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Marlon Brando
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Le 27 Mars 1973 Marlon Brando refuse un oscar.

Pour son rôle dans Le Parrain, il reçoit un nouvel Oscar du meilleur acteur en 1973, qu'il refuse pour protester contre la manière dont le cinéma américain traite les Indiens dans ses films. À la place, il envoya Sacheen Littlefeather, l'activiste pour la défense des droits civiques des Indiens, qui vint en costume traditionnel Apache. Acteur, réalisateur dont les films les plus notables sont : Un tramway nommé Désir, L'Équipée sauvage, Jules César, Sur les quais, Reflet dans un œil d’or, Le Parrain, Le Dernier Tango à Paris, Apocalypse Now. Marlon Brando, né le 3 avril 1924 à Omaha et mort à 80 ans le 1er juillet 2004 à Los Angeles, est un acteur et réalisateur qui est considéré comme l'un des plus grands et des plus influents acteurs américains du xxe siècle. L'American Film Institute l'a classé 4e acteur de légende.Il est une star hollywoodienne et un sex-symbol à l'instar de Marilyn Monroe, Greta Garbo, Louise Brooks ou James Dean. Il est aussi connu pour son implication dans le combat pour les droits civiques aux États-Unis, notamment pour la reconnaissance des droits des Amérindiens et des Afro-Américains.
Marlon Brando, acteur au comportement imprévisible, a influencé des acteurs de sa génération comme James Dean, Paul Newman, Steve McQueen et Robert Redford ainsi que les meilleurs acteurs de la génération suivante comme Al Pacino, Jack Nicholson, Robert De Niro, Dustin Hoffman ou encore James Caan.

En bref

Né le 3 avril 1924 à Omaha (Nebraska), Marlon Brando Jr., rejeton turbulent d'un commerçant et d'une actrice amateur, connaît une vie scolaire mouvementée, couronnée par sa mise à la porte d'une école militaire. Sous l'influence de sa mère et de sa sœur aînée Jocelyn, également comédienne, il s'oriente vers l'art dramatique. Après un an de formation à la Dramatic Workshop, sous la houlette de Stella Adler, partenaire puis rivale du fameux Lee Strasberg, puis d'une expérience avec le metteur en scène d'avant-garde allemand Erwin Piscator, il débute à Broadway en 1944 dans la pièce à succès I Remember Mama de John van Drutten. Les rôles se suivent, et Brando y est régulièrement remarqué. Il crée notamment, avec Tallulah Bankhead, L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau, affiche prometteuse qui fut pourtant l'un des plus célèbres fiasco de l'histoire de Broadway. Un élève de l'Actor's Studio
Le triomphe de la pièce Un tramway nommé Désir, en 1947, consacre l'avènement du dramaturge Tennessee Williams, confirme le metteur en scène Elia Kazan et fait de Marlon Brando une légende et un porte-drapeau : il y est à jamais Stanley Kowalski, brute épaisse étrangement séduisante en tee-shirt blanc couvert de sueur, qui trouble et terrorise à la fois la fragile et vieillissante Blanche Dubois (interprétée par Jessica Tandy puis Vivien Leigh). Il y impose avec éclat un jeu physique, convulsif, anticonventionnel, mais cependant réaliste, étrangement poétique en même temps que naturaliste, un jeu qui réunit tous les contrastes, tantôt sobre et tantôt flamboyant. Il va influencer la formation de l'acteur pour les décennies à venir : il est l'exemple le plus imposant de la méthode de formation, inspirée des idées de Konstantin Stanislawski et divulguée par Lee Strasberg à l'Actor's Studio.
En 1950, le réalisateur Fred Zinnemann, dont Les Anges marqués (The Search, 1948) interprété par Montgomery Clift vient de remporter un énorme succès, consacre cette nouvelle façon de jouer en faisant appel à lui pour C'étaient des hommes (The Men), où Marlon Brando compose le portrait à la fois saisissant et sensible d'un jeune militaire que la guerre a rendu paraplégique. Mais la gloire n'arrive que l'année suivante, avec Un tramway nommé Désir (A Streetcar Named Desire, 1951), porté à l'écran par Elia Kazan, où l'interprétation de Brando, violente, érotique, exacerbée par une caméra qui colle jusqu'à l'épiderme de l'acteur, provoque la même sensation qu'à la scène, mais cette fois à l'échelle universelle. Quelques années plus tôt, le personnage aurait été un « méchant » sans nuance : Brando, avec son tee-shirt savamment déchiré, fait de lui une icône érotique masculine inédite. Emblème d'une génération entière (il touche un public plus mûr que son contemporain James Dean), il vole de succès en succès, mêlant œuvres originales ou polémiques (Viva Zapata !, 1952 ; Sur les quais [On the Waterfront, 1954], tous deux d'Elia Kazan), classicisme rigoureux (le shakespearien Marc-Antoine dans Jules César [Julius Caesar, 1953], de Joseph L. Mankiewicz, où, malgré le « marmonnement » que certains lui reprochent, il manie en virtuose le verbe shakespearien) et calcul commercial (L'Équipée sauvage [The Wild One, 1953], de Laszlo Benedek ; Désirée, 1954, de Henry Koster, où il interprète le rôle de Bonaparte. Il s'essaye même à la comédie musicale : malgré des talents vocaux et chorégraphiques limités, son interprétation du séduisant joueur Sky Masterson dans Blanches Colombes et vilains messieurs (Guys and Dolls, 1955) de Joseph L. Mankiewicz, est irrésistible. L'originalité de son génie, l'imprévisibilité de ses choix autant que de son jeu, et la qualité de son travail lui permettent à chaque fois de s'en sortir avec panache.
«.Il existe une différence énorme entre l'homme et les autres animaux, l'humanité étant la seule espèce dont le comportement soit à ce point influencé par son appartenance culturelle..» L'Équipée sauvage, sorti en 1953, mettait pour la première fois en scène le phénomène d'une bande de rebelles dirigée par Marlon Brando.
Crédits: Hulton Getty Consulter
Peu à peu, cependant, son caractère difficile, ses caprices et ses excentricités rejaillissent sur sa popularité, rendant les financiers méfiants. On s'étonne qu'il galvaude son talent dans une comédie anodine comme La Petite Maison de thé (The Teahouse of the August Moon, 1956), de Daniel Mann, mais peut-être que la tentation de jouer un Japonais lui était irrésistible. Il est certainement plus à son aise quand il apporte une épaisseur romanesque à l'officier nazi qui prend peu à peu conscience de ses erreurs dans Le Bal des maudits (The Young Lions, 1958), d'Edward Dmytryk, et surtout quand il apparaît en poète canaille, traînant sa guitare et moulé dans un blouson en peau de serpent, dans L'Homme à la peau de serpent (The Fugitive Kind ; 1959), de Sidney Lumet, qui lui fait retrouver la prose de Tennessee Williams dans laquelle il se glisse avec bonheur. Le rôle avait été écrit pour lui, mais Brando ne l'avait pas interprété au théâtre ; néanmoins, le monologue sur les oiseaux sans pattes, condamnés à voler éternellement, est murmuré comme une chanson et reste un moment inoubliable.
Bien qu'il ne réalise qu'un seul film, très personnel (le long western maniériste et masochiste, La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks ; 1961), dont il prend les rênes après avoir, comme producteur, licencié Stanley Kubrick), ses sautes d'humeur font parfois la une. Le tournage des Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty) en 1962, où il fait remplacer le réalisateur Carol Reed par Lewis Milestone, est épique. Ses conquêtes féminines comme son engagement social et politique (auprès de Martin Luther King, par exemple) le maintiennent à la une des journaux.
Un jeu complexe et tourmenté. À la fin des années 1960, les films qu'il interprète ont plus de difficultés à rencontrer leur public, même lorsque le réalisateur s'appelle Charlie Chaplin : dans La Comtesse de Hong Kong (A Countess from Hong Kong, 1967), dernier film du maître, il incarne avec compétence un homme d'affaires rigide. Mais c'est la plus vive Sophia Loren qui intéresse le cinéaste. Obnubilée par le phénomène médiatique, la presse oublie de relever un génie d'acteur resté intact : le douloureux shérif en proie à la haine de toute une ville dans La Poursuite impitoyable (The Chase, 1966), d'Arthur Penn ; le sobre militaire homosexuel de Reflets dans un œil d'or (Reflections in a Golden Eye, 1967), de John Huston, où il remplace Montgomery Clift au pied levé ; le tueur à gages haut en couleur de Missouri Breaks (1976), western d'Arthur Penn. Autant de créations magistrales, dans des registres très différents, auxquelles la nouvelle maturité et la prise de poids de l'acteur donnent un relief incomparable.
Rejeté par Hollywood, Marlon Brando se réfugie en Europe auprès de metteurs en scène comme Gillo Pontecorvo (Queimada, 1969) ou Bernardo Bertolucci (Le Dernier Tango à Paris [Ultimo tango a Parigi, 1972]). Cette même année, le jeune Francis Ford Coppola a du mal à l'imposer pour Le Parrain (The Godfather). Mais le triomphe du film, dû en grande partie à l'interprétation de Brando, et le scandale qui entoure la sortie du Dernier Tango à Paris valent à l'acteur le plus spectaculaire des come-back. Il obtient d'ailleurs un oscar pour Le Parrain, qu'il ne va pas chercher en personne, laissant la place à une Indienne qui profite de cette tribune pour protester contre le non-respect des droits de son peuple aux États-Unis.
Dans la dernière phase de sa carrière, Marlon Brando va tirer parti du statut mythique que ces deux films viennent de lui valoir. Il apparaît pour un salaire mirobolant, le temps de quelques minutes à l'écran, par exemple en militaire fou, dans Apocalypse Now ! (1979), de Francis F. Coppola, film construit « en creux » sur son absence. Il s'agit là de sa dernière composition réellement prestigieuse, où son maniement du monologue fait taire ceux qui ont longtemps moqué sa tendance à marmonner. Le goût de jouer, ou peut-être des nécessités plus terre à terre le sortent périodiquement de son isolement : il est tour à tour le père de Superman, dans la version Richard Donner, en 1978 ; l'avocat voué aux causes perdues dans Une saison blanche et sèche (A Dry White Season), d'Euzhan Palcy, en 1989 ; le savant fou dans L'Île du docteur Moreau (The Island of Dr. Moreau, 1996) de John Frankenheimer, incroyable numéro, au-delà du cabotinage, avec fond de teint blafard, yeux faits et voilette... Plus tristement, les feux se braquent sur lui après un tragique fait-divers qui mêle ses enfants à un meurtre. Mais la rareté de ses apparitions ne fait qu'accroître son statut de mythe. Il meurt le 1er juillet 2004, après une ultime apparition magistrale en malfrat obèse, tout de blanc vêtu, face à Robert De Niro dans The Score (2001) de Frank Oz.
On a dit de lui qu'il était l'acteur du siècle. S'il est difficile de l'affirmer, il est certain que, dans l'histoire de l'acteur au cinéma, il y aura eu un avant et un après Brando. Ce jeu, ineffablement élégant, même dans la rudesse, qui savait si bien manier les contraires, la grâce et la vulgarité, le masculin et le féminin, la sobriété et l'éclat, a obligé les acteurs qui l'ont suivi à travailler la complexité et les contradictions des personnages, là où, avant lui, on se contentait parfois d'un charisme de surface.Christian Viviani

Sa vie

Marlon Brando dans le rôle de Stanley Kowalski dans la pièce de théâtre Un tramway nommé Désir en 1948.
Marlon Brando naît dans une famille modeste du Nebraska, qui a des ascendances françaises, allemandes, hollandaises, irlandaises et anglaises. Le nom de famille, d'origine alsacienne-allemande, s'écrivait à l'origine « Brandau »1, puis a été francisé en « Brandeau », avant d'être américanisé/italianisé en « Brando » 2 à l'initiative de son grand-père, immigrant. Fils de l'actrice Dorothy Pennebaker, alcoolique et bohème, et d'un père coureur de jupons tout autant alcoolique, il est élevé en compagnie de ses deux sœurs aînées, Jocelyn et Frances. À cause du souvenir de sa mère ivrogne qu'il allait récupérer la nuit dans des bouges, il adoptera comme ligne de conduite de ne pas boire ni fumer mais connaîtra les mêmes tourments avec sa première épouse toxicomane Anna Kashfi3. Mauvais élève, il est envoyé dans une école militaire, la Shattuck Military Academy (en), où il découvre sa vocation pour le théâtre, mais, menacé d'en être exclu pour insubordination, il préfère quitter l'académie.
Vivant de petits boulots grâce à l'intervention de son père, il tente d'incorporer l'armée, mais il est réformé à la suite d'une blessure faite au genou lors d'une partie de football. Il décide alors de rejoindre ses sœurs à New York en 1943.
Il suit un peu par hasard le cours de formation d'acteurs de Stella Adler et la méthode de Constantin Stanislavski. Marlon Brando développe une nouvelle façon d'interpréter les rôles, fondée sur l'improvisation et l'oubli du scénario originel, pour un approfondissement psychologique du personnage jusqu'à l'excès. Il ne fait pas semblant d'être un autre, mais incarne un personnage, physiquement et mentalement. « Marlon n’a jamais réellement eu besoin d’apprendre à jouer. Il savait », a un jour déclaré Stella Adler, l’une des enseignantes de l’Actors Studio.
Sa carrière débute au théâtre à Broadway en 1944 avec la pièce I Remember Mama. Il connaît un premier succès d'estime dans Truckline Café mais sa carrière d'acteur est véritablement lancée par Elia Kazan qui lui offre, en 1951, le rôle de Stanley Kowalski dans Un tramway nommé Désir. Brando avait cherché à joindre Elia Kazan au téléphone pendant trois jours pour refuser le rôle, mais lorsque celui-ci le rappelle, il n'ose pas dire non.
Au cours d'une des représentations de cette pièce, un machiniste lui casse le nez alors qu'ils boxent entre deux scènes dans les coulisses. Il termine pourtant la pièce, le nez en sang. Il gardera de cet incident un nez légèrement déformé.

Brando le sex-symbol

En 1951, Elia Kazan adapte Un tramway nommé Désir au cinéma. Le film est tiré de la pièce de Tennessee Williams et le rôle de Blanche Dubois est campé par Vivien Leigh qui recevra l'Oscar de la meilleure interprétation féminine. Marquant une nette rupture avec la tradition anglo-saxonne, ce film est un brasier malséant qui mélange dans un contexte social hyperréaliste, les névroses et les pulsions sexuelles. Le choix de Brando est un trait de génie. Le film fait exploser la popularité de Brando qui devient une star hollywoodienne du jour au lendemain ce n'est que son deuxième film après The Men de Fred Zinnemann en 1950. En plus de son jeu d'acteur révolutionnaire et de sa prestation époustouflante dans le rôle du vulgaire Stanley Kowalski, Marlon Brando crève l'écran et s'impose comme un sex-symbol incontournable, en redéfinissant les critères de beauté masculine pour la seconde moitié du XXe siècle à venir, allant plus loin que Tyrone Power ou Montgomery Clift et étant plus jeune que les Clark Gable, John Wayne et autres Humphrey Bogart qui le précédaient. C'est d'ailleurs ce dernier qui remportera l'Oscar du meilleur acteur en 1951 pour L'Odyssée de l'African Queen, malgré la nomination de Brando.
Comme l'écrit Truman Capote, il est alors l'image idéale de la jeunesse américaine : cheveux blonds foncés, yeux gris-bleu, teint basané, démarche athlétique. La carte des États-Unis est gravée sur son visage5. Son rôle dans Viva Zapata! en 1952 lui vaut un prix d'interprétation à Cannes.

L’image de rebelle

Après la pièce Un Tramway nommé Désir de Tennessee Williams, en 1953, il enchaîne avec un film qui rendra célèbres le jeans et le blouson de cuir Perfecto : L'Équipée sauvage de László Benedek. Dans ce film, il exprime toute la révolte d'une génération en devenant Johnny, un motard rebelle5 sur sa propre moto Triumph Thunderbird 6T qui prend d'assaut une petite ville avec sa bande de jeunes bruyants. Encore une fois, son interprétation va avoir un grand retentissement. Cependant, la marque Triumph voit d'un très mauvais œil l'image que renvoie le film sur elle. Le film et le jeu d'acteur de Brando ne sont pas aussi extraordinaires que dans Un tramway nommé Désir mais c'est le personnage qu'il joue à l'écran celui de Johnny qui va lancer une mode et avoir un impact considérable sur la « culture rock ». En effet, James Dean voudra la même moto que celle du film, et on se souvient de la photo d'Elvis Presley mimant à la perfection la posture de Brando sur sa Triumph. En effet, les images de Brando posant avec sa moto deviendront emblématiques et seront la base du mannequin de cire au musée de Madame Tussauds à Londres.
Son personnage Johnny, chef d'un gang de motards, dans le film, prononce cette réplique devenue célèbre :
— Une fille : « Hey Johnny, what are you rebeling against? Hé Johnny, tu te rebelles contre quoi ?;
— Johnny : « What have you got? Qu'est-ce que tu m’proposes ?.
À cette époque, certains critiques lui reprochent sa façon de parler assez nonchalante et son manque d'articulation. Frank Sinatra le surnomme d'ailleurs à cet égard « Mister Mumbles »(« Monsieur bredouillage. Mais Brando va les prendre à défaut en jouant un rôle shakespearien dans le Jules César de Joseph Mankiewicz en 1954. On y trouvera une scène où Marc Antoine Brando fait un réquisitoire plus que saisissant.
C'est Frank Sinatra qui doit tenir le rôle de Terry Malloy dans le film suivant d'Elia Kazan : Sur les quais 1954. Au dernier moment, Brando accepte, bien qu'il soit en désaccord avec Kazan qui avait dénoncé ses collègues communistes lors de la chasse aux sorcières de McCarthy. La délation est justement le thème central de ce film qui vaudra à Brando son premier Oscar du meilleur acteur en 1955. On y trouve plusieurs scènes fameuses dont celle dite « du taxi » où Brando fera pleurer des techniciens du plateau par son simple monologue. La même année, il incarne Napoléon Bonaparte à l'écran dans Désirée d'Henry Coster avec Jean Simmons.

Multiplicité de son talent

Marlon Brando est alors la plus grande star masculine hollywoodienne, il n'a peur de rien et va donc s'essayer à la comédie musicale avec comme partenaire Frank Sinatra. Dans la vie, les deux acteurs se détestent. Le film s'intitule Guys And Dolls Blanches colombes et vilains messieurs. Gene Kelly était pressenti pour le premier rôle mais la MGM n'ayant pas voulu le libérer, c'est Brando qui l'obtient et joue pour la première fois dans une comédie musicale. En 1956, il joue avec Glenn Ford dans The Teahouse Of The August Moon La Petite Maison de thé où il interprète un Asiatique. Il poursuit dans la même veine de manière plus sérieuse avec Sayonara où il joue le rôle d'un soldat américain dont l'amour avec une Japonaise est impossible, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
En 1958, il interprète son plus grand rôle depuis Sur les quais, dans le film d'Edward Dmytryk The Young Lions Le Bal des maudits où il joue le rôle d'un officier allemand, aux côtés de Dean Martin et Montgomery Clift. L'année suivante, il joue dans The Fugitive Kind L'Homme à la peau de serpent le rôle d'un musicien solitaire à la veste en peau de serpent, avec Anna Magnani et Joanne Woodward. Le film, adapté d'une pièce de Tennessee Williams écrite spécialement pour Brando, ne connait pas de succès mais a acquis le statut de film culte.

Les années soixante et le déclin

En cette année 1960, Brando travaille sur un western avec Sam Peckinpah puis Stanley Kubrick intitulé La Vengeance aux deux visages. Après d'innombrables querelles sur le scénario et la direction, Marlon Brando lui-même finira par réaliser le film en 1961, dans lequel il joue en compagnie de Karl Malden. Après de gros retards pris pendant le tournage et un fort dépassement de budget, les producteurs décidèrent de ne pas lui confier le montage final. Méconnu, le film distille une atmosphère particulière pour un western et sera le seul film réalisé par Brando. En 1962, il refuse le rôle de Lawrence d'Arabie.
En 1962, il joue dans Les Révoltés du Bounty de Lewis Milestone, La Poursuite impitoyable d'Arthur Penn en 1966 et les Reflets dans un œil d'or de John Huston en 1967 où il joue un officier de l'armée qui réprime son homosexualité. En 1968, il joue aussi un gourou dans la comédie graveleuse Candy de Christian Marquand. En 1969, il refuse Butch Cassidy et le Kid pour tourner dans Queimada. Plus tard, il déclarera à son sujet qu'il est son film préféré malgré son échec commercial. À la fin de la décennie, sa carrière souffre du fait qu'il commence à avoir la réputation d'être difficile sur les plateaux de tournage et que ses films subissent des échecs commerciaux.

Succès phénoménal avec Le Parrain

En 1972, la prestation de Brando dans Le Parrain marque une étape et relance sa carrière alors en berne. Le réalisateur, Francis Ford Coppola, parvient à convaincre Brando de faire des tests de maquillage. Lui, qui n'avait plus passé de casting depuis près de vingt ans, se prend au jeu, se crée un nouveau visage à partir de boules de coton qu'il se met dans le menton et les joues, se donnant un air de bouledogue dur et impitoyable. Aux essais, Coppola est très emballé par sa prestation en tant que parrain d'une famille du crime organisé, la famille Corleone, au sein de Cosa Nostra. Coppola doit se battre pour l'imposer, contre l'avis des studios Paramount qui ne veulent pas de Brando au casting. Les dirigeants de la Paramount veulent donner le rôle à Danny Thomas. Thomas décline le rôle et Coppola presse les studios d'engager Brando avec l'aide des témoignages des personnes qui ont assisté à ses essais.
Pour son rôle dans Le Parrain, il reçoit un nouvel Oscar du meilleur acteur en 1973, qu'il refuse pour protester contre la manière dont le cinéma américain traite les Indiens dans ses films. À la place, il envoya Sacheen Littlefeather, l'activiste pour la défense des droits civiques des Indiens, qui vint en costume traditionnel Apache.
En 1972 sort Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, qui constitue une des meilleures prestations de l'acteur. Ce film provoque un scandale en raison de certaines scènes érotiques montrant de façon crue les rapports intimes entre un homme mûr et une très jeune femme. En dépit de la controverse provoquée par le film et l'acteur lui-même, Brando est encore une fois nommé pour l'Oscar du meilleur acteur.
En 1974, Brando comme Caan sont programmés pour apparaître dans la scène finale du Parrain. Mais à la suite d'une dispute entre l'acteur et les studios au sujet de son salaire, Brando refuse de venir une seule journée pour tourner la scène, au point que les scénaristes doivent réécrire la scène finale où son personnage est juste évoqué.

Dernières années et fin de carrière

Pour Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Brando interprète le torturé colonel Kurtz, héros de l'armée américaine, promis au plus haut poste mais brisé par son expérience de la guerre du Viêt Nam. Il s'enfuit alors au fond de la jungle avec des déserteurs, assujettit les indigènes et fait appliquer ses propres règles de guerre. Il développe autour de lui un culte mythique de sa personnalité en commettant des actes d'une atroce sauvagerie sur ceux qui s'opposent à lui.
Ce film est en développement depuis 1975. Coppola propose le rôle de Kurtz à Brando qui, après bien des hésitations, finit par accepter en février 1976 pour une somme de 3 millions de dollars. Le tournage commence en mars 1976. Mais Coppola connait des difficultés financières et des retards, notamment à cause de Brando qui veut un intéressement sur les entrées du film. Lorsque Coppola arrive sur le lieu de tournage aux Philippines, Brando a énormément grossi et pèse plus de 110 kilos. Pour compenser son physique, Coppola décide de le filmer dans la semi-obscurité et en contre-plongée. Cela a pour effet d'accroître l'aura mythique du personnage et sa folie. Le film reçoit la Palme d'or du Festival de Cannes 1979. Les critiques voient dans le rôle du colonel Kurtz un parallèle à la carrière de Brando et ce qu'il est devenu, un personnage solitaire et perdu.
En 1977, Il est le narrateur de la version anglaise du film Raoni.
En 1978, Brando joue le rôle de Jor-El, le père de Superman dans le film du même nom. Il accepte d'apparaître à l'écran si les producteurs lui garantissent qu'il aura un petit rôle très bien payé. Pour douze jours de travail, Brando est payé 3,7 millions de dollars, plus 16,86 % du chiffre d'affaires du film. Superman ayant rapporté 300 millions de dollars, Brando gagna donc en tout 14 millions. Même ayant un petit rôle, il ne prendra pas la peine d'apprendre son texte et se contentera de le lire posé sur un support posé hors caméra. Pour Superman II, Brando reprend le rôle de Jor-El mais se fâche avec les producteurs à cause de son salaire. Il refuse que ses scènes apparaissent à l'écran. Après sa mort, en 2004, ses héritiers acceptent que les scènes soient utilisées dans le film Superman Returns sorti en 2006.
De 1980 à 1989, il se désintéresse du cinéma. En 1989, il joue le rôle d'un avocat dans Une saison blanche et sèche, un film sur les discriminations en Afrique du Sud. Son salaire sera reversé à des associations luttant contre l’apartheid. Toujours attaché à défendre la cause des Indiens, il tourne en 1997 dans The Brave, un film de Johnny Depp. La relation entre les deux hommes sera plus que cordiale, Brando appréciant que Depp, en tant que réalisateur, lui fasse confiance pour son rôle.
En 2001, il apparaît pour la dernière fois au cinéma dans le film The Score avec Robert De Niro et Edward Norton. La même année, on le voit aussi dans le clip de la chanson You Rock My World de Michael Jackson, dont il était un ami proche. Il fait également une brève apparition sur scène pour le concert des trente ans de carrière de Michael Jackson, la veille des attaques terroristes du 11 septembre. Il fut payé 1 million de dollars.
Il décède le 1er juillet 2004 à Los Angeles, en Californie, d'une fibrose pulmonaire. Ses cendres furent dispersées en partie à Tahiti et en partie dans la vallée de la Mort.

Hommage

L'American Film Institute l'a classé quatrième acteur de légende du cinéma américain.

Vie privée

Marlon Brando se maria trois fois, eut cinq enfants officiels et en adopta un autre. Il eut aussi quatre enfants avec des mères non-identifiées et trois autres enfants avec celle qui partagea la fin de vie, sa gouvernante Maria Christina Ruiz.
Il est connu pour ses multiples conquêtes aussi bien féminines (Marilyn Monroe, Bette Davis, Édith Piaf, Marlène Dietrich, Ursula Andress, Carmen Amaya, Ava Gardner et Jacqueline Kennedy entre autres que masculines, François Forestier le présentant comme un dépravé sexuel à la gueule d'ange3. Il se maria avec Anna Kashfi de 1957 à 1959, puis avec Movita Castaneda de 1960 à 1962. Il quitta cette dernière pour épouser Tarita Teriipaia qu'il rencontra, en 1962, sur le tournage du film Les Révoltés du Bounty. Cette dernière est sa fiancée dans le film. Il resta avec elle de 1962 à 1972. Le film fut aussi important à double titre car il lui permit de découvrir la Polynésie française et Tahiti. Il décida d'y acheter un atoll, Tetiaroa et de s'y installer.
Connu mondialement par les radioamateurs sous les indicatifs KE6PZH et FO5GJ, Brando est inscrit dans la base de données du FCC sous le nom de Martin Brandeaux. À l'occasion, on pouvait l'entendre avec son indicatif FO5GJ émettant depuis son île privée en Polynésie française. En 1994, au cours d'une entrevue sur CNN avec Larry King, Marlon Brando avait confirmé qu'il s'intéressait toujours au radio amateurisme. En réponse à une question d'un téléspectateur, il avait révélé que le radio amateurisme lui permettait d'avoir l'opportunité « d'être simplement lui-même ».
Sur la fin de sa vie, la notoriété de Brando, ses problèmes familiaux et son obésité attirèrent plus l'attention des médias que sa carrière cinématographique. Des années 1980 à la mi-1990, Brando prit énormément de poids, arriva à peser près de 136 kg et souffrait de diabète. Il finit ainsi sa vie seul, constamment couché, en regardant des vidéos des duos comiques Laurel et Hardy et Abbott et Costello.

Révélation de sa bisexualité

Sa bisexualité, depuis longtemps soupçonnée, a été révélée par l'acteur lui-même, au cours d'une interview avec Gary Carey en 1976 :
« L’homosexualité est tellement à la mode que ça ne fait plus la une. Comme un grand nombre d’hommes, j’ai, moi aussi, eu des expériences homosexuelles et n’en ai pas honte. Je n’ai jamais prêté beaucoup d’attention à ce que les gens pensaient de moi. Mais s’il y a quelqu’un qui est convaincu que Jack Nicholson et moi sommes amants, alors qu’il le croie. Je trouve ça amusan.
Cela a été confirmée lors de la parution d'une biographie de Marlon Brando, Marlon Brando : Les derniers secrets, de Darwin Porter. Cette fois, ce sont les noms de ses partenaires qui sont relatés dans ce livre et notamment des romances avec Bette Davis, Édith Piaf, Marlène Dietrich, James Dean, Montgomery Clift et même Cary Grant pour ne citer qu'eux, en plus d'une affirmation selon laquelle Paul Newman aurait été également bisexuel : Je n’ai jamais été dupe. Paul Newman a eu autant de liaisons sur des tournages que nous autres, et il était autant bisexuel que moi. Mais, là où moi je me faisais attraper la main dans le sac, lui a toujours réussi à le faire en douce, propos jugés scandaleux par l'entourage de Newman. Dans les années 2000, une photographie le représentant, en gros plan, en train de pratiquer une fellation, refait surface et se propage sur internet, où elle fait sensation. L'image est ensuite reproduite dans le livre Brando Unzipped. L'auteur de l'ouvrage en confirme l'authenticité et présente l'acte photographié comme une plaisanterie faite lors d'une soirée à Harlem.

Affaire de l'assassinat commis par un des fils de Marlon, Christian

Le 16 mai 1990, dans la villa familiale de Mulholland Drive sise au 40 N Beverly Dr Beverly Hills, CA 90210 à Los Angeles, son fils Christian tue Dag Drollet, tahitien âgé de 27 ans et compagnon de sa demi-sœur Cheyenne 20 ans, alors enceinte de Dag, avec le pistolet familial et d'une balle dans la tête à bout portant. Cheyenne était le second enfant de Tarita. Commence alors une bataille juridique entre Marlon et J.D. Drollet, le père de la victime, persuadé que Christian avait tué son fils avec préméditation.
Selon Christian, le litige portait sur des suspicions de violences physiques de Dag sur Cheyenne, à l'origine d'une querelle ayant dégénéré et au cours de laquelle les deux hommes se seraient bagarrés mais la scène du crime montre la victime la commande de télévision dans une main, un briquet et du tabac dans l'autre. Christian plaide coupable pour ne pas être condamné à perpétuité pour meurtre avec préméditation : libéré sous caution de deux millions de dollars, versée par son père qui doit hypothéquer sa demeure qui domine Hollywood pour la payer, il est poursuivi pour homicide volontaire après un plaidoyer de marchandage. Il est finalement condamné en 1991 à dix ans de prison et bénéficie d'une libération conditionnelle en 1996 pour bonne conduite.
Sa demi-sœur Cheyenne, seule témoin du meurtre, est inculpée « pour complicité d'assassinat » en juillet 1990 à Papeete par le juge Gatti à la demande de J.D. Drollet, dit-on. Instable et toxicomane comme son frère, elle sombre alors dans la dépression, faisant deux tentatives de suicide aux antidépresseurs. Laissée en liberté sous contrôle judiciaire, convoquée comme simple témoin au procès de son frère, elle fuit le territoire, se fait assister par Me Jacques Vergès puis par Me Jean-Yves Le Borgne. Bénéficiant d'un non-lieu, J.D. Drollet dépose une nouvelle plainte pour non assistance à personne en danger, plainte souffrant d'un obstacle juridique car cette notion de non assistance n'a pas d'équivalent dans le droit californien.
Cheyenne effectue plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, et se suicide par pendaison à Punaauia, Tahiti, en 1995 à l’âge de 25 ans, laissant orphelin son fils, Tuki, âgé de cinq ans. Elle sera enterrée avec Dag. Christian quant à lui se marie en 2004, trois mois après la mort de son père Marlon et meurt le 27 janvier 2008 d'une pneumonie fulgurante.

Hollywood vu par Brando

Dans une interview sur CNN en avril 1996 il déclare à Larry King que l'establishment juif à Hollywood exploite les stéréotypes raciaux et ethniques :
« Ils ndlr : les Juifs devraient avoir une grande sensibilité à la souffrance parce qu'ils ont été eux-mêmes exploités. On a vu le nègre, le gros latino, le chinetoque, le jap dangereux aux yeux bridés, mais on n'a jamais vu le youpin parce qu'on sait parfaitement qu'on va dessiner les wagons autour.

Testament

Déposé devant la Cour supérieure de Los Angeles, il mentionne en août 2004 une succession de 21,6 millions de dollars. Des rumeurs laissaient alors croire qu'il vivait dans le dénuement. Ce n'était qu'un stratagème car, en procès avec sa gouvernante, Christina Ruiz, avec qui il eut trois enfants, elle lui réclamait 100 millions de dollars.
Moins de 2 semaines avant sa mort, il modifia son testament et nomma trois exécuteurs testamentaires, personnes de confiance et amis.
Le testament est composé de 3 parties, dont la moitié représente la villa de Mulholland drive, à Beverly Hills. L'atoll de Tetiaroa se voit décerner 8,6 millions, le reste est constitué d'un bungalow à Bora Bora et d'objets mobiliers, œuvres d'art, manuscrits, etc.
Les héritiers cités sont ses fils Christian, Miko, Teihotu, ses filles Rebecca Brando Kotlinzky, Maimiti fille de Tarita, après sa séparation avec Marlon, Raiatua, et les 3 enfants de Christina Ruiz, Nina, Myles et Timothy. En sont exclus Tuki, le fils de Cheyenne, et Petra Brando-Corval, fille de son assistante Caroline Barrett. Tuki avait déjà bénéficié, en 1996, d'un million de dollars pour son éducation que gérait sa grand-mère Tarita. Mais Marlon voulait empêcher, par cette exclusion, que J.D. Drollet père de Dag accède à l'héritage. Quant à Petra, c'était la fille naturelle de Caroline et d'un écrivain anglais. Marlon ne réussit pas à faire reconnaître la paternité de ce dernier, malgré une fortune dépensée en frais d'avocats.

L'atoll de Tetiaroa

Le roi de Tahiti, Pōmare V, l'aurait offert au dentiste-consul britannique W. J. Williams. Ce dernier eut pour héritière Marjorie Smith qui le vend à Brando en 1966. Quatre ans après le tournage des Révoltés du Bounty, Marlon reste fasciné par la nature, la culture et la personnalité polynésienne. Aussi désire-t-il maintenir vierge cet atoll. En 1970, cependant, il y ouvre un hôtel dont la maintenance, les salaires aux rares employés ne sont assurés que par sa fortune personnelle. Ce ne seront que 33 années de pertes financières.
Il est en 2011 la propriété de ses héritiers, lesquels en ont confié l'exploitation à une société hôtelière qui en a fait un complexe hôtelier de luxe, The Brando. Les vols entre Tahiti et Tetiaroa sont assurés par la compagnie aérienne privée Air Tetiaroa, l’unique compagnie desservant l’atoll grâce à une piste.

Enfants

Enfant avec Anna Kashfi :
Christian Devi Brando alias Gary Brown, le 11 mai 1958 - 26 janvier 2008, mort d'une pneumonie
Enfants avec Movita Castaneda :
Miko Castaneda Brando né en 1961
Rebecca Brando née en 1966
Enfants avec Tarita Teriipaia :
Simon Teihotu Brando né en 1963 - le seul habitant de Tetiaroa
Tarita Cheyenne Brando 1970-1995, s'est suicidée par pendaison
Enfants adoptés :
Petra Brando-Corval née en 1972, fille de son adjointe Caroline Barrett Brando et du romancier James Clavell (alias Charles Edmund Dumaresq de Clavell
Maimiti Brando né en 1977
Raiatua Brando né en 1982
Enfants avec des mères non-identifiées :
Stefano Brando alias Stephen Blackehart né en 1967
Dylan Brando 1968-1988
Angelica Brando inconnu
Enfants avec sa gouvernante, Maria Christina Ruiz :
Ninna Priscilla Brando née le 13 mai 1989
Myles Jonathan Brando né le 16 janvier 1992
Timothy Gahan Brando né le 6 janvier 1994

Petits-enfants

Michael Brando né en 1988
Tuki Brando né en 1990, enfant de Cheyenne Brando
Tumi Brando née en 1988, enfant de Teihotu Brando

Filmographie sélection
Comme réalisateur

1961 : La Vengeance aux deux visages One-Eyed Jacks

Comme acteur

1950 : C'étaient des hommes The Men de Fred Zinnemann
1951 : Un tramway nommé Désir A Streetcar Named Desire d'Elia Kazan
1952 : Viva Zapata! d'Elia Kazan
1953 : L'Équipée sauvage The Wild One de László Benedek
1953 : Jules César de Joseph Mankiewicz
1954 : Sur les quais On The Waterfront d'Elia Kazan
1954 : Désirée de Henry Koster
1955 : Blanches colombes et vilains messieurs Guys and Dolls de Joseph Mankiewicz
1956 : La Petite Maison de thé The Tea House of the August Moon de Daniel Mann
1957 : Sayonara de Joshua Logan
1957 : Le Bal des maudits The Young Lions d'Edward Dmytryk
1959 : L’Homme à la peau de serpent The Fugitive Kind de Sidney Lumet
1961 : La Vengeance aux deux visages One-Eyed Jacks de Marlon Brando
1962 : Les Révoltés du Bounty Mutiny on the Bounty, de Lewis Milestone
1963 : Le Vilain Américain The Ugly American de George Englund
1964 : Les Séducteurs Bedtime Story de Ralph Levy
1965 : Morituri Morituri de Bernhard Wicki
1966 : La Poursuite impitoyable The Chase d'Arthur Penn
1966 : L'Homme de la Sierra The Appaloosa de Sidney J. Furie
1967 : La Comtesse de Hong-Kong A Countess From Hong Kong de Charlie Chaplin
1967 : Reflet dans un œil d’or Reflections In A Golden Eye de John Huston
1968 : Candy de Christian Marquand
1968 : La Nuit du lendemain The Night of the Following Day d'Hubert Cornfield et Richard Boone
1969 : Queimada de Gillo Pontecorvo
1972 : Le Corrupteur The Nightcomers de Michael Winner
1972 : Le Parrain The Godfather de Francis Ford Coppola
1972 : Le Dernier Tango à Paris Ultimo tango a Parigi de Bernardo Bertolucci
1976 : Missouri Breaks d'Arthur Penn
1977 : Raoni de Jean-Pierre Dutilleux : Narrateur dans la version en anglais
1977 : Le Parrain de Francis Ford Coppola TV
1978 : Superman de Richard Donne
1979 : Apocalypse Now de Francis Ford Coppola
1980 : La Formule The Formula de John G. Avildsen
1989 : Une saison blanche et sèche A Dry White Season d'Euzhan Palcy
1990 : Premiers pas dans la mafia The Freshman d'Andrew Bergman
1992 : Christophe Colomb : La découverte : Tomas de Torquemada de John Glen
1995 : Don Juan Demarco de Jeremy Leven
1996 : L’Île du docteur Moreau The Island of Dr. Moreau de John Frankenheimer
1997 : The Brave de Johnny Depp
1998 : Free Money de Yves Simoneau
2001 : The Score de Frank Oz
2001 : You Rock My World de Michael Jackson
2006 : Superman Returns de Bryan Singer images d'archives

Voix françaises

En France, William Sabatier a été la voix française la plus régulière de Marlon Brando. Il y a également eu Bernard Noël qui l'a doublé à quatre reprises.
Liste des voix françaises de Marlon Brando

Récompenses et nominations Oscars du cinéma

1952 Meilleur acteur Un Tramway nommé Désir
1953 Viva Zapata !
1954 Jules César
1955 Sur les quais
1958 Sayonara
1973 Le Parrain
1974 Le Dernier Tango à Paris
1990 Meilleur acteur dans un second rôle Une saison blanche et sèche
1953 Meilleur acteur Viva Zapata !
1954 Jules César
1955 Sur les quais
1958 Le Bal des maudits
1973 Le Corrupteur
Le Parrain
1974 Le Dernier Tango à Paris
1990 Meilleur acteur dans un second rôle Une saison blanche et sèche

Festival de Cannes

1952 : Prix d'interprétation masculine pour Viva Zapata!

Festival de Saint-Sébastien

1961 : Coquille d'or du meilleur film pour La Vengeance aux deux visages
interview en français



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Posté le : 26/03/2016 19:21

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Droit de vote des femmes
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Le 27 mars 1948 obtenaient le droit de vote Il y a 65 ans,


27 mars 1948

Il y a 65 ans, les femmes obtenaient le droit de vote : chapeau à cs pionnières !
Voici 65 ans, les femmes obtenaient les mêmes droits politiques que les hommes. La loi du 27 mars 1948 accordait le suffrage législatif aux femmes et celle du 26 juillet, le suffrage provincial. Le 26 juin 1949, les femmes participaient, pour la première fois, aux élections législatives et provinciales. C’était déjà l’aboutissement d’un long combat, dont une des premières victoires avait été leur éligibilité à partir de 1920.
Mais ces avancées en droit ne s’étaient pas traduites par une égalité de fait. Loin de là : jusqu’à la fin des années 1960, la représentativité des femmes au Parlement a stagné autour des 3 % ! Suite à une prise de conscience féministe, les années 1970 et 1980 ont été marquées par plusieurs campagnes de sensibilisation « Votez femme », puis « Votez l’équilibre entre les femmes et les hommes ».
Nouveau tournant : à partir des années 1990, la politique des quotas commence à s’imposer. Bien que sujette aux critiques, cette dernière a débouché, le 24 mai 1994, sur la première loi Smet-Tobback « visant à promouvoir une répartition équilibrée des hommes et des femmes sur les listes de candidatures aux élections » : elle a imposé des quotas de maximum deux tiers des candidats d’un même sexe sur les listes électorales. En 2002, la législation a été renforcée en prévoyant la parité et l’alternance systématique aux deux premières places d’une liste.
Malgré cette extension, les chiffres montrent que le nombre d’élues dans les assemblées n’est toujours pas représentatif de la population. Lors des dernières élections législatives fédérales du 13 juin 2010, 51,9 % des 7 767 465 électeurs belges inscrits étaient des femmes. Mais seuls 39,3 % de femmes ont été élues à la Chambre des Représentants. Leur progression est lente. Ainsi, à la Chambre, le nombre d’élues est passé de 19,3 % en 1999, à 34,7 % en 2003, à 36,7 % en 2007 et à 39,3 % en 2010.
Autres exemples : entre 2006 et 2012, la proportion de femmes a seulement augmenté de 33,3 % à 35,9 % aux communales et de 37,1 % à 38,1 % aux provinciales. Dans certains cas, le nombre d’élues a même diminué. A Bruxelles, où les femmes étaient les plus nombreuses, leur proportion dans les conseils communaux ne dépassera plus les 41,5 % (pour 42,2 % en 2006). En Wallonie, les élues provinciales sont, elles aussi, à la baisse : 32,7 % en 2012 pour 37,8 % en 2006.
Dès 2009, au terme de son analyse sur « La représentation politique des femmes à l’issue des élections du 7 juin 2009 », l’Institut pour l’Egalité des femmes et des hommes plaidait en faveur d’« un renforcement du principe de la tirette » : « Pour les candidates, plus encore que pour les candidats masculins, la place sur la liste semble avoir une importance cruciale dans la détermination du nombre de voix de préférence », concluait l’IEFH.
En effet, en l’absence de nouvelles contraintes légales, le nombre d’élues semble stagner. Tirant ce constat, dès décembre 2012, la vice-Première ministre, ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet, a travaillé sur un projet de loi proposant au gouvernement d’adopter la règle complète de l’alternance (la tirette), qui ne vaut actuellement que pour les deux premières places, sur l’ensemble d’une liste pour les prochaines élections. La Région de Bruxelles-Capitale a d’ailleurs déjà montré l’exemple en se dotant, dès mars 2012, d’une ordonnance sur une présence égale et alternée entre les hommes et les femmes pour les listes communales à partir de 2018. En janvier dernier, en Commission des Affaires intérieures, le Parlement wallon a suivi.
Le projet de Joëlle Milquet porte, lui, sur l’alternance complète sur les listes électorales fédérales et européennes. Prêt depuis la fin de l’année dernière, il attend d’être mis à l’agenda du comité ministériel restreint qui doit donner son accord sur le principe d’une telle loi.



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Posté le : 26/03/2016 18:54

Edité par Loriane sur 27-03-2016 19:17:42
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Alfred de Vigny
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Le 27 mars 1797 naît Alfred Victor Vigny

comte de Vigny, à Loches Indre-et-Loire, et mort, à 66 ans le 17 septembre 1863 à Paris 8e écrivain, romancier, dramaturge et poète français, auteur de Poésie, théâtre, roman historique, roman romantique Ses Œuvres principales sont : Poèmes antiques et modernes, 1822, Cinq-Mars,1826, Chatterton, 1835. Figure influente du romantisme, il écrit parallèlement à une carrière militaire entamée en 1814 et publie ses premiers poèmes en 1822. Avec la publication de Cinq-Mars en 1826, il contribue au développement du roman historique français. Ses traductions versifiées de Shakespeare s'inscrivent dans le drame romantique, de même que sa pièce Chatterton 1835. Son œuvre se caractérise par un pessimisme fondamental, et une vision désenchantée de la société. Il développe à plusieurs reprises le thème du paria, incarné par le poète, le prophète, le noble, Satan ou bien le soldat. Sa poésie est empreinte d’un stoïcisme hautain, qui s’exprime en vers denses et dépouillés, souvent riches en symboles, annonçant la modernité poétique de Baudelaire, Verlaine et Mallarmé.
Alfred de Vigny naît à la fin du xviiie siècle, au sein d’une famille issue de la vieille noblesse militaire. Après une vie de garnison monotone – il passe quinze ans dans l'armée sans combattre–, il fréquente les milieux littéraires parisiens et notamment le cénacle romantique de Victor Hugo. De 1822 à 1838, il écrit des poèmes Poèmes antiques et modernes, des romans comme Stello, des drames comme La Maréchale d’Ancre et des nouvelles Servitude et grandeur militaires qui lui apportent la célébrité. En 1838, après une rupture sentimentale avec Marie Dorval et la mort de sa mère, Alfred de Vigny s'installe pour la première fois au Maine-Giraud, son domaine situé en Charente. Il goûte à la solitude et prend soin de sa femme malade et constamment alitée. De retour à Paris, il se mêle de nouveau à la vie politique et littéraire. Il parvient en 1845 à se faire élire, au bout de la cinquième tentative, à l'Académie française. En revanche, candidat en Charente, il échoue à la députation lors des élections de 1848.
Par la suite, il effectue plusieurs séjours au Maine-Giraud, avec Mme de Vigny pour seule compagnie, mais vit surtout à Paris. Il écrit peu, publie rarement, mais médite et lit beaucoup. Il meurt d’un cancer de l’estomac, après une lente agonie qu’il supporte avec patience et stoïcisme. Son recueil posthume Les Destinées est publié en 1864. Son Journal est révélé en 1867.

En bref

Vigny, muré, dès la quarantaine, dans un curieux silence, ne connut pas la gloire que ses succès littéraires semblaient lui promettre. Mais il ne s'adressa pas vainement à la postérité, en lui destinant, comme le naufragé qui jette la bouteille à la mer, une œuvre mieux faite pour durer que pour plaire. Au cours de sa destinée posthume, il pâtit beaucoup moins que Lamartine, Hugo ou Musset du discrédit jeté sur le romantisme par toute une culture positiviste dont nous vivons la ruine. Dans chacune des générations qui suivirent la sienne, des fidèles recueillirent son message et perpétuèrent son souvenir. Ce furent, parmi d'autres, Baudelaire, dont il avait reconnu le génie, Henri de Régnier, Charles Péguy, André Breton. Des armes aux lettres. Alfred de Vigny naquit à Loches, en Touraine. Il appartenait à une famille aristocratique et militaire, que les rigueurs de la Révolution n'avaient pas épargnée. Son père, déjà âgé, était un vétéran de la guerre de Sept Ans. Son grand-père maternel, marquis de Baraudin, avait servi dans la marine royale comme chef d'escadre. Vigny fut élevé, à Paris, par une mère qui avait lu Rousseau. Elle inculqua à son fils unique une religion tout intérieure, le goût de la musique et de la peinture plutôt que des belles-lettres. Mais au lycée Bonaparte, où il prépara, sans persévérance, le concours d'entrée à l'École polytechnique, l'adolescent conçut « un amour désordonné de la gloire des armes », commun à beaucoup d'« enfants du siècle ». Attaché à la monarchie par tradition, il revêtit l'uniforme rouge des mousquetaires du roi, lors du retour en France de Louis XVIII, qu'il escorta pendant les Cent-Jours sur la route de l'exil. Il entrait alors dans sa dix-huitième année.
Le métier des armes, exercé non sur des champs de bataille mais dans des cours de caserne, déçut le jeune officier, qui lui préféra l'aventure d'une carrière littéraire et donna sa démission en 1827. Vigny publia, en 1820, son premier poème, Le Bal, suivi, deux ans plus tard, de son premier recueil. Les revues et les salons de la capitale saluèrent la naissance d'un poète qui alliait à la grâce de Chénier une fermeté déjà originale et une profondeur bien romantique. Serait-il, ce lecteur de la Bible, qui ne quittait pas son sac de fantassin, le rédempteur d'une mythologie chrétienne que Chateaubriand, dans Le Génie du christianisme, avait donnée pour modèle à la littérature du XIXe siècle ? Bien que le souffle de d'Aubigné ou de Virgile lui fît défaut, les Poèmes antiques et modernes (1826) furent applaudis. Mais Vigny ne se contenta point d'exceller dans le poème, conçu par lui comme la « mise en scène », dramatique ou épique, d'une « pensée philosophique ». Il révéla ses dons de narrateur dans Cinq-Mars (1826), roman historique que Walter Scott admira et dont la quatrième édition (1829) devait s'enrichir des très pertinentes Réflexions sur la vérité dans l'art, où se déclare la nécessité esthétique de « déserter le positif pour apporter l'idéal jusque dans les annales ». Il s'efforça aussi d'imposer à Paris, contre les préjugés de la jeunesse libérale, dénoncés par Stendhal, le théâtre de Shakespeare. Il adapta Othello, qui fut joué à la Comédie-Française le 24 octobre 1829, avec Mlle Mars dans le rôle de Desdémone, puis Shylock, qui ne fut pas monté. Pendant ces années de jeunesse, Vigny parut être un écrivain et un homme heureux. Lamartine, son aîné, l'assura de son estime. Hugo et Sainte-Beuve le traitèrent en ami, bien qu'il se tînt à l'écart du cénacle romantique. Il forma quelque temps avec la blonde Delphine Gay, « Muse de la patrie », un couple séduisant, avant d'épouser, en février 1826, Lydia Benbury, une Anglaise rencontrée à Oloron et qui passait pour une riche héritière.

Sa vie

Il naît dans une famille qui a connu un passé des plus brillants. Hugo de Vigny, le grand-oncle d'Alfred, est admis chevalier de l'ordre de Malte en 1717. Son grand-père maternel, Didier de Baraudin, est écuyer et chef d'escadre dans la marine royale. Son manoir du Maine-Giraud, situé près d'Angoulême, n'est pas un fief mais un domaine acheté en 1768.
Son père est un ancien officier vétéran de la guerre de Sept Ans, âgé de soixante ans et infirme lorsqu'Alfred vient au monde. Sa mère, Marie-Jeanne-Amélie de Baraudin, âgée, pour sa part, de quarante ans à la naissance d'Alfred, a déjà donné naissance à trois enfants, tous morts en bas âge. Alfred incarne le dernier espoir de continuer la lignée.
En 1799, après la fin de la Révolution, les Vigny quittent Loches et s'installent à l'Élysée-Bourbon, alors divisé en logements privés. Alfred, dès son plus jeune âge, suit une éducation exemplaire, dirigée par sa mère, suivant à la lettre les préceptes de L'Émile : bains glacés, régime sec, exercices physiques, notamment escrime et tir, enseignement des mathématiques, de la musique, de la peinture. Il est l'âme du foyer, objet d'une affection tyrannique. Les murs de l'appartement sont recouverts de portraits de l'enfant. Son père lui fait embrasser la croix de Saint-Louis chaque soir avant de se coucher mais, surtout, en homme du XVIIIe siècle doué d'un talent de conteur peu commun, il plonge l'enfant dans un passé qu'il embellit certainement. De ces récits naît, chez Vigny, le sentiment d'appartenir à une lignée, d'où l'importance excessive qu'il attachera, sa vie durant, à l'illustration de sa maison.
Alfred de Vigny vers l'âge de dix-sept ans en uniforme de sous-lieutenant de la Maison du roi, portrait attribué à François Joseph Kinson, Musée Carnavalet
En mars 1804, Napoléon ayant fait don de l'Élysée à Murat, les Vigny déménagent, 1 rue du Marché d'Aguesseau, puis ultérieurement au 68, rue du Faubourg-Saint-Honoré5. En 1807 il devient pensionnaire à l'institution Hix, rue Matignon, où ses bonnes manières et ses excellentes notes lui attirent l'hostilité de ses camarades. Il y expérimente la solitude. Au lycée Bonaparte, il prépare avec sérieux mais sans enthousiasme Polytechnique. Après la chute de l'Empire, il est affecté le 6 juillet 1814 à la première Compagnie rouge, celle des gendarmes du roi, avec le grade de lieutenant.

Carrière militaire

Sa carrière militaire dure plus de dix ans et n'est guère exaltante. Blessé au genou lors d'une manœuvre, il escorte néanmoins la calèche de Louis XVIII fuyant le retour de Napoléon pendant les Cent-Jours. En 1816, à la Seconde Restauration, il passe dans l'Infanterie de la Garde royale, au grade de sous-lieutenant. Il végète dans les compagnies rouges, mène la vie de garnison monotone et sans éclat.
En 1822 il est nommé lieutenant titulaire de son régiment, l'équivalent de capitaine. Il espère prendre part à l'expédition d'Espagne en 1823, mais un autre bataillon est désigné pour partir. Toutefois il sent qu'il peut concrétiser là-bas ses rêves de gloire militaire. Le 55e régiment de ligne étant supposé franchir les Pyrénées, il accomplit les démarches nécessaires à sa mutation. Lors d'une étape à Angoulême, il prend huit jours de congé pour visiter une de ses tantes, qui a pris possession du Maine-Giraud. Cette distraction compromet ses plans. Lorsqu'il retrouve son régiment à Bordeaux, la guerre d'Espagne est pratiquement finie, Ferdinand VII ayant été rétabli sur le trône. Il ne se passe plus rien jusqu'en 1827, date à laquelle il jette l'éponge et quitte l'armée. Il tire profit de son temps libre pour lire et faire des vers, préparant son entrée dans le monde littéraire.

La figure du romantisme

Othello traduit en vers devient Le More de Venise
Son premier texte publié est un essai sur l'œuvre de Byron, dont les œuvres complètes sont parues en 1820. Le Bal, son premier poème, est publié la même année. Les deux textes paraissent dans Le Conservateur littéraire, la revue de Victor Hugo. Vigny le fréquente, ainsi que Charles Nodier, Alexandre Soumet et le reste du Cénacle. Il devient ami de Victor Hugo et publie en 1822 un recueil de poésie, sous couvert d'anonymat. L'ouvrage passe inaperçu. Le 22 octobre de la même année il est témoin du mariage de Hugo avec Adèle Foucher. Il est reçu chez Sophie Gay, désireuse de le voir épouser sa fille Delphine, la Muse de la patrie », mais Mme de Vigny fait obstacle au projet.
Son « aventure » espagnole est pour lui l'occasion de composer Le Trappiste, Dolorida et Eloa, poèmes bien accueillis qui contribuent à éclairer son nom. En 1824 il collabore à La Muse française, fréquente le salon de Virginie Ancelot et fait la connaissance de Marie de Flavigny, future comtesse d'Agoult. Alors qu'il est en garnison à Bayonne, il s'éprend d'une Anglaise, Lydia Bunbury, qu'il épouse l'année suivante.
En 1826, il s'installe à Paris avec sa femme et publie Les poèmes antiques et modernes et Cinq-Mars, premier vrai roman historique à la française. Considéré comme le Walter Scott français, il s'essaye également au théâtre, avec une adaptation en vers d'Othello. La première représentation à la Comédie-Française, le 24 octobre 1829, est houleuse, et préfigure celle d’Hernani. Il assiste sagement à la création de la pièce le 25 février 1830, aux côtés notamment de Théophile Gautier et Gérard de Nerval. Un mois plus tard, Christine d'Alexandre Dumas enfonce le clou du théâtre romantique. Après la première du 30 mars, Dumas prie Hugo et Vigny de corriger son texte, ce qui est chose faite dans la nuit même.

Le dramaturge à succès

La révolution de Juillet réveille en lui le pessimisme. Il réagit vivement devant les erreurs répétées des gouvernements de la Restauration. Les ordonnances du ministère Polignac le font douter de la politique. La Maréchale d’Ancre, représentée à l’Odéon le 25 juin 1831, avec laquelle il fait sa véritable entrée au théâtre, exprime ces doutes. À travers ce drame historique il se prononce pour l'idée de l’abolition de la peine de mort en matière politique.
C'est à cette époque qu'il entame une liaison tumultueuse avec Marie Dorval, après lui avoir fait une cour respectueuse. Mais Vigny, d'un tempérament jaloux et possessif, s'accommode mal du mode de vie de l'actrice, sans cesse sur les routes au sein d'une troupe de comédiens ambulants. La promiscuité des chambres fait craindre le pire au poète. Dorval est alors célèbre pour ses rôles dans Antony ou Marion Delorme — drames romantiques par excellence. Comme elle a l'ambition de brûler les planches de la Comédie-Française, il lui écrit Quitte pour la peur 1833, gracieux proverbe qui doit prouver qu'elle peut tout jouer.
Il écrit ensuite pour elle un drame cette fois : Chatterton. La pièce, écrite en douze jours et créée le 12 février 1835 à la Comédie-Française, rencontre un succès prodigieux. Sand, Musset, Sainte-Beuve, Du Camp, Berlioz figurent parmi le public et applaudissent en chœur l'auteur et la comédienne, qui triomphe dans le rôle de Kitty Bell. Marie Dorval joue ensuite le rôle dans de nombreuses villes de France où elle défend avec ferveur la pièce de Vigny.

Désillusions et pessimisme

Chatterton est tiré d'un roman philosophique que Vigny venait de publier : Consultations du Docteur Noir : Stello ou les Diables bleus 1832. Stello est un récit mêlé d’histoire, de philosophie et de roman qui rappelle Sterne et Diderot. À travers les trois exemples d'André Chénier, Nicolas Gilbert et Thomas Chatterton, Vigny développe, dans un ton amer et désabusé, l'idée que la vie moderne transforme le poète en paria. Le poète est un être à part, un génie malheureux, inadapté au quotidien, que le monde trivial fait souffrir, qui vit dans une profonde solitude. Écrasé par les matérialités de la vie, il est contraint, s'il veut subsister, d'accepter des fonctions utilitaires qui le détournent de sa mission. Cette conception amère de la poésie préfigure la vogue des poètes maudits.
Servitude et Grandeur Militaires 1835, est une autre œuvre en prose. Vigny se penche sur la figure du soldat, autre paria de la vie moderne. Trois récits illustrent la condition humaine du militaire, écartelé par son devoir d'obéissance et sa conscience d'homme libre.
L'avenir semble lui appartenir mais aux alentours de 1837 tout s'assombrit : la mort de sa mère, sa rupture avec Marie Dorval et des brouilles successives avec ses anciens amis du Cénacle le font quitter le devant de la scène. Il cesse brusquement de publier, à l'exception de quelques poèmes qui paraissent dans la Revue des deux Mondes en 1843-44, puis en 1854.

La coupe du scepticisme

Cependant, à partir de 1830, Vigny s'assombrit. La révolution de Juillet l'obligea à prendre conscience d'un pessimisme politique que les erreurs répétées des gouvernements de la Restauration avaient éveillé en lui et qui perçait dans Cinq-Mars, roman de la noblesse écrasée par le pouvoir monarchique. Devait-il reprendre du service et voler au secours d'un roi déconsidéré ? La rapidité du dénouement des Trois Glorieuses l'empêcha de conclure posément son examen de conscience. Engagé dans la garde nationale, dont il commanda, pendant deux années, une compagnie, il ne put accorder toute sa confiance à Louis-Philippe, hissé sur le trône par une bourgeoisie d'argent qu'il méprisait. Il espéra trouver un réconfort politique du côté des saint-simoniens et des chrétiens regroupés autour de Lamennais. Mais, dès 1831, il confessa son désappointement dans « Paris », composition d'un genre nouveau, plus ambitieuse que le « poème », qu'il appelait « élévation ». Il se sentait d'autant plus morose que, dans le même temps, il mesurait toute la distance qui le séparait désormais de la croyance en la divinité de Jésus. Il était bien le frère de ces « Amants de Montmorency » dont le suicide venait de lui inspirer une autre « élévation », amèrement conclue : « Et Dieu ? – Tel est le siècle, ils n'y pensèrent pas. »
Il ne lui restait plus, pour vider la coupe du scepticisme, qu'à douter de l'amour humain. C'est la leçon qu'il tira de sa liaison avec Marie Dorval, laquelle créa, dans Chatterton (1835), le rôle de Kitty Bell. Déçu, trompé peut-être, il se persuada que la lutte des sexes était inscrite dans la destinée de l'humanité, et il se prit pour un nouveau Samson.
Les œuvres contemporaines de cette crise décisive se signalent par leur lucidité et, le plus souvent, par leur noirceur. L'isolement du poète : telle est l'« idée » qui gouverne les trois récits de Stello (1832), selon la technique romanesque recommandée dans la préface de Cinq-Mars. La légèreté de Louis XV condamne Gilbert à mourir de faim. Le fanatisme de Robespierre, tyran républicain, mène Chénier à l'échafaud. L'égoïsme de Beckford, lord-maire de Londres, provoque le suicide de Chatterton. Le pouvoir, quel qu'il soit, frappe donc le poète d'un « ostracisme perpétuel ». Tout en dénonçant une malédiction qui le menaçait lui-même, Vigny entreprit de la comprendre et de la combattre. Au lieu de rejeter l'entière responsabilité du conflit sur les ennemis du poète, il soumit Stello à une sorte d'examen psychanalytique, mené par le « docteur Noir ». Ce dernier, qui traite la victime en malade, lui prescrit de « séparer la vie poétique de la vie politique » et d'observer vis-à-vis de la société une « neutralité armée ». Mais Vigny voulut aussi exorciser le mal en portant sur la scène l'agonie de Chatterton. Ce fut le triomphe de sa carrière d'homme de théâtre. Le drame de Chatterton éclipsa le mélodrame de La Maréchale d'Ancre (1831) et l'acte comique de Quitte pour la peur (1836).
Le pessimisme de Stello et de Chatterton n'a d'égal que celui de Servitude et grandeur militaires (1835). Il convenait que Vigny rendît témoignage de ses déboires militaires comme de ses désillusions politiques. Il composa de nouveau un triple récit, dont il tirait l'argument de ses propres souvenirs. Du soldat il fit un frère du poète, un « paria », tenu à l'écart de la communauté par l'exercice de l'« obéissance passive » ou la fascination du séidisme. Mais il associa au constat de sa servitude la révélation de sa grandeur. Il donna en exemple à ses contemporains, accablés par le « naufrage universel des croyances », la destinée du capitaine Renaud, martyr de la non-violence, prophète d'une religion de la conscience, aïeul du « saint sans Dieu » d'Albert Camus. Sublimant l'abnégation requise par le métier des armes, il exalta l'honneur, « vertu tout humaine que l'on peut croire née de la terre, sans palme céleste après la mort [...] vertu de la vie ». Et il s'émerveilla, en sa double qualité de poète et de moraliste, que la parole d'honneur pût restaurer le pouvoir sacré du langage.
Ce sursum corda ne suffit pourtant pas à contenir les progrès du doute. Tandis que le dramaturge et le romancier donnaient l'illusion de surmonter l'épreuve dans laquelle leurs personnages se débattaient, le poète se tenait dans une inquiétante réserve. Au vrai, l'orgueilleux Vigny, plutôt que de succomber comme un « faible » à la tentation du suicide, rêvait de prendre une retraite volontaire, où « l'âme puisse se recueillir en elle-même, jouer de ses propres facultés et rassembler ses forces pour produire quelque chose de grand ». Après avoir réédité ses Poèmes, conduit sa mère à sa dernière demeure et rompu avec Marie Dorval (1837-1838), il franchit le pas. Il s'enferma, sans bruit, dans sa « tour d'ivoire », selon l'expression malveillante de Sainte-Beuve. Il préféra de plus en plus au babillage parisien le calme de son manoir charentais du Maine-Giraud. Des accès de sociabilité le reprenaient parfois. En 1841, il mena toute une campagne pour la reconnaissance du droit de l'écrivain à disposer de ses écrits. Balzac l'approuva. Lamartine lui promit son aide au Parlement. L'article qu'il publia dans La Revue des Deux Mondes, du 15 janvier : « De Mlle Sédaine et de la propriété littéraire », émut l'opinion. Mais un projet de loi qui s'en inspirait fut repoussé par la Chambre le 29 mars. Vigny, soucieux de fortifier son autorité d'avocat d'une juste cause, posa sa candidature à l'Académie française. Il subit cinq échecs. Élu enfin, il fut accueilli sous la coupole par un discours perfide de Molé. Au jeu de la consécration sociale il manquait décidément d'efficacité. Il y fut tout à fait perdant sous la IIe République, puisqu'il n'obtint ni le poste d'ambassadeur à Londres ni même un modeste mandat de député de la Charente. Le second Empire ne le traita guère mieux. Napoléon III, qu'il avait rencontré, exilé, en 1839, négligea ses avances. Le désenchantement de Stello était-il sans remède ?

Le poète de « L'Esprit pur »

Avant de quitter ce monde, qu'il comparait à une prison, le solitaire du Maine-Giraud reçut la consolation d'un dernier amour. Il venait de dépasser la soixantaine. Alors qu'il soignait Lydia avec le dévouement d'un « frère hospitalier » et qu'il commençait à souffrir lui-même d'un cancer, il obtint les faveurs d'une jeune préceptrice, rencontrée peut-être dans le salon de Louise Colet, Augusta Bouvard. En la personne de sa compagne il reconnut l'Eva de ses rêveries. Mais il fallut bientôt lui dire adieu. Vigny mourut à Paris le 17 septembre, moins d'un mois après Lydia, dont il n'avait pas eu de descendance. Le 28 octobre, Augusta mit au monde un fils auquel certains vers de « L'Esprit pur », achevé le 10 mars, semblaient destinés :
Jeune postérité d'un vivant qui vous aime !Mes traits dans vos regards ne sont pas effacés ;Je peux en ce miroir me connaître moi-même.
Vigny laissait, entre les mains de son exécuteur testamentaire, Louis Ratisbonne, et de sa filleule, Louise Lachaud, née Ancelot, de nombreux et précieux inédits. La publication des Destinées (1864), du Journal d'un poète (1867), de Daphné (1913) et des Mémoires inédits (1958) permit de percer le secret d'un long silence qui n'avait été interrompu que par la publication, dans La Revue des Deux Mondes, de quelques « poèmes philosophiques » : « La Sauvage », « La Mort du loup » et « La Flûte » (1843), « Le Mont des Oliviers » et « La Maison du Berger » (1844), « La Bouteille à la mer » (1854). Il apparaît aujourd'hui que la retraite au Maine-Giraud ne cachait ni une démission de l'homme ni une défaillance de l'artiste. Le Journal retrace toute l'évolution intime du solitaire, depuis la dernière prière au Dieu de la Bible, le 21 décembre 1837, devant la dépouille d'une mère vénérée, jusqu'à l'annonce du règne de l'Esprit pur (mars 1863), en passant par les détours d'une méditation persévérante sur la fonction des rites, des idoles et des signes. Au cours de sa recherche, Vigny s'identifia, d'abord, à Julien l'Apostat, spiritualiste malheureux, vaincu par les barbares adorateurs de la Croix. Mais, au moment même où il relatait, dans Daphné, achevé dès 1837, la défaite de son héros, il convenait, dans le Journal, qu'« une religion sans culte serait comme un amour sans caresses » et que « l'image soutient l'âme dans l'adoration comme le chiffre dans le calcul ». Il se mit donc en quête, sans transiger avec son refus de l'idolâtrie, des symboles qui pourraient envelopper le trésor de l'Esprit d'un « cristal préservateur ». C'est ainsi qu'il inventa, à défaut d'une religion épurée, une poésie nouvelle, dépouillée de l'éloquence ou du pittoresque de ses premiers chants. Rare, parfois austère, elle s'anime dans le chef-d'œuvre des Destinées, « La Maison du Berger » ; elle s'y concentre aussi dans des formules qui la définissent :
Poésie ! Ô trésor ! perle de la pensée !Ô toi des vrais penseurs impérissable amour !
Qui contesterait l'heureux résultat de l'ascèse que Vigny s'imposa ? Plusieurs des symboles qu'il chargea de « profondes pensées » : la Mort du loup, la Maison du Berger, la Bouteille à la mer, figurent dans la fable moderne. Le vœu formé par le poète de « L'Esprit pur » dans les derniers vers qu'il trouva la force de scander s'est accompli :
Flots d'amis renaissants ! Puissent mes destinées Vous amener à moi, de dix en dix années, Attentifs à mon œuvre, et pour moi c'est assez ! Paul Viallaneix

La retraite au Maine-Giraud

Il fait alors quatre séjours dans son domaine de Charente, le logis du Maine-Giraud à Champagne-de-Blanzac renommée Champagne-Vigny en 1983, en 1838, 1846, 1848-49 et 1850-53, soit, au total, pendant cinq des vingt-cinq dernières années de sa vie. Là il veille sur sa femme Lydia, quasiment infirme et silencieuse. Au cours de ses passages en Charente, il s’intéresse à la vie du domaine, qu’il restaure et entretient, tandis qu’il poursuit son œuvre, rédigeant une partie de ses Mémoires de famille, puis de ses Mémoires politiques, et travaillant à quelques poèmes. C’est ainsi qu’en 1838 il met au net La Mort du loup dans sa tour du Maine-Giraud; en 1846, il y dresse le plan de La Bouteille à la mer qu'il termine, au même endroit, en 1853 ; en 1849, il y achève Les Destinées, texte qui donnera son titre au recueil de 186413. Éloigné des salons parisiens, il n'en demeure pas moins attentif à la vie littéraire et politique de son temps. En octobre 1852 il dîne même à Angoulême avec le prince-président Louis-Napoléon qui voyage en province à des fins de propagande les deux hommes s’étaient rencontrés en 1839, à Londres.
Entre ses séjours charentais, Vigny se présente vainement à cinq reprises à l’Académie. Il endure les visites et réceptions des académiciens, pour la plupart hostiles au romantisme et à ses idées. Il est finalement élu le 8 mai 1845. La réception a lieu le 29 janvier 1846. Son discours, célébrant le romantisme, est d'une longueur inhabituelle. De plus il a refusé de faire, à cette occasion, l'éloge de la branche cadette et du roi Louis-Philippe. La réponse de Mathieu Molé est cinglante. Molé critique ouvertement le courant romantique et les œuvres du poète. Il ne se prive pas pour nier leur mérite et condamner leur manque de vérité, ce qui achève de mortifier l'auteur15. Par ailleurs, Vigny échoue à faire élire Balzac à l'Académie le 18 janvier 1849, malgré le soutien de Hugo. Le poète ne réussit pas davantage à se faire élire député de Charente, après s'être présenté deux fois aux élections en 1848 et 1849.
Vigny retourne à Paris en octobre 1853. Il revoit le prince-président, rencontré l’année précédente, et devenu Empereur des Français. L'écrivain ne tarde pas à devenir partisan du Second Empire. Il reçoit par ailleurs la visite d'un Jules Barbey d’Aurevilly admiratif et de Charles Baudelaire lors de sa candidature à l'Académie, campagne qui se révèlera désastreuse. Les deux poètes sympathisent. À cette époque, il multiplie les liaisons amoureuses, avec Louise Colet, l'ancienne maîtresse de Flaubert et de Musset, puis avec Elisa Le Breton et enfin avec Augusta Bouvard, toutes deux à peine âgées de vingt ans.

Vigny 1879

Quelques années plus tard, en décembre 1862, sa femme Lydia Jane Bunbury décède. Vigny la rejoint le 17 septembre 1863 à une heure du soir. Il souffrait depuis quelques années d’un cancer à l’estomac. Il meurt en son domicile, au 6, rue des Écuries d'Artois, son décès est déclaré le 18 par Louis Ratisbonne, homme de lettres, 36 ans, demeurant 121 avenue de Saint-Cloud Paris, 16e arrondissement et par son cousin Louis Joseph de Pierres, 36 ans, demeurant 11, rue de La Soudière Saint-Honoré. Il est enterré dans le cimetière de Montmartre à Paris 13e division.
Nul autre, parmi les romantiques, n'est aussi personnel que Vigny : dans la plupart de ses poèmes, il exprime un « moi » hautain et jaloux. Cependant, il se met rarement en scène : Il est tantôt Moïse, tantôt Samson, tantôt Jésus même cf. le Mont des Oliviers, et ses plus belles pièces se présentent presque toutes comme des symboles; à l'expression de ses sentiments, il donne, en les détachant pour ainsi dire de sa personnalité, une valeur et une portée générales. La solitude, à laquelle condamnent le génie, l'indifférence des hommes, la trahison de la femme cf. sa relation avec Marie Dorval, l'impassibilité de la Nature et le silence de la Divinité en présence de nos maux, la résignation stoïque qu'il convient de leur opposer, telles sont les idées maîtresses de ce poète philosophe.
On le dit souvent artiste laborieux et chagrin, l'invention verbale lui manquerait, et la veine, et le souffle. Il n'a fait, d'ailleurs, en tout, qu'une quarantaine de morceaux dont on a pu dire que beaucoup sont obscurs, entortillés. Dix ou douze seulement mériteraient de survivre, comme Moïse, la Bouteille à la mer, la Mort du loup, la Maison du berger, le Mont des Oliviers, la Colère de Samson, Eloa ou la sœur des anges, etc. Mais ceux-là valent ce que la poésie française a produit de plus beau.

Le précurseur du roman historique

Cinq Mars n'est pas le premier roman historique français. Victor Hugo, après avoir rédigé Bug-Jargal, l'histoire d'une romance sur fond de révolte des esclaves à Saint-Domingue en 1791 publié dès 1820, publie en 1823 Han d'Islande, un roman d'inspiration gothique. L'intrigue, située en Norvège en 1699, et les personnages sont conçus à partir « de matériaux historiques et géographiques. L'idée du livre est née des romans de Walter Scott. Les Waverley novels sont traduits par Defauconpret en France dès 1816. La popularité de Scott acquiert une dimension sans équivalent en France et en Europe. Hugo, comme Vigny, puis Balzac et Mérimée, est un héritier de Walter Scott. Il est le premier à s'emparer de cet héritage et à tenter d'adapter les conceptions de l'écrivain écossais au récit français, démarche louée par Vigny :
« Vous avez posé en France les fondements de Walter Scott. Votre beau livre sera pour nous comme le pont de lui à nous et le passage de ses couleurs à celles de la France. »
Cette lettre annonce son travail à venir sur Cinq Mars. En même temps qu'il loue le roman de Hugo, Vigny regrette qu'il n'ait pas fait un pas de plus et naturalisé le roman historique aux couleurs de la France. Il considère Han d'Islande comme une étape et une œuvre de transition. Il souhaite créer une œuvre en prose assez large, comparable aux grands poèmes épiques. Dans les romans de Scott, les personnages principaux sont fictifs, l'histoire et les grands hommes apparaissent en toile de fond du récit. Vigny renverse ce choix narratif et place les hommes illustres au premier plan, procédé qui contribue à créer un genre hybride entre le roman et l'histoire, mais aussi à créer un décalage entre le fait historique et l'action.
De fait, Cinq-Mars cristallise l'épineux problème du rapport entre histoire et fiction, et de la vraisemblance narrative. Sainte-Beuve juge le roman « totalement manqué en tant qu'historique ». Il reproche à l'auteur de mal peindre l'histoire — reproche récurrent auquel n'a pas échappé Scott. Il relève, dans cet « ingénieux roman », « calculé comme une partie d'échec », « la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels ». Pour être le Walter Scott français, « M. Vigny n'eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité. »
Vigny publie sa théorie du roman historique dans la troisième édition de Cinq-Mars 1827, dans une préface intitulée « Réflexions sur la vérité dans l'art ». Il défend l'idée d'un récit qui « perfectionne l'évènement pour lui donner une grande signification morale ». Répondant aux critiques qui lui reprochent ses écarts d'imagination et de poésie, il affirme que la liberté qu'il prend avec l'histoire est « la liberté que les Anciens portaient dans l'histoire même », car « à leurs yeux l'histoire était aussi une œuvre d'art » — Clio était la Muse de l'Histoire sous l'Antiquité.
En 1829, il aura l'honneur de certifier le mot lyrisme.

Les poèmes philosophiques

Réception et postérité

Vigny est d'abord, pour la critique, le poète d'Éloa et de Moïse :
Sainte-Beuve : « Il est de cette élite de poètes qui ont dit des choses dignes de Minerve. Les philosophes ne le chasseront pas de leur république future. », « il a eu le droit de dire à certains jours et de se répéter à son heure dernière : J'ai frappé les astres du front. » Éloa est qualifiée d'« acte de haute poésie », « éclatant produit d'un art tout pur et désintéressé. »
Théophile Gautier : « Peu d'écrivains ont réalisé comme Alfred de Vigny l'idéal qu'on se forme du poète », Éloa étant qualifié de « poème le plus beau, le plus parfait peut-être de la langue française. » Gautier apprécie de manière générale « la proportion exquise de la forme et de l'idée. »
Barbey d'Aurevilly : Vigny est « un de ces poètes pour lesquels on donnerait toutes les Académies de la terre. » Pour lui Vigny « avait résolu le problème éternel manqué par tous les poètes, d'être pur et de ne pas être froid. » Éloa représente « le fond incommutable de son génie », c'est « l'Athalie du romantisme ». Barbey, évoquant Moïse, parle de « grandeur du sentiment et de l'idée », d'« ineffable pureté des images », de la « solennité de l'inspiration », de la « transparence d'une langue qui a la chasteté de l'opale. »
Leconte de Lisle : « La nature de ce rare talent le circonscrit dans une sphère chastement lumineuse et hantée par une élite spirituelle très restreinte, non de disciples, mais d’admirateurs persuadés. (...) De ce sanctuaire sont sortis, avec une discrétion un peu hautaine à laquelle j’applaudis, ces poèmes d’une beauté pâle et pure, toujours élevés, graves et polis comme l’homme lui-même. », « l’élévation, la candeur généreuse, la dignité de soi-même et le dévouement religieux à l’art, suffisent à l’immortalité de son nom. »
Flaubert : « Ça m'a l'air d'un excellent homme, ce bon de Vigny. C'est du reste une des rares honnêtes plumes de l'époque : grand éloge ! Je lui suis reconnaissant de l'enthousiasme que j'ai eu autrefois en lisant Chatterton. (Le sujet y était pour beaucoup. N'importe.) Dans Stello et dans Cinq-Mars il y a aussi de jolies pages. Enfin c'est un talent plaisant et distingué, et puis il était de la bonne époque, il avait la Foi ! Il traduisait du Shakespeare, engueulait le bourgeois, faisait de l'historique. On a eu beau se moquer de tous ces gens-là, ils domineront pour longtemps encore tout ce qui les suivra.
Rémy de Gourmont : «Vigny, au milieu de sa poésie incertaine et techniquement inhabile, a eu le bonheur de créer cinq ou six vers qui sont entrés et qui restent dans toutes les mémoires ; mais quand on se reporte au texte, ils sont trop souvent encadrés d’expressions assez médiocres. Il traîne après lui trop d’images usées, trop de déités, trop de songes livides, trop de savants penseurs et trop de fronts d’albâtre ! Ce romantique l’est vraiment resté bien peu, après avoir devancé dans la forme comme dans l’inspiration presque tous ses contemporains. Il les a influencés tous, et Victor Hugo, pour se faire une philosophie, n’a eu qu’à contredire celle de Vigny. Mais Hugo est tombé dans une grande banalité de pensée. Alfred de Vigny, du moins, n’est jamais banal, sa pensée est toujours haute en même temps que hautaine. On peut détester son parti pris, ses dédains, son mépris ; on ne lui reprochera jamais d’avoir humilié l’esprit, car il a écrit Le Cor, La Maison du berger, La Mort du loup, et, malgré quelques faiblesses de verbe, il y a peu de choses qui soient plus belles
Le jeune Marcel Proust, dans son célèbre questionnaire, déclare que Baudelaire et Vigny sont ses deux poètes préférés31, jugement qu'il confirme à la fin de sa vie : « je tiens Baudelaire — avec Alfred de Vigny — pour le plus grand poète du xixe siècle. Parlant de La colère de Samson, il relève « l'extraordinaire tension » du poème. L'un des vers de ce poème servira d'épigraphe et fournira le titre de Sodome et Gomorrhe. Pour Proust, le mystère ajoute aux qualités du poète : «Tout aussi bien dans ses poésies calmes Alfred de Vigny reste mystérieux, la source de ce calme et de son ineffable beauté nous échappe.

Distinctions

Officier de la Légion d'honneur.

Liste chronologique des œuvres

Poèmes antiques et modernes, page de titre de l'édition 1829
Poèmes 1822
Éloa, ou La Sœur des Anges 1824
Poèmes antiques et modernes 1826
Cinq-Mars 1826
Roméo et Juliette 1828, traduction en vers de la pièce de Shakespeare
Shylock 1828, adaptation en vers du Marchand de Venise
Le More de Venise 1829, traduction en vers d'Othello, précédé de la Lettre à Lord ***
La Maréchale d'Ancre 1830
L'Almeh Scènes du Désert 1831 inachevé
Les Consultations du Docteur Noir : Stello ou les Diables bleus : première consultation 1832
Quitte pour la peur 1833
Servitude et grandeur militaires 1835
Chatterton 1835
Daphné : seconde consultation du Docteur Noir 1837 inachevé
Les Destinées 1864
Journal d'un poète 1867 ; réédité par Gallimard dans la collection Bibliothèque de la Pléiade.
Œuvres complètes 1883-1885

Poésie

Le cor

I

J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l'ombre à minuit demeuré,
J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.

O montagnes d'azur ! ô pays adoré !
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
Cascades qui tombez des neiges entraînées,
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;

Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons !
C'est là qu'il faut s'asseoir, c'est là qu'il faut entendre
Les airs lointains d'un Cor mélancolique et tendre.

Souvent un voyageur, lorsque l'air est sans bruit,
De cette voix d'airain fait retentir la nuit ;
A ses chants cadencés autour de lui se mêle
L'harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend immobile au sommet du rocher,
Et la cascade unit, dans une chute immense,
Son éternelle plainte au chant de la romance.

Ames des Chevaliers, revenez-vous encor?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée !

II

Tous les preux étaient morts, mais aucun n'avait fui.
Il reste seul debout, Olivier prés de lui,
L'Afrique sur les monts l'entoure et tremble encore.
"Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ;

"Tous tes Pairs sont couchés dans les eaux des torrents."
Il rugit comme un tigre, et dit : "Si je me rends,
"Africain, ce sera lorsque les Pyrénées
"Sur l'onde avec leurs corps rouleront entraînées."

"Rends-toi donc, répond-il, ou meurs, car les voilà."
Et du plus haut des monts un grand rocher roula.
Il bondit, il roula jusqu'au fond de l'abîme,
Et de ses pins, dans l'onde, il vint briser la cime.

"Merci, cria Roland, tu m'as fait un chemin."
Et jusqu'au pied des monts le roulant d'une main,
Sur le roc affermi comme un géant s'élance,
Et, prête à fuir, l'armée à ce seul pas balance.

III

Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux
Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.
A l'horizon déjà, par leurs eaux signalées,
De Luz et d'Argelès se montraient les vallées.

L'armée applaudissait. Le luth du troubadour
S'accordait pour chanter les saules de l'Adour ;
Le vin français coulait dans la coupe étrangère ;
Le soldat, en riant, parlait à la bergère.

Roland gardait les monts ; tous passaient sans effroi.
Assis nonchalamment sur un noir palefroi
Qui marchait revêtu de housses violettes,
Turpin disait, tenant les saintes amulettes :

"Sire, on voit dans le ciel des nuages de feu ;
"Suspendez votre marche; il ne faut tenter Dieu.
"Par monsieur saint Denis, certes ce sont des âmes
"Qui passent dans les airs sur ces vapeurs de flammes.

"Deux éclairs ont relui, puis deux autres encor."
Ici l'on entendit le son lointain du Cor.
L'Empereur étonné, se jetant en arrière,
Suspend du destrier la marche aventurière.

"Entendez-vous ! dit-il. - Oui, ce sont des pasteurs
"Rappelant les troupeaux épars sur les hauteurs,
"Répondit l'archevêque, ou la voix étouffée
"Du nain vert Obéron qui parle avec sa Fée."

Et l'Empereur poursuit ; mais son front soucieux
Est plus sombre et plus noir que l'orage des cieux.
Il craint la trahison, et, tandis qu'il y songe,
Le Cor éclate et meurt, renaît et se prolonge.
"Malheur ! c'est mon neveu ! malheur! car si Roland
"Appelle à son secours, ce doit être en mourant.
"Arrière, chevaliers, repassons la montagne !
"Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l'Espagne !

IV

Sur le plus haut des monts s'arrêtent les chevaux ;
L'écume les blanchit ; sous leurs pieds, Roncevaux
Des feux mourants du jour à peine se colore.
A l'horizon lointain fuit l'étendard du More.

"Turpin, n'as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
"J'y vois deux chevaliers : l'un mort, l'autre expirant
"Tous deux sont écrasés sous une roche noire ;
"Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d'ivoire,
"Son âme en s'exhalant nous appela deux fois."

Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois !



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Posté le : 26/03/2016 18:50

Edité par Loriane sur 27-03-2016 19:46:44
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Le 27 mars 1785 naît Louis-Charles de France à Versailles

il meurt à Paris Paris, 8 juin 1795, second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, duc de Normandie, dauphin de France à partir de 1789, puis prince royal de 1791 à 1792. Après la mort de son père, en 1793, et suivant l’ordre dynastique, il est reconnu comme titulaire de la couronne de France sous le nom de Louis XVII par les puissances coalisées et par son oncle, futur Louis XVIII. Il meurt à la prison du Temple en 1795, à l’âge de dix ans, sans avoir régné dans les faits. Prétendant aux trônes de France et de Navarre du 21 janvier 1793 au 8 juin 1795 durant donc 2 ans 4 mois et 18 jours, Nom revendiqué Louis XVII, son prédécesseur et père est Louis XVI il davait avoir pour successeur Louis-Stanislas de France. Il Héritier des trônes de France et de Navarre du 4 juin 1789 Au 10 août 1792, pendant 3 ans 2 mois et 6 jours. Son prédécesseur était Louis-Joseph de France, dauphin de France, décédé, son successeur Charles-Philippe de France comte d'Artois. Il est fils de France Duc de Normandie, Dauphin de France, Prince royal de France, il appartient à la dynastie de la maison de Bourbon

En bref

Second fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, il devient le dauphin à la mort de son frère en juin 1789, et partage le destin de sa famille au moment de la Révolution. Ramené à Paris, par la foule qui est allé chercher « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » en octobre 1789, il est arrêté à Varennes, lors de la fuite familiale le 20 juin 1791. Après le 10 août 1792, il est incarcéré à la prison du Temple, où il se retrouve seul après le procès et l'exécution de son père puis de sa mère. Il est cité dans le procès de Marie-Antoinette, puisque Hébert accuse celle-ci d'avoir commis des actes incestueux sur son fils. Il est ensuite laissé à la garde du cordonnier Simon, qui l'élève comme un enfant du peuple et le maltraite de façon régulière, aggravant son état de santé naturellement fragile. Sous l'effet de ces mauvais traitements, il meurt soudainement le 8 juin 1795.
Il avait été, dès la mort de son père, proclamé Louis XVII (son oncle le comte de Provence s'étant attribué la régence), si bien que, pendant son règne théorique, des mesures politiques mais aussi des proclamations contre-révolutionnaires ont été tenues en son nom, à l'étranger comme en France, et notamment en Vendée. Son emprisonnement et sa disparition font naître bien des légendes. Dès 1795, des bruits se répandent, assurant que Charette a obtenu sa libération et qu'il l'hébergera en Vendée, selon les clauses secrètes du traité de La Jaunaye. Par la suite, des rumeurs assureront qu'il a été empoisonné, mais aussi qu'il a survécu et que c'est un autre jeune garçon qui est mort à sa place. Si bien qu'une trentaine de personnes prétendront être le vrai dauphin. Le plus connu de ces prétendants est Naundorff, qui prend le titre de duc de Normandie en 1824 et entame une procédure judiciaire pour être rétabli dans ses droits. En avril 2000, les résultats d'une expertise génétique, reposant sur la comparaison entre l'ADN extrait du cœur prélevé sur l'enfant décédé à la prison du Temple en 1795 et celui de la reine Marie-Antoinette et de deux de ses sœurs, mettent un terme aux incertitudes entourant le décès de Louis XVII. La fin de ce mystère ne doit pas faire oublier l'incroyable intérêt manifesté par des milliers de personnes pour le destin de cet enfant pendant les deux siècles suivants. Jean-Clément Martin

Sa vie

Louis-Charles de France est né au château de Versailles le 27 mars 1785. Il est baptisé le même jour dans la chapelle du château de Versailles par Louis René Édouard de Rohan, grand aumônier de France, en présence d'Honoré Nicolas Brocquevielle, curé de l'église Notre-Dame de Versailles : son parrain est Louis Stanislas Xavier de France, futur Louis XVIII, et sa marraine est Marie-Caroline de Lorraine, archiduchesse d'Autriche, reine des Deux-Siciles, représentée par Madame Élisabeth.
Des rumeurs se sont répandues à la naissance de l'enfant, selon lesquelles il ne serait pas le fils de Louis XVI mais d'Axel de Fersen, gentilhomme suédois qui nourrissait un amour platonique pour la reine3. Une véritable coterie s'est en effet montée contre Marie-Antoinette dès son accession au trône : des pamphlets circulent, d'abord de courts textes pornographiques puis des libelles orduriers et cette rumeur de bâtardise fortifie les prétentions du comte de Provence puis du comte d'Artois qui peuvent se déclarer les légitimes successeurs de Louis XV.
Comme deuxième fils de Louis XVI, Louis-Charles de France n'est donc pas destiné, à sa naissance, à succéder à son père, mais la mort de tuberculose osseuse — mal de Pott — de son frère aîné Louis-Joseph le 4 juin 1789 en fait le dauphin de France. En 1791, la Constitution du Royaume de France remplace ce titre par celui de « prince royal », ce changement étant la conséquence logique du remplacement du titre de Roi de France par celui de Roi des Français.
Il passe sa première enfance dans l'insouciance, sa vie parmi les enfants de la Cour se déroulant entre les escaliers du château de Versailles et la terrasse du Midi où a été aménagé un petit jardin qui fait le bonheur de l'héritier du trône. Il est entouré d'une nombreuse Maison, comprenant de très nombreux serviteurs attachés à sa personne, parmi lesquels Agathe de Rambaud, sa berceuse, Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel comme gouvernante et Jean-Baptiste Cant Hanet dit Cléry, son valet.
Après la journée du 10 août 1792, Louis-Charles qui a perdu son titre de prince royal est transféré avec ses parents au couvent des Feuillants puis le 13 août emprisonné à la Prison du Temple. Le 29 septembre, Louis XVI est séparé de sa famille et conduit au deuxième étage alors que le troisième étage est réservé à Marie-Antoinette, ses deux enfants et sa belle-sœur. À partie du 25 octobre, l'enfant Capet est confié à la garde de son père, qui poursuit son éducation avec le valet de chambre Cléry. Séparé de sa mère qu'il peut retrouver à l'occasion de promenades, le dauphin est à nouveau confié à elle le 11 décembre lorsque commence le procès de Louis XVI. Il ne revoit son père que le 20 janvier, pour un dernier adieu, ce dernier étant exécuté, au matin du 21 janvier 1793.

La vie au Temple

Aux yeux des royalistes, le dauphin Louis-Charles succède à son père, guillotiné, le 21 janvier 1793, en vertu du principe selon lequel la continuité dynastique est automatique en France un nouveau roi succède au roi précédent dès l'instant de la mort de ce dernier. Sous le nom de Louis XVII, il est reconnu comme tel par le comte de Provence, frère cadet de Louis XVI et futur Louis XVIII, alors émigré à Hamm, près de Dortmund, en Westphalie. Les Vendéens et les Chouans, mais aussi de fidèles royalistes dans d'autres provinces, se battirent en son nom. Leurs étendards portaient l'inscription : Vive Louis XVII.
Louis-Charles est confié à sa mère au troisième étage du Temple, jusqu'au 3 juillet 1793. Les captifs bénéficient à cette époque d'un confort incontestable baignoire, garde-robe, nourriture abondante. Plusieurs tentatives d'évasion sont fomentées par des royalistes afin de délivrer Marie-Antoinette et ses enfants. Par arrêté du Comité de salut public du 1er juillet 1793, Louis est enlevé à sa mère et mis sous la garde du cordonnier Antoine Simon l'instituteur désigné qui ne sait pourtant à peine écrire et de sa femme, qui résident au Temple. Enfermé au deuxième étage, le but est alors d'en faire un petit citoyen ordinaire et de lui faire oublier sa condition royale. Il est impliqué ainsi que sa sœur, dans le procès de sa mère, Marie-Antoinette. On lui fait signer une déclaration de reconnaissance d'inceste, pour ajouter un chef d'accusation contre cette dernière.
Selon Georges Bordonove, c'est l'épouse de Simon, attachée à l'enfant, qui prend soin de le nourrir correctement. Cependant, Simon est rappelé à ses fonctions municipales le 19 janvier 1794. Louis-Charles est alors enfermé au secret dans une chambre obscure, sans hygiène ni secours, pendant six mois, jusqu'au 28 juillet 1794. Son état de santé se dégrade, il est rongé par la gale et surtout la tuberculose. Il vit accroupi. Sa nourriture lui est servie à travers un guichet et peu de personnes lui parlent ou lui rendent visite. Ces conditions de vie entraînent une rapide dégradation de son état de santé. L'isolement total dans lequel il est placé laisse planer un certain mystère et donne l'occasion à l'imagination populaire de soulever l'hypothèse de substitution de l'enfant et de son exfiltration, donnant naissance au mythe évasionniste et survivantiste.
Le député Barras découvre ainsi un enfant mutique brisé psychologiquement. Le 28 juillet 1794, les comités de salut public et de sûreté générale nomment Laurent, membre du comité révolutionnaire de la section du Temple, pour le garder, lui et sa sœur. Son sort s'améliore relativement, mais le prisonnier de la tour du Temple est rongé par la tuberculose, ce qu'omet de signaler Laurent lorsqu'il écrit, sur le bulletin de la tour du Temple, que les prisonniers se portent bien. Le 31 mars 1795, Laurent démissionne. Le 6 mai, la tuberculose prend un tour critique, caractérisé par l'apparition d'une péritonite, si bien que dans les derniers jours de mai, les gardiens signalent au comité de Sûreté générale que l'enfant Capet manifeste une indisposition et des infirmités qui paraissent prendre un caractère grave. Il meurt dans sa prison, probablement d'une péritonite ulcéro-caséeuse venue compliquer la tuberculose le vice scrofuleux qui a déjà coûté la vie à son frère aîné, le 8 juin 1795, à l'âge de dix ans et après presque trois ans de captivité. Le lendemain, le chirurgien Philippe-Jean Pelletan réalise son autopsie qui confirme le diagnostic de tuberculose. Il est officiellement enterré le 12 juin 1795 dans le cimetière Sainte-Marguerite. Sous la Seconde Restauration, Louis XVIII fait rechercher la sépulture de son neveu : l'énigme de l'enfant du Temple se développe alors avec les témoignages contradictoires de ceux qui ont assisté à l'enterrement le 10 juin fossoyeur, concierge du cimetière, abbé … qui évoquent une inhumation en fosse commune le corps ne pouvant dès lors plus être identifié, une réinhumation dans une fosse particulière près de la Chapelle de la Communion de l’église, voire dans le cimetière de Clamart.

Acte de décès de Louis XVII dans l'état civil de Paris

Acte de décès de Louis XVII à l'état civil de Paris en date du 12 juin 1795
L'acte de décès de Louis XVII est rédigé le 12 juin 1795 24 prairial an III. L'original du document a disparu dans les incendies de la Commune de 1871 mais l'acte avait été recopié par des archivistes et un exemplaire se trouve aussi aux Archives nationales :
Du 24 prairial de l'an III de la République 12 juin 1795
Acte de décès de Louis Charles Capet du vingt de ce mois 8 juin, trois heures après-midi, âgé de dix ans deux mois, natif de Versailles, département de Seine-et-Oise, domicilié à Paris, aux Tours du Temple, Section du Temple, Fils de Louis Capet, dernier roi des Français, et de Marie Antoinette Josèphe Jeanne d'Autriche, sur la déclaration faite à la maison commune, par Étienne Lasne, âgé de trente-neuf ans, gardien du Temple, domicilié à Paris rue et Section des Droits-de-l'Homme, n°48 : le déclarant a dit être voisin ; et par Rémi Bigot, employé, domicilié à Paris, vieille rue du Temple, n°61 : le déclarant a dit être ami. Vu le certificat de Dusser, Commissaire de Police de ladite Section, du vingt-deux de ce mois 10 juin.
Signé : Lasne, Bigot, et Robin, Officier
Ascendance de Louis XVII de France 1785-1795

Les faux dauphins et l'énigme du Temple

Dès 1795, des rumeurs faisaient courir le bruit que le dauphin, remplacé dans sa geôle par un autre garçon, aurait été libéré du Temple. Ces rumeurs avaient été favorisées par les exhumations des restes d’un enfant au crâne scié — traces d'une autopsie — du cimetière Sainte-Marguerite au cours des deux exhumations réalisées en 1846 et en 1894, plusieurs spécialistes attribuent pourtant le corps à un sujet masculin âgé de plus de seize ans, d'1,63 m et de morphologie différente de celle de Louis XVII et la réaction thermidorienne : tandis que les royalistes osaient à nouveau s'afficher comme tels, des accords de paix étaient négociés entre la République et les révoltés vendéens et chouans traités de La Jaunaye, de la Mabilais et de Saint-Florent-le-Vieil. La mort du dauphin, en juin de cette même année, fut par conséquent accueillie avec scepticisme par une partie de l'opinion publique. Ce contexte permit l'éclosion de théories évasionnistes et survivantistes..
Ces bruits influencèrent, au tout début du xixe siècle, le romancier Regnault-Warin. Dans les derniers volumes de son Cimetière de la Madeleine, cet auteur développa - sans y croire lui-même - un scénario de l'enlèvement du dauphin : des agents royalistes envoyés par Charette s'introduisent dans la tour, où ils apportent, au moyen d'une cachette ménagée dans un « cheval de bois », un orphelin drogué à l'opium destiné à prendre la place du vrai dauphin. Ce dernier, dissimulé dans le même objet, est ainsi libéré de sa prison. Aux termes de nombreuses péripéties, et notamment d'une tentative d'exfiltration vers l'Amérique, l'orphelin royal est repris avant de mourir de maladie.
Malgré les nombreuses invraisemblances et le triste dénouement de ce récit, la thèse de la substitution gagna ainsi un nouveau mode de diffusion.
Peu de temps après la publication de ce roman, des « faux dauphins » commencèrent à apparaître et à réunir un nombre variable de partisans autour de leurs prétentions. Les condamnations des trois premiers (Hervagault, Bruneau et un certain Hébert, connu sous le titre de « baron de Richemont ») à de lourdes peines de prison ne découragèrent pas d'autres imposteurs, dont le plus célèbre est l'horloger prussien Karl-Wilhelm Naundorff, qui eut de nombreux adeptes jusqu'à la fin du XXe siècle.
Dans les récits qu'ils firent de leur prétendue évasion du Temple, la plupart de ces prétendants reprenaient la trame du roman de Regnault-Warin, le cheval de bois étant quelquefois remplacé par un panier de linge sale, et Charette par le comte de Frotté, ce dernier ayant effectivement échafaudé, sans pouvoir y donner suite, des projets d'enlèvement des orphelins royaux.
Aux imposteurs plus ou moins convaincants s'ajoutent de nombreux fous comme Dufresne, Persat et Fontolive ou encore des personnages dont l'identification à Louis XVII a surtout été l'œuvre de tiers, le plus souvent de manière posthume : c'est notamment le cas de l'officier de marine puis architecte français Pierre Benoît actif à Buenos Aires, du pasteur iroquois Eliézer Williams, du musicien anglais Augustus Meves, du célèbre naturaliste John James Audubon et même de Louvel assassin du cousin de Louis XVII.
Les circonstances exactes de la mort de Louis XVII et la rumeur concernant une éventuelle évasion de la prison du Temple ont attisé la curiosité de nombreux auteurs, comme G. Lenotre, André Castelot, Alain Decaux, Georges Bordonove ou Jacques Soppelsa qui remet en scène l'aïeul français de la famille argentine Zapiola, l'officier de marine puis architecte Pierre Benoît précité.

L'authentification du cœur de Louis-Charles de France

Le 5 juin 1894, plusieurs spécialistes examinèrent le corps déjà exhumé en 1846 du cimetière Sainte-Marguerite et l'attribuèrent à un sujet masculin âgé de plus de seize ans.
Cœur de Louis XVII dans son cardiotaphe placé le 8 juin 2004 dans une stèle dans la chapelle des Bourbons de la basilique de Saint-Denis.
Selon l'historien Georges Bordonove, dans son Louis XVII et l'énigme du Temple, Louis XVII est mort non pas en 1795 mais plutôt entre les 1er et 3 janvier 1794. Sa mort aurait entraîné la révocation de Simon et le remplacement de Louis XVII par un enfant qui, lui, serait mort en 1795. Cette hypothèse, partagée par Louis Hastier, est aujourd'hui infirmée et dépassée par les analyses ADN positives effectuées en 2000 sur le cœur de l'enfant mort au Temple en 1795.
Le 9 juin 1795, une autopsie est pratiquée en prison sur le corps du jeune prince par le chirurgien Philippe-Jean Pelletan assisté de trois médecins : Pierre Lassus, Jean-Baptiste Dumangin et Nicolas Dieudonné Jeanroy ou Geanroi. En 1814, Pelletan qui a des sympathies royalistes déclare la soustraction du cœur lors de l’autopsie et le prélèvement d'une mèche de cheveux qu'il donne au commissaire de section Antoine Damont en guise de souvenir. Le corps est alors inhumé au cimetière Sainte-Marguerite, puis recouvert de chaux vive. Les ossements n'ont jamais été retrouvés et ceux dégagés au XIXe siècle au cimetière Sainte-Marguerite, proviennent de plusieurs squelettes, dont un crâne d'un jeune adulte d'au moins dix-huit ans.
Le 23 mai 1828, Pelletan remet la relique à monseigneur de Quélen, archevêque de Paris. Durant les Trois Glorieuses, l'archevêché est pillé et le cœur Pelletan passe entre les mains de plusieurs personnes. En 1895, Édouard Dumont, héritier de Philippe-Gabriel Pelletan fils du docteur remet le cœur Pelletan au duc de Madrid, Charles de Bourbon 1848-1909, neveu de la Comtesse de Chambord, par l’entremise de Me Pascal et du comte Urbain de Maillé, en présence de Paul Cottin, cousin du propriétaire et donateur du cœur, Edouard Dumont. En 1909, Jacques de Bourbon, fils de Charles de Bourbon, hérite du cœur, puis sa fille Béatrice, la princesse Massimo et enfin en 1938, Princesse Marie-des-Neiges, prétendante légitimiste au trône de France. En 1975, l’urne en cristal rejoint le Mémorial de France à la Basilique Saint-Denis. En 1999-2000, l'analyse ADN établit une parenté du cœur à l’urne avec les Habsbourg. Le cœur de Louis-Charles de France est placé, en 1975, dans la crypte royale de la basilique de Saint-Denis, lieu où ont été enterrés ses parents et une grande partie des rois de France.
Des analyses génétiques par comparaison d'ADN mitochondrial, pratiquées par le professeur Jean-Jacques Cassiman de l'Université Catholique de Louvain en Belgique, et par le docteur Bernd Brinkmann de l'université allemande de Münster, sur le cœur du présumé Louis XVII, et des cheveux de Marie-Antoinette, ont démontré en 2000 qu'il appartient bien à un enfant apparenté à cette dernière, en ligne féminine. Cependant, Louis XVII a eu un frère aîné décédé en juin 1789 et dont le cœur a lui aussi été conservé. Mais ce cœur a subi, comme les autres cœurs princiers, un traitement d'embaumement ouverture, utilisation d'aromates, bandelettes, double boîte de vermeil et de plomb très différent de celui auquel fut soumis le cœur de Louis XVII, soustrait par Pelletan, simplement conservé dans l'alcool, comme une vulgaire curiosité anatomique. Donc, les deux cœurs, s'ils étaient venus à être rassemblés ce qu'aucun document historique ne prouve, n'auraient pu être ni confondus ni échangés.
Après enquête, l'historien Philippe Delorme est convaincu que ce cœur est bien celui que le docteur Philippe-Jean Pelletan a soustrait sur le cadavre de l'enfant mort au Temple le 8 juin 1795. Cette conclusion réhabiliterait donc les témoignages de contemporains recueillis par l'historien Alcide de Beauchesne. L'urne funéraire contenant ce cœur a été placée, le 8 juin 2004, sous l'oraison funèbre de l'aumônier Christian-Philippe Chanut, dans la chapelle des Bourbons de la basilique de Saint-Denis, lors d'une cérémonie rassemblant des membres de différentes branches de la famille de Bourbon et diverses personnalités.
Il demeure quelques partisans de la survivance du prince. Pour le professeur Jean Tulard, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, appelé par le ministre de la Culture à donner son avis sur le dépôt du cœur de Louis XVII, le 8 juin 2004, l'analyse de l'ADN du cœur, conjuguée avec l'enquête menée sur son origine et les péripéties de son histoire, est suffisante pour attester de la mort du prince au Temple.

Représentations dans la fiction Roman

1884 : Mark Twain, Les aventures de Huckleberry Finn
1897 : Thérèse de Lisieux, Derniers Entretiens
1913 : Baronne Emmuska Orczy, Eldorado
1972 : La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda manga
1973 : Philippe Eby, L'Évadé de l'An II, Hachette Jeunesse, 1977, 1979, 1982, 1987, 1993 et Degliame, 2003
1937 : Rafael Sabatini, The Lost King
2003 : Françoise Chandernagor, La Chambre, éditions Gallimard,
2003 : Amélie de Bourbon-Parme, Le Sacre de Louis XVII, éditions Folio
Plusieurs romans de la collection Signe de piste : Le Roi d'infortune, Le Chemin de la liberté, Le Château perdu Georges Ferney, Le Lys éclaboussé Jean-Louis Foncine et Antoine de Briclau
2005 : Ann Dukthas, En Mémoire d'un prince, éditions 10/18 ; Grands Détectives,
2007 : Christophe Donner, Un roi sans lendemain, éditions Grasset,
2009 : Dominic Lagan, Live Free or Die
2010 : Jennifer Donnelly, Revolution
2011 : Jacques Soppelsa, Louis XVII : la piste argentine, Paris, A2C Médias, coll. Histoires, 187 p.
2011 : Louis Bayard, La Tour noireNote 12 trad. Jean-Luc Piningre, Pocket,
2011 : Missouri Dalton, The Grave Watchers

Cinéma

1937 : Le Roi sans couronne The King Without a Crown joué par Scotty Beckett
1938 : La Marseillaise joué par Marie-Pierre Sordet-Dantès
1938 : Marie-Antoinette joué par Scotty Beckett
1945 : Paméla joué par Serge Emrich
1958 : Le Prisonnier du temple joué par Richard O'Sullivan
1989 : La Révolution française joué par Sean Flynn
1991 : Killer Tomatoes Eat France! joué par Steve Lundquist
1995 : Jefferson à Paris joué par Damien Groelle
2001 : L'Affaire du collier joué par Thomas Dodgson-Gates
2006 : Marie Antoinette joué par Jago Betts, Axel Küng et Driss Hugo-Kalff
pré-production : La Rose de Versailles adaptation.
1963 : Le Chevalier de Maison-Rouge joué par Benjamin Boda
1975 : Marie-Antoinette joué par Eric Brunet
1978 : Rejtekhely joué par András Várkonyi
1979 : Lady Oscar
1979 : La nuit de l'été joué par Romain Verlier
2006 : Marie-Antoinette joué par Charles Dury

Musique

2014 : Symphony Of The Vampire de Kamijo

Textes anciens

C. C. Perceval, Account of the misfortunes of the Dauphin, The Gentleman's Magazine, volume X 1838 p. 5
Alcide de Beauchesne, Louis XVII, sa vie, son agonie, sa mort ; captivité de la famille royale au temple, Paris, Plon, 1852.
Henry Provins pseudonyme d'Henri Foulon de Vaulx, Le dernier roi légitime de France
Henri Foulon de Vaulx, Louis XVII, ses deux suppressions, Payot, 1928
André Castelot, Louis XVII, l'énigme résolue, 1949
Maurice Garçon, Louis XVII ou La Fausse énigme, 1952

Ouvrages modernes

Louis Hastier, La double mort de Louis XVII, - J'ai lu, no A188, coll. L'Aventure mystérieuse, 1968
Évelyne Lever, Louis XVI, éditions Fayard, 1985
Paul-Éric Blanrue, Le « Mystère du Temple » : la vraie mort de Louis XVII, éditions Claire Vigne, coll. « Aux sources de l'Histoire », Paris, 1996, 364 p.
Charles-Louis Edmond de Bourbon, La survivance de Louis XVII, les preuves, Impressions Dumas, Saint-Étienne, 1999
Évelyne Lever, Marie-Antoinette, journal d’une reine, éditions Robert Laffont, 2002
Philippe Delorme, Les Princes du malheur – Le destin tragique des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette, éditions Perrin, 2008
Philippe Delorme, Louis XVII la biographie, éditions Via Romana, 2015
Jean-Louis Bachelet, Sang royal. La vérité sur la plus grande énigme de l'histoire de France, Ring, 2015

Sur la mort de Louis-Charles de France

Philippe Delorme, Louis XVII, la vérité, éditions Pygmalion, 20
Jean-Baptiste Rendu, L'Énigme Louis XVII, éditions Larousse, 2011
Philippe Delorme, Louis XVII, la biographie, éditions Via Romana, 2016, 448 pages.



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Posté le : 26/03/2016 18:25

Edité par Loriane sur 27-03-2016 19:10:51
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Vincent d'Indy,
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Le 27 mars 1851 naît Vincent d'Indy

à Paris et mort dans la même ville, à 80 ans le 2 décembre 1931, compositeur français et un enseignant prolifique. Il fut un des créateurs de la Schola Cantorum de Paris.Compositeur de style Romantique, Post-romantique dobnt les années d'activité sont de 1875 à 1931
Il reçoit sa formation au Conservatoire de Paris. Il a pour maîtres Antoine Marmontel, Albert Lavignac, Louis Diémer, César Franck. Il enseigne à la Schola Cantorum, Il eut pour élèves Erik Satie, Isaac Albéniz, Arthur Honegger, Edgar Varèse, Albert Roussel, Déodat de Séverac, Darius Milhaud, Blanche Selva, Paul Le Flem, Armande de Polignac, Antoine Mariotte, Amédée Borsari, René de Castéra, Guy de Lioncourt, Adrien Rougier, Albert Dupuis, Leevi Madetoja, Helena Munktell


En bref

Du compositeur ou du pédagogue, on ne sait auquel il faut accorder la première place : l'un et l'autre sont d'importance considérable ; l'un et l'autre se mêlent d'ailleurs ; d'Indy n'a jamais cessé d'être professeur en composant, comme il n'a jamais cessé, en enseignant, d'être un homme de principes, intransigeant encore que généreux et bienveillant. Originaire du midi de la France (bien que né à Paris), élève de Diemer et de Marmontel, pour le piano, de Lavignac pour l'harmonie, enfin — et surtout — de César Franck, auquel il voue un culte qui ne cessera de grandir, il complète sa formation musicale par plusieurs voyages en Allemagne. Il y rencontre Liszt, Brahms, Wagner surtout ; la découverte des drames lyriques de ce dernier va orienter toute sa carrière. Après ses premiers succès, celui en particulier de sa Symphonie cévenole (1886), il prend la direction de la Société nationale à la mort de Franck (1890) et fonde la Schola cantorum dont il deviendra très vite le directeur. Dès lors, son influence sur la jeune génération devient très importante non seulement dans le domaine musical mais sur le plan moral. D'Indy ne sépare jamais son enseignement artistique d'une attitude philosophique et morale. Son esthétique, fondée sur le culte de l'ordre, de la rigueur, n'est dans son esprit que l'application au domaine de l'art d'une pensée morale. C'est parce qu'il est fervent catholique, et parce qu'il est nationaliste, qu'il tentera de traduire en français le message wagnérien et cherchera son inspiration dans ses montagnes cévenoles. C'est au nom d'une certaine conception morale qu'il s'opposera vivement au debussysme, trop sensuel, trop peu structuré à son goût, et cela malgré une grande admiration personnelle pour l'œuvre de Debussy ; son école et ses disciples, renchérissant sur son rigorisme, le pousseront peut-être plus loin qu'il n'eût souhaité lui-même.
L'œuvre de Vincent d'Indy est, dans l'ensemble, plus pensée que sensible, volontaire et construite, à l'image de cet homme obstiné dans l'application de ses principes, mais d'une incontestable richesse. Elle se divise assez clairement en trois moments. La première période est nettement germanisante, sous l'influence des romantiques allemands et surtout de Wagner : elle consiste essentiellement en poèmes symphoniques (La Forêt enchantée, Le Chant de la cloche, et surtout les volets du triptyque de Wallenstein, 1870-1885). La seconde période marque un retour vers les traditions nationales, voire régionales. C'est l'époque de la Symphonie cévenole (ou Symphonie sur un chant montagnard français), 1886 ; de Jour d'été en montagne ; de ses deux opéras, intitulés « actions musicales », Fervaal et L'Étranger ; de la Légende de saint Christophe, gigantesque drame musical religieux et symbolique, enflé à l'excès, malgré de beaux moments (1885-1915). La dernière période (1915-1931) tend progressivement vers une sorte de classicisme, un dépouillement et un allégement : Sinfonia brevis, De bello gallico, Diptyque méditerranéen, Quintette, Troisième Quatuor ; c'est une musique toujours pensée, mais plus élégante, et dépouillée de tout ce que certaines œuvres précédentes pouvaient avoir, quelquefois, d'un peu grandiloquent. Les deux dernières périodes se rattachent très visiblement à des conceptions proches de César Franck, parfois avec un esprit de système ; la volonté de construction rigoureuse développe une structure cyclique dans laquelle elle s'épanouit.
L'importance de d'Indy est extrême pour l'intelligence de la musique du début du XXe siècle. Il a formé une pléiade d'artistes (Albert Roussel, Albéric Magnard, Érik Satie, Déodat de Sévérac, Paul Le Flem, Arthur Honegger, Georges Auric, Joseph Canteloube, Gustave Samazeuilh, Guy Ropartz, et bien d'autres).
Les sympathies profondes comme les antipathies violentes qu'a suscitées cet homme généreux, passionné par son art, d'une inébranlable droiture, libéral envers ses élèves en dépit d'une terrible intransigeance doctrinale, ne sont pas sans marquer fortement le déroulement de la musique française des vingt dernières années du XIXe siècle et des trente premières du XXe. Les trois volumes de son Cours de composition musicale (1900, 1909 et 1933, posthume) prolongent jusqu'à nous le plus fécond et le meilleur de son enseignement ; même si on peut sourire aujourd'hui du schématisme acharné qui y pousse Vincent d'Indy à étendre toute œuvre qu'il aime sur un vrai lit de Procuste pour la conformer coûte que coûte à une idée abstraite de la « forme-sonate », il reste que maintes analyses en demeurent fort précieuses par la science, la finesse et la rigueur. Philippe Beaussant

Sa vie

Vincent d'Indy était issu d'une famille de noblesse ardéchoise, originaire du Vivarais il portait le titre de comte. Les d'Indy furent confirmés dans la noblesse du Dauphiné le 1er mars 1778 où fut dressé un procès-verbal des preuves de noblesse de la famille d'Indy. Fils d'Antonin d'Indy 1822-1904 et de Mathilde de Chabrol-Crussol, Paul, Marie, Théodore, Vincent d'Indy naît le 27 mars 1851 au 45, rue de Grenelle 7e arrondissement à Paris. Un peu plus d'un mois après, sa mère meurt, emportée par une fièvre puerpérale, elle n'a que 21 ans. Le bébé est alors confié à Résia d'Indy, sa grand-mère paternelle.
Dès 1856, cette dernière qui assure son éducation, lui fait poser ses doigts sur un clavier et choisit de très bons professeurs pour continuer la formation musicale de son petit-fils dont Antoine Marmontel, Albert Lavignac et Louis Diémer. Il fut élève de César Franck au Conservatoire de Paris.
À une époque où la musique italienne reste influente en France, il se tourne vers l'Allemagne. De grands musiciens allemands lui deviennent familiers : Christoph Willibald Gluck le maître de la réforme de l'opéra français dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, très admiré au XIXe siècle, Beethoven la figure tutélaire des compositeurs allemands pendant tout le XIXe siècle, Weber créateur de l'opéra proprement allemand, au début du XIXe siècle, Felix Mendelssohn que d'Indy apprécia en particulier pour avoir reconnu le génie de J. S. Bach et s'être mis à son école dans le domaine de la polyphonie chorale religieuse, Giacomo Meyerbeer continuateur de Weber, et qui influença Wagner. D'Indy admire particulièrement Meyerbeer pour son sens dramatique. Vers l'âge de 18 ans, il découvre aussi l'art de Wagner (qui travaillait alors à sa Tétralogie. En cette seconde moitié du XIXe siècle, d'Indy participe au grand renouveau et au brillant développement de la musique française, auparavant figée, d'abord dans l'héritage du XVIIIe siècle, chantant inutilement la gloire de Napoléon 1er puis développant un mauvais goût à la remorque de l'Italie, préoccupée avant tout, à l'époque, par un art vocal théâtral axé sur la seule ligne mélodique et la virtuosité. Héritier d'un monde aristocratique, d'Indy n'appréciait pas les productions de cet univers bourgeois.
Il se maria avec Isabelle de Pampelonne, sa cousine germaine, en 1875.
Né dans un milieu monarchiste, D'Indy ne se plia pas au Ralliement à la République, demandé par le pape Léon XIII, en 1892, dans son encyclique intitulée Au milieu des sollicitudes
Devenu professeur réputé et théoricien, d'Indy publia un traité, son célèbre Cours de composition ainsi que diverses biographies Beethoven, son maître César Franck, Wagner. Sa plume est parfois partiale, par exemple dans son Beethoven éd. H. Laurens, Coll. Les Musiciens célèbres, 1911.
Dans un autre domaine, il fut aussi un des artistes marquants de son époque. La France était restée longtemps handicapée par les bouleversements de la Révolution de 1789. Tout un pan de son génie musical s'était écroulé en 1790, à la suppression des chapitres ecclésiastiques et donc des très nombreuses maîtrises d'enfants, qui étaient à peu de choses près les seuls conservatoires existant alors les académies de musique n'étaient présentes que dans certaines villes importantes. Après d'autres depuis le début du siècle, d'Indy voulut à son tour s'inscrire dans le lent et difficile mouvement de relèvement de la musique d'église : l'argent manquait souvent et l'art de la polyphonie avait été perdu. On pourrait en quelque sorte le considérer comme un Mendelssohn français. Pour renouer avec une grande tradition, il fonda, en 1894, avec Charles Bordes et Alexandre Guilmant, la Schola Cantorum. Initialement créée pour l’étude de la musique religieuse, cette école de musique devint une école supérieure d’enseignement musical qui concurrença pour le meilleur de la musique, le Conservatoire national de musique de Paris. Il compta parmi ses élèves des personnalités dont plusieurs devinrent des auteurs de premier plan au XXe siècle. Citons, pèle-mêle : Erik Satie, Isaac Albéniz, Cole Porter, Edgar Varèse, Albert Roussel, Déodat de Séverac, Joseph Canteloube, Joaquin Nin, Blanche Selva, ou encore Paul Le Flem, Leevi Madetoja, René de Castéra, Carlo Boller, Armande de Polignac, Guy de Lioncourt, Antoine Mariotte, Adrien Rougier, Amédée Borsari, et Albert Dupuis son premier élève à remporter le Prix de Rome.
Le pianiste et compositeur d'origine espagnole Isaac Albéniz y enseigna, avant d'y renoncer en 1900, du fait de sa santé déficiente.
La Schola créa des succursales à Bâle en particulier : la Schola Cantorum Basiliensis, et à Lyon, grâce à Georges Martin Witkowski. Elle devint un conservatoire de réputation internationale, dont le rôle pour la diffusion de la musique - la musique française spécialement - a été considérable.
À Londres, il existe aussi une Schola Cantorum Londiniensis, ensemble vocal chœur composé de choristes choisis dirigé jusqu'en 2004 par Denis Stevens, également musicologue.
D'Indy fut l'artisan principal, sous le label Ars gallica de la Société nationale de musique, de la création de la Jeune École française de musique. Il se fit connaître par son activité dans cette société, mais plus encore par la reconnaissance que lui valurent Le Chant de la Cloche 1884 puis la Symphonie sur un chant montagnard français (1886), qui compte parmi les grandes pages symphoniques de son époque.
Venant après le désastre de Sedan et la perte de l'Alsace et de la Lorraine (qui marquèrent toute la période, jusqu'au cataclysme de 1914, l'Affaire Dreyfus amena d'Indy, comme d'autres, à se fourvoyer dans un patriotisme exacerbé. Elle provoqua son engagement dans la Ligue de la patrie française ligue anti-dreyfusarde à laquelle appartenaient également les peintres Edgar Degas et Auguste Renoir, ainsi que les écrivains ou poètes José-Maria de Heredia, Jules Verne, Pierre Louÿs, Théodore Botrel, Frédéric Mistral, ...)3. Mais cette ligue, qui s'opposait à l'extrémisme, fut finalement rejetée par les anti-dreyfusards. Elle avait aussi pour originalité et c'est son honneur de ne pas exploiter l'antisémitisme4 à ses fins, si bien que l'engagement de Vincent d'Indy ne l'empêcha nullement d'accueillir plusieurs élèves juifs, tels Roland-Manuel et Marcel Mihalovici, au sein de la Schola Cantorum, ni de publier les œuvres du compositeur baroque italien Salomone Rossi. Côté professeurs, la grande claveciniste polonaise d'origine juive Wanda Landowska enseigna à la Schola Cantorum, de 1900 jusqu'à ce que l'Allemagne la retienne prisonnière en 1914-1918.
La Légende de Saint-Christophe, que l'on peut considérer comme un drame lyrique symboliste, est un vaste mystère qui contient de grandes beautés. Conçu dès 1903, en pleine affaire Dreyfus, il contient certes des attaques contre la judaïté, avoisinant celles contre la franc-maçonnerie et le socialisme révolutionnaire, mais ces allusions sont surtout notables dans la mise en scène de 1920 (date de création de l'œuvre. D'Indy affirmait par ailleurs à la suite de Wagner que l'invention musicale ne pouvait être l'œuvre des Juifs, peuple sans terre qui, selon lui, ne pouvait donc qu'imiter.
Son antijudaïsme se double d'un anticapitalisme opposé aux doctrines révolutionnaires de son temps et donc différent de celui qu'exposait Marx dans Le Capital ou dans son article intitulé Sur la Question juive, par exemple : pour d'Indy, l'orgueil, la jouissance et l'argent sont en conflit avec la foi, l'espérance et la charité, c'est-à-dire les trois vertus théologales chrétiennes. On sait que la chrétienté médiévale rejetait le capitalisme.
L'essentiel des conceptions musicales de d'Indy se trouvent dans le Cours de composition musicale, rédigé en commun avec Auguste Sérieyx « d'après les notes prises aux classes de composition de la Schola Cantorum 3 vol. : 1900, 1909, éd. posthume 1933. Cet ouvrage forma plusieurs générations de musiciens, tels Albert Roussel, Déodat de Séverac, Erik Satie, Edgar Varèse, Arthur Honegger, etc., et apporte une conception originale de l'histoire de la langue musicale.
Vincent d'Indy est également l'auteur d'un grand nombre d'articles publiés dans des revues musicologiques.
Partisan de l'harmonie, toujours rivé à un conservatisme et un patriotisme propres à l'époque, il n'adhérait guère aux esthétiques de Béla Bartók, Gustav Mahler ou d'Arnold Schönberg. Malgré tout, d'Indy imprima un caractère novateur durable à la musique française : les œuvres de sa dernière période créatrice dite "période d'Agay" témoignent d'une grande faculté de renouvellement, saluée par l'ensemble de la critique de l'époque. En dépit des polémiques où s'affrontèrent debussystes et d'indystes, Vincent d'Indy fit connaître l'œuvre de Debussy à l'étranger, en tant que chef d'orchestre. Il salua Pelléas et Mélisande comme une œuvre essentielle dès 1902, à un moment où la critique était généralement réservée ou hostile. Il encouragea le jeune Arthur Honegger, à qui il enseigna la direction d'orchestre au Conservatoire de Paris. Dans cette classe, il eut également pour élève le compositeur Darius Milhaud.
Après Louis Niedermeyer mais avant Nadia Boulanger, il fit œuvre de restaurateur de la musique ancienne et baroque, celle de compositeurs comme Giovanni Pierluigi da Palestrina, Claudio Monteverdi et J. S. Bach ou encore Arcangelo Corelli, Christoph Willibald Gluck, André Cardinal Destouches, etc. Les Concerts historiques de la Schola Cantorum qui attiraient l'élite artistique de Paris, de Léon Bloy à Debussy révélèrent quantité d'œuvres anciennes que l'on ne jouait plus. C'est dans ce contexte que Wanda Landowska tint une classe de clavecin rue Saint-Jacques. En tant qu'érudit et pédagogue, d'Indy insistait sur l'approche historique de son art, accompagné en cela par d'autres spécialistes de la Schola, comme Amédée Gastoué chant grégorien et Maurice Emmanuel (musique grecque antique et musiques traditionnelles françaises.
Certaines de ses restitutions sembleraient irrecevables aujourd'hui : en 1904, il orchestra, à la manière moderne, L'Orfeo de Monteverdi, en y ajoutant des clarinettes, par exemple. Mais dans ce domaine il est loin d'être le seul : déjà, en son temps, Mozart avait accompli un travail assez voisin en faisant accompagner les parties vocales du Messie de Haendel par le petit orchestre symphonique en usage à la fin du XVIIIe siècle. On peut juger qu'il alourdit ainsi la partition. L'anachronisme paraît encore plus flagrant dans le cas de l'opéra de Monteverdi, créé en 1607, soit trois siècles avant d'Indy. Mais, au début du XXe siècle, il était difficile, sinon impossible, d'appréhender cette musique d'une manière véritablement scientifique : là-dessus, tout, ou presque, restait à découvrir.
L’art de Vincent d’Indy s’est largement fait connaître en Suisse, en Russie et aux États-Unis, notamment à travers des voyages, concerts, articles musicologiques et critiques. Admirateur de son génie orchestral, Claude Debussy saluait la hardiesse tranquille de Vincent d'Indy à aller plus loin que lui-même.

Voyages

Depuis son enfance, Vincent d'Indy fut emmené à chaque été, pendant les vacances, dans la demeure familiale de Chabret à Boffres Ardèche, Massif Central, à 50 km de Valence Drôme. Il apprécia tellement cet endroit qu'il y fit construire le château des Faugs quelques années plus tard tout près de là.
La ferme des d'Indy étant proche des Alpes, et par conséquent de la Suisse, le jeune Vincent fut très tôt intrigué par ce pays. On a, en effet, découvert un dessin humoristique appelé Le Suisse que Vincent d’Indy avait dessiné en 1862 il avait alors onze ans au sein d’un recueil page 25, le recueil est conservé au château des Faugs.
C’est Vincent d’Indy qui élabora les plans du château des Faugs sur la commune de Boffres, grande demeure familiale pour les vacances et le repos (lieu de villégiature privilégié, de 1890 — date d’achèvement de sa construction — à 1917, avant qu’il ne préfère la Méditerranée avec Saint-Raphaël et qui est actuellement rénové par Jean-Christian Cheze, un architecte de Vernoux-en-Vivarais.
C’est souvent lors de voyages d’agrément, de tournées d’orchestres ou tout simplement de visites d’amis, que Vincent d’Indy se rendit en Suisse. La Suisse ne fut jamais sa destination principale, mais un détour pratique lors de ses multiples déplacements en Italie, Allemagne ou dans les pays de l’Est rappelons que d’Indy était un partisan de la musique de Wagner et de la Tétralogie, et qu’il a rencontré Brahms, Liszt, Wagner et Richard Strauss en personne.
En 1879, Vincent d’Indy passe à Bâle pour voir les toiles de Holbein et de Rembrandt. Mais le premier véritable voyage en Suisse fut en mai 1880, en compagnie de sa femme. Ce séjour suisse resta très bref car ce n’était qu’un prétexte, l’objectif était l’Allemagne visites de Nuremberg, Munich… et l’Autriche Vienne….
C’est en août 1884 que la Suisse fut mieux découverte. Après s’être reposé quelques semaines en Ardèche, Vincent d’Indy partit à pied à travers la Suisse puis à travers l’Allemagne…. C’est là qu’il note quelques idées musicales, qu’il trace des aquarelles et qu’il aime à se promener dans la nature.
En 1896, d’Indy dirige plusieurs concerts à Montreux. Mais c’est à partir de l’été 1902 que Vincent d’Indy fera vraiment connaissance avec la Suisse. On en a gardé un témoignage. Dans une lettre à Auguste Sérieyx du 23 août écrite aux Faugs, d’Indy dépeint son voyage à Genève. Il admire le Mont Blanc mais s’indigne des musiques marchandes, tromperies et manifestes saletés.
À partir de cette date, plusieurs voyages vont se succéder. Celui de 1910 reste minime. En été 1911 en France, les grandes vacances scolaires étant en juillet-août, la plupart des gens profitent de ces deux mois pour voyager, la Suisse est à nouveau attrayante pour sa nature florissante. D’Indy écrit ses impressions musicales sur l’eau : Le torrent ne fait que la quinte diminuée ; j’ai été en observer beaucoup ; la mer, elle, fait une octave.

conférences et hommages

Erik Satie lui rend hommage: J'ai toujours été un mauvais élève - un cancre. Mais je dois dire qu'avec d'Indy j'ai beaucoup travaillé, et que je conserve le meilleur souvenir des sept années passées auprès de cet homme, si bon et si simple. Le 17 janvier 1928, la Gazette de Lausanne résume la conférence de Vincent d’Indy sur Beethoven et ses sonates donnée le 13 janvier à la Maison du peuple. Le critique est déçu, voire déconcerté, par les propos de d’Indy. Le 1er octobre 1930, Charles Chaix écrit sur les dernières œuvres de d’Indy dans le Journal de Genève.
Le 4 décembre 1931, parmi les très nombreux journaux qui relatèrent la mort de Vincent d’Indy il mourra le 2 décembre, on pouvait trouver les articles de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève. Le 5 décembre de la même année, Henri Gagnebin pour le Journal de Genève conclut ainsi son article : « Et maintenant l’infatigable travailleur prend son repos ». Enfin, le 29 janvier 1933, la Gazette de Lausanne retrace la vente aux enchères de la bibliothèque personnelle de Vincent d’Indy qui eut lieu le 20 janvier à l’Hôtel Drouot Paris.
Un Lycée public situé à Privas en Ardèche porte le nom de "Lycée Vincent d'Indy".

Œuvres

Bien qu'il soit un musicien croyant, Vincent d'Indy a écrit, en réalité, peu de musique liturgique.
Sa production qui a été la plus déterminante, de son temps et au-delà, sont les trois volumes des Cours de composition publication achevée en 1933, par un de ses élèves, Guy de Lioncourt). Les originaux sont conservés à la Bibliothèque du conservatoire de musique de Genève. En effet, Henri Gagnebin qui a été le directeur de ce conservatoire de 1925 à 1957, avait fait ses études musicales à la Schola Cantorum (l'école de musique fondée par Vincent d'Indy, Charles Bordes et Alexandre Guilmant en 1896 à Paris. De plus, Gagnebin qui resta fidèle à d'Indy, s’est toujours efforcé de respecter les œuvres de ce dernier.
Une de ses premières œuvres composée entre 1869 et 1872 est une symphonie en la mineur, qu'il surnomma "italienne". Elle lui fut inspirée par un voyage qu'il fit en Italie à cette époque. Chacun des mouvements représente une ville : Rome pour l'imposant premier mouvement, Florence pour le scherzo, Venise pour le mouvement lent, et Naples pour le finale. La symphonie sans numéro d'opus, dénote déjà une certaine maîtrise de l'orchestration. Cette symphonie s'inspire vraisemblablement de la quatrième symphonie, dite « Italienne, de Felix Mendelssohn même tonalité, même nom, finale en saltarello….
Le Chant de la cloche, opus 18 en un prologue et sept tableaux, composée de 1879 à 1883, publiée chez Hamelle, est une légende dramatique inspirée par la ballade de Schiller. Mais d'Indy — qui a écrit avec Robert de Bonnières tout le poème a situé l’histoire dans une ville libre du nord de la Suisse, à la fin du XIVe siècle et au début du xve siècle.
Pour se détendre du Chant de la cloche, Vincent d’Indy écrit en décembre 1882 trois valses pour piano dont l’ensemble constitue Helvetia opus 17. Cette œuvre est un témoignage sincère de d’Indy pour la Suisse. En effet, chacune de ces valses illustre son récent voyage en Suisse au retour de Bayreuth. Le recueil paraît chez Hamelle en mars 1884.
Chacune de ces valses en forme de lied porte le nom d’un site de la Suisse alémanique. Ainsi, Aarau la première valse, semble rappeler la grâce indolente de Gabriel Fauré à qui elle est dédiée. Son rythme syncopé et ses quelques variations offrent une impression de balancement expressif. Ensuite, Schinznach la seconde valse, dédiée à André Messager, paraît dans son contour mélodique moins raffinée exceptée la charmante relation tonale qui allie les répétitions du motif principal. Enfin Laufenburg la troisième et dernière valse, dédiée à son ancien maître de piano Louis Diémer, possède dans ses cinq sections une écriture sensible, tendre et souple.
Concernant le renommé Fervaal, opus 40 action musicale en trois actes et un prologue, sur un poème de Vincent d'Indy, composée de 1881 à 1895, publiée chez Durand, c’est la création intégrale qui a été remarquée en Suisse, alors que cette création eut lieu au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles Belgique, le 12 mars 1897.
Le 15 mars 1897, l’article de Anth. Dubois, dans La Gazette musicale de la Suisse romande, fut très élogieux : C’est le plus beau drame qui ait été écrit en France, sans aucune restriction, et même, dût-on me vomir des injures pour mon hérésie, c’est l’œuvre lyrique la plus grandiose, la plus sereine d’éloquence et d’expression, la plus libre de forme et la plus profonde de pensée écrite jusqu'à présent — j’entends les murmures gronder sourdement — Wagner, l’immortel Wagner lui-même, dépassé, non, mais égalé, complété, achevé peut-être, car d'Indy a réussi à rectifier une pensée philosophique qui ne fut pas toujours d’une vérité incontestable. Il conclut sur l’éclatante beauté : « C’est une originalité forte et puissante, c’est un génie jeune, et c’est sur lui que le monde musical doit à présent tenir les yeux fixés. C’est lui qui développe et continue l’œuvre réalisée par Wagner et l’on peut attendre de son génie qu’il recule encore les bornes de notre art ».
À la même date, un article signé anonymement G., parut dans le Courrier de Genève : « […] elle consacre définitivement le beau et vigoureux talent du jeune maître en qui l’école française a placé ses plus belles espérances. » Sur la nouveauté du style, on lit : Il n’y a donc pas de raisons pour ne pas se réjouir du rayonnant et splendide triomphe des idées nouvelles et en tirer tout le parti possible jusqu’au moment où elles ne satisferont plus notre insatiable besoin d’inconnu.
L’autre action musicale non moins renommée, L'Étranger, opus 53 en deux actes, composée de 1898 à 1901, éditée chez Durand, suscita l’intérêt des musicologues suisses. Ainsi, les revues Courrier de Genève et Gazette musicale de la Suisse romande Anth. Dubois ont parlé de ce nouveau drame musical.
La plus connue des symphonies sur la nature, la Symphonie sur un chant montagnard français, opus 25 (en trois mouvements, composée dès 1886, éditée chez Hamelle — dite la Cévenole pour piano et orchestre qui n'est pas un concerto — fut écoutée par des critiques suisses. Par exemple, le franc succès du Concert Lamoureux de janvier 1931 fut relaté le 1er février 1931 dans le Journal de Genève.
De même, le concert d’octobre 1930 à Barcelone Espagne, où Vincent d'Indy dirigea l'Orchestre de Pablo Casals pour sa Symphonie no 2 en si bémol Opus 57 (en quatre mouvements, composée en 1902-1903, éditée chez Durand, fut critiqué le 1er novembre 1930 dans le Journal de Genève.
La conférence publique du 17 novembre 1920 de H. Lichtenberger (professeur à l’Université de Paris donnée Salle du Bierhübeli Société d’études françaises de Bern sur la Légende de Saint-Christophe, opus 67 drame lyrique en trois actes et huit tableaux, sur un poème de Vincent d'Indy, composée de 1908 à 1915, publiée chez Rouart-Lerolle.
Plus surprenant, l’œuvre Veronica, opus 76, est due à un jeune littérateur suisse. Au printemps de 1913, Vincent d'Indy reçoit la visite de Charles Gos. Ce dernier lui apporte son drame en cinq actes, drame alpestre qui enchante d'Indy. Commencée en été 1914, cette œuvre fut achevée par d'Indy le 15 septembre 1920. Cette musique de scène pour flûte, hautbois, clarinette, basson, deux cors et quintette à cordes, n’a été ni jouée ni publiée.
La Sonate en Ré majeur, opus 84 (composée en 1924-1925, éditée chez Rouart-Lerolle fut créée le 5 mars 1926 dans la Salle des Agriculteurs (Paris) par Edwige Bergeron violoncelle et Vincent d'Indy piano. C’est cette création qui retint l’attention de la Gazette de Lausanne du 25 juillet 1926. On y loue la ferme allure, le sentiment éloquent et la technique plus aisée.
Ce même article cite aussi même concert le Thème varié, fugue et chanson, opus 85 composée en 1925, éditée chez Rouart-Lerolle, œuvre pour piano dédiée à Blanche Selva.

Principales œuvres

Musique orchestrale
Diptyque méditerranéen
Istar, variations symphoniques
Jour d'été sur la montagne
La forêt enchantée
Poème des rivages
Saugefleurie
Souvenirs
Wallenstein
Concerto pour piano, flûte et cordes
Symphonie en la mineur italienne
Symphonie nº 2
Symphonie nº 3
Symphonie sur un chant montagnard français, dite cévenole 1886
Musique de chambre
Helvetia, pour piano
Quatuor à cordes nº 1
Quatuor à cordes nº 2
Quatuor à cordes nº 3
Quatuor avec piano
Quintette avec piano
Sextuor
Sonate pour piano
Sonate pour piano et violon
Sonate pour violoncelle
Suite dans le style ancien, pour 2 flûtes, trompette et quatuor à cordes
Trio avec piano
Trio pour clarinette, violoncelle et piano, op.29
Musique vocale
Le Chant de la cloche chansons et arrangements de chansons populaires
Musique pour piano
Le Poème des montagnes
Sonate en mi
Tableaux de voyage
Opéras
Attendez-moi sous l'orme
Fervaal 1897
L'Étranger 1903
La Légende de Saint-Christophe 1920
Le rêve de Cinyras 1927-

Autres œuvres

Symphonies n° 1 & 2, Aldo Ciccolini, Orchestre national du Capitole de Toulouse dirigé par Michel Plasson et Orchestre de Paris dirigé par Serge Baudo.
Poème des montagnes op.15; Tableaux de voyage op.3; Thème varié, fugue et chanson op.83 (CD), Michael Schäfer au piano, enreg. 2005. Genuin Musikproduktion, 2007.
Petite Sonate (dans la forme classique) op.9; Sonate en mi op.63; Fantaisie sur un vieil air de Ronde française op.99 (CD), Michael Schäfer au piano, enreg. 2005 et 2007. Genuin Musikproduktion, 2007, .

Publications

Louis Borgex, Vincent d'Indy. Sa vie et son œuvre, Paris, A. Durand et fils, 1913.
Vincent D'Indy (Cahiers de mémoire d'Ardèche et Temps présent - 1997).
Vincent d'Indy : Ma Vie. Correspondance et journal de jeunesse présentés par Marie d'Indy. Seguiers, 2001
Vincent d'Indy : Richard Wagner. Librairie Delagrave - 1930



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Posté le : 26/03/2016 17:55

Edité par Loriane sur 27-03-2016 19:35:50
Edité par Loriane sur 27-03-2016 19:36:44
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Baron Haussman
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Le 27 mars 1809 naît Georges Eugène Haussmann,

à Paris où il est mort le 11 janvier 1891 à 81 ans, haut fonctionnaire, a été préfet de la Seine du 23 juin 1853 au 5 janvier 1870.
À ce titre, il a dirigé les transformations de Paris sous le Second Empire en approfondissant le vaste plan de rénovation établi par la commission Siméon qui vise à poursuivre les travaux engagés par ses prédécesseurs à la préfecture de la Seine Rambuteau et Berger. Député du 14 octobre 1877 au 27 octobre 1881, Sénateur du Second Empire du 9 juin 1857 au 4 septembre 1870, Préfet de la Seine du 23 juin 1853 au 5 janvier 1870, son prédécesseur est Jean-Jacques Berger, et son successeur Henri Chevreau. Sa conjointe est Octavie de Laharpe ses enfants : Valentine Haussmann et Marie-Henriette Haussmann

En bref

Préfet de la Seine sous le second Empire, l’administrateur français Georges Eugène Haussmann, mena à bien une politique de grands travaux qui allait transformer en profondeur l’urbanisme de Paris. Son nom reste lié (on parle d’« haussmannisme », d’« haussmannisation ») à l’ouverture de nombreuses percées – création de voies nouvelles –, à l’aménagement de parcs et de squares, à la mise en place d’un réseau d’égouts et à l’alimentation de la capitale en eau de source.
Il est né à Paris le 27 mars 1809, d’une famille originaire d’Alsace et protestante. Il est le petit-fils d'un membre de la Convention et, par sa mère, celui d’un général d’Empire. Après des études de droit, il devient fonctionnaire, et occupe le poste de secrétaire général de la préfecture de la Vienne en 1831. Suivront à partir de 1833 un grand nombre de postes : sous-préfet à Yssingeaux (Haute-Loire), à Nérac (Lot-et-Garonne), à Saint-Girons (Ariège), à Blaye (Gironde), conseiller de préfecture à Bordeaux, préfet du Var, de l’Yonne, et finalement de la Gironde en 1852. Haussmann y montrera son autorité et sa fidélité au bonapartisme. Il sait à la fois gérer l’administration, trouver des financements, contrôler les élus locaux, maintenir l’ordre et s’intéresse déjà aux routes et aux embellissements urbains. Préfet de la Seine : Georges Eugène Haussmann est nommé préfet de la Seine, le 23 juin 1853, sur les conseils de Victor Fialin de Persigny, ministre de l’Intérieur. Une commission des Embellissements chargée de la transformation de Paris, présidée par le comte Henri Siméon, se réunit pour la première fois le 16 août suivant. Haussmann en fait partie.
Dès avant 1853, Napoléon III avait dessiné un « plan colorié » de Paris, représentant par des traits de couleurs différentes l’ordre d’urgence des voies nouvelles à ouvrir. Il était affiché dans son bureau des Tuileries, et Haussmann le vit lors de sa première entrevue avec l’empereur.
À partir d’un plan d’ensemble des percées à entreprendre à Paris décrit par l’empereur lui-même dans une lettre adressée à la commission Siméon, celle-ci a élaboré un plan rendu en octobre 1853. Ce plan, s’il n’a pas été suivi à la lettre, a servi de base au plan des percées dites « haussmanniennes ».
Aux origines des Grands Travaux de Paris : L’idée d’un plan d’ensemble appartient à Louis-Napoléon. Sensible aux problèmes sociaux, il avait lu et rencontré un certain nombre d’auteurs qui, dès le début des années 1840, avaient constaté l’encombrement du centre de Paris (notamment du fait de la présence des Halles) et le déplacement de la population vers les quartiers nord-ouest, l’actuel IXe arrondissement. Devant l’échec de la loi du 16 septembre 1807 sur les plans d'alignement des villes, les servitudes mettant des décennies à être mises en œuvre, il fallait recourir à de larges percées, à l’ouverture de voies entièrement nouvelles dans le centre.
Ces théoriciens des années 1840 sont des architectes comme Edme Grillon ou Théodore Jacoubet, des ingénieurs comme Victor Considérant, ou Perreymond (Edmond Perrey), des notables comme Hippolyte Meynadier ou Jacques-Séraphin Lanquetin, président de la Commission municipale. La plupart d’entre eux se réunissent en commissions officieuses (celle Ernest de Chabrol-Chaméane en 1839) ou officielle (celle du comte Antoine d’Argout en 1840), qui proposent des percées dans les nouveaux quartiers, notamment rive gauche.
À la fin des années 1840, les projets se font plus précis. Les notables des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, commissionnent l’ingénieur Alfred Cadet de Chambine pour rédiger un projet de voie à ouvrir entre les deux faubourgs, dans l’axe de la nouvelle gare de l’Est, jusqu’aux Grands Boulevards. Le projet est reçu favorablement par Louis-Napoléon ; les banquiers Ardoin soumettent au préfet Jean-Jacques Berger une proposition d’expropriation et d’ouverture d’une nouvelle voie. Ce sera le boulevard de Strasbourg. Pour la rue des Écoles, un projet de l’architecte A. Portret est repris par le futur empereur, après qu’il a visité la Montagne Sainte-Geneviève. Ainsi Napoléon s’est forgé une doctrine pour un « plan d’ensemble », préconisé par les frères Lazare, rédacteurs de la Revue municipale.
Deux percées, le boulevard de Strasbourg et la rue des Écoles, ayant été réalisées, en 1852, avant même l’arrivée de Haussmann à Paris, le problème s’est posé de l’attribution de la paternité du projet « haussmannien ».

Sa vie

Né à Paris le 27 mars 1809 au 53 rue du Faubourg-du-Roule, dans le quartier Beaujon dans une maison qu'il démolit sans le moindre état d'âme, il est le fils de Nicolas-Valentin Haussmann (1787-1876), protestant, commissaire des guerres et intendant militaire de Napoléon Ier et d'Ève-Marie-Henriette-Caroline Dentzel, fille du général et député de la Convention Georges Frédéric Dentzel, baron d'Empire, et le petit-fils de Nicolas Haussmann 1759-1847, député de l'Assemblée Législative et de la Convention, administrateur du département de Seine-et-Oise, commissaire aux armées.
Il fait ses études au lycée Condorcet à Paris, puis il entame un cursus de droit tout en étant élève au conservatoire de musique de Paris.
Le 21 mai 1831 il est nommé Secrétaire Général de la préfecture de la Vienne à Poitiers puis le 15 juin 1832 sous-préfet d'Yssingeaux, en Haute-Loire.
Il fut successivement sous-préfet de Lot-et-Garonne à Nérac le 9 octobre 1832, de l'Ariège à Saint-Girons le 19 février 1840, de la Gironde à Blaye le 23 novembre 1841, puis préfet du Var à Draguignan le 24 janvier 1849, de l'Yonne 15 mai 1850, et de la Gironde en novembre 1851.
En poste à Blaye, il fréquente la bourgeoisie bordelaise, au sein de laquelle il rencontre Octavie de Laharpe avec laquelle il se marie le 17 octobre 1838 à Bordeaux. Elle est protestante comme lui et lui a donné deux filles : Henriette, qui épousa en 1860 Camille Dollfus, homme politique, et Valentine, qui épousa en 1865 le vicomte Maurice Pernety, chef de cabinet du préfet de la Seine, puis, après son divorce 1891, Georges Renouard 1843-1897, le fils de Jules Renouard. Il a une autre fille, Eugénie née en 1859, de sa relation avec l'actrice Francine Cellier 1839-1891, et descendance notamment dans la famille du baron Marcel Bich.
Sous l'administration d'Haussmann, les travaux et projets girondins ont été importants. De nombreuses lignes de chemin de fer ont été construites ainsi que des usines à Bègles. Les travaux de défense de la Pointe de Grave ont été finalisés. Au niveau social, il a mis en place un système d'allocations aux filles mères indigentes pour les aider à élever leur enfant et encouragé l'installation de bureaux de bienfaisance. À Bordeaux, de nombreuses voies ont été percées, l'éclairage au gaz et l'adduction d'eau se sont améliorés : projet de construction de trois fontaines monumentales.
Présenté à Napoléon III par Victor de Persigny, ministre de l'Intérieur, il devient préfet de la Seine le 22 juin 1853, succédant ainsi à Jean-Jacques Berger, jusqu'en janvier 1870. En 1857, il devient sénateur et 20 ans plus tard, député de la Corse.
Le 29 juin 1853, l'Empereur lui confie la mission d'assainir et embellir Paris.

La transformation de Paris

Napoléon III remet au baron Haussmann le décret d'annexion à Paris des communes suburbaines 1860

Avenue de la Grande-Armée

Au milieu du XIXe siècle, Paris se présente à peu près sous le même aspect qu'au Moyen Âge : les rues y sont encore sombres, étroites et insalubres.
Lors de son exil en Angleterre 1846-1848, Louis-Napoléon Bonaparte fut fortement impressionné par les quartiers ouest de Londres ; la reconstruction de la capitale anglaise à la suite du grand incendie de 1666 avait fait de cette ville une référence pour l'hygiène et l'urbanisme moderne. L'Empereur voulait faire de Paris une ville aussi prestigieuse que Londres : tel fut le point de départ de l'action du nouveau préfet.
L'idée maîtresse de ces énormes travaux urbains était de permettre un meilleur écoulement des flux d'une part des hommes et des marchandises pour une meilleure efficacité économique, d'autre part de l'air et de l'eau, en adéquation avec les théories hygiénistes héritées des Lumières et qui sont alors en plein essor, notamment en réaction à l'épidémie de choléra de 1832. Cette campagne fut intitulée Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie.
Un autre objectif, politiquement moins défendu, était de prévenir d'éventuels soulèvements populaires, fréquents à Paris : après la Révolution de 1789, le peuple s'est soulevé notamment en juillet 1830 et en juin 1848. En assainissant le centre de Paris, Haussmann a déstructuré les foyers de contestation : parce qu'éparpillée dans les nouveaux quartiers, il était plus difficile à la classe ouvrière de lancer une insurrection.
Par ailleurs, Haussmann écrit à Napoléon III qu'il faut accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres … comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l'invasion des ouvriers de la province.
Haussmann a l'obsession de la ligne droite, ce que l'on a appelé le culte de l'axe au XIXe siècle; pour cela, il est prêt à amputer des espaces comme le jardin du Luxembourg mais aussi à démolir certains bâtiments comme le marché des Innocents ou l'église Saint-Benoît-le-Bétourné.
En dix-huit ans, des boulevards et avenues sont percés de la place du Trône actuelle place de la Nation à la place de l'Étoile, de la gare de l'Est à l'Observatoire. Les Champs-Élysées sont aménagés.
Dans le but d'améliorer l'hygiène, par une meilleure qualité de l'air, suivant les recommandations de son prédécesseur le préfet Rambuteau, il aménage un certain nombre de parcs et jardins : ainsi sont créés un square pour chacun des quatre-vingt quartiers de Paris, ainsi que le parc Montsouris et le parc des Buttes-Chaumont.
D'autres espaces déjà existants sont aménagés. Ainsi les bois de Vincennes et de Boulogne deviennent des lieux prisés pour la promenade. Il transforme aussi la place Saint-Michel et sa fontaine, dont la saleté l'avait marqué lorsque, étudiant, il y passait pour se rendre à l'École de droit.
Des règlements imposent des normes très strictes quant au gabarit et à l'ordonnancement des maisons. L'immeuble de rapport et l'hôtel particulier s'imposent comme modèles de référence. Les immeubles se ressemblent tous : c'est l'esthétique du rationnel.
Afin de mettre en valeur les monuments nouveaux ou anciens, il met en scène de vastes perspectives sous forme d'avenues ou de vastes places. L'exemple le plus représentatif est la place de l'Étoile, dont le réaménagement est confié à Hittorff.
Haussmann fait aussi construire ou reconstruire des ponts sur la Seine ainsi que de nouvelles églises, comme Saint-Augustin ou la Trinité.
Il crée en parallèle, avec l'ingénieur Belgrand, des circuits d'adduction d'eau et un réseau moderne d'égouts, puis lance la construction de théâtres théâtre de la Ville et théâtre du Châtelet, ainsi que deux gares Gare de Lyon et Gare de l'Est. Il fait construire les abattoirs de la Villette afin de fermer les abattoirs présents dans la ville.
En 1859, Haussmann décide d'étendre la ville de Paris jusqu'aux fortifications de l'enceinte de Thiers. Onze communes limitrophes de Paris sont totalement supprimées et leurs territoires absorbés par la ville entièrement (Belleville , Grenelle, Vaugirard, La Villette ou en grande partie Auteuil, Passy, Batignolles-Monceau, Bercy, La Chapelle, Charonne, Montmartre. La capitale annexe également une partie du territoire de treize autres communes compris dans l'enceinte. Dans le même temps, il procède à l'aménagement du Parc des Princes de Boulogne-Billancourt, dans le cadre d'une vaste opération immobilière sous l'égide du duc de Morny.
La transformation de la capitale a un coût très élevé puisque Napoléon III souscrit un prêt de 250 millions de francs-or en 1865, et un autre de 260 millions de francs en 1869, en tout, 25 milliards d'euros d'aujourd'hui. En plus de cela, la banque d'affaires des Pereire investit 400 millions de francs jusqu'en 1867 dans des bons de délégation, créés par un décret impérial de 1858. Ces bons de délégation sont des gages sur la valeur des terrains acquis puis revendus par la Ville : la spéculation a donc aidé le financement des travaux parisiens.
On estime que les travaux du baron Haussmann ont modifié Paris à 60 % : 18 000 maisons ont été démolies entre 1852 et 1868 dont 4349 avant l'extension des limites de Paris en 1860 , à comparer au parc de 30 770 maisons recensées en 1851 dans le Paris avant annexion des communes limitrophes.

L'influence en province

Haussmann a su aussi propager son savoir-faire dans les différentes régions françaises sous le Second Empire et le début de la Troisième République. Les villes les plus influencées sont Rouen qui a vu détruites plus de cinq cents maisons et deux églises au cours de sa transformation, Dijon, Angers, Lille, Toulouse, Avignon, Montpellier, Toulon, Lyon, Nîmes et Marseille qui est l'une des villes dont la physionomie a le plus changé. La ville d'Alger, alors colonie française, a également été profondément remaniée à cette époque. Hors de France, plusieurs capitales : Bruxelles, Rome, Barcelonne, Madrid et Stockholm s'inspirent de ses idées avec l'ambition de devenir un nouveau Paris Ch page 25. Il est intervenu aussi à Istambul et au Caire.

La part personnelle de Haussmann dans les Grands Travaux

Quel rôle Georges Eugène Haussmann a-t-il joué pour que l’on parle d’« hausmannisme » et d’« haussmanisation », dès 1868 ? Bien qu’il ait reconnu la part de Napoléon III dans l’ouverture de voies nouvelles (plus de 70), il a revendiqué la paternité des Grands Travaux, et cela même quand leur financement a été remis en cause par « Les comptes fantastiques d’Haussmann », titre d’un article de Jules Ferry publié en 1868 dans le journal Le Temps, et quand il a été remercié en 1870.
Au sens strict et juridique du terme, le préfet est chargé des enquêtes d’utilité publique pour les expropriations préalables aux percements. La décision de décréter l’ouverture d’une voie nouvelle revient au ministre de l’Intérieur. Mais il est deux domaines dans lesquels Haussmann a excellé, du moins initialement : le financement des travaux et la réorganisation des services municipaux. Sous la préfecture de Rambuteau et de Berger, dans les années 1840, le principe était de ne dépenser pour les travaux que l’excédent budgétaire. Selon l’idée initiale des « dépenses productives » formulée par Persigny, Haussmann a décidé que cet excédent ne servirait qu’à couvrir les intérêts d’emprunts qui seraient remboursés par la plus-value des terrains désenclavés par les percées. Haussmann a donc imaginé successivement trois systèmes : l’emprunt (75 millions de francs en 1855, 140 en 1860, 250 en 1865), la vente de bons de la Caisse des travaux de Paris servant à l’achat de terrains et les « bons de délégation » (servant à subventionner les entrepreneurs concessionnaires). La Ville finance le remboursement de ses emprunts réels par des emprunts déguisés ; c’est le système dénoncé par Jules Ferry.
Haussmann découvre à la tête des services techniques de la Ville des ingénieurs en chef des Ponts-et-Chaussées à son avis peu compétents, et surtout insuffisamment soumis à ses ordres. Il choisit de mettre en place des services provisoirement parallèles, confiés à des ingénieurs en lesquels il a confiance, qu’il a connus dans ses préfectures successives, comme Eugène Belgrand (dans l’Yonne) ou Adolphe Alphand (à Bordeaux). Belgrand créera un système d’alimentation en eau de source de la capitale, captée dans la Vanne et la Dhuys et conduite par des aqueducs à la romaine. Il mettra également en place un chantier d'assainissement aboutissant à l’établissement d’un réseau moderne d’égout. Alphand a supervisé le système végétal haussmannien. Quantitativement, on n’aura jamais autant planté d’arbres, semé de pelouses, aménagé de parcs et de jardins dans Paris : deux « bois » (de Boulogne et de Vincennes), trois « parcs » (Monceau, les Buttes Chaumont et Montsouris), deux jardins, dix-neuf squares, d’innombrables places et avenues plantées, dont notamment l’avenue Foch, le boulevard Richard-Lenoir ou l’avenue de l’Observatoire.

L’œuvre accomplie

Si le boulevard de Strasbourg (et, d’une certaine manière, ses prolongements : les boulevards de Sébastopol et Saint-Michel), la rue des Écoles et la rue de Rivoli (continuée en 1848) ne peuvent pas être attribués à Haussmann, les autres se sont faits sous sa conduite, notamment le boulevard Saint-Germain. Il jugeait la rue des Écoles située trop haut dans la montée de la rive gauche, et obtint, contre l’avis de l’empereur, d’ouvrir le boulevard Saint-Germain sur le pont de Sully et que celui-ci ne soit pas perpendiculaire à la Seine. À ces « traversées », il faut rajouter les avenues Foch, Voltaire ou Daumesnil, les boulevards Barbès, Gambetta ou Raspail. Parmi les nombreuses percées, il faut d’abord compter celles qui désenclavent les gares ferroviaires, celles-ci étant, pour Napoléon III, les « véritables portes » de la capitale : le boulevard de Strasbourg, la rue de Rennes, la rue Auber, le boulevard Magenta, le boulevard Diderot ou le boulevard Saint-Marcel. De même nature sont les diagonales comme l’achèvement de la rue La Fayette (commencée sous Charles X), l’avenue de l’Opéra ou la rue Turbigo. Il y a enfin les rocades, les rues des Pyrénées, de Tolbiac, d’Alésia, de Vouillé ou de la Convention.
Contrairement aux étroites rues d’origine médiévale, toutes ces percées sont strictement rectilignes, à l’instar de la rue Rambuteau ouverte sous la monarchie de Juillet (1845), mais à l’exception du boulevard Saint-Germain, qui s’oriente vers le nord à ses deux extrémités pour former le symétrique des Grands Boulevards par rapport à la rue de Rivoli, nouvel axe est-ouest de la capitale. Alors que la rue Rambuteau mesure treize mètres de largeur, et les voies plus anciennes quelquefois bien moins, les percées dites haussmanniennes font vingt ou même trente mètres, l’avenue Foch parvenant à plus de cent mètres.
Pour la procédure du percement, la Ville (ou un concessionnaire) exproprie les terrains nécessaires et, après la démolition des maisons, revend les parcelles nouvellement découpées (c’est une sorte de lotissement linéaire), après avoir effectué un nivellement et un alignement. Lors de la vente aux particuliers et à des constructeurs d’immeubles, Haussmann impose un cahier des charges, qui fixe la nature des matériaux pour la façade (de la pierre de taille ou du calcaire de Château-Gaillard ou de La Roche-Guyon pour les rues principales), et précise que les maisons, dans chaque îlot, doivent avoir « les mêmes hauteurs d’étage et les mêmes lignes principales de façade », « avec balcons, corniches et moulures ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’existe aucun règlement plus précis caractérisant l’immeuble « haussmannien » (qu’il aurait été difficile de faire voter), mais seulement des prescriptions surveillées par les architectes voyers de la Ville.
Un autre volet de l’œuvre du second Empire auquel Haussmann a activement participé est l’annexion de communes périphériques de Paris. L’agrandissement de la capitale est naturellement suggéré par le faubourg compris entre les limites administratives (le mur des Fermiers généraux) et l’enceinte fortifiée édifiée par Thiers de 1841 à 1844. Il s’agit de faire entrer dans Paris non seulement des jardins maraîchers et des villages (comme Belleville ou Vaugirard), mais aussi des espaces urbains composés de lotissements (Beaugrenelle, la plaine de Passy, les Batignolles) et des zones industrielles. Il s’agit aussi d’intégrer des banlieues qui échappent à l’octroi. La loi d’annexion, votée le 26 mai 1859, prendra effet le 1er janvier 1860.
Les communes ou parties de communes annexées profiteront de la nouvelle voirie, de l’alimentation en eau, d’églises nouvelles, de mairies, d’écoles, de marchés, etc. La capitale est redécoupée en vingt arrondissements, chacun étant doté d’une mairie. Certaines ayant été édifiées sous la monarchie de Juillet et d’autres sous la IIIe République, seules cinq mairies datent de la période haussmannienne, celle des Ier (J.-I. Hittorff, architecte, 1855-1860), IIIe (V. Calliat, 1864-1867), IVe A.-N. Bailly, 1862-1867, XIe E.-F. Gancel, 1862-1865, XIIIe (P.-E. Bonnet, 1867-1877) et XXe (C. Salleron, 1867-1877) arrondissements.
L’œuvre architecturale du second Empire a été considérable. Nous n’évoquerons que l’Hôtel-Dieu (E.-J. Gilbert, 1864-1876), qui a entraîné l’arasement de presque la moitié de l’île de la Cité, les Halles centrales (V. Baltard et F. Callet, 1854-1874) et, du même Baltard, l’église Saint-Augustin (1860-1871).

Le mythe Haussmann

Il court sur Haussmann et la période haussmannienne beaucoup de légendes et de contre-vérités. La plus importante est celle qui porte sur les objectifs stratégiques des percées : elles auraient été tracées pour permettre les charges de cavalerie et pour utiliser l’artillerie contre les émeutiers. Cette hypothèse avancée autrefois par certains historiens ne repose sur aucun fondement, excepté pour le boulevard Richard-Lenoir (le couvrement du canal Saint-Martin) et pour le boulevard Voltaire. Dans le premier cas, le canal servait de retranchement aux ouvriers en révolte dans le faubourg Saint-Antoine. Dans le second, le boulevard permet de relier les casernes d’infanterie du Château-d’Eau (place de la République) et de cavalerie de Vincennes.
Une autre légende laisse penser que les ouvriers chassés du centre par les démolitions haussmanniennes se seraient réfugiés dans les arrondissements périphériques. Des études historiques publiées dans les années 2010 nous apprennent que les artisans, pour ne pas perdre leur clientèle, se sont entassés dans le centre, et que la périphérie a été peuplée d’ouvriers provenant des provinces.
Haussmann est souvent présenté comme urbaniste ou comme architecte. S’il a assumé des tâches administratives et mené des opérations financières, il n’a pas à proprement parler dessiné le nouveau plan de Paris qu’on lui attribue. D’ailleurs Haussmann dit, explicitement, que c’est l’architecte Eugène Deschamps qui est l’auteur du « plan de Paris » (1852-1853), c’est-à-dire qui en a tracé concrètement les percées. De la même manière, il est abusif de parler d’immeuble « haussmannien ». Il n’a pas inventé l’immeuble avec enfilade de pièces de réception en façade et des pièces de service sur cour. Il s’agit ici de la version bourgeoise de l’appartement des hôtels particuliers de l’Ancien Régime mise en œuvre sous la monarchie de Juillet. Certains des premiers immeubles construits rue de Rivoli dès 1852 ont d’ailleurs une allure éminemment « haussmannienne ». Si ce modèle d’immeubles s’est diffusé ensuite, c’est par une sorte de consensus entre les architectes et par sa visibilité via les recueils et les revues. Haussmann partageait simplement ce modèle.
C’est à contrecœur que Napoléon III renvoie son préfet, le 6 janvier 1870, à cause des abus financiers et de l’opposition politique qui le vise. Haussmann occupe différents postes dans les affaires, voyage en Italie et en Turquie, réside à Paris et au château de Cestas en Gironde, est élu député de la Corse en 1877. En tant que membre de l’Académie des beaux-arts, il se prononce contre la démolition du palais des Tuileries en 1879. Haussmann rédige ses Mémoires en trois volumes (publiés de 1890 à 1893) et meurt le 11 janvier 1891. Pierre Pinon

Honneurs et critiques

L'activité d'Haussmann au service de la transformation de Paris lui a permis d'accéder à la fonction de sénateur en 1857, de membre de l'Académie des beaux-arts en 1867 et de chevalier de la Légion d'honneur en 1847, puis grand officier en 1856 et enfin grand-croix en 1862.
Son titre de baron a été contesté. Comme il l'explique dans ses Mémoires, il a utilisé ce titre après son élévation au Sénat en 1857, en vertu d'un décret de Napoléon Ier qui accordait ce titre à tous les sénateurs mais ce décret était tombé en désuétude depuis la Restauration.
Il aurait refusé, d'une boutade, le titre de duc proposé par Napoléon III cf. section Autour du baron Haussmann. Le Dictionnaire du Second Empire, observe toutefois qu'Haussmann a utilisé ce titre en se fondant de manière abusive sur l'absence de descendance mâle de son grand-père maternel, Georges Frédéric, baron Dentzel dont la baronnat accordé en 1808 par Napoléon était tombé en déshérence.
Son œuvre n'en reste pas moins contestée à cause des sacrifices qu'elle a entraînés ; en outre, les méthodes employées ne s'encombrent pas des principes démocratiques. Les manœuvres financières sont bien souvent spéculatives et douteuses, ce qui nourrit le récit d'Émile Zola dans son roman La Curée.
Par ailleurs, la bulle spéculative immobilière entraînée par ses travaux, qui ont eu leur pendant à Berlin et Vienne a nourri la bulle financière qui s'est achevée par le krach de 1873.
Les lois d'expropriation ont entraîné plus tard de nombreuses contestations et poussé à la faillite de nombreux petits propriétaires qui ont vu leurs biens détruits. En parallèle, les nouveaux règlements imposent des constructions d'un niveau de standing élevé, excluant de facto les classes les moins aisées de la société parisienne.
Cette période de travaux a vu la recrudescence du paludisme dans Paris en occasionnant des creusements importants et de longue durée. Les flaques, mares et autres points d'eau croupissante perduraient longtemps, engendrant une pullulation d'anophèles au milieu d'une grande concentration d'humains. De plus, un grand nombre d’ouvriers venaient de régions infectées et étaient porteurs du plasmodium.
Une partie de la population manifeste son mécontentement en même temps que son opposition au pouvoir. En 1867, Haussmann est interpellé par le député Ernest Picard. Les débats houleux que le personnage suscite au Parlement entraînent un contrôle plus strict des travaux, qu'il avait habilement évité jusque-là.
Jules Ferry rédige la même année une brochure malicieusement intitulée : Les Comptes fantastiques d'Haussmann, par allusion aux Contes fantastiques d'Hoffmann : selon lui, l'haussmannisation parisienne aurait coûté 1 500 millions de francs, ce qui est loin des 500 millions annoncés ; on l'accusa également, à tort, d'enrichissement personnel.
Napoléon III a proposé à trois reprises à Haussmann d'entrer au gouvernement, comme ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et des Travaux Publics, mais le seul titre qu'il est susceptible d'accepter est celui de ministre de Paris, que lui refuse l'Empereur. Cependant, à partir de 1860, le préfet de la Seine assiste au Conseil des ministres.
Haussmann est destitué par le cabinet d'Émile Ollivier le 5 janvier 1870, quelques mois avant la chute de Napoléon III. Son successeur fut Léon Say, mais Belgrand et surtout Alphand conservèrent un rôle prépondérant et poursuivirent son œuvre.
Après s'être retiré pendant quelques années à Cestas près de Bordeaux, Haussmann revint à la vie publique en devenant député bonapartiste de la Corse de 1877 à 1881. Il est écarté de la vie publique en 1885 et en 1890, il perd successivement sa fille ainée et sa femme. Il consacra la fin de sa vie à la rédaction de ses Mémoires 1890-1891, un document important pour l'histoire de l'urbanisme de Paris.
Haussmann, mort le 11 janvier 1891, est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Tombe de Georges Eugène Haussmann cimetière du Père Lachaise, division 4
Autour du baron Haussman
Ernest Renan rapporte que Haussmann aurait fait disparaître une île entière en Bretagne, l'Île-Grande face à Pleumeur-Bodou, pour obtenir la pierre nécessaire à ses travaux. L'écrivain exagère, car l'île est toujours habitée mais il y reste d'imposantes carrières datant de l'époque des travaux haussmanniens.
Haussmann raconte dans ses Mémoires que Napoléon III voulait donner son nom à la partie du boulevard de Sébastopol qui s'étendait sur la rive gauche actuel boulevard Saint-Michel. Le préfet refusa en feignant la modestie. En réalité il espérait, et obtint en fin de compte, que son nom soit attribué à un boulevard dont l'idée lui revenait plus directement et au bord duquel il était né dans une maison qu'il dut d'ailleurs détruire : c'est l'actuel boulevard Haussmann.
Afin de montrer son peu d'attachement aux titres officiels, il rapporte dans ses Mémoires le dialogue suivant, où un interlocuteur lui suggérait qu'il pourrait être nommé duc de la Dhuis, en référence aux travaux d'Haussmann par lesquels l'eau de cette rivière était venue alimenter Paris. Haussmann objecta :
« De la Dhuis ? Mais, duc, ce ne serait pas assez.
— Que voulez-vous donc être ?… Prince ?
— Non ; mais il faudrait me faire aqueduc, et ce titre ne figure pas dans la nomenclature nobiliaire.
L'adjectif haussmannien fait référence à la méthode d'urbanisme par destruction d'anciens quartiers, et la construction d'artères larges et rectilignes que constitue l'urbanisme d'Haussmann.

Bibliographie

Page de titre des Mémoires d'Haussmann, chez Victor Havard, 1890.
Delpont Hubert, Sanchez-Calzadilla Hervé-Yves, Haussmann d'Albret, le sous-préfet de Nérac 1832-1840 le notable landais 1840-1891, Nérac, 1993, 370 p.
« Haussmann Georges Eugène, baron, dans Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français,‎ 1889
Le Paris d'Haussmann, Patrice de Moncan & Claude Heurteux; éd. Du Mecene 2002; coll. La ville retrouvée ;
Le Paris d'Haussmann, Patrice de Moncan ; Les Éditions du Mécène 2009; coll. Paris d'hier et d'aujourd'hui ;
Transformation und Embellissement von Paris in der Karikatur: Zur Umwandlung der französischen Hauptstadt im Zweiten Kaiserreich durch den Baron Haussmann, Rosemarie Gerken; éd. Olms, Georg 1997
Les Mémoires d'Haussmann, Françoise Choay ; éd. Seuil 2000; coll. Philosophie Générale ;
Haussmann le grand, Georges Valance ; éd. Flammarion 2000; coll. Grandes biographies ;
Haussmann au crible, Nicolas Chaudun ; éditions des Syrtes 2000; coll. Biographies ;
Mémoires du baron Haussmann, Georges Eugène Haussmann ; éd. Adamant Media Corporation 2001
Mémoires du baron Haussmann : Tome 3 : Grands travaux de Paris, Georges Eugène Haussmann ; éd. Adamant Media Corporation 2001;
Haussmann - La gloire du Second Empire, Jean des Cars, éd. Perrin 2008
Haussmann, Georges-Eugène, préfet-baron de la Seine, Nicolas Chaudun; éd. Actes Sud ; 2009
Atlas du Paris haussmannien. La ville en héritage du Second Empire à nos jours, Pierre Pinon ; éd. Parigramme ; 2002
Paris Haussmann. Le pari d'Haussmann, Pierre Pinon & Jean des Cars, éd. Picard 1999
Pierre Pinon, Paris pour Mémoire : Le livre noir des destructions haussmanniennes, Paris, Parigramme,‎ 2012, 664 p.
Joseph Valynseele, Haussmann : Sa famille et sa descendance, Paris, Christian,‎ 1982, 115 p.
Georges-Eugène Haussmann, Monique Rauzy, collection Figures de l'Histoire, Hatier, 2002
P. Casselle éd., Commission des embellissements de Paris : rapport à l'empereur Napoléon III rédigé par le comte Henri Siméon décembre 1853, Paris : Rotonde de la Villette, 2000, 205 p.


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Posté le : 26/03/2016 17:33

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Re: Défi du jour de Pâques
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Hors Ligne
Cher Serge,

Tu as donc carillonner le premier.
Tu sembles à cela y être habitué.
Qu'il est doux de t'entendre statuer
Sur le renouveau des cloches à restituer.
Je m'en vais donc demain les sonner,
Rendre témoignage devant nos ami(e) de l'Orée.
En faisant sonner les cloches de Dijon, afin de greffer
des cerveaux à tous ces cons, à la rage échauffée.

Merci mon ami.
Je te souhaite un magnifique dimanche de Pâques au milieu de toutes celles et de tous ceux que tu aimes.
Porte toi bien et prend bien soin de toi.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 26/03/2016 17:20
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Battista Tiepolo
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Le 27 mars 1770 meurt Giovanni Battista Tiepolo

ou Giambattista Tiepolo francisé Jean-Baptiste Tiépolo, à 74 ans à Madrid né à Venise le 5 mars 1696, peintre rococo et un graveur italien du mouvement Rococo, ayant travaillé dans plusieurs cours européennes, fait caractéristique de la circulation des artistes dans l'Europe des Lumières.
Les œuvres qui ont fait sa réputation sont les grands cycles de fresques qu'il a peints à Venise et dans sa région mais aussi à Bergame et, hors d'Italie, à Madrid et à Wurtzbourg pour décorer palais et églises, mais il a également laissé de nombreux tableaux et esquisses peintes. Élève de Gregorio Lazzarini, il a pour maître Sebastiano Ricci et Giovanni Battista Piazzetta et pour élèves ses fils, Giandomenico et Lorenzo mais aussi Francesco Zugno,Giovanni Scajario, Président de l'Académie de Padoue. Il fut le mari de Maria Cecilia Guardi, sœur des peintres vénitiens Francesco Guardi et Gianantonio Guardi. Il est également le père des peintres Giandomenico Tiepolo et Lorenzo Tiepolo.

Sa vie

Giovanni Battista Tiepolo : plaque commémorative, calle san Domenico (Castello).
Dernier des six fils de Domenico Tiepolo, capitaine d'un navire marchand, et de sa femme Orsetta, il devient orphelin de père à un an.
Élève de Gregorio Lazzarini, il est plus influencé par Sebastiano Ricci et Giovanni Battista Piazzetta. En 1715, il accomplit son premier travail important, le Sacrifice d'Isaac, quitte l'atelier de Lazzarini en 1717 et il est reçu à la guilde des peintres.
Il épouse Cecilia Guardi en 1719, la sœur des peintres rococo vénitiens Gianantonio Guardi, Nicolò Guardi et Francesco Guardi et ils auront dix enfants, dont quatre filles et 3 garçons survivront dont Giandomenico et Lorenzo qui seront ses assistants. Le couple résidera jusqu'à 1734, à San Francesco della Vigna, près du palais Contarini.
Un patricien d'Udine, Dionisio Delfino, le commissionne pour la décoration des fresques de la chapelle et du palais (1726-1728). Les premiers chefs-d'œuvre de Tiepolo à Venise sont un cycle d'énormes toiles peintes de batailles et de triomphes antiques pour décorer une grande salle de réception du Palais Dolfin Manin à Venise v. 1726-1729.
Il devient un peintre demandé et prolifique : Il peint des toiles pour les églises de Verolanuova 1735-40, pour la Scuola dei Carmini 1740-47, et des Scalzi 1743-1744, un plafond pour les palais Archinto et Casati-Dugnani à Milan 1731, la chapelle de Colleoni à Bergame 1732-1733, un plafond pour les Jésuites Santa Maria del Rosario à Venise 1737-39, au Palazzo Clerici à Milan 1740, les décorations pour la villa Cordellini à Montecchio Maggiore 1743-1744 et pour la salle de bal au palais Labia, montrant l'histoire de Cléopâtre 1745-1750.
Vers 1740, il collabore à la gravure de la série d'estampes de Giuliano Giampiccoli de vues de paysage d'après Marco Ricci 36 paysages avec deux frontispices publiée vers 1740 et rééditée avec des ajouts en 1775 par Teodoro Viero, 48 paysages et 4 frontispices. La série complète des 36 paysages est conservée au British Museum.
Sur l'invitation du prince-évêque Charles Philippe de Greiffenclau, il part avec ses deux fils à Wurtzbourg où il resteront trois ans, et y réalise avec eux la décoration du salon de sa nouvelle résidence, puis de l'immense plafond de l'escalier monumental de Johann Balthasar Neumann. Son Allégorie des planètes et des continents montre Apollon, dans sa course quotidienne, avec les dieux symbolisant les planètes, les figures allégoriques sur la corniche représentent les quatre continents, dont l'Amérique. Il peint également les fresques du salon du Kaisersaal.
Revenu à Venise en 1753, Tiepolo est réputé localement, mais aussi à l'étranger comme la Russie ou l'Angleterre. Il est élu président de l'académie de Padoue et il accomplit des fresques pour les églises : le Triomphe de la foi pour l'église della Pietà, les fresques pour Ca' Rezzonico, les peintures pour des villas de patriciens dans la campagne vénitienne, telle que la villa Valmarana de Vicenza et un grand plafond panégyrique pour la villa Pisani à Stra.
Il continue les fresques de Cléopâtre au Palazzo Labia avec La Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre, Le Banquet de Cléopâtre et un plafond central avec Le Triomphe de Bellerophon sur le temps. Il s'adjoint les services d'un maître en perspective, Girolamo Mengozzi Colonna.
En 1761, le roi Charles III d'Espagne le commissionne pour une fresque de plafond de l'Apothéose de l'Espagne pour le palais royal de Madrid. Au début de l'année 1762, il part pour Madrid, ce qui provoque la jalousie et l'opposition d'Anton Raphael Mengs et y restera jusqu'à sa mort.
Excellent peintre, il a influencé Goya au travers d'une technique notable qui eut d'ailleurs une grande reconnaissance par la suite : la lumière, l'éclairage de parties précises du tableau par des couleurs claires permettant de faire ressortir des impressions ou des idées, comme la pureté ou le divin.
Les thèmes abordés comportent presque toujours une allusion à la mort et à la magie.

Œuvres

Avant 1740
Le Martyre de saint Bartholomée 1722, église San Stae, Venise
L'Enlèvement d'Europe, v. 1725, Gallerie dell'Accademia de Venise
Allégorie du pouvoir de l'Éloquence v. 1725, Courtauld Arts Institute, Modello pour le Palazzo Sandi, Venise
Fresques 1726, palais épiscopal, Udine
Le Triomphe de Marius 1729 Metropolitan Museum of Art, New York
Mucius, Scaevola et Porsenna, 1725-1730 vers, Musée Magnin, Dijon
Persée et Andromède 1730, The Frick Collection, New York
Éducation de la Vierge 1732, S. Maria della Consolazione Fava, Venise
Ange secourant Hagar 1732, Scuola Grande de San Rocco, Venise
Prêche de saint Jean-Baptiste 1732-1733, Chapelle Colleoni, Bergame
La Décollation de saint Jean-Baptiste 1732-1733, chapelle Colleoni, Bergame
Fléau des serpents 1732-1735, Galerie dell'Accademia de Venise
Joseph recevant l'anneau de Pharaon 1732-1735, Dulwich Picture Gallery, Londres
Triomphe de Zéphyr et Flore 1734-1735, Museo del Settecento Veneziano, Ca' Rezzonico, Venise
Jupiter et Danaë 1736, Universitet Konsthistoriska Institutionen, Stockholm
Le Pape Clément adorant la Trinité 1737-1738, Alte Pinakothek, Munich
Le Rosaire 737-1739, Santa Maria del Rosario Gesuati, Venise
Chemin de croix 1737-1738, Sant'Alvise, Venise
La Madone du Carmel 1730 Pinacoteca di Brera, Milan
Vierge avec six saints 1737-1740, musée des beaux-arts de Budapest
La Découverte de Moïse 1730, National Gallery of Scotland, Édimbourg
Le Martyre de saint Sébastien 1739, deuxième volet droit du retable de l'église Sainte-Marie de Dießen am Ammersee.
De 1740 à 1750
La Vierge apparaissant à saint Philippe Neri 1740, Museo Diocesano, Camerino
Récolte de la manne 1740-1742, Paroissiale, Verolanuova
Le Sacrifice de Melchizedek 1740-1742, Paroissiale, Verolanuova
Vertu et Noblesse repoussant l'Ignorance dans les airs 1743, Dulwich Picture Gallery modèle pour la villa Cordellina à Montecchio Maggiore
La Vérité dévoilée par le Temps 1743, huile sur toile de 259 cm × 350 cm, Museo Civico Palazzo Chiericati, Vicenza
Le Banquet de Cléopâtre 1743-1744, National Gallery of Victoria, Melbourne
La Découverte de Moïse 1745, National Gallery of Victoria, Melbourne
Adorateurs 1743-1745, Galleria dell'Accademia, Venise
Henri III reçu à la Villa Contarini vers 1745, fresque marouflée sur toile, musée Jacquemart-André, Paris
Apollon et Daphné 1744-1745, musée du Louvre, Paris
Découverte de la Vraie Croix c.1745, Galleria dell'Accademia, Venise
Fresques de l'Histoire de Cléopâtre 1746, Palazzo Labia, Venise
L'Arrivée de Marc Antoine en Égypte vers 1747, Metropolitan Museum of Art, New York.
La Vierge apparaissant aux saints dominicains 1747-1748, Santa Maria del Rosario Gesuati, Venise
La Dernière communion de sainte Lucie 1747-1748, Santi Apostoli, Venise
Saint Jean le Grand vainqueur des Maures 1749-1750, musée des beaux-arts, Budapest
Après 1750
Fresques 1751-1753, Residenz, Wurtzbourg en Allemagne
Récolte de la manne 1751, musée national de Serbie, Belgrade
Allégorie des Planètes et des Continents1752, Metropolitan Museum of Art, New York
Mort de Hyacinthe 1752-1753, Collection Thyssen-Bornemisza, Madrid
Adoration des mages 1753, Alte Pinakothek, Munich
Couronnement de la Vierge 1754, Kimbell Art Museum, Dallas modello pour l'Ospedale della Pietà
Allégorie avec Vénus et le Temps 1754-1758, National Gallery, Londres
Fresques de la mythologie romaine 1757, villa Valmarana, Vicenza
Un Homme assis et une Fille avec un pichet c.1755, National Gallery, Londres
Vertus théologales c.1755, musées royaux des beaux-arts, Bruxelles
Martyre de sainte Agathe c.1756, Staatliche Museen, Berlin
Allégorie du Mérite accompagnée de la Noblesse et de la Vertu 1757-1758, Museo del Settecento Veneziano, Ca' Rezzonico, Venise
Vision de sainte Anne 1759, Gemäldegalerie, Dresde
Apothéose de la famille Pisani vers 1760, musée des beaux-arts, Angers modèle pour la fresque de la villa Pisani à Stra
Le Cheval de Troie tiré dans Troie 1760, National Gallery of Art, Washington
Vierge au chardonneret c.1760, National Gallery of Art, Washington
Jeune femme au perroquet 1760-1761, Ashmolean Museum, Oxford
Le Triomphe d'Hercule 1760-1762, Fondation Bemberg, Toulouse
Apothéose de la famille Pisani 1761-1762, Villa Pisani, Stra
Saint Charles Borromée 1767-1769, Cincinnati Art Museum, Cincinnati
L'Immaculée Conception 1767-1769, huile sur toile, musée du Prado, Madrid
Gloire de l'Espagne 1762-1766salle du Trône, palais royal de Madrid
Apothéose de la monarchie espagnole 1762-1766, antichambre de la Reine, Palacio Real, Madrid
Vénus et Vulcain 1762-1766, salle des hallebardiers, Palacio Real, Madrid
date non précisée
La Fuite en Egypte, chapelle de Sant’Atanasio, église San Zaccaria, Venise

Anecdote

La copie du tableau de Tiepolo, La Vérité dévoilée par le Temps, choisi par Berlusconi lui-même pour la salle de presse de sa présidence du conseil, a été censurée en août 2008 par ses conseillers, en cachant le sein dévoilé et visible de la Vérité.
Un tableau inédit, récemment découvert dans le grenier de l'imposant château du Sundgau, lui a été attribué et dénommé Portrait d'une dame en Flore.

Décors de la résidence, Giambattista Tiepolo Würzburg

Couronnement de sa carrière, les décors que le peintre vénitien Giambattista Tiepolo réalisa pour le palais de Würzburg, en Allemagne, sont caractéristiques de la circulation des artistes dans l'Europe des Lumières. Contacté par un banquier allemand qui résidait à Venise et qui négocia son contrat, Tiepolo partit en 1750 pour l'Allemagne. Les salles du palais que devait décorer l'artiste avaient été achevées en 1742 sous la direction de l'architecte Balthasar Neumann. Un Italien, Antonio Bossi, travaillait à la décoration de stucs depuis 1736, mais très vite il fut décidé que seraient peintes à fresque plusieurs vastes salles. Tiepolo, à peine arrivé, exécuta les esquisses du décor dans la salle impériale (Kaisersaal) : trois scènes de l'histoire allemande au XIIe siècle, notamment le Mariage de Frédéric Barberousse avec Béatrice de Bourgogne (célébré à Würzburg en 1156), peintes en 1751-1752. Le prince-évêque lui commanda alors, ce qui n'était pas prévu à l'origine, l'immense voûte de l'escalier d'honneur sur le thème des quatre parties du monde, pour lequel l'artiste se fit aider par son fils Giandomenico (1752-1753). Tiepolo revint ensuite à Venise, mais en 1761 Charles III d'Espagne l'appelait pour décorer (1764-1766) le nouveau palais royal à Madrid ; le plafond de la salle du Trône (1764) est l'ultime chef-d'œuvre d'un genre et d'un style qui allaient disparaître avec lui.



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[img width=-00]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/archive/3/34/20140706163523!Giovanni_Battista_Tiepolo_-_Allegory_of_the_Planets_and_Continents.jpg[/img]


Posté le : 26/03/2016 17:06

Edité par Loriane sur 27-03-2016 18:49:59
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Re: Défi du jour de Pâques
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Elles avaient trop sonné, bien trop carillonné,
Ces cloches qui rythmaient la vie des gens d’avant,
Mais les temps ont changé, on peut dorénavant
Dérangé par son son, un clocher bâillonné.

Dés lors de guerre lasse, le battant sur la robe
S’est mit au grand repos, un besoin de vacances,
Les hommes n’ayant plus aucune tolérance,
Au moment de tinter la cloche se dérobe.

Elle regrette ce temps ou, sonnant à tout va,
Matines ou Angélus, vêpres ou enterrement,
Elle régissait l’instant de chaque événement,
Allant aux sombres jours, jusqu’à sonner le glas.

C’est pour elle aujourd’hui que le glas a sonné,
Elle s’est tue vaincue par la chose moderne,
Le portable et l’ordi désormais nous gouvernent
Mais plus le carillon, il faut se raisonner.

Rien n’est jamais acquis, et pour s’en persuader,
Je propose ceci : dés demain aux aurores
Chacun des Loréens fera ce geste fort
Aller dans les beffrois, l’interdiction braver

A la volée sonnez, sonnez, sonnez encore !!!
IL nous faut réveiller les vivants qui sommeillent
Sur leurs petits acquis qu’ils conservent en bouteille
Au risque d’en user jamais, jusqu'à la mort.

Agitez le tocsin, au plus fort, au plus haut
Que ce tonnerre de bruit secoue aussi les Dieux,
A défaut d'apparaître qu’ils exaucent ce vœu :
‘’A tous ces fous d'eux-mêmes, qu'ils leurs greffent un cerveau !!!!’’


‘’Qu'il serait doux, le son des cloches, s'il n'y avait, parmi les hommes, tant de mal’’.






Posté le : 26/03/2016 14:47
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Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Défi du jour de Pâques
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Bonjour à toutes et à tous,

Je suis invité depuis ce matin à la réunion de gestion de crise de l'ordre international des cloches de Pâques. Elles ont voté à une grande majorité de ne pas sonner cette année.
Je leur ai demandé une suspension de séance pour trouver de nouveaux arguments pour qu'elles sonnent, malgré le malheur actuel des temps.

Je compte sur mes ami(e)s de l'Orée pour me trouver de nouveaux arguments pour les convaincre de sonner.
S'il vous plait, soyez nombreuses et nombreux à me les proposer en vers, en prose, en sonnets, en émotions, avec les mots que vous voudrez bien faire sonner en vous.

Et que vos mots résonnent de leur sonorité!

Amitiés.

Jacques

Posté le : 26/03/2016 10:53
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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