quartier de Berlin-Mitte, alors situé dans la zone soviétique puis à Berlin-Est, est baptisée en 1947 en son honneur Luxemburgplatz, avant de prendre en 1969 le nom de Rosa-Luxemburg-Platz qu'elle conserve après la chute du mur et la réunification allemande.
À l'opposé, et surtout à partir des années 1960, l'héritage politique de Rosa Luxemburg continue d'être revendiqué en parallèle par des communistes anti-staliniens, et par toute une série de courants gauchistes, trotskistes ou libéraux. Les uns font de Rosa Luxemburg une citoyenne du monde, voire une libertaire, tandis que les autres voient en elle l'apôtre de la République des conseils contre le centralisme des bolcheviks, alors même qu'elle n'a jamais théorisé la fonction et le pouvoir que pourraient prendre les conseils ouvriers dans une société socialiste. Au XXIe siècle, différents courants de pensée de gauche, ou féministes, continuent de se référer, dans diverses mesures, à Rosa Luxemburg.

Postérité littéraire de sa correspondance

Rosa Luxemburg a laissé une correspondance importante d’une qualité littéraire reconnue. Le satiriste Karl Kraus évoque notamment une lettre écrite à Sonia Liebknecht, depuis la prison pour femmes de Breslau, en ces termes : ce document d’humanité et de poésie unique en son genre »88 devrait selon lui figurer dans les manuels scolaires de toute république, entre Goethe et Claudius.
En 2006, la comédienne Anouk Grinberg lit des lettres de Rosa Luxemburg à ses amies Luise Kautsky, Sonia Liebknecht, notamment pendant ses détentions, dans un spectacle intitulé Rosa, la vie au théâtre de l'Atelier à Paris. En 2009, ces lettres dans la traduction d'Anouk Grinberg et de Laure Bernardi sont publiées sous le même titre aux Éditions de l'Atelier.

Principales Å“uvres

Le Développement industriel de la Pologne 1897
Réforme sociale ou révolution ? 1899
Questions d'organisation de la social-démocratie russe Centralisme et démocratie, 1904
Grève de masse, parti et syndicat 1906
L'Accumulation du capital 1913
La Crise de la social-démocratie 1915, publié en 1916
La Révolution russe 1918, publication posthume
Introduction à l'économie politique publication posthume

Édition des Œuvres complètes de Rosa Luxemburg

Ce projet éditorial est mené conjointement depuis 2009 par les éditions Agone et le collectif Smolny.
Introduction à l'économie politique 2009
Avant-propos du collectif Smolny
Introduction générale de Louis Janover : Rosa Luxemburg, L'histoire dans l'autre sens
« Introduction à l'économie politique 1907-1917
Repères chronologiques 1857 - 1925
Bibliographie indicative
À l'école du socialisme 2012
Avant-propos du collectif Smolny
I. Éléments d’éducation politique : Conférence sur l’économie politique 1907—Discours sur la question de l’École du parti 1908 —École du syndicat et École du parti 1911
II. Lire Karl Marx : « De l’héritage de nos maîtres 1901 — De l’héritage de nos maîtres 1901 — De l’héritage de nos maîtres 1902— De l’œuvre posthume de Karl Marx 1905
III. Matériaux pour une histoire de l’économie politique 1907-1913 : Histoire de l’économie politique — Sur l’esclavage — Notes sur la forme économique antique / esclavage — Économie politique pratique. Le livre II du Capital de Marx — Économie politique pratique. Le livre III du Capital de Marx — Le contenu de la théorie du fonds de salaire — Histoire des théories des crises
Postface : Comment faire passer l’économie politique : Rosa Luxemburg enseignante par Michael Krätke
Le Socialisme en France 2013
Préface de Jean-Numa Ducange
Recueil de 41 articles, recensions, discours ou interviews 1898-1912
La brochure de Junius, la guerre et l’Internationale 2014
La IIe Internationale face à la guerre
Le groupe Internationale
La crise de la social-démocratie

Œuvres inspirées par la vie de Rosa Luxemburg

Littérature, théâtre, musique et peinture

1928 : Das Berliner Requiem Le Requiem berlinois, petite cantate pour ténor, baryton, chœur d'hommes ou trois voix d'hommes et orchestre de cuivres de Kurt Weill sur un texte de Bertolt Brecht, notamment le 2e et le 3e mouvement, Une jeune fille noyée et Épitaphe.
1949 : Alfred Döblin fait de Rosa Luxemburg l'un des personnages centraux du quatrième volume de Novembre 1918. Une révolution allemande : Karl & Rosa.
Rosa Luxemburg, sainte laïque de l'imaginaire communiste en URSS, figure indirectement dans le roman Tchevengour d'Andreï Platonov, idéal fantasmé de l'un des personnages principaux.
En 1970, en un long poème, Rosa Lux, créé sur la scène du théâtre des Carmes, André Benedetto fait ressurgir Rosa Luxembourg et ses luttes en une espèce d'hommage qui tombe à cheval entre le centenaire de sa naissance et le cinquantenaire de son assassinat.
Pierre Bourgeade a consacré, en 1977, une pièce à Rosa Luxemburg : Étoiles rouges, en jumelant son destin tragique à celui de Marilyn Monroe.
En 1992, le peintre québécois Jean-Paul Riopelle a réalisé une fresque d'une longueur totale de 40 mètres, composée de trente tableaux, intitulée Hommage à Rosa Luxemburg. Elle est en exposition permanente au musée national des beaux-arts du Québec à Québec.
En 2010, Claire Diterzi, auteure-compositrice-interprète, crée avec Marcial Di Fonzo Bo au Théâtre du Rond-Point un spectacle musical intitulé Rosa la Rouge, en présentant la vie de Rosa Luxemburg sous l'angle de sa vie affective et militante.
En 2014, Anne Blanchard, auteur pour la jeunesse, a publié Rosa Luxemburg. Non aux frontières, Actes Sud junior, un roman paru dans la collection ceux qui ont dit non sous la direction de Murielle Szac

Cinéma et télévision

La vie de Rosa Luxemburg a fait l'objet d'un film sorti en 1986, intitulé Rosa Luxemburg titre original Die Geduld der Rosa Luxemburg - La patience de Rosa Luxemburg et réalisé par Margarethe von Trotta. Barbara Sukowa, interprète du rôle-titre, a remporté pour ce film le prix d'interprétation féminine lors du festival de Cannes 1986. Otto Sander jouait le rôle de Karl Liebknecht.
Le personnage de Rosa Luxemburg apparaît par ailleurs dans divers films ou téléfilms, parmi lesquels :
1955 : Ernst Thälmann – Sohn seiner Klasse, film de Kurt Maetzig ; jouée par Judith Harms
1966 : Die rote Rosa, téléfilm de Franz Josef Wild ; jouée par Ursula Lingen
1980 : Jean Jaurès: vie et mort d'un socialiste, téléfilm de Ange Casta ; jouée par Maud Rayer
2010 : Allemagne 1918, téléfilm de Bernd Fischerauer ; jouée par Adriana Altaras
2012 : Europas letzter Sommer, téléfilm de Bernd Fischerauer ; jouée par Barbara Philip




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Posté le : 06/03/2016 18:06
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Re: Défi du 27 février 2016
Plume d'Or
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Chère Delphine,

J'ai traversé la semaine dernière un champ de mines professionnel dont je sors sans blessures. A 60 ans, je vais changer d'entreprise tout en restant dans le domaine de la santé, et me rapprocher de ma chère et tendre femme. Je quitte la Générale de Santé après 24 ans de bons et loyaux services, avec un pincement au coeur, comme tu peux t'en douter. Je prends le poste de directeur de la qualité, des risques et des organisations d'un groupe de 35 établissements, un groupe à taille plus humaine, au milieu de gens sains de corps et d'esprit surtout.

Je n'avais pas l'esprit à répondre à ton défi dont j'ai aimé le libellé.
Ayant l'esprit libre, je crois que je vais y répondre cette semaines. De belles idées me reviennent. Alors se priver de ce bon moment de partage et d'amitié.

Porte toi bien.
Au plaisir de te lire encore et toujours.

Amitiés de DIjon.

Jacques

Posté le : 06/03/2016 14:48
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Re: Défi du 05 mars 2016
Plume d'Or
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Cher Serge,

Dès lors que j'ai lu ton défi, s'est imposé dans le temps qui est le mien qui est un temps frontière, ce texte qui est une lettre, qui est ma lettre, un témoignage qui 'ma submergé et s'est saisi de ma main droite.
Je pense qu'elle répond un peu à ton défi même si elle s'en détourne un peu. Tu voudras bien me le pardonner.

Je l'ai appelé : lettre à un pervers narcissique.

Cher ami,

Je t’appelle ainsi car nous aurions pu le devenir si je n’étais pas devenu la victime émissaire de tes démons qui te saisissent au quotidien, qui m’ont cassé et qui auraient pu me briser.

Je t’ai connu alors que tu étais directeur de clinique. En ces temps-là, nos relations furent épisodiques et teintées d’une coloration d’affabilité distante mais sûre. J’accompagnais les démarches de changement des établissements de santé dont tu étais la tête pensante. Avec mon aide, tu trouvas ton compte à glaner quelques succès pour ta seule gloire et la pérennité de tes intérêts égoïstes mais tant éphémères. Devant ces réussites, je me disais que peut importait cela pourvu que les patientes et les patients y gagnent en sécurité et en satisfaction.

Et puis un jour, en janvier 2007, tu rejoignis le siège social comme cadre dirigeant et je finis, par la suite, par t’être rattaché.
Très tôt j’ai admiré ton intelligence pragmatique dans l’analyse stratégique que tu faisais des quelques établissements de santé en difficulté dans le groupe, et tout autant ta capacité à faire une analyse psychologique fine de quelques dirigeants de cliniques.
Tu as un talent indéniable pour savoir retourner l’opinion de tes dirigeants en ta faveur et emporter leur adhésion à tes idées.

J’ai reconnu et je reconnais encore ton talent d’orateur qui s’accompagne parfois d’une prédisposition à travestir la vérité, voire moi-même à mentir, avec un aplomb qui ferait passer des mensonges pour des vérités premières.
Je demeure ébaubi devant ton incapacité à reconnaître l’un de tes mensonges ou l’un de tes torts.
In fine, tu es un grand comédien. Au plus profond de mon être, j’ai très envie souvent de t’appeler « Monsieur bling bling », tant les idées peuvent scintiller dans l’instant avec toi puis s’effacer dans le vent de leur oubli. Tu peux être plusieurs personnalités à la fois, faisant varier sans cesse ta palette d’émotions.

Au gré du temps qui passait, pendant la période de notre collaboration, j’ai pu relever ton manque de sollicitude et d’état d’âme à l’égard d’un adversaire supposé ou d’un collaborateur méprisé, qui m’a dérouté et me déroute encore.
Certaines fois également, j’ai pu mesurer ton sens du calcul à dessein de vouloir paraître le meilleur et ton indifférence aux actions qui ne pointaient pas dans le sens de tes intérêts particuliers.
A contrario , tu te sens obligé de te passionner pour les idées d’un dirigeant, de ton dirigeant, imbibé du seul désir d’être « les doigts sur la couture du pantalon », obéissant aux ordres quels qu’en puissent être le bien fondé et la justesse.
Le sourire me vient aux lèvres quand il m’est apparu que tu pouvais avoir un coup de cœur et porter aux nues, un jour, un dirigeant ou un collaborateur que tu démoliras le lendemain.

Qu’un collaborateur ou un collègue puisse interférer dans ta relation narcissique avec ton cadre dirigeant crée chez toi de la colère, habillé en mépris ou traduite en rage agressive. Il en résulte alors une déception qui te conduit au désir de revanche.

Tu aimes instrumentaliser les être humains qui travaillent avec toi, souffler le froid puis le chaud pour en tirer, avec force, tous les avantages possibles pour toi.

Derrière ton comportement policé et courtois, se cache un être jaloux de ses confrères ou des ses proches et vengeur. Tes actes, qui peuvent avoir parfois un but généreux, se révèlent être les esclaves de ton seul désir de vouloir être aimé et adulé de toutes et de tous.

Avec moi comme avec tant d’autres, tu souhaites que l’on se sente coupable et que l’on se prive de toute velléité d’indépendance.
Tu cherches de manière continue à nous humilier, à nous convaincre d’un échec là où il n’y en a pas, à nous rappeler parfois que nous sommes peu de choses à l’égard d’un dirigeant qui compterait plus que nous, au point que nous devrions disparaître.
Et dans ta volonté d’emprise, tu aimes aller toujours plus loin, à tel point que tu veuilles intensément détruire notre liberté d’agir en nous imposant de terribles contraintes répétées.
Et avec la même détermination, tu aimes t’approprier les idées des autres, privés ainsi de leur capacité à défendre leur propriété intellectuelle, en raison de l’écran de fumée que tu crées entre eux et les dirigeants de l’entreprise.
Tu ne peux te passer de celles et ceux qui travaillent avec toi mais ils ne sont pour toi que le reflet de toi-même. Leurs qualités doivent être les tiennes. Tu aimes les dominer et les installer dans une incapacité à réagir devant tes instincts de conquérant des âmes et des intelligences.
Tu as le talent, parfois, de pouvoir entraîner quelques unes de tes victimes dans un comportement mimétique, les poussant à vouloir en blâmer d’autres, dans une attitude mythomaniaque comparable à la tienne. Leurs souffrances en deviennent alors doubles.

N’y a-t-il pas là dans toutes ces petitesses l’expression d’une jalousie sournoise ?
Tu es resté un enfant gâté à qui tout est dû. Aujourd’hui, je suis convaincu que tu n’as pas coupé le cordon ombilical qui te lie à ta mère.

J’ai enfin appris que tu n’aimes pas qu’une victime te résiste et je t’ai résisté en te dénonçant.
Depuis cette date, un néant s’est installé entre nous, un vide sidéral. Je sens que tu meures d’envie parfois de te venger mais je crois que tu sens ma détermination à te faire une guerre totale, si de nouveaux harcèlements devaient se reproduire. Tu en deviens alors prudent à juste titre. Ta prudence peut te conduire à la dissimulation. Ton courage de fond de caisse n’éclot que lorsque tu es sûr de gagner.
Je souris à l’idée du contraste galactique entre l’amour dont tu as tant besoin, émanant de toi mais surtout des autres et du dégoût que tu peux inspirer chez quelques uns et de la patience vigilante chez quelques autres.

Toi l’homme enfant, je veux te laisser et je ne veux plus te voir. La seule thérapeutique à ton égard est une indifférence ferme et sereine et un désir intense d’oubli.
Je pars donc de cette entreprise à qui j’ai tant donné et dont j’ai beaucoup reçu.
Je te laisse à tes démons qui de toi, finiront par avoir raison, te laissant seul dans un grand abandon.
Cette lettre est un trait que je tire sur les quelques années de tristesse et de souffrances que j’ai connues. J’ouvre maintenant une nouvelle porte : celle de la sagesse, du désir de richesse et de partage, loin, très loin de tes démons.

Que puis-je te souhaiter ?
Malgré tout, je te souhaite de trouver le chemin de la vraie estime de toi-même. Prend le avant qu’il ne soit trop tard !

Sois assuré de ce qui aurait pu être entre nous : une amitié sincère et bienveillante.

Jacques

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 06/03/2016 14:38
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Re: Défi du 05 mars 2016
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L’enquête

L’inspecteur Raduflair se frotte la barbichette. L’homme au tarin surdimensionné est chargé d’une affaire de détournements de fonds au sein d’une petite banque locale. Il a convoqué tous les employés afin de trouver le suspect. Le premier est le patron, Monsieur Roger Toutaintéré. Celui-ci s’assied devant le policier. Son costume Armani est mal repassé. Il est rasé de près mais ses cernes trahissent le cumul de nuits blanches. Le responsable pose son regard fatigué sur l’inspecteur. Ce dernier le questionne sur sa vie professionnelle, sa vie privée, la santé de la banque avant de lui demander :

– Avez-vous des soupçons sur l’un de vos employés ? L’enquête piétine et nous n’avons trouvé rien de suspect les concernant ; pas de mouvements bancaires particuliers, d’achats immodérés. Auriez-vous remarqué un quelconque changement de comportement chez l’un d’eux ?

Après un petit moment de réflexion, le patron se lance :

– Ecoutez… maintenant que vous me le demandez, il y a bien Robert qui m’a demandé un congé de trois semaines en juin prochain. Il m’a parlé d’un projet de séjour au soleil. C’est assez étonnant de sa part car il a pour habitude de se rendre dans un appartement familial à la mer du Nord au mois d’août. Et puis il y a Kevin qui vient de s’acheter un nouveau téléphone qui me semble un peu au-dessus de ses moyens.
– Et Madame De Sousa ?
– Elle a été envoyée par une agence d’interim il y a quelques mois après l’accident de notre précédente femme de ménage. On la voit en fin de journée lorsqu’elle commence son service. Elle termine une heure après la fermeture de la banque. Son travail est impeccable. C’est une portugaise, qui ne comprend pas très bien le français. Elle est en-dehors de tout soupçon.

L’inspecteur reçoit ensuite Monsieur Robert Robert. C’est l’employé avec le plus d’ancienneté. Lorsqu’il s’assied, son ventre proéminent vient toucher le bureau. Il arbore son sourire aux dents parfaites. Il est réputé être un redoutable vendeur de produits bancaires en tous genres, capable de faire passer un prêt au taux usurier pour une aubaine à ne pas rater. Après les questions classiques, l’inspecteur lui demande s’il a des soupçons sur ses collègues.

– Bon, je n’aime pas dire du mal mais le petit nouveau, il est pas net. Le gamin est toujours rivé sur son GSM à écran géant. Et il vient d’en changer y’a pas longtemps. Avec son petit salaire, je ne sais pas comment il a fait. Soit il a pas payé son loyer, il l’a volé, à moins qu’il se soit servi sur les comptes des clients !
– Et votre patron ?
– Quoi ? Vous le soupçonnez ? Non, la banque c’est toute sa vie ! Son bébé chéri.
– Et vous ? Elles sont magnifiques vos nouvelles dents.

L’homme sourit de plus belle.

– Vous avez remarqué ? Après cinq ans d’économies, j’ai enfin pu me payer un bon ratelier et même des vacances à la Méditerranée ! Marre de voir La Panne et sa mer verte pour ne pas trop dépenser. C’est ma femme qui est heureuse !
– Et la femme de ménage ? Vous savez quelque chose sur elle ?
– Pas vraiment. À part qu’elle s’habille comme un sac et qu’elle donne pas envie. Mais bon, elle y peut rien, la pauvre ! Elle casse pas trois pattes à un canard et on ne comprend pas toujours ce qu’elle dit avec son drôle d’accent.

C’est ensuite Monsieur Kevin Kivienkiné qui entre dans le bureau. C’est un rouquin dégingandé et boutonneux. Il est invité à s’asseoir pour subir l’interrogatoire classique avant d’être titillé :

– Vous venez d’acquérir un nouveau GSM dernier cri il paraît.

Le jeune homme est tout fier de sortir l’appareil de sa poche et de lui vanter toute la technologie de pointe qu’il contient.

– Bon, je vois que vous êtes un expert en la matière. Mais comment l’avez-vous acquis ? Nous avons les données sur vos revenus et ceux-ci ne vous permettent pas d’effectuer un tel achat sans vous mettre en danger financièrement.
– En fait, j’ai fait un crédit pour l’acheter.
– Mais votre collègue Robert est en charge des prêts et il ne m’en a pas parlé.
– C’est parce que je l’ai fait ailleurs. Les prêts de Robert, c’est trop abusé shérif !
– Euh, je ne suis pas shérif mais inspecteur de police.
– Pardon. Je suis fan de séries américaines. Vraiment, faut pas emprunter chez nous ! C’est comme les employés de Mac Do qui vont bouffer à la friture du coin.
– Je comprends… Et que savez-vous des autres ? Vous avez des soupçons sur l’un d’eux ? Peut-être avez-vous remarqué des choses suspectes ?
– Euh… à part Robert qui n’a plus des dents pourries. Y’a pas de changement.
– Et vous faites quoi dans la banque ?
– Moi j’suis au guichet. J’aide les vieilles à retirer de l’argent au distributeur, j’ouvre des comptes à vue, j’encode les virements déposés dans la boîte aux lettres.
– Pas d’événements particuliers récemment ?
– Non, chacun fait son boulot tranquille. J’ai juste une fois enguirlandé Concetta, la femme de ménage. Elle n’avait pas frotté le clavier de mon ordinateur et il était tout plein de poussière collée et puis les toilettes sont faites à la va-vite. Je suis un peu maniaque.

Le jeune homme est remercié. Et finalement, on appelle Madame Concetta De Sousa afin d’être entendue. L’inspecteur voit entrer une femme d’une quarantaine d’année, le dos légèrement courbé, des vêtements mal assortis, des lunettes aux verres épais sur le nez et les cheveux coiffés en chignon mal serré. Il l’invite à s’asseoir.

– Bonjour, Madame.
– Bonchour.
– Vous êtes d’origine portugaise, c’est cela ?
– Ouich.
– Depuis quand travaillez-vous à la banque ?
– Ch’ai commenché en chuillet deux mille quinche.
– Qui vous a recrutée ?
– Che comprends pach la quechtionne.
– Qui a mis vous là pour le travail ?
– Ah ! L’agenche d’interimation.
– Vous êtes femme de ménage depuis longtemps ?
– Ouich ! Dépuis mech douze anches.
– D’accord. Les autres employés, ils sont comment ?
– Le patronch, il est toujours nerveuche. Robert, il mange beaucoup troch. Ches poubelles chont toujours pleines. Kevin il est diffichile, il dit que je pas bien travaillèche.
– Bon, je vous remercie, Madame,

Tout ce petit monde est libéré et les rapports d’enquête sont rédigés. L’inspecteur Raduflair n’est pas parvenu à trouver le coupable. La maison-mère de la banque décide de fermer l’agence. Le patron est mis à la retraite anticipée, Robert se recycle dans les assurances et Kevin livre désormais des pizzas.
Dans un petit appartement mansardé au dernier étage d’un immeuble vétuste, une femme ouvre une lettre. Il s’agit du C4 émanant de l’agence intérimaire qui l’emploie. Elle le jette dans sa grande valise en carton presque prête où se côtoient vieilles robes, gilets déformés et tailleurs sur mesure, bas résille. Sur la table du salon, un ordinateur portable est allumé. Sur l’écran, apparaissent des comptes bancaires luxembourgeois affichant des sommes rondelettes. Déshabillée, elle retire ses grosses lunettes et défait son chignon avant de se glisser sous la douche en chantant « L’étrangère » de Linda De Sousa. Il ne lui reste que quelques heures avant de sauter dans son avion à destination du Portugal.


https://www.youtube.com/watch?v=UsGDfQW-WC4

Posté le : 06/03/2016 14:03
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Paul Guth
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Le 5 mars 1910 à Ossun naît Paul Guth

de son nom complet Joseph Marie Paul Guth, mort, à 87 ans le 29 octobre 1997 à Ville-d'Avray, romancier, Journaliste,
dramaturge et essayiste français. Il fut président de l'Académie des provinces françaises. Romancier, essayiste, chroniqueur, mémorialiste, historien, pamphlétaire, il est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages parfois teintés d'Histoire, d'anecdotes contemporaines ou de critiques sur ce qu'il considérait comme les maux de son siècle. Il fit partie des premiers comités de la Société des poètes et artistes de France à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Il reçoit le prix Courteline en 1953, le Grand prix du roman de l'Académie française en 1956, Prix Chateaubriand en 1985
Auteur de Roman, essai, chroniques, mémoires. Ses Œuvres principales sont les Mémoires d'un Naïf en 1953, Le Naïf aux quarante enfants en 1955, Le Naïf locataire en 1956, Une enfance pour la vie en 1985

Sa vie

Paul Guth est né dans une famille modeste, son père Joseph Guth était mécanicien. Ses parents habitaient alors Villeneuve-sur-Lot. Sa mère, d'origine bigourdane, était alors venue accoucher dans la maison familiale d’Ossun, chef-lieu de canton des Hautes-Pyrénées.

Paul Guth commence ses études à Villeneuve-sur-Lot. Il poursuit des études littéraires à Paris au lycée Louis-le-Grand avec comme condisciple Thierry Maulnier. Paul Guth l'appelle la Khâgne des Années folles, qui réunissait Robert Brasillach, Maurice Bardèche, Étiemble, Paul Guth lui-même, Robert Merle, Henri Queffélec, Roger Vailland, Georges Pompidou, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Louis Achille et le Vietnamien Pham Duy Khiem.
Puis il fait des études supérieures à la Faculté de Lettres de Paris Sorbonne et deviendra agrégé des lettres en 1933. À cette date, il commence une carrière universitaire classique qui sera interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Il sera professeur de lettres pendant dix ans aux lycées de Dijon, Rouen et Janson-de-Sailly, à Paris.
Après la guerre, il se consacre d'abord à la littérature puis au journalisme et à la radio. Il obtient même en 1946 le Prix du Théâtre pour Fugues.
En 1953, Paul Guth publie Les Mémoires d'un Naïf, premier roman à succès d'une chronique qui comptera sept volumes. Il y raconte la vie de son personnage récurrent, le Naïf, professeur de français, qui sous une grande naïveté, cache une imagination fertile.
Dans cette série, on retrouve Les Mémoires d'un Naïf 1953 - Prix Courteline, Le Naïf sous les drapeaux 1954, Le Naïf aux quarante enfants 1955, Le Naïf locataire 1956 - Grand prix du roman de l'Académie française, Le mariage du Naïf 1957, Le Naïf amoureux 1958 et enfin Saint Naïf 1959.
Parallèlement, il collabore régulièrement dans les années 1955 à 60 à la revue d'art « Connaissance des arts » en publiant de nombreux articles.
L'œuvre de Paul Guth comprend aussi une série romanesque de quatre volumes sur Jeanne la Mince qu'il publia entre 1960 et 1969 : Jeanne la mince, Jeanne la mince à Paris, Jeanne la mince et l'amour et enfin Jeanne la mince et la jalousie.
Dans cette série, il retrace la vie d'une jeune femme, Jeanne la Mince, qui part à la découverte du monde. Sa protagoniste découvre ainsi l'insouciance de la jeunesse puis les années folles à Paris, fait son éducation sentimentale puis découvre l'amour et la jalousie dans les bras du brillant journaliste Paul Bagnac.
Pris depuis douze ans par de grands travaux d'Histoire, Paul Guth revient au roman en 1977 avec Le chat Beauté, Dans ce livre, d'une brûlante actualité, il règle ses comptes avec lui-même, avec les autres, avec la vie.
La même année, Paul Guth toujours aussi narquois et réactionnaire publie Notre drôle d'époque comme si vous y étiez dans lequel il accumule de nombreuses anecdotes sur la télévision, l'amour, la religion et bien d'autres thèmes, pour nous inviter à sourire de nos habitudes et de notre mode de vie.
En 1976, les Lettres à votre fils qui en a ras le bol sont un cri d'amour pour les jeunes et d'espoir en leur bonheur et leur courage. Il évoque également sans détour la plupart des problèmes de la jeunesse : les rapports du présent avec le passé et l'avenir, la vie scolaire, le tabac, la sono, la sexualité, la majorité à dix-huit ans, l'homosexualité, la vitesse, la drogue, le chômage, le travail manuel, les filles, l'amour…
Trois ans plus tard, dans Lettre ouverte aux futurs illettrés, il s'adresse à nouveau à la jeunesse, qu'il a appris à chérir durant ses années de pédagogue, pour dénoncer le génocide intellectuel que l'école inflige aux enfants.
Paul Guth a également participé à la rédaction de livres pour enfants. Parmi eux, il publie Les Passagers de la Grande Ourse en 1944 en compagnie de Paul Grimault. Le livre raconte les mésaventures de Gô et de son petit chien Sniff à bord d'un aéroscaphe.
Durant quelques années, il s'essaya aux romans historiques avec par exemple Moi, Joséphine, impératrice et en 1967, dans Histoire de la littérature française. Dans ce dernier livre, l'auteur, alors professeur de français, tente d'être aussi clair qu'un professeur, en expliquant le mécanisme de la création comme un auteur » et de conserver la posture d'émerveillement. Il se veut le « contemporain de chaque auteur mais s'arrête au seuil des vivants, à l'aube sanglante du vingtième siècle
Au début des années 1980, Paul Guth participa souvent à l'émission Les Grosses Têtes sur la radio RTL et fut le partenaire de Sim dans l'interprétation de l'opéra Chinois.
En 1988, Paul Guth critique une partie de la gauche dans Oui, le bonheur, inventaire des passions, indignations et recettes du bonheur.
Il obtient en 1984 le Prix Chateaubriand pour son livre Une Enfance pour la vie.
Enfin, en 1994, après cinquante ans de vie littéraire, c'est en philosophe qu'il livre ses réflexions sur notre société et ses contemporains. Son épouse née Juliette Loubère est décédée le 21 juin 2000.

Anecdote

En 1997, Paul Guth adressa aux adeptes de la scientologie ses félicitations pour la méthode éducative de Ron Hubbard. Il diffusa même une lettre auprès de ses collègues, les incitant à lire et relire ses ouvrages. Cette prise de partie accentue davantage encore l'idée qu'il ne cessa jamais de nourrir une vision décliniste de l'Occident.

Romans

1948 : Les Sept Trompettes
1952 : Le Pouvoir de Germaine Calban.
1953 : Mémoires d'un naïf
1954 : Le Naïf sous les drapeaux
1955 : Le Naïf aux quarante enfants
1956 : Le Naïf locataire
1957 : Le Mariage du naïf
1958 : Le Naïf amoureux
1959 : Saint Naïf
1960 : Jeanne la mince
1961 : Jeanne la mince à Paris
1962 : Jeanne la mince et l'amour
1963 : Jeanne la mince et la jalousie
1975 : Le chat Beauté Flammarion
1985 : La Tigresse
1990 : Le Retour de Barbe Bleue Mercure de France

Livres pour la jeunesse

1944 : Les Passagers de la Grande Ourse Gallimard
1945 : L'Épouvantail Gallimard
1950 : La Locomotive Joséphine
1958 : Moustique et le Marchand de sable
1960 : Moustique et Barbe-Bleue
1961 : Le Séraphin couronné
1962 : Henri IV
1963 : Moustique dans la lune
1982 : Cuic dans



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Posté le : 05/03/2016 23:35

Edité par Loriane sur 07-03-2016 18:55:34
Edité par Loriane sur 07-03-2016 18:56:37
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28/2/2016E.Bigot,AbbéduBreuil,E.Renan,PomaréIV,M.Renard,M.Pagnol,G.Séféris,J.Henry
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Découvrir BACCHUS  " Sur mon vieux cahier vert à spirales"

Texte à l'affiche : " Réminiscence"  de  Couscous

 rose 6petunias 01petunias 02petunias 01petunias 02                                                                                                          

Le    28    Février    1888     meurt  Eugène  BIGOT              Lire Ici



Le    28    Février    1875   naît     Maurice   RENARD

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Le  28   Février  1813   naît   Aïmata  la   reine   
PORAMÉ IV
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Le   28   Janvier    1900    naît     Georges    SÉFÉRIS

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   * Les bons mots de Grenouille *

       Cliquez ici pour les lire



Aujourd'hui Dimanche 28  Février  2016

LIRE , ÉCRIRE, DECOUVRIR


PAGES D'ACCUEIL PRECEDENTES Dans la BIBLIOTHEQUE LIRE ICI 


*Les bons mots de Grenouille

*Vos défis avec notre fidèle Couscous

        
BACCHUS NOUS A QUITTÉ 

Ami poète, ami aimé, notre coeur pleure, ta famille de L'ORée te fera vivre encore et encore ... La beauté de ta plume et la beauté de ton âme resteront pour nous le phare de L'ORée des rêves. Merci ami; merci  d'être venu nous offrir ton talent d'écriture et de vie, merci pour ta tendre présence, nous la gardons comme un trésor.
 

   

ICI  PAS  DÉFORME D'ORTHOGRAPHE



Le  28   Février   1895   naît  
Marcel  PAGNOL
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Le   28  Février    1877   naît  
l' abbé  BREUIL

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Le  28   Février  1823   naît   Ernest  RENAN
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Le   28    Février    1916    meurt    Henry   
JAMES
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            ---*ATELIER CONCOURS
*--

        *Cliquez ici pour rejoindre Couscous 
                   dans son nouveau défi 
                                                                                                           
 
      
     




Posté le : 05/03/2016 21:56
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Élisabeth Badinter
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Le 5 mars 1944 naît Élisabeth Badinter

née Bleustein-Blanchet à Boulogne-Billancourt femme de lettres, philosophe, féministe et femme d'affaires française.
Elle est surtout connue pour ses réflexions philosophiques qui interrogent le féminisme et la place des femmes dans la société, en accordant une place particulière aux droits des femmes immigrées.Ses Œuvres principales sont Madame du Châtelet, Madame d'Épinay ou l'Ambition féminine au XVIIIe siècle, Paris, Flammarion, 2006 Les Passions intellectuelles, 3 tomes, Paris, Fayard, 1999, 2002, 2007. Elle est l'épouse de Robert Badinter depuis 1966 actionnaire de Publicis Groupe
Elle se définit elle-même comme idéologue.


Sa vie

Élisabeth Badinter est la fille du publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet et de Sophie Vaillant, elle-même petite-fille d'Édouard Vaillant, député socialiste et communard. Agrégée de philosophie, spécialiste du siècle des Lumières, et auteur de biographies littéraires, elle a été conférencière à l'École polytechnique .
Elle épouse en 1966 Robert Badinter, avec qui elle a trois enfants. Leur fille Judith est psychologue, et leurs deux fils Simon et Benjamin sont à la tête de Médias et régie Europe, une filiale de Publicis dont Élisabeth Badinter est également présidente du conseil de surveillance.

Essais et prises de position

Élisabeth Badinter s'est attachée à théoriser la notion de la ressemblance des sexes dont elle est l'auteur : La ressemblance des sexes est une telle innovation qu'on peut légitimement l'envisager en termes de mutation. Lors de la parution de Qu'est-ce qu'une femme ?, le journal Le Monde résumait ainsi sa position sur la question dans son édition du 17 mars 1989 : Élisabeth Badinter pense que l'humanisme rationaliste, l'accent mis sur la ressemblance entre les hommes et les femmes, sont historiquement porteurs du progrès de la condition féminine, alors que toutes les pensées de la différence sont potentiellement porteuses de discrimination et d'inégalité. Toutefois, ce rejet du différentialisme s'accompagne, dans le même temps, d'une prise de distance avec le constructivisme à tous crins, qui aboutirait à une déconstruction des genres et des sexes, selon Catherine Rodgers. Dans une lecture très critique de XY, De l’identité masculine, Guy Bouchard souligne des contradictions dans le discours de Badinter sur le débat entre constructivistes et différentialistes, dans la quête d'un homme androgyne. Il dénonce la vision, selon lui à la limite de la misandrie, et insuffisamment développée, d'un homme mou ... favorable à l'égalité de l'homme et de la femme, mais à qui il faut imposer cette égalité alors même qu'elle l'atteindrait dans la construction de sa masculinité.
Lors du débat sur la parité en politique, elle s'était opposée à cette loi qui, selon elle, considérait que les femmes étaient incapables d'arriver au pouvoir par elles-mêmes.
Son essai Fausse route, publié en 2003 et qui fustige la misandrie et la posture victimaire des féministes françaises contemporaines, ainsi que divers écrits critiques quant aux nouvelles lois concernant la parité politique ou le traitement des crimes et délits sexuels, ont suscité une vive polémique, et de nombreuses féministes lui contestent désormais l'épithète de féministe. De son côté, elle continue de s'en réclamer, arguant que la vocation du féminisme n'est pas de conduire à une guerre des sexes visant à une revanche contre les hommes. Dans cet ouvrage, elle dénonce aussi les enquêtes statistiques sur la violence conjugale où on n'interroge que les femmes et où on amalgame le subjectif et l'objectif, les pressions psychologiques et les agressions physiques, ce qui a pour effet d'établir une hiérarchie morale entre les sexes : À vouloir ignorer systématiquement la violence et le pouvoir des femmes, à les proclamer constamment opprimées, donc innocentes, on trace en creux le portrait d'une humanité coupée en deux peu conforme à la vérité. D'un côté, les victimes de l'oppression masculine, de l'autre, les bourreaux tout-puissants.
Selon Élisabeth Badinter, le combat féministe doit aujourd'hui se concentrer essentiellement sur les populations immigrées ou maghrébines, car selon elle, depuis longtemps, dans la société française de souche, que ce soit le judaïsme ou le catholicisme, on ne peut pas dire qu’il y ait une oppression des femmes. Ce positionnement a été très critiqué, notamment par Christine Delphy pour qui ce discours conduit à la fois à légitimer le racisme et à négliger le sexisme existant dans la population non immigrée.
En 2013, prenant position dans les discussions concernant le port du voile islamique, en particulier dans l'affaire de la crèche Baby Loup, Élisabeth Badinter estime nécessaire de défendre la laïcité, et incite le gouvernement à voter une loi interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans le secteur de la petite enfance, comme c’est le cas à l’école. Elle considère le port du voile comme un « étendard politique et communautaire, mais ses propos faisant l'amalgame entre une employée voilée et Mohammed Merah ont été dénoncés par l'association anti-raciste Les Indivisibles.
La même année, elle signe la pétition du CRIF contre une résolution du Conseil de l'Europe assimilant la circoncision des mineurs à une atteinte à l'intégrité physique .
Fortune et administration de Publicis

Autres fonctions

Élisabeth Badinter est présidente du conseil de surveillance de Publicis, fondé par son père, Marcel Bleustein-Blanchet. En 2014, elle est la deuxième actionnaire de ce groupe, dont elle détient 10,99 % du capital et 19,92 % des droits de vote. Ce rôle lui vaut des critiques concernant les représentations sexistes de la femme dans le domaine publicitaire.
Du fait de sa proximité avec le Parti socialiste, elle se trouve au cœur de la polémique concernant le bonus de 16 millions d'euros touché par le patron de Publicis, Maurice Lévy, lors de la campagne présidentielle de 2012. Élisabeth Badinter justifie ce bonus en affirmant à propos de Maurice Lévy: Aucune entreprise n'a jamais eu un meilleur capitaine. Il est rassurant pour nous tous qu'il soit à la barre. Son expérience est indispensable et nous avons la certitude qu'il saura nous mener à bon port .
En 2011, le magazine Challenges estime sa fortune à 652 millions d'euros, soit la 56e fortune de France, puis la 51e. En mars 2012, elle est classée par le magazine américain Forbes 13e personne la plus riche de France, avec une fortune familiale estimée à 1,1 milliard de dollars.
En 2012, sa rémunération fixe pour présider le conseil de surveillance de Publicis s'élevait à 240 000 euros par an.

Autres fonctions

Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Elle a également été nommée membre du conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France en qualité de personnalité qualifiée, en 1998 et 2002.

Décorations

Commandeur de l'Ordre du mérite culturel Monaco 2011.
Commandeur des Arts et des Lettres 2007
Docteur Honoris Causa de l'Université libre de Bruxelles 2013

Notoriété

Une école d'Asnières-sur-Seine Hauts de Seine et le collège de Quint-Fonsegrives Haute-Garonne portent son nom.
Le collège de la Couronne Charente porte son nom ainsi que celui de son mari, tout comme des écoles situées à Laval Mayenne et à Tomblaine.

Å’uvres

L'Amour en plus,‎ 1980 réimpr. 2010;
Les Goncourt : Romanciers et historiens des femmes, préface de La Femme au xviie siècle d'Edmond et Jules de Goncourt,‎ 1981 ;
Émilie, Émilie, L'ambition féminine au XVIIIe siècle,‎ 1988;
Les Remontrances de Malesherbes 1771-1775,‎ 1985 ;
Cahiers Suzanne Lilar, Paris, Gallimard,‎ 1986 , p. 15-26 ;
L'Un est l'autre,‎ 1986 ;
Condorcet. Un intellectuel en politique,‎ 1988, avec Robert Badinter ;
Correspondance inédite de Condorcet et Madame Suard 1771-1791,‎ 1988 ;
Madame d'Épinay, Histoire de Madame de Montbrillant ou les Contreconfessions, préface d'Élisabeth Badinter,‎ 1989 ;
Thomas, Diderot, Madame d'Épinay : Qu'est-ce qu'une femme ?, débat préfacé par Élisabeth Badinter,‎ 1989 ;
Condorcet, Prudhomme, Guyomar : Paroles d'hommes 1790-1793, présentées par Élisabeth Badinter,‎ 1989 ;
XY, de l'identité masculine,‎ 1992 ;
Madame du Châtelet, Discours sur le bonheur,‎ préface 1997 ;
Les Passions intellectuelles, tome 1 : Désirs de gloire 1735-1751,‎ 1999 ;
Les Passions intellectuelles, tome 2 : L'exigence de dignité 1751-1762,‎ 2002 ;
Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Nathalie Sarraute, 2002. Conférence d'Élisabeth Badinter, Jacques Lassalle et Lucette Finas,
Fausse route : Réflexions sur 30 années de féminisme,‎ 2003 ;
Madame du Châtelet, Madame d'Épinay ou l'Ambition féminine au XVIIIe siècle,‎ 2006 ;
Les Passions intellectuelles, tome 3 : Volonté de pouvoir 1762-1778,‎ 2007 ;
Je meurs d'amour pour toi, Isabelle de Bourbon-Parme, lettres à l'archiduchesse Marie-Christine,‎ 2008.
Le conflit, la femme et la mère,‎ 2010.



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Posté le : 05/03/2016 21:49

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Le Corregio
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Le 5 mars 1534 meurt Antonio Allegri da Correggio

dit Il Correggio, en français Le Corrège Correggio, né vers 1489, peintre un des grands maîtres de la Renaissance de l'école de Parme. Il est l'élève de Antonio Bernieri, Parmigianino, dans le mouvement Renaissance. Il est Influencé par Andrea Mantegna, il a influencé Federico Barocci,
Ses Œuvres les plus réputées sont Io et Jupiter, Assomption de la Vierge, L'Enlèvement de Ganymède

Sa vie

Son père, Pellegrino Allegri, notable de Correggio, le destine à une profession libérale, mais Antonio prend goût à la peinture au contact de son oncle Lorenzo qui est son premier maître.
Il poursuit sa formation à Correggio auprès d'Antonio Bartolotti ~1450-1527, dont il devint l'assistant1, mais il quitta la ville en 1503 pour poursuivre ses études d'abord à Modène puis à Mantoue.
En 1511, fuyant la peste qui sévit à Correggio, il découvre à Mantoue les travaux d'Andrea Mantegna 1431-1506 à l'Eglise San Andrea. Il y travailla avec Lorenzo Costa l'Ancien 1460-1535, aux peintures qui décoraient le studiolo d'Isabelle d'Este.
Le Corrège qui a un tempérament inventif et sensuel peint pour Frédéric II de Mantoue des séries mythologiques érotiques : Io, Léda et Danaé 1530.
Malgré un voyage à Rome, il vit replié dans sa province ce qui lui permet d'être différent tout en tenant compte des créations de ses homologues tels que Mantegna, Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange.
En 1519, on lui commande à Parme le décor d'une voûte au couvent Saint-Paul dit chambre de l'abesse ; il s'agit d'une œuvre composée de seize compartiments en ombelle garnis de fruits en guirlandes, des Putti représentent les âges de l'homme.
Cette œuvre exécutée à l'âge de vingt ans, qui ressemble à une Sixtine de fantaisie, lui permet de se fixer à Parme. Son talent original se révèle dans les grandes fresques qu’il y réalise fresques de l’église Saint-Jean l’Évangéliste, 1520-1524 ; l’Assomption de la Vierge, coupole du Duomo, 1524-1530, où l'on note l'influence de Melozzo da Forlì. Il peint également des toiles religieuses, dans lesquelles il utilise à merveille le clair-obscur. Sa conception de la perspective tournoyante font de lui l'un des précurseurs du Baroque.
Il a eu pour élèves Antonio Bernieri et Francesco Mazzola, dit « le Parmesan » qui ne lui survécut que six ans 1503-1540.
Son fils Pomponio Allegri v. 1521 - ap. 1593 fut peintre mais ne reçut de son père que quelques enseignements.

Å’uvres

Madonna del Latte
Io et Zeus
Sainte Catherine d'Alexandrie

La Vierge à l'Enfant avec deux anges et des chérubins, (1510-1520), huile sur bois, 20 × 16,3 cm, Galerie des Offices, Florence
Vierge à l'Enfant, Elisabeth et Jean-Baptiste (1510-1512), huile sur panneau, (60 cm × 43 cm), Philadelphia Museum of Art
Mariage mystique de Sainte Catherine (1510-1514), huile sur panneau, (136 cm × 123 cm), Institute of Arts, Détroit
Mariage mystique de Sainte Catherine (1510-1515), huile sur toile, National Gallery of Art, Washington
Saint Antoine abbé (v. 1515) huile sur bois, 48 × 38 cm, Musée Capodimonte, Naples2
Vierge à l'Enfant avec saint Jean (1512-1514), huile sur toile, château des Sforza, Civiche Raccolte d'Arte, Milan
Vierge à l'Enfant (1512-1514), huile sur toile, (66 cm × 55 cm), Kunsthistorisches Museum, Vienne
L'Adieu du Christ à sa mère (1514), huile sur toile, (86,7 cm × 76,5 cm), National Gallery, Londres
Vierge à l'Enfant avec saint François (1514), huile sur panneau, (299 cm × 245 cm), Gemäldegalerie, Dresde
Les Saints Pierre, Marthe, Marie Madeleine et Léonard (1514-1516), huile sur toile, (221,6 cm × 161 cm), Metropolitan Museum of Art, New York
La Sainte Famille avec saint Jean (1515), huile sur toile, (26 cm × 20 cm), musée d'art du comté de Los Angeles
Salvator Mundi (1515), huile sur panneau, (42,6 cm × 33 cm), National Gallery of Art, Washington
Portrait d'une jeune femme (1515), huile sur panneau, (42 cm × 33 cm), Lowe Art Museum, Miami
Vierge à l'Enfant (La Zingarella), (1515-1516), huile sur panneau, musée Capodimonte de Naples
Vierge à l'Enfant avec Jean-Baptiste (1516), huile sur toile, (48 cm × 37 cm), musée du Prado, Madrid
Adoration des mages (1516-1518), huile sur toile, (84 cm × 108 cm), Pinacothèque de Brera, Milan
Nativité avec sainte Elisabeth et saint Jean (1512), huile sur toile, (77 cm × 99 cm), Pinacothèque de Brera, Milan
Repos pendant la Fuite en Egypte avec saint François (1516-1517), huile sur toile, 123,5 × 106,5 cm, Galerie des Offices, Florence. Exécuté pour la chapelle Munari de l'église San Francesco à Corregio
Noces mystiques de sainte Catherine (1517-1518), huile sur panneau, 28,5 × 23,5 cm, Musée Capodimonte, Naples
Portrait d'une Dame (1517-1519), huile sur toile, 103 × 87,5 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
La Vierge adorant l'Enfant (v. 1520), huile sur bois, 81 × 77 cm, Galerie des Offices, Florence
La Sainte Famille avec saint Jérôme (1519), huile sur panneau, (68,8 cm × 56,6 cm), Royal Collection, Windsor
La Chambre de saint Paul (1519-1520), fresques, Parme
Le Mariage mystique de sainte Catherine, avec saint Sébastien (1520), huile sur panneau, 105 × 102 cm, musée du Louvre, Paris
Lucrèce (1520-1530), huile sur toile, (166 cm × 94 cm), Kunsthistorisches Museum, Vienne
Vision de saint Jean à Patmos (1520-1521), fresque, Eglise San Giovanni Evangelista, Parme
Tête d'ange (1522), fragment, fresque, (35,6 cm × 35,6 cm), National Gallery, Londres
Tête d'un ange (1522), fragment, fresque, (36 cm × 33 cm), National Gallery, Londres
Têtes de deux anges (1522), fragment, fresque, (44,5 cm × 61 cm), National Gallery, Londres
Vierge à l'Enfant à l'échelle (1523), fresque, (196 cm × 141,8 cm), Galleria Nazionale, Parme
Madone au panier (1524), huile sur panneau, 33 × 25 cm, National Gallery, Londres
Martyre de saint Placide, Flavie, Eutichio et Vittorino (1524-1525), huile sur toile, (160 cm × 185 cm), Galleria Nazionale, Parme
Noli me tangere (1525), huile sur toile, (130 cm × 103 cm), Museo del Prado, Madrid
Déposition de Croix (1525), huile sur toile, (158,5 cm × 184,3 cm), Galleria Nazionale, Parme
Portrait d'un étudiant (1525), huile sur toile, (55 cm × 40 cm), musée Thyssen-Bornemisza, Madrid
Vierge à l'Enfant à la coupe (1525-1530), huile sur toile, (216,7 cm × 137,3 cm), Galleria Nazionale, Parme
Pilate montre Jésus au peuple (Ecce Homo), (1525-1530) huile sur toile, 99 × 80 cm, National Gallery, Londres
Assomption de la Vierge (1526-1530), fresque, (1093 cm × 1195 cm), Duomo, Parme
Vierge à l'Enfant de saint Jérôme (1527-1528), huile sur panneau, (235 cm × 141 cm), Galleria Nazionale, Parme
Vénus, Mercure et Cupidon ou L'Education à l'amour (1528), huile sur toile, 155 × 91,5 cm, National Gallery, Londres
Vénus et Cupidon avec un Satyre (1528), huile sur toile, 188 × 125,5 cm, musée du Louvre, Paris
Adoration des bergers (1528-1530), huile sur toile, 256,5 × 188 cm, Gemäldegalerie, Dresde
Saint Joseph et un donateur (1529), tempera sur toile, deux panneaux de 170 × 65 cm, Musée Capodimonte, Naples
Tête du Christ (1525-1530), huile sur panneau, J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Vierge à l'Enfant avec des saints' (1530-1532), huile sur toile, (285 cm × 190 cm), Gemäldegalerie, Dresde
La Lecture de sainte Catherine (1530-1532), huile sur toile, (64,5 cm × 52,2 cm), Royal Collection, Windsor
Danae (1531), tempera sur panneau, 161 × 193 cm, Galerie Borghese, Rome
L'Enlèvement de Ganymède (1531-1532), huile sur toile, 163,5 × 70,5 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne
Io et Jupiter (1531-1532), huile sur toile, 163,5 × 70,5 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne
Leda et le cygne (1531-1532), huile sur toile, 152 × 191 cm, Gemäldegalerie (Berlin)
Allégories des Vices et Allégorie des Vertus (1532-1534), huile sur toile, 149 × 88 cm, musée du Louvre, Paris. provient du studiolo d'Isabelle d'Este

Influences

Le peintre Baciccio, étudie ses oeuvres lors d'un voyage à Parme en 1669. Il en assimilera avantageusement le style, notamment la palette de couleurs.


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MaxJacob 1
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Le 5 mars 1944 à 67 ans meurt Max Jacob

à Drancy en Seine-Saint-Denis, poète surréaliste et romancier, essayiste, peintre français de la première moitié du XXe siècle. Conçues dans l'intimité d'Apollinaire et Picasso, la simplicité et la profusion de son vers libre inscrivent irrévocablement la poésie française dans l'art moderne. Son œuvre d'essayiste et d'épistolier est la source d'un mouvement littéraire qui ne renie pas son héritage symboliste, l'école de Rochefort.Il a aussi pour pseudo Léon David et Morven le Gaëlique Chantre d'une littérature cubiste où l'humour, seule libération possible du dérisoire et du tragique du monde avant tout engagement, la métonymie, l'allitération, le calembour, l'allusion, l'ellipse, l'antithèse démultiplient les masques signifiants, Max Jacob illustre un art poétique où l'art sans art tend à s'effacer devant la révélation mystique, la transfiguration de l'être le plus quotidien et son indicible. Esthéticien du poème en prose qui a beaucoup versifier, il a dépouillé le vers mallarméen de sa préciosité en lui donnant la vigueur de la fantaisie enfantine. Si dans le prolongement de la théorie des correspondances, il a transgressé les disciplines et les genres, en se faisant peintre, librettiste et parolier, il demeure avant tout un écrivain dont la légèreté cache une foi candide et anxieuse à l'écoute des mystères occultes. Ses Œuvres principales sont en 1916 : Le Cornet à dés, en 1921 : Le Laboratoire central, en 1923 : Filibuth ou la Montre en or. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur
Né en 1876 à Quimper Corentin dans une famille juive voltairienne et non pratiquante, Max Jacob se convertit en 1915 au catholicisme après avoir eu plusieurs visions tout en continuant à animer l'avant-garde montmartroise et montparnassienne mais à partir de 1936 mène à Saint-Benoît-sur-Loire la vie monacale d'un oblat séculier rattaché à l'abbaye de Fleury. Ses origines juives lui valent, six mois avant la Libération de Paris, d'être arrêté par l'occupant pour être déporté à Auschwitz. Interné par la gendarmerie française au camp de Drancy, il y meurt en cinq jours en mars 1944.


En bref

Personnage insolite de la génération qui, dans les débuts de ce siècle, a inventé une sensibilité nouvelle, Max Jacob est connu surtout comme recréateur du poème en prose : or, cela ne va pas sans injustice contre le reste de son œuvre poétique et romancière. On a peint souvent du dehors le personnage, fauteur et conteur d'anecdotes, commère, mystique, astrologue, en veste de garçon boucher et monocle, bavard montmartrois, solitaire, épistolier infatigable ; au physique, il s'accordait une vague ressemblance avec Baudelaire ou Marcel Schwob ; de toute façon, un personnage qui, du Bateau-Lavoir à Saint-Benoît, fait à jamais partie, entre ses amis – Picasso, Salmon, Apollinaire... – du tableau des arts et de la littérature en France dans la première moitié du XXe siècle.
Né à Quimper, où il fait de brillantes études, Max Jacob entre à l'École coloniale de Paris, l'abandonne deux ans plus tard, se risque à la critique d'art, veut être peintre, rencontre Pablo Picasso, André Salmon et Guillaume Apollinaire, publie des contes pour enfants – Histoire du roi Kaboul Ier et du marmiton Gauvain (1903), Le Géant du Soleil 1904 –, campe dans la misère à bord du Bateau-Lavoir, au 7, rue Ravignan, a une première vision du Christ en 1909, écrit des ouvrages d'inspiration religieuse – Saint Matorel 1911, Œuvres burlesques et mystiques du frère Matorel 1912 –, réussit à se faire baptiser en 1915, après une seconde vision du Christ, édite à compte d'auteur Le Cornet à dés, en 1917. Désormais, le rythme de ses productions – gouaches, dessins, poèmes, romans, méditations, fantaisies – s'accélère ; il se retire à Saint-Benoît-sur-Loire de 1921 à 1928, vit à Paris de 1928 à 1937, revient à Saint-Benoît où il est arrêté par la Gestapo, comme Juif, le 24 février 1944, et meurt, quelques jours après, le 5 mars, à Drancy.
Du dedans L'œuvre de Max Jacob est une œuvre d'un bout à l'autre poétique où l'on passe de prosodie régulière à presque régulière, à libre, au poème en prose, au roman mêlé de vers La Défense de Tartufe, 1919, au roman ; où le style colloquial – du blagueur, de l'épistolier, du méditatif, du mondain – anime, en se diversifiant, tous les ouvrages ; où l'anecdote-éclair de certains poèmes en prose se développe ailleurs en aventures romanesques ; où le menu peuple du poète reparaît, parfois au milieu des mêmes décors Quimper ou la rue Gabrielle, dans les péripéties du Terrain Bouchaballe 1922, de Filibuth ou la Montre en or (1922), de L'Homme de chair et l'homme reflet 1924, dans la galerie de caractères du Cinématoma 1920, du Tableau de la bourgeoisie 1930, dans les lettres imaginaires du Cabinet noir 1922, semi-inventées des Conseils à un jeune poète 1945, ou réellement envoyées, etc. Mais placer une œuvre sous le signe du poétique ne signifie-t-il pas qu'elle l'emporte par ses poèmes ? Sans doute. Seul, peut-être, A. Thibaudet a estimé que Max Jacob avait mieux réussi dans le roman. L'avenir en décidera.
Le poète en prose. Parmi les recueils de poèmes, Le Cornet à dés est, de beaucoup, le plus célèbre, et cela ne va pas sans injustice à l'égard de recueils comme Le Laboratoire central 1921 et tous ceux que l'on a réunis sous le titre de Ballades (1970). Cette célébrité est due à une génération, celle de 1920, qui se sentait encore proche de ce que l'on a appelé le cubisme littéraire ou l'esprit moderne, et qui allait connaître le surréalisme. Plus durablement, le Cornet doit son privilège à son originalité en un genre où il paraissait difficile de faire du nouveau. Le genre, depuis Fénelon, restait voué à une manière d'écrire poétisante, esthète, cultivée, ciselée, ou se répandant en volutes harmonieuses ; et voici, soudain, le poème « écrit au ras du sol » (Michel Leiris) dans la langue de chaque jour, mais nourri de prose classique, musical et cocasse, concertant et déconcertant, avec la maîtrise parfaite du jongleur où la difficulté paraît aller de soi ; et, très bref, ce poème, découpé dans le silence d'on ne sait quel sommeil, condensait en ses jeux de mots, par des relations internes rigoureuses se dérobant à l'analyse, les images les plus disparates, collages géométriques de Picasso ou onirisants de Max Ernst, avec, en arrière-fond, les petites forêts de Quimper, la famille provinciale, les silhouettes du vieux curé, de la concierge, du marin, du modeste employé, se révélait une modernité qui n'était plus celle que cherchait à capter Baudelaire sous le second Empire, mais celle des premiers aéroplanes.
Points caractéristiques .Pour en revenir à l'ensemble de l'œuvre, il serait sans doute possible de la cadrer par quatre éléments caractéristiques, composant un carré dont les critiques auront à combiner côtés et diagonales : populisme, jonglerie, onirisme, émotion. Simplifions. Qui, avant Max Jacob, a su lier aussi intimement le quotidien diurne et nocturne, la description pittoresque aux surprises du « rêve inventé » ? Est-il possible de dessiner plus vite « les japonaises habillées d'un seul trait de plume », ou de nuancer sa palette avec plus de sensibilité qu'en diffractant le rouge, par exemple, en rouge sang, écarlate, feu, vermeil, vinaigre, mordoré, incarnat, rose bonbon, rose-blanc, aurore pâle ? Qu'y a-t-il de plus près du poème en prose – ou du rêve –, qu'y a-t-il de plus irréel que n'importe quel passage pris au hasard dans un roman ? Par exemple : « Pourquoi chacun de ces deux messieurs était-il à Robinson ? et pourquoi n'y aurait-il pas été ? Pourquoi n'y étiez-vous pas vous-même ? M. Ballan-Goujart s'attirait sciemment la jalousie d'une jeune dame, qui buvait près d'une fenêtre, en fouettant les ânes qui passaient, et Mlle Estelle passa sur un âne. » Monologue dialogué, la prose romanesque de Max Jacob est si foisonnante, si sténographique avec ses oublis de noms, ses résistances, ses suspens, ses dérives, ses parleries où, sans cesse, l'on perd le fil qui se renoue ensuite, que la recherche d'une montre en or, la vente d'un terrain, le mariage de M. Maxime Lelong et d'Estelle, etc., ont le caractère obsédant de la dramaturgie du rêve ; et réciproquement, en poésie, le rêve est inventé ou réinventé avec tant d'exactitude qu'il passerait pour un récit de veille. C'est en poésie que triomphe la jonglerie verbale, les jeux de mots pour rire, souligner, incarner dans le son le vrai sens poétique, bref des expériences pour voir, donner à voir. Mais, en regard de cette jonglerie, il faudrait suivre l'émotion, tantôt, en sa mobilité, dans une ponctuation hérissée de points d'interrogation, d'exclamation, de suspension, de tirets et de parenthèses, tantôt, en son apaisement, dans la coulée d'une phrase ou d'un paragraphe sans virgule ou presque sans virgule : « En descendant la rue de Rennes, je mordais dans mon pain avec tant d'émotion qu'il me sembla que c'était mon cœur que je déchirais », ou encore cet admirable : « En revenant du bal, je m'assis à la fenêtre et je contemplais le ciel : il me sembla que les nuages étaient d'immenses têtes de vieillards assis à une table et qu'on leur apportait un oiseau blanc paré de ses plumes. Un grand fleuve traversait le ciel. L'un des vieillards baissait les yeux vers moi, il allait même me parler quand l'enchantement se dissipa, laissant les pures étoiles scintillantes. »
Grand poète et, peut-être, grand romancier, homme de chair, homme reflet, Max Jacob est entré dans l'histoire des lettres. Yvon Belaval

Destin d'un patronyme masqué

Max Jacob nait 14 rue du Parc à Quimper Corentin, à l'entresol du café qui fait l'angle de la rue Saint François, dans une famille juive qui ne pratique pas, ne serait ce qu'en raison de l'absence de coreligionnaires et de synagogue. Son grand père paternel, Samuel Alexandre, est un colporteur né dans la Sarre française dans une famille de maquignons, qui avait immigré dès l'âge de treize ans pour parvenir en 1858 à Quimper, où il fit fortune dans la confection. Aidé de ses deux fils, il ouvre en 1870 plusieurs succursales, dont un magasin qui vend toute sorte d'objets bretons, pratique des campagnes publicitaires et remporte plusieurs prix d'expositions universelles. Le couturier, en abondant dans le sens d'une stylisation « celtisante » inspirée en particulier des motifs gravés du cairn de Gavrinis, a une influence certaine sur la mode bretonne.
Le père de Max Jacob exerce un métier à part, kemener, c'est-à-dire tailleur-brodeur. C'est un métier estimé par les coquettes bretonnes et les bourgeois de Quimper mais socialement méprisé au regard des préjugés relatifs à la virilité qu'ont les Bretons de cette époque16. Quand Lazare Alexandre épouse en 1871 une parisienne, Prudence Jacob, il est, au sein de l'entreprise paternelle, à la tête d'une équipe de « tennerienou neud », brodeurs travaillant à domicile. Les Jacob possèdent des ateliers de confection à Lorient et c'est sous cette marque que l'entreprise Alexandre développe sa notoriété. Madame Alexandre, née Jacob, donne à ses trois cadets pour second prénom Jacob, Gaston Jacob, Max Jacob, Jacques Jacob. Samuel Alexandre et ses fils font changer leur nom à l'état civil le 16 juillet 1888 et adoptent officiellement le matronyme Jacob sous lequel ils sont connus de leurs clients. Jacob a en outre l'avantage d'être, comme beaucoup de prénoms bibliques, un patronyme typiquement cornouaillais. Max Jacob Alexandre a douze ans quand il devient Max Jacob.

Enfance bretonne 1876-1894

Le pâté de maison où habitaient les Alexandre devant les marronniers qui bordent l'Odet, sur une gravure de 1899. De sa chambre, Max Jacob voyait la cathédrale Saint Corentin où il n'avait pas le droit de rejoindre ses camarades.
Le petit Max passe, au premier étage d'une élégante maison neuve sise 8 rue du Parc le long de l'Odet, une enfance confortable imprégnée de légendes et de la ferveur catholique des pardons qu'exaltent la défaite de 70, l'implication du clergé dans le revanchisme et la Grande Dépression puis la politique de l'« esprit nouveau », mais de laquelle il souffre d'être exclu, particulièrement quand les processions défilent sous les six fenêtres du balcon. Il apprend l'orgue dans la cathédrale Saint Corentin avec son professeur de piano. Dès l'âge de huit ans, il s'amuse à prédire avec assurance l'avenir de ses camarades et fait des horoscopes. Il se moque des enfants bretonnants et joue aux « rêves inventés ». Battu par sa sœur et son frère aînés, il ne trouve pas de consolation auprès d'une mère railleuse, toute à sa toilette, et restera très attaché à la petite dernière, Myrthe-Léa, qui a huit ans de moins.
À quatorze ans, il est envoyé pour une année en consultation à Paris pour que Jean-Martin Charcot, qui pratique une psychothérapie fondée sur la suggestion, soigne sa nervosité débordante. À son retour, il entame une scolarité des plus brillantes, conversant souvent en privé avec ses professeurs, collectionnant les prix en histoire, en sciences naturelles, en allemand, en rhétorique. Il s'enthousiasme pour Baudelaire et Laforgue et, avec ses camarades les plus exaltés, essaie de lancer des revues littéraires qui fâchent le proviseur. En 1894, il obtient un huitième accessit au concours général de philosophie, et se voit proposer une bourse pour préparer le concours de Normale dans une classe du prestigieux lycée Lakanal, à laquelle il renonce.

Étudiant dans le Paris de la Belle Époque 1895-1898

À la rentrée 1894, Max Jacob choisit de suivre à Paris les traces de son frère aîné Maurice l'Africain à l'École coloniale. Il s'y oriente pour devenir cadre dans l'administration coloniale de l'Indochine. Logeant à l'hôtel Corneille, rue Corneille, dans le quartier latin, il suit parallèlement le cursus de la faculté de droit de la Sorbonne.
Le 4 mars 1895, se suicide à Rennes, en se jetant dans la Vilaine, son meilleur ami, Raoul Bolloré, petit neveu de l'industriel Jean-René Bolloré et génie précoce dont il portera le deuil toute sa vie. Il échoue à tous ses examens et l'année scolaire 95-96 est une année de redoublement, et à la Faculté et à l'École. Dans celle ci, il prépare par anticipation les concours d'entrée dans l'administration pénitentiaire coloniale.
Réformé en décembre 1896 pour insuffisance pulmonaire au bout de deux mois de service militaire passé au 118e de ligne de Quimper, il attend la rentrée suivante dans une mansarde de la maison paternelle aménagée par lui en s'adonnant avec rage au piano et au dessin paysager mais en décembre 1897, au bout du premier trimestre de sa seconde année, il est conduit à démissionner de l'École coloniale. Renonçant aux rêves de voyages exotiques, il retourne pour quelques semaines à Quimper, où il retrouve son piano et son désœuvrement.
À vingt et un ans, attiré par le tourbillon de la fête parisienne, rêvant de devenir l'homme de lettres promis par le concours général, il profite de sa majorité pour retrouver, au grand dam de ses parents, en février 1898 Paris, où un collègue l'héberge provisoirement. Tout en continuant ses études de droit, logé d'une chambre misérable à l'autre, boulevard Arago puis rue Denfert-Rochereau, il tâche de gagner sa vie comme accompagnateur de piano puis animateur d'un cours de dessin dans une école communale et passe avec succès ses examens en décembre 1898. Il reçoit son diplôme de licence de droit, option droit maritime, le 6 janvier 1899.

Journaliste caractériel 1899-1901

En décembre 1898, Max Jacob, introduit par le peintre et ami Fernand Alkan-Lévy auprès de Roger Marx et recommandé par celui ci, commence d'exercer comme critique d'art sous le nom de son grand père maternelle, Léon David, au Moniteur des Arts, ce qui lui permet de parcourir les expositions. En septembre 1899, il est promu rédacteur en chef de La Revue d'art, nouveau titre de la même revue.
Installé dans la carrière de journaliste, Max Jacob alias Léon David porte barbe et redingote. Il est devenu l'objet de la fierté familiale. Payé vingt francs, somme relativement considérable, par article hebdomadaire, il s'offre des cours de dessin à l'atelier dont Jean-Paul Laurens a confié à ses élèves l'animation au sein de l'Académie Julian.
Le ton condescendant et le style pédant par lesquels les articles de Léon David proclament la fin du classicisme agacent, au point que son directeur, Maurice Méry, dont l'épouse reçoit à dîner son protégé, se sent obligé de prendre la plume et défendre l'indépendance de ses journalistes. Lassé du métier d'écrivaillon tirant à la ligne et exaspéré par un lectorat conformiste, Max Jacob démissionne à la fin d'octobre 1899 et tombe malade. En janvier 1900, il revient prendre un poste de secrétaire de rédaction au Sourire, une revue satirique qui appartient au même groupe de presse Le Gaulois. Il y publie quelques articles, certains signés du nom de son directeur, Alphonse Allais, qui est un hydropathe habitué du cabaret montmartrois Le Chat noir.
C'est à Montmartre, chez Pedro Mañach, qu'en juin 1901, après en avoir admiré une des toiles exposées chez Ambroise Vollard25, Max Jacob, qui a laissé sa carte à chaque fois qu'il passait à la galerie avec un mot pour le peintre méconnu26, fait la connaissance de Pablo Picasso. Auprès du critique, le jeune peintre fraichement arrivé d'Espagne dont le compagnon d'infortune, Carlos Casagemas, perdu d'alcool, vient de se suicider, se familiarise au français et au Paris des arts.
Max Jacob, reconnu par la profession et estimé des peintres mais déçu par sa « conquête de Paris », décide de tenter sa chance dans sa province. Il publie son dernier article dans Le Sourire le 21 décembre 1901, un poème intitulé en forme de sourire Enterrement, trois jours avant Noël.

L'aventure de l'art moderne Le tournant Picasso 1902

Rentré à Quimper, Max Jacob, à vingt quatre ans, s'essaie à divers métiers, dont celui de menuisier. Son espoir d'obtenir par relation un poste de petit fonctionnaire déçu, il retourne à Paris, où il trouve à louer une chambre quai aux Fleurs. Il se retrouve sans soutien et multiplie les emplois à l'essai. En 1902, il est clerc d'avoué, précepteur, employé de l'Entrepôt Voltaire.
En octobre 1902, Pablo Picasso, rencontré quinze mois plus tôt et reparti à Barcelone en janvier, revient à Paris. Les deux crève-la-faim s'entendent pour partager la chambre que Max Jacob loue boulevard Voltaire, et y dormir à tour de rôle, le poète la nuit, le peintre le jour. Pour payer sa part, Max Jacob accepte tout travail. Il vend des horoscopes dans les palaces, à des femmes du demi monde et à leurs clients, de faux princes russes.

La bohème montmartroise 1903-1907

En janvier 1903, Pablo Picasso repart à Barcelone et Max Jacob emménage 33 boulevard Barbès, au pied de la bute Montmartre. Il entame une amitié indéfectible avec André Salmon, qu'en juin il a rencontré en même temps qu'Edmond-Marie Poullain au Caveau du Soleil d'or, au cours d'une des soirées de La Plume qu'organise Karl Boès et que fréquente aussi un ami de ce dernier, son ancien directeur Alphonse Allais. Il se lie aux autres peintres qui fréquentent au Chat noir, 68 boulevard de Clichy, la bohème montmartroise, Georges Braque, Henri Matisse, Amedeo Modigliani, mais aussi les critiques d'avant garde, dont Beatrice Hastings, et courtise une femme mariée, Cécile Acker, qui le désespère.
C'est la misère noire. Au Lapin agile et autres guinguettes, Max Jacob dépense avec ses amis le peu de pension qu'il reçoit de son père, plutôt que de se nourrir, en mauvais vin. Il survit grâce à de petits métiers, balayeur, garde d'enfants... Déguisé en disciple de l'École de Pont-Aven, il porte le costume glazic de son Quimper natal, s'initie en autodidacte à la poésie et à la gouache et essaie de vendre ses œuvres le soir dans les cafés du quartier interlope de Montmartre. Depuis Barcelone, Picasso lui conseille de renoncer à Cécile Acker, ce que le poète ne tardera pas à faire, et lui suggère d'écrire pour les enfants. Histoire du roi Kaboul Ier et de son marmiton Gauwain lui rapporte cent francs et un début de reconnaissance, le livre servant de prix scolaire.
En 1904, son cousin Gustave Gompel l'emploie dans la centrale d'achat que celui ci possède, Paris-France, mais son incompétence fait interrompre l'expérience au bout de huit mois. Il abuse en effet de l'éther, source de son inspiration. Au cours de cette année, Picasso lui présente un critique avantgardiste, Guillaume Apollinaire. La rencontre a lieu dans un bar de la rue d'Amsterdam, l'Austin's Fox. Il fait paraître en feuilleton, quatre épisodes, un conte pour enfants, Le Géant du Soleil dans le Journal des Instituteurs.
En 1907, il s'installe dans une des chambrettes du Bateau-Lavoir, 7 rue Ravignan, où habitent Pablo Picasso et Juan Gris. C'est Max Jacob qui avait donné le nom de « lavoir » à cette résidence d'artistes sordide dont l'escalier central évoque un bastingage quand Picasso s'y était installé trois ans plus tôt, car il n'y a qu'un seul et unique point d'eau dans toute la maison. Quasi mendiant, le soir, il passe dans les restaurants proposer ses poèmes aux clients. L'arrivée de Marie Laurencin, introduite par Henri-Pierre Roché dans la bande où, Suzanne Valadon faisant figure de matrone, elle est la seule jeune fille peintre, et non pas seulement un modèle, restructure le groupe autour des deux couples Laurencin-Apollinaire et Fernande-Picasso, l'éloignant un peu plus de ce dernier.
Un soir de juin, en compagnie des deux couples auxquels se sont joints Maurice Princet et la femme de celui ci, Alice, il expérimente le haschisch. En juillet, c'est lui que Fernande Olivier, rendue stérile par une fausse couche, charge de ramener à l'orphelinat la petite Raymonde, âgée de treize ans, que le couple a trois mois plus tôt envisagé d'adopter, orpheline à laquelle seul Max Jacob avait prêté un peu d'attention et que sa mère adoptive craignait de voir entraînée dans les fantasmes de Picasso depuis que celui ci avait commencé de dessiner l'adolescente nue. Il se fâche avec Guillaume Apollinaire pour une chansonnette grivoise sur Marie Laurencin, qu'il a composée et fait jouer dans un cabaret.

Vocation mystique 1908-1914

Seul face à ses démons, Max Jacob étudie, en bibliothèque le jour, veillant la nuit, les textes mystiques, la Kabbale, le Zohar, l'Évangile, les Pères de l'Église, le bouddhisme, l'astrologie, l'occultisme. Toujours affamé35, à l'éther, il ajoute les tisanes de jusquiame pour invoquer les démons mais ce qui lui arrive le 22 septembre 1909, à l'âge de trente trois ans, est d'une toute autre nature. Alors qu'il rentre de la Bibliothèque nationale, l'image d'un ange lui apparaît sur le mur de sa chambre au 7 rue Ravignan : « .. quand j'ai relevé la tête, il y avait quelqu'un sur le mur ! Il y avait quelqu'un ! Il y avait quelqu'un sur la tapisserie rouge. Ma chair est tombée par terre. J'ai été déshabillé par la foudre ! ». Il entoure l'apparition d'un cercle tracé sur le revêtement du mur. Élevé dans l'athéisme mais sensible aux racines juives de sa famille, il se convertit intérieurement au catholicisme.
À l'automne 1911, l'affaire du vol de la Joconde rompt les amitiés. Pablo Picasso, dans une crise de paranoïa agoraphobique au cours de laquelle il rase les murs pour éviter une police imaginaire, et s'enferme à triple tour, exclut celui qui est devenu le rival le plus talentueux, Juan Gris. Max Jacob reste reçu chez le couple Laurencin Apollinaire, auquel il prédit son destin tragique un soir de chiromancie36, et c'est avec Juan Gris qu'en 1913 il séjourne à Céret, dans le Vallespir. Il y réalise une série de dessins du village. A son retour, il quitte le Bateau-Lavoir, que Pablo Picasso, désormais lancé, a déserté, et emménage à l'autre bout de la rue, 17 rue Gabrielle.
À la fin de cette année 1913, il est de ceux qu'Apollinaire sollicite pour la nouvelle édition des Soirées de Paris, revue dont le peintre Serge Férat a confié la direction au Mal aimé. Jusqu'à l'éclatement de la première guerre mondiale, il fréquente, au cours des soirées mondaines organisées à Montparnasse, au siège de la revue, 278 boulevard Raspail, ou chez la baronne Oettingen, au 229, tout ce que la peinture, la littérature et la critique comptent de plus avantgardiste, sur le plan artistique autant que sur le plan moral, Irène Lagut, Maurice Raynal, Blaise Cendrars, André Salmon, Fernand Léger, Albert Gleizes, Marc Chagall, Sonia Delaunay...
En 1914, il achève par Le Siège de Jérusalem, « drame injouable » illustré par Pablo Picasso et Eugène Delâtre, le cycle de la transcription de son itinéraire spirituel commencé en 1911 à travers le personnage de Saint Matorel, auquel il ajoutera un codicille en 1921. Le 16 décembre, il a une vision du Christ, durant une séance de cinéma. Deux mois après sa vision, le 18 février 1915, Max Jacob, âgé de quarante ans, reçoit enfin le baptême sous le patronage de Cyprien au couvent de Sion, rue Notre-Dame-des-Champs, Pablo Picasso étant son parrain. Il pense pouvoir partager son mysticisme avec le magnétique Amedeo Modigliani mais celui ci, comme Picasso précédemment, préfère se tourner vers les femmes.

« Au lieu de femme un jour j'avais rencontré Dieu. »

Le front de la révolution artistique 1915-1918

Durant la Grande Guerre, Max Jacob, avec André Salmon, Paul Fort, Blaise Cendrars, Léon-Paul Fargue, Pierre Reverdy, découvre à la Maison des Amis du Livre, librairie qu'Adrienne Monnier a ouvert en novembre 1915, la jeune génération de l'intelligentsia, Jules Romains, André Breton, Philippe Soupault, Jacques Lacan, Jean Paulhan, Tristan Tzara, Jean Cassou, Louis Aragon. Il y rencontre André Gide et Paul Valéry. Il est sollicité pour rédiger des textes présentant les expositions de ses amis peintre.
En 1917, son père meurt à Quimper, où il est enterré avec les honneurs municipaux. Max Jacob édite à compte d'auteur Le Cornet à dès, chef d'œuvre par lequel il accède à la notoriété d'écrivain. Le titre répond au célèbre poème graphique du défunt Stéphane Mallarmé, Un coup de dès. C'est une construction inventive de trois cent poèmes en prose méditatifs et aphorismes, presque tous écrits avant la guerre : « Il y a dans ma tête une abeille qui parle ». A l'instar de Pierre Reverdy, il qualifiera lui même cet enchaînement de tours de passe passe verbaux d'œuvre cubiste.
En 1918, Max Jacob se lie avec le jeune Raymond Radiguet, qu'il présente à Jean Cocteau mais qui, à l'insu de celui ci et sous une homosexualité duplice, profite, tel Pierre Roche, d'un Paris vidé de ses hommes pour multiplier les liaisons féminines, telle Irène Lagut. Le 9 novembre, il est avec Cocteau, Ruby, et Picasso au chevet d'Apollinaire quand celui ci expire à l'hôpital sous le tableau Apollinaire et ses amis qu'avait peint Marie Laurencin en 1908 et qu'il ont dressé dans la chambre pour évoquer les amours croisées d'antan. Le lendemain, au Sacré Cœur, il entend « n'ayez pas peur », parole du Christ transfiguré s'adressant à ses disciples, et dessine la vision qu'il a du défunt devenu ange « (.. comme un oiseau à tête d'homme au-dessus. Etait il mort ...? »

Un mélancolique dans les Années folles 1918-1920

Aux folles soirées du comte et de la comtesse de Beaumont, Lucien Daudet se travestit en Spectre de la rose mais Max Jacob, lui, parait en robe monastique48. Il se lasse du Paris des années folles et de lui-même, qui ne connaît pas la fortune de ses amis partis, direction Nord Sud, pour Montparnasse. Il est logé et habillé misérablement. Picasso, devenu riche, s'est installé dans un grand appartement bourgeois de la place Clichy et a une domestique mais refuse à son ex-compagnon d'infortune l'aide financière qu'il lui demande pour pouvoir continuer à vivre à Paris.
En 1920, Max Jacob participe à l'érection de la fictive République de Montmartre.
Le Dos d'Arlequin, tentative de synthèse du théâtre contemporain, ne suscite pas l'intérêt des spectaculaires et provocateurs Mamelles de Tirésias, Parade et Mariés de la Tour Eiffel mis en scène par la jeune génération. Celle ci pourtant, tel Michel Leiris en 1921, le découvre et l'admire, quand deux ans plus tôt Paul Dermée, qui appartient à la plus ancienne, assimilait, par maladresse à une époque où Jacques Lacan n'avait pas encore réhabilité la théorie aristotélicienne du fou génial ni Salvador Dali inventé celle de la paranoïa critique, son œuvre à une production déliquescente de malade mental, ce qui valut au critique d'être exclu du mouvement Dada50. Francis Poulenc commande à Max Jacob Quatre poèmes. Les mélodies, achevées en juillet 1921, sont créées le 22 janvier suivant mais la mode change et, le compositeur lui même délaissant la polyphonie, il les reniera moins d'un an plus tard.

« Homme de lettres » Désintoxication reconstruction 1921-1927

Marianne avait un cheval blanc
Rouge par derrière noir par devant
Il avait une crinière
Comme une crémaillère
Il avait une étoile au front
Du crin sur les boulons
Il avait des sabots grenats
De la même couleur que vos bas
Où allez vous Marianne
Avec votre alezane
La Chanson de Marianne, mise en musique et chantée après guerre par Jacques Douai, est un des dix huit poèmes publiés en 1925.
Un an et demi après la mort prématurée de Modigliani, détruit par l'alcool, Max Jacob renonce définitivement aux psychotropes et en 1921, sur les conseils d'un ami prêtre, il s'exile à Saint-Benoît-sur-Loire, où il est hébergé au presbytère. Il accomplit des retraites parmi les bénédictins de l'abbaye de Fleury, qui abrite les reliques de Saint Paul Aurélien, premier évêque du Finistère. C'est là qu'il achève un long poème en vers qui exprime sa lente revertébration, La Laboratoire central.
Il fait de brefs voyages vers l'Italie, l'Espagne, sa Basse Bretagne natale, où il est reçu dans le cercle de Saint-Pol-Roux. Il reçoit les visites de ses amis, tel Jean Cocteau, en route pour la Côte. En 1926, son ami de quinze ans Pierre Reverdy, ayant rompu avec Coco Chanel, se retire définitivement à l'abbaye de Solesmes.

La figure des années trente 1928-1935

En 1928, il retourne à Paris, et s'installe aux Batignolles, 55 rue Nollet, dans un hôtel bon marché peuplé d'artistes, Jean Follain, Antonin Artaud, Georges Schéhadé, Henri Sauguet. Il passe régulièrement ses vacances au Tréboul, à l'hôtel Ty Mad, où le rejoignent des amis artistes, tel Charles-Albert Cingria. En juin 1930, il y retrouve le couple Francis Rose et Frosca Munster accompagné de leur amant, Christopher Wood, un peintre de vingt neuf ans qui a fait de lui un célèbre portrait et auquel les amis de Max Jacob prêtent une relation homosexuelle avec le poète de cinquante quatre ans. Moins d'un mois plus tard, Kit Wood, matériellement et moralement ruiné par ses toxicomanies, se suicide devant les yeux de sa mère à Salisbury en se jetant sous le train entrant en gare.
Au début des années trente, Max Jacob est des habitués du Bœuf sur le toit. Il y retrouve les anciens musiciens du Groupe des Six et se fait librettiste pour les compositeurs Francis Poulenc, Henri Sauguet, Georges Auric... En 1932, pour une des dernières soirées données à la villa Noailles par Anna de Noailles, Francis Poulenc conçoit à partir d'extraits choisis et recomposés du Laboratoire central, qui a consacré le poète dix ans plus tôt, une cantate profane, Le Bal masqué.
Le 13 juillet 1933, André Salmon le fait nommer chevalier de la Légion d'honneur par le ministre de l'Éducation nationale Anatole de Monzie, un ami de Marc Sangnier.
En 1935, Max Jacob organise à Paris pour le secrétaire général de préfecture Jean Moulin, alias Romanin, rencontré trois ans plus tôt, quand celui ci était sous-préfet de Châteaulin, une exposition des eaux fortes de son ami qui ont servies à illustrer une édition des poèmes de Tristan Corbière. A Quimper, il rencontre un jeune pion qu'il encourage dans la voie de l'écriture, Per Jakez Helias.

Retraite testamentaire Oblat et maître 1936-1939

Max Jacob revient à Saint-Benoît-sur-Loire en 1936 pour s'y retirer définitivement et y mener une vie quasi monastique60, en suivant la règle de Saint François de Sales. Il communie tous les matins, assiste très régulièrement à la messe, uniquement celle des domestiques, et participe à son service. On le voit souvent en prière devant la statue de la Sainte Vierge ou sur le chemin de croix. Pris initialement pour un original très parisien, la dévotion exemplaire de « Monsieur Max » procure à celui ci l'amitié de nombreux villageois et provoque même des conversions. La tâche de faire visiter l'ancienne abbatiale aux pèlerins de passage lui est confiée et il rédige un guide touristique à leur intention. Il entretient une volumineuse correspondance, écrit beaucoup, en particulier de longues méditations religieuses qu'il rédige de très bon matin et qui attestent une foi fulgurante.
Dès l'été 1936, Roger Lannes, Pierre Lagarde, Jean Oberlé, Jean Fraysse viennent le voir. Il reçoit les visites d'amis de longue date, Paul Éluard, Jean Cocteau, Maurice de Vlaminck, Fernand Léger, Pablo Picasso, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès, Georges Hugnet, Yanette Delétang-Tardif... Marie Laurencin, dont il prise les dons de médium, vient régulièrement partager sa ferveur religieuse.
À partir de 1937, il se lie à la nouvelle génération de poètes, peintres et musiciens, sur lesquels ses conseils, sa correspondance, ses essais, sa théorie esthétique ont une grande influence. Ce sont, entre autres, Michel Manoll, René Lacôte, René Guy Cadou, Marcel Béalu, qui formeront en 1941 un mouvement littéraire, l'école de Rochefort, Olivier Messiaen, Roger Toulouse, Jean Rousselot, Charles Trenet, Jean-Bertrand Pontalis...


Posté le : 05/03/2016 21:22
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Juif sous l'Occupation 1940-1943

Dès l'automne 1940 sont mises en œuvre à Quimper les « lois » d'aryanisation « votées » par le régime de Vichy. La magasin d'antiquité de Gaston Jacob, l'oncle du poète, est placardé d'une affiche « JUDE ». Le propriétaire affiche sur la vitre de la boutique « Liquidation - Profitez des derniers jours ».
A Saint-Benoît-sur-Loire, Max Jacob se passionne pour les mystères du miracle de Fatima. Interdit de publication, voire de citation, il donne dès 1941 des poèmes aux revues clandestines publiées par la Résistance, Confluences, qu'a fondé Jacques Aubenque et que dirige à Lyon René Tavernier, et Les Lettres françaises, recommandant à Jean Paulhan, à cause de l'antisémitisme régnant à Paris, de le publier sous le pseudonyme de Morvan le Gaélique utilisé en 1931 pour ses Poèmes bretons.
Au début de l'année 42, il séjourne chez les Tixier, belle famille de son ami le peintre Roger Toulouse où il trouve confort et réconfort. Avant la guerre, Max Jacob recevait de Marie Laurencin une abondante correspondance signée « Ta douce Marie », sur laquelle son exemple de piété aura une influence radicale, puis, comme d'autres amis, tel Marcel Jouhandeau, elle a cédé un certain antisémitisme. A partir de juin 1942, bouleversée par le port rendu obligatoire de l'étoile jaune, elle lui adresse des colis, nourriture, cigarettes, tricots, couvertures, qui l'aident à survivre.
A Jean Rousselot
Qui a vu le crapaud traverser une rue ?
(...)
Il sort de l'égout, pauvre clown.
Personne n'a remarqué ce crapaud dans la rue.
Jadis personne ne me remarquait dans la rue,
maintenant les enfants se moquent de mon étoile jaune.
Heureux crapaud, tu n'as pas l'étoile jaune.
Max Jacob, Amour du prochain, 1943,
poème qu'il se récitait au camp de Drancy.
À partir du décembre 1942, Max Jacob porte l'étoile jaune, imposée le 6 juin précédent par un décret d'application des lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy instaurées dès 1940, mais il l'a porte pour ainsi dire zazou, non pas découpée et cousue sur le poitrine mais dessinée sur son bandeau et recouvrant le revers du manteau. Les enfants dans la rue se moque de son étoile. Il n'a plus le droit de voyager ni même se rendre à l'abbaye pour écouter la messe. Il est régulièrement contrôlé à son domicile, par les gendarmes, les gestapistes, les miliciens.
Sa sœur Julie-Delphine et son beau-frère Lucien Lévy, victimes des grandes rafles de l'année 42, meurent au camp de Royallieu à Compiègne. En décembre, son frère aîné Gaston, arrêté une première fois en août, l'est de nouveau à Quimper puis déporté de Compiègne le 11 février 1943 vers Auschwitz, où il est gazé à son arrivée, le 16, mais la famille reste dans une angoisse entretenue par l'ignorance de cette fin rapide, ce qui est précisément l'effet théorisé et recherché par le chef de la Gestapo, Heinrich Himmler. La maison familiale est saccagée et les souvenirs dispersés.
Max Jacob se croit protégé par le réseau chrétien La France continue, dont un des fondateurs, son ami le diplomate Paul Petit, a pourtant été arrêté dès le 7 février 1942 pour avoir exprimé trop radicalement son opposition à la Collaboration et à Pétain. Le nouveau commissaire de police d'Orléans, Jean Rousselot, est un poète, un admirateur et un ami qui s'engage en février 1943 dans le réseau de résistance Cohors-Asturies sous la direction de Jean Cavaillès. Max Jacob refuse les évasions qui lui sont proposées. Il écrit « je mourrai martyr. »
Jean Moulin, organisant la Résistance sous la couverture d'un marchand d'art niçois, adopte entre janvier et juin 1943 le pseudonyme de Max en souvenir de leur rencontre, restée très vive dans son esprit, à Quimper et au manoir de Coecilian chez Saint-Pol-Roux au début des années trente. « Max » représente toute la synthèse culturelle de la France la plus avant-gardiste en même temps que la plus ancrée dans son histoire telle que la chante à sa façon Aragon dans La Diane française, et tout ce que l'Allemagne nazie honnit de l'« art dégénéré ».

Internement 1944

Le 4 janvier 1944, la sœur préférée de Max Jacob, Myrté-Léa Lévy, et son mari sont internés. Déportée de Drancy le 20, elle est gazée, comme son mari, à son arrivée à Auschwitz. Le poète, effondré, se démène pour faire intervenir ses connaissances, Jean Cocteau, Paul Claudel, René Fauchois, qui est l'intime et le secrétaire de Sacha Guitry, Sacha Guitry lui-même, qui a sauvé Tristan Bernard en octobre, Coco Chanel, Misia Sert et Marie Laurencin, qui est proche de l'influent Karl Epting et multiplie les démarches
Le jeudi 24 février 1944, trois jours après l'exécution des « terroristes » de l'Affiche rouge, deux jours après l'incarcération à Fresnes de Robert Desnos et de René Lacôte, Max Jacob, après avoir assisté à la messe de sept heures à la chapelle de l'hospice, passe à la poste prendre le courrier qui lui apprend que son contact au sein du réseau La France continue a été arrêté. À onze heures, trois membres de la Gestapo d'Orléans se présentent pour la troisième fois à son domicile, et, ce jour là, l'y trouve. De la rue, rien ne transparait de l'arrestation qui ne dure pas plus d'une heure. Sont présents un invité, le docteur Castelbon venu de Montargis pour la semaine, sa logeuse, un voisin, auxquels il transmet l'adresse d'un ami à prévenir qui travaille à Radio Paris, l'occultiste et illustrateur pornographique Conrad Moricand, ce qu'ils feront sans délai. Ils lui donnent précipitamment, dans la voiture qui l'emporte, un caleçon, un couvre lit.
Il est emprisonné quatre jours dans la glaciale prison militaire d’Orléans, à l'emplacement de laquelle se situe l'actuel Palais des sports d'Orléans. La femme de son ami Roger Toulouse, Marguerite Toulouse, au mariage de laquelle il était témoin le 20 juin 1938, s'y présente chaque jour pour lui transmettre nourritures et vêtements, ce que les officiers lui refusent. Max Jacob s'emploie à s'occuper des malades et à divertir ses codétenus. Il leur chante des airs d'opéras, dont un irrésistible « Ô Vaterland! Ô Vaterland! » qui clôture en allemand Le Petit Faust d'Hervé. Le lundi 28 février, le commissaire Rousselot, prévenu quatre jours plus tôt, vient tenter de le délivrer mais quand il arrive à la prison, les prisonniers n'y sont plus.
Le matin de ce 28 février, mal en point, Max Jacob a été emmené avec soixante deux autres détenus en train via la gare d'Austerlitz au camp de Drancy, qui est gardé par la gendarmerie française sous la direction d'Alois Brunner. Dès son arrivée en fin d'après midi, « l'Orphée Orphelin aux confins de l'enfer » est affecté au contingent qui doit remplir le prochain convoi qui partira le 7 mars pour Auschwitz. Le zèle des arrestations des derniers jours vise à rentabiliser ces convois. Au greffe du camp, il dépose les quelques cinq mil francs qu'il a emporté et la montre en or de Filibuth. Dès le lendemain, il écrit à l'abbé Fleureau, curé de Saint-Benoît-sur-Loire, « Je remercie Dieu du martyre qui commence », et, grâce à la complaisance des gardes mobiles, fait parvenir des messages à son frère Jacques, à son relieur Paul Bonnet, à André Salmon, à Jean Cocteau, à Conrad Moricand.
Pour faire libérer le poète, Jean Cocteau, Sacha Guitry, André Salmon, Marcel Jouhandeau, José Maria Sert, Albert Buesche, Jean Paulhan, Conrad Moricand, le conseiller collaborationniste de Paris Georges Prade mais aussi Charles Trenet font des démarches auprès de la Gestapo et auprès de l'ambassade d'Allemagne, où le conseiller von Bose est un admirateur. La figure de Pablo Picasso étant trop compromettante, il est demandé à celui ci de rester en retrait. Cocteau offre à la Gestapo de prendre sa place. Sans résultats immédiats, ces amis et d'autres, tel Henri Sauguet, font circuler une pétition rédigée par Cocteau. Marie Laurencin y ajoute sa signature et la porte personnellement à von Bose. L'intervention auprès d'Otto Abetz et de la Gestapo d'un ami de la « peintresse » responsable de la censure à l'ambassade, Gerhard Heller, est vaine. Deux semaines plus tard, le dimanche 5 mars 1944 à vingt et une heure, Max Jacob murmurant « "Juif!". "Sale juif!"... » meurt à l'infirmerie de la cité de la Muette, où règne la dysenterie, d'un arrêt cardiaque induit par la fièvre d'une pneumonie.
« Il fait un peu plus noir et tu montes sans bruit
Comme un boiteux du Ciel les marches de la nuit. »
Le lendemain, au terme d'une négociation dont l'objet est resté secret, la Kommandantur annonce par téléphone à Charles Trenet sa libération85, en voie d'être accordée par l'ambassade.

Destin posthume Figure de la Résistance

Dès 19 mars 1944, Pablo Picasso invite toute l'intelligentsia antinazie de Paris à venir écouter chez lui sous le dernier portrait qu'il a fait deux ans plus tôt de Max Jacob sa pièce Le Désir attrapé par la queue.
En avril 1944, Les Lettres françaises, en réponse aux injures de Paris-Midi et de Je suis partout, consacrent les deux tiers de leurs une à un hommage de Paul Eluard intitulé, par référence à la mort très semblable du poète assassiné Apollinaire, « Max Jacob assassiné ». Michel Leiris y ajoute un article. Louis Parrot évoque par un poème de sa composition la conception quiétiste de la résistance qu'avait le poète, un mélange d'autodérision exemplaire et d'amour sacrificiel du prochain qui est plus que résister à la tentation de rejeter l'autre, s'identifier à lui et l'identifier à soi jusque dans ses turpitudes et abjections, comme lorsqu'il était allé serrer la main de miliciens tenant publiquement des propos antisémites et leur déclarer « Merci! Et que Dieu vous pardonne! ».
Des poèmes inédits de Max Jacob continuent d'être diffusés immédiatement après sa mort par les revues clandestines. Parmi d'autres, ils circulent, dans le stalag XI-A d'Altengrabow, ronéotypés par Gaston Ciel pour ses quatre vingt exemplaires des Cahiers littéraires XIA.
Son autoportrait, cosigné Picasso, figure parmi les œuvres transmises en mars 1946 par Adrienne Monnier à un comité pour être vendues aux enchères à Buenos Aires. L'argent récolté permet de distribuer des vivres aux écrivains français dans un Paris soumis au rationnement et au marché noir.
Le 17 novembre 1960, Max Jacob est reconnu officiellement « poète mort pour la France ».
Pierre Seghers, dans son témoignage militant La Résistance et ses poètes, le consacre comme père de tous les poètes casqués de la seconde guerre mondiale et des générations futures.

Tombeau

Comme tous les prisonniers décédés à Drancy, Max Jacob est enterré dans le cimetière d'Ivry, non loin des corps des huit cent cinquante quatre détenus fusillés par la gendarmerie française. L'inhumation est confiée à l'UGIF et a lieu le samedi 11 avril 1944.
Conformément au vœu du poète, la dépouille de Max Jacob repose depuis le 5 mars 1949 dans le cimetière de Saint-Benoît-sur-Loire. La tombe est ornée d'un portrait en bronze réalisé en 1935 par son ami René Iché.

Les Amis de Max Jacob

À l'occasion du transfert du cerceuil de Max Jacob sur les bords de la Loire, ses amis Jean Denoël et Henri Dion, le chanoine Frédéric Weill, les docteurs Robert Szigeti et Georges Durand, le peintre Roger Toulouse fondent l'Association des Amis de Max Jacob. Elle rassemble initialement les poètes de l'école de Rochefort Marcel Béalu, René-Guy Cadou, Michel Manoll, Jean Rousselot, et leur ami résistant Roger Secrétain ainsi que l'abbé Garnier98. Un comité d'honneur présidé par Pablo Picasso apporte les soutiens de Mgr Courcoux, Paul Claudel, Carmen Baron, Jean Cassou, Jean Cocteau, Albert Fleureau, Jean Follain, Louis Guilloux, Jacques Jacob, Julien Lanoë, Maurice Morel, André Salmon, Jean Paulhan, Henri Sauguet, qui présidera l'association jusqu'en 1976.
Depuis, l'association édite un bulletin semestriel, Lettres et mots, et une revue annuelle, Les Cahiers Max Jacob. En mars de chaque année, elle organise à la Maison Max Jacob de Saint-Benoît-sur-Loire le Mois Max Jacob, événement inscrit à l'agenda du Printemps des Poètes qui inclut spectacles, brigades d'Intervention poétique, poésie en appartement, café littéraire...

Hommages

En 1950, est fondé un prix de poésie qui porte son nom, le prix Max-Jacob.
« Mes dix-huit ans buvaient aux sources de son génie... il était bon, fantasque, irréel, comme les personnages qu’il peignait... Cher ange ! »
— Charles Trenet à propos de Max Jacob, préface du livre de Marc Andry, Charles Trenet,Calmann-Lévy, 1953.

A la scène

En septembre et octobre 2006, le réalisateur Gabriel Aghion réalise Monsieur Max avec dans le rôle principal Jean-Claude Brialy dont ce fut le dernier rôle avant sa mort le 30 mai 2007.
Depuis 2010, le poète, compositeur et chanteur Paul Dirmeikis a mis en chanson des poèmes de Max Jacob : Nocturne, Le Départ, Cimetière, Le Mariage, La Roue du moulin.
En 2012, le chanteur et poète Melaine Favennec publie un album intitulé Émoi des mots, Melaine Favennec chante Max Jacob.
Le poète Bruno Doucey a publié Le carnet retrouvé de monsieur Max, éd. Bruno Doucey, collection Sur le fil, 2015: Faux journal retraçant les dernières semaines de Max Jacob à Saint-Benoît-sur-Loire et Drancy.

A Quimper

En 1989, le théâtre municipal100 de la ville de Quimper, sa ville natale, prend le nom de Théâtre Max Jacob. Un collège et un pont y portent également son nom.
Les Rendez-vous de Max, lectures et rencontres mensuelles de poésie, sont accueillis depuis février 2013 dans la maison d'enfance et de jeunesse de Max Jacob à Quimper, Chez Max cour Max Jacob, 8 rue du Parc.
Patrice Cudennec, Assiette Mille regrets célébrant le soixante dixième anniversaire de la mort de Max Jacob, Faïencerie de Quimper Henriot, Quimper, 2014.

Œuvre poétique Contes et nouvelles

Histoire du roi Kaboul Ier et du marmiton Gauwain, Alcide Picard & Kaan, Paris, 1903, rééd. Gallimard, Paris, 1971.
nouvelle intégrée en 1921 dans le recueil Le Roi de Béotie.
Le Géant du Soleil, supplément au Journal des Instituteurs, 1904.
Le Roi de Béotie, 1921.
Ne coupez pas, Mademoiselle, ou Les erreurs des P. T. T., Galerie Simon, Paris, 1921, 18 p.
Le Nom, A la lampe d'Aladdin, n° 7, 1926, 66 p.

Romans poétiques

1911 : Saint-Matorel
1918 : Le Phanérogame
1920 : Cinématoma
1921 : Matorel en province
1922 : Le Cabinet noir, pseudo roman épistolaire
1923 : Le Terrain Bouchaballe
1924 : Filibuth ou la Montre en or
1928 : Le Cabinet noir, second pseudo roman épistolaire
Bourgeois de France et d'ailleurs, Gallimard, Paris, 1932.

Poèmes en prose et en vers

Avez vous rencontré la fille au muguet bleu
Qui m'aime sans me vouloir ?
Avez vous rencontré le lièvre au poil de feu
Qui broute à mes réfectoires ?
Avez vous rencontré ... ...
Avez vous, tout compte fait, avez vous gobé les œufs
Venant de mon poulet noir ?
« Pastiche », octuple distique sur deux rimes
paru en 1922 dans Le Laboratoire central.
1911 : La Côte
1912 : Œuvres burlesques et mystiques de Frère Matorel
1916 : Le Cornet à dés
1918 : Les Alliés sont en Arménie, plaquette.
1922 : Le Laboratoire central
1924 : Visions infernales
Les Tabar, in Sélection, n° 3, , p. 209-219, décembre 1924.
Les Pénitents en maillots roses, Collect° Les Cahiers nouveaux, Krà, Paris, 1925.
1927 : Le Fond de l'eau
Sacrifice impérial, Émile-Paul Frères, Paris, 1929, 43 p.
1938 : Ballades
1931 : Rivage
1945 : Derniers Poèmes

Poésie musicale

A Paris
Sur un cheval gris
A Nevers
Sur un cheval vert
A Issoire
Sur un cheval noir
Ah! Qu'il est beau, qu'il est beau!
Ah! Qu'il est beau, qu'il est beau!
Tiou!
...
« Pour les enfants et les raffinés »,
Oeuvres Burlesques et Mystiques
de Frère Matorel, 1912.
Préf. G. Auric, ill. M. Jacob & J. Audiberti, Mendiantes professionnelles suivi de Jalousies, s.éd., 1949, 16 p. .

Mélanges

1919 : La Défense de Tartuffe, éd. Société littéraire de France, 1919, 213 p.
rééd La défense de Tartufe : extases, remords, visions, prières, poèmes et méditations d'un Juif converti, nouv. éd. introd. et notes par André Blanchet, Gallimard, Paris, 299 p.
Ce livre devait dans un premier temps avoir pour titre Le Christ à Montparnasse

Traduction

Lulle, Livre de l'ami et de l'aimé, La Sirène, Paris, 1919.
Ill. Jean-Marie Queneau, Bien aimé Raymond, La Goulotte, Vézelay, 2003.

Drames

Le Siège de Jérusalem‚ grande tentation céleste de Frère Matorel, 1914.
Le Dos d'Arlequin, Le Sagittaire, Paris, 1921.
1986 : Le Terrain Bouchaballe Max Jacob Toulouse, Théâtre Daniel Sorano, 15 avril 1986 suivi de deux inédits : Paris province et le Journal de modes ou les ressources de Florimond : farce en un acte de Max Jacob ; et de La Tarentelle rouge pièce en un acte de Salvatore Cuffaro, L'Avant-scène, Coll. "Théâtre", no 798, Paris, 1986, 80

Å’uvre critique Essais

1922 : Art Poétique
L'Homme de chair et l'Homme reflet, Le Sagittaire, Paris, 1924, 256 p.
Tableau de la Bourgeoisie, NRF, Paris, 1929, 223 p.
1929 :
« Poèmes burlesques », in Des feuilles libres no 28, p. 245-249, septembre 1922.
« Deux lettres et un commentaire », in Revue hebdomadaire, p. 213-218, 11 août 1928.
« Max Jacob ou le poète de Saint-Benoît-sur-Loire. Textes et dessins inédits de Max Jacob - hommage de Saint Pol Roux - Vers et proses de Marcel Abraham, Jean Casson, Jean Cocteau...», dans la revue Le Mail, n °5, avril 1928, p. 221-272.

Correspondance

Max Jacob Lettres à René Villard, suivies duCahier des Maximes; préface et notes de Yannick Pelletier; Rougerie, 1978
Correspondance : 1 : Quimper-Paris : 1876-1921, Ed. de Paris, Paris, 1953, 229 p.
Lettres à Michel Manoll Max Jacob ; préf. de Michel Manoll ; texte établi et annoté par Maria Green, Rougerie, Mortemart, 1985, 163 p.

Å’uvre picturale Illustration

Filibuth, ou la Montre en or, NRF, Paris, 1923, 268 p., 4e éd.
La Côte, 1927, 2e éd.
Visions des souffrances et de la mort de Jésus Fils de Dieu : quarante dessins de Max Jacob, avec un portrait de l'auteur par lui-même, Aux Quatre Chemins, Paris, 1928, 279 ex.
Saint Matorel, Le siège de Jérusalem, Les œuvres burlesques et mystiques de frère Matorel, Gallimard, Paris, 1936, 300 p.

Gouaches

Max Jacob a été un peintre estimé
Max Jacob : Le marché à Pont-l'Abbé gouache, vers 1930
Max Jacob : Le clocher de Ploaré gouache
Max Jacob : Le pardon de Sainte-Anne gouache, vers 1930
Max Jacob : Le calvaire de Guengat 1930, Musée des beaux-arts de Quimper

Réception

« un paradis à la Charlot »
— René Crevel en 1924 à propos de la mystique du quotidien pratiquée par Max Jacob et son effet burlesque105.
« Il était, avec Saint-Pol-Roux, un de nos plus grands poètes. (...) son œuvre (...) marque une véritable date dans la poésie française. Depuis Aloysius Bertrand, Baudelaire et Rimbaud, nul plus que lui n'avait ouvert à la prose française toutes les portes de la poésie. »
— Paul Éluard, avril 19443.
« Et j'admirais l'utilité de la moindre syllabe. Un mot changé, une virgule, et l'expérience était manquée. Max Jacob ne manque jamais ses tours de prestidigitateur. « Sautez à la corde en descendant l'escalier, vos pieds ne le toucheront pas. »106 Une petite fille aux jambes de garçon volette en souriant à côté de la rampe. Ses nattes flottent comme une algue. Ralenti. Ce silence oblige à se taire. Max Jacob pose côte à côte sur la table au tapis rouge les objets les plus ressemblants : « L'enfant, l'éfant, l'éléphant, la grenouille et la pomme sautée. »107 J'adorais cette chose là où je voyais enfin le contraire de l'arbitraire. »
— Yvon Belaval en 1974.


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Posté le : 05/03/2016 21:18

Edité par Loriane sur 07-03-2016 19:18:10
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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