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Joseph Galliéni
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Le 24 avril 1849 naît Joseph Simon Galliéni

à Saint-Béat dans la Haute-Garonne, mort à 67 ans le 27 mai 1916 à Versailles, militaire et administrateur colonial français. Il exerça une grande partie de son activité dans les opérations de colonisation menées par la France, laissant une empreinte profonde sur l'histoire de la colonisation française, et termina sa carrière pendant la Première Guerre mondiale. Il fut fait maréchal à titre posthume en 1921.
Il a le grade de Général de division pendant ses années de service de 1868 à 1916 pendant les conflits de la Guerre franco-prussienne de 1870, puis pendant la première Guerre mondiale. Il commande le 13e Corps d'Armée, le 14e Corps d'Armée, la Ve Armée. Ses faits d'armes de 1870 sont : Bataille de Bazeilles, en 1914 : Bataille de la Marne. Il reçoit la distinction de Maréchal de France à titre posthume. Ses autres fonctions sont de1914/16 : Gouverneur militaire de Paris, 1915/16 : Ministre de la Guerre, 1886/91 : Commandant supérieur du Soudan français, 1896/05 : Gouverneur général de Madagascar


En bref

Né le 24 avril 1849 à Saint-Béat (Haute-Garonne), fils d'officier, Joseph-Simon Gallieni fit ses études au prytanée militaire de La Flèche, intégra l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1868 et en sortit deux ans plus tard, avec le grade de sous-lieutenant dans l'infanterie de marine, lors de la guerre franco-prussienne. Présent à Bazeilles (31 août-1er sept. 1870), il fit partie de la troupe héroïque qui se sacrifia dans la célèbre « maison des dernières cartouches », immortalisée par le peintre Alphonse de Neuville. Blessé à la tête et fait prisonnier en Allemagne, il eut la satisfaction de ne pas capituler avec l'armée de Sedan.
Après l'armistice (1871), le jeune officier colonial passa trois ans à la Réunion puis au Sénégal, à partir de 1876, où il réussit à imposer le protectorat français à Ahmadou, sultan de Ségou. Capitaine en 1878, puis chef de bataillon en 1882, il put, tout en combattant, affermir ses idées et ses méthodes au contact des réalités quotidiennes. Promu au grade de lieutenant-colonel en 1886, il revint en métropole suivre les cours de la toute nouvelle École de guerre dont il sortit breveté avant de quitter une nouvelle fois la France pour répondre à l'appel de l'Asie. Rejoignant le Tonkin et la garnison de Lang Son, il pacifia méthodiquement cette région alors en pleine ébullition, organisa la frontière de Chine, trouvant déjà auprès de lui le chef d'escadron Lyautey qui racontera dans ses Lettres du Tonkin comment le colonel Gallieni sut l'affranchir de la tyrannie des règlements et l'initier à la lecture de D'Annunzio et de Stuart Mill.
Mais la grande œuvre restait à accomplir : la pacification et l'organisation de Madagascar qui exigeront, neuf années durant, des trésors d'intelligence, d'expérience et de courage. Une double tâche l'attendait alors qu'il venait d'être promu général de brigade en 1896 : réprimer la révolte qui mettait la Grande Île à feu et à sang, puis soumettre les tribus restées indépendantes. Dans un premier temps, il montra sa force et déposa la reine Ranavalona. Puis, la paix établie, il se préoccupa de mettre le pays en valeur : dispensaires et écoles s'organisèrent ; fermes modèles, centres de cultures et d'élevage virent le jour tandis qu'une campagne en faveur du repeuplement battit son plein. « L'occupation militaire est une organisation qui marche », se plaisait-il à répéter, résumant ainsi le système d'administration qu'il mit au point avec cœur et finesse. Pour accomplir cette œuvre, le général Gallieni choisit ses collaborateurs : Lyautey encore, mais aussi Joffre pour fortifier Diégo-Suarez. Une pléiade de jeunes officiers se formèrent à son école et lorsqu'il quitta définitivement Madagascar, en 1905, il avait bien rempli sa délicate mission.
Nommé successivement inspecteur général des troupes coloniales, commandant du 13e puis du 14e corps d'armée, puis gouverneur militaire de Lyon, membre du Conseil supérieur de la guerre, titulaire de la Médaille militaire, cette suprême distinction du soldat, le général Gallieni fut maintenu en activité sans limite d'âge le 24 avril 1914. Désigné comme adjoint et successeur éventuel du général Joffre, commandant en chef, le 31 juillet 1914, il fut nommé gouverneur militaire de Paris par décret présidentiel le 26 août de la même année et gagna sa troisième étoile. Donnant une impulsion vigoureuse et méthodique à l'organisation de défense de la capitale menacée par l'avance ennemie, il signa le 3 septembre son ordre du jour célèbre : « J'ai reçu le mandat de défendre Paris contre l'envahisseur ; ce mandat, je le remplirai jusqu'au bout. » La retraite des troupes françaises se poursuivait toutefois, lorsqu'une reconnaissance aérienne lui apprit que l'aile droite ennemie (von Kluck) se détournait de Paris pour se rabattre sur Meaux. Dans une inspiration stratégique fulgurante, il entrevit tout de suite la manœuvre d'enroulement allemande et celle, française, qu'il fallait lui opposer. Les trois entretiens téléphoniques qu'il eut alors avec Joffre jouèrent un rôle déterminant, car ce dernier adopta finalement le plan qu'il lui proposa. Le 5 septembre, à midi, la VIe armée Maunoury déclencha la bataille de l'Ourcq, préfaçant celle de la Marne qui débuta le lendemain. S'il ne fut pas le « vainqueur de la Marne », il en resta incontestablement l'un des principaux artisans et demeura dans toutes les mémoires le « sauveur de Paris ».
Le 29 octobre 1915, le général Gallieni accepta le portefeuille de la Guerre dans le ministère Briand. Se heurtant vite à l'incompréhension des milieux politiques et à la méfiance de certains milieux militaires, il démissionna le 16 mars 1916. Très éprouvé par trente ans de séjour aux colonies et la mission écrasante qu'il venait d'accomplir, miné également par une certaine amertume, il mourut le 27 mai 1916, à la suite d'une intervention chirurgicale, dans une clinique de Versailles. Tandis que le canon tonnait à Verdun, le peuple parisien salua avec émotion la dépouille de ce grand chef de guerre qui, après la défaite de 1870, avait choisi de répondre à « l'appel » de la France d'outre-mer plutôt qu'à celui de la « ligne bleue » des Vosges.
Administrateur et homme d'action, anticonformiste, respectueux de l'esprit des règlements tout en sachant s'affranchir de leur application littérale, le général Gallieni fut, selon le mot de Joffre, « le type même du soldat complet ». Auteur d'un grand nombre d'ouvrages sur son action coloniale, il sut néanmoins mettre à jour ses connaissances pour s'adapter aux nécessités du combat européen. À l'occasion de ses funérailles nationales, Clemenceau écrira : « Le général Gallieni est l'homme dont la prompte décision nous a donné la bataille de la Marne. Il est le véritable sauveur de Paris. Les funérailles nationales ne sont qu'un commencement de justice. Avec ses conséquences, le reste suivra. L'heure viendra des jugements et la mémoire de Gallieni peut attendre avec tranquillité l'avenir. »
Conformément à ses dernières volontés, il fut inhumé à Saint-Raphaël, auprès de son épouse. Il fut élevé à la dignité de maréchal de France, à titre posthume, le 7 mai 1921. Jérôme Bodin

Sa vie

Il est le fils d'un officier d'infanterie, né en Italie, d'origine lombarde1. Après des études au Prytanée militaire de La Flèche, il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1868. Le 15 juillet 1870, il est nommé sous-lieutenant dans l'infanterie de marine.

Bazeilles 1870

Avec le 3e Régiment d'Infanterie de Marine 3e RIMa, le nouveau promu participe à la guerre franco-allemande de 1870, au cours de laquelle il se bat notamment à Bazeilles, dans les rangs de la brigade Martin des Palières et de la fameuse Division Bleue. Blessé et fait prisonnier le 1er septembre, il est envoyé en captivité en Allemagne et ne rentre en France que le 11 mars 1871.

Séjour à la Réunion 1873-1876

Promu lieutenant au 2e Régiment d'Infanterie de Marine 2e RIMa le 25 avril 1873, il commence sa carrière coloniale à La Réunion, où il passe trois ans.

Expéditions en Afrique noire 1876-1882

Le 11 décembre 1876, il obtient son envoi aux tirailleurs sénégalais et s'embarque le 20 pour Dakar, seuil de l'Afrique noire, où il prend part à diverses expéditions militaires et explorations. Il est promu capitaine en 1878.
Le 30 janvier 1880 il va en bateau de Saint-Louis et Richard-Toll (environ 100 km) sur le fleuve Sénégal. Le 29 mars, il arrive à Bafoulabé, au Mali, où il conclut un traité avec les chefs locaux et établit un protectorat de la France. En 1881, au Niger, il négocie avec le Sultan Ahmadou le traité de Nango accordant à la France le commerce du Haut-Niger.

Commandant supérieur du Soudan français 1886-1888

Le commandant Joseph Gallieni. Mission d'exploration dans le Haut Niger 1880-1881.
Le lieutenant-colonel Gallieni et son état-major pendant la campagne 1887-1888 au Soudan français
Après un séjour en Martinique, de 1883 à 1886, il est nommé lieutenant-colonel, et reçoit, six mois plus tard, le 20 décembre, le commandement supérieur du Haut-Fleuve Sénégal aujourd'hui le Mali, territoire militaire au sein de la colonie du Sénégal. Il y obtient des succès aux dépens d'Ahmadou 1887 et fait consentir Samori à un traité abandonnant, entre autres, la rive gauche du Niger, après une grande défaite dans la ville de Siguiri en Guinée, où il bâtit un fort, le fort Gallieni, qui abrite un cimetière ou sont enterrés des spahis et des Français. Au cours de ce commandement, il réprime durement une insurrection des autochtones. Il quitte le Sénégal en avril 1888 et son successeur sera le chef de bataillon Louis Archinard, nommé à compter du 10 mai 1888 et qui arrivera à Kayes le 28 octobre 1888.

Mission en Indochine 1892-1896

Gallieni et la commission d'abornement de la frontière entre Tonkin et Kwang-Si,1894
De retour en France, il est promu colonel le 11 mars 1891, chef d'état-major du corps d'armée de la Marine et breveté d'état-major avec la mention très bien. De 1892 à 1896 il est envoyé au Tonkin Indochine, où il commande le 3e régiment de tirailleurs tonkinois le 11 octobre 1892 puis la première brigade le 15 novembre 1892 avant la seconde division militaire du territoire. Il lutte contre les pirates chinois puis consolide la présence française en organisant l'administration du pays. Son principal collaborateur est alors le commandant Lyautey. C'est à cette époque qu'il élabore les prémices de ce qui est convenu d'appeler sa doctrine coloniale, tels que la tache d'huile, et la politique des races, raffinement de la politique du diviser pour régner. Il s'exprime en outre avec une brutale franchise sur la méthode à suivre pour affermir les conquêtes coloniales :
Frapper à la tête et rassurer la masse égarée par des conseils perfides et des affirmations calomnieuses, tout le secret d’une pacification est dans ces deux termes. En somme, toute action politique dans la colonie doit consister à discerner et mettre à profit les éléments locaux utilisables, à neutraliser et détruire les éléments locaux non utilisables.
— Joseph Gallieni, cité dans Alain Ruscio, « Le crédo de l’homme blanc », Éditions Complexe, Bruxelles, 2002, p. 250-251.

Gouverneur général de Madagascar 1896-1905

Promu général de brigade, il est envoyé en 1896 à Madagascar en tant que résident général. Il arrive à Tananarive le 15 septembre. À la méthode diplomatique de son prédécesseur, le général M. Laroche, il préfère la méthode forte pour endiguer la montée de la résistance anti-coloniale. Il instaure le travail forcé des indigènes. La cour royale, foyer de résistance contre la France, est placée sous surveillance.
Le 11 octobre 1896, lendemain du départ de l'ancien résident général Laroche, Gallieni, qui jouit des pleins pouvoirs, fait arrêter le prince Ratsimamanga et Rainandriamampandry, ministre de l'Intérieur, et les traduit devant le Conseil de guerre pour rébellion et "fahavalisme". Le 15 octobre, à l'issue d'une parodie de procès4, ils sont condamnés à mort et exécutés à titre d'exemple, souhaitant faire "forte impression sur les indigènes". Un des membres du Conseil de guerre devait confirmer par la suite que les deux accusés avaient été "condamnés sur ordre" de Gallieni. Ce dernier détruit le procès-verbal de l'audience plutôt que de le transmettre aux archives militaires.
La reine, Ranavalona III est accusée de comploter contre l'influence française, elle est déchue le 27 février 1897 et exilée à l'île de la Réunion. En huit ans de proconsulat, Gallieni pacifie la grande île, procédant à sa colonisation. Au total, la répression qu'il mène contre la résistance malgache à la colonisation aurait fait de 100 000 à 700 000 morts pour une population de 3 millions.
Pacification de Madagascar. Exécution d'officiels malgaches par ordre de Gallieni, résident général.
Selon le général Gallieni, l'action militaire devait être accompagnée d'une aide aux peuples colonisés dans différents domaines tels que l'administration, l'économie et l'enseignement. Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu'une parfaite connaissance du pays et de ses langues. Sous l'impulsion de Gallieni, de nombreuses infrastructures sont mises en place : chemin de fer de Tamatave à Tananarive, Institut Pasteur, écoles laïques dispensant un enseignement en français.
Il fit appliquer la politique dite de politique des races, qui consistait dans la reconnaissance de l'identité de chaque groupe ethnique et la fin de leur subordination à un autre groupe ethnique, ceci avant tout pour mettre fin à la domination merina séculaire, les Merinas étant les plus hostiles à la domination française. En s'appuyant sur les thèses anthropologiques racialistes de l'époque, telles que celles développées par Joseph Arthur de Gobineau, après un recensement systématique de la population utilisant la photographie, il tente de découper les circonscriptions administratives en suivant cette cartographie des races.

Fin de carrière : la Première Guerre mondiale 1905-1916

Gallieni, gouverneur militaire de Paris.
Le 9 août 1899, il est promu général de division. À son retour définitif en France, en 1905, il a encore dix années devant lui avant la retraite. Il les consacre à préparer « la Revanche ». Gouverneur militaire de Lyon et commandant du 14e corps d'armée dès son retour, grand-croix de la Légion d'honneur le 6 novembre 1905, il est appelé au Conseil supérieur de la guerre le 7 août 1908 et reçoit également la présidence du Comité consultatif de défense des colonies. Pressenti pour devenir commandant en chef de l'Armée française en 1911, il décline l'offre pour la laisser à Joseph Joffre, en prétextant son âge et sa santé.
Il prend sa retraite en avril 1914, mais il est rappelé en août après le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le 26 août 1914, il est nommé gouverneur militaire de Paris par Adolphe Messimy, ministre de la Guerre, pour assurer la défense de la capitale. Alors que les Allemands approchent et que le gouvernement part pour Bordeaux en catastrophe, Gallieni met la ville en état de défense, rassure les Parisiens par une proclamation et contribue à la victoire de la Marne, en septembre 1914, grâce, notamment, aux troupes qu’il envoie en renfort, après avoir réquisitionné les taxis parisiens, à la 6e armée du général Maunoury qui se trouve sur l'Ourcq : la bataille de l'Ourcq a permis la victoire de la Marne.
Joffre, inquiet de l'influence et de la réputation de Gallieni, le marginalise un peu. Il l'éloigne du quartier-général, bien que l'on considère que c'est l'initiative de Gallieni, dont les taxis de la Marne sont un symbole, qui a sauvé en grande partie la situation.
Le 29 octobre 1915, il est nommé ministre de la Guerre du 5e gouvernement d'Aristide Briand. Il entre en conflit avec Joffre et évoque publiquement les erreurs commises à Verdun. Pourtant Briand ne le suit pas et il doit démissionner le 10 mars 1916 restant sur son poste jusqu'au 16 mars. Ayant des problèmes de santé, notamment un cancer de la prostate, il meurt le 27 mai 1916 des suites de deux interventions chirurgicales dans une clinique de Versailles. Après des funérailles nationales, et conformément à ses dernières volontés, il est inhumé auprès de son épouse dans le cimetière de Saint-Raphaël.
Il est élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume le 7 mai 1921. La promotion de l'École militaire de Saint-Cyr de 1927 et l'avenue traversant l'esplanade des Invalides porte son nom.

Gallieni et la contre-insurrection

Joseph Gallieni et son disciple Hubert Lyautey ont joué un rôle important dans l'usage et le raffinement des méthodes du général Bugeaud. À son arrivée à Madagascar en 1896, Gallieni change de façon énergique la doctrine et l'emploi de ses forces. La première préoccupation de ses troupes est d'abord de ramener le calme et la confiance au sein de la population. Gallieni ordonne une démonstration de force dans toutes les directions et à toute heure, pour donner aux habitants une idée réelle de notre force militaire et être capable de leur donner confiance en notre protection. » « La méthode la plus féconde est celle de la tache d'huile, qui consiste à gagner progressivement du terrain en avant seulement après avoir organisé et administré l'arrière. » Cette méthode trouve un écho direct dans la future doctrine de contre-insurrection de David Galula.
« On assimile la guerre coloniale à la guerre d'Europe, dans laquelle le but à atteindre réside dans la ruine des forces principales de l'adversaire. Aux colonies, il faut ménager le pays et ses habitants, puisque celui-là est destiné à recevoir nos entreprises de colonisation futures et que ceux-ci seront nos principaux agents et collaborateurs pour mener à bien ces entreprises. »
— Joseph Gallieni, Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar, Paris, Charles-Lavauzelle, 1900.
Gallieni expose sa méthode dans son Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar 1900. Hubert Lyautey consigne la méthode de Gallieni dans son article intitulé « Du rôle colonial de l'armée » 1900 :
« Le meilleur moyen pour arriver à la pacification dans notre nouvelle colonie est d'employer l'action combinée de la force et de la politique. Il faut nous rappeler que dans les luttes coloniales nous ne devons détruire qu'à la dernière extrêmité, et, dans ce cas encore, ne détruire que pour mieux bâtir. Toujours nous devons ménager le pays et les habitants, puisque celui-là est destiné à recevoir nos entreprises de colonisation future et que ceux-ci seront nos principaux agents et collaborateurs pour mener à bien nos entreprises. Chaque fois que les incidents de guerre obligent l'un de nos officiers coloniaux à agir contre un village ou un centre habité, il ne doit pas perdre de vue que son premier soin, la soumission des habitants obtenue, sera de reconstruire le village, d'y créer un marché, d'y établir une école. C'est de l'action combinée de la politique et de la force que doit résulter la pacification du pays et l'organisation à lui donner plus tard. »
— Joseph Gallieni, cité par Hubert Lyautey, Du rôle colonial de l'armée », Paris, A. Colin, 1900, p. 16-17.

Citations

Lorsque le 26 août 1914, le général Gallieni est nommé gouverneur militaire de Paris pour assurer la défense de la capitale, il rassure les Parisiens par ces mots : J'ai reçu le mandat de défendre Paris contre l'envahisseur ; ce mandat je le remplirai jusqu'au bout.
Lors de ses funérailles nationales, Georges Clemenceau écrira : Le général Gallieni est l'homme dont la prompte décision nous a donné la bataille de la Marne. Il est le véritable sauveur de Paris. Les funérailles nationales ne sont qu'un commencement de justice. Avec ses conséquences, le reste suivra. L'heure viendra des jugements et la mémoire de Gallieni peut attendre avec tranquillité l'avenir.

Personnalité

Républicain sans faille, Gallieni n'a cependant aucune sympathie pour un régime parlementaire qu'il considère comme inadapté aux périodes difficiles comme la guerre. Sans attirance pour le nationalisme, il intègre totalement un patriotisme républicain qui lui permet d'étendre l'influence française dans le monde. Il parle quatre ou cinq langues couramment, et s'intéresse à l'histoire et à la philosophie. Apparemment modeste, il est silencieux et volontairement effacé, voire taciturne.

Ethnologie

Durant ses nombreux voyages il récolta de nombreuses pièces d'ethnologie dont il fit don au Muséum de Toulouse.
Chapeau de Berger du Soudan français MHNT
Sabre du Soudan français MHNT
Giberne Soudan français MHN
Bracelets de cheville. Culture Dan MHNT
Herminette Sénégal MHNT
Paire de sandale Sakalava exp

Lieux et voiries portant le nom de Gallieni

À Paris : l'avenue du Maréchal-Gallieni traverse l'esplanade des Invalides
À Bagnolet, aux portes de Paris : l'avenue Gallieni
À Bagnolet, aux portes de Paris : la station de métro Gallieni, nommée ainsi de par sa proximité avec l'avenue Gallieni
À Bagnolet, aux portes de Paris : la gare routière internationale de Paris-Gallieni, nommée ainsi de par sa proximité avec l'avenue Gallieni
À Lyon, pont Gallieni
À Tamatave Madagascar, une caserne de la Gendarmerie nationale porte également son nom : le camp Gallieni.

Ouvrages


Voyage au Soudan Français, 1879-1881, Paris, Hachette, 1885
Deux campagnes au Soudan français, 1886-1888, Paris, Hachette, 1891
Trois colonnes au Tonkin, 1894-1895, 1899
Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar, 1896-1899, Paris, Charles-Lavauzelle, 1900
Madagascar de 1896 à 1905, Tananarive : Impr. officielle, 1905, 2 vol.
Neuf ans à Madagascar,
Mémoires du Général Gallieni - Défense de Paris 25 Août - 11 Septembre 1914, Paris, Payot et Cie, 1920
Les Carnets de Gallieni, publiés par son fils Gaëtan Gallieni, avec des notes de Pierre Bathélémy Gheusi, Paris, Albin Michel, 1932


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Posté le : 23/04/2016 17:54
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Anthony Trollope
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Le 24 avril 1815 naît Anthony Trollope

à Londres, mort, à 67 ans le 6 décembre 1882 l'un des romanciers britanniques les plus célèbres, les plus respectés et les plus prolifiques de l'époque victorienne. Parmi les écrits de Trollope, on distingue les Chroniques du Barsetshire, qui tournent autour du comté imaginaire de Barsetshire, et des romans sur des sujets politiques, sociaux et sentimentaux, et aussi sur les conflits de son époque.
Trollope a toujours été un romancier populaire. Sir Alec Guinness qui ne voyage jamais sans un roman de A.Trollope, le premier Ministre britannique John Major, l'économiste John Kenneth Galbraith, l'écrivain américain de romans policiers Sue Grafton et l'écrivain Harding Lemay peuvent être comptés au nombre des admirateurs de Trollope. Sa réputation littéraire décline quelque peu pendant les dernières années de sa vie, mais il regagne l'estime des critiques vers le milieu du XXe siècle. romancier, nouvelliste, essayiste, biographie, auteur de langue anglaise dans les genres : roman, nouvelle, essai, biographie, récit de voyage, autobiographie. Son Œuvre principale est : Les Chroniques du Barsetshire de 1855 à 1867


En bref

Romancier anglais né le 24 avril 1815 à Londres. Longtemps après sa mort, ses succès d'écrivain ont fait écran à la véritable nature de ses mérites littéraires. Plusieurs de ses livres se déroulent dans le comté imaginaire de Barsetshire et demeurent ses œuvres les plus populaires, mais il écrivit également d'excellentes fictions sur la vie politique, ainsi que des textes qui témoignent d'un talent remarquable pour l'observation psychologique. Il se distingua particulièrement dans la peinture solidement charpentée qu'il sut brosser de l'Angleterre victorienne, réinventée avec une force peu commune.
Trollope était le fils d'un érudit, juriste à ses heures et hobereau désargenté. Sa scolarité dans les public schools de Winchester et de Harrow ne fut pas des plus heureuses. Les tourments de l'adolescence le poursuivirent bien au-delà de ses vingt ans. Petit employé au General Post Office de Londres, de 1834 à 1841, il obtient une promotion qui l'emmène en Irlande, où il commence à goûter les plaisirs d'une vie sociale. En 1844, il épouse Rose Heseltine, une Anglaise, et s'installe à Clonmel, comté de Tipperary. Il entame alors une carrière littéraire féconde, qui frappe par sa richesse et sa diversité.
Le Pasteur 1855 fut sa première œuvre à être remarquée. Il y dresse le portrait saisissant d'un bedeau au service de vieilles personnes qui se voit accusé de tirer trop grand profit de sa besogne charitable. Durant les douze années qui suivirent, Trollope produisit pas moins de cinq livres, tous situés, comme Le Pasteur, dans le Barsetshire : Les Tours de Barchester 1857, Le Docteur Thorne 1858, La Cure de Framley (1861), The Small House at Allington 1864 et La Dernière Chronique de Barset en feuilleton, de 1866 à 1867, puis livre publié en 1867. Les Tours de Barchester se singularisent par leur drôlerie. Le Docteur Thorne est sans doute la meilleure fresque d'un système social fondé sur la naissance et la richesse foncière, tandis que La Dernière Chronique, qui retrace les souffrances de M. Crawley, pauvre vicaire d'une misérable paroisse, est son livre le plus pathétique.
Les romans du cycle de Barsetshire regorgent de personnages hauts en couleur et dépeignent parfaitement la geste dévote de l'aristocratie terrienne.
En 1859, Trollope rentra à Londres. En 1868, un an après avoir démissionné de ses fonctions dans le service public, il se présenta comme candidat libéral au Parlement ; sans succès. Dans l'intervalle, il avait trouvé le temps d'écrire dix-huit romans en dehors du cycle de Barsetshire. Il travaillait principalement avant l'heure du petit déjeuner, au rythme immuable de mille mots par heure. Parmi les œuvres de cette période se dégagent Orley Farm en feuilleton 1861-1862 ; puis 1862, qui illustre l'intrigue classique du testament contesté, et Peut-on lui pardonner ? en feuilleton, 1864-1865 ; puis 1865, son premier roman à caractère politique où apparaît le personnage de Plantagenet Palliser, appelé à devenir duc d'Omnium et dont la saga allait s'étendre sur plusieurs volumes, jusqu'à The Duke's Children en feuilleton, 1879-1880 ; puis 1880, une analyse subtile des déconvenues du mariage. Dans ses romans politiques, Trollope se montre moins intéressé par les idées que par le fonctionnement du système, la mécanique du pouvoir.
Vers 1869 s'ouvre la dernière période créatrice du romancier, à bien des égards la plus intéressante. On peut trouver des indices de ce nouveau style dans la narration lente de He Knew He Was Right en feuilleton, 1868-1869 ; puis 1869, récit subtil de la jalousie obsessionnelle d'un homme riche envers sa femme innocente. Dans une veine purement psychologique, citons Sir Harry Hotspur of Humblethwaite en feuilleton, 1870 ; puis 1871. D'autres ouvrages plus tardifs, en revanche, sont franchement satiriques : Les Diamants Eustace en feuilleton, 1871-1873 ; puis 1873, une étude de l'influence de l'argent sur les rapports entre les sexes ; The Way We Live Now (en feuilleton, 1874-1875 ; puis 1875 pour son remarquable personnage d'anti-héros, le financier Melmotte ; et Mr. Sarborough's Family publication posthume, 1883 qui montre ce qui peut advenir lorsque le tempérament nihiliste d'un homme prend le pas sur ses droits de propriétaire.
Les dernières années de sa vie, Trollope les passa en reclus dans un petit village du Sussex, confronté à la désaffection du public, une santé déclinante et l'enfoncement dans la mélancolie. Il s'éteignit à Londres, le 6 décembre 1882, après avoir subi une attaque de paralysie.

Sa vie

Le père d'Anthony Trollope, Thomas Anthony Trollope, est barrister avocat plaidant. Thomas Trollope, homme pourtant intelligent et ayant reçu une excellente éducation, en particulier au New College d'Oxford, ne réussit pas au barreau, sans doute en raison de son caractère colérique. De plus, il monte une entreprise agricole qui lui fait perdre de l'argent, et l'héritage qu'il attend d'un vieil oncle lui échappe quand, contre toute attente, ce monsieur se marie et a des enfants. Néanmoins, il vient de la bonne société et est lié à l'aristocratie des propriétaires terriens gentry. À ce titre, il tient à ce que ses fils soient éduqués en gentlemen et fréquentent l'université d'Oxford ou l'université de Cambridge. Le contraste existant entre l'extraction sociale de la famille et sa pauvreté est une source de souffrance pour le jeune Anthony, qui ne peut, par manque d'argent, accéder aux occupations et aux divertissements auxquels il aspire.
Né à Londres, Anthony étudie à la Public School de Harrow, Harrow School, en qualité d'externe pendant trois ans à partir de sa septième année, établissement choisi pour son excellence et aussi sa proximité, la ferme paternelle se trouvant dans le voisinage. Après quelque temps passé dans une autre école privée, il suit son père et deux de ses grands frères à Winchester, Winchester College, où il reste trois ans. Il retourne ensuite à Harrow en qualité d'externe afin de réduire les frais de scolarité. Trollope est plutôt malheureux dans ces deux prestigieux établissements, où il souffre de la brutalité des anciens et de ses pairs, de son manque d'argent chronique et aussi, les deux étant sans doute liés, de la solitude car il ne peut s'y faire aucun ami. Il se réfugie dans le monde de l'imagination et construit des univers complexes qui sont vraisemblablement à l'origine de sa vocation littéraire.
En 1827, sa mère, Frances Trollope, déménage aux États-Unis avec trois des frères d'Anthony ; elle ouvre un bazar à Cincinnati, qui fait faillite. Thomas Trollope les rejoint brièvement avant de retourner à la ferme de Harrow, mais Anthony, lui, reste en Angleterre. Sa mère revient en 1831 et se fait rapidement un nom en tant qu'écrivain, ce qui lui donne une réelle aisance financière. L'affaire du père périclite rapidement au point que ce dernier doit, en 1834, s'enfuir précipitamment pour la Belgique afin d'éviter la prison pour dettes. La famille tout entière emménage dans une maison près de Bruges, où elle vit grâce à l'argent que Frances gagne avec ses livres. En 1835, Thomas Trollope meurt.
Alors qu'il vit en Belgique, Anthony travaille comme professeur assistant dans une école, où il suit des cours de français et d'allemand en vue d'obtenir un poste d'officier dans un régiment de cavalerie autrichien, poste qu'il occupe pendant six semaines. Puis il est recruté comme fonctionnaire des Postes de Sa Majesté, grâce à l'entremise d'une relation de sa mère. Il retourne donc à Londres où il vit seul, ses nouvelles fonctions lui apportant la respectabilité qu'il recherche mais des revenus très modestes.

En Irlande

Trollope vit dans diverses pensions de famille, restant à l'écart de toute vie sociale ; il qualifiera plus tard cette période comme ayant été son "hobbledehoyhood", jeu de mots qu'on pourrait traduire par sa période grand dadais, référence, sans doute, à sa gaucherie physique naturelle et aussi à sa précarité sociale. Professionnellement, en effet, il ne progresse guère, mais tout change en 1841 lorsque l'administration des Postes le nomme en Irlande. En 1844, il épouse une Anglaise, Rose Heseltine, avec laquelle il s'installe dans ce pays où ils vivent jusqu'en 1859. Sur son séjour, alors qu'il a connu au plus près la désastreuse famine qui a décimé la population, Trollope ne fait, dans son Autobiographie Autobiography, qu'un commentaire plutôt laconique :
Somme toute, ce fut une vie très agréable que je menais en Irlande. Les Irlandais ne m'ont ni tué ni fracassé la tête. Je les ai trouvés agréables de caractère et intelligents - le peuple y est beaucoup plus intelligent qu'en Angleterre -, et en plus, ils sont économes et hospitaliers.
Son travail d'Inspecteur des Postes lui fait rencontrer beaucoup d'Irlandais. Trollope se met à écrire lors des longs trajets en train qu'il doit effectuer pour son travail et qui le mènent d'un bout à l'autre de l'Irlande. Dès le départ, il s'est fixé des règles très strictes concernant le nombre de pages à écrire chaque matin, rattrapant le lendemain ce qu'il n'a pas accompli la veille. Cette discipline, à laquelle il ne faillit jamais, lui permet de devenir l'un des écrivains les plus prolifiques de tous les temps. Ses premiers romans sont inspirés par la boite dite des « lettres mortes dead letters, dans laquelle il pioche lorsqu'il en éprouve le besoin. Là se trouvent les lettres non-distribuées pour cause de décès ou d'adresse incorrecte. Beaucoup de ses premiers romans ont l'Irlande pour cadre, ce qui, pour d'évidentes raisons politiques, lui vaut un accueil plutôt distant et réservé de la part de la critique.

Retour en Angleterre

Boîte aux lettres
Au milieu des années 1860, Trollope est élevé à un grade important dans la hiérarchie des Postes. L'histoire de cette administration lui attribue l'introduction de la pillar box, l'omniprésente boîte à lettres rouge qu'on trouvait partout au Royaume-Uni. C'est l'époque où ses romans commencent à lui rapporter des sommes importantes. De plus, il a plus ou moins surmonté sa gaucherie naturelle, bien qu'il se décrit toujours cf. son Autobiographie comme de grande taille, plutôt massif et lourd. Dès lors, Trollope fréquentent les cercles où ils rencontrent certains grands noms de la littérature. De plus, Il dispose des moyens lui permettant de s'adonner à sa passion pour les chevaux et, en particulier, pour la chasse à courre fox hunting.
Il quitte l'Administration des Postes en 1867 pour faire campagne sous l'égide du Parti Libéral lors des élections générales de 1868, Parlement parti libéral. Comme il n'est pas élu député MP Member of Parliament de sa circonscription, il consacre le reste de sa vie à sa carrière littéraire. Les romans se succèdent rapidement et plusieurs sont publiés en feuilletons instalments dans le St Paul's Magazine dont il est devenu l'éditeur.
Son premier grand succès est The Warden 1855, petit chef-d'œuvre dont l'action se déroule dans le comté fictif du "Barsetshire". Ce roman, qui a pour héros malheureux un membre du bas clergé, est suivi de nombreux autres exploitant la même veine. Cette série constitue ce qu'on appelle les Chroniques du Barsetshire. La satire comique de Barchester Towers 1857 vaut peut-être à ce roman de figurer parmi les plus populaires de Trollope.
L'autre série majeure, les Romans de Palliser, traitent de sujets politiques, avec, comme protagonistes principaux, le riche aristocrate Plantagenet Palliser et sa femme Lady Glencora, délicieusement spontanée et encore plus riche que lui. Tout au long des deux séries, les protagonistes reviennent sur la scène, entourés de certains personnages déjà rencontrés et aussi de nombreux autres qui y commencent une carrière fictive, parfois poursuivie et parfois interrompue selon les besoins de l'intrigue.
La popularité de Trollope et son succès critique pâlissent dans les dernières années de sa vie, mais il continue d'écrire avec la même verve. Son œuvre satirique Quelle époque ! The Way We Live Now, 1875 est considérée comme son chef-d'œuvre. En tout, Trollope a écrit quarante-sept romans, ainsi que des douzaines de nouvelles et quelques livres de voyage.
Anthony Trollope meurt à Londres en 1882. Il est inhumé au Kensal Green Cemetery, près de son contemporain Wilkie Collins.

Réputation

Un an après sa mort, parait l'autobiographie Autobiography de Trollope. La critique s'est toujours étonnée de l'abondance de la production littéraire de cet écrivain qui enchaîne les romans l'un après l'autre. On admire, comme on le fait de Charles Dickens, le génie créateur, source intarissable de longs récits touffus à l'intrigue palpitante, aux personnages fouillés, aux dialogues étincelants. Mais voilà que l'autobiographie étale au grand jour des méthodes d'écriture peu ordinaires. Apprendre d'un coup que ces belles pages ont été comptabilisées matin après matin, écrites non pas sous l'emprise d'une divine inspiration mais avec la régularité métronomique d'un commis aux écritures, cela ne correspond plus au portrait idéalisé qu'on s'est fait. Trollope change de stature et devient une sorte de rond de cuir des lettres. Pis, il ne fait nul mystère du fait qu'il n'écrit pas par plaisir mais pour gagner de l'argent, beaucoup d'argent. Chaque livre publié représente un capital minutieusement répertorié en livres sonnantes et trébuchantes, et les bilans, avec actif et passif dûment retranscrits au farthing près un farthing valait un quart de penny, chagrinent les professionnels des lettres et, dans une certaine mesure, découragent le public des abonnés. Bref, les illusions se sont envolées et Trollope est passé de mode. Il sait tout cela, avant et par delà son Autobiography, persuadé qu'il est que toute écriture, même de fiction, révèle ipso facto l'auteur qui la produit. Dans sa Vie de Cicéron Life of Cicero, il écrit :
The man of letters is, in truth, ever writing his own biography. What there is in his mind, is being declared to the world at large by himself. And if he can write that the world at large shall care to read what is written, no other memoir will perhaps be necessary.
Quant à lui, Henry James a exprimé des opinions partagées sur Anthony Trollope. De The Belton Estate, il écrit que c'est « un livre stupide, vide de toute réflexion ou d'idée, ... une sorte de "pabulum"2 mental." » Il ajoute qu'il n'en aime pas la méthode narrative ; les interpolations joyeuses du narrateur montrant à l'envi comment l'histoire peut prendre n'importe quelle direction selon la fantaisie de son auteur, nuisent, selon lui, à l'intégrité de l'artiste . Cela dit, il apprécie « l'attention méticuleuse au détail » et, dans un essai publié peu après le décès de Trollope, il lui rend un hommage d'autant plus remarquable que James, dans ses Préfaces et dans son œuvre, présente une forme de roman aux antipodes de celle de l'auteur victorien :
Son grand, son incontestable mérite, c'est une totale compréhension du routinier... Trollope sentait en même temps qu'il la voyait, la multiplicité du quotidien et de l'immédiateté ; il la sentait d'une façon simple, directe et salubre, avec sa tristesse, ses joies, son charme, son côté comique .... Il restera l'un des plus sûrs, bien que n'étant pas le plus éloquent, des écrivains qui ont aidé le cœur de l'homme à se connaître lui-même... Chanceuse est la race qui, comme celle de l'Angleterre, possède le sens de l'imaginaire dont a fait preuve Trollope.
Il n'en reste pas moins que le postier des lettres anglaises a pu avoir quelque influence sur lui ; son traitement des tensions familiales, par exemple, notamment entre pères et filles, trouve son écho dans certains romans de James. Ainsi, Alice Vavasor et son égoïste de père, dans Peut-on lui pardonner ? Can You Forgive Her ?, premier roman de la série Palliser, semble préfigurer Kate Croy et l'insupportable Lionel de Les Ailes de la colombe The Wings of the Dove.
Des écrivains comme William Makepeace Thackeray, George Eliot et Wilkie Collins admirent Trollope dont ils sont l'ami. George Eliot note même qu'elle n'aurait jamais pu entreprendre un projet aussi ambitieux que Middlemarch sans l'existence du comté imaginaire de Barsetshire qu'il a créé.
Alors que le roman s'oriente de plus en plus vers la subjectivité et l'expérimentation artistique, la réputation critique de Trollope se ternit peu à peu. Au cours des années 1940, ses admirateurs, car il en reste, s'efforcent de la redorer, si bien que Trollope connait un regain d'intérêt dans les années 1960 et aussi 1990. Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des grands romanciers victoriens et on accorde particulièrement d'attention aux portraits de femme qu'il a créés. Déjà, de son vivant, on avait remarqué et parfois apprécié sa clairvoyance à l'égard de la condition féminine.
Une Trollope Society existe au Royaume-Uni, 9 A North Street, London SW4, tout comme aux États-Unis.

Adaptations de œuvres de Trollope à la télévision

La BBC a réalisé plusieurs séries fondées sur les œuvres d'Anthony Trollope :
The Pallisers, une adaptation en 26 épisodes des six Romans de Palliser, diffusée pour la première fois en 1974. L'adaptation fut réalisée par Simon Raven ; la distribution comprenait Philip Latham dans le rôle de Plantagenet Palliser et Susan Hampshire dans le rôle de Lady Glencora.
The Barchester Chronicles, une adaptation en 1982, en 7 épisodes des deux premiers romans du Barsetshire, The Warden et Barchester Towers. Adapté par Alan Plater , la distribution comprenait Donald Pleasence dans le rôle du Révérend Septimus Harding, Nigel Hawthorne dans le rôle de l'Archidiacre Grantly, Alan Rickman dans le rôle du Révérend Obadiah Slope, et Geraldine McEwan et Susan Hampshire coffret double vidéo, BBCV4658, 355 minutes.
The Way We Live Now, une adaptation en 4 épisodes du roman du même nom ; il fut adapté par Andrew Davies, et joué par David Suchet dans le rôle de Auguste Melmotte et Matthew Macfadyen dans le rôle de Sir Felix Carbury.
He Knew He Was Right diffusé entre le 18 avril et le 9 mai 2004 sur BBC One en 4 épisodes de 60 minutes. Produit par BBC Wales, et adapté par Andrew Davies, sa distribution comprenait entre autres, Bill Nighy, Laura Fraser, David Tennant, et Geoffrey Palmer.
Aux États-Unis, PBS a diffusé les quatre séries : The Pallisers seul, et The Barchester Chronicles, The Way We Live Now, et He Knew He Was Right comme partie du Masterpiece Theater.

Adaptations de œuvres de Trollope à la radio

La BBC commanda une adaptation radiophonique en quatre parties de The Small House at Allington, le cinquième roman des Chroniques du Barsetshire, qu'elle diffusa en 1993. Les auditeurs réagirent si favorablement que la BBC adapta les cinq autres romans de la série et BBC Radio 4 diffusa la série entière entre décembre 1995 et mars 1998. Dans cette adaptation, Stephen Moore acteur jouait le rôle de l'Archidiacre Grantlly.
BBC Radio 4 diffusa une adaptation radiophonique en plusieurs épisodes de The Kellys and the O'Kellys, avec Derek Jacobi, entre le 21 novembre 1982 et le 2 janvier 1983.
BBC Radio 4 diffusa The Pallisers, une nouvelle adaptation en douze parties des Romans de Palliser, de janvier à avril 2004, dans l'espace de diffusion Classic Serial du week-end.

Å’uvres

Les titres indiqués sont les titres originaux accompagnés du titre de la traduction française s'il en existe une.

Romans Les Chroniques du Barsetshire

The Warden 1855
Publié en français sous le titre Le Directeur, traduit par J. Staquet, Bruxelles, Éditions la Boétie, 1946 ; nouvelle édition sous le titre La Sinécure, traduit par Louis Rocher, Paris, Nouvelles Éditions latines, coll. Les Maîtres étrangers, 1947 ; réédition dans une nouvelle traduction de Richard Crevier sous le titre Le Directeur, Paris, Aubier, coll. Domaine anglais, 1992
Barchester Towers 1857
Publié en français sous le titre Les Tours de Barchester, traduit par L. Martel, Paris, Hachette, 1885 ; réédition dans une nouvelle traduction de Christian Bérubé, Paris, Fayard, 1991
Doctor Thorne 1858
Publié en français sous le titre Le Docteur Thorne, Paris, Revue britannique, 1864 ; réédition sous le même titre dans une nouvelle traduction d'Alain Jumeau, Paris, Fayard, 2012 ; réédition en format poche, Paris, Points no 3276, 2014
Framley Parsonage 1861
Publié en français sous le titre La Cure de Framley, traduit préfacé et annoté par Alain Jumeau, Paris, Fayard, 2015
The Small House at Allington 1864
The Last Chronicle of Barset 1867

Série Palliser

Can You Forgive Her? 1864
Publié en français sous le titre Peut-on lui pardonner ?, traduit par Claudine Richetin, Paris, Albin Michel, coll. Les Grandes Traductions, 1998
Phineas Finn 1869
Publié en français sous le titre Phinéas Finn, traduit par Guillaume Villeneuve, Paris, Albin Michel, coll. Les Grandes Traductions, 1992
The Eustace Diamonds 1873
Publié en français sous le titre Les Diamants Eustace, traduit par Denise Getzler, Paris, Albin Michel, coll. Les Grandes Traductions, 1992
Phineas Redux 1874
Publié en français sous le titre Les Antichambres de Westminster, traduit par Françoise Du Sorbier, Paris, Albin Michel, coll. Les Grandes Traductions, 1994
The Prime Minister 1876
Publié en français sous le titre Le Premier Ministre, traduit par Guillaume Villeneuve, Paris, Albin Michel, coll. Les Grandes Traductions, 1995
The Duke's Children 1879
Publié en français sus le titre Les Enfants du duc, traduit par Alain Jumeau, Paris, Fayard, 2013

Autres romans

The Macdermots of Ballycloran 1847
The Kellys and the O'Kellys 1848
La Vendée: An Historical Romance 1850
Publié en français sous le titre Vendée, traduit par Béatrice Vierne, Monaco, Éditions du Rocher, 1997
The Three Clerks 1858
Publié en français sous le titre Les Bertram, Paris, Charpentier, 1866
The Bertrams 1859
Castle Richmond 1860
Orley Farm 1862
The Struggles of Brown, Jones, and Robinson 1862
Rachel Ray 1863
Publié en français sous le titre Rachel Ray, traduit par L. Martel, Paris, Hachette, 1889 ; réédition dans la même traduction révisée et complétée par Laurent Bury, Paris, Éditions Autrement, 2011
Miss Mackenzie 1865
Publié en français sous le titre Miss Mackenzie, traduit par Laurent Bury, Paris, Éditions Autrement, 2008; réédition en poche, Paris, Le Livre de Poche. Biblio roman no 31966, 2010
The Belton Estate 1866
Publié en français sous le titre Le Domaine de Belton, traduit par Eugène Dailhac, Paris, Hachette, Bibliothèque des meilleurs romans étrangers, 1875 ; réédition dans la même traduction révisée par Charlotte Robert sous le titre L'Héritage Belton, Paris, Archipoche. Classiques d'hier et d'aujourdhui no 293, 2014
The Claverings 1867
Nina Balatka 1867
Linda Tressel 1868
He Knew He Was Right 1869
The Vicar of Bullhampton 1870
Sir Harry Hotspur of Humblethwaite 1871
Ralph the Heir 1871
The Golden Lion of Granpère 1872
Harry Heathcote of Gangoil 1874
Lady Anna 1874
The Way We Live Now 1875
Publié en français sous le titre Quelle époque !, traduit par Alain Jumeau, Paris, Fayard, 2009 ; réédition en poche, Paris, J'ai lu no 9666,
The American Senator1877
Is He Popenjoy? 1878
John Caldigate 1879
An Eye for an Eye 1879
Publié en français sous le titre Œil pour Œil, traduit par Amy Davy, Paris, Sandoz & Fischbacher, 1881 ; réédition sous le même titre dans une traduction de Victor Staquet, Toulouse, Éditions Ombres, 1999
Cousin Henry 1879
Publié en français sous le titre Le Cousin Henry, traduit par Mme Honorine Martel, Paris, Hachette, Bibliothèque des meilleurs romans étrangers, 1881
Ayala's Angel 1881
Publié en français sous le titre L'Ange d'Ayala, traduit par Béatrice Vierne, Paris, L'Herne, 2013
Doctor Wortle's School 1881
The Fixed Period 1882
Kept in the Dark 1882
Marion Fay 1882
M. Scarborough's Family 1883
The Landleaguers 1883, roman inachevé
An Old Man's Love 1884

Recueils de nouvelles

Tales of All Countries—1st Series 1861
Tales of All Countries—2nd Series 1863
Lotta Schmidt, and Other Stories 1867
Tales of All Countries—3rd Series 1870
An Editor's Tales 1870
Why Frau Frohmann Raised Her Prices and Other Stories 1882
The Two Heroines of Plumpington(1882

Nouvelles isolées

La Mère Bauche 1861
Publié en français sous le titre Un amour de jeunesse, traduit par Béatrice Vierne, Paris, L'Herne, 2011
The Château of Prince Polignac 1861
Publié en français sous le titre Le Château du prince de Polignac, traduit par Béatrice Vierne, Paris, L'Herne,
Gentle Euphemia 1866
Katchen's Caprices 1866
Christmas at Kirkby Cottage 1870
Never, Nerver -- Nerver, Nerver 1875

Essais

On English Prose Fiction as a Rational Amusement 1869
The Commentaries of Caesar 1870
Thackeray 1879
The New Zealander 1972

Théâtre

Did He Steal It? 1869
The Noble Jilt 1923, pièce publiée de façon posthume

Récits de voyages

The West Indies and the Spanish Main 1859
North America 1862
Australia and New Zealand 1873
New South Wales & Queensland 1874
South Africa 1878
How the 'Mastiffs' Went to Iceland 1878
Iceland 1878

Autobiographie

An Autobiography 1883

Publié en français sous le titre Autobiographie, traduit par Guillaume Villeneuve, Paris, Aubier, coll. Domaine anglais, 199

Autres publications

Hunting Sketches 1865
Travelling Sketches 1866
Clergymen of the Church of England 1866
Life of Cicero 1880, biographie
Lord Palmerston 1882, biographie
London Tradesmen 1927, sketches posthumes



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Posté le : 23/04/2016 17:53
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Re: Défi du 23 avril 2016
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Bonsoir Serge,

Rassure moi, tu es bien Serge à moins que je ne sois pas iste, ou Jacques. Je ne sais plus. Je m'y perds.
A moins déjà que je ne revienne en Bacchus. Ou en Delphine.

Tu nous pousses à la bipolarité, non la schizophrénie!
Je te laisse pour aller écouter ce que va me dire mon double.

A bientôt!

Je te souhaite un magnifique dimanche cher Serge.

Amitiés de Beaulieu en Languedoc où je me trouve encore.

Jacques

Posté le : 23/04/2016 17:52
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Philippe Pétain 1
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Le 24 avril 1856 naît Philippe Pétain,

communément appelé le maréchal Pétain, à Cauchy-à-la-Tour Pas-de-Calais et mort le 23 juillet 1951 à Port-Joinville, sur l'île d'Yeu Vendée, est un militaire, diplomate et homme d'État français.
Militaire de carrière, terminant son parcours comme colonel après s'être démarqué à l'École de guerre de la doctrine dominante de l'offensive, il est réintégré en 1914. Chef militaire à l'action importante au cours de la Première Guerre mondiale, Pétain est généralement présenté comme le « vainqueur de la bataille de Verdun » et, avec Georges Clemenceau, comme l'artisan du redressement du moral des troupes après les mutineries de 1917. Il est nommé commandant en chef des forces françaises et occupe ce poste jusqu'à la fin de la guerre, bien qu'en 1918, la direction de l'ensemble des armées alliées lui échappe au profit de son rival Ferdinand Foch. Il est fait maréchal de France en novembre 1918.

En 1925, Pétain devient commandant des forces françaises combattant aux côtés de l'Espagne dans la guerre du Rif, en lieu et place du maréchal Lyautey à ce poste depuis 1912. Auréolé d'un immense prestige au lendemain de la guerre, il devient académicien en 1929 et occupe les fonctions de ministre de la Guerre, de février à novembre 1934, puis est nommé ambassadeur dans l'Espagne du général Franco 1939.
Rappelé au gouvernement le 17 mai 1940 après le début de l'invasion allemande, il s'oppose à la poursuite d'une guerre qu'il considère comme perdue et dont il impute bientôt la responsabilité au régime républicain. Chef de file des partisans de l'arrêt des combats, il devient président du Conseil en remplacement de Paul Reynaud le soir du 16 juin et appelle, dès le 17, à cesser le combat. Il fait signer l’armistice du 22 juin 1940 avec l'Allemagne d'Adolf Hitler à Rethondes, dans un wagon de train, retirant la France du conflit.
Investi des pleins pouvoirs constituants par l'Assemblée nationale le 10 juillet 1940, il s'octroie le lendemain le titre de chef de l'État français, qu'il conserve durant les quatre années de l'Occupation des armées du IIIe Reich. Installé à Vichy à la tête d'un régime autoritaire, il abolit les institutions républicaines et les libertés fondamentales, instaure des lois antisémites et engage le pays dans la Révolution nationale et dans la collaboration d'État avec l’Allemagne nazie. Le régime qu'il dirige jusqu'en 1944 est déclaré « illégitime, nul et non avenu » par le général de Gaulle à la Libération.
Emmené en Allemagne en août 1944, à Sigmaringen, échouant ensuite en Suisse avant de se rendre aux autorités françaises, Pétain est jugé en juillet 1945 pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison par la Haute Cour de justice, il est, par arrêt du 15 août 1945, frappé d'indignité nationale, condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort, la cour recommandant la non-application de cette dernière en raison de son grand âge. Sa peine est commuée en emprisonnement à perpétuité par le général de Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire de la République française. Il meurt en détention sur l’île d’Yeu, où il est ensuite inhumé.
Carrière : Chef de l'État français du 11 juillet 1940 au 20 août 1944 soit durant 4 ans 1 mois et 9 jours, Chef du gouvernement, Vice-présidents du Conseil avec :
Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin, François Darlan. Il avait pour Chef du gouvernement : Pierre Laval. Son prédécesseur est Albert Lebrun président de la République française. Son successeur est Charles de Gaulle Gouvernement provisoire de la République française avec pour président du Conseil des ministres du 16 juin 1940 au 17 avril 1942 soit pendant 1 an 10 mois et 1 jour. Pendant la présidence d'Albert Lebrun, sous le gouvernement Pétain. Le prédécesseur est Paul Reynaud. Son successeur est Lui-même en tant que chef de l'État français. Pierre Laval vice-président du Conseil. Le Vice-président du Conseil des ministres du 18 mai au 16 juin 1940
pendant 29 jours sous la présidence Albert Lebrun du gouvernement Reynaud le prédécesseur et successeur est Camille Chautemps. Auparavant il est ministre d'État
du 1er au 4 juin 1935 pendant 3 jours sous la président Albert Lebrun du gouvernement Bouisson. Il avait été ministre de la Guerre du 9 février au 8 novembre 1934
pendant 8 mois et 30 jours.
sa sépulture est au Port-Joinville commune de L'Île-d'Yeu .Nationalité française. Conjointe Eugénie Hardon diplômé de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr. Profession Militaire de religion Catholique

En bref

Il est peu de personnages de l'histoire de France qui auront connu à un tel degré la gloire, puis le discrédit. Et celui-ci, loin de s'atténuer avec le temps, s'est renforcé au fur et à mesure que disparaissaient les générations qui, l'ayant connu triomphant, lui gardaient de l'indulgence. L'image du maréchal Pétain est, aujourd'hui, tout à fait ternie, sauf dans quelques milieux d'extrême droite. Cette évolution, liée à celle de la mémoire collective sur les années « noires », tend à recouvrir une vie aux étapes contrastées.
L'anonymat-Pendant plus d'un demi-siècle, celle-ci est sans relief, même si la carrière militaire de Philippe Pétain témoigne de la réussite sociale d'un fils de paysans assez aisés de l'Artois. Né le 24 avril 1856 à Cauchy-la-Tour (Pas-de-Calais), formé par l'enseignement catholique, d'abord chez les Jésuites de Saint-Omer, puis chez les Dominicains d'Arcueil, il est admis de justesse à Saint-Cyr en 1876. Sorti 229e sur 386, il suit un parcours entièrement métropolitain, loin de l'aventure coloniale. Élève à l'École de guerre entre 1888 et 1890, il y enseigne la tactique d'infanterie entre 1901 et 1911. Il a l'âge de la retraite en 1914 et il n'est que colonel. Sa promotion a été entravée par ses critiques à l'égard de la doctrine dominante (l'offensive à outrance). C'est la seule audace d'un officier par ailleurs conformiste. Lorsque la guerre éclate, face à l'invasion, ses dispositions en faveur de la défensive et ses qualités d'organisateur le font sortir de la médiocrité. Général de brigade le 30 août 1914, général de division le 14 septembre, il commande un corps d'armée en octobre, puis la IIe armée en juin 1915.
La gloire, Le vainqueur de Verdun- Lorsque les Allemands déclenchent la bataille de Verdun, Joffre le nomme, le 24 février 1916, commandant du secteur. C'est sa chance et le début de sa gloire. Ayant fait échouer le pilonnage ennemi et contenu les attaques, il devient le « vainqueur » de Verdun. Promu grand officier de la Légion d'honneur, il est mis, le 1er mai, à la tête du groupe d'armées du Centre. En fait, cette promotion vise à l'éloigner du champ de bataille. Joffre lui préfère Nivelle pour reprendre le terrain perdu à Verdun. Autre « vainqueur » de la bataille, ce dernier est choisi comme généralissime quelques mois après. Mais c'est à Pétain que l'on fait appel le 15 mai 1917 pour réparer l'échec de l'offensive de Nivelle sur le Chemin des Dames et reprendre en main une troupe épuisée, démoralisée, parcourue de mutineries. Son sang-froid, les améliorations apportées à l'ordinaire, son souci de « ménager le sang » du soldat renforcent sa popularité auprès des « poilus ». S'il prépare une grande attaque en Alsace, il attend que « les chars et les Américains » lui assurent l'avantage. Mais Foch, plus flamboyant, s'impose pour coordonner les armées alliées et conduire un assaut final dont Pétain critique les modalités. Il critiquera, peu après, la signature, trop rapide d'après lui, de l'armistice. Il devient maréchal de France le 19 novembre 1918, mais Joffre et Foch ont été honorés avant lui.
L'oracle- Une autre vie commence alors : il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1919, se marie en 1920, achète une maison sur la Côte d'Azur, à Villeneuve-Loubet. Vice-président du conseil supérieur de la guerre de 1920 à 1931, inspecteur général de l'armée en 1922, véritable chef des armées, il affirme son autorité et supporte mal qu'on lui résiste. Pendant la guerre du Rif, il écarte Lyautey, partisan de la négociation, et écrase la révolte d'Abd-el-Krim en 1925-1926 avec l'armée espagnole. Il joue un rôle essentiel dans les choix stratégiques du pays. Lui qui, pendant la guerre, était soucieux de renverser les rapports de forces grâce au matériel moderne, se mue en sceptique définitif. Il entend protéger la France derrière un rempart infranchissable sur lequel les chars viendront s'écraser. Il est à l'origine de la ligne à laquelle le ministre de la Guerre André Maginot donne son nom. Homme de la défensive, c'est à cette fin qu'il reste intéressé par l'aviation. Sa Préface au livre du général Chauvineau Une invasion est-elle possible ? 1938 le montre muré dans ses certitudes. Héroïsé par la nation et par les anciens combattants, il est devenu le symbole de la victoire. Il est élu académicien français à l'unanimité en 1929 sur le fauteuil laissé vacant par la mort de Foch.... Dans le contexte troublé des années 1930, il rassure à droite comme à gauche. Gaston Doumergue le nomme ministre de la Guerre dans le gouvernement d'union nationale mis en place après l'émeute du 6 février 1934. Face au Front populaire, une partie de la droite voit en lui un recours. C'est une hypothèse qui ne lui déplaît pas, même s'il laisse à d'autres, dans la presse conservatrice de Paris (Le Figaro) et de province, le soin de faire campagne pour lui. Mais il garde la réputation d'être un républicain, ce qui ne contribuera pas peu à sa légitimité en 1940. Le 24 mars 1939, le radical Édouard Daladier l'envoie comme ambassadeur auprès du général Franco pour renouer avec l'Espagne. Alors que la déroute se profile, Paul Reynaud le fait entrer au gouvernement le 18 mai 1940 en tant que ministre d'État, vice-président du Conseil. Il ne se satisfait pas d'un rôle symbolique. Pour lui, l'effondrement est d'abord politique, moral, intellectuel. Il faut donc refaire la France. Mis en avant par les partisans de l'armistice, il est nommé le 16 juin par le président Albert Lebrun chef du gouvernement à la place de Reynaud.
Le sauveur- Son premier geste public est d'appeler, le 17 juin, à cesser le combat. Les armistices, avec l'Allemagne et l'Italie, prennent effet le 25 juin. Pierre Laval, chef de file des pacifistes, est le vice-président du Conseil. Bien soutenu par Weygand, général des armées, il assure la liquidation politique de la IIIe République. Le 10 juillet 1940, le Parlement réuni à Vichy accorde au maréchal Pétain les pleins pouvoirs, par 569 oui sur 649 présents, et le charge de préparer une nouvelle Constitution.
Sa vie se confond désormais avec l'État français dont il est, à quatre-vingt-quatre ans, le chef. Les actes constitutionnels des 11 et 12 juillet lui permettent de concentrer l'exécutif, le législatif, le judiciaire et même le pouvoir constitutionnel. Ses conceptions sont sommaires et son modèle tout militaire. Le chef commande, le pouvoir vient d'en haut, l'état-major le gouvernement obéit et se fait obéir des cadres l'administration, les relais locaux qui ont autorité sur la troupe (la population. Fédérant divers clans qui avaient des comptes à régler, les uns avec la République, les autres avec les parlementaires, tous avec le Front populaire, il prend l'initiative de la « révolution nationale » et s'engage, avec Pierre Laval, dans la collaboration d'État qui en est le corollaire. Il faut, pour régénérer la France, l'extraire du conflit, s'accommoder de la réalité, bien que détestable, de la victoire allemande, faire des concessions et préserver au mieux la souveraineté de la nation, quitte à couvrir les décisions de l'occupant ou à les devancer. Son prestige est une aubaine pour Hitler qu'il accepte de rencontrer à Montoire le 24 octobre 1940. Le culte que le Maréchal laisse se développer joue de son image de « grand » soldat, de son prestige physique, d'une vitalité qui masque bien des défaillances. Il délivre ses maximes à la radio, se fait acclamer en province, est encensé par les élites, militaires, religieuses, civiles, reçoit visiteurs et cadeaux à l'hôtel du Parc, à Vichy, où il réside. Le « maréchalisme » (J.-P. Azéma), qui est adhésion à sa personne, est bien plus large que le pétainisme qui est engagement idéologique et politique en faveur du régime et de ses valeurs. On fait confiance au Maréchal, qui incarne une certaine France, alors que, très tôt, on exècre ses serviteurs.
L'opprobre, Le rejet- Les Français imputent à son entourage et aux gouvernements successifs la collaboration qu'ils rejettent d'emblée et bientôt la dictature policière et étatique. L'arrestation de Pierre Laval le 13 décembre 1940 laissait croire que le Maréchal tenait le pouvoir, son retour à la tête du gouvernement en avril 1942 montre qu'il n'en était rien. La statue du Maréchal est fissurée. En novembre 1942, en demeurant en France tout entière occupée au lieu de gagner Alger, en faisant de Laval son dauphin, le Maréchal laisse passer sa dernière chance de réhabilitation. Ayant perdu l'Empire et la flotte (sabordée à Toulon le 27 novembre), il assume avec Laval un pouvoir dont les Allemands sont les vrais maîtres.
Le Maréchal, qui se plaint d'être prisonnier auprès de ses nombreux visiteurs, reste une carte que les occupants veulent conserver, même en novembre 1943, lorsque son entourage (le Dr Ménétrel, chef de son secrétariat particulier, Lucien Romier, ministre d'État et quelques autres) le pousse à changer de cap, à se débarrasser de Laval et à annoncer qu'il restitue le pouvoir à l'Assemblée nationale. Interdit de radio par les Allemands, il réagit en cessant d'exercer ses fonctions, avant de finir par s'incliner le 5 décembre. Il accepte d'être flanqué d'un représentant de Hitler (le diplomate von Renthe-Fink) et conserve Laval à la tête d'un gouvernement dans lequel Joseph Darnand, le chef de la Milice, fait son entrée. Les activistes de la révolution nationale, dont celui-ci est le chef de file, se réclament toujours du Maréchal, qui continue de couvrir leurs agissements dans la lutte contre la Résistance. Le Maréchal, en raison de sa gloire passée, de son âge, des troubles de sa vieillesse, bénéficie encore de l'indulgence de beaucoup. Le maréchalisme perdure, surtout en zone Nord où cette image est servie par l'interdiction de visite que les Allemands lui ont imposée depuis 1940. Aussi, lorsqu'ils la lèvent et que le Maréchal peut se rendre en Lorraine et à Paris, en avril 1944, l'accueil qui lui est fait s'adresse à ce qu'il représente encore pour ces populations : une France dont elles ont été coupées jusqu'ici. Mais, quatre mois après, il n'y a plus d'ambiguïté. La « vraie France » acclame le général de Gaulle à Paris, le 25 août.
Le déshonneur -Le Maréchal ne représente plus rien. Les Allemands le contraignent au départ le 20 août et le conduisent à Belfort, avant de l'installer à Sigmaringen (Wurtemberg) où se retrouve le dernier carré vichyste. En France, son nom, que d'innombrables localités avaient attribué en 1940 et 1941 à leurs plus belles places ou avenues, disparaît totalement.
Avec l'effondrement de l'Allemagne, Pétain peut gagner la Suisse. De Gaulle aurait préféré qu'il y reste. Lui ne peut se résigner à cet exil. Il s'illusionne encore sur sa popularité. Il espère de la compréhension de la part de Gaulle, qui avait été son protégé dans les années 1920. Il se livre aux autorités françaises le 25 avril 1945. Il est traduit devant la Haute Cour entre le 23 juillet et le 15 août pour « attentat contre la sûreté intérieure de l'État » et « intelligence avec l'ennemi en vue de favoriser ses entreprises en corrélation avec les siennes ». Ce procès symbolique, mal engagé autour d'un complot imaginaire qui, selon l'acte d'accusation, aurait été « fomenté depuis longtemps contre la République », se conclut sans surprise par sa condamnation à mort par 14 voix contre 13. Le Maréchal est gracié par de Gaulle en raison de son âge, comme l'avaient souhaité ses juges. Il termine ses jours en captivité, d'abord au fort du Portalet, puis à l'île d'Yeu où il décède à quatre-vingt-quinze ans, le 23 juillet 1951.
Le discrédit - Son souvenir n'est désormais entretenu que par quelques nostalgiques et par Me Isorni, son jeune avocat qui a fini, non sans panache, par incarner le combat pour sa réhabilitation. Passé les exécrations de la Libération, il bénéficie d'une historiographie plutôt indulgente opposant, comme le fait Robert Aron, le Vichy collaborateur de Laval à celui, bonasse, du Maréchal. Malgré les efforts du colonel Rémy, au début des années 1950, pour défendre l'idée d'un Pétain « bouclier » complémentaire du « glaive » gaullien (que le célèbre résistant avait servi), la publication des Mémoires de guerre du général de Gaulle et la victoire du gaullisme en 1958 signent sa relégation parmi les vaincus de l'Histoire. Les travaux des historiens, à la suite de Henri Michel, puis de Robert Paxton, éclairent mieux ses responsabilités, en particulier dans la collaboration. Depuis lors, les derniers témoins de son époque disparaissant, l'histoire et la mémoire n'ont fait qu'accentuer son rejet. À la collaboration et à la mise en place d'un régime liberticide, est venue s'ajouter à charge sa compromission dans le génocide. Les réactions indignées suscitées par la révélation du dépôt d'une gerbe sur sa tombe par François Mitterrand, le 11 novembre 1992, témoignent de la sensibilité d'une grande partie de l'opinion dans un contexte – politique et mémoriel – tendu. Un tel geste officiel, qui voulait honorer le « vainqueur de Verdun » comme les autres maréchaux de la grande guerre, n'est plus admissible. Le nom du maréchal Pétain se confond avec une France du déshonneur. Jean-Marie Guillon

Sa vie

Henri Philippe Bénoni Omer Pétain naît à Cauchy-à-la-Tour, dans une famille de cultivateurs installée dans la commune depuis le xviiie siècle. Il est le fils d'Omer-Venant Pétain 1816-1888 et de Clotilde Legrand 1824-1857. De cette union naissent cinq enfants : Marie-Françoise Clotilde 1852-1950, Adélaïde 1853-1919, Sara 1854-1940, Philippe 1856-1951 et Joséphine 1857-1862. Du second mariage d'Omer-Venant, avec Marie-Reine Vincent, contracté peu de temps après la mort de sa première épouse, trois autres enfants voient le jour : Élisabeth 1860-1952, Antoine 1861-1948 et Laure 1862-1945.
Bien que son acte de naissance porte les prénoms : Henri, Philippe, Bénoni, Omer, c'est Philippe qu'il choisit et, tout au long de sa vie, Pétain a toujours pris soin de rectifier.

Ascendance de Philippe Pétain8

Sa belle-mère négligeant les enfants du premier lit de son mari, Philippe Pétain s'enferme dans le silence, ne parlant pas avant l'âge de trois ans. Élevé dans la religion catholique par ses grands-parents, Philippe sert la messe quotidienne comme enfant de chœur durant sa jeunesse où sa grand-mère lui apprend à lire. Un de ses ancêtres a été canonisé en 1850 par Pie IX Saint Benoni un oncle est abbé et son grand-oncle est l'abbé Lefèvre, presque centenaire qui a servi dans la Grande Armée de Napoléon, ce qui le marque; il est, de plus, très marqué par la guerre de 1870 alors qu’il a 14 ans, il décide d’être soldat. Son oncle l'abbé Legrand le présente au chatelain de son village, Edouard Moullart de Vilmarest, voulait financer les études d'un jeune villageois se destinant à une carrière militaire. En 1867, il entre au collège Saint-Bertin situé à Saint-Omer, à trente kilomètres de Cauchy, où il exprime des qualités en géométrie, grec, et anglais. En 1875, entre au collège des Dominicains d'Arcueil où il prépare Saint Cyr qu' il intègre en 1876.
À partir de 1876, il est élève à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion Plewna, avec le vicomte Charles de Foucauld, futur bienheureux, et Antoine Manca de Vallombrosa, futur aventurier. Il y entre parmi les derniers 403e sur 412 et en sort en milieu de classement 229e sur 336. Cinq ans sous-lieutenant, sept ans lieutenant, dix ans capitaine, il gravit lentement les échelons militaires. Plusieurs jeunes femmes de bonne famille Angéline Guillaume, Lucie Delarue, Marie-Louise Regad refusant ses demandes en mariage car il est encore un militaire de rang moyen, il a de nombreuses maîtresses et fréquente souvent le borde.

Opinions personnelles

Lors de l’affaire Dreyfus, le capitaine Pétain ne s'affiche pas comme un antidreyfusard : il ne participe pas à la souscription au monument Henry, souscription nationale ouverte par le journal antisémite La Libre Parole, d'Édouard Drumont, au profit de la veuve de l'auteur du faux document, le colonel Henry, responsable de la condamnation inique du capitaine Dreyfus. Au contraire, d'après divers témoignages, il affirme ultérieurement avoir toujours cru à l'innocence de Dreyfus, même s'il juge que ce dernier s’est mal défendu. Ainsi, son chef de cabinet civil Henry du Moulin de Labarthète l'a entendu dire : J'ai toujours cru, pour ma part, à l'innocence de Dreyfus ; l'idée que Félix Gustave Saussier et Jean Casimir-Perier aient condamné Dreyfus en le sachant innocent l'aurait tourmenté, voire scandalisé d'après les deux ministres pétainistes, Henri Moysset 1875-1949 et Lucien Romier 1885-1944.
Philippe Pétain est promu dans la période qui suivit l'affaire Dreyfus : aide de camp de Joseph Brugère, général républicain nommé gouverneur militaire de Paris par le gouvernement de défense républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau pour réduire l'influence antidreyfusarde dans l'armée, Pétain est également un proche du général Percin, officier républicain impliqué dans l'affaire des fiches.
Dans l’ensemble, toutefois, le militaire Pétain s’occupe fort peu de la vie politique de l’époque, et reste très discret sur ses opinions personnelles. Au contraire de beaucoup de militaires, il ne s’engage à aucun moment, pas plus lors de l’affaire des fiches 1904 que de celle de la séparation des Églises et de l'État en 1905.

Première carrière

Au début de sa carrière militaire, Philippe Pétain est affecté à différentes garnisons, mais ne participe à aucune des campagnes coloniales.
En 1900, chef de bataillon, il est nommé instructeur à l’École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne. Il s’oppose à la doctrine officielle de l'époque qui veut que l'intensité du tir prime la précision et qui privilégie les charges de cavalerie et les attaques à la baïonnette. Il préconise au contraire l'utilisation des canons pour les préparations et les barrages d'artillerie, afin de permettre la progression de l'infanterie, laquelle doit pouvoir tirer précisément sur des cibles individuelles. Le directeur de l'école signale la puissance de dialectique … et l'ardeur … avec lesquelles il défend des thèses aussi aventurées.
En 1901, il occupe un poste de professeur adjoint à l’École supérieure de guerre de Paris où il se distingue par des idées tactiques originales. Il y retourne de 1904 à 1907 puis de 1908 à 1911 en tant que titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie. Il s’élève alors violemment contre le dogme de la défensive prescrit par l’instruction de 1867, l’offensive seule pouvant conduire à la victoire ». Mais il critique aussi le code d’instruction militaire de 1901 prônant la charge en grandes unités, baïonnette au canon, tactique en partie responsable des milliers de morts d’août et septembre 1914. Humiliés par la défaite de 1870, les états-majors se montrent volontiers bravaches et revanchards. L'école de guerre et l'état-major y prônent l'offensive à outrance26. Pétain, lui, préconise la manœuvre, la puissance matérielle, le mouvement, l’initiative : le feu tue. Ainsi, il déclare à un élève officier : Accomplissez votre mission coûte que coûte. Faites-vous tuer s'il le faut, mais si vous pouvez remplir votre devoir tout en restant en vie, j'aime mieux cela. Parmi les officiers rangés sous ses ordres, il est le 20 octobre 1912, premier chef d’unité de Charles de Gaulle, alors sous-lieutenant.
En septembre 1913, devant commenter la tactique du général Gallet, qui avait fait charger à la baïonnette des nids de mitrailleuses, il dit : le général vient de nous montrer toutes les erreurs à ne pas commettre. Cela lui vaut l’hostilité de la hiérarchie. À 58 ans, en juillet 1914, le colonel Philippe Pétain s’apprête à prendre sa retraite après une carrière relativement modeste, le ministre de la Guerre ayant refusé sa nomination au grade de général.

L'homme de Verdun Philippe Pétain

Français Général de division 1914
Années de service de 1876 à 1931 il s'illustre dans le conflit de la Première Guerre mondiale, Guerre du Rif, Seconde Guerre mondiale
Commandement 1907 : 118e régiment d'infanterie, 1911 : 33e régiment d'infanterie, 1914 : 4e brigade du 1er corps d'armée, dans la 6e division d'infanterie, 33e corps d'armée. En 1915 : 2e armée, 1916 : Groupe d'armées du centre, 1917 : chef d’État-Major général. Puis Général en chef des armées françaises. EN 1931 il est Inspecteur de la défense aérienne du territoire. Ses faits d'armes 1916 : Bataille de Verdun. Ses Distinctions 1918 maréchal de France
Hommages La 127e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr 1940-1942 porte son nom

Dès le début de la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, à la tête de la 4e brigade d’infanterie28, il se distingue en Belgique. Il fait partie des officiers rapidement promus au début de la guerre : général de brigade le 31 août 1914 il commande la 6e division d'infanterie à la tête de laquelle il participe à la bataille de la Marne, et devient général de division le 14 septembre. Nommé le 20 octobre général commandant de corps d'armée, il prend le commandement du 33e corps et réalise des actions d’éclat lors de l'offensive en Artois, affecté sur le secteur du front où il avait grandi ; son souci d’épargner leurs vies le rend populaire parmi ses hommes. En juin 1915, il commande la IIe armée.
Sous les ordres du maréchal Joffre, il est l'un des 8 commandants à la bataille de Verdun. Il est en poste à Verdun du 25 février 1916 au 19 avril de la même année, la bataille étant finalement gagnée sans lui par la France huit mois plus tard. On ne peut négliger son sens de l'organisation soutenu par un réel charisme qui ne sont pas étrangers à l’issue victorieuse du combat, même si la ténacité de ses troupes, comme, par exemple, celle du commandant Raynal au fort de Vaux, en a été le facteur décisif. La vision stratégique de la bataille lui a permis de comprendre que le meilleur soldat du monde, s’il n’est pas ravitaillé, évacué en cas de blessure, ou relevé après de durs combats, est finalement vaincu. Pétain met en place une noria de troupes, d’ambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui devient la voie sacrée. Comprenant la valeur de l’aviation dans les combats, il crée en mars 1916 la première division de chasse aérienne pour dégager le ciel au-dessus de Verdun. Il réaffirme cette vision dans une instruction de décembre 1917 : L’aviation doit assurer une protection aérienne de la zone d’action des chars contre l’observation et les bombardements des avions ennemis ...
Il tire de cette période le titre de vainqueur de Verdun, même si cette appellation est surtout exploitée plus tard, sous le régime de Vichy. Ce célibataire reçoit plus de 4 500 lettres d'admiratrices durant le premier conflit mondial.
Toutefois, Joffre, Foch et Clemenceau attribuent la victoire de Verdun à Mangin et à Nivelle, et ont reproché à Pétain son pessimisme. Mais la réputation de Pétain s'affirme auprès des soldats avec les erreurs de Nivelle en 1917 et il existe en fait deux traditions de la victoire de Verdun, comme l'écrit Marc Ferro, biographe de Pétain, celle des chefs militaires et politiques qui la mettent au crédit de Nivelle, et celle des combattants qui ne connaissent que Pétain.
En 1917, le général Nivelle prend la tête des armées françaises, alors que Joffre n’était que le chef du front du Nord-Est. Le général Pétain est nommé chef d'État-Major général, poste spécialement créé pour lui. Il s’oppose à Nivelle qui est peu économe du sang de ses hommes, et dont l’attitude d’offensive à outrance contraste avec le pragmatisme de Pétain. Le commandement de Nivelle aboutit à la bataille du Chemin des Dames, à la mi-avril 1917 : 100 000 hommes sont mis hors de combat du côté français en une semaine. Bien que les Français, à défaut de percer, aient tenu, le mécontentement gronde, provoquant des mutineries dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve en situation de lui succéder, par sa réputation à Verdun et ses positions visant à limiter les pertes. Le 15 mai 1917, il est nommé, commandant en chef des armées françaises. Son commandement vise à redonner confiance aux troupes en améliorant les conditions de vie des soldats, en mettant fin aux offensives mal préparées et en faisant condamner les mutins, dont seule une minorité est fusillée malgré les exigences d'une partie des hommes politiques. En octobre 1917, il reprend le Chemin des Dames aux Allemands, par des offensives plus limitées, ne gaspillant pas la vie des soldats et toutes victorieuses.
Le 21 mars 1918, les Allemands rompent le front en Picardie et menacent Amiens. Pétain est un candidat possible au titre de généralissime des troupes alliées, mais, avec l'appui des Britanniques, Clemenceau, qui le juge trop porté à la défensive et trop pessimiste, lui préfère Foch, partisan de l'offensive, lors de la conférence de Doullens du 26 mars. Il est désormais à l’origine de la coordination de toutes les troupes alliées, dont Foch est le chef suprême. Pendant l'offensive allemande de 1918, il conseille la prudence, là où Foch choisit la contre-offensive victorieuse. En août 1918 la médaille militaire lui est attribuée : Soldat dans l’âme, n’a cessé de donner des preuves éclatantes du plus pur esprit du devoir et de haute abnégation. Vient de s’acquérir des titres impérissables à la reconnaissance nationale en brisant la ruée allemande et en la refoulant victorieusement.
En octobre 1918, il prépare une grande offensive qui aurait mené les troupes franco-américaines jusqu’en Allemagne. Prévue à partir du 13 novembre, elle n’a pas lieu puisque, contre son avis, Foch et Clemenceau ont accepté l’armistice demandé par les Allemands.
Après l'armistice signée le 11 novembre, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France par décret du 21 novembre 1918 publié au Journal officiel. Il reçoit à Metz son bâton de maréchal, le 8 décembre 1918.
Il est l'un des très rares acteurs militaires de premier plan de la Grande Guerre à n'avoir jamais voulu publier ses mémoires de guerre. Les différents témoignages à son sujet, au-delà des inévitables références au grand soldat soucieux de la vie de ses hommes, soulignent son caractère secret, son manque d'humour, sa froideur, son apparence marmoréenne, terme qui revient souvent sous la plume des différents auteurs. L'historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac rappelle que Pétain était, dès 1914-1918, un chef d'un pessimisme que Clemenceau jugeait intolérable, bien qu'il l'ait toujours couvert. En 2014 est toutefois publié un manuscrit inédit de Philippe Pétain qui retrace le conflit tel que Pétain l'avait vécu.

L'entre-deux-guerres

Le 12 avril 1919, Pétain est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
Le 14 septembre 1920, âgé de 64 ans, il épouse Eugénie Hardon, âgée de 42 ans. Le couple n'a pas de descendance.
Général en chef de l'armée française et opposant à la ligne Maginot 1919-1931
Général en chef de l’Armée française il le reste jusqu’au 9 février 1931, il estime en 1919 à 6 875 le nombre de chars nécessaires à la défense du territoire 3 075 chars en régiment de première ligne, 3 000 chars en réserve à la disposition du commandant en chef et 800 chars pour le remplacement des unités endommagées. Il écrit : C’est lourd, mais l’avenir est au maximum d’hommes sous la cuirasse.
De 1919 à 1929, avec l'aide du général Buat, son chef d'État-Major, il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé capable de porter le combat le plus loin possible sur le territoire ennemi dès les premiers jours de la guerre. Il parvient à rester l'instigateur principal de la stratégie, obtenant, en juin 1922, la démission du maréchal Joffre de la présidence de la Commission d'étude de l'organisation de la défense du territoire créée quinze jours plus tôt, et s'opposant, lors de la séance du Conseil supérieur de la guerre du 15 décembre 1925, à la construction d’une ligne défensive continue. Il y prône des môles défensifs sur les voies d’invasion. Lors de la séance du 19 mars 1926, contre l’avis de Foch, qui estime que Pétain donne à tort aux chars une importance capitale, il préconise et obtient l’étude de trois prototypes de chars léger, moyen et lourd.
Il doit, cependant, finir par s'incliner et accepter la construction de la ligne Maginot, lorsque André Maginot, alors ministre de la Guerre, déclarera, lors du débat parlementaire du 28 décembre 1929 : ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre.

Pétain et de Gaulle

À partir de l’affectation de Charles de Gaulle au 33e régiment d’Infanterie commandé par Philippe Pétain, le destin des deux hommes va régulièrement se croiser. Charles de Gaulle est affecté à ce régiment le 9 octobre 1912 à sa sortie de Saint-Cyr avec un grade de sous-lieutenant ; Pétain en est le colonel.
En 1922, il apporte son soutien à Charles de Gaulle quand celui-ci entre en conflit avec ses supérieurs dont il conteste la vision stratégique trop liée à la planification défensive et compartimentée du terrain. En 1924, à l'occasion d'une visite à l'École de guerre, Pétain s'étonne de la faiblesse des notes attribuées à de Gaulle. Ses professeurs appréciaient peu l'indépendance de celui-ci, trait de caractère qu'il partageait avec Pétain. L'intervention de Pétain a probablement conduit à une rectification à la hausse desdites notes.
En 1925, Charles de Gaulle est détaché à l'état-major de Philippe Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. Pétain briguait l'Académie française et il avait pu apprécier la qualité de la plume de de Gaulle en lisant La discorde chez l'ennemi, publié en 1924. Il lui demande de préparer la rédaction d'un ouvrage sur l'histoire du soldat pour l'aider à soutenir sa candidature. Le livre, Le Soldat à travers les âges, est quasiment fini à la fin de 1927. Lorsqu'en janvier 1928 Pétain veut faire retoucher le livre par un autre de ses collaborateurs, de Gaulle proteste énergiquement. En 1929, Pétain succède à Foch à l'Académie française sans avoir eu besoin du livre. Sans rancœur, Pétain demande à de Gaulle d'écrire l'éloge de son prédécesseur sous la coupole, mais n'utilise pas le texte proposé.
En 1927, en présence du maréchal Pétain, de Gaulle présente à l'École de guerre trois conférences remarquées, respectivement intitulées : L'action de guerre et le chef, Du caractère et Du prestige. En 1931, au retour du Liban, de Gaulle qui souhaitait une chaire d'enseignement à l'École de guerre est affecté contre son vœu au Secrétariat général de la Défense nationale SGDN à Paris. Sollicité Pétain répond à de Gaulle : vous y serez employé à des travaux qui pourront certainement vous aider à faire mûrir vos idées. De Gaulle, en décalage stratégique, en conflit littéraire, est progressivement moins admiratif de son supérieur, en particulier devant l'attitude de Pétain vis-à-vis de Lyautey au moment de son éviction. Pétain, lui, considère qu'il a aidé au mieux son subalterne qui se comporte avec un peu trop d'orgueil.
En 1932, de Gaulle dédie au maréchal Pétain son ouvrage Le Fil de l'épée : Car rien ne montre mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumières de la pensée. En 1938, De Gaulle récupère auprès de Pétain le manuscrit du Soldat à travers les âges en prévision de la sortie de son livre La France et son armée. Pétain s'oppose en vain à la sortie du livre souhaitant un changement de dédicace.

Guerre du Rif

En 1925 et 1926, des troupes françaises sous le commandement de Pétain, en campagne avec une armée espagnole (450 000 hommes au total, dans laquelle se trouve aussi Franco, mènent une campagne contre les forces d’Abd el-Krim, chef de la très jeune République du Rif, au Maroc ; les forces franco-espagnoles sont victorieuses, en partie grâce à l'emploi par les Espagnols d'armes chimiques sur les populations civiles. Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages.

Élection à l'Académie française

Le 20 juin 1929, il est élu à l’unanimité membre de l’Académie française, au 18e fauteuil, où il succède au maréchal Foch.
Le 22 janvier 1931, il est reçu à l'Académie française par Paul Valéry, dont le discours de réception, qui retrace sa biographie, rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain, le feu tue et comporte des considérations sur la façon dont la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède.
Selon Jacques Madaule, Philippe Pétain s'opposa à l'élection à l'Académie française de Charles Maurras, qui sera un de ses plus grands défenseurs, et il félicita François Mauriac d'avoir fait campagne contre lui.
Philippe Pétain n'était pas ouvertement antisémite avant d'accéder au pouvoir : ainsi, il critiqua fermement Louis Bertrand, qui avait protesté contre l'élection d'André Maurois, un juif, à l'Académie française, Maurois en fut reconnaissant. Néanmoins, l'antisémitisme faisait partie du contexte général et Philippe Pétain le tolérait comme en attestent ses échanges de correspondance avec M. et Mrs Pardee, voisins américains de sa maison du Var, dans lesquels il se plaignait des juifs.

Inspecteur général de la défense aérienne

Le 9 février 1931, il est remplacé par le général Weygand au poste de vice-président du Conseil supérieur de la guerre correspondant à la fonction de commandant suprême de l’Armée, et nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire. À ce titre, il écrit le 2 décembre 1931 à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander la création d’une force aérienne puissante de défense et d’attaque, indépendante de l’Armée de terre et de la Marine. Il préconise pour cela de prélever 250 millions de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot.
Il reste influent dans le monde militaire et politique, est actif dans le mouvement antiparlementaire le Redressement français qui souhaite un exécutif fort.

Ministre de la Guerre

Après le 6 février 1934, le 9 février 1934, Philippe Pétain est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Doumergue de tendance radicale socialiste, fonction qu’il occupe jusqu’au renversement du cabinet le 8 novembre 1934.
Sa présence, populaire parmi les anciens combattants qui avaient défilé, contribue à l'image d'union nationale voulue par Doumergue. Elle est symbolique de la fin du second cartel des gauches : les gouvernements des deux années 1934/36 sont, le plus souvent une alliance des radicaux et des partis de centre droit. Ils conduisent des politiques sensiblement déflationnistes, visant à réduire les déficits en diminuant les dépenses. Puis, l'arrivée au pouvoir de Hitler conduit la France à abandonner progressivement sa politique de désarmement même si, simultanément, les choix budgétaires contribuent à maintenir une pression à la baisse sur les crédits militaires. Les choix stratégiques défensifs absorbent en outre une forte partie des crédits. La polémique des années 1940 sur les responsables du retard du réarmement français que Pétain attribue lors du procès de Riom à Daladier et Léon Blum qui réplique en dénonçant les crédits trop bas quand Pétain était ministre de la guerre, et celle sur les choix stratégiques qui conduisirent à la défaite, expliquent la diversité de l'historiographie évaluant le passage de Pétain au gouvernement.
La date du changement de politique budgétaire militaire est présentée avec des nuances: ainsi pour François Paulhac, entre 1934 et 1935, sous les gouvernements de centre droit, les dépenses d'armement sont réduites de 32 % tandis que les crédits militaires n'augmentent qu'à partir de 1936, votés sans grande opposition, mis à part celle d'une partie de la droite. Pour Robert Frank, elles connaissent - après celui de 1924-1930 - un second envol … pendant la période de réarmement proprement dit, dès 1935, et surtout de 1936-1937 jusqu'à la guerre »58. Jean-Luc Marret estime pour sa part que les réductions budgétaires ont cessé en 1934, sans qu'il y ait pour autant cette année-là d'importante augmentation de l'effort de défense. Le gouvernement de Gaston Doumergue — où Pétain est ministre de la Guerre — fait ainsi voter des crédits militaires de trois milliards de francs. Pour Guy Antonetti, la reprise des dépenses - qu'il situe en 1935 - est consécutive à l'inflexion de la politique étrangère plus offensive d'alliances renouées, entamée sous le gouvernement de Gaston Doumergue 1934 et son ministre des Affaires étrangères Louis Barthou puis sous le gouvernement de Pierre Laval 1935. Un article de Philippe Garraud en 2005 dédié à la question du réarmement, estime que d'une manière générale, le bilan de la politique d’armement de 1919 à 1935 est extrêmement limité et, durant toute cette période, les effectifs et le fonctionnement absorbent la plus grande part de budgets réduits et que e réarmement commence réellement en 1936 avec la mise en œuvre du programme partiel de 1935 et le plan des 14 milliards, tout en précisant qu'au terme de cette période transitoire, l’année 1935 paraît néanmoins particulièrement importante et même charnière : d’une part elle marque le début du réarmement français, même si la hausse du budget est encore limitée ; d’autre part, elle voit la mise au point de nombreux prototypes qui commenceront à faire l’objet de commandes importantes l’année suivante. Concernant le réarmement, Jean-Luc Marret en situe les premiers indices à l'occasion de la réorientation de la politique étrangère française par Louis Barthou en 1934 et Pierre Laval en 1935.
Pétain limite les travaux de la ligne Maginot, pensant que les Ardennes sont une barrière naturelle difficilement franchissable par les Allemands. Le 15 juin 1934, il obtient le vote d’un crédit supplémentaire de 1,275 milliard de francs pour la modernisation de l’armement.
Partisan des chars de combat, il décide avant avril 1934 de l’adoption du char B1 dont il avait fait faire les prototypes pendant son commandement. La même année, il décide aussi de l’adoption du char D2 et de l’étude d’un char léger. Soucieux de la formation des officiers supérieurs, il ordonne que tous les postulants à l’École supérieure de guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviation.
Le 31 mai 1934, convoqué devant la Commission des finances, il exprime ses vues sur la fortification et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la ligne Maginot. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais l’essentiel reste une armée puissante sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il aura cette phrase : la ligne Maginot ne met pas à l’abri d’une pénétration de l’ennemi, si l’armée n’est pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement. Il soutient néanmoins le principe de cette ligne. Cependant, selon Robert Aron les conceptions stratégiques qu'il défend à cette époque sont conformes à son expérience de la Grande Guerre, ainsi :
… Entre les deux guerres, les conceptions stratégiques qu’il va défendre et imposer à l’Armée française sont encore strictement conformes à son expérience du début de l’autre conflit : il ne croit pas au rôle offensif des tanks ni aux divisions blindées. Il préconise l’édification de la ligne Maginot, derrière laquelle nos combattants de 1939 vont se croire à l’abri et attendront paisiblement l’offensive allemande, qui se déclenchera ailleurs.
Le 27 octobre 1934, il convainc Louis Germain-Martin, ministre des Finances, de signer le plan Pétain pour 1935 d'un montant de 3,415 milliards de francs, qui prévoit notamment la construction de 1 260 chars. La chute du Gouvernement, et le remplacement du maréchal Pétain par le général Maurin, partisan de chars lourds et lents, retarderont la mise en œuvre de ce plan de plusieurs mois.
Après son expérience ministérielle, Pétain jouit d’une très grande popularité, à droite mais aussi à gauche. En témoigne en 1935, la célèbre campagne lancée par Gustave Hervé intitulée C’est Pétain qu’il nous faut. Le fait de vouloir faire appel en cas de péril au maréchal Pétain n'est pas une spécificité de la droite et le radical-socialiste Pierre Cot déclara dès 1934 : Monsieur le Maréchal, en cas de péril national, la France compte sur vous.

Membre du Conseil supérieur de la guerre

Il participe par la suite au Conseil supérieur de la guerre, où il soutient la politique de guerre offensive promue par le colonel de Gaulle, qui fut un temps son porte-plume », préconisant la concentration de chars dans des divisions blindées. Il écrit dans la Revue des deux Mondes du 15 février 1935 : Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base d’avions et de chars .... Et lors d'une conférence à l’École de Guerre en avril 1935 : Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusqu’ici … L’avion, en portant la destruction jusqu’aux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille ... On peut se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir .... Ainsi que dans la préface d'un ouvrage du général Sikorsky : Les possibilités des chars sont tellement vastes qu’on peut dire que le char sera peut-être demain l’arme principale.
Le 6 avril 1935, il dit, devant le président Lebrun, dans un discours à l’École supérieure de Guerre : Il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par l’engin blindé et par l’aviation. L’automobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, met la vitesse au service de la puissance ... La victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action. En 1938, il préfacera le livre du général Louis Chauvineau Une invasion est-elle encore possible, qui prônait l'utilisation de l'infanterie et des fortifications comme moyens de défense, face au front continu. Dans cette préface, Pétain considérait que l'utilisation des chars et des avions ne modifiaient pas les données de la guerre.
À l’instigation des grands chefs militaires Foch, Joffre, les gouvernements de la fin des années 1920 vont affecter d’importants efforts budgétaires à la construction de lignes de défense. Cette stratégie est symbolisée par la coûteuse, et de surcroît incomplète ligne Maginot qui fut arrêtée à la frontière belge. Winston Churchill, dans son ouvrage sur la Seconde Guerre mondiale, émet l'avis que l'idée de la ligne Maginot aurait pu être d'une très grande utilité si elle avait été correctement appliquée et qu'elle paraissait justifiée compte tenu, en particulier, du rapport numérique entre les populations de la France et de l'Allemagne. Il juge extraordinaire qu'elle n'ait été prolongée au moins le long de la Meuse mais indique : ... Mais le maréchal Pétain s'était opposé à cette extension .... Il soutenait avec force que l'on devait exclure l'hypothèse d'une invasion par les Ardennes en raison de la nature du terrain. En conséquence, on écarta cette éventualité.
Après le succès de la guerre-éclair menée par les Allemands, Pétain ne pouvait plus ignorer que la débâcle de 1940 était aussi due aux grands chefs militaires, dont les autorités gouvernementales n’avaient fait que suivre les orientations stratégiques quand il tenta de faire juger les responsables de la défaite, en imputant celle-ci exclusivement aux politiques
Pétain n’avait cependant pas manqué non plus de regretter que les politiques ne tiennent pas compte des demandes de crédit émanant de l'armée. Depuis plusieurs années, il annonçait comme perdue d’avance une nouvelle guerre contre l’Allemagne, si la France n’effectuait pas le même effort de réarmement militaire et moral que son voisin et si certains politiques continuaient d'alimenter l'antimilitarisme.

Ambassadeur en Espagne

La France a reconnu officiellement le nouveau gouvernement franquiste le 27 février 1939. Le 2 mars 1939, Pétain est nommé ambassadeur de France en Espagne. Dans Le Populaire du 3 mars 1939, Léon Blum qui décrit Philippe Pétain comme le plus noble et du plus humain de nos chefs militaires proteste contre cette nomination. La nomination de Pétain qui jouit d'un grand prestige en Espagne vise à améliorer l'image de la République française qui a soutenu les Républicains pendant la guerre civile. Le 24 mars 1939, il présente ses lettres de créance au ministre de l'Intérieur, Serrano Súñer qui le reçoit très froidement. Selon Michel Catala, il gardera le souvenir de ce mauvais accueil et ses liens vis-à-vis de Franco resteront très critiques.
Pétain a pour mission d'assurer la neutralité de l'Espagne en vue du prochain conflit européen. Au nom du rapprochement diplomatique de la France avec l’Espagne, il lui incombe de superviser, dans le cadre des accords Bérard-Jordana, le rapatriement à Madrid des réserves d’or de la Banque d’Espagne et des toiles du musée du Prado que l’ancienne République espagnole avait transférées à l’abri en France durant la guerre civile ainsi que la flotte de guerre républicaine. Il sait s'entourer d'une équipe de qualité et en quelques mois, il se réconcilie avec l'élite espagnole. Sa présence active dans le pays a pour conséquence une renforcement de l'image de la France en dépit d'une presse espagnole très francophobe. Son autorité permet de réaliser rapidement les accords Bérard-Jordana malgré de nombreuses réticences du côté français. La déclaration officielle de neutralité de l'Espagne le 4 septembre 1939 semble couronner les efforts français, mais résulte davantage du réalisme de Franco. Pétain décrit ses réserves sur cette « drôle de neutralité » espagnole. Les rapports commerciaux et culturels se rétablissent rapidement dans les derniers mois de 1939 et les premiers mois de 1940 sans pour autant modifier l'ambigüité de la position espagnole entre les forces de l'Axe et la France. La réussite personnelle de Pétain est indéniable en dépit de l'échec de sa stratégie.

Pendant la Drôle de Guerre : un recours possible

À la déclaration de guerre, en septembre 1939, le maréchal Pétain, depuis Madrid, refuse une proposition du président du conseil Édouard Daladier d'entrer au gouvernement, et il se tient prudemment à l'écart des sollicitations officielles. Cette proposition avait été inspirée par le président de la Chambre des députés, le radical-socialiste Édouard Herriot, comme condition à son acceptation éventuelle du ministère des Affaires étrangères.
Cependant, Pétain ne fait nullement mystère de son hostilité personnelle à la guerre contre Hitler, et autant il est certain qu'il n'a eu aucune part dans les intrigues tramées en vue d'une paix de compromis, autant il est manifeste qu'il a, depuis le début, son rôle dans les calculs de Laval et de certains membres du complot de la paix.
Chef de file des parlementaires défaitistes, Pierre Laval songe ainsi précocement à un gouvernement Pétain dont il serait le chef réel, et expose fin octobre 1939 à l'un de ses interlocuteurs : Je n'ai pas, comme on dit, partie liée avec Pétain, mais je sais son prestige. … Qu'est-ce qu'on lui demandera ? D'être un dessus de cheminée, une statue sur un socle. Son nom ! Son prestige ! Pas davantage.
Le 3 novembre 1939, un rapport de l'ambassadeur d'Italie note que « le maréchal Pétain fait figure de représentant de la politique de paix en France … Pétain croit que, même en cas de victoire, la France n'en recueillerait pas les fruits. Si la question de la paix devenait aiguë en France, Pétain y jouerait un rôle.
Arrivé au pouvoir le 21 mars 1940, le président du conseil Paul Reynaud songe également à utiliser le prestige du maréchal Pétain auprès des Français et lui propose en vain, début mai, d'entrer au gouvernement.
Selon l'historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac, aux moments de retourner aux responsabilités, Pétain partage le mépris de la droite antiparlementaire pour le régime qui l'a couvert d'honneurs. … La France selon son cœur est la France paysanne dont il est issu, respectueuse des hiérarchies et de l'ordre établi, telle qu'il souhaitera la faire revivre à Vichy. Ses vues politiques sont courtes : il ne supporte pas les bavardages politiciens ; il reproche aux instituteurs socialistes d'avoir favorisé l'antipatriotisme, comme au Front populaire d'avoir favorisé le désordre. Son bon sens proverbial va de pair avec une grande ignorance et des vues simplistes en matière de politique étrangère. … Il ne voit rien de plus en Hitler qu'un Guillaume II plébéien ; il ne doute pas qu'on puisse s'accommoder avec lui moyennant quelques sacrifices. Son action est enfin marquée par une anglophobie et un défaitisme déjà sensibles en 1914-1918.

L'invasion allemande de 1940

Le 17 mai 1940, une semaine après le début de l'offensive allemande à l'Ouest, Pétain est nommé vice-président du Conseil dans le gouvernement de Paul Reynaud. Franco lui avait conseillé de ne pas accepter d’apporter sa caution à ce gouvernement. Pour Reynaud, il s'agit de remonter le moral des Français, de resserrer les rangs et de renforcer sa propre image au parlement. Cette nomination est bien accueillie dans le pays, au Parlement et dans la presse, quoiqu'elle reçoive moins de publicité que celle de Weygand comme généralissime ou que celle de Georges Mandel, partisan de la résistance à tout prix, comme ministre de l'Intérieur. Comme la plupart de ses ministres ou des parlementaires, Paul Reynaud sous-estime le vieil homme initialement taciturne et passif qu’est Pétain, et il n’imagine pas qu’il puisse jouer plus qu’un rôle purement symbolique.
Cependant, dès le 26 mai, dans une note à Paul Reynaud, Pétain refuse de considérer les chefs militaires comme responsables de la défaite, et rejette la responsabilité du désastre sur les fautes que le pays a et que nous avons tous commises, ce goût de la vie tranquille, cet abandon de l'effort qui nous ont amenés là où nous sommes. Cette interprétation moraliste de la défaite n'est pas sans annoncer les appels à la contrition nationale et la politique d'ordre moral qui caractériseront le régime de Vichy.
Le 4 juin, il fait preuve d’anglophobie et de pessimisme devant l’ambassadeur américain Bullit. Accusant l'Angleterre de ne pas fournir une aide suffisante à la France en péril, il lui explique qu'en cas de défaite e gouvernement français doit faire tout son possible pour venir à composition avec les Allemands, sans se préoccuper du sort de l’Angleterre. Le 6, il ne réagit pas lorsque le général Spears, représentant de Churchill auprès du gouvernement français, l'avertit que si la France s'entendait avec l'Allemagne, elle ne perdrait pas seulement son honneur, mais, physiquement, elle ne s’en relèverait pas. Elle serait liée à une Allemagne sur la gorge de laquelle nos poings ne tarderont pas à se refermer.
À partir du 13 juin, alors que la bataille de France est perdue et le gouvernement replié en Touraine, Pétain se fait ouvertement l'un des avocats les plus constants de l’armistice au sein du gouvernement. Ce jour-là, il lit au conseil des ministres une note dans laquelle il déclare qu’il n’est aucunement question pour lui de quitter la France pour poursuivre la lutte.
Le 14 juin 1940, Paris est occupé par l’armée allemande. Le Gouvernement, le président de la République et les Assemblées sont alors réfugiés à Bordeaux. Pétain s'y confirme comme le chef de file des partisans de l’armistice, et met sa démission dans la balance. Le 16 juin 1940, se croyant en minorité au sein du conseil des ministres, à tort semble-t-il82, Paul Reynaud présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République Albert Lebrun voir gouvernement Philippe Pétain. Il semble avoir espéré qu'un échec de Pétain à obtenir l’armistice lui permette de revenir très vite au pouvoir.
Le 17 juin 1940, suivant le conseil énoncé le 12 juin par le général Maxime Weygand, chef d’état-major des armées, Pétain annonce son intention de demander aux Allemands, par l'intermédiaire du gouvernement espagnol, les conditions d'un armistice. Son discours radiodiffusé, où il déclare, alors que les négociations ont à peine commencé : C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat, a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait l’effondrement des armées françaises. Du 17 juin à l’entrée en vigueur de l’armistice le 25, les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de l’offensive le 10 mai.
Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant qu’il fait don de sa personne à la France. Le 20 juin 1940, dans un nouveau discours rédigé, tout comme le premier, par l'intellectuel de confession juive Emmanuel Berl, il annonce les tractations en vue de l'armistice. Il en détaille les motifs, ainsi que les leçons que, selon lui, il faudra en tirer. Il y fustige l'esprit de jouissance : ... Depuis la victoire de 1918, l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on n'a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur.
L’armistice est finalement signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Compiègne, après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République.
Le 25 juin 1940, Pétain annonce les conditions sévères de l'armistice et décrit les territoires qui seront sous contrôle allemand. La démobilisation fait partie de ces conditions. Il annonce : C'est vers l'avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence …. Les causes de la défaite sont à rechercher selon lui dans l'esprit de relâchement : Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié ….
Le 29 juin 1940, le Gouvernement s’installe dans la région de Clermont-Ferrand puis, en raison des capacités d’hébergement limitées, déménage à nouveau le 1er juillet pour Vichy, en zone non occupée par l’armée allemande. Cette ville présentait les avantages d’un réseau téléphonique extrêmement performant et d’une multitude d’hôtels qui furent réquisitionnés pour abriter les différents ministères et les ambassades.
Le 10 juillet 1940, une loi, dite constitutionnelle, votée par les deux Chambres 569 voix pour, 80 voix contre et 20 abstentions réunies en Assemblée nationale au casino de Vichy donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain, sans contrôle de l’Assemblée, avec pour mission la promulgation d’une nouvelle Constitution. Celle-ci ne verra jamais le jour. L'État français, nouveau nom officiel de la France, remplaçant la dénomination République française allait donc demeurer un État provisoire.
La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe d'un ennemi. Surtout, la confusion de tous les pouvoirs constituant, législatif, exécutif et judiciaire entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des lois constitutionnelles de 1875, fondées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire.
Ce régime sera qualifié de dictature pluraliste par Stanley Hoffmann, qui démontre, entre autres, les aspects dictatoriaux dans une publication parue en 1956. D'autres auteurs, comme Robert Aron, Robert Paxton et Marc Ferro, évoquent, au sujet de Pétain, des dictateurs tels que Salazar et son régime, Franco, voire Mussolini. Pour Aron : La première [période du pouvoir de Vichy, qui va de l'armistice au 13 décembre 1940, est celle où Pétain peut encore avoir l'illusion d'être un chef d'État autoritaire, qui ne doit rien à personne et dont le pouvoir en France est presque l'équivalent de celui des dictateurs Salazar au Portugal, Franco en Espagne, ou Mussolini en Italie. Selon Paxton, Pétain lui-même se trouvait plus de points communs avec Franco et Salazar qu'avec Hitler, tandis que pour Ferro c'est l'exemple de Salazar qui inspire le programme du maréchal, ainsi : le régime qu'il institue évoque effectivement plutôt le salazarisme… et : Les régimes de Kemal, Horthy, Franco, avaient ses préférences par rapport à celui de Mussolini du fait de la dualité Mussolini-Victor-Emmanuel et selon l'idée qu'il se fait de son pouvoir : le Maréchal n'a de compte à rendre qu'à sa conscience, mais de loin il préférait celui de Salazar….
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Posté le : 23/04/2016 17:50
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De 1940 à 1944 : le chef du régime de Vichy et Collaboration en France.
L’installation du régime Un régime de pouvoir personnel

Drapeau français durant le régime de Vichy.
La francisque, emblème personnel de Philippe Pétain, utilisée comme symbole officieux du régime de Vichy.
Marque de commandement de Philippe Pétain, chef de l’État français, ornée de la francisque et de ses sept étoiles de maréchal de France.
Dès le 11 juillet 1940, par trois actes constitutionnels, Pétain se proclame chef de l'État français et s'arroge tous les pouvoirs. Pierre Laval lui dit un jour : Connaissez-vous, Monsieur le Maréchal, l'étendue de vos pouvoirs ? … Ils sont plus grands que ceux de Louis XIV, parce que Louis XIV devait remettre ses édits au Parlement, tandis que vous n'avez pas besoin de soumettre vos actes constitutionnels au Parlement, parce qu'il n'est plus là, Pétain répondit : C'est vrai.
Acte constitutionnel numéro 2 fixant les pouvoirs du chef de l'État français, signé par Pétain le 11 juillet 1940, Archives nationales de France
Aux traditionnels attributs régaliens droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires, Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur qui est le vice-président du Conseil, il a la plénitude du pouvoir gouvernemental, il nomme et révoque les ministres et secrétaires d'État, qui ne sont responsables que devant lui. et il exerce le pouvoir législatif, en conseil des ministres…. Les lois, adoptées de sa seule autorité, sont promulguées sur la formule : Nous, maréchal de France, le Conseil des ministres entendu, décidons… Par prudence, par contre, Pétain évite de s’attribuer le droit de déclarer la guerre seul : il doit pour cela consulter les éventuelles assemblées.
Jusqu’en avril 1942, Pétain reste par ailleurs à la fois chef de l’État et chef du gouvernement en titre, Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin et l'amiral François Darlan n’étant que vice-présidents du Conseil. Il gouverne de manière autoritaire. Ainsi, le 13 décembre 1940, il évince brusquement Pierre Laval du pouvoir, non par désaveu de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie menée par ce dernier, mais par irritation devant sa manière trop indépendante de la conduire. Il est remplacé par Flandin. Parallèlement, Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet d'Eure-et-Loir Jean Moulin et le président de la Cour des comptes Émile Labeyrie.
Le maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain, désormais honni. Le mot même de République disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à l’exception de ceux des collaborationnistes parisiens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La franc-maçonnerie est mise hors la loi. Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les conseils généraux. Des milliers de municipalités, dont les maires qui n'ont pas voulu signer un serment d'allégeance non pas à l'État, mais à Pétain lui-même sont destituées, et remplacées par des Délégations spéciales, nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal.
Des juridictions d’exception sont mises en place. Dès le 2 août 1940, Vichy fait ainsi condamner à mort par contumace Charles de Gaulle même si Pétain prétend qu'il veillera à ce que la sentence ne soit pas appliquée puis ses compagnons, qui sont déchus de la nationalité française avec ceux qui les rejoignent. Des procès iniques sont intentés à diverses personnalités républicaines, ainsi à Pierre Mendès France, condamné en juin 1941 à Clermont-Ferrand pour une prétendue « désertion l'affaire du Massilia, bateau-piège, avec Jean Zay et quelques autres. À l’automne 1941, grâce à des lois ouvertement antidatées, Vichy envoie à la guillotine plusieurs prisonniers communistes, dont le député Jean Catelas, en représailles à des attentats anti-allemands.
Pétain décrète par ailleurs l’arrestation, dès 1940, de Léon Blum, Georges Mandel, Édouard Daladier, Paul Reynaud et du général Gamelin. Mais le procès de Riom, qui devait lui servir à faire le procès du Front populaire et de la IIIe République, et à les rendre seuls responsables de la défaite, tourne en avril 1942 à la confusion des accusateurs. Léon Blum, notamment, sait rappeler la responsabilité propre du haut commandement militaire dans la réduction des crédits militaires en 1934 et dans la stratégie défensive désastreuse fondée sur la ligne Maginot. Le procès est suspendu, et les accusés restent internés, avant d’être livrés l’an suivant aux Allemands.

Culte du chef et popularité

Jouant le plus possible sur la réputation du vainqueur de Verdun, le régime exploite le prestige du maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent : les photos du maréchal figurent dans les vitrines de tous les magasins, sur les murs des cités, dans toutes les administrations, ainsi qu’aux murs des classes dans tous les locaux scolaires et dans ceux des organisations de jeunesse. On le retrouve jusque sur les calendriers des PTT. Le rôle de Bernard Ménétrel, médecin et secrétaire particulier du maréchal est prédominant dans cette action de communication et de propagande.
Le visage du chef de l’État apparaît aussi sur les timbres et les pièces de monnaie, tandis que les bustes de Marianne sont retirés des mairies. La Saint-Philippe, chaque 3 mai, est célébrée à l’instar d’une fête nationale. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maréchal, nous voilà, est interprété dans de nombreuses cérémonies parallèlement à la Marseillaise, et doit être appris à tous les enfants des écoles par les instituteurs. À qui douterait, des affiches péremptoires proclament : « Êtes-vous plus Français que lui ? ou encore Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ?.
Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires à sa propre personne. L'acte constitutionnel no 7 du 27 janvier 1941 oblige déjà les secrétaires d'État, les hauts dignitaires, et les hauts fonctionnaires à jurer fidélité au chef de l'État. Après son discours du 12 août 1941 discours dit du vent mauvais, où il déplore les contestations croissantes de son autorité et de son gouvernement, Philippe Pétain étend le nombre de fonctionnaires devant lui prêter serment. Les actes constitutionnels no 8 et no 9 du 14 août 1941 concernent respectivement les militaires et les magistrats. Le serment est prêté par tous les juges à l’exception d’un seul, Paul Didier, aussitôt révoqué et interné au camp de Châteaubriant. Puis c'est l’ensemble des fonctionnaires qui doit jurer fidélité au chef de l'État par l’acte constitutionnel no 10 du 4 octobre 1941. Il concernera donc jusqu'aux policiers et aux postiers. Néanmoins, en zone occupée, où l'autorité de Vichy est moins assurée, de hauts fonctionnaires nommés avant 1940, éviteront discrètement de prêter serment à Pétain et, après la guerre, pourront ainsi conserver leur poste.

Pétain et l'ambassadeur américain, William D. Leahy en 1942.

Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son sacrifice, pour le comparer à Jeanne d’Arc ou à Vercingétorix, pour vanter l’allant et la robustesse physique du vieillard, ou encore la beauté de ses célèbres yeux bleus. Un chêne pluricentenaire reçoit son nom en forêt de Tronçais. De nombreuses rues sont débaptisées et prennent son nom sur ordre. Le serment prêté par les titulaires de la Francisque prévoit : Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France.
La popularité du maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. L’intéressé sait l’entretenir par de nombreux voyages à travers toute la zone sud, surtout en 1940-1942, où des foules considérables viennent l’acclamer. Il reçoit de nombreux présents de partout ainsi qu'un abondant courrier quotidien, dont des milliers de lettres et de dessins des enfants des écoles. Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à Vichy, ou surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : La terre, elle, ne ment pas, Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal août 1940, Je vous ai parlé jusqu’ici le langage d’un père, je vous parle à présent le langage d’un chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éternelle novembre 1940.
Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du maréchal, salué comme l’homme providentiel. Le 19 novembre 1940, le primat des Gaules, le cardinal Gerlier, proclame ainsi, à la primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence du maréchal : Car Pétain, c'est la France et la France, aujourd'hui, c'est Pétain !. L’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, en 1941, assure le chef de l’État de sa vénération, dans une résolution sans équivalent au xxe siècle. Mais de nombreux Français de tous bords et de toutes croyances communient pareillement dans la confiance au maréchal. Tous les courants politiques sont ainsi représentés dans son gouvernement à Vichy, de la droite le plus réactionnaire à la gauche la plus radicale. En particulier, le vieux chef monarchiste Charles Maurras salue son arrivée comme une divine surprise.
Les collaborationnistes, en général, sont hostiles à Vichy et à la Révolution nationale, qu’ils jugent trop réactionnaires et pas engagés assez loin dans l’appui à l’Allemagne nazie. Cependant, à la suite de Philippe Burrin et Jean-Pierre Azéma, l’historiographie récente insiste davantage sur les passerelles qui existent entre les hommes de Vichy et ceux de Paris. Un ultra-collaborationniste comme le futur chef de la Milice française, Joseph Darnand, est ainsi toute l’Occupation un inconditionnel fervent du Maréchal. Le chef fasciste français Jacques Doriot proclame quant à lui jusqu’à fin 1941 qu’il est un homme du Maréchal. Son rival Marcel Déat a essayé en 1940 de convertir Pétain à son projet de parti unique et de régime totalitaire, s’attirant de ce dernier une fin de non-recevoir un parti ne peut pas être unique ; déçu, Déat quitte définitivement Vichy et agonit désormais Pétain d'attaques dans son journal L’Œuvre, à tel point que le maréchal, en 1944, se débrouille pour ne jamais contresigner sa nomination comme ministre. D'autres entourent Pétain de leur vénération sans bornes, tels Gaston Bruneton, chargé de l’action sociale auprès des travailleurs français en Allemagne volontaires et forcés en étroite collaboration avec le DAF Front allemand du travail, ou encore se voient confier des fonctions importantes par Vichy. Ainsi le journaliste pro-hitlérien Fernand de Brinon, qui représente le gouvernement Pétain en zone nord de 1941 à 1944.

Le programme de Révolution nationale

Le choix prioritaire du maréchal Pétain
Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une Révolution nationale, à fortes consonances xénophobes et antisémites, qui rompt avec la tradition républicaine et instaure un ordre nouveau fondé sur l’autorité, la hiérarchie, le corporatisme, l’inégalité entre les citoyens. Sa devise Travail, Famille, Patrie, empruntée aux Croix de Feu, remplace l’ancien triptyque Liberté, Égalité, Fraternité. Dès l’été 1940, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime ne reposera plus sur l’idée fausse d’égalité entre les hommes.
La Révolution nationale est la priorité de Pétain, dont il fait son affaire personnelle, et qu'il encourage par ses discours et ses interventions en Conseil des ministres. Cependant, dès août 1941, il avoue à la radio la faiblesse des échos qu’ont rencontré ses projets, parmi la masse de la population. À partir du retour au pouvoir de Laval en avril 1942, la Révolution nationale n’est plus à l’ordre du jour.
L’historiographie récente, depuis les travaux d'Henri Michel, Robert Paxton ou Jean-Pierre Azéma, tend à montrer que le désir de pouvoir enfin redresser la France à sa façon a poussé largement Pétain, en juin 1940, à retirer le pays de la guerre par l’armistice. C’est également lui qui le pousse à accepter l’entente avec le vainqueur : la Révolution nationale ne peut prospérer que dans une France défaite. Car, pour les pétainistes, une victoire alliée signifierait le retour des Juifs, des Francs-Maçons, des républicains et des communistes.
Selon ces historiens, Pétain néglige aussi le péril et la contradiction qu’il y a à entreprendre ses réformes sous le regard de l’occupant. Cette illusion est d’ailleurs dénoncée dès l’époque par la France libre du général de Gaulle, mais également par nombre de résistants, dont certains avaient pu au départ être tentés par le programme de Pétain, mais qui estiment dangereux de se tromper sur les priorités et vain d'entreprendre des réformes tant que les Allemands ne sont pas chassés du pays. En août 1943, François Valentin, le chef de la Légion française des combattants, nommé à ce poste par Pétain lui-même, rejoint Londres, enregistre et fait diffuser à la BBC un message retentissant dans lequel il fait son autocritique et dénonce la faute grave du maréchal et de ses fidèles : On ne reconstruit pas sa maison pendant qu’elle flambe ! .
Mais, si les historiens ont déterminé les intentions de Pétain, ce n'était pas toujours le cas des personnes vivant à l'époque, et, si Pétain conduisit par exemple une politique antisémite, ceux qui l'admiraient n'avaient pas forcément de telles idées. Enfin, les vichysto-résistants, souvent séduits par la Révolution nationale mais hostiles à la collaboration et à l'Occupant, furent nombreux.
Réformes, contrôles et exclusions

Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy.
C'est Grande revanche des minorités. Le régime de Pétain entreprend de régler les vieux comptes des anciens vaincus avec la IIIe République, le Front populaire, le marxisme ou la laïcité. Ce faisant, Pétain aggrave sensiblement les discordes nationales déjà avivées dans les années 1930, et couvre de son autorité un bon nombre de mesures d’exclusion.
Ces mesures sont notamment dirigées contre les Juifs, bien que le maréchal semble avoir été imperméable à l'antisémitisme avant la guerre : il soutint la candidature d'André Maurois à l'Académie française, fut représenté à l'enterrement d'Edmond de Rotschild en 1934, fut témoin au mariage de l'économiste israélite Jacques Rueff en 1937 et le parrain de sa fille en 1938.
Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion adoptées à la hâte contre les francs-maçons et les Juifs sont promulguées.
Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin, Pétain a personnellement participé à la rédaction du statut des Juifs et insisté pour qu’ils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Le brouillon originel de ce texte, qui est redécouvert en octobre 2010, annoté de la main du maréchal, prouvant ainsi son implication personnelle, confirme bien que Pétain a durci la version première et fait étendre l'exclusion à la totalité des Juifs de France, alors qu'elle ne devait concerner d'abord que les Juifs ou descendants de Juifs naturalisés après 1860.
Les textes discriminatoires du 3 octobre 1940 sont durcis le 2 juin 1941 : ils excluent ainsi les Français de race juive déterminée par la religion des grands-parents de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au Barreau, dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du 2 juin, la liste des métiers interdits s’allonge démesurément.
Dans le même temps par une loi du 29 mars 1941, promulguée par le maréchal, est créé un Commissariat général aux questions juives.
Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa dictature pluraliste, des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de L’Action française seul journal qu’il lise quotidiennementet cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de Salazar et de Franco, qu’il connaît personnellement depuis 1939.
Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au relèvement de la France : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes.
Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la naissance de l’IGN en juillet 1940, l’étatisation des polices municipales en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la IIIe République finissante et prolongée sous la IVe République. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des Mères au calendrier. D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État, comme la pénalisation de l'homosexualité. De nombreux étrangers supposés en surnombre dans l’économie française sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers GTE. Les Écoles normales, bastion de l’enseignement laïc et républicain, sont supprimées. Les lois des 11 et 27 octobre 1940 contre l’emploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le divorce est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à l’entre-deux-guerres. En 1943, Pétain refuse de gracier une avorteuse condamnée à mort, qui est guillotinée. Autre rupture avec la IIIe République, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme Maurras en la religion un facteur d’ordre, et ne manque pas d’assister à chaque messe dominicale à l’église Saint-Louis de Vichy.
Dans l’optique de la restauration de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction de Joseph de La Porte du Theil, un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui deviendront plus tard les Chantiers de la jeunesse française. L’idée est de réunir toute une classe d’âge en remplacement du service militaire désormais supprimé, et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du scoutisme, leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice, ainsi que la vénération à l’égard du chef de l’État.
D’autres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels d’organisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.
À destination des ouvriers, Pétain prononce le 1er mai 1941 un important discours à Saint-Étienne, où il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le capitalisme libéral et la révolution marxiste. Il énonce les principes de la future Charte du travail, promulguée en octobre 1941. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le lock-out, instaure le système du syndicat unique et le corporatisme, mais met aussi en place des comités sociaux préfiguration des comités d'entreprise et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords René Belin, Hubert Lagardelle. Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur l’hostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, l’aggravation des pénuries, l’instauration du Service du travail obligatoire STO en septembre 1942, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la Résistance intérieure française.
Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de Villeneuve-Loubet, le maréchal affirme que la terre, elle, ne ment pas, et encourage le retour à la Terre - politique soldée sur un échec, moins de 1 500 personnes en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La Corporation paysanne est fondée par une loi du 2 décembre 1940. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la Confédération générale de l'agriculture CGA qui voit le jour officiellement le 12 octobre 1944, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la FNSEA en 1946
Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste d’une France décadente qui expie maintenant ses fautes antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : Je ne cesse de me rappeler tous les jours que nous avons été vaincus à une délégation, mai 1942, et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : Je pense à eux parce qu’ils souffrent …, Noël 1941. Selon son chef de cabinet, du Moulin de Labarthète, le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la Révolution Nationale à leur retour.

De la Légion à la Milice

La période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la Légion française des combattants LFC, à laquelle sont ensuite agrégés les Amis de la Légion et les Cadets de la Légion. Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de mauvais esprit.
Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire SOL qui s’engage immédiatement dans la voie du collaborationnisme. Cet organisme est commandé par Joseph Darnand, héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de Claude Bourdet, parce que le Maréchal ne comprendrait pas. Ce même organisme devient en janvier 1943 la Milice française. À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum 30 000 hommes, dont beaucoup d’aventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de Pierre Laval, son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à d’innombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publique ou contre des fonctionnaires.
Pétain attend le 6 août 1944 pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. Pendant quatre ans, rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, vous m’avez encouragé au nom du bien de la France, et maintenant que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’Histoire de France. On aurait pu s’y prendre avant !

La collaboration d’État

Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré d’emblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. S’il refuse jusqu’au bout toute rentrée dans la guerre aux côtés d’un des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les alliés chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès octobre 1940, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la France libre. Il pratique donc une neutralité dissymétrique qui bénéficie aux Allemands. Il choisit en effet de s’entendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son Empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci peut être perçu comme une certaine naïveté de la part de Pétain : dans l’idéologie nazie, la France était en effet l’ennemie irréductible de l’Allemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier d’une quelconque place privilégiée à ses côtés.
Il est bien établi, depuis les travaux d'Eberhard Jäckel et surtout de Robert Paxton, que Pétain a activement recherché et poursuivi cette collaboration avec l’Allemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la Révolution nationale, sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration d’État. Mais l’une est en réalité le revers de l’autre, selon les constats concordants de l’historiographie contemporaine : les réformes vichystes n’ont pu se mettre en place qu’en profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le mythe Pétain134 » est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités.

L’homme de Montoire Pétain et Hitler à Montoire, le 24 octobre 1940.

Situation de la France sous le gouvernement de Philippe Pétain : * En juillet 1940, selon les accords de Montoire, le pays est coupé en quatre : zone occupée, zone libre séparées par une ligne de démarcation, Alsace-Moselle annexée de facto par le Reich, et deux départements du Nord sous l'administration militaire allemande de Bruxelles. * En novembre 1942 la zone occupée allemande s'étend : à la zone initiale dite zone Nord s'ajoute la majeure partie de la zone libre dite zone Sud à partir de nov. 1942 ; simultanément l'Italie occupe la plupart des territoires à l'est du Rhône et la Corse ; Philippe Pétain choisit cependant de rester en France et de poursuivre la Collaboration avec l'aide de Pierre Laval, tandis que l'amiral Darlan, alors à Alger, prend le parti des Alliés mais meurt assassiné peu après. * En octobre 1943 les Italiens se retirent, la zone occupée allemande s'étend à tout le pays, mais simultanément la Corse se libère ; la Collaboration s'intensifie. * Durant l'été 1944, à partir du 6 juin, la plus grande partie du territoire est libérée par les forces Alliées et celles de la Résistance : Philippe Pétain et son gouvernement sont alors transportés par les allemands à Sigmaringen.
Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre l’Axe et le Royaume-Uni, Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, le régime de Vichy dans la collaboration, à la suite de l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940, durant laquelle il rencontra Hitler. Cette poignée de main de Montoire, sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande.
Certes, l’armistice avait permis, en un premier temps, de limiter l’occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. Mais l’autonomie de la zone sud est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au-devant de celles-ci.
Cette collaboration d’État entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, s’interdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de l’occupant et de ses auxiliaires français ou contre l’annexion de fait, contraire à la convention d’armistice, de l’Alsace et de la Moselle. Aux parlementaires des trois départements, qu’il reçoit le 4 septembre 1942 alors que commence l’incorporation massive et illégale des malgré-nous dans la Wehrmacht, il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui resta sans suite. Lors de l’exécution en octobre 1941 des otages français à Châteaubriant, qui soulève l’indignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la Ligne de démarcation, mais son ministre Pierre Pucheu l’en dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs d’attentats et appeler les Français à les dénoncer. Au printemps 1944 encore, il ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le massacre d'Ascq. Par contre, il ne manque pas de dénoncer les crimes terroristes de la Résistance ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la Légion des volontaires français LVF qui combattent en URSS sous l’uniforme allemand, leur garantissant dans un message public qu’ils détiennent une part de notre honneur militaire .
En 1941, le régime de Pétain est de facto en cobelligérance avec l’Allemagne de Hitler lors de la Guerre de Syrie contre les Alliés.
Le général Weygand, connu pour son hostilité à la collaboration, ayant été limogé en novembre 1941, Pétain obtient une entrevue avec Göring à Saint-Florentin le 1er décembre. Mais c'est un échec, les Allemands refusant de céder à ses demandes : extension de la souveraineté de Vichy à toute la France sauf l'Alsace-Lorraine, réduction des frais d'occupation et des prisonniers de guerre et renforcement des moyens militaires de l'Empire.
En avril 1942, sous la pression allemande, mais aussi parce qu’il est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de Pierre Laval, désormais doté du titre de chef du gouvernement.
Contrairement aux légendes d’après-guerre, il n’existe pas de différence en politique extérieure entre un Vichy de Pétain et un Vichy de Laval, comme l’ont cru André Siegfried, Robert Aron ou Jacques Isorni, et comme l’a démenti toute l’historiographie contemporaine depuis Robert Paxton. S’il n’a aucune affection personnelle pour Laval, le maréchal couvre sa politique de son autorité et de son charisme, et approuve ses orientations en Conseil des ministres. En juin 1942, devant une délégation de visiteurs à Vichy, Pétain tient des propos largement répercutés, assurant qu’il est main dans la main avec Laval, que les ordres de ce dernier sont comme les siens et que tous lui doivent obéissance comme à lui-même. Lors du procès de Pétain, Laval déclarera sans ambiguïté qu’il n’agissait qu’après en avoir déféré au maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de l’État.
Le 22 juin 1942, Laval prononce un discours retentissant dans lequel il déclare qu’il « souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout. Pétain, à qui il a consenti à montrer préalablement le texte à la demande de ses conseillers effarés, n’a pas élevé d’objection. Du moment que selon le maréchal, un civil n’a pas à faire de pronostic militaire, il s’est contenté de lui faire changer un Je crois initial en un Je souhaite encore plus mal ressenti des Français.
Lorsque Laval informe, fin juin 1942, le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le procès-verbal conservé, montre Pétain approuvant comme juste la livraison de milliers de Juifs aux nazis. Puis le 26 août 1942, la zone sud devint le seul territoire de toute l’Europe d’où des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de Gurs, Noé, Rivesaltes, furent envoyés à la mort alors même qu’aucun soldat allemand n’était présent.
Maintenant antisémite, Pétain s’est opposé en mai 1942 à l'introduction en zone Sud du port obligatoire de l’étoile jaune, mais il n’a pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers d’identité à partir de fin 1942. En août 1943, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le nonce le fait prévenir discrètement que le pape s’inquiète pour l’âme du Maréchal, ce qui impressionne le vieil homme et contribue à l’échec du projet. En tout, 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration.
À ce sujet, l'historien André Kaspi écrit : Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux pour les Juifs que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période. De là cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français.Pour l'avocat Serge Klarsfeld cet argument tombe lorsque l'on constate l'implication personnelle de Pétain dans la politique antisémite dès octobre 1940.
En août 1942, un télégramme signé Pétain félicite Hitler d’avoir fait échec à la tentative de débarquement allié à Dieppe.
Le 4 septembre 1942, Pétain promulgue la première loi fondant le Service du travail obligatoire. Complété par celle du 16 février 1943, le STO permet en une dizaine de mois le départ forcé de plus de 600 000 travailleurs en Allemagne. Ce sont les seuls de toute l’Europe à avoir été requis non par ordonnance allemande, mais par les lois et les autorités de leur propre pays.
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Posté le : 23/04/2016 17:48
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Philippe Pétain 3
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Réformes, contrôles et exclusions

Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy.
C'est Grande revanche des minorités. Le régime de Pétain entreprend de régler les vieux comptes des anciens vaincus avec la IIIe République, le Front populaire, le marxisme ou la laïcité. Ce faisant, Pétain aggrave sensiblement les discordes nationales déjà avivées dans les années 1930, et couvre de son autorité un bon nombre de mesures d’exclusion.
Ces mesures sont notamment dirigées contre les Juifs, bien que le maréchal semble avoir été imperméable à l'antisémitisme avant la guerre : il soutint la candidature d'André Maurois à l'Académie française, fut représenté à l'enterrement d'Edmond de Rotschild en 1934, fut témoin au mariage de l'économiste israélite Jacques Rueff en 1937 et le parrain de sa fille en 1938.
Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion adoptées à la hâte contre les francs-maçons et les Juifs sont promulguées.
Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin, Pétain a personnellement participé à la rédaction du statut des Juifs et insisté pour qu’ils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Le brouillon originel de ce texte, qui est redécouvert en octobre 2010, annoté de la main du maréchal, prouvant ainsi son implication personnelle, confirme bien que Pétain a durci la version première et fait étendre l'exclusion à la totalité des Juifs de France, alors qu'elle ne devait concerner d'abord que les Juifs ou descendants de Juifs naturalisés après 1860.
Les textes discriminatoires du 3 octobre 1940 sont durcis le 2 juin 1941 : ils excluent ainsi les Français de race juive déterminée par la religion des grands-parents de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au Barreau, dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du 2 juin, la liste des métiers interdits s’allonge démesurément.
Dans le même temps par une loi du 29 mars 1941, promulguée par le maréchal, est créé un Commissariat général aux questions juives.
Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa dictature pluraliste, des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de L’Action française seul journal qu’il lise quotidiennementet cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de Salazar et de Franco, qu’il connaît personnellement depuis 1939.
Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au relèvement de la France : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes.
Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la naissance de l’IGN en juillet 1940, l’étatisation des polices municipales en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la IIIe République finissante et prolongée sous la IVe République. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des Mères au calendrier. D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État, comme la pénalisation de l'homosexualité. De nombreux étrangers supposés en surnombre dans l’économie française sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers GTE. Les Écoles normales, bastion de l’enseignement laïc et républicain, sont supprimées. Les lois des 11 et 27 octobre 1940 contre l’emploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le divorce est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à l’entre-deux-guerres. En 1943, Pétain refuse de gracier une avorteuse condamnée à mort, qui est guillotinée. Autre rupture avec la IIIe République, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme Maurras en la religion un facteur d’ordre, et ne manque pas d’assister à chaque messe dominicale à l’église Saint-Louis de Vichy.
Dans l’optique de la restauration de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction de Joseph de La Porte du Theil, un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui deviendront plus tard les Chantiers de la jeunesse française. L’idée est de réunir toute une classe d’âge en remplacement du service militaire désormais supprimé, et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du scoutisme, leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice, ainsi que la vénération à l’égard du chef de l’État.
D’autres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels d’organisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.
À destination des ouvriers, Pétain prononce le 1er mai 1941 un important discours à Saint-Étienne, où il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le capitalisme libéral et la révolution marxiste. Il énonce les principes de la future Charte du travail, promulguée en octobre 1941. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le lock-out, instaure le système du syndicat unique et le corporatisme, mais met aussi en place des comités sociaux préfiguration des comités d'entreprise et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords René Belin, Hubert Lagardelle. Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur l’hostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, l’aggravation des pénuries, l’instauration du Service du travail obligatoire STO en septembre 1942, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la Résistance intérieure française.
Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de Villeneuve-Loubet, le maréchal affirme que la terre, elle, ne ment pas, et encourage le retour à la Terre - politique soldée sur un échec, moins de 1 500 personnes en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La Corporation paysanne est fondée par une loi du 2 décembre 1940. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la Confédération générale de l'agriculture CGA qui voit le jour officiellement le 12 octobre 1944, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la FNSEA en 1946
Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste d’une France décadente qui expie maintenant ses fautes antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : Je ne cesse de me rappeler tous les jours que nous avons été vaincus à une délégation, mai 1942, et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : Je pense à eux parce qu’ils souffrent …, Noël 1941. Selon son chef de cabinet, du Moulin de Labarthète, le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la Révolution Nationale à leur retour.

De la Légion à la Milice

La période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la Légion française des combattants LFC, à laquelle sont ensuite agrégés les Amis de la Légion et les Cadets de la Légion. Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de mauvais esprit.
Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire SOL qui s’engage immédiatement dans la voie du collaborationnisme. Cet organisme est commandé par Joseph Darnand, héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de Claude Bourdet, parce que le Maréchal ne comprendrait pas. Ce même organisme devient en janvier 1943 la Milice française. À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum 30 000 hommes, dont beaucoup d’aventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de Pierre Laval, son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à d’innombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publique ou contre des fonctionnaires.
Pétain attend le 6 août 1944 pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. Pendant quatre ans, rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, vous m’avez encouragé au nom du bien de la France, et maintenant que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’Histoire de France. On aurait pu s’y prendre avant !

La collaboration d’État

Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré d’emblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. S’il refuse jusqu’au bout toute rentrée dans la guerre aux côtés d’un des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les alliés chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès octobre 1940, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la France libre. Il pratique donc une neutralité dissymétrique qui bénéficie aux Allemands. Il choisit en effet de s’entendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son Empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci peut être perçu comme une certaine naïveté de la part de Pétain : dans l’idéologie nazie, la France était en effet l’ennemie irréductible de l’Allemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier d’une quelconque place privilégiée à ses côtés.
Il est bien établi, depuis les travaux d'Eberhard Jäckel et surtout de Robert Paxton, que Pétain a activement recherché et poursuivi cette collaboration avec l’Allemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la Révolution nationale, sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration d’État. Mais l’une est en réalité le revers de l’autre, selon les constats concordants de l’historiographie contemporaine : les réformes vichystes n’ont pu se mettre en place qu’en profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le mythe Pétain134 » est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités.

L’homme de Montoire Pétain et Hitler à Montoire, le 24 octobre 1940.

Situation de la France sous le gouvernement de Philippe Pétain : * En juillet 1940, selon les accords de Montoire, le pays est coupé en quatre : zone occupée, zone libre séparées par une ligne de démarcation, Alsace-Moselle annexée de facto par le Reich, et deux départements du Nord sous l'administration militaire allemande de Bruxelles. * En novembre 1942 la zone occupée allemande s'étend : à la zone initiale dite zone Nord s'ajoute la majeure partie de la zone libre dite zone Sud à partir de nov. 1942 ; simultanément l'Italie occupe la plupart des territoires à l'est du Rhône et la Corse ; Philippe Pétain choisit cependant de rester en France et de poursuivre la Collaboration avec l'aide de Pierre Laval, tandis que l'amiral Darlan, alors à Alger, prend le parti des Alliés mais meurt assassiné peu après. * En octobre 1943 les Italiens se retirent, la zone occupée allemande s'étend à tout le pays, mais simultanément la Corse se libère ; la Collaboration s'intensifie. * Durant l'été 1944, à partir du 6 juin, la plus grande partie du territoire est libérée par les forces Alliées et celles de la Résistance : Philippe Pétain et son gouvernement sont alors transportés par les allemands à Sigmaringen.
Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre l’Axe et le Royaume-Uni, Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, le régime de Vichy dans la collaboration, à la suite de l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940, durant laquelle il rencontra Hitler. Cette poignée de main de Montoire, sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande.
Certes, l’armistice avait permis, en un premier temps, de limiter l’occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. Mais l’autonomie de la zone sud est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au-devant de celles-ci.
Cette collaboration d’État entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, s’interdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de l’occupant et de ses auxiliaires français ou contre l’annexion de fait, contraire à la convention d’armistice, de l’Alsace et de la Moselle. Aux parlementaires des trois départements, qu’il reçoit le 4 septembre 1942 alors que commence l’incorporation massive et illégale des malgré-nous dans la Wehrmacht, il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui resta sans suite. Lors de l’exécution en octobre 1941 des otages français à Châteaubriant, qui soulève l’indignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la Ligne de démarcation, mais son ministre Pierre Pucheu l’en dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs d’attentats et appeler les Français à les dénoncer. Au printemps 1944 encore, il ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le massacre d'Ascq. Par contre, il ne manque pas de dénoncer les crimes terroristes de la Résistance ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la Légion des volontaires français LVF qui combattent en URSS sous l’uniforme allemand, leur garantissant dans un message public qu’ils détiennent une part de notre honneur militaire .
En 1941, le régime de Pétain est de facto en cobelligérance avec l’Allemagne de Hitler lors de la Guerre de Syrie contre les Alliés.
Le général Weygand, connu pour son hostilité à la collaboration, ayant été limogé en novembre 1941, Pétain obtient une entrevue avec Göring à Saint-Florentin le 1er décembre. Mais c'est un échec, les Allemands refusant de céder à ses demandes : extension de la souveraineté de Vichy à toute la France sauf l'Alsace-Lorraine, réduction des frais d'occupation et des prisonniers de guerre et renforcement des moyens militaires de l'Empire.
En avril 1942, sous la pression allemande, mais aussi parce qu’il est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de Pierre Laval, désormais doté du titre de chef du gouvernement.
Contrairement aux légendes d’après-guerre, il n’existe pas de différence en politique extérieure entre un Vichy de Pétain et un Vichy de Laval, comme l’ont cru André Siegfried, Robert Aron ou Jacques Isorni, et comme l’a démenti toute l’historiographie contemporaine depuis Robert Paxton. S’il n’a aucune affection personnelle pour Laval, le maréchal couvre sa politique de son autorité et de son charisme, et approuve ses orientations en Conseil des ministres. En juin 1942, devant une délégation de visiteurs à Vichy, Pétain tient des propos largement répercutés, assurant qu’il est main dans la main avec Laval, que les ordres de ce dernier sont comme les siens et que tous lui doivent obéissance comme à lui-même. Lors du procès de Pétain, Laval déclarera sans ambiguïté qu’il n’agissait qu’après en avoir déféré au maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de l’État.
Le 22 juin 1942, Laval prononce un discours retentissant dans lequel il déclare qu’il « souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout. Pétain, à qui il a consenti à montrer préalablement le texte à la demande de ses conseillers effarés, n’a pas élevé d’objection. Du moment que selon le maréchal, un civil n’a pas à faire de pronostic militaire, il s’est contenté de lui faire changer un Je crois initial en un Je souhaite encore plus mal ressenti des Français.
Lorsque Laval informe, fin juin 1942, le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le procès-verbal conservé, montre Pétain approuvant comme juste la livraison de milliers de Juifs aux nazis. Puis le 26 août 1942, la zone sud devint le seul territoire de toute l’Europe d’où des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de Gurs, Noé, Rivesaltes, furent envoyés à la mort alors même qu’aucun soldat allemand n’était présent.
Maintenant antisémite, Pétain s’est opposé en mai 1942 à l'introduction en zone Sud du port obligatoire de l’étoile jaune, mais il n’a pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers d’identité à partir de fin 1942. En août 1943, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le nonce le fait prévenir discrètement que le pape s’inquiète pour l’âme du Maréchal, ce qui impressionne le vieil homme et contribue à l’échec du projet. En tout, 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration.
À ce sujet, l'historien André Kaspi écrit : Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux pour les Juifs que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période. De là cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français.Pour l'avocat Serge Klarsfeld cet argument tombe lorsque l'on constate l'implication personnelle de Pétain dans la politique antisémite dès octobre 1940.
En août 1942, un télégramme signé Pétain félicite Hitler d’avoir fait échec à la tentative de débarquement allié à Dieppe.
Le 4 septembre 1942, Pétain promulgue la première loi fondant le Service du travail obligatoire. Complété par celle du 16 février 1943, le STO permet en une dizaine de mois le départ forcé de plus de 600 000 travailleurs en Allemagne. Ce sont les seuls de toute l’Europe à avoir été requis non par ordonnance allemande, mais par les lois et les autorités de leur propre pays.

Après le tournant de novembre 1942

Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, au Maroc, à Oran et dans le port d'Alger, Pétain donne officiellement l’ordre de les combattre, en déclarant : La France et son honneur sont en jeu. Nous sommes attaqués. Nous nous défendons. C'est l'ordre que je donne. L'existence même de Vichy est alors en cause : si les forces de Vichy ne résistent pas à l'invasion alliée, les Allemands envahiront inéluctablement la France non occupée et le reste de l'Afrique du Nord. Pendant quelques jours, les Alliés doivent donc faire face à une authentique résistance de la part de l'Armée de Vichy, obéissant aux ordres de ses chefs.
En réaction à ce débarquement, le 11 novembre, violant la convention d’armistice, les Allemands envahissent la zone sud. Pétain refuse l'idée de plusieurs de ses proches conseillersQui ? de gagner l'Afrique du Nord, d'ordonner à la flotte de Toulon d’appareiller, de replacer la France dans le camp des Alliés. Pour justifier sa décision, il va en privé jusqu'à invoquer que son médecin lui a déconseillé de prendre l’avion… Il veut surtout pouvoir continuer à « servir d'écran entre le peuple de France et l'occupant. Il proteste contre cette invasion par une déclaration plusieurs fois diffusée sur les ondes. En fait, soulignent Robert Paxton et R. Franck, il reste fidèle à son choix de 1940, associant étroitement retrait de la guerre, collaboration et Révolution nationale.
Sa décision déçoit d'innombrables Français qui croyaient encore en un hypothétique double jeu secret du maréchal et s'imaginaient qu'il souhaitait en secret préparer la reprise de la lutte et la revanche contre l'ennemi. Nombre d’entre eux se détachent du régime de Vichy tout en conservant généralement leur respect pour la personne du maréchal Pétain et vont parfois gonfler les rangs clandestins des « vichysto-résistantsinspirés notamment par les généraux Giraud et de Lattre de Tassigny. Le surnom de Maréchal Pétoche, dont certains l’avaient affublé, se répand.
La dissidence de la plus grande partie de l'Empire, la fin de la zone libre, le sabordage de la flotte française à Toulon, le 27 novembre 1942, la dissolution de l’armée d'armistice font perdre à Vichy ses derniers atouts face aux Allemands. En maintenant sa politique de collaboration, Pétain perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940, et la Résistance s’intensifie malgré le durcissement de la répression.
Pétain fait officiellement déchoir de la nationalité française et condamner à mort ses anciens fidèles François Darlan et Henri Giraud, qui sont passés au camp allié en Afrique du Nord. Il ne proteste à aucun moment lorsque fin 1942, puis à nouveau à l’automne 1943, une vague d'arrestations frappe son propre entourage et écarte de lui un nombre important de conseillers et de fidèles dont Maxime Weygand, Lucien Romier ou Joseph de La Porte du Theil, interné en Allemagne. Il consent des délégations croissantes de pouvoirs à Pierre Laval, redevenu son dauphin, qui place ses fidèles à tous les postes-clés et qui obtient de lui, à partir du 26 novembre 1942, de signer seuls les lois et les décrets.
Fin 1943, voyant le sort de l’Axe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal Badoglio en Italie, lequel en septembre 1943, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi qu’un nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté d’une nouvelle constitution pourra, au jour J, écarter de Gaulle du jeu et négocier avec les libérateurs l’impunité de Vichy et la ratification de ses actes.
Le 12 novembre 1943, alors que Pétain s'apprête à prononcer le lendemain un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation une révision constitutionnelle stipulant qu'il revient à l'Assemblée nationale de désigner son successeur, ce qui aurait remis en cause le statut officiel de dauphin de Laval, les Allemands, par l'intermédiaire du consul général Krug von Nidda, bloquent ce projet.
Après six semaines de grève du pouvoir, Pétain se soumet. Le projet de constitution républicaine fut finalisé et approuvé par Pétain le 30 janvier 1944 Projet de constitution du 30 janvier 1944 mais il ne fut jamais promulgué. Pétain accrut encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par l’entrée au gouvernement de Joseph Darnand, Philippe Henriot et Marcel Déat 1er janvier, 6 janvier et 16 mars 1944.
Dans les derniers mois de l’Occupation, Pétain affecte désormais d’être un simple prisonnier des Allemands, tout en continuant à couvrir en fait de son autorité et de son silence la collaboration qui se poursuit jusqu’au bout, ainsi que les atrocités de l’ennemi et de la Milice française. En août 1944, il songe à se livrer au maquis d’Auvergne du colonel Gaspard, et tente de déléguer l’amiral Auphan auprès de De Gaulle pour lui transmettre régulièrement le pouvoir sous réserve que le nouveau gouvernement reconnaisse la légitimité de Vichy et de ses actes. Aucune réponse ne fut donnée à ce monument de candeur.

Sigmaringen

Le 17 août 1944, les Allemands, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué, demandent à Pétain de se laisser transférer en zone nord. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette demande. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à 11 h 30, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des ordres formels de Berlin. Le texte écrit est soumis à Pétain : Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté. Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy. Après avoir pris à témoin le ministre de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et … lorsqu'à 19 h 30 Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal, à l'hôtel du Parc, avec le général von Neubronn, le chef de l’État est en train de surveiller la confection de ses valises et de ranger ses papiers. Le lendemain, 20 août 1944, il est emmené contre son gré par l’armée allemande à Belfort puis, le 8 septembre, à Sigmaringen en Allemagne, où s’étaient réfugiés les dignitaires de son régime. Plutôt que de démissionner, il entretient, dans une lettre aux Français la fiction selon laquelle je suis et demeure moralement votre chef.
À Sigmaringen, Pétain refuse d’exercer encore ses fonctions et de participer aux activités de la commission gouvernementale présidée par Fernand de Brinon. Il se cloître dans ses appartements, tout en préparant sa défense après avoir appris que la Haute Cour de Justice française se dispose à le mettre en accusation par contumace

Arrestation et retour en France du maréchal Pétain.

Le 23 avril 1945, après avoir obtenu des Allemands qu'ils le conduisent en Suisse, et des Suisses qu'ils l'acceptent sur leur territoire, Pétain demande à regagner la France. Par l'intermédiaire du ministre Karl Burckhardt, le gouvernement suisse transmet cette requête au général de Gaulle. Le gouvernement provisoire de la République décide de ne pas s'y opposer. Le 24 avril, les autorités suisses lui font rejoindre la frontière puis il est remis aux autorités françaises le 26 avril. Le général Kœnig est chargé de le prendre en charge à Vallorbe. Le maréchal est ensuite interné au fort de Montrouge.

Procès et emprisonnement

Le procès du maréchal Pétain débute le 23 juillet 1945 devant la Haute Cour de justice créée le 18 novembre 1944. Après que six autres magistrats se sont récusés, le tribunal est présidé par Paul Mongibeaux, premier président de la Cour de cassation, assisté du président de la chambre criminelle à la Cour de cassation Donat-Guigne, et Picard, premier président de la Cour d'appel. Tous trois avaient prêté serment de fidélité au maréchal. Le ministère public est représenté par le procureur général André Mornet, président honoraire de la Cour de cassation. Le jury de vingt-quatre personnes est constitué de douze parlementaires et quatre suppléants et de douze non-parlementaires issus de la Résistance et quatre suppléants. Ce jury est choisi dans deux listes, la première étant celle de cinquante parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, la deuxième étant composée de personnalités de la Résistance ou proches d'elle. La défense use de son droit de récusation pour quelques noms sortant du tirage au sort, notamment Robert Pimienta et Lucie Aubrac.

Après récusations de la défense, les jurés sont :

pour les parlementaires : Gabriel Delattre, Émile Bender, Georges Lévy-Alphandéry, Michel Tony-Révillon, Émile Bèche, Adrien Mabrut, Louis Prot, René Renoult, Jean Pierre-Bloch, Pétrus Faure, Paul Sion, Léandre Dupré, Camille Catalan suppléant, Jammy Schmidt suppléant, Joseph Rous suppléant et Eugène Chassaing suppléant
pour les non-parlementaires : Henri Seignon, Jacques Lecompte-Boinet, Lorignet, Roger Lescuyer, Roger Gervolino, Maurice Guérin, Jean Guy, Ernest Perney, Pierre Meunier, Pierre Stibbe, Dr Porcher, Marcel Bergeron, Georges Poupon suppléant, Jean Worms dit Germinal suppléant, Marcel Levêque suppléant, Gilbert Destouches suppléant
Défendu par Jacques Isorni, Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen, Philippe Pétain déclare le premier jour qu’il avait toujours été un allié caché du général de Gaulle et qu’il n’était responsable que devant la France et les Français qui l’avaient désigné et non devant la Haute Cour de justice. Dans ces conditions, il ne répondra pas aux questions qui lui seront posées. Viennent déposer de nombreuses personnalités en tant que témoins soit à charge : Édouard Daladier, Paul Reynaud, Léon Blum, Pierre Laval, soit à décharge : le général Weygand, le pasteur Marc Boegner, ou encore l’aumônier des prisonniers de guerre Jean Rodhain, seul homme d'Église à témoigner à décharge.
Le procès s’achève le 15 août 1945 à l’aube. La cour déclare Pétain coupable, notamment, d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison. Elle le condamne à mort, à la dégradation nationale, et à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois ces condamnations du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge,. La condamnation a été votée à une voix de majorité.
Le verdict de la Haute Cour de justice frappe d'indignité nationale Philippe Pétain ; cette décision, interprétée stricto sensu, lui retirant son rang dans les forces armées et son droit à porter ses décorations. Le titre de maréchal de France étant une dignité et non un grade, ses partisans considèrent que Philippe Pétain conserva ce titre après sa condamnation. À la fin du procès, il se dépouille de son uniforme avant d'être incarcéré, mais c’est avec ce même uniforme qu’il fut inhumé en 1951.
Cependant certains considèrent qu’il fut, de facto, déchu de sa dignité et qu’il convient, comme le font les historiens d'aujourd'hui, de le nommer simplement Philippe Pétain , en particulier pour la période qui suit sa condamnation du 15 août 1945, ou encore l’ex-maréchal Pétain.
Accomplissant le vœu de la Haute Cour de justice, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité le 17 août 1945. Compte tenu de la peine de dégradation nationale article 21 de l'ordonnance du 26 décembre 1944, le maréchal Pétain est exclu automatiquement de l'Académie française l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut. Toutefois, celle-ci s’abstient d’élire un remplaçant de son vivant au 18e fauteuil, égard auquel a également eu droit Charles Maurras tandis qu’Abel Bonnard et Abel Hermant sont remplacés dès 1946.
Philippe Pétain est emprisonné au fort du Portalet, dans les Pyrénées, du 15 août au 16 novembre 1945, puis transféré au fort de la Citadelle sur L'Île-d'Yeu Vendée. Son épouse installée à son tour dans l’île, bénéficie d’un droit de visite quotidien. La santé de Philippe Pétain décline à partir du début de l’année 1951, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Après avoir pris position en ce sens dès 1949, le 26 mai 1951 à Oran, dans un discours prononcé place d'Armes devant une foule d'environ 8 000 personnes, le général de Gaulle déclare qu'« il est lamentable pour la France, au nom du passé et de la réconciliation nationale indispensable, qu'on laisse mourir en prison le dernier Maréchal. Eu égard à cette situation, le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par Vincent Auriol, président de la République, en vue d’adoucir une fin prévisible, autorise le 8 juin 1951 l’élargissement du prisonnier et son assignation à résidence dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère. Le transfert dans une maison privée de Port-Joinville a lieu le 29 juin 1951, où Philippe Pétain meurt le 23 juillet 1951. Veillé par Jean Rodhain, il est inhumé le surlendemain dans le cimetière marin de l’île d’Yeu.

Tombe

La translation de la dépouille du maréchal Pétain est réclamée à plusieurs reprises par l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain ADMP à partir de 1951, au nom de la réconciliation nationale. Elle organise notamment une pétition en ce sens en mai 1954, soutenue par de très nombreuses associations d'anciens combattants de 1914-1918, qui recueille près de 70 000 signatures. Il s'agit en fait, selon l'analyse d'Henry Rousso, d'oublier le maréchal de 1940 au profit du général de 1916, d'utiliser la mémoire des anciens combattants de la Grande Guerre, pour qui Pétain reste l'homme du On les aura !, au profit d'une idéologie.
Le 19 février 1973, à 2 heures du matin, le cercueil du maréchal Pétain est enlevé par des membres de l’extrême droite, à l'instigation de Tixier-Vignancour, ancien de l’OAS, afin d’opérer le transfert de sa dépouille à l'ossuaire de Douaumont Verdun. Ce transfert correspond à un souhait de Pétain, tel qu’écrit dans son testament de 1938, qui souhaitait reposer auprès des centaines de milliers de soldats français qui y sont tombés. Malgré les précautions prises, l'enlèvement est découvert. Le commando dissimule alors le cercueil sur un parking de Saint-Ouen tandis que Tixier-Vignancour tente de négocier un transfert aux Invalides. Hubert Massol, le chef du commando se rend finalement le 21 février après l'arrestation de ses complices. Une fois le cercueil revenu à l'Île d'Yeu, la tombe est cette fois bétonnée.
La tombe de Philippe Pétain est fleurie au nom de la présidence de la République le 10 novembre 1968 sous le général de Gaulle, à l'occasion du 50e anniversaire de l'armistice de 1918, en février 1973 sous Georges Pompidou, à la suite de la profanation de la tombe située à L'Île-d'Yeu et en 1978 sous Valéry Giscard d'Estaing, 60e commémoration de la victoire de 1918. Pendant la présidence de François Mitterrand, elle est fleurie le 22 septembre 1984 jour de la rencontre avec le chancelier Helmut Kohl à Verdun, puis le 15 juin 1986 70e anniversaire de la bataille de Verdun, puis chaque 11 novembre entre 1987 et 1992. Cette pratique ne cesse qu’après de nombreuses protestations dont celles de la communauté juive.
François Mitterrand, comme les apologistes de la mémoire de Pétain, ayant déclaré qu’ils honoraient simplement la mémoire de l’homme de Verdun et nullement celle du chef de l’État français, l’ancien premier ministre Laurent Fabius fit remarquer que lorsque l’on juge un homme, on le fait sur l’ensemble de sa vie. Quant à l’historien André Kaspi, il souligna l’artificialité de cette distinction : Le Pétain collaborateur de 1940-1944 n’a pu égarer les Français et en convaincre bon nombre de le suivre que parce qu’il bénéficiait du prestige du Pétain de 1914-1918. L’un n’aurait pas existé sans l’autre.
Sa sépulture fut de nouveau profanée en 2007.

Les Français face à Philippe Pétain Avant 1940

Militaire à la réussite tardive, Pétain doit son premier prestige moins à son rôle à Verdun qu’à sa gestion de la crise du moral en 1917. En arrêtant les offensives inutilement meurtrières, et en libéralisant le régime des permissions, il gagne et conserve auprès des hommes et jusque dans certains cercles pacifistes la réputation d’un chef compréhensif et soucieux d’épargner le sang des soldats. Même si certains rappellent pour l’exalter ou pour le dénoncer son rôle de fusilleur des mutins de 1917, c’est cette réputation qui se maintient pendant l’entre-deux-guerres.
Contrairement à une légende vivace mais qui a énormément contribué sous l’Occupation à sa grande popularité, Pétain n’a pas été providentiellement sorti du placard alors qu’il ne demandait rien en 1940 à 84 ans ; il est même excessif de dire qu’il a alors repris du service, comme le croiront beaucoup de Français. Son entre-deux-guerres est en effet celle d’un homme reconnu et tout à fait actif : fait maréchal en 1918, il est, après 1934, le dernier titulaire de la prestigieuse dignité dans l'État, avec Franchet d'Esperey ; membre de l’Académie française, inspecteur général de l’Armée, très influent sur la doctrine militaire, il est un éphémère ministre de la Guerre en 1934 puis ambassadeur de France en Espagne en 1939. Il apparaît déjà à certains, comme un recours possible.
Pendant ces années, il évite de prendre des partis-pris trop tranchés, ce qui lui ménage même dans les milieux républicains voire de gauche la réputation d’un militaire modéré et politiquement fiable. Peu clérical au contraire d’un Foch ou d’un Castelnau, il ne se mêle pas de la crise de 1924, où ce dernier prend la tête d’un mouvement de masse contre l’anticléricalisme du gouvernement Herriot ; il évite de dénoncer en public le Front populaire et l’Espagne républicaine ; il est informé du complot de la Cagoule visant à renverser la République et à porter un militaire prestigieux lui-même ou Franchet d’Esperey à la tête de l’État, mais se garde de s’y compromettre 1937. En 1939, lorsqu’il est nommé ambassadeur auprès de Franco, Léon Blum proteste dans Le Populaire qu’on envoie au dictateur espagnol ce que nous avons de meilleur. Seul le colonel de Gaulle soupçonne qu’il prend goût au pouvoir, et confie : Il accepterait n’importe quoi, tant le gagne l’ambition sénile.
En mai 1940, Paul Reynaud ne se méfie pas davantage de Pétain quand il l’appelle à la vice-présidence du Conseil. Or, après s’être d’abord longuement tu, Pétain prend la tête des partisans de l’armistice.

Maréchalistes, pétainistes et opinion pendant l’Occupation

Il est hors de doute qu’une majorité de Français, sonnés par la déroute d’une armée qu’ils croyaient invincible, a accueilli l’armistice comme un soulagement, de même que le maintien d’un gouvernement français dirigé par un sauveur providentiel et susceptible à leurs yeux de faire écran entre eux et l’occupant. Très peu ont perçu sur le coup que le retrait de la guerre condamnait le pays à une longue occupation nécessitant l’entente avec le vainqueur. Par ailleurs, souligne Olivier Wieviorka, ni l’essentiel des Français ni la majorité des parlementaires à lui voter les pleins pouvoirs ne voulaient lui donner ainsi mandat pour exclure les Juifs, briser l’unité nationale ou atteler la France au char allemand.
Contrairement à une légende encore tenace, il n’y a pas eu non plus en 1940 quarante millions de pétainistes qui seraient devenus en 1944 quarante millions de gaullistes183.
La distinction de Stanley Hoffmann entre maréchalistes et pétainistes s’est imposée en effet à l’historiographie contemporaine. Les maréchalistes font confiance à Pétain comme bouclier des Français. Beaucoup plus minoritaires, les pétainistes approuvent en plus son idéologie réactionnaire et sa politique intérieure, voire la collaboration d’État.
Nombre de résistants de la première heure furent ainsi un temps maréchalistes par erreur, croyant que Pétain jouait double-jeu et qu’en préparant la revanche, ils répondaient à ses vœux secrets. Henri Frenay ou le journal clandestin Défense de la France citent ainsi élogieusement Pétain en 1941-1942, avant de revenir de leurs illusions et de dénoncer son rôle comme équivoque et néfaste.
D’autres encore, les vichysto-résistants, ont participé au régime de Vichy et à la mise en œuvre de sa politique avant de se détourner de lui surtout après novembre 1942, tout en gardant leur respect pour Pétain et pour tout ou partie de ses idées. Souvent, ils n’ont pas d’objection de fond à faire à celles-ci, mais considèrent que le moment choisi pour les appliquer est inapproprié, tant que l’Allemand occupe encore le territoire.
Des déçus de la IIIe République ont cru aussi que le régime de Pétain pouvait leur servir à mettre en place leurs propres projets, et se sont ralliés à tout ou partie de sa Révolution nationale. Mais un Emmanuel Mounier, qui engage la revue Esprit aux côtés de Pétain en 1940, rompt avec lui dès mai 1941 par rejet radical de l'antisémitisme et passe à la Résistance. François Mitterrand, prisonnier évadé travaillant aux bureaux officiels de Vichy, est reçu par le maréchal Pétain en septembre 1942 mais n’en rejoint pas moins la Résistance quelques mois plus tard.
Si beaucoup de collaborationnistes parisiens méprisent Vichy et son chef qu’ils jugent trop réactionnaires et toujours trop peu engagés aux côtés du Troisième Reich, nombre des ultras de la collaboration sont de très fervents fidèles de Pétain, dont ils estiment relayer les appels publics à collaborer avec l’occupant : ainsi Joseph Darnand ou encore Jacques Doriot qui se dit un homme du Maréchal jusqu’à fin 1941. Un groupuscule clairement pro-nazi de zone nord se baptise même les Jeunes du Maréchal. De nombreux ultras sont d’ailleurs plus ou moins précocement nommés membres du gouvernement Pétain à Vichy : ainsi Gaston Bruneton, Abel Bonnard, Jean Bichelonne, Fernand de Brinon, et plus tard Philippe Henriot ou Marcel Déat.
Selon le Pr Jean Quellien184, « Pétain a été responsable de l’engagement de bien des hommes dans la collaboration : 19 % des collaborationnistes du Calvados interrogés après la guerre confient s’être inscrits à des partis collabos d’abord parce qu’ils pensaient suivre ainsi les volontés du maréchal.
Les travaux pionniers de Pierre Laborie et de nombreux historiens permettent aujourd’hui de mieux cerner l’évolution de l’opinion publique sous Vichy. Généralement, la Révolution nationale, souci premier de Pétain, intéresse peu les Français, et patine dès 1941. La collaboration est très largement rejetée, mais beaucoup croient à tort que le maréchal est de bonne foi et veut protéger les Français, voire qu’il est forcé par les Allemands à collaborer ou même prisonnier d’un entourage collabo. Reprenant le thème ancestral du bon monarque trompé par ses mauvais ministres, la masse des Français distingue entre le maréchal et ses ministres, à commencer par le très impopulaire Pierre Laval, unanimement haï, et chargé seul de toutes les turpitudes et de tous les échecs du régime.
Nombre de Français ne font toutefois pas la différence, qu’ils soient résistants ou non. Dans bien des écoles, l’instituteur néglige d’apprendre aux élèves le Maréchal, nous voilà !. Globalement, le prestige de Pétain est nettement plus faible chez les ouvriers que chez les paysans ou dans la bourgeoisie, et encore faut-il apporter de nombreuses nuances. Les prisonniers de guerre, coupés depuis 1940 de la réalité française et choyés par la propagande du régime, sont en général restés maréchalistes ou pétainistes plus longtemps que les autres Français. Si la grande majorité de l’épiscopat français est restée très maréchaliste voire pétainiste jusqu’en 1944, les catholiques ont été, avec les communistes, une des catégories les plus engagées dans la Résistance. Enfin, la zone sud, royaume du Maréchal est beaucoup plus marquée par la présence de Pétain et de son régime que la zone nord, où le chef de l’État, Vichy et la Révolution nationale sont des réalités bien plus lointaines. Dans son Nord-Pas-de-Calais natal, coupé de l’Hexagone et dirigé depuis Bruxelles, Pétain ne jouit avec son régime d’aucune considération : l’Occupation y est d’emblée trop brutale, l’anglophilie traditionnelle trop forte, pour laisser la moindre place aux thèmes de la collaboration et du redressement intérieur.
Après les rafles de Juifs de l’été 1942, l’invasion de la zone sud en novembre 1942, puis l’instauration du STO, le discrédit de Vichy est massif, mais épargne toutefois majoritairement la figure tutélaire du maréchal. Cependant, celui-ci devient de plus en plus lointain aux yeux des Français.
Le 26 avril 1944, lorsque Pétain vient pour la première fois à Paris en quatre ans, plusieurs centaines de milliers de personnes l’acclament.
Les sondages d’opinion effectués à l’automne 1944 ne montrent pas une nette majorité de Français favorables à la condamnation du traître Pétain, cependant, la proportion exigeant la peine capitale ne cesse d'augmenter au fil des mois. À la question posée de savoir s'il faut infliger une peine au maréchal, les réponses sont les suivantes :
en septembre 1944, un sondage de l'IFOP recueille 58 % de réponses négatives, 32 % de positives et 10 % sans opinion ;
en avril 1945, un nouveau sondage chiffre à 28 % la population des Français favorables à la peine de mort, tandis que les opposants à toute peine ne sont plus que 22 % ;
en juillet 1945, à l'ouverture du procès, un sondage recueille 76 % d'opinions favorables à la condamnation dont 37 % à la peine de mort. Le taux des opposants à toute peine est tombé à 15 %.
Le PCF mena quant à lui une virulente campagne contre Pétain-Bazaine, assimilant ainsi le chef de Vichy au fameux traître de la guerre de 1870. La condamnation de Pétain au châtiment suprême, puis sa grâce, furent majoritairement approuvés.
Après la guerre : controverses, mémoire et histoireAu procès Pétain, l’avocat Jacques Isorni avec ses confrères Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen lance la légende du détournement de vieillard : Pétain aurait été abusé par Pierre Laval qui aurait profité de son grand âge. Sous la IVe République, le RPF gaulliste emploie la fameuse phrase de Charles de Gaulle dans ses mémoires : la vieillesse est un naufrage, la tragédie est que le Maréchal est mort en 1925 et que personne ne s’en est aperçu. L’historien Éric Roussel, entre autres, a montré que ce jugement gaullien n’explique en rien les choix du chef de l’État français, et qu’il n’a en réalité qu’une finalité électorale : pour rallier le plus possible de voix contre le régime des partis honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d’où cette excuse commode de Pétain par l’âge de l’intéressé.
En réalité, comme le montrent Marc Ferro, Jean-Pierre Azéma ou François Bédarida, les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient d’appuis dans les milieux les plus divers de la société. Yves Durand souligne qu’il bâtissait son régime comme s’il avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine. Quant aux fameuses absences du Maréchal rapportées par Jean-Raymond Tournoux, Marc Ferro ou Jean-Paul Brunet il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs, il s’agissait surtout d’une tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect qu’inspirait sa qualité d’octogénaire.
Pour Robert Paxton, le journaliste Robert Aron aurait contribué à lancer la légende parallèle de l’épée et du bouclier : Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche; d’autre part, il y aurait un Vichy de Pétain opposé au Vichy de Laval. Ces deux thèses sont les chevaux de bataille des apologistes de la mémoire de Pétain, mais ces distinctions ont volé en éclats à partir de la parution de son livre La France de Vichy en 1973. Archives allemandes puis françaises à l’appui, les historiens actuels démontrent, à sa suite, que la collaboration a été recherchée par Pétain, alors qu'Adolf Hitler n’y croyait pas et n’a jamais voulu traiter la France en partenaire. Si la collaboration n’est pas allée aussi loin qu’elle aurait pu, c’est bien en raison des réticences de Hitler, et non grâce à une quelconque résistance de Pétain aux demandes de l’occupant. Ainsi, la collaboration répondait aux choix fondamentaux et intangibles de Pétain comme de Laval, que le maréchal a nommé et laissé agir en aidant son gouvernement de son charisme. Quant au fameux double jeu du maréchal, il n’a jamais existé. Les quelques sondages informels qu’il a autorisés avec Londres, fin 1940, n’ont eu aucune suite, et ne pèsent rien au regard de son maintien constant de la collaboration d’État jusqu’à la fin de son régime, à l’été 1944.
Loin d’avoir protégé les Français, selon les historiens, Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la Shoah, répression de la Résistance, envoi forcé de main-d’œuvre au STO, pillage alimentaire et économique. Avec son peu de troupes, de fonctionnaires et de policiers, jamais l’occupant n’aurait vu ses projets aboutir sans le concours indispensable des autorités de Vichy, et sans le prestige de Pétain, qui maintenait les Français dans le doute ou dans la conviction qu’ils faisaient leur devoir en collaborant. 80 % des 76 000 Juifs de France déportés et exterminés par les nazis dans les camps de la mort ont ainsi été arrêtés par la police française. La France a, par ailleurs, été le pays le plus pillé d’Europe occupée, et l’un des premiers fournisseurs de main-d’œuvre et de tributs financiers et alimentaires au Troisième Reich.
De plus, en excluant de sa propre initiative des catégories entières de la communauté nationale Juifs, communistes, républicains, francs-maçons, et bien sûr résistants, Pétain les a rendu plus vulnérables à la répression allemande, et a écarté d’emblée ces catégories de son hypothétique protection, tout comme les Alsaciens-Mosellans, abandonnés.
Aussi Pétain apparaît-il aujourd’hui aux historiens, selon le mot de Jean-Pierre Azéma, comme un bouclier percé.
Depuis 1945, huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, ainsi que la demande répétée du transfert de ses cendres à Douaumont. Dans une note à Alexandre Sanguinetti, le 4 mai 1966, le général de Gaulle, alors président de la République, signifia ainsi sa position sur cette question :
Les signataires de la pétition relative au transfert des restes de Pétain à Douaumont n'ont aucunement été mandatés par les 800 000 anciens combattants pour s'emparer de cette question politique. Ils ne sont mandatés que pour faire valoir les intérêts spécifiques de leurs associations. Le leur dire
En 1995, le président Jacques Chirac reconnut officiellement la responsabilité de l’État dans la rafle du Vélodrome d'Hiver et, en 2006, pour les 90 ans de la bataille de Verdun, son discours mentionna à la fois le rôle de Pétain dans la bataille et ses choix désastreux de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’ultime avatar, à l’heure actuelle, de la volonté de la France et des Français de regarder en face un des personnages les plus controversés de leur histoire récente.
Une longue bataille judiciaire a eu lieu d'octobre 1984 à septembre 1998 au sujet de la mémoire du maréchal Pétain. Jacques Isorni et François Lehideux avaient fait paraître le 13 juillet 1984 dans le quotidien Le Monde un encart publicitaire intitulé Français, vous avez la mémoire courte, dans lequel, au nom de l'Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain et l'Association nationale Pétain-Verdun, ils prenaient sa défense. À la suite d'une plainte déposée par l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance pour apologie de crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi, le procureur de la République prit un réquisitoire définitif de non-lieu le 29 mai 1985, mais le juge d'instruction renvoya, une semaine plus tard, les parties devant le tribunal correctionnel de Paris, qui relaxa les prévenus le 27 juin 1986 — jugement confirmé par la Cour d'appel de Paris le 8 juillet 1987. L'arrêt de la Cour d'appel fut cassé par la Cour de cassation le 20 décembre 1988. La Cour d'appel de Paris se déjugea le 26 janvier 1990 en déclarant les constitutions de parties civiles recevables ; elle infirma le jugement de relaxe, et condamna les prévenus à un franc de dommages et intérêts et à la publication de l'arrêt dans Le Monde. Le pourvoi en cassation déposé par les prévenus fut rejeté par la Cour le 16 novembre 1993.
Enfin, le 23 septembre 1998 par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France la Cour européenne des droits de l'homme décida par quinze voix contre six qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme — portant sur la liberté d'expression : l'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation — au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés — et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée.

Le point de vue de Charles de Gaulle

« Toute la carrière de cet homme d’exception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour l’intrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu’il avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne l’avait pas comblé, faute de l’avoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans l’extrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil l’occasion tant attendue de s’épanouir sans limites, à une condition, toutefois, c’est qu’il acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire ... Malgré tout, je suis convaincu qu’en d’autres temps, le maréchal Pétain n’aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l’abandon national. Je suis sûr, en tout cas, qu’aussi longtemps qu’il fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès qu’il put voir qu’il s’était trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait sa part. Mais, hélas ! Les années, par-dessous l’enveloppe, avaient rongé son caractère. L’âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France.

Carrière militaire

1878 - 1883, sous-lieutenant - 1re affectation au 24e bataillon de chasseurs à pied de Villefranche
12 décembre 1883 - 1890, lieutenant - 1re affectation au 3e bataillon de chasseurs de Besançon
novembre 1888, entrée à l’École de guerre 14e promotion
1890, capitaine à la sortie de l’école - affecté à l’état-major du 15e corps d'armée à Marseille.
1892, affecté au 29e bataillon de chasseurs à pied à Vincennes
1893, état-major du gouverneur militaire de Paris
12 juillet 1900, commandant - affecté à l’École de tir de Châlons-sur-Marne
début 1901, affecté au 5e régiment d'infanterie à la caserne de La Tour-Maubourg à Paris
Été 1901, professeur-adjoint à l’École supérieure de guerre
Été 1903, chef de bataillon au 104e régiment d'infanterie
Été 1904 - 1907, professeur à l’École de guerre
Été 1907, lieutenant-colonel commandant le 118e régiment d'infanterie à Quimper
1908 - 26 juin 1911, titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie à l’École de guerre
31 décembre 1910, colonel
26 juin 1911, commandant le 33e régiment d'infanterie à Arras
1912, professeur de tactique générale à l’École de cavalerie de Saumur
1914, commandant par intérim de la 4e brigade à Saint-Omer
24 juillet 1914, décision de prendre sa retraite
août 1914, commandant la 4e brigade du 1er corps d'armée
31 août 1914, général de brigade
2 septembre 1914, commandant la 6e division d'infanterie
14 septembre 1914, général de division
20 octobre 1914, commandant le 33e corps d'armée
10 mai 1915, commandeur de la Légion d'honneur
21 juin 1915, commandant de la 2e armée
25 février 1916, la 2e armée est envoyée à Verdun
2 mai 1916, commandant du groupe d’armées centre à Bar-le-Duc
27 avril 1917, chef d’État-Major général
15 mai 1917, général en chef des armées françaises
24 août 1917, grand-Croix de la Légion d'honneur
6 août 1918, médaille militaire chef de l'État français, il ne portera que cette seule décoration
21 novembre 1918, maréchal de France
13 juillet 1925 - 6 novembre 1925, guerre du Rif
9 février 1931, inspecteur de la défense aérienne du territoire

Carrière politique

8 février 1934 - 8 novembre 1934, ministre de la Guerre
6 juin 1936 - 1er mars 1939, membre du Comité permanent de la Défense nationale (CPDN)
2 mars 1939 - 16 mai 1940, ambassadeur à Madrid
17 mai 1940, vice-président du Conseil
16 juin 1940, président du Conseil
11 juillet 1940 - 20 août 1944, chef de l’État français


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Posté le : 23/04/2016 17:46
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Wallis Simpson Duchesse de Windsor
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Hors Ligne
Le 24 Avril 1986 meurt Wallis Simpson

à 89 ans, auparavant Wallis Spencer, née Bessie Wallis Warfield ; elle est inhumée au ciletière royal de frogmore née le 19 juin 1896 à Blue Ridge Summit en Pennsylvanie, États-Unis, duchesse de Windsor, épouse américaine du prince Édouard, duc de Windsor, anciennement roi du Royaume-Uni et empereur des Indes sous le nom d'Édouard VIII. Sa mère est Alice Montague, son père est Teackle Wallis Warfield. Son premier conjoint est Earl Winfield Spencer Jr.de 1916 à 1927, puis Ernest Aldrich Simpson de 1928 à 1937 puis le roi Édouard, duc de Windsor de 1937 à 1972

En bref

Wallis Simpson Le cauchemar de l'Angleterre victorienne
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la légende de Wallis Simpson n'a rien d'une saga dorée sur tranche. Sa naissance est déjà indigne pour l'époque, puisqu'elle vient au monde hors mariage en 1895, aux États-Unis, ses parents décidant de convoler par la suite.
Parcours d'une jeune femme indigne : Son père étant mort jeune, elle est élevée chichement par sa mère et sa tante, dans la bourgeoisie de Baltimore, et n'aura de cesse de prendre sa revanche sur la vie. Elle fait un premier mariage raté avec un officier de marine alcoolique, par ailleurs espion des États-Unis, qu'elle accompagne jusqu'en Chine. On dit que c'est dans les bordels de Hongkong, où elle accompagnait parfois son époux volage, que Wallis apprend des techniques fort diverses qui fascineront plus tard son royal époux, par ailleurs très déficient sur ce point là.
Après l'échec de son premier mariage, elle trouve réconfort auprès d'un courtier, Ernest Simpson, dont elle ampute largement la fortune par un train de vie sidérant. Mais la voilà à Londres, l'une des capitales les plus influentes de l'époque, et en fréquentant la bonne société, elle finit par croiser le destin du prince de Galles (*), futur roi d'Angleterre dès 1930.
Ce n'est pas le coup de foudre, mais Édouard remarque cette Américaine au caractère bien trempé. De soirées en sorties, ils se croisent et s'apprécient au point de ne plus se passer l'un de l'autre. Wallis a d'emblée compris qu'il ne demandait qu'à être dominé, ce qu'elle réussit à merveille, en agrémentant leurs tête à tête de jeux érotiques tordus.
Dès 1934, les amants ne se quittent plus, même s'ils sont toujours pris : elle dans un mariage, lui dans les bras de sa maîtresse d'alors, Lady Furness, qui fut d'ailleurs à l'origine de leur rencontre.
Pour le prince de Galles, rompre n'est qu'une formalité. Pour Wallis, qui commence à susciter l'intérêt de l'Intelligence Service, l'opération est plus délicate. Le roi George V et son épouse sont horrifiés par son passé sulfureux, dont ils ont eu connaissance suite à une enquête menée par Scotland Yard, et dont le dossier chinois est la clef de voûte.
Des sympathies politiques malvenues. Plus grave, Mme Simpson, qui fut un temps la maîtresse du comte Ciano, gendre de Mussolini, ne cache pas sa sympathie pour le fascisme.
Au scandale moral s'ajoute alors une crise politique : pour la famille royale britannique, d'origine allemande, pas question de donner l'impression de se rapprocher des dictatures, au moment où les démocraties occidentales doivent se serrer les coudes face à la montée des totalitarismes.
Les politiques, les diplomates, les services secrets -avec lesquelles Mme Simpson a toujours des accointances- entrent alors dans un ballet subtil pour soutenir soit Édouard, soit son frère George, en fonction de leurs convictions ou de leurs directives...
À travers les deux frères soudain mis en concurrence, l'un proche des fascistes, l'autre plus facilement manoeuvrable et fidèle aux alliances britanniques, c'est un véritable imbroglio politico-sentimental qui vient empoisonner l'une des plus vieilles monarchies du monde. Le premier ministre fait vite son choix : pour lui, s'il le faut, ce sera George, même s'il a beaucoup moins d'envergure que son l'aîné.
Les événements s'enchaînent alors très vite : le roi George V décède le 20 janvier 1936, à 60 ans ; le prince de Galles devient à 41 ans Édouard VIII, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande, empereur des Indes. Il s'affiche ouvertement avec Wallis, toujours mariée, montrant ainsi que Mme Simpson est bien la femme de sa vie. Le peuple n'accueille pas si mal le choix osé et moderne de leur nouveau roi, mais pour l'establishment, la pilule ne passe pas. La panique s'installe, il faut trouver une solution. L'Église anglicane refuse le mariage du roi avec une femme divorcée. D'autre part, le Commonwealth doit donner son accord à toute altération de la loi de succession au trône, ce qui complique d'emblée l'affaire.
On avance l'idée d'un mariage morganatique, une sorte d'« union tolérée » entre un prince et une personne de rang inférieur, ce qui induit que leurs éventuels enfants ne pourraient monter sur le trône, ce qui finalement importe le plus aux yeux des irréductibles. Le roi refuse. Wallis, qui entre-temps a demandé le divorce, propose courageusement de se retirer de la scène pour calmer le jeu.
Nouveau refus du roi, qui, le 10 décembre 1936, finit par abdiquer en faveur de son frère le duc d'York, futur George VI, non préparé, à qui il incombera de garder le trône dans une Europe à feu et à sang. Tâche dont il s'acquittera avec courage et dans l'honneur, aux côtés de son épouse Elizabeth, née Bowes-Lyon.
Il auront deux filles dont l'aînée règne aujourd'hui encore sous le nom de Elisabeth II.

Sa vie

Wallis est issue de deux familles de notables du Sud des États-Unis, et dont Upton Sinclair est un cousin. Son père, Teackle Wallis Warfield, originaire du Maryland — cadet d'une famille établie aux États-Unis depuis 1662 et qui compte un gouverneur du Maryland, Edwin Warfield, parmi ses membres — et sa mère Alice Montague, originaire de Virginie, fille d'un assureur, William Latane Montague et de Sally Howard Love. Les familles Warfield et Montague sont hostiles à cette relation, en effet Teackle est malade tuberculeux depuis son plus jeune âge, et c'est au grand dam de tous qu'Alice ne renonce pas à lui. Alice tombe enceinte et, pour éviter un scandale, le couple est obligé de se marier en catimini le 19 novembre 1895 dans le salon du révérend de la ville.
Elle est née le 19 juin 18961 à 22 h 30 à Squaw Cottage, un pavillon en bois de l'hôtel Monterey Inn situé à Blue Ridge Summit, une station de montagne du comté de Franklin, en Pennsylvanie, près de la ville de Hagerstown. Selon la tradition sudiste, elle reçoit un double prénom. Son père meurt quatre mois plus tard. Sa mère s'installe dans la demeure familiale des Warfield sous la tutelle de la belle-mère Anna Emory et de l'oncle Solomon David dit oncle Sol. Oncle Sol est l'aîné de la famille, et gère l'héritage paternel. Brillant et célibataire, il est receveur général des postes de Baltimore, directeur d'une compagnie de chemins de fer, de plusieurs manufactures et est propriétaire de dizaines de brevets, ce qui le place à la tête d'une fortune estimée de 3 millions de dollars. Wallis vit grâce à sa protection et sous son toit, entourée de domestiques. Mais bientôt sa mère est obligée de s'exiler à l'hôtel 1901 et de trouver un travail pour compléter la pension d' oncle Sol.
En 1902, sa tante Bessie, qui est devenue veuve, les accueille dans sa maison de Baltimore où elle côtoie Upton Sinclair. La même année, elle fait ses débuts à l'école. En 1906, oncle Sol lui paie les cours d'Arundel School, ainsi que de nombreux autres cadeaux divers et variés. A cette école, elle fait la connaissance de Charlotte Noland, professeur de gymnastique qui organise des camps d'été dans sa propriété de Burland, où les filles découvrent la vie en plein air. Chaque été, elle se rend tantôt chez les Warfield tantôt chez les Montague, dans les maisons et domaines agricoles de ses oncles et tantes. En 1907, sa mère se lie avec John Freeman Rasin, le fils aîné du chef du parti démocrate de Baltimore et déménage. Ils se marient en 1908. Cela grise énormément la petite Wallis. En 1908, sa mère sous-loue des chambres dans Preston Street et fait même table d'hôte pendant un moment.
En 1911, Wallis entre à Oldfield School, une école austère où les filles ne lisent que la Bible, et dont il n'est possible de sortir que deux weekends dans l'année ; un pensionnat destiné à former de futures épouses du grand monde, et qui est l'école de filles la plus chère de l’État, payée par l'oncle Sol. Elle s'y fait deux bonnes amies : Renée Dupont de Nemours et Mary Kirk. Elle continue chaque été à se rendre au camp de Miss Noland. En 1913, son beau-père John Rasin meurt, ce qui replace sa mère dans une situation précaire. En 1914, elle sort d'Oldfield School. Sa préoccupation est désormais de se trouver un mari. Elle va de mondanités en mondanités, sponsorisée par oncle Sol ainsi que par une tante, Lelia, qui réside à Washington. Elle enchaîne les bals, les soirées, et les déjeuners entre Baltimore, Washington et la Virginie, comme à Princeton ou à l'École navale. Le riche Carter Osborne la courtise, mais elle refuse. Fin 1915, sa grand-mère Anna Emory meurt. Wallis est obligée d'observer le deuil, interrompant ainsi ses mondanités. Sa tante Lelia et sa cousine Corinne l'invitent en avril 1916 à Pensacola en Floride. C'est là qu'elle rencontre son futur mari l'officier Earl Winfield Spencer.
C'est ainsi qu'elle cherchera à prendre sa revanche sur la vie.

Deux premiers mariages

Elle se marie le 8 novembre 1916 avec Earl Winfield Spencer, Jr, officier de marine alcoolique et aviateur de la United States Navy, par ailleurs espion des États-Unis. En 1922, il sert en tant que commandant du USS Pampanga en Extrême Orient. Son épouse, qui l'a rejoint, en profite pour visiter la Chine de l'époque des Seigneurs de la guerre. Selon certains de ses biographes5 elle y aurait appris des techniques de massages érotiques par des professionnelles de maisons closes ou qui travaillent dans des salons de massage, ce qui lui aurait permis plus tard de s'attacher le prince de Galles futur Édouard VIII ; mais cette hypothèse est refusée par d'autres biographes. Selon l'épouse de l'un des collègues d'Earl Winfield Spencer, Mme Milton E. Miles, Wallis aurait rencontré à Pékin le comte Galeazzo Ciano, futur gendre de Benito Mussolini et aurait eu une liaison avec lui. Tombée enceinte de lui, elle se serait fait avorter, ce qui l'aurait rendue stérile. Cette rumeur se répand vite, bien qu'elle ait été toujours démentie par l'épouse de Ciano, Edda Mussolini. De retour aux États-Unis, le couple Spencer y vit séparé, leur divorce étant finalisé le 10 décembre 1927.
Après son divorce, elle se remarie le 21 juillet 1928 avec Ernest Aldrich Simpson, dirigeant d'une grande entreprise du transport maritime. Elle rencontre pour la première fois Edward, prince de Galles et futur roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, le 10 janvier 1931 puis le revoit au cours de nombreuses soirées entre 1931 et 1934. À cette époque, le couple vivant au-dessus de ses moyens connaît des difficultés financières et doit renvoyer plusieurs membres de son personnel.

Duchesse de Windsor

C'est pendant son deuxième mariage, dit-on, en 1934, qu'elle devint la maîtresse d'Édouard, prince de Galles. Deux ans plus tard celui-ci, devenu Édouard VIII, roi d'Angleterre et empereur des Indes, lui proposa le mariage. Cette intention d'épouser une Américaine deux fois divorcée, dont les deux ex-maris vivaient encore et qui traînait une réputation d'intrigante, provoqua au Royaume-Uni et dans les dominions une crise constitutionnelle qui déboucha finalement sur l'abdication du roi en décembre 1936, laissant celui-ci libre de se marier avec celle qu'il appelait la femme que j'aime.
Les services de renseignement britannique et le FBI enquêtent sur Wallis, notamment sur sa pratique des salons de massage en Chine soupçonnés d'être des officines d'espions. Ces services secrets montrent aussi que Wallis noue des relations avec de nombreux hauts dignitaires nazis qui arrivent au pouvoir en Allemagne en 1933. Le gouvernement britannique craint alors qu'elle puisse envoyer des documents confidentiels, détenus par le prince, à Berlin ou être payée par les services secrets allemands pour influencer encore plus le prince en faveur de l'Allemagne, ce dernier ayant déjà des sympathies nazies avérées. Ainsi, la mythographie romantique qui donne comme cause à la crise d'abdication d'Édouard VIII l'amour de ce dernier pour Wallis et son obstination à vouloir épouser une divorcée, cache probablement une manœuvre du gouvernement britannique pour écarter un couple qui avait beaucoup trop de sympathie pour l’Allemagne nazie.
Après son abdication, son frère Albert, devenu roi sous le nom de George VI, lui accorda le titre de duc de Windsor. Le duc épousa Wallis six mois plus tard, le 3 juin 1937, au Château de Candé à Monts en Indre-et-Loire, propriété de l'industriel franco-américain Charles Bedaux, affairiste sulfureux, pro-allemand, sans doute espion nazi, possédant une villa à Berchtesgaden, localité où se situait le Berghof, le nid d'aigle de Hitler. Après ce mariage, auquel n'assista aucun membre de la famille royale, elle reçut officiellement le titre de duchesse de Windsor, mais sans le prédicat d'Altesse Royale.
Selon des informations transmises par Carl Alexander de Wurtemberg — devenu moine bénédictin sous le nom de père Odo —, à un agent du FBI, au cours de la Seconde Guerre mondiale, Wallis Simpson aurait été la maîtresse de Joachim von Ribbentrop quand celui-ci était ambassadeur en Grande-Bretagne en 1936, ce dernier lui envoyant tous les jours dix-sept œillets, le nombre de fois où ils avaient couché ensemble.
De 1937 à 1940, le duc et la duchesse vécurent surtout en France. En mai 1940, avec l'avancée des troupes allemandes sur le sol français, le couple quitta son domicile parisien pour Biarritz d'abord, pour l'Espagne en juin puis à Lisbonne au Portugal. Elle faillit, avec son mari le duc de Windsor se faire kidnapper par une équipe de la SD nazie commandée par Walter Schellenberg. Après la guerre, le couple s'installa de nouveau en France.
Avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, dans les sphères dirigeantes et dans le public, on a suspecté le duc et la duchesse de Windsor de sympathiser avec le nazisme, ce qui aurait incité le gouvernement britannique et le Premier ministre à encourager Édouard VIII à abdiquer. Le biographe officiel des Windsor, Philip Ziegler, réfute cette thèse, expliquant que la duchesse ne s'intéressait pas à la politique et que le duc, germanophile et anticommuniste, parent du tsar Nicolas II, avait noué des contacts avec Hitler parce qu'il voyait en lui un rempart contre le communisme. Il est probable que de nombreux éléments de preuve ont été détruits par différents services secrets pour protéger la famille royale britannique.
Dans les années 1950 et 1960, le couple vécut entre Europe et États-Unis, menant la vie oisive et mondaine que leur offrait leur célébrité. À partir de 1952, le couple habita une villa — désormais appelée Villa Windsor — au 4 route du Champ d'Entraînement, dans le bois de Boulogne à Paris. Après la mort de son mari dans sa villa parisienne, le 28 mai 1972, la duchesse vécut retirée et se montra rarement en public. Sa vie privée a été l'origine de bien des spéculations, et elle reste une figure controversée dans l'histoire britannique.
Elle mourut le 24 avril 1986 à Paris. Elle avait fait don de la majeure partie de sa fortune à l'institut Pasteur, à la condition que ce legs ne puisse financer des recherches impliquant des animaux de laboratoire. L'institut employa ces fonds pour la construction d'une bibliothèque et d'un centre d'informatique scientifique.

Mariages et titres successifs

Mariages

Earl Winfield Spencer Jr. 1916-1927
Ernest Aldrich Simpson 1928-1937
Prince Edward, duc de Windsor 1937-1972, le 3 juin 1937 au château de Candé.

Titres

Miss Bessie Wallis Warfield 1896-1916
Mrs Earl Winfield Spencer 1916-1927
Mrs Wallis Warfield Spencer 1927-1928
Mrs Ernest Aldrich Simpson 1928-1937
Mrs Wallis Simpson 1937
Mrs Wallis Warfield 1937
Sa grâce la duchesse de Windsor 1937-1986.

Film

Le film W.E. réalisé par Madonna sortie en décembre 2011, raconte l'histoire d'amour entre Wallis et Édouard. Ce film fait l'objet de critiques positives comme négatives. Pour Le Parisien, le film est attachant ; soigné, trop soigné, artificiel, tape-à-l'œil, sans âme pour TF1 et pour Le Figaro, c'est un récit sous forme de montage parallèle de deux intrigues peu convaincant .
Néanmoins le film bénéficie d'une nomination aux Oscars 2012 pour les Meilleurs costumes, pour Arianne Phillips.

Posté le : 23/04/2016 17:43
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Bonjour à tous et à toutes .... avec un peu de retard
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Je quitte le site. Merci de m'y avoir reçu.

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Posté le : 23/04/2016 17:29

Edité par Luc sur 16-05-2016 12:40:47
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I'' could never take the place of your’man'' (le ne pourrai jamais prendre la place de vote homme) chantait Prince le Kid de Minneapolis qui vient de rejoindre Michael jackson au firmament des princes de la pop.


Aussi pour être en phase avec l’actualité je vous propose le défi suivant:
’’Vous vous réveillez un matin dans la peau d’un autre, avec en face de vous,…… celui que vous étiez la veille !!!’’


Quelle attitude, quel commentaire, quelle réflexion et quel regard porteriez vous sur celui que vous étiez ……………………..…avant ??

Bon, je vois laisse, je vais aller consulter mon neuropsychiatre, pour tenter de comprendre cette de forme de dédoublement de ma personnalité qui me tenaille !!!!!

Sans nouvelles de moi pendant les jours qui viennent, pas d’inquiétude, cela ne saurait être que le signe d’un internement chez mon médecin traitant: Le Docteur Maboulle!!!!

A vos plumes les amis!!!

Posté le : 23/04/2016 11:20
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Titi
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Néophyte en pratique , amoureux par éducation des mots , je mets en place ici une certaine gymnastique .

je me suis inscrits ici pour libérer les mots de mon esprit et vous faire partager l'orée de mes rêves.

Soyez indulgents et patients je poses depuis peu les maux de mon coeur ,

Qu' ils soient pour vous je l'espère une lecture enchantante,
je vous envoie à tous mes plus belles notes .

Musicamots.


Posté le : 23/04/2016 11:01
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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