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Théo Van Gogh
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Le 1er mai 1857 naît Théodorus van Gogh dit Théo van Gogh

à Groot Zundert, mort, à 33 ans le 25 janvier 1891 à Utrecht, marchand d'art et peintre, néerlandais, frère cadet du peintre Vincent van Gogh. Les 652 lettres que Vincent écrivit à son frère Théo1 constituent un témoignage unique de la vie et de la pensée de l'artiste. Sa mère est Anna Carbentus van Gogh, son Père, pasteur, est Theodorus van Gogh, ses frères sont Vincent van Gogh, Cor van Gogh, sa sœur Wil van Gogh
il épouse Johanna van Gogh avec qui il a un enfant : Vincent Willem Van Gogh.

Sa vie

Alors que Vincent travaille à La Haye, aux Pays-Bas, au bureau des vendeurs d'arts parisiens Goupil & Cie, le 1er janvier 1873, Théo se joint au bureau bruxellois de cette même société en tant que jeune employé. Après la mutation de Vincent à Londres, Théo retourne à la Haye, où il perfectionne son métier de marchand d'art. Au cours de l'hiver 1880-1881, Théodorus est transféré à Paris, à la maison mère, et de là, il envoie tout un nécessaire à peinture à son frère afin que celui-ci puisse continuer à exercer son art.

Montmartre

En 1886, il invite Vincent à venir vivre avec lui, et en mars de cette année, ils louent un appartement à Montmartre, au no 54 de la rue Lepic. Théo fait rencontrer à Vincent d'autres artistes célèbres tels que : Paul Gauguin, Paul Cézanne, Henri de Toulouse-Lautrec, Henri Rousseau, Camille Pissarro et Georges Seurat. En 1888, il persuade Gauguin de rejoindre Vincent qui a déménagé à Arles.
Le sculpteur Antoine Bourdelle travaille pour Théo vers 1886 après avoir quitté l'École des beaux-arts

Mariage

À Paris, Théo rencontre le collectionneur Andries Bonger et sa sœur Johanna, avec qui il se marie à Amsterdam le 17 avril 1889. Le jeune ménage vit à Paris, où leur fils Vincent Willem naît le 31 janvier 1890. Le 8 juin, la famille rend visite à Vincent qui habite près de la capitale, à Auvers-sur-Oise. La compagnie Goupil commence à avoir des difficultés financières et Théo considère qu'il est temps de fonder sa propre activité, et il y est encouragé par Vincent.

Rapports entre les frères

Théo ressentit une admiration inaltérable envers son frère pendant toute sa vie, mais leurs rapports étaient parfois difficiles à cause de la différence de leurs points de vue concernant leur façon de vivre. Cependant, c'est Théo qui gardait le contact avec son frère en lui écrivant régulièrement et en l'aidant matériellement, faisant croire au début que c'est leur père qui envoyait cet argent. Vincent de son côté, qui avait envisagé une carrière littéraire avant de se décider tardivement — à l'âge de vingt-sept ans — de se consacrer à la peinture, lui répondait en évoquant tous ses états d'âme et l'évolution de sa sensibilité artistique, ainsi que sa production elle-même qui était toujours le reflet de ses réflexions poétiques et empreintes de symbolisme. Il dessinait aussi souvent des croquis pour expliquer sa vie et ses tableaux, ce qui ne manquait pas de ravir son frère2. Théo était l'une des rares personnes à comprendre le tréfonds de l'âme de son frère et à suivre aussi l'évolution de sa maladie psychique. La plupart des lettres de Théo à son frère sont un témoignage aimant d'encouragement.

Mort

Tombes de Vincent et Théodore Van Gogh à Auvers-sur-Oise.
Atteint de syphilis, il devient fou et meurt de dementia paralytica dans une maison de santé3 d'Utrecht, le 25 janvier 18914, six mois après le suicide de Vincent. Théo a alors 34 ans et est de quatre ans son cadet. D'abord enterré au cimetière d'Utrecht, c'est en 1914 que Johanna fera transférer la dépouille de son mari, réunissant les deux frères l'un à côté de l'autre au cimetière d'Auvers-sur-Oise.

Littérature

Judith Perrignon, C'était mon frère... Théo et Vincent van Gogh, L'Iconoclaste,‎ 2006, 161 p.
S'appuyant sur de nombreuses archives dont certaines inédites, Judith Perignon y construit, dans un style intime et délicat, un récit poignant : Vincent raconté par son frère Theo. La source majeure est la considérable correspondance entre les deux frères, mais aussi le journal intime de Johanna, la femme de Théo, et des documents glanés à la clinique du Dr Blanche ou à Utrecht.
En 2015 parait le manga Les Deux Van Gogh de Hozumi aux éditions Glénat. Il raconte la relation entre les deux frères, mais en transformant l'histoire.
En 2016 parait Vincent qu'on assassine de Marianne Jaeglé, roman montrant Vincent Van Gogh aux prises avec son temps, avec ceux qui l'entourent et avec la création.

Les expositions de Van Gogh et Gauguin

Les neuf semaines passées ensemble par Paul Gauguin et Vincent Van Gogh à Arles, entre la fin octobre et la fin décembre 1888, ont toujours été considérées comme un des épisodes majeurs du post-impressionnisme : d'abord par l'union de deux de ses personnalités les plus marquantes, à un moment crucial, pour chacune, de son évolution artistique et personnelle, ensuite par le nombre et la qualité des œuvres, souvent sur des sujets identiques ou analogues, enfin par sa fin brutale, l'automutilation de Van Gogh et le départ précipité de Gauguin qui annoncent le suicide du premier, en juillet 1890, et la fuite perpétuelle de l'autre, qui s'achèvera une quinzaine d'années plus tard en Polynésie. Aussi les rétrospectives consacrées tant à Gauguin qu'à Van Gogh ont-elles toujours fait une large place à cet épisode arlésien. L'originalité de l'exposition organisée par l'Art Institute de Chicago (22 septembre 2001-13 janvier 2002) et le Van Gogh Museum, à Amsterdam (9 février-2 juin 2002) est d'avoir délibérément insisté sur les rapports entretenus par Van Gogh et Gauguin, et d'avoir donc orienté la réflexion dans une perspective comparatiste, ce qui n'avait jamais été fait.
L'ampleur (près de cent cinquante œuvres rassemblées) et surtout la qualité des tableaux présentés ont rendu unique cette exposition. Le plaisir du visiteur était ainsi d'abord purement visuel, et à vrai dire presque sensuel tant le choix des œuvres avait été fait aussi bien dans la perspective d'une analyse historique que dans celle d'une manifestation ouverte au plus large public. Les surprises, heureuses, ne cessaient de se succéder : bien sûr celle de voir ou de revoir les tableaux parmi les plus célèbres des deux artistes, souvent en plusieurs versions, Tournesols, Arlésiennes et Autoportaits de Van Gogh, Vision après le Sermon, La Perte du pucelage ou Les Aïeux de Tehamana de Gauguin ; s'y ajoutait la découverte de toiles peu connues, comme celles qui sont conservées dans les collections russes et peu montrées jusqu'ici dans les musées occidentaux.
Ce spectaculaire rassemblement, dont on peut légitimement douter qu'il soit renouvelé, se justifiait par le projet ambitieux des commissaires : certes, étudier d'abord ces quelques semaines cruciales vécues à Arles, mais encore les inscrire dans la continuité de l'évolution artistique propre de chacun des deux peintres. Le plan adopté pour l'exposition était donc purement chronologique, jouant systématiquement, à l'intérieur de chaque section, du rapprochement ou de l'opposition. On partait des « origines » pour étudier ensuite les premiers contacts entre les deux artistes, et la démarche qui les fit tout deux s'éloigner de Paris, Gauguin en Bretagne, à Pont-Aven, Van Gogh à Arles. Venait ensuite, au cœur du parcours, l'objet même de l'exposition, les mois d'octobre, novembre et décembre 1888.
On sait que le départ de Gauguin n'interrompit pas toute correspondance entre les deux artistes, et que le suicide de Van Gogh n'empêcha pas Gauguin d'être à jamais marqué par son expérience arlésienne : l'exposition se terminait ainsi par une longue section consacrée à « l'atelier des tropiques », prolongement ou accomplissement des ambitions et des rêves de « l'Atelier du Midi ». Les commissaires, Douglas Druick et Peter Kort Zegers, n'ont donc pas craint d'aborder un sujet neuf d'une manière extrêmement traditionnelle, en s'appuyant sur une étude biographique et matérielle la plus précise possible, fondée sur l'analyse des sources documentaires, les œuvres elles-mêmes, mais aussi les écrits, abondants, de Gauguin et de Van Gogh, en allant jusqu'aux articles de la presse locale et aux relevés météorologiques. La qualité du propos était évidente pour le visiteur : on notera ainsi le dossier consacré aux différentes version des Tournesols, qui permet semble-t-il d'attribuer définitivement à Van Gogh le tableau contesté conservé à Tōkyō, l'analyse scientifique ayant prouvé que le peintre avait, pour cette œuvre, utilisé un rouleau de toile de jute apporté par Gauguin en octobre 1888.
Dans un autre domaine, la reconstitution du volume de la « maison jaune » où résidaient les deux artistes rendait palpable l'exiguïté de leur installation, et compréhensibles les tentions qui s'ensuivirent. Il faut enfin absolument se reporter au catalogue, en réalité un livre monumental et qui devrait rester comme une contribution majeure : l'analyse, extrêmement fouillée, s'y déploie sans contraintes dans un texte continu illustré de nombreuses œuvres absentes de l'exposition, elle est enrichie d'une chronologie illustrée et de nombreux plans et schémas très détaillés. Paradoxalement, en plaçant au premier plan la biographie envisagée dans un sens très large, les auteurs ont su dépasser l'anecdote pittoresque et le sensationnalisme facile où sont encore trop souvent enfermés les deux peintres, et atteindre le but que tout historien d'art devrait se fixer : mieux comprendre et mieux faire comprendre, et enrichir par là la perception que nous pouvons avoir des œuvres et de leurs auteurs. Barthélémy Jobert



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Posté le : 30/04/2016 22:13
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Antonin Dvoräk
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Le 1er mai 1904 meurt à Prague Antonín Leopold Dvořák

compositeur tchèque, il a 62 ans, né le 8 septembre 1841 à Nelahozeves à 40 kilomètres au nord de Prague, en Autriche-hongrie. Son prénom est parfois orthographié en français Antonin, et parfois Anton dans une forme germanisée. Il est l'auteur de la Symphonie du Nouveau Monde.
Dans la chronologie des quatre grands compositeurs de Bohême-Moravie, Dvořák occupe la deuxième place, après Smetana 1824-1884, devançant Janáček 1854-1928 et Martinů 1890-1959. Si Smetana, l'aîné, est considéré comme le père fondateur de l'école musicale tchèque de la renaissance nationale au XIXe siècle, Dvořák, par l'abondance et la diversité de son œuvre, a pris part à cette renaissance de manière presque aussi importante. Ses dons de mélodiste et d'orchestrateur sont à l'origine d'un style parfaitement identifiable, dans un souci d'authenticité et d'universalité, à la fois à sa propre nature terrienne et visionnaire et à la patrie mythique, historique et poétique.

En bref

Antonin Dvoräk né en 1841 dans une famille modeste, il n'est pas destiné à devenir un important musicien. Malgré tout il est un des des chefs de file de la musique de Bohême Moravie. À considérer l'évolution de la musique nationale tchèque, le rôle joué par Dvořák est éclipsé par celui de Smetana. Ce dernier était intellectuellement et politiquement plus engagé que son compatriote, plus lucide, plus conscient des problèmes de l'émancipation de la Bohême, tenue depuis plus de deux siècles sous la domination des Habsbourg. La culture tchèque n'avait de meilleur refuge que la clandestinité des campagnes ou l'intrépidité de certaines couches intellectuelles progressistes. Smetana en était, mais Dvořák, d'origine humble et paysanne, avait simplement – mais farouchement – le sens de la terre natale. Né à Nelahozeves, non loin de Prague, sur les bords de la Vltava, il fit tout d'abord de la musique en campagnard, pour l'église et pour le bal, avant de devenir l'élève d'un instituteur organiste de Zlonice, localité voisine où ses parents l'envoyèrent pour apprendre l'allemand et le métier de boucher.
La vie de Dvořák serait banale, malgré son exceptionnelle réussite, si on la détachait de son contexte historique, politique, patriotique. Progressivement, des conquêtes « nationalistes » jalonnaient la longue route de l'indépendance nationale : reconnaissance officielle de la langue tchèque, fondation de l'Académie tchèque des sciences et des arts, construction et inauguration grandiose du Théâtre national tchèque.
Ce théâtre – fruit d'une souscription patriotique – caractérise suffisamment le rôle de la culture dans cette évolution lente, mais irrésistible, qui n'aboutira qu'en 1919, avec la formation de l'État tchécoslovaque. Dans le combat, la musique – surtout l'opéra – était un véritable drapeau. Ainsi que le remarquait un siècle plus tôt Da Ponte (le librettiste de Mozart) : Chaque peuple a son organisation particulière ; celle de la Bohême paraît être le génie musical poussé au degré de perfection. Si l'on compare Dvořák à Smetana, on constate effectivement que le premier n'a pas le sens politique du second, mais qu'il compense cette lacune par une intuition globale de l'importance de son rôle d'artiste dans la situation donnée, à commencer par le respect de la langue nationale.
Homme simple, rude, vertueux, il connaît, sans recherche du succès personnel, sans compromission et dans l'unique but de servir la cause de la Bohême, une gloire d'une exceptionnelle universalité. Mieux que le groupe des Cinq et que Tchaïkovski, pourtant grand voyageur, plus que Grieg, il fut l'« exemple » dont les musiciens avaient besoin pour se soustraire à l'influence allemande et italienne. À ce titre, il fut choisi pour diriger le Conservatoire national de New York (1892-1895), sa présence et son expérience étant de nature à favoriser l'éclosion d'une musique nationale américaine. Sa vie, après les dures années de jeunesse, d'apprentissage et d'attente du premier succès, fut partagée entre le travail obscur, à Prague et dans la campagne de Bohême, et les succès étrangers, recueillis surtout à Londres, qui l'avait adopté à l'égal de Haendel. Son véritable destin (malgré la coupure de trois années à New York) resta celui de la Bohême. Quand il mourut à Prague, la nation tchèque entière fut en deuil. L'Académie des sciences et des arts se réunit en séance extraordinaire et le peuple, animé par l'esprit libérateur de Jan Hus, pleura un héros national.

Sa vie

Antonín Dvořák quitte l'école à 11 ans pour apprendre le métier de son père, boucher du village, et celui d'aubergiste. Ses parents se rendent compte assez tôt des capacités musicales de leur fils et l’envoient en 1853 chez un oncle de Zlonice, où il apprend l’allemand, la langue officielle de l’administration impériale autrichienne, et améliore la culture musicale qu’il avait acquise avec l'orchestre du village.
Il poursuit ses études à Česká Kamenice et il est accepté en 1857 à l’école d’orgue de Prague, où il reste jusqu’en 1859. Diplômé et lauréat d'un Second prix, il rejoint la Prager Kapelle de Karel Komzák, un orchestre de variétés, où il tient la partie d’alto. En 1862, la Prager Kapelle est intégrée au nouvel orchestre du Théâtre provisoire de Prague, ainsi nommé dans l’attente de la fondation d'un véritable opéra — le Théâtre national de Prague verra le jour en 1881, mais il devra être une nouvelle fois inauguré en 1883 à la suite d’un incendie.
Son expérience de musicien d’orchestre lui permet de découvrir de l'intérieur un vaste répertoire classique et contemporain. Il joue sous la baguette de Bedřich Smetana, Richard Wagner, Mili Balakirev… et trouve le temps de composer des œuvres ambitieuses, dont deux premières symphonies en 1865.
Dvořák démissionne de l’orchestre en 1871 pour se consacrer à la composition. Il vit des leçons particulières qu'il donne, avant d’obtenir un poste d’organiste à l’église Saint-Adalbert 1874.

Dvořák tombe amoureux d'une de ses élèves, Josefina Čermáková. Il écrit un cycle de chansons, « Les Cyprès », pour tenter de conquérir son cœur. Cependant elle épouse un autre homme, et en 1873 Dvořák épouse Anna, la sœur de cette Josefina. De cette union naissent neuf enfants.
Alors qu’il obtient ses premiers succès locaux cantate Hymnus en 1873 sous la direction de son ami Karel Bendl, un jury viennois reconnaît la qualité de ses compositions et lui octroie une bourse, qui sera renouvelée cinq années consécutives. Cela lui permet d’entrer en contact avec Johannes Brahms, qui deviendra son ami et le présentera à son éditeur Fritz Simrock. D’autres musiciens illustres comme les chefs d’orchestre Hans von Bülow et Hans Richter, les violonistes Joseph Joachim et Joseph Hellmesberger, et plus tard le Quatuor Tchèque, auront fait beaucoup pour la diffusion de sa musique.
Son Stabat Mater, les Danses slaves et diverses œuvres symphoniques, vocales ou de musique de chambre le rendent célèbre. L’Angleterre le plébiscite. Dvořák s'y rendra à neuf reprises pour diriger ses œuvres, notamment ses cantates et oratorios très appréciés du public britannique. La Russie, à l'initiative de Piotr Ilitch Tchaïkovski, le réclame à son tour. Le compositeur tchèque fera une tournée à Moscou et à Saint-Pétersbourg mars 1890.
Célèbre dans tout le monde musical, il est nommé de 1892 à 1895 directeur du Conservatoire national de New York. Il y tient une classe de composition. Sa première œuvre composée aux États-Unis, est la 9e symphonie dite « La Symphonie du Nouveau Monde ». Son succès est foudroyant et jamais ne se dément depuis la première audition. Une juste reconnaissance qui masque pourtant la beauté et l’originalité des autres symphonies de maturité. Son intérêt pour la musique noire soulève une très vive controverse, dont on perçoit l’écho sur le Vieux Continent. Son séjour en Amérique du Nord voit naître d’autres compositions très populaires, comme le 12e Quatuor dans lequel il emploie des procédés caractéristiques du blues et le célèbre Concerto pour violoncelle, qui sera terminé sur le sol européen.
De retour en Bohême, où il retrouve sa douce vie à la campagne, il compose plusieurs poèmes symphoniques : L’Ondin, La Sorcière de midi, Le Rouet d’or, Le Pigeon des bois, inspirés par les légendes mises en vers par Karel Jaromír Erben. Dvořák renouvelle le genre en inventant un procédé de narration musicale fondé sur la prosodie de la langue parlée. Ce procédé dit des intonations sera repris par Leoš Janáček.
La fin de sa vie est surtout consacrée à la composition d’opéras dont le plus célèbre reste Rusalka, créé en 1901. Pendant cette période, il dirige également le Conservatoire de Prague.
Antonín Dvořák est enterré au cimetière de Vysehrad, sur une colline dominant la ville de Prague.

Une sève enivrante

Des œuvres classiques comme la Neuvième Symphonie, dite Symphonie du Nouveau Monde, les Danses slaves, le Concerto pour violoncelle en si mineur, les Rapsodies slaves ou Les Légendes ont une popularité méritée, mais il serait injuste d'oublier les Sérénades (op. 22 et 44), la Suite tchèque, les Septième Huitième Symphonies, les cinq Poèmes symphoniques (op. 107 à 111) des dernières années ou les trois ouvertures Dans la nature, Carnaval, Othello, les cycles de mélodies (les Mélodies tziganes et les Chants bibliques), les grandes fresques chorales comme le Stabat Mater, le Requiem, le Te Deum, la Messe en ré majeur, Les Chemises de noces et Sainte Ludmilla.
Aucune des pièces écrites pour la scène par Dvořák n'a eu le retentissement de La Fiancée vendue de Smetana. Ce fut un des regrets de sa vie, mais Coquin de paysan, Le Diable et Catherine, Dimitri et, surtout, Rusalka et Le Jacobin sont inscrits au répertoire et connaissent un succès national. C'est dans le catalogue de musique de chambre, d'une richesse insoupçonnée, que la découverte offre le plus de surprises. Des œuvres en apparence mineures sont parcourues d'une sève enivrante, alors que d'autres, certains trios (op. 90, dit « Dumky »), quatuors (op. 34, 51, 80, 96, 105, 106) et quintettes (op. 81 et 97), doivent être sans hésitation classés parmi les purs chefs-d'œuvre du genre.
Que l'empreinte nationale, voire populaire, soit indiscutable n'explique pas entièrement cette faveur immédiate et durable. Dvořák ne fut pas un « intellectuel ». Malgré la maîtrise de son métier et la grande connaissance de l'histoire de la musique ancienne et contemporaine qu'il avait acquises par lui-même, il n'a jamais été accaparé par les problèmes d'esthétique, mais fut occasionnellement sensible aux expressions musicales nouvelles de Liszt et de Wagner. Bien qu'il semble se réclamer de la ligne de ses devanciers, notamment du romantisme classique de Brahms, qui fut son guide et son ami, Dvořák caractérise d'une manière très personnelle la particulière couleur harmonique et le lyrisme tchèques, souvent avec une slavité appuyée. S'il s'abreuva aux sources populaires, il ne démarqua pas directement le folklore mais sut découvrir ce qui constitue les traits fondamentaux d'un art national original dont la musique est restée un des meilleurs symboles, qu'il réussit à hausser au rang de patrimoine universel.
Aussi nationaliste que Smetana, il s'est efforcé, à sa manière, d'imposer au monde la musique de son pays, mais plutôt traditionaliste et classique, il ne lui ouvrit pas – comme le fit Bartók plus tard – la voie des formes nouvelles. Janáček et Martinů franchiront ce stade.
Il reste enfin, pour comprendre l'homme et sa musique, à évoquer sa piété profonde, qui se traduisit par un sentiment intense de la nature. C'est la constante de son inspiration et le fond réel de sa philosophie, une sorte de panthéisme qui engloba toutes choses, êtres et sentiments, comme parties intégrantes de la nature mère et omniprésente. Dvořák fut un homme de la terre. Guy Erismann

Son oeuvre

Son œuvre est immense et variée, pour le piano, la voix lieder, divers effectifs instrumentaux dont l’orchestre symphonique, la musique de chambre, l’opéra, la musique religieuse. Elle est recensée de façon thématique et chronologique dans le catalogue de Jarmil Burghauser.
Sa musique est colorée et rythmée, inspirée à la fois par l’héritage savant européen et par l'influence du folklore national tchèque mais aussi américain negro spirituals ou chansons populaires. Dvořák est l'un des rares exemples de compositeur romantique ayant abordé avec succès tous les genres, à la seule exception du ballet. Bien que sa musique ait eu du mal à s'imposer en France, Dvořák était considéré de son vivant comme un personnage de stature internationale. En 1904, quelques semaines avant sa disparition, des émissaires de la mairie de Paris firent un voyage en Bohême pour lui remettre une médaille d'or décernée par le conseil municipal.
Parmi ses meilleurs interprètes l’on trouve ses compatriotes comme l’Orchestre philharmonique tchèque, les chefs Václav Talich, Zdenek Chalabala, Rafael Kubelik, Karel Ančerl, le Quatuor de Prague, le Trio Tchèque, le chef Sir Charles Mackerras et son arrière-petit-fils, le violoniste Josef Suk — une liste non exhaustive qui ne saurait faire oublier le caractère universel de cette musique, défendue par les plus grands interprètes.
Plusieurs thèmes de Dvořák ont été repris dans la musique populaire. La chanson Initials B.B. de Serge Gainsbourg reprend un thème de La symphonie du nouveau Monde Symphonie no 9 en mi mineur.

Compositions majeures

Le catalogue des œuvres de Dvořák par numéro d'opus est passablement confus. Certaines œuvres ont porté deux voire trois numéros différents, l'ordre chronologique n'est pas toujours respecté et des œuvres ne portent pas de numéro. Il est donc préférable d'adopter la nomenclature proposée par Burghauser. Dans cette dernière, la lettre B est utilisée, suivie d'un chiffre correspondant à l'ordre chronologique réel des compositions. Ce système va de B. 1 une polka pour piano composée vers 1856 et qui est la plus ancienne œuvre conservée jusqu'à B. 206 pour son opéra Armide, sa dernière œuvre achevée.

Musique symphonique

Pendant longtemps, seules cinq symphonies du compositeur étaient connues, numérotées de 1 à 5, dans l'ordre de leur publication (qui ne correspond pas entièrement à l'ordre de leur composition). Ainsi, la Symphonie du Nouveau Monde porte alors le numéro 5, et le dictionnaire Robert des noms propres affirmait encore dans les années 1990 que Dvořák était l'auteur de cinq symphonies. Quelques rares spécialistes connaissaient l'existence du cycle complet, mais il faut attendre les années 1960 pour que paraisse la première édition critique des neuf symphonies dans leur numérotation actuelle. Du jour au lendemain, pas moins de quatre nouvelles symphonies de Dvořák étaient offertes au monde musical. Aussitôt, plusieurs chefs en profitèrent et enregistrèrent de véritables intégrales discographiques des neuf symphonies : le Polonais Witold Rowicki Philips, le Hongrois István Kertész Decca London et les Tchèques Rafael Kubelík DGG et Václav Neumann Supraphon. D'autres intégrales s'ajoutèrent au fil des ans : notamment celles d'Otmar Suitner Edel Classics, de Neeme Järvi Chandos et de Stephen Gunzenhauser Naxos. Neumann refit une intégrale à l'ère numérique Supraphon.
Deux sérénades :
Sérénade no 1 pour cordes en mi majeur, B. 52 op. 22, 1875
Sérénade no 2 pour vents, violoncelle et contrebasse en ré mineur, B. 77 op. 44, 1878
Neuf symphonies :
Symphonie no 1 en ut mineur Les cloches de Zlonice, B. 9 op. 3, 1865
Symphonie no 2 en si bémol majeur, B. 12 op. 4, 1865
Symphonie no 3 en mi bémol majeur, B. 34 op. 10, 1873
Symphonie no 4 en ré mineur, B. 41 op. 13, 1874
Symphonie no 5 en fa majeur, B. 54 op. 76, 1875
Symphonie no 6 en ré majeur, B. 112 op. 60, 1880
Symphonie no 7 en ré mineur, B. 141 op. 70, 1884-85
Symphonie no 8 en sol majeur, B. 163 op. 88, 1889
Symphonie no 9 en mi mineur du Nouveau Monde, B. 178 op. 95, 1893
Seize danses slaves B. 83 op. 46, 1878 et B. 147 op. 72, 1886
Cinq poèmes symphoniques 1896-97 :
L’Ondin, B. 195 op. 107
La Sorcière de midi, B. 196 op. 108
Le Rouet d'or, B. 197 op. 109
Le Pigeon des bois, B. 198 op. 110
Le Chant du héros, B. 199 op. 111 moins connu en France
La suite tchèque en ré majeur pour petit orchestre B. 93 op. 39, 1879
La suite américaine en la majeur B. 190 op. 98B, 1894-95
Le scherzo capriccioso B. 131 op. 66, 1883
Les variations symphoniques Czech: Symfonické variace, B. 70 Op. 78

Concertos

Concerto pour piano en sol mineur, B. 63 op. 33, 1876
Concerto pour violon en la mineur, B. 108 op. 53, 1879, révisé en 1880
Concerto pour violoncelle en la majeur, B. 10 1865
Concerto pour violoncelle en si mineur, B. 191 op. 104, 1894-95

Musique de chambre

Sonatine pour violon et piano en sol majeur B. 183 op. 100, 1893
Terzetto pour deux violons et alto en ut majeur, B. 148 op. 74, 1887
L'humoresque pour piano, B. 187 (Op. 101, 1894
Quatre trios pour piano et cordes :
Trio pour piano, violon et violoncelle no 1 en si bémol majeur, B. 51 op. 21, 1875
Trio pour piano, violon et violoncelle no 2 en sol mineur, B. 56 op. 26, 1876
Trio pour piano, violon et violoncelle no 3 en fa mineur, B. 130 op. 65, 1883
Trio pour piano, violon et violoncelle no 4 « Dumky », B. 166 op. 90, 1891
Deux quatuors pour piano et cordes :
Quatuor avec piano no 1 en ré majeur, B. 53 op. 23, 1875
Quatuor avec piano no 2 en mi bémol majeur, B. 162 op. 87, 1889
Quatorze quatuors à cordes :
Quatuor à cordes no 1 en la majeur, B. 8 op. 2, 1862
Quatuor à cordes no 2 en si bémol majeur, B. 17 sans numéro d'opus, 1868-70
Quatuor à cordes no 3 en ré majeur, B. 18 sans numéro d'opus, 1868-70
Quatuor à cordes no 4 en mi mineur, B. 19 sans numéro d'opus, 1868-70
Quatuor à cordes no 5 en fa mineur, B. 37 op. 9, 1873
Quatuor à cordes no 6 en la mineur, B. 40 op. 12, 1873
Quatuor à cordes no 7 en la mineur, B. 45 op. 16, 1875
Quatuor à cordes no 8 en mi majeur, B. 57 op. 80, 1876
Quatuor à cordes no 9 en ré mineur, B. 75 op. 34, 1877
Quatuor à cordes no 10 en mi bémol majeur, B. 92 op. 51, 1878-79
Quatuor à cordes no 11 en ut majeur, B. 121 op. 61, 1881
Quatuor à cordes no 12 en fa majeur Américain, B. 179 op. 96, 1893
Quatuor à cordes no 13 en sol majeur, B. 192 op. 106, 1895
Quatuor à cordes no 14 en la bémol majeur, B. 193 op. 105, 1895
Quintette pour cordes en sol majeur, B. 49 opus 77, pour quatuor à cordes et contrebasse; la version d'origine, de 1875, désignée comme op. 18, était en cinq mouvements, puis Dvořák l'a révisée en 1888 en supprimant le deuxième mouvement, un intermezzo marqué Andante religioso. Molto adagio;
Quintette pour piano et cordes en la majeur, B. 155 op. 81, 1887
Quintette à cordes en mi bémol majeur, B. 180 op. 97, 1893
Sextuor à cordes en la majeur, B. 80 op. 48, 1878

Opéras

Le Roi et le charbonnier - 1874
Vanda - 1876
Le Paysan rusé - 1877
Les Têtes dures - 1881
Dimitrij - 1882
Jakobín - 1889
Le Diable et Catherine - 1899
Rusalka - 1901
Armida - 1904
Alfred - 1938 composé en 1870

Musique vocale sacrée

Dvořák fut un homme croyant qui exprima tant la liesse que la tristesse dans des œuvres basées sur des textes religieux.
Stabat Mater en si mineur, B. 71 p. 58, 1877
Requiem en si bémol mineur, B. 165 op. 89, 1890
Messe en ré majeur 1ère version pour chœur, solistes et orgue, B. 153 op. 86, 1887
Messe en ré majeur 2e version pour chœur, solistes et orchestre, B. 175 op. 86, 1892
Oratorio Sainte Ludmilla, B. 144 op. 71, 1886
Chants Bibliques, B. 189 op. 99, 1894
Te Deum, B. 176 op. 103, 1892

Musique vocale profane

Chants tziganes tchèque Cikánské melodie, B. 104 op. 55, 1880
4 chants extraits de Cyprès, B123 et 124 op.2, 1881
Dans le style populaire tchèque V nàrodnim tonu, B. 146 op. 73, 1865
Chants d'amour tchèque Pisne Milostné, B. 160 op. 83, 1888
Chants du manuscrit de Dvur Kràlové tchèque Kràlovédvorského, B. 30 op. 7, 1872
Duos moraves, B. 107tchèque Moravské dvojzpěvy, op. 20, 29, 32 entre 1875 et 1881

Musique pour piano

Danses slaves - Série no I quatre mains, B. 78 op. 46, 1878
Douze silhouettes, B. 98 op. 8, 1879
Six mazurkas, B. 111 op. 56, 1880
Suite en la majeur opus 98
Dix légendes quatre mains, B. 117 op. 59, 1880-81
Dumka et Furiant, respectivement B. 136 et B. 137 op. 12 no 1 et op. 12 no 2, 1884
Danses slaves - Série no II quatre mains, B. 145 op. 72, 1886
Treize impressions poétiques, B. 161 op. 85, 1889
Humoresques, B. 187 op. 101, 1894, dont notamment la célèbre Humoresque no 7 en sol majeur
Suite en la majeur, B. 184 op. 98, 1894, version initiale pour piano de la Suite américaine B. 190


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Posté le : 30/04/2016 21:45
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Pierre Teilhard de Chardin
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Le 1er mai 1881 naît Pierre Teilhard de Chardin

à Orcines en France, mort le 10 avril 1955, à 73 ans à New York États-Unis, est un prêtre jésuite français, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe. Il reçoit sa formation à l'Université de Paris, Université Villanova. Ses principaux intérêts sont :la Paléontologie, Théologie, métaphysique, évolution, il est fait Officier de la Légion d'honneur. Scientifique de renommée internationale, considéré comme l'un des théoriciens de l'évolution les plus remarquables de son temps, Pierre Teilhard de Chardin est à la fois un géologue spécialiste du Pléistocène et un paléontologue spécialiste des vertébrés du Cénozoïque. L'étendue de ses connaissances lui permet de comparer les premiers hominidés, tout juste découverts, aux autres mammifères, en constatant l'encéphalisation propre à la lignée des primates anthropoïdes.
Dans Le Phénomène humain, il trace une histoire de l'Univers, depuis la pré-vie jusqu'à la Terre finale, en intégrant les connaissances de son époque, notamment en mécanique quantique et en thermodynamique. Il ajoute aux deux axes vers l'infiniment petit et l'infiniment grand la flèche d'un temps interne, celui de la complexité en organisation croissante, et constate l'émergence de la spiritualité humaine à son plus haut degré d'organisation, celle du système nerveux verticalisé. Pour Teilhard, matière et esprit sont deux faces d'une même réalité. En tant que croyant, chrétien et prêtre de la Compagnie de Jésus, il donne un sens à sa foi chrétienne ou l'adhésion personnelle à la véracité du Christ, qu'il situe à la dimension de la cosmogenèse et non plus à l'échelle d'un cosmos statique comme l'entendait la tradition chrétienne se référant à la Genèse de la Bible.


En bref

Teilhard est fondamentalement un mystique, plus exactement un « cosmo-mystique ». Il considère que la matière contient une puissance spirituelle, et, par une ascèse très dure, il est parvenu à déchiffrer en filigrane, à travers le cosmos, la figure divine du Christ. Cette ascèse n'est plus une simple ascèse de détachement, c'est une ascèse de détachement par traversée, par l'action mortifiante. C'est dire que la vie de Teilhard a été, bien plus que celle de Rimbaud, une aventure spirituelle d'une rare qualité. Il fut, très tôt (1911), conquis par l'évolutionnisme et, partant, sa vision, au lieu d'être une vision en cosmos, c'est-à-dire statique ou cyclique, se mua en une vision en cosmogenèse, c'est-à-dire d'un univers évolutif et convergent, où Dieu se révèle d'abord comme l'avenir absolu, à travers un seuil d'extase. Orientée vers le futur, sa Weltanschauung est donc foncièrement eschatologique, pour ne pas dire prophétique (annonce d'un ultra-humain, c'est-à-dire d'un dépassement de la collectivité par elle-même, perspective d'un point Oméga, à savoir d'un point de convergence de l'humanité, annonciateur de la parousie, ou retour du Christ en gloire). On peut voir en Teilhard le Malebranche de l'évolutionnisme, mais sa parenté avec Leibniz est sensible, ses racines scolastiques demeurent évidentes et, par-delà celles-ci, l'influence de saint Paul et des Pères grecs, surtout saint Irénée, l'est également.
Pierre Teilhard de Chardin, né à Sarcenat sur la commune d'Orcines, dans le Puy-de-Dôme, novice de la Compagnie de Jésus en 1899 et ordonné prêtre en 1911, entre l'année suivante au laboratoire de Marcellin Boulle au Muséum d'histoire naturelle. Mobilisé pendant la guerre de 1914-1918 comme brancardier, il prépare ensuite licence et doctorat de sciences naturelles et enseigne la paléontologie et la géologie à l'Institut catholique de Paris. Il part pour la Chine en 1923, chargé d'une mission scientifique, et ne se « fixe » en France qu'en 1946 pour se rendre en 1951 aux États-Unis où il reste jusqu'à sa mort, à New York. Connu pour sa compétence de paléontologiste et chargé de postes importants dans les organismes scientifiques internationaux, il dut néanmoins, par ordre de la hiérarchie catholique, refuser une chaire au Collège de France et n'obtint l'autorisation de publier que des articles scientifiques ou quelques textes de portée générale. Mais la parution posthume de son Phénomène humain lui conféra une immense célébrité.
Teilhard de Chardin, qui se qualifiait de free-lance thinker, est, en fait, inclassable. Il n'a pas négligé la gnoséologie kantienne ; il est philosophe de l'action autant que Marx et Blondel ; il est philosophe de la durée autant que Bergson, mais celle-ci est, pour Teilhard, mûrisseuse et avant tout convergente ; il a transposé le surhumain individuel de Nietzsche ; il a élaboré un personnalisme bien à lui ; il a su allier l'existentiel et le dialectique (une dialectique oscillante fort souple, allant du plus connu au moins connu, avec un retour vers le plus connu, et ainsi de suite) ; il a su enfin unir structure et genèse. Bousculant les barrières interdisciplinaires, il a nourri le génie de la synthèse. Sa pensée, victoire sur l'angoisse, est fortement articulée ; et, par échelons, elle va de la science positive – géologie et paléontologie des Mammifères – à la voie unitive de la mystique, en passant par des conceptions de la biologie évolutive, une logique, une phénoménologie, une dialectique (au sens étroit : passage au point Oméga), une métaphysique de l'union et une théologie qui projette la théologie classique sur le film de l'évolution, c'est-à-dire la « dynamise ». Il semble, très schématiquement, que le christianisme, à partir de saint Augustin, ait connu une scission qui ouvre la voie à un buissonnement confus de théologiens très divers tels que Thomas d'Aquin (pour une part), Luther, Calvin, l'école janséniste, Kierkegaard, tandis que la voie royale annoncée par le saint Paul cosmique et les Pères grecs s'est poursuivie à travers des maîtres aussi variés que Duns Scot, Bonaventure, Bérulle, et conduit à Teilhard, lequel n'est, bien entendu, qu'un relais, si importante soit la coupure qu'il constitue. On peut le regarder comme hyperorthodoxe, car le transchristianisme qu'il professe n'est que l'annonce du Christ cosmique de saint Paul dans une perspective évolutionniste. Si nette que soit chez Teilhard l'affirmation de la transcendance divine, il reste un des maîtres de l'humanisme chrétien.
Devant l'originalité et l'ampleur d'une pareille pensée, on ne peut en souligner – sommairement – que deux aspects : scientifique et poétique.

Sa vie

Pierre Teilhard de Chardin est issu d'une très ancienne famille auvergnate de magistrats originaire de Murat et dont sa branche a été anoblie sous le règne de Louis XVIII. Il naît le 1er mai 1881 au château de Sarcenat, à Orcines Puy-de-Dôme, quatrième des onze enfants d'Emmanuel Teilhard 1844-1932, chartiste, et de Berthe de Dompierre. Sa mère était la petite-nièce de François-Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire.
De 1892 à 1897, il fait ses études au collège jésuite de Notre-Dame de Mongré à Villefranche-sur-Saône. En 1899, il entre au noviciat jésuite d'Aix-en-Provence. Les deux années suivantes se passent au juvénat de Laval. À partir de 1902, il fait trois années de philosophie sur l'île anglo-normande de Jersey. Doué pour les sciences, il devient professeur de physique au Collège jésuite de la Sainte-Famille au Caire de 1905 à 1908. Les quatre années suivantes, il étudie la théologie dans le théologat d’Ore Place à Hastings dans le comté du Sussex de l'Est. C'est à la fin de cette formation théologique qu'il est ordonné prêtre, le 24 août 1911.

Début de carrière scientifique

En 1912, il quitte l'Angleterre et rend aussitôt visite à Marcellin Boule, paléontologue et directeur du laboratoire de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, qui venait d'étudier le premier squelette d'homme de Neandertal découvert en France 1908. Il deviendra un paléontologue de renom international dix ans plus tard, après une thèse poursuivie sous la direction de Marcellin Boule et consacrée à des carnassiers du Tertiaire, qui sera soutenue en 1922 à la Sorbonne.
Avant de rencontrer M. Boule, Teilhard terminait ses études de théologie au théologat à Hastings, proche du site de Piltdown. Il avait été convié par un amateur de fossiles, Charles Dawson, à se rendre sur un site que ce dernier avait découvert, contenant des restes d'un prétendu homme fossile du Tertiaire, l'homme de Piltdown. Teilhard n'était alors qu'un simple séminariste qui achevait sa formation de jésuite, essentiellement intéressé par la formation des continents. Inconnu des préhistoriens, inexpérimenté en préhistoire comme en anthropologie, Charles Dawson ne l'a pas associé à la publication du Quarterly Journal de la prestigieuse Geological Society of London, précisant dans une note en bas de page que Teilhard n'était pas à l'origine de la découverte. Prétendre que son nom apportait une caution à cette découverte est un contresens historique. Stephen Jay Gould a tenté de démontrer que Teilhard de Chardin était au courant de la supercherie, en raison de ses récits contradictoires à propos de ses visites en 1912 et 1913. Des investigations plus poussées ont été poursuivies par le paléontologue Herbert Thomas, sous-directeur honoraire du Laboratoire de paléoanthropologie et préhistoire au Collège de France adjoint d'Yves Coppens. Ses recherches ont montré des carences dans l'enquête du paléontologue américain et souligné le peu de vraisemblance qu'il y a à baser un argumentaire sur des confusions de dates. La supercherie fut reconnue officiellement en 1953, Teilhard étant alors âgé de 72 ans et diminué par plusieurs attaques cardiaques, dont une ayant nécessité une hospitalisation entre la vie et la mort ; dans de telles circonstances, plus de 40 années après les faits, des confusions dans les dates ne sont pas de nature à mettre en doute la probité du paléontologue et du prêtre qui savait ses jours comptés il est décédé en avril 1955. Il a été montré que Teilhard avait été dupé dans cette affaire .

L'expérience de la Première Guerre mondiale

Entre 1915 et 1918, il est mobilisé comme caporal brancardier il refuse d'être aumônier militaire au front dans le 8e régiment de marche de tirailleurs marocains. Deux de ses frères meurent lors de cette guerre; quant à lui, sa bravoure lui vaut la Médaille militaire et la Légion d'honneur. Cette expérience de la guerre, du réel, lui permet d'élaborer une esquisse de sa pensée via son journal et sa correspondance avec sa cousine Marguerite Teilhard-Chambon une des premières agrégées de philosophie de France qui sera publiée dans Genèse d'une pensée.

Docteur ès Sciences

En 1916, il écrit son premier essai, La Vie Cosmique, puis, en 1919, Puissance spirituelle de la Matière, deux textes qui annoncent son œuvre plus tardive. De 1922 à 1926, il obtient en Sorbonne trois certificats de licence ès sciences naturelles : géologie, botanique et zoologie, puis soutient sa thèse de doctorat sur les Mammifères de l'Éocène inférieur français et leurs gisements.

Missions archéologiques en Chine

En 1923, il effectue son premier voyage en Chine pour le Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il rejoint le père Émile Licent, naturaliste au Musée Hoangho Paiho de Tianjin qui a fait cette demande à Marcellin Boule, le professeur de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris.
Licent fut donc un collègue de Teilhard de Chardin dans la conduite de la recherche archéologique dans les provinces septentrionales de la Chine au cours des années 1920 qui suivirent. En mai 1923, Pierre Teilhard de Chardin, docteur ès sciences en 1922 et vice-président de la Société géologique de France en 1923, va ainsi travailler, pour sa première campagne en Chine, sur les gisements de fossiles repérés au Gansu et en Ordos par Émile Licent14. Ils découvrent plusieurs sites d'industrie lithique, d'époque paléolithique. En 1924, la mission achevée, Teilhard de Chardin rapporte en France un important matériel lithique et faune. C’est ainsi que Teilhard, chercheur formé par Marcellin Boule, prend la tête de la Mission paléontologique française dès 1923, au moment où la compétition mondiale en matière scientifique comme dans les autres domaines apporte un flot de découvertes : dès 1921 une équipe internationale avait découvert le premier ‘’Sinanthrope’’, ou Homme de Pékin.
Explorant le désert d'Ordos en Mongolie Intérieure, Teilhard y achève sa Messe sur le Monde.

L'apport scientifique

Comme savant, Teilhard de Chardin a laissé une œuvre qui peut schématiquement s'ordonner autour de trois domaines : la géologie générale, la paléontologie des Mammifères, la paléontologie et la préhistoire humaines. Après avoir présenté une brillante explication de la tectonique de Jersey, il se fixa, une fois en Chine (1923), un vaste programme. Il entreprit une coupe géologique ouest-est, allant de l'extrémité du Shandong aux confins du Pamir, et une autre section nord-sud, presque aussi complète, descendant de la Mandchourie (Kharbin ou Ha'erbin) jusqu'à la bordure de l'Indochine. L'exploration du Kashmir et celle des plateaux Shan (Birmanie) visaient, entre autres objectifs, à trouver un pendant au Xinjiang ou un correspondant à la Chine du Sud. Les mémoires de Teilhard se classent donc approximativement en trois catégories : études du socle granitique et des phénomènes de granitisation ; étude des extrusions volcaniques ; études des dépôts sédimentaires, apportant un nombre notable de faits nouveaux à la connaissance des géologues (Oligocène d'Ordos, bassins éocènes effondrés de Qinlingshan, etc.).
La brillante thèse de Teilhard sur Les Mammifères de l'Éocène inférieur français et leurs gisements (1922) s'appuyait sur une analyse très poussée de la denture. Elle établissait, en outre, des affinités entre les faunes d'Amérique du Nord et celles d'Europe. Après l'arrivée du chercheur en Chine, presque tous ses travaux paléontologiques furent consacrés à reconstituer peu à peu l'histoire postpontienne des Mammifères en Chine du Nord : faune du Pliocène moyen (bassin de Yushe, au Shanxi), faune villafranchienne (couches de Nihewan, Hubei) ; faune du Pléistocène inférieur (fissure de Choukoutien ou Zhoukoudian) ; faune du Pléistocène supérieur (couches du Sjara-osso-gol, petit affluent du fleuve Jaune).
Quant à la préhistoire et à la paléontologie humaine, la première chance de Teilhard fut, en 1923, de pouvoir établir, avec le père Licent, l'existence d'un homme paléolithique en Chine du Nord. En deux endroits des Ordos, les deux savants découvrirent les traces certaines (foyers et outils du style moustérien ou aurignacien) de l'homme paléolithique, le 23 juillet 1923, au Shuidonggou et en août, sur les bords du Sjara-osso-gol. Pour la première fois, l'existence de l'homme paléolithique avait été signalée au sud de l'Iénisseï. La deuxième chance de Teilhard, et la plus décisive, fut certainement de pouvoir, pendant près de dix ans, collaborer de tout près aux grandes fouilles de Choukoutien (non loin de Pékin). Dans cette œuvre collective, menée par les soins conjugués de la fondation Rockefeller et du Service géologique de Chine, sa fonction fut surtout de diriger l'étude stratigraphique, paléontologique et archéologique du gisement. Il en précisa la position géologique et en étudia la faune, datant d'environ 500 000 ans et antérieure aux limons rubéfiés.
C'est autour et à partir des questions posées par l'homme fossile de Choukoutien, le sinanthrope, un pithécanthropien (Homo erectus pekinensis), que les recherches de Teilhard se développèrent à partir de 1933. Éclairé par une première intuition de son ami, le préhistorien Henri Breuil qui étudiait une corne brûlée et travaillée de Choukoutien, c'est Teilhard qui découvrit l'existence d'un outillage lithique et de couches culturelles (avec lits de cendres) au niveau du sinanthrope. Celui-ci était donc faber, découverte fondamentale.
En ce qui concerne l'Afrique australe, qui présente des conditions analogues à celles de Choukoutien (géologie des fissures), l'apport de Teilhard (séjours en 1951 et 1953) est moins important, mais il contribua à débrouiller la généalogie des australopithécinés (écaille humaine plus ancienne que les pithécanthropiens) ; et, constatant que l'Afrique est seule à présenter l'échelle complète de toutes les industries lithiques (à partir des galets éclatés), le savant y vit le berceau de l'Homo sapiens, qui semblerait originaire de la région du Tanganyika.

Le style et la symbolique

Fait heureux, le phénoménologue, le métaphysicien, le théologien et a fortiori le mystique qu'est Teilhard dispose d'un bel outillage stylistique. Chez lui, des notions comme celles de terre, de feu, d'eau, de centre, d'axe, etc. sont de nature symbolique, c'est-à-dire qu'au-delà de leurs rapports avec la géométrie ou avec les sciences de la nature elles visent un complexe sémantique, en dernier ressort transcendant, affranchi de la pure logique. C'est ainsi que la notion de centre, qu'on rencontre si fréquemment chez Teilhard, subsume essentiellement plus qu'une donnée courante de la géométrie ou de la physique. Sans perdre de vue la substance géométrico-physique du terme, l'auteur assortit la notion de contenus relevant du monde des archétypes. Son englobante vision ne fut pas seulement un problème de pensée, mais aussi un problème linguistique. Grâce aux archétypes ouverts à l'intervention d'expériences religieuses, la foi et la science ont, chez lui, contracté des liens formant un nœud qu'on ne saurait délier ; et ces liaisons se fécondent réciproquement, de par la mise en forme stylistique des pensées. La familiarité avec Jung permet seule de comprendre les échos profonds qu'éveille Teilhard dans les souterrains de toute psyché humaine.
Mais, déjà, combien éclairante est l'étude de la métaphore ! On est frappé par une relative pauvreté des images auditives et par la grande richesse des images visuelles – colorées et surtout lumineuses. Les deux éléments préférés de Teilhard sont l'eau et le feu – l'imagerie du feu étant vue à la fois comme extérieure et intérieure aux choses, transcendante et immanente. On y trouve aussi des images empruntées aux tissus (fibres, franges, nappes, voile) ; puis celles de chair, de mère, de sein, enfin celles de sève et de fleur. Teilhard semble aimer les étoffes, symbole de la façon dont, dans son univers, tous les fils sont entrecroisés et dont tout se tient. À travers les somptueuses draperies des phrases, les images s'enchaînent subtilement. Par exemple, l'élément liquide peut devenir tour à tour mer, boisson, symbole sacramentel, flot qui berce et flot qui porte. Teilhard est amoureux d'une nature qui vaut par elle-même, par ses qualités intrinsèques, et non par concordance avec des états subjectifs, comme chez les romantiques. Comme l'a fort bien dit Josée Van de Ghinste : « Toutes les caractéristiques que nous venons de souligner : gigantisme de l'Univers, solennité religieuse, amour pour la matière vue comme personnalisée, prédominance du concret sur l'abstrait, sens de la cohésion des choses, dynamisme et orientation vers le futur [...] donnent au lyrisme de Teilhard un accent jusqu'ici inconnu. La religion, la science et l'art, qui, normalement, recherchent séparément un Absolu, sont ici synthétisés dans une vision poétique qui fait coïncider ces « Absolus » et en acquiert une richesse et une profondeur insoupçonnées. » Un autre élément caractéristique, c'est cette notion de « diaphanie », de transparence : « bulle transparente », « clarté laiteuse », « chair translucide ». On se trouve devant un monde illuminé et cependant toujours merveilleusement énigmatique.Il est pratiquement impossible aujourd'hui de faire le point sur Teilhard. Le martyre du silence imposé à celui-ci par l'Église permet de comprendre en partie les causes de l'échec du IIe concile du Vatican. Le religieux y fut néanmoins cité et approuvé par Mgr Hurley, archevêque de Durham, Mgr Wright, évêque de Pittsburg, Mgr Spülbeck, évêque de Meissen, Mgr Helder Camara, archevêque de Recife. Sans nommer Teilhard, le cardinal Meyer, archevêque de Chicago, a déclaré : « C'est le Cosmos tout entier qui doit être glorifié, et non pas seulement l'homme [...]. Cette transfiguration finale du monde [...] est déjà commencée par le travail des hommes dans le monde... » Pendant une dizaine d'années consécutives à la mort du savant (1955) sévit un insupportable snobisme teilhardien qui a gravement nui à celui-ci dans les universités françaises, lesquelles, pour travailler sérieusement, attendent la publication critique et in extenso des textes connus et inédits, correspondance incluse. Ce n'est pas pour demain. En outre, le règne du structuralisme, avec son antihumanisme et son anti-évolutionnisme, ne crée pas une atmosphère favorable, non plus que les théologies de la mort de Dieu. Teilhard est entré dans les limbes. Quand en sortira-t-il ? Claude Cuénot

Sanctionné par l’Église

À son retour de Chine, il enseigne comme professeur de géologie à l'Institut catholique puis se voit démis de ses fonctions : la diffusion d'un texte portant sur le Péché originel ce document privé destiné à un jésuite, Note sur quelques représentations historiques possibles du péché originel, n'était pourtant pas destiné à être publié lui cause en effet ses premiers troubles avec le Vatican. L'ordre des Jésuites lui demande d'abandonner l'enseignement et de poursuivre ses recherches géologiques en Chine.

Retour en Chine

En 1926, il retourne donc en Chine, où la Compagnie de Jésus possède l'université l'Aurore, et joue, avec le paléoanthropologue allemand Franz Weidenreich, un rôle actif dans la découverte et l'étude scientifique du sinanthrope16. Il participe en 1931 à la Croisière jaune. Jusqu'à son installation à New York en 1951, Teilhard de Chardin poursuit une carrière scientifique ponctuée de nombreux voyages d'études : Éthiopie 1928, États-Unis 1930, Inde 1935, Java 1936, Birmanie 1937, Pékin 1939 à 1946, Afrique du Sud 1951 et 1953.

Philosophe de la création

En 1932, dans Christologie et évolution, Teilhard propose sa vision évolutive de la création, qui oblige à relire autrement les notions de création, de mal, de péché originel.
En 1946, le Père Teilhard est promu officier de la Légion d'honneur au titre des Affaires étrangères en reconnaissance de son brillant travail en Chine. Il est élu en 1950 à l'Académie des sciences et nommé directeur de recherche au CNRS en 1951. Il meurt le 10 avril 1955, jour de Pâques, à New York, après une nouvelle attaque cardiaque. Un an plus tôt, au cours d'un dîner au consulat de France, il confiait à des amis : J'aimerais mourir le jour de la Résurrection. Il est inhumé dans le cimetière du noviciat jésuite de St. Andrew's-on-the-Hudson de Poughkeepsie, dans l’État de New York.

Le Phénomène humain

Noosphère, Christ cosmique et point Oméga

Convergence et divergence selon Teilhard.

La théorie de l'évolution de Charles Darwin, la géologie de Vernadsky et la théodicée chrétienne sont unifiées par Teilhard de Chardin en une approche holiste. Pour lui, le phénomène humain doit être pensé comme constituant - à un moment donné - une étape de l'évolution qui conduit au déploiement de la noosphère, laquelle prépare l'avènement de la figure dite du Christ Cosmique.
Le point Ω ou point Oméga représente le pôle de convergence de l'évolution. Le Christ Cosmique manifeste l'avènement d'une ère d'harmonisation des consciences fondée sur le principe de la coalescence des centres : chaque centre, ou conscience individuelle, est amené à entrer en collaboration toujours plus étroite avec les consciences avec lesquelles il communique, celles-ci devenant à terme un tout noosphérique. L'identification non homogénéisante du tout au sujet le percevant, entraîne un accroissement de conscience, dont l'Oméga forme en quelque sorte le pôle d'attraction en jeu à l'échelle individuelle autant qu'au plan collectif. La multiplication des centres comme images relatives de l'ensemble des centres harmonisés participe à l'avènement de la résurrection spirituelle ou théophanie du Christ Cosmique.
Annonçant la planétisation que nous connaissons aujourd'hui, Teilhard développe la notion de noosphère qu'il emprunte à Vernadsky pour conceptualiser une pellicule de pensée enveloppant la Terre, formée des communications humaines .
Par ailleurs, en situant la création en un « point Alpha » du temps, il pose que l'Homme doit rejoindre Dieu en un point Oméga de parfaite spiritualité. Le terme de point Oméga » a été repris par le physicien américain Frank Tipler, apparemment sans allusion au nom de Teilhard sans qu'on puisse dire si c'est délibéré ou par ignorance de son origine, ou plus simplement parce que « cela va de soi.

Hominisation et humanisation

Teilhard pense aussi identifier, parallèlement à l'évolution biologique, une évolution de type moral : l'affection pour la progéniture se rencontre chez les mammifères et non chez les reptiles, apparus plus tôt. L'espèce humaine, malgré ses accès de violence sporadique, s'efforce de développer des réseaux de solidarité de plus en plus élaborés Croix-Rouge de Dunant, Sécurité sociale de Bismarck... : l'évolution physique qui a débouché sur l'hominisation se double d'après lui d'une évolution spirituelle, qu'il nomme humanisation . Se demandant d'où vient ce surcroît de conscience, il l'attribue à la croissance de la complexité des structures nerveuses : le cerveau des mammifères est plus complexe que celui des reptiles et celui des humains se trouve être plus complexe que celui des souris.
Il s'émerveille également de l'interfécondité de toutes les populations humaines sur la planète, à laquelle il ne voit pas de vraie correspondance dans les espèces animales : l'isolement géographique chez l'animal se traduit à terme par des spéciations :
D'une part, ces rameaux se distinguent de tous les autres antérieurement parus sur l'arbre de la vie par la dominance, reconnaissable en eux, des qualités spirituelles sur les qualités corporelles c'est-à-dire du psychique sur le somatique. D'autre part, ils manifestent, sans diminution sensible, jusqu'à grande distance, un extraordinaire pouvoir de se rejoindre et de s'inter-féconder.
— Écrits scientifiques, page 203
Cette particularité de l'espèce humaine sera relevée plus tard aussi par Jacques Ruffié, professeur d'anthropologie physique au Collège de France.

Évolution et organisation.

L'évolution se passe ensuite à son avis dans la possibilité qu'ont les consciences de communiquer les unes avec les autres et de créer de facto une sorte de super-être : en se groupant par la communication, les consciences vont faire le même saut qualitatif que les molécules qui, en s'assemblant, sont passées brusquement de l'inerte au vivant.
Toutefois, ce super-être est sans rapport aucun avec le surhumain de Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra dans lequel Teilhard ne voit qu'une extrapolation trop simple du passé, et qui ne tient nul compte du phénomène de communication croissante entre les individus La chenille qui interroge son futur s'imagine sur-chenille, résumera Louis Pauwels dans Blumroch l'admirable. Pour Teilhard, ce n'est déjà plus au niveau de ces seuls individus que le processus d'évolution se réalise; il écrit à ce sujet :
« Rien dans l'univers ne saurait résister à un nombre suffisamment grand d'intelligences groupées et organisées.
Il y voit non pas Dieu en construction, comme avant lui Ernest Renan et — de façon plus sarcastique — Sigmund Freud dans l'Avenir d'une illusion — mais l'humanité qui se rassemble pour rejoindre Dieu, en cet hypothétique point Oméga qui représenterait de facto, et sans tristesse aucune, la fin du Temps.

Citations

« L'Homme, non pas centre statique du Monde - comme il s'est cru longtemps, mais axe et flèche de l'Évolution… » Le Phénomène humain, 1965 p. 24
« La Vie est née et se propage sur Terre comme une pulsation solitaire. C'est de cette onde unique qu'il s'agit maintenant de suivre jusqu'à l'Homme, et si possible jusqu'au-delà de l'Homme, la propagation. » ibid, p. 94
« Lorsque, en tous domaines, une chose vraiment neuve commence à poindre autour de nous, nous ne la distinguons pas… Rétrospectivement, les choses nous paraissent surgir toutes faites. » ibid, p. 114
Sur le fait général qu'il y ait une évolution, tous les chercheurs … sont désormais d'accord. Sur la question de savoir si cette évolution est dirigée, il en va autrement. ibid, p. 137
Réactions vis-à-vis de l’œuvre de Teilhard de Chardin.

Position du Saint-Siège sur les travaux de Teilhard

La condamnation

Le Vatican identifie rapidement deux problèmes graves :
D'une part l'idée selon laquelle l'esprit de l'homme, son intelligence et sa volonté libre, puisse apparaître par une simple évolution déterministe de la matière s'oppose au dogme catholique issu de la Genèse. Ce point fait difficulté car il semble remettre en cause la nature spirituelle de l'âme humaine. Par contre les opinions de Teilhard sur l'origine évolutive du corps de l'homme sont laissées à la libre recherche de la biologie.
Un autre point relève de la discussion théologique :
L'un des deux moteurs de la sélection naturelle est l'élimination systématique, à chaque génération, des individus en surnombre pour les ressources existantes (élimination signalée par Malthus.
Cet écrasement se fait dans l'indifférence cruelle qui terrifie déjà Darwin en son temps et lui fait perdre la foi. Ce point n'est pas contesté. La cruauté de la marâtre nature est connue depuis la nuit des temps. En revanche, on la rattachait au classique problème du mal. Mais la considérer comme faisant partie du plan divin constitue un total changement de paradigme, aux antipodes de l'idée même de providence. Cette préparation du bonheur des successeurs par la souffrance des prédécesseurs ne semble pas proche des idées admises de rédemption et de communion des saints, et le monde qui en découle paraît cependant bien trop écarté des valeurs évangéliques et de l'idée de bonté divine pour être accepté tel quel.
Vers 1921, un petit texte exploratoire sur le péché originel, non destiné à la publication, va tomber entre les mains des autorités vaticanes. À partir de ce moment, le Saint-Siège n'a plus jamais donné à Teilhard l'autorisation de publier d'autres ouvrages que purement scientifiques malgré ses demandes répétées tout au long de sa vie. Jésuite, ayant fait vœux d’obéissance, il ne faillit jamais à ses vœux.
À la mort de Teilhard en 1955, Jeanne Mortier, sa secrétaire, qu'il avait faite légataire de toutes ses œuvres religieuses, décide d'en publier l'intégralité. Pour éviter une condamnation posthume, elle constitue deux comités de patronage (un comité général et un comité scientifique avec de telles personnalités qu'il n'était pas possible à Rome de s'y opposer.
Le 30 juin 1962, un monitum particulièrement sévère du Saint-Office met en garde contre ses idées hétérodoxes :
Certaines œuvres du P. Pierre Teilhard de Chardin, même des œuvres posthumes, sont publiées et rencontrent une faveur qui n'est pas négligeable. Indépendamment du jugement porté sur ce qui relève des sciences positives, en matières de philosophie et de théologie, il apparaît clairement que les œuvres ci-dessus rappelées fourmillent de telles ambiguïtés et même d'erreurs si graves qu'elles offensent la doctrine catholique. Aussi les EEm. et RRv Pères de la Sacrée Congrégation du Saint-Office exhortent tous les Ordinaires et Supérieurs d'Instituts religieux, les Recteurs de Séminaires et les Présidents d'Université à défendre les esprits, particulièrement ceux des jeunes, contre les dangers des ouvrages du P. Teilhard de Chardin et de ses disciples ».

Vers une ré-évaluation ?

Les ouvrages de Teilhard connaissent un certain succès dans les années 1960. Puis ses écrits sont moins diffusés.
Mais sa pensée fait son chemin dans l’Église et influence le concile Vatican II. Ses idées confortent l'idée de plan divin souvent évoquée par l'Église depuis saint Augustin La Cité de Dieu. Par ailleurs, l'idée de l'évolution est admise comme possible hypothèse il faudra attendre le pontificat de Jean-Paul II pour qu'elle soit considérée en 1996 comme davantage qu'une hypothèse.
Il est à noter que Joseph Ratzinger, lors de la première publication de son manuel théologique La foi chrétienne hier et aujourd'hui en 1968 en Allemagne, écrit : C'est un grand mérite de Teilhard de Chardin d'avoir repensé ces rapports - Christ, Humanité - à partir de l'image actuelle du monde .
Dès 1974, des enseignements sur la pensée de Teilhard ont été dispensés par les pères Gustave Martelet et Michel Sales à la faculté Jésuite du Centre Sèvres.

Postérité

En 1981, l’Église amorce un prudent virage : le centenaire de la naissance de Teilhard est célébré à l'Unesco en présence d'un représentant du Vatican.
En octobre 2004, un colloque international Teilhard à l'université pontificale grégorienne, s'est tenu à Rome sous la présidence du cardinal Paul Poupard, représentant de Jean-Paul II et du père Peter-Hans Kolvenbach, Supérieur général de la Compagnie de Jésus. Cette même année, une chaire Teilhard de Chardin est créée au Centre Sèvres. Depuis 2006 des cours sont donnés à l'École cathédrale de Paris.
Dans son ouvrage Lumière du monde, Benoît XVI écrit : Dieu a pu, au-delà de la biosphère et de la noosphère, comme le dit Teilhard de Chardin, créer encore une nouvelle sphère dans laquelle l'homme et le monde ne font qu'un avec Dieu.
Aujourd'hui, Teilhard a cessé d'être un réprouvé talentueux non neutre pour être qualifié de précurseur et de savant extraordinaire. En 2013, l'Osservatore Romano sous la plume de Maurizio Gronchi cite la phrase de Teilhard j'étudie la matière et je trouve l'esprit. Les travaux philosophiques et études théologiques prennent désormais en compte la composante dynamique et évolutive de l'homme et de l'univers. Cela est particulièrement perceptible par exemple dans l'œuvre du théologien allemand Karl Rahner.

Positions d'autres naturalistes

Julian Huxley fit connaître avec quelque précaution Le Phénomène humain dans les milieux anglo-saxons : If I understood him alright, here his thought is not fully clear to me.
Peter Medawar prend une position clairement hostile envers l'ouvrage : « I have read and studied The Phenomenon of Man with real distress, even with despair. Instead of wringing our hands over the Human Predicament, we should attend to those parts of it which are wholly remediable, above all to the gullibility which makes it possible for people to be taken in by such a bag of tricks as this , ainsi que par la suite Stephen Jay Gould, puis Richard Dawkins.

Œuvres de Teilhard

De 1955 à 1976, son œuvre est publiée à titre posthume par sa secrétaire et collaboratrice, Jeanne Mortier, qu'il a faite son héritière éditoriale de son œuvre dite non scientifique. Celle-ci occupe treize volumes :

Le Phénomène humain, 1955
L'Apparition de l'homme, 1956
La Vision du passé, 1957
Le Milieu divin, 1957
L'Avenir de l'homme, 1959
L'Énergie humaine, 1962
L'Activation de l'énergie, 1963
La Place de l'homme dans la nature, 1965, éd. Albin Michel, Coll. Espaces libres, 1996
Science et Christ, 1965
Comment je crois, 1969
Les Directions de l'avenir, 1973
Écrits du temps de la guerre, 1975
Le Cœur de la matière, 1976

Divers

La messe sur le monde, 1923, repris dans Le Cœur de la matière
Accomplir l'homme, lettres inédites 1926-1952, Bernard Grasset, 1968.
Lettres inédites à l'abbé Gaudefroy et à l'abbé Breuil, Le Rocher, 1988
Teilhard de Chardin en Chine. Correspondance inédite 1923-1940, Correspondance commentée et annotée par Arnaud Hurel et Amélie Vialet, Paris, Éditions du Muséum-Édisud, 2004.
Lettres de voyage 1923-1939, introduction de Marguerite Teilhard-Chambon, Bernard Grasset, Paris, 1956
Nouvelles lettres de voyage 1939-1955, introduction de Marguerite Teilhard-Chambon, Bernard Grasset, Paris, 1957
Genèse d'une pensée. Lettres 1914-1919, présentées par Alice Teilhard-Chambon et Max-Henri Bégouën et précédées d'une introduction de Marguerite Teillard-Chambon, Bernard Grasset, Paris, 1961
Le rayonnement d'une amitié. Correspondance avec la famille Bégouën 1922-1955, Éditions Lessius, Bruxelles, 2011

Hommages

Lycée Teilhard-de-Chardin.
On a donné son nom à plusieurs lycées et institutions scolaires, comme le lycée Teilhard-de-Chardin à Saint-Maur-des-Fossés ou le collège Teilhard-de-Chardin à Chamalières. Le grand amphithéâtre de la faculté libre de droit de Lille porte son nom tout comme une salle d'enseignement de l'Université catholique de Lyon (site Bellecour.
Il existe à Paris une rue du Père-Teilhard-de-Chardin depuis 1978 ainsi qu’une place du Père-Teilhard-de-Chardin depuis 1981.
L'argument principal du roman de science-fiction de Greg Bear, La Musique du sang 1985, est emprunté à Teilhard de Chardin, qui est nommément cité à la fin du récit par l'un des protagonistes. Dans ce roman, des ordinateurs biologiques vivants de la taille d’une cellule échappent au contrôle de leur créateur et finissent par infecter l'humanité tout entière, provoquant la fusion physique et spirituelle de la biosphère et donc de la noosphère.
En 1940, le paléontologue George Gaylord Simpson nomme Teilhardina un genre de primates de l'éocène.
Une place non négligeable est faite aux idées de Pierre Teilhard de Chardin dans le cycle romanesque de Dan Simmons Les Cantos d'Hypérion et Les voyages d'Endymion.
Dans son roman de science-fiction Le Successeur de pierre, Jean-Michel Truong fait participer Pierre Teilhard de Chardin. Dans ce roman, le père de Chardin devient le dernier dépositaire d'une révélation terrifiante : la bulle de Pierre, un message transmis exclusivement de pape en pape depuis que Jésus a confié à Simon-Pierre cette charge.


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Posté le : 30/04/2016 20:37
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Sébastien Le pestre de Vauban 3
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Qu'est-ce que la Dîme royale ?

En effet, la contribution majeure de Vauban à la réforme des impôts question lancinante tout au long du XVIIIe siècle jusqu'à la Révolution française de 1789 est la publication en 1707 malgré son interdiction de cet ouvrage publié à compte d'auteur, intitulé :
Projet d'une dixme royale qui, supprimant la taille, les aydes, les doüanes d'une province à l'autre, les décimes du Clergé, les affaires extraordinaires et tous autres impôts onéreux et non volontaires et diminuant le prix du sel de moitié et plus, produiroit au Roy un revenu certain et suffisant, sans frais, et sans être à charge à l'un de ses sujets plus qu'à l'autre, qui s'augmenteroit considérablement par la meilleure culture des terres
Dans cet ouvrage, il met en garde contre de forts impôts qui détournent des activités productives. Vauban propose dans cet essai de remplacer les impôts existants par un impôt unique de dix pour cent sur tous les revenus, sans exemption pour les ordres privilégiés le roi inclus. Plus exactement, Vauban propose une segmentation en classes fiscales en fonction des revenus, soumises à un impôt progressif de 5 % à 10 %42. L'impôt doit servir une politique, les classes fiscales doivent être plus ou moins favorisées à fins d'enrichir la société et par conséquent l’État.
Bien qu'interdit, cet ouvrage bénéficie de nombreuses éditions à travers toute l'Europe - une traduction anglaise paraît dès 1710 - et ce texte alimente les discussions fiscales pendant une grande partie du XVIIIe siècle.
Mais, contrairement à la légende, le projet :
n’est pas révolutionnaire : Boisguilbert avait déjà fait des propositions analogues, dont Vauban s’inspire ainsi que de son secrétaire, l'abbé Vincent Ragot de Beaumont, et la capitation, impôt très semblable, est établi en 1695, et l'impôt du dixième, en 1710 ;
n'est pas ignoré par le pouvoir. Le contrôleur général Chamillart a lu la Dîme royale sans doute à la fin de l’année 1699. De même, en août 1700, le premier président au Parlement de Paris, Achille III de Harlay. Et enfin et surtout, en 1700 toujours, Vauban présente au roi, en trois audiences successives - qui ont lieu dans la chambre de madame de Maintenon- la première version de sa Dîme royale par écrit et oralement. C’est ce qu’il explique dans sa lettre à Torcy :
J’en ai présenté le système au roi à qui je l’ai lu, en trois soirées de deux heures et demie chacune, avec toute l’attention possible. Sa Majesté, après plusieurs demandes et réponses, y a applaudi. M. de Chamillart, à qui j’en ai donné une copie, l’a lu aussi, de même que M. le premier Président Achille de Harlay à qui je l’ai aussi fait voir tout du long. Je ne me suis pas contenté de cela. Je l’ai recommandé au Roi de vive voix et surtout d’en faire faire l’expérience sur quelques-unes des petites élections du royaume, ce que j’ai répété plusieurs fois et fait la même chose à M. de Chamillart.
Bref, j’ai cessé d’en parler au roi et à son ministre pour leur en écrire à chacun une belle et longue lettre bien circonstanciée avant que partir pour me rendre ici, où me trouvant éloigné du bruit et plus en repos, j’y ai encore travaillé de sorte qu’à moi, pauvre animal, cela ne me paraît pas présentement trop misérable.
Et Nicolas-Joseph Foucault, intendant de Caen, note à la date du 6 novembre 1699 : M. Chamillart m’a envoyé un projet de capitation et de taille réelle, tiré du livre de M. Vauban . Une expérimentation est tentée en Normandie qui se traduit par un échec : ce projet, ajoute-t-il, sujet à trop d’inconvénients, n’a pas eu de suite.
En fait, ce qui déplait, c’est la publication et la divulgation publique en pleine crise militaire et financière. Vauban transgresse un interdit en rendant publics les mystères de l’État et lui dit-on se mêle d’une matière qui ne le regarde pas… C’est bien ce qu’explique Michel Chamillart, qui cumule les charges de contrôleur général des finances et de secrétaire d’État à la Guerre :
Si M. le maréchal de Vauban avait voulu écrire sur la fortification et se renfermer dans le caractère dans lequel il avait excellé, il aurait fait plus d’honneur à sa mémoire que le livre intitulé La Dîme royale ne fera dans la suite. Ceux qui auront une profonde connaissance de l’état des finances de France et de son gouvernement n’auront pas de peine à persuader que celui qui a écrit est un spéculatif, qui a été entraîné par son zèle à traiter une matière qui lui était inconnue et trop difficile par elle-même pour être rectifiée par un ouvrage tel que celui de M. de Vauban.
Et il avoue :
j’ai peine à croire, quelque soin que l’on ait de supprimer les exemplaires et puisque ce livre a passé à Luxembourg et qu’il vient de Hollande, qu’il soit possible d’empêcher qu’il n’ait cours.
— Lettre au comte de Druy, gouverneur de Luxembourg, 27 août 1707
Effectivement, en 1708, un éditeur de Bruxelles imprime le livre avec un privilège de la cour des Pays-Bas et en 1710 une traduction parait en Angleterre. Et en France, un marchand de blés de Chalon-sur-Saône vante en 1708 une espèce de dîme royale, et un curé du Périgord écrit en 1709 : On souhaiterait fort que le Roi ordonnât l’exécution du projet de M. le maréchal de Vauban touchant la dîme royale. On trouve ce projet admirable …. En ce cas, on regarderait ce siècle, tout misérable qu’il est, comme un siècle d’or, cité par Émile Coornaert dans sa préface à l’édition de La Dixme royale, Paris, 1933, p. XXVIII.
son échec est plutôt à attribuer à son mode de recouvrement en nature, choix coûteux il est nécessaire de construire des granges et désavantageux en temps de guerre où on préfère un impôt perçu en argent.
Grosso modo, pour tous ceux qui connaissaient la question en vue d'une application directe, le projet de Vauban n'était pas faisable et mal pensé, Au contraire, pour tous ceux qui n'avaient pas à gérer immédiatement la chose fiscale, il fut un slogan au moins, une utopie, une solution, au plus, d'autant plus séduisante qu'elle n'était pas approfondie.

Où et comment la Dîme royale a-t-elle été imprimée ?

Peut-être à Rouen hypothèse Boislisle, peut-être à Lille, peut-être même en Hollande (hypothèse Morineau.
Nous sommes donc à la fin de l'année 1706 et au tout début de l'année 1707. Ce que nous savons, c’est qu’une demande de privilège de librairie pour un in-quarto intitulé Projet d’une Dixme royale a été déposée, sans nom d’auteur, auprès des services du chancelier, le 3 février 1707.
Cette demande est restée sans réponse. L’auteur n’est pas cité, mais à la chancellerie, il est connu puisque nous savons que le chancelier lui-même est en possession du manuscrit. Sans réponse de la chancellerie, Vauban décide de poursuivre quand même l’impression. À partir de ce moment et de cette décision, il sait bien qu’il est hors-la-loi : son amour du bien public vient de l’emporter sur le respect de la loi.
L’impression achevée, sous forme de feuilles, est livrées en ballots. Mais comment les faire entrer à Paris, entourée, on le sait, de barrières, bien gardées ? L’introduction de ballots suspects aurait immédiatement éveillé l’attention des gardes, et tous les imprimés non revêtus du privilège sont saisis.
Aussi, Vauban envoie deux hommes de confiance Picard, son cocher, et Mauric, un de ses valets de chambre, récupérer les quatre ballots enveloppés de serpillières et de paille et cordés, au-delà de l’octroi de la porte Saint-Denis. Chaque ballot contient cent volumes en feuilles.
Les gardiens de la barrière laissent passer, sans le visiter, le carrosse aux armes de Vauban, maréchal de France. À Paris, rue Saint-Jacques, c’est la veuve de Jacques Fétil, maître relieur rue Saint-Jacques, qui broche la Dixme royale, jusqu’à la fin du mois de mars 1707, sous couverture de papier veiné, et relia quelques exemplaires, les uns en maroquin rouge pour d’illustres destinataires, les autres plus simplement en veau, et même en papier marbré 300 sans doute en tout. Ce sont des livres de 204 pages, in-quarto. Vauban en distribue à ses amis et les volumes passent de main en main les jésuites de Paris en détiennent au moins deux exemplaires dans leur bibliothèque… À noter qu’aucun exemplaire n’est vendu : aux libraires qui en demandent, Vauban répond qu’il n’est pas marchand.

Voici le témoignage de Saint-Simon :

Le livre de Vauban fit grand bruit, goûté, loué, admiré du public, blâmé et détesté des financiers, abhorré des ministres dont il alluma la colère. Le chevalier de Pontchartrain surtout en fit un vacarme sans garder aucune mesure et Chamillart oublia sa douceur et sa modération. Les magistrats des finances tempêtèrent et l’orage fut porté jusqu’à un tel excès que, si on les avait crus, le maréchal aurait été mis à la Bastille et son livre entre les mains du bourreau.
Le 14 février 1707, le Conseil, dit conseil privé du roi se réunit. Il condamne l’ouvrage, accusé de contenir « plusieurs choses contraires à l’ordre et à l’usage du royaume. Et le roi ordonne d’en mettre les exemplaires au pilon et défend aux libraires de le vendre. Pourtant aucun auteur n’est mentionné. Cette première interdiction n’affecte pas, semble-t-il, Vauban qui, tout au contraire, dans une lettre datée du 3 mars à son ami Jean de Mesgrigny, gouverneur de la citadelle de Tournai, manifeste sa fierté face au succès de son livre :
… Le livre de la Dixme royale fait si grand bruit à Paris et à la Cour qu’on a fait défendre la lecture par arrest du Conseil, qui n’a servi qu’à exciter la curiosité de tout le monde, si bien que si j’en avois un millier, il ne m’en resteroit pas un dans 4 jours. Il m’en revient de très grands éloges de toutes parts. Cela fait quez je pourray bien en faire une seconde édition plus correcte et mieux assaisonnée que la première…
Et nous apprenons en même temps que l’abbé Vincent Ragot de Beaumont l'homme de l’ombre qui a joué un rôle capital dans la rédaction de la Dixme royale, installé à Paris près de Vauban, prépare cette seconde édition :
… L’abbé de Beaumont est ici qui se porte à merveille, et je le fais travailler depuis le matin jusqu’au soir. Vous savez que c’est un esprit à qui il faut de l’aliment, et moi, par un principe de charité, je lui en donne tout autant qu’il en peut porter…
Un second arrêt est donné le 14 mars. Louis Phelypeaux, comte de Ponchartrain 1674-1747, en personne, le chancelier, a lui-même corrigé le texte de l’arrêt, dont l’exécution est cette fois confiée au lieutenant-général de police de Voyer de Paulmy, marquis d’Argenson. Et Pontchartrain ajoute en marge de l’arrêt : le dit livre se débite encore, c’est-à-dire, au sens exact du mot, se vend facilement et publiquement. Au même moment, Vauban continue la distribution de son livre : ainsi, Jérôme de Pontchartrain, le fils du chancelier, et secrétaire d’État à la marine, accuse réception, le 20 mars, d’un exemplaire qui lui a été adressé le 16 mars.

Les derniers jours de Vauban

Antoine Étex, Mausolée de Vauban 1852, où est déposé le cœur de Vauban. Paris, hôtel des Invalides.
Grâce aux dépositions de son valet de chambre, Jean Colas, de la veuve Fétil, de sa fille et de leur ouvrier Coulon, il est possible de savoir comment se sont passés les derniers jours de Vauban.
Colas, le valet de Vauban, qui fut interné pendant un mois au Châtelet, raconte dans une déposition conservée aux archives la réaction du vieux maréchal, le 24 mars, quand il commence à s’inquiéter : Toute cette après-dînée, le Maréchal parut fort chagrin de la nouvelle que M. le Chancelier faisait chercher son livre. Sa réaction fut d’ordonner à son valet d’aller promptement chez la veuve Fétil retirer les quarante exemplaires restés chez elle. Toute la journée, il reste assis dans sa chambre, en bonnet, près du feu. Deux dames lui ont rendu visite ce jour-là la comtesse de Tavannes et Madame de Fléot, femme du major de la citadelle de Lille et il a accordé sans doute, à chacune d’elle un exemplaire de sa Dixme. Sur le soir, la fièvre le prend. Il se met au lit, et fut fort mal le vendredi et samedi suivant…
Le dimanche, la fièvre est légèrement tombée : ce dimanche matin, explique Colas, il donne ordre de prendre dans son cabinet deux de ses livres et de les porter au sieur abbé de Camps, rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, et de le prier de les examiner, et de lui en dire son sentiment.
Et le soir même, il en fait aussi porter un aux Petits-pères de la place des Victoires, et un autre à son confesseur, un frère jacobin qui prêche pendant le cours de cette année au couvent de l’ordre, rue Saint-Honoré, et ne donnant ledit livre [à son valet le dit sieur maréchal lui dit qu’il priait ce frère de le lire et de lui dire si, en le composant, il n’avait rien fait contre sa conscience.
Le mercredi 30 mars, dit Colas, sur les neuf heures trois-quarts du matin, le Maréchal mourut….
Dès l’instant de sa mort, les exemplaires restants sont retirés, par Ragot de Beaumont, qui logeait dans une chambre de l’hôtel Saint-Jean, hôtel mitoyen et dépendant de celui de Vauban. Et dans cette chambre, explique Colas, on y monte par un escalier qui débouche dans le cabinet du Maréchal.
Vauban meurt dans une maison aujourd'hui détruite qui se situait au no 1 de la rue Saint-Roch actuelle. En 1933, à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Vauban, la ville de Paris y fait apposer une plaque commémorative.

Le no 1 de la rue Saint-Roch

À gauche l'emplacement de la maison où mourut Vauban en 1707 et à droite la plaque, posée en 1933, qui rappelle son souvenir.
C’est Saint-Simon, on le sait, qui a fait naître l’idée que Vauban serait mort de chagrin : Vauban, réduit au tombeau par l’amertume . Et surtout, ce passage :
Le roi reçut très mal le maréchal de Vauban lorsqu’il lui présenta son livre, qui lui était adressé dans tout le contenu de l’ouvrage. On peut juger si les ministres à qui il le présenta lui firent un meilleur accueil. De ce moment, ses services, sa capacité militaire, unique en son genre, ses vertus, l’affection que le roi y avait mise jusqu’à se croire couronné de lauriers en l’élevant, tout disparut à l’instant à ses yeux ; il ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du bien public, et qu’un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne ; il s’en espliqua de la sorte sans ménagement :
Testament de Sébastien Le Prestre de Vauban, rédigé le 23 mars 1702. Archives nationales de France.
L’écho en retentit plus aigrement dans toute la nation offensée qui abusa sans ménagement de sa victoire ; et le malheureux maréchal, porté dans tous les cœurs français, ne put survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tout fait, et mourut peu de mois après, ne voyant plus personne, consommé de douleur et d’une affliction que rien ne put adoucir, et à laquelle roi fut insensible, jusqu’à ne pas faire semblant de s’apercevoir qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illustre. Il n’en fut pas moins célébré par toute l’Europe et par les ennemis mêmes, ni moins regretté en France de tout ce qui n’était pas financier ou suppôt de financier.
Mais tout cela est une légende : Vauban n’a été ni inquiété ni disgracié et il est bien mort de maladie, d’une pneumonie fluxion de poitrine, des conséquences de ce rhume » dont il ne cesse de se plaindre depuis des dizaines d’années dans sa correspondance.
Reste que la Dixme royale est bel et bien une affaire, l’ultime recours d’un homme qui a voulu, par tous les moyens, se faire entendre… Et les mesures de censure n’ont pas réussi à empêcher la diffusion et le succès du livre, comme l’atteste cette lettre de Ponchartrain du 14 juin 1707 à l’intendant de Rouen Lamoignon de Courson :
Nonobstant les deux arrests du conseil dont je vous envoie copie qui ordonne la suppression du livre de feu le maréchal de Vauban, la Dixme royale, ce même livre n’a pas cessé d’être imprimé à Rouen en deux volumes in 12. On soupçonne le nommé Jaure de l’avoir fait imprimer, ce particulié ayant esté chassé de Paris pour avoir imprimé plusieurs livres défendus.
Effectivement, nous savons que les libraires de Rouen ont imprimé le Projet d’une dixme royale de Vauban en 1707, 1708, 1709… Et à partir de Rouen, le livre est diffusé dans toute l’Europe : le 9 septembre 1707, un éditeur néerlandais demande à Antoine Maurry l’imprimeur de Rouen qui a fabriqué le livre six Dixme royale de Vauban in quarto… Et en 1713, Jérôme de Pontchartrain, secrétaire d’État de la Marine et de la Maison du roi expédiait à Michel Bégon, intendant du Canada un exemplaire de la Dixme royale en lui recommandant d’étudier avec Vaudreuil, le gouverneur, les possibilités d’appliquer au Canada les principes développés par Vauban.
Et c’est la Régence, avec l’expérience de la polysynodie, qui confirme l’actualité, toujours présente, et réformatrice de Vauban : dans le Nouveau Mercure galant, organe officieux du gouvernement, on peut lire, en octobre 1715 p. 258 que « S.A.R le Régent travaille tous les jours pendant trois heures à examiner les Mémoires de feu M. le duc de Bourgogne, de même que ceux de M. de Vauban »…
Vauban est inhumé dans l'église de Bazoches, petit village du Morvan proche du lieu de sa naissance et dont il avait acheté le château en 1675. Mais son cœur est aux Invalides depuis la décision de Napoléon en 1808.

Héritage Un bon Français

Louis XIV reconnait en Vauban un bon Français. Et à sa mort, contrairement à une légende tenace de disgrâce légende dont Saint-Simon est en partie responsable, il parle de lui avec beaucoup d’estime et d’amitié et déclare à l’annonce de sa mort : Je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’État. Vauban est un homme de caractère, qui paie de sa personne, exigeant dans son travail et très soucieux du respect de ses instructions.
Mais c'est aussi un humaniste, qui se passionne pour la justice sociale : on rapporte par exemple qu'il partage ses primes et ses soldes avec les officiers moins fortunés, et prend même parfois sur lui les punitions des soldats sous son commandement lorsqu'il les trouve injustes…
Il mène une vie simple et ses rapports avec son entourage sont très humains, qu'il s'agisse de ses proches ou des gens de sa région natale, où il aimait à revenir lorsqu'il le pouvait c'est-à-dire rarement !. Son père, Urbain le Prestre l'a éduqué très jeune dans le respect des autres, quelles que soient leurs origines. Ses origines modestes — famille de hobereaux provinciaux désargentés — ont sans doute contribué à forger l'humanité de son caractère.
On peut dire aussi que Vauban est un noble malcontent. Mais au lieu d’emprunter le chemin de la révolte armée comme le font les gentilshommes du premier XVIIe siècle, il utilise la plume et l’imprimé, au nom d’un civisme impérieux, pleinement revendiqué, au service de la nation France et de l’État royal qu’il veut servir plus que le roi lui-même. Toute son œuvre de pierre et de papier en témoigne : son action ne vise qu’un but, l’utilité publique, en modelant le paysage, en façonnant le territoire, en transformant l’ordre social.
Vauban, apôtre de la vérité, apparaît, avec quelques autres contemporains Pierre de Boisguilbert, par exemple, ou l’Abbé de Saint-Pierre, comme un citoyen sans doute encore un peu solitaire. Mais au nom d’idées qu’il croit justes, même si elles s’opposent au roi absolu, il contribue à créer un espace nouveau dans le territoire du pouvoir, un espace concurrent de celui monopolisé par les hommes du roi, l’espace public, et à faire naître une force critique appelée à un grand avenir : l’opinion.
Par ses écrits progressistes, Vauban est considéré comme un précurseur des encyclopédistes, des physiocrates et de Montesquieu.

Bilan de ses fortifications

Selon Napoléon, la fontière de fer édifiée par Vauban a sauvé la France de l'invasion à deux reprises : sous Louis XIV lors de la Bataille de Denain, puis sous la Révolution.

Hommages

Timbres
Timbre à l'effigie de Vauban, série célébrités , Dessin de André Spitz, d'après Rigaud. Graveur: Claude Hertenberger, impression taille-douce France No 1029, catalogue Yvert & Tellier année d'émission 13 juin 1955.
Timbre à l'effigie de Vauban et une fortification en arrioère-plan valeur 0,54 € France No 4031, catalogue Yvert & Tellier, année 2007.
vignette commémorative sans valeur postale
De nombreuses rues et établissements publics portent le nom du Maréchal, à travers la France.
Monnaies
La monnaie de Paris pour célébrer l'année Vauban a émis quatre monnaie créées par Fabienne Courtiade
En or 1/4 once massif, à valeur faciale de 10 € et à tirage limité à 3 000 exemplaires
En, argent 5 once, en BE, BU
Pièce de 20 €

Armoiries

Figure Blasonnement
D'azur, au chevron d'or, surmonté d'un croissant d'argent et accompagné de trois trèfles du second.

Propriétés

Château d'Epiry, provient de sa femme
Domaine de Creuzet, voisin d'Epiry lui est adjugé le 15 février 1676 par décret du bailliage de Saint-Pierre-le-Moûtier, pour remboursement de la dette de 15,000 livres contractée par le comte de Crux, en 1671, soit 120 arpents de bois 41 hectares, avec la justice à la Collancelle, attenants à Epiry et au Creuset
Château de Bazoches, acquis en 1675 soit 130 hectares de terre et de prés ainsi que 400 hectares de bois, acquis aux enchères par un certain Lemoyne le 17 août 1679 pour le compte de Vauban. Cette vente avait pris quatre ans avant de se faire.
seigneurie de Pierre-Perthuis acquise en 1680 au comte de Vitteaux soit 30 hectares de terre et 12 hectares de vignoble, le fief, le château en ruine ainsi que le moulin de Sæuvres
Seigneurie de Cervon, acquise en 1683
Château Vauban à Bazoches, manoir familial qu'il achète 4 700 livres en 1684, à laquelle son père fut contraint de renoncer en 1632, et qu'il achète à son cousin Antoine Le Prestre de Vauban endetté, soit 500 hectares de terre et de brousailles avec le château.
En 1693, il achète à comte de Nevers:Philippe Mancini 1641-1707, la seigneurie de Neuffontaines à l'ouest de Bazoches, comprenant le domaine d'Armance, ainsi que 110 hectares de terre et prés
Le Manoir de Champignolles qui jadis propriété des Le Prestre, était passé par mariage aux Magdelenet, revient dans son patrimoine par son secrétaire Friand le 17 juillet 1704, qui se fait rembourser une dette contractée par le président de l'élection de Vézelay: Jean Magdelenet.
Seigneurie de Domecy, acquise en 1690 à Claude La Perrière, représentant 3 fermes et 70 hectares de terres et de prés.
La Chaume, achetée en 1690
En 1693 il possède 1 200 hectares de terres dont quatre cents de bois. Dont plus de la moitié des 91 actes d'affaires agricoles des Le Prestre passés devant maître Ragon, notaire à Bazoches de 1681 à 1705, signés par Jeanne d'Osnay épouse de Vauban qui lui a donné une procuration.

Sources

Les papiers personnels de Sébastien Le Prestre de Vauban sont conservés aux Archives Nationales sous la cote 260Ap et 261AP. Ils sont consultables sous forme de microfilms.

Bibliographie

Luc Mary, Vauban, le maître des forteresses, Paris, Éditions de l'Archipel,‎ 2007, 277 p;
Bernard Pujo, Vauban, Albin Michel,‎ 1991 ;
Anne Blanchard, Vauban, Fayard,‎ 1996 ;
Joël Cornette, Le Roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle, Paris, Payot, coll. Petite bibliothèque, Payot, 2000,‎ 1993, 488 p;
Michèle Virol, Vauban : De la gloire du roi au service de l’État, Champ Vallon,‎ 2003 réimpr. 2007;
Arnaud d'Aunay, Vauban, génie maritime, Gallimard,‎ 2007;
Michel Parent et Jacques Verroust, Vauban, Jacques Fréal,‎ 1971, 319 p. OCLC 306446;
Lieutenant-colonel Pierre Lazard, Vauban, Paris,‎ 1934
thèse de doctorat ;
Émilie d' Orgeix, Victoria Sanger et Michèle Virol, Vauban. La pierre et la plume, Paris, Éditions du Patrimoine, Gérard Klopp,‎ 2007;
A. Allent, Histoire du corps impérial du génie, vol. 1 seul paru : Depuis l'origine de la fortification moderne jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, Paris,‎ 1805, p. 45-526 Étude sur Vauban ;
Franck Lechenet, Plein Ciel sur Vauban, Éditions Cadré Plein Ciel,‎ 2007
Livre de 240 pages de photographies sur une centaine de sites Vauban en vue aérienne. Textes historiques ;
Guillaume Monsaingeon, Vauban un militaire très civil, Éditions Scala,‎ 2007
150 lettres de Vauban entre 1667 et 1707 ;
Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant, Vauban, l'intelligence du territoire, Paris, Service historique de la défense et Nicolas Chaudun,‎ 2006 réimpr. 2007;
Les Oisivetés de Monsieur de Vauban, ou ramas de plusieurs mémoires de sa façon sur différents sujets, Champ Vallon,‎ 2007
Édition intégrale établie sous la direction de Michèle Virol, Seyssel Il s'agit de la première édition intégrale des vingt-neuf mémoires laissés à l'état manuscrit par Vauban. Chaque mémoire est préfacé et annoté par un historien spécialiste.
Guillaume Monsaingeon, Les Voyages de Vauban, Marseille, Parenthèses,‎ 2007
Édition brochée de 190 pages couleurs et mêmes quelques photographies…
Daniel Auger, Vauban sa vie son oeuvre, Association "Les Amis de la Maison Vauban",‎ 1998
Daniel Auger, Bibliographie des ouvrages de Vauban ou concernant Vauban, Association "Les Amis de la Maison Vauban",‎ 2007
Vauban 1633-1707 : 6 octobre-24 octobre 2007/Guy Thuillier ;Carnet de dessins Arnaud d'Aunay.-Nevers :Bibliothèque Municipale de Nevers et Société Académique du Nivernais, 2007
Vauban : Traité de l'attaque et de la deffence des places Manuscrit
Vauban: Le directeur general des fortifications
Alain Monod, Vauban ou la mauvaise conscience du roi, Riveneuve Editions, coll. Bibliothèque des idées;
Arnaud de Sigalas, Guide du château de Bazoches-en-Morvan, rédigé et publié par A. de Sigalas, cahiers de 34.p. s.d.,
Luc-Normand Tellier, Face aux Colbert : les Le Tellier, Vauban, Turgot… et l'avènement du libéralisme, Presses de l'Université du Québec, 1987, 816 pages.Etexte
Lucien Bély, Dictionnaire Louis XIV, éditions Robert Laffont, coll. Bouquins,‎ 2015, 1405 p.
Robert Dauvergne, Vauban et la détresse économique dans la région de Vézelay, Clamecy, Impr. générale de la Nièvre, 1954, 7 p.

Iconographie

Angers, École supérieure d'Application du Génie : Louis-Eugène Larivière, Portrait de Vauban, huile sur toile, copie d'après ? ;
Aunay-en-Bazois, château d'Aunay :
Le Maréchal de Vauban XIX siècle, buste en plâtre ;
Anonyme, Portrait de Vauban, huile sur toile ;
Avallon, place Vauban : Auguste Bartholdi, Monument à Vauban, inauguré le 9 septembre 1873 ;
Bazoches, château de Bazoches :
Antoine Coysevox, Vauban, buste en terre cuite ;
Hyacinthe Rigaud, Portrait de Vauban, huile sur toile ;
Anonyme, Portrait de Vauban, huile sur toile ;
Briançon : Vauban, buste à mi-corps en marbre blanc ;
Cambrai : Vauban à Cambrai, non signé, non daté, huile sur toile ;
Dijon, musée des beaux-arts : anonyme, Portrait de Vauban, huile sur toile , copie d'après Hyacinthe Rigaud ;
Gap : Augustin Lesieux 1877-1964, Vauban, 1937, sculpture en pierre, conseil général des Hautes-Alpes ;
Paris, département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France :
Portrait de Vauban de trois-quart, en armure, dans un ovale, gravure éditée chez E. Desrochers ;
Nicolas-Gabriel Dupuis 1695-1771, Portrait de Vauban, gravure ;
Pierre François Bertonnier, Portrait de Vauban, gravure ;
Robert Bonnart 1652-1733, Portrait de Vauban, en pied prenant une prise de tabac, estampe éditée chez N. Bonnart rue Saint-Jacques ;
Paris, hôtel des Invalides :
Antoine Étex, Mausolée de Vauban, 1846-1847 ;
Paris, Monnaie de Paris : Michel Petit, Vauban, médaille 41 mm ;
Paris, musée du Louvre :
Antoine Étex, Vauban, buste en plâtre, esquisse pour le Mausolée de Vauban commandé par le ministère de l'Intérieur le 6 juin 1843 et destiné à l'hôtel des Invalides, érigé en 1852 dans le bras du transept de l'église du Dôme des Invalides. Le 22 décembre 1855, la commission refuse sa statue pour la façade des places Napoléon et du Carroussel ;
Antoine Coysevox, Vauban, buste en plâtre ;
Paris, place Salvador-Allende : Henri Bouchard, Monument au maréchal Vauban, 1962 ;
Saint-Léger-Vauban : Anatole Guillot, Monument à Vauban, bronze, inauguré le 10 décembre 1905 par Bienvenu Martin, ministre de l'Éducation et ces cultes ;
Valenciennes, musée des beaux-arts : Gustave Crauk , Statuette en pied de Vauban, esquisse pour la statue destinée à la façade du palais du Louvre en 1855-1856 ;
Verdun, hôtel Vauban : Lucien Lantier, Portrait du maréchal Vauban, vers 1923, huile sur toile ;
Versailles, musée de l'Histoire de France :
Charles-Antoine Bridan, Statue de Vauban ;
Atelier de François de Troy, Portrait de Vauban, huile sur toile ;
Vincennes, bibliothèque du Génie, service historique de la Défense : Charles Le Brun, Portrait de Vauban, pastel



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Posté le : 30/04/2016 19:07
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Hors Ligne
La frontière de fer

Le nom de Vauban reste attaché à la construction d'une frontière de fer qui a durablement protégé le royaume contre les attaques ennemies.
Afin de construire une frontière plus linéaire et cohérente, Vauban voulut avant tout rationaliser le système de défense déjà mis en place avant lui, en particulier dans le Nord, car il fallait répondre à la principale préoccupation stratégique du roi : protéger Paris souvenir de l'année 1636, celle de Corbie, qui avait vu les troupes espagnoles avancer jusqu'à Pontoise. Par un jeu savant d'abandon et de restitution de villes fortifiées, le traité de Nimègue, en 1678, permit de diminuer les enclaves coûteuses et d'assurer ainsi une plus grande régularité du tracé de la frontière.
Vauban a multiplié les lettres, les rapports, les mémoires adressés à Louvois ou au roi ; dans ses lettres, rapports, mémoires, Vauban avait violemment dénoncé les méfaits de ce qu'il appelait l'« emmêlement de places ». En novembre 1678 par exemple, rédigeant un Mémoire des places frontières de Flandres qu'il faudroit fortifier pour la sûreté du pays et l'obéissance du Roi, il insistait sur la nécessité de « fermer les entrées de notre pays à l'ennemi, et de faciliter les entrées dans le sien. Aussi, pour le Nord du royaume, proposait-il d'installer deux lignes de places fortes se soutenant mutuellement, à l'imitation des ordres de bataille.
La première ligne, la ligne avancée, serait composée de treize grandes places et de deux forts, renforcée par des canaux et des redoutes, suivant un modèle déjà éprouvé dans les Provinces-Unies.
La seconde ligne, en retrait, comprendrait aussi treize places. Louvois lut le mémoire à Louis XIV qui souhaita aussitôt que la même politique défensive fût appliquée de la Meuse au Rhin. Cette année-là aussi, Vauban avait été nommé commissaire général des fortifications.
Si le Nord et l'Est furent l'objet d'un soin défensif particulier, l'ensemble des frontières du royaume bénéficia de la diligence de l'ingénieur bâtisseur : partout, imitant la technique mise au point en Italie puis en Hollande et en Zélande par les Nassau, Vauban conçut le réseau défensif à partir du modelé du terrain et des lignes d'obstacles naturels les fleuves, les montagnes, la morphologie du littoral, adaptant au site chaque construction ancienne ou nouvelle. Il accorda une particulière attention au cours des rivières, à leurs débits, à leurs crues. Dans tous les cas, après une longue observation sur le terrain, il rédigeait un long rapport afin de résumer les obstacles et les potentialités de chaque site :
En avril 1679, par exemple, il rédigea pour Louvois un mémoire sur les fortifications à établir en Cerdagne au contact de la frontière espagnole : Qualités des scituations qui ont été cy devant proposées pour bastir une place dans la plaine de Cerdagne. Examinant six emplacements possibles, il en élimina cinq, découvrant enfin la scituation idéale … justement à la teste de nos défilés comme si on l'y avoit mise exprès … ; les rochers, les meulières et fontaines du col de la Perche forment autant de remparts naturels : la situation choisie offre de nombreux avantages, et elle épargne au moins les deux tiers de remuement de terre, et plus d'un tiers de la maçonnerie et en un mot la moitié de la dépense de la place.
Dans la plupart des cas, comme dans cet exemple de la Cerdagne il s'agissait du projet réalisé de la ville-citadelle de Mont-Louis, parce qu'il est nécessaire d'assujettir le plan au terrain, et non pas le terrain au plan, il transforma les contraintes imposées par la nature en avantage défensif, dressant des forteresses sur des arètes rocheuses, ou les bâtissant sur un plateau dégagé pour barrer un couloir en zone montagneuse. Une des réussites les plus éclatantes fut celle de Briançon musée des Invalides et des plans reliefs : les chemins étagés sur les flancs de la montagne furent transformés en autant d'enceintes fortifiées et imprenables. Soit en les créant, soit en les modifiant, Vauban travailla en tout à près de trois cents places fortes. Sa philosophie d'ingénieur-bâtisseur tient en une phrase : l'art de fortifier ne consiste pas dans des règles et dans des systèmes, mais uniquement dans le bon sens et l'expérience .
L’État des places fortes du royaume, dressé par Vauban en novembre 1705, se présente comme le bilan de l’œuvre bâtie suivant ces principes : il compte 119 places ou villes fortifiées, 34 citadelles, 58 forts ou châteaux, 57 réduits et 29 redoutes, y compris Landau et quelques places qu’on se propose de rétablir et de fortifier.
La liberté d'esprit de ce maréchal lui vaudra cependant les foudres du roi. Vauban meurt à Paris le 30 mars 1707 d'une inflammation des poumons. Il est enterré à l'église de Bazoches dans le Morvan et son cœur, sur l'intervention de Napoléon Ier, est conservé à l'hôtel des Invalides de Paris, en face de Turenne, depuis 1808.

Un acteur du Grand Siècle, un précurseur des Lumières

Vauban est apprécié à son époque et jugé depuis comme un homme lucide, franc et sans détour, refusant la représentation et le paraître, tels qu’ils se pratiquaient à la cour de Louis XIV. Il préfère au contraire parler le langage de la vérité :
… je préfère la vérité, quoi que mal polie, à une lâche complaisance qui ne serait bonne qu’à vous tromper, si vous en étiez capable, et à me déshonorer. Je suis sur les lieux ; je vois les choses avec appréciation, et c’est mon métier que de les connaître ; je sais mon devoir, aux règles duquel je m’attache inviolablement, mais encore plus que j’ai l’honneur d’être votre créature, que je vous dois tout ce que je suis, et que je n’espère que par vous … Trouvez donc bon, s’il vous plaît, qu’avec le respect que je vous dois, je vous dise librement mes sentiments dans cette matière. Vous savez mieux que moi qu’il n’y a que les gens qui en usent de la sorte qui soient capables de servir un maître comme il faut.
— Lettre à Louvois, le 23 novembre 1668
Ses supérieurs, le ministre de la Guerre comme le roi, l’encouragent d’ailleurs, dans un intérêt bien compris de part et d’autre. Vauban est un « sésame aux multiples portes » comme l’écrit Michèle Virol, un lieu de mémoire de la nation France à lui tout seul, un homme à multiples visages : stratège réputé preneur de villes, il a conduit plus de quarante sièges, poliorcète il a construit ou réparé plus de cent places fortes, urbaniste, statisticien, économiste, agronome, penseur politique, mais aussi fantassin, artilleur, maçon, ingénieur des poudres et salpêtres, des mines et des ponts et chaussées, hydrographe, topographe, cartographe, réformateur de l’armée substitution du fusil au mousquet, remplacement de la pique par la baïonnette à douille. En un mot, une sorte de Léonard de Vinci français du Grand Siècle… Il a même écrit en 1695, pendant son séjour à Brest il s’agissait de repousser une attaque anglaise un Mémoire concernant la caprerie, dans lequel il défend la guerre de course par rapport à la guerre d’escadre c’était là un grand débat depuis la bataille de la Hougue en 1692 qui avait vu nombre de navires français détruits.
Tous ces métiers ont un point commun : le maréchal ingénieur du Roi Soleil s'est toujours fondé sur la pratique, et il a toujours cherché à résoudre et à améliorer des situations concrètes au service des hommes : d’abord, ses soldats dont il a voulu à tout prix protéger la vie dans la boue des tranchées ou dans la fureur sanglante des batailles. Mais Vauban n’a cessé aussi de s’intéresser aux plus humbles sujets du roi, accablés de taille, de gabelle, et encore plus de la famine qui a achevé de les épuiser 1695.
C’est pour ces hommes et ces femmes, tenaillés par la misère et par la faim, qu’il a écrit ce mémoire intitulé Cochonnerie, ou le calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps. Dans ce texte singulier, d'abord titré Chronologie des cochons, traité économique et arithmétique, non daté, destiné à adoucir les rudesses de la vie quotidienne des sujets du roi, trop souvent victimes de la disette, Vauban voulait prouver, calculs statistiques à l'appui sur dix-sept pages, qu'une truie, âgée de deux ans, peut avoir une première portée de six cochons. Au terme de dix générations, compte tenu des maladies, des accidents et de la part du loup, le total est de six millions de descendants dont 3 217 437 femelles ! Et sur douze générations de cochons, il y en aurait autant que l’Europe peut en nourrir, et si on continuait seulement à la pousser jusqu’à la seizième, il est certain qu’il y aurait de quoi en peupler toute la terre abondamment . La conclusion de ce calcul vertigineux et providentiel était claire : si pauvre qu'il fût, il n'était pas un travailleur de terre « qui ne puisse élever un cochon de son cru par an, afin de manger à sa faim.
Dans ses Mémoires, Saint-Simon, toujours imbu de son rang, qualifiait l'homme de petit gentilhomme de Bourgogne, tout au plus, mais ajoutait aussitôt, plein d'admiration pour le personnage, « mais peut-être le plus honnête homme et le plus vertueux de son siècle, et, avec la plus grande réputation du plus savant homme dans l'art des sièges et de la fortification, le plus simple, le plus vrai et le plus modeste… jamais homme plus doux, plus compatissant, plus obligeant… et le plus avare ménager de la vie des hommes, avec une valeur qui prenait tout sur soi, et donnait tout aux autres. Par ailleurs, on ne peut être que frappé par la multitude de ses compétences, de ses centres d’intérêt, de ses pensées, de ses actions :
Il fut un précurseur des Encyclopédistes par sa façon d'aborder les problèmes concrets, ainsi le budget d'une famille paysanne, par exemple, ou sa Description géographique de l'élection de Vézelay de janvier 1696 dans laquelle il propose de lever un vingtième, sans exemption, et qui se différencie en un impôt sur le bien-fonds et sur le bétail, sur les revenus des arts et métiers, sur les maisons des villes et des bourgs ;
Il est aussi dans le grand mouvement de penseurs précurseurs des physiocrates il lit Boisguilbert ; à la même époque, écrivent Melon, Cantillon par son intérêt pour l'agronomie et l'économie il insiste notamment sur la circulation de la monnaie et l’idée du circuit économique dont il est un des précurseurs. Il prône les valeurs qui seront défendues au XVIIIe siècle par Quesnay, et il encourage les nobles à quitter la cour pour le service des armes, mais aussi la mise en valeur de leurs domaines dans un mémoire intitulé Idée d’une excellente noblesse et des moyens de la distinguer par les Générations.
Il fut encore un précurseur de Montesquieu par sa conception d'un État chargé avant tout d'assumer la protection de tous et leur bien-être : il veut lutter contre la misère, la corruption, l’incompétence, le mépris du service public.

Hyacinthe Rigaud, Sébastien Le Prestre de Vauban.

Dans tous les cas, Vauban apparaît comme un réformateur hardi dont les idées se situaient à contre-courant de ce que la majorité de ses contemporains pensait. Son contact avec le Roi lui permettait de soumettre directement ses idées, comme le Projet de Dîme royale, qui fut bien reçu. Louis XIV lui rendait bien cette franchise, cette liberté de parole et de jugement, en lui accordant une confiance absolue en matière de défense du royaume, comme en témoigne cette lettre dans laquelle il lui confie la défense de Brest, visé par les Anglais en 1694 :
Je m’en remets à vous, de placer les troupes où vous le jugerez à propos, soit pour empêcher la descente, soit que les ennemis fassent le siège de la place. L’emploi que je vous donne est un des plus considérables par rapport au bien de mon service et de mon royaume, c’est pourquoi je ne doute point que vous ne voyiez avec plaisir que je vous y destine et ne m’y donniez des marques de votre zèle et de votre capacité comme vous m’en faites en toutes rencontres.
Avant tout connu de ses contemporains pour sa maîtrise de l'art de la guerre et de la conduite de siège ainsi que pour ses talents d'ingénieur, Vauban ne se limite donc pas à ces quelques domaines. C’est bien, à chaque fois, le même homme dont toute l’œuvre, de pierre et de papier, témoigne d’une même obsession : l’utilité publique, que ce soit par le façonnement du paysage et la défense du territoire avec la construction de la ceinture de fer enfermant la France dans ses bornes naturelles, point au-delà du Rhin, des Alpes, des Pyrénées, des deux mers 1706, la transformation de l’ordre social au moyen d’une réforme de l’impôt, quand bien même, en bravant tous les interdits, faudrait-il, pour se faire entendre, passer par la publication clandestine de la Dîme royale, en 1707… Je ne crains ni le roi, ni vous, ni tout le genre humain ensemble, écrivait-il à Louvois dans une lettre datée du 15 septembre 1671 à propos d’une accusation lancée contre deux de ses ingénieurs. Et il ajoutait : La fortune m’a fait naître le plus pauvre gentilhomme de France ; mais en récompense, elle m’a honoré d’un cœur sincère si exempt de toutes sortes de friponneries qu’il n’en peut même soutenir l’imagination sans horreur.

Activités militaires
Apports à la poliorcétique poliorcétique. tracé à l'italienne.

Frontispice de Conduite des sièges de Vauban, 1672.
Les progrès de l'artillerie révolutionnent la guerre de siège : depuis la Renaissance, l'augmentation d'épaisseur des murailles ne suffit plus pour résister aux effets de l'artillerie. Les tirs de mitraille rendant extrêmement périlleux les assauts frontaux, l'assaillant approche les fortifications par des réseaux de tranchées. Les ingénieurs italiens inventent les fortifications bastionnées et remparées : les murailles deviennent très basses, obliques et précédées d'un fossé.
Vauban, que son contemporain Manesson Mallet juge incomparable en l'Art de fortifier et d'attaquer les places, apporte trois innovations majeures décisives aux techniques d'attaque des places fortes :
Il codifie la technique d'approche en faisant creuser trois tranchées parallèles très fortifiées reliées entre elles par des tranchées de communications en ligne brisée pour éviter les tirs défensifs en enfilade technique des parallèles inventée au siège de Maastricht en 1673.
creusée hors de portée de canon à boulet sphérique métallique portée utile de 600 m à l'époque mais cassant tout à 100 m et très fortifiée, la première tranchée sert de place d'armes et prévient une attaque à revers par une armée de secours ;
à portée de tir, la deuxième tranchée permet d'aligner l'artillerie que l'on positionne vers un point de faiblesse des fortifications ;
à proximité immédiate des fortifications, la troisième tranchée permet le creusement d'une mine ou l'assaut si l'artillerie a permis d'ouvrir une brèche dans la muraille. Le retranchement doit être suffisant pour interdire une sortie des défenseurs.
L'éperon des forteresses bastionnées créant une zone où l'artillerie de l'assiégé ne peut tirer à bout portant, il est possible de disposer des levées de terre devant la tranchée immédiatement au contact des fortifications assiégées très basses pour éviter les tirs d'artillerie. Ces surélévations qu'il appelle cavaliers de tranchées conçus lors du siège de Luxembourg, en 1684, permettent aux assaillants de dominer les positions de tir des assiégés et de les refouler à la grenade vers le corps de place et de s'emparer du chemin couvert.
En 1688 au siège de Philippsburg, il invente le tir à ricochet : en disposant les pièces de manière à prendre en enfilade la batterie adverse située sur le bastion attaqué et en employant de petites charges de poudre, un boulet peut avoir plusieurs impacts et en rebondissant balayer d'un seul coup toute une ligne de défense au sommet d'un rempart, canons et servants à la fois.

Codification des attaques des places fortes par Vauban.

Trois tranchées parallèles reliées entre elles par des tranchées de communications en zigzags pour éviter les tirs en enfilade. Chaque tranchée est une place d'armes qui permet de rapprocher l'infanterie sur toute la largeur du front d’attaque ; la première est hors de portée de tir des défenseurs et permet de résister à un assaut à revers ; la troisième est au pied du glacis. L’artillerie est placée sur des cavaliers, relié au réseau par des tranchées plus courtes. Des redoutes protègent les extrémités de chaque tranchée.
Sa philosophie est de limiter les pertes en protégeant ses approches par la construction de tranchées, même si cela demande de nombreux travaux. Il est pour cela souvent raillé par les courtisans, mais il est soutenu par le roi. Il rédige, en 1704, un traité d'attaque des places pour le compte de Louis XIV qui souhaite faire l'éducation militaire de son petit-fils le duc de Bourgogne. Il invente le « portefeuille de casernement casernes modèles destiné à remplacer le logement du soldat chez l'habitant.

Le défenseur du " pré carré "

Une coupe des fortifications Vauban, suivant la ligne capitale passant par une demi-lune :
Citadelle de Besançon en Franche-Comté.
Tour Vauban à Camaret en Bretagne.
Étoile de Vauban de la citadelle de Lille.
Vauban va ainsi pousser le roi à révolutionner la doctrine militaire défensive de la France en concentrant les places fortes sur les frontières du Royaume c’est la ceinture de fer qui protège le pays : le pré carré du roi.
Fort de son expérience de la poliorcétique, il révolutionne aussi bien la défense des places fortes que leur capture. Il conçoit ou améliore les fortifications de nombreux ports et villes français, entre 1667 et 1707, travaux gigantesques permis par la richesse du pays. Il dote la France d'un glacis de places fortes pouvant se soutenir entre elles : pour lui, aucune place n'est imprenable, mais si on lui donne les moyens de résister suffisamment longtemps des secours peuvent prendre l'ennemi à revers et le forcer à lever le siège.
À l’intérieur du pays, où le danger d’invasion est moindre, les forteresses sont démantelées. Paris perd par exemple ses fortifications, d’une part, pour libérer des troupes devenues inutiles qui peuvent être transférées aux frontières et d’autre part, pour éviter que des révoltes puissent trouver asile dans l’une d’elles comme cela avait été le cas lors de la Fronde.
Au total, Vauban crée ou élargit plus de 180 forteresses et donne son nom à un type d'architecture militaire : le système Vauban. Système qui est largement repris, même hors de France, voir les fortifications de la ville de Cadix.
Il participe aussi à la réalisation d'autres ouvrages, tels que le canal de Bourbourg. Entre 1667 et 1707 Vauban améliore les fortifications d'environ 300 villes et dirige la création de trente-sept nouveaux ports dont celui de Dunkerque et forteresses fortifiées.
Édifié sur un emplacement stratégique, à partir de 1693, Mont-Dauphin est un avant poste chargé de protéger le royaume des intrusions venues d’Italie : le village-citadelle constitue l’archétype de la place forte et fait entrer les Alpes dans la grande politique de défense de la nation France.
Liste des villes fortifiées par Vauban
Liste des citadelles de Vauban
Liste des villes créées par Vauban
Liste des forts de Vauban
Il refuse de créer le fort Boyard, selon lui techniquement inconstructible, que Napoléon Ier tente de recréer lors de son règne à partir de ses plans sans plus de succès néanmoins. Finalement, sous Louis-Philippe agacé par des tensions entretenues avec les Britanniques, le Fort Boyard voit le jour, grâce à une technique de construction du socle avec des caissons de chaux.

Maquettes et Plans-reliefs

Plan-relief de 1703 de la citadelle du Château-d'Oléron, Paris, musée des Plans-reliefs.
Les plans-reliefs réalisés à partir du règne de Louis XIV sont conservés au musée des Plans-reliefs, au sein de l'hôtel des Invalides à Paris où 28 d'entre eux sont présentés. Une partie de la collection 16, est, après un long débat, présentée au palais des beaux-arts de Lille. Vauban est intervenu sur la plupart des places représentées. Les maquettes donnent une excellente vue du travail réalisé.

Activités civiles : Vauban critique et réformateur

Vauban a également construit l'aqueduc de Maintenon tout en s'opposant au grandiose aqueduc à la romaine voulu par Louis XIV et Louvois, qu'il jugeait d'un prix beaucoup trop élevé : il militait pour un aqueduc rampant. Il s'est intéressé à la démographie et à la prévision économique. Il conçut des formulaires de recensement et publia un ouvrage intitulé La Cochonnerie ou calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps.

Entre l'amour du roi et le bien public

Vauban a pris, à partir de la fin des années 1680, une distance de plus en plus critique par rapport au roi de guerre, en fustigeant une politique qui lui semble s’éloigner de ses convictions de grandeur et de défense de sa patrie, le tout au nom du bien public.
Ce divorce est particulièrement apparent dans son Mémoire sur les huguenots, dans lequel il tire les conséquences, très négatives, de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, en soulignant que l’intérêt général est préférable à l’unité du royaume quand les deux ne sont pas compatibles. D’autant que travaillant sur le canal du Midi en 1685-1686, il a vu les effets des dragonnades sur la population. Dans ce mémoire, Vauban estime le nombre des protestants sortis du royaume à :
80 000 ou 100 000 personnes de toutes conditions, occasionnant la ruine du commerce et des manufactures, et renforçant d’autant les puissances ennemies de la France.
L’itinéraire de Vauban, une pensée en mobilité constante à l’image de ses déplacements incessants dans le royaume réel, font de lui un penseur critique tout à fait représentatif de la grande mutation des valeurs qui marque la fin du règne de Louis XIV : le passage, en quelque sorte, du roi État, incarné par Louis XIV, à l’État roi, indépendant de la personne de celui qui l’incarne.
Fontenelle, dans l’éloge funèbre qu’il rédige pour Vauban, l’a très bien exprimé :
Quoique son emploi ne l’engageât qu’à travailler à la sûreté des frontières, son amour pour le bien public lui faisait porter des vues sur les moyens d’augmenter le bonheur du dedans du royaume. Dans tous ses voyages, il avait une curiosité, dont ceux qui sont en place ne sont communément que trop exempts. Il s’informait avec soin de la valeur des terres, de ce qu’elles rapportaient, de leur nombre, de ce qui faisait leur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvait valoir en un jour le travail de leurs mains, détails méprisables et abjects en apparence, et qui appartiennent cependant au grand Art de gouverner …. Il n’épargnoit aucune dépense pour amasser la quantité infinie d’instructions et de mémoires dont il avoit besoin, et il occupoit sans cesse un grand nombre de secrétaires, de dessinateurs, de calculateurs et de copistes
— Fontenelle, Éloge de Monsieur le Maréchal de Vauban
Et, à la fin de sa vie, on sent Vauban profondément écartelé entre sa fidélité au roi et son amour de la patrie au nom du bien général qui ne lui semble plus devoir être confondu avec celui du roi. Cet écartèlement, il l’exprime dès le 26 avril 1697 dans une lettre au marquis de Cavoye :
Je suis un peu têtu et opiniâtre quand je crois avoir raison. J’aime réellement et de fait la personne du roi, parce que le devoir m’y oblige, mais incomparablement plus parce que c’est mon bienfaiteur qui a toujours eu de la bonté pour moi, aussi en ai-je une reconnaissance parfaite à qui, ne plaise à Dieu, il ne manquera jamais rien. J’aime ma Patrie à la folie étant persuadé que tout citoyen doit l’aimer et faire tout pour elle, ces deux raisons qui reviennent à la même.
Dans une certaine mesure la Dîme Royale, publiée en 1707, parce qu’elle dissocie le roi et l’État, peut être lue comme le résultat très concret de la tension et de la contradiction entre l’amour du roi et l’amour de la patrie…

Les années de misère : l'observateur lucide du royaume réel

Depuis longtemps, en effet, Vauban s'intéressait au sort des plus démunis, attentif avant tout à la peine des hommes. Ses déplacements incessants dans les provinces (Anne Blanchard estime la distance parcourue à plus de 180 000 km pour 57 années de service, soit 3 168 km par an ! sont contemporains des années les plus noires du règne de Louis XIV, en particulier la terrible crise des années 1693-1694. Et il a pu observer, comme il l’écrit en 1693, les vexations et pilleries infinies qui se font sur les peuples. Sa hantise c’est le mal que font quantité de mauvais impôts et notamment la taille qui est tombée dans une telle corruption que les anges du ciel ne pourraient pas venir à bout de la corriger ni empêcher que les pauvres n’y soient toujours opprimés, sans une assistance particulière de Dieu. Vauban voyage à cheval ou dans sa basterne, une chaise de poste qui serait de son invention et suffisamment grande pour pouvoir y travailler avec son secrétaire, portée sur quatre brancards par deux mules, l’une devant, l’autre derrière. Pas de roues, pas de contact avec le sol : les cahots sur les chemins de pierres sont ainsi évités, il peut emprunter les chemins de montagne, et Vauban est ainsi enfermé avec ses papiers et un secrétaire en face de lui. En moyenne, il passe 150 jours par an sur les routes, soit une moyenne de 2 à 3 000 km par an le maximum : 8 000 km de déplacement en une année !.
Il est fortement marqué par cette crise de subsistances des années 1693-1694, qui affecta surtout la France du Nord, provoqua peut-être la mort de deux millions de personnes. Elle aiguisa la réflexion de l'homme de guerre confronté quotidiennement à la misère, à la mort, à l'excès de la fiscalité royale : la pauvreté, écrit-il, ayant souvent excité ma compassion, m'a donné lieu d'en rechercher la cause.

L'homme de plume

Pendant ces années terribles 1680-1695 marquées par trois années de disette alimentaire sans précédent au cours des hivers 1692-93-94, l’homme de guerre se fait homme de plume :
Oisivetés ou ramas de plusieurs sujets à ma façon.
C’est Fontenelle, qui révèle dans son éloge de Vauban, l’existence de ce recueil de mémoires reliés et collationnés en volumes au nombre de douze… C’est sans doute à partir de la mort de Colbert 1683, qu’il rédige ce ramas d’écrits, extraordinaire et prolifique document, souvent décousu, dans lesquelles il consigne, en forme de vingt-neuf mémoires manuscrits soit 3 850 pages manuscrites en tout ses observations, ses réflexions, ses projets de réformes, témoignant d’une curiosité insatiable et universelle. Une brève note de Vauban, incluse dans un agenda, daté du 4 mai 1701, éclaire le recueil alors en cours de constitution :
Faire un deuxième volume en conséquence du premier et y insérer le mémoire des colonies avec la carte et celui de la navigation des rivières avec des figures de far et d’escluses calculées ; y ajouter une pensée sur la réduction des poids et mesures en une seule et unique qui fut d’usage partout le Royaume.
La vie errante que je mène depuis quarante ans et plus, écrit-il dans la préface de la Dîme royale, m’ayant donné occasion de voir et visiter plusieurs fois et de plusieurs façons la plus grande partie des provinces de ce royaume, tantôt seul avec mes domestiques, et tantôt en compagnie de quelques ingénieurs, j’ai souvent occasion de donner carrière à mes réflexions, et de remarquer le bon et le mauvais état des pays, d’en examiner l’état et la situation et celui des peuples dont la pauvreté ayant souvent excité ma compassion, m’a donné lieu d’en rechercher les causes.
Les Oisivetés, pour la première fois publiées éditions Champ Vallon, sont détenues par la famille Rosanbo. L’ensemble représente 68 microfilms de papiers et mémoires en tout 29 mémoires importants, plus de 2 000 pages, auxquels il faut ajouter 47 microfilms de correspondance.

Description géographique de l'élection de Vézelay.

Parmi les multiples mémoires, qui sont souvent autant d’exemples des statistiques descriptives, l'ouvrage est sans doute le plus abouti : Il décrit les revenus, la qualité, les mœurs des habitants, leur pauvreté et richesse, la fertilité du pays et ce que l’on pourrait y faire pour en corriger la stérilité et procurer l’augmentation des peuples et l’accroissement des bestiaux.

Le Projet de Capitation 1694

Et ce qui domine dans cette écriture prolifique, c’est la notion d’utilité publique, au service des plus démunis. Et le tout conduit bientôt Vauban à imaginer une réformation globale, capable de répondre au problème de la misère et de la pauvreté, auquel il est sans cesse confronté. Ainsi, dès 1694, Vauban présente un Projet de capitation, fruit de multiples réflexions et de débats, notamment avec Boisguilbert, lieutenant-général à Rouen qui publie en 1695 son Détail de la France que Vauban a lu et apprécié. Et parallèlement, Vauban profite de multiples entretiens avec un grand nombre de personnes et des officiers royaux de toutes espèces qui suivent le roi.
Le Projet de capitation annonce son futur essai : il y propose un impôt levé, sans aucune exemption, sur tous les revenus visibles les produits fonciers, les rentes, les appointements…et condamne la taille, tombée dans une telle corruption que les anges du ciel ne pourraient venir à bout de la corriger. Dans ce Projet, il dénonce l’accablement des peuples, poussé au point où nous le voyons.
En conséquence, il écrit la capitation doit être imposée sur toutes les natures de biens qui peuvent produire du revenu, et non sur les différents étages des qualités ni sur le nombre des personnes, parce que la qualité n’est pas ce qui fait l’abondance, non plus que l’égalité des richesses, et que le menu peuple est accablé de tailles, de gabelles, d’aides et de mille autres impôts, et encore plus de la famine qu’ils ont soufferte l’année dernière, qui a achevé de les épuiser.
L'année suivante, le 18 janvier, le pouvoir royal met effectivement en place une capitation, un impôt auquel, en théorie, tous les sujets, des princes du sang aux travailleurs de terre, sont assujettis, de 1 à 2 000 livres, en fonction de leur fortune. Mais contrairement à l'idée de Vauban, cet impôt s'ajoute aux autres, et la plupart des privilégiés, par abonnement ou par rachat, ont tôt fait de s'en faire dispenser.

L'homme politique

Bien qu'il soit militaire, Vauban n'hésite pas à donner son avis dans les affaires de l'État, ainsi, en 1683, il propose un traité de paix avec l'Allemagne en en précisant les conditions soit la cession pure et simple de la part de l'empereur des pays nouvellement réunis aux trois évêchés, de toute l'Alsace et notamment de la ville de Strasbourg. En échange, Louis XIV donnerait les villes de Brisach et de Fribourg. Cette proposition est loin d'être innocente puisque d'après l'intéressé, ces deux places sont plus une charge qu'autre chose pour le royaume de France. Cette proposition lui vaudra une remontrance de Louvois par un courrier du 24 août 1683 : … je vous répondrai en peu de paroles que si vous étiez aussi mauvais ingénieur que politique, vous ne seriez pas si utile que vous êtes au service du roi.
1703-1706 : De l'amertume à la transgression
En octobre 1706, Vauban se trouve à Dunkerque, une ville forte qu’il considère comme sa plus belle réussite et qu’il a transformée en une cité imprenable : un formidable ensemble de forts de défense, de bâtiments, de jetées, de fossés remplis d’eau, et d’un bassin pouvant contenir plus de quarante vaisseaux de haut bord toujours à flot, même à marée basse, grâce à une écluse. Du reste, à propos de son Dunkerque, le 16 décembre 1683, il écrit à Louvois, en faisant preuve, une fois n’est pas coutume, de peu de modestie :
Dès l’heure qu’il est, ce port et son entrée me paraissent une des plus belles choses du monde et la plus commode, et si je demeurais six mois à Dunkerque, je ne crois pas que ma curiosité ni mon admiration seraient épuisées quand je les verrais tous les jours une fois.
Pourquoi est-il à Dunkerque ? Parce que le roi lui confie le commandement de la frontière maritime des Flandres alors sérieusement menacée. Il a l’autorisation de construire un camp retranché à Dunkerque, puis un deuxième entre Dunkerque et Bergues. Mais les fonds nécessaires n’arrivent pas et il s’en plaint au maréchal de Villeroy, qui lui répond le 17 juillet :
vous être le seul à pouvoir obtenir de la cour l’argent et les moyens nécessaires pour terminer les travaux des camps retranchés qui sont bien utiles.
Vauban écrit à Chamillard, le ministre de la Guerre et des Finances, le 10 août :
si M. Le Pelletier s’obstine davantage sur ce que je lui demande il n’envoie pas les fonds, je serai obligé d’en écrire au roi et de le prier de me retirer d’ici. »
Ce qu’il fait à soixante-treize ans : c'est là, à Dunkerque, à son Dunkerque, que Vauban demande à être relevé de son commandement : J'ai hier demandé mon congé, écrit-il de Dunkerque, le 25 octobre 1706, car je ne fais rien ici, et le rhume commence à m’attaquer rudement. Quelques jours plus tard, il insiste auprès de Chamillard pour être relevé de son commandement :
quand on sort d’un cinquième ou sixième accès de fièvre tierce qui s’est converti en double tierce, on n’est plus en état de soutenir la gageure. Je vous prie de trouver bon que je vous demande M. d’Artagnan pour me venir relever ici pour l’hiver.
Il souffre depuis longtemps d’un rhume récurrent, en fait une forme de bronchite chronique, et vient effectivement de subir de violents accès de fièvre (et sa présence à Dunkerque, dans les marais des plaines du Nord, n’est pas faite pour le guérir !.
Mais il y a des raisons plus profondes, sans doute, plus intimes, à cette demande insistante de retrait. En fait, Vauban est plein d’amertume depuis le siège de Brisach, en 1703, le dernier siège dont il a le commandement : il enseigne à cette occasion au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi, les choses de la guerre et écrit, à son intention -sur ordre de Louis XIV-, un traité De l’attaque et de la défense des places afin de parfaire son éducation militaire qui constitue le huitième tome des Oisivetés.
La grâce que j’ose vous demander, Monseigneur, est de vouloir bien vous donner la peine de lire ce Traité avec attention, et qu’il vous plaise de le garder pour vous, et de n’en faire part à personne, de peur de quelqu’un n’en prenne des copies qui, pouvant passer chez nos ennemis, y seraient peut-être mieux reçues qu’elles ne méritent.
épître dédicatoire. Ce qui n’empêche pas la circulation de nombreux manuscrits : plus de 200, déplore en 1739 Charles de Mesgrigny, le petit-fils de Vauban…
Mais après ce siège, plus rien ne lui est proposé. Et il s’en inquiète auprès de Chamillart :
… tout le monde se remue ; il n’y a que moi à qui on ne dit mot. Est-ce que je ne suis plus propre à rien ? Quoique d’un âge fort avancé, je ne me condamne pas encore au repos, et quand il s’agira de rendre un service important au roi, je saurai bien mettre toutes sortes d’égards à part, tant par rapport à moi qu’à la dignité dont il lui a plu m’honorer, persuadé que je suis que tout ce qui tend à servir le roi et l’État est honorable, même jusqu’aux plus petits, à plus forte raison quand on y peut joindre des services essentiels tels que ceux que je puis rendre dans le siège dont il s’agit… Ce qui m'oblige à vous parler de la sorte est qu'il me paraît qu'on se dispose à faire le siège sans moi. Je vous avoue que cela me fait de la peine, mettez y donc ordre.
Chamillart lui répond qu’il a lu sa lettre à Louis XIV, qui a résolu de faire le siège de Landau. Mais il ajoute dans sa lettre du 6 octobre 1703 : Elle m’ordonne de vous dire en même temps qu’elle a résolu d’en laisser la conduite entière à M. le maréchal de Tallart… Opportunément, Vauban est convoqué à Paris, chargé de l'instruction du duc de Bourgogne. Ce qui ne l'empêche pas de rédiger ses préconisations pour le siège en préparation.
L’amertume pour Vauban est alors à son comble. Et il exprime ses craintes dans une autre lettre écrite à Chamillard en 1705. Cette lettre accompagne un mémoire consacré au siège de Turin, car Vauban continue à suivre de très près les opérations militaires, et il n’est pas satisfait de leur déroulement. Aussi multiplie-t-il avis et conseils. Après de nombreux détails techniques, Vauban ajoute ces lignes, des lignes particulièrement émouvantes, dans lesquelles le vieux maréchal continue à offrir ses services :
Après avoir parlé des affaires du roi par rapport à la lettre de M. Pallavicini et à ce qui est de la portée de mes connaissances, j’ose présumer qu’il me sera permis de parler de moi pour la première fois de ma vie.
Je suis présentement dans la soixante-treizième année de mon âge, chargé de cinquante-deux ans de service, et surchargé de cinquante sièges considérables et de près de quarante années de voyages et visites continuelles à l’occasion des places et de la frontière, ce qui m’a attiré beaucoup de peines et de fatigues de l’esprit et du corps, car il n’y a eu ni été ni hiver pour moi. Or, il est impossible que la vie d’un homme qui a soutenu tout cela ne soit fort usée, et c’est ce que je ne sens que trop, notamment depuis que le mauvais rhume qui me tourmente depuis quarante ans s'est accru et devient de jour en jour plus fâcheux par sa continuité ; d’ailleurs, la vue me baisse et l’oreille me devient dure, bien que j’ai la tête aussi bonne que jamais. Je me sens tomber et fort affaibli par rapport à ce que je me suis vu autrefois. C’est ce qui fait que je n’ose plus me proposer pour des affaires difficiles et de durée qui demandent la présence presque continuelle de ceux qui les conduisent. Je n’ai jamais commandé d’armée en chef, ni comme général, ni comme lieutenant général, pas même comme maréchal de camp, et hors quelque commandement particulier, comme ceux d’Ypres, Dunkerque et de la basse Bretagne, dont je me suis, Dieu merci, bien tiré, les autres ne valent pas la peine d’être nommés. Tous mes services ont donc roulé sur les sièges et la fortification ; de quoi, grâce au Seigneur, je suis sorti avec beaucoup d’honneurs. Cela étant, comme je le dis au pied de la lettre, il faudrait que je fusse insensé si, aussi voisin de l’état décrépit que je le suis, j’allais encore voler le papillon et rechercher à commander des armées dans des entreprises difficiles et très épineuses, moi qui n’en ai point d’expérience et qui me sens défaillir au point que je ne pourrais pas soutenir le cheval quatre heures de suite ni faire une lieue à pied sans me reposer.
Il faut donc se contenter de ce que l’on fait et du moins ne pas entreprendre choses dans l’exécution desquelles les forces et le savoir-faire venant à me manquer pourraient me jeter dans des fautes qui me déshonoreraient ; ce qu’à Dieu ne plaise, plutôt la mort cent fois.
Quant à ce qui peut regarder mon ministère touchant la conduite des attaques, je pourrais encore satisfaire bien que mal aux fatigues d’un siège ou deux par campagne, si j’étais servi des choses nécessaires et que l’on eût des troupes comme du passé. Mais quand je pense qu’elles ne sont remplies que de jeunes gens sans expérience et de soldats de recrues presque tous forcés et qui n’ont nulle discipline, je tremble, et je n’ose désirer de me trouver à un siège considérable. D’ailleurs la dignité dont il a plu au Roi de m’honorer m’embarrasse à ne savoir qu’en faire en de telles rencontres. En de telles rencontres, je crains le qu'en-dira-t-on de mes confrères, de sorte que je ne sais point trop quel parti prendre, ni comment me déterminer.
Je dois encore ajouter que je me suis défait de tout mon équipage de guerre il y a quatre ou cinq mois, après l’avoir gardé depuis le commencement de cette guerre jusque-là.
Après cela, si c’est une nécessité absolue que je marche, je le ferai au préjudice de tout ce qu’on en pourra dire et de tout ce qui en pourra arriver, le roi me tenant lieu de toutes choses après Dieu. J’exécuterai toujours avec joie ce qui lui plaira de m’ordonner, quand je saurais même y devoir perdre la vie, et il peut compter que la très sensible reconnaissance que j’ai de toutes ses bontés ne s’épuisera jamais ; la seule grâce que j’ai à lui demander est de ménager un peu mon honneur.
Je suis bien fâché, Monsieur, de vous fatiguer d’une si longue lettre, mais je n’ai pas pu la faire plus courte. Je vous l’aurais été porter moi-même si le rhume que m’accable ne me contraignait à garder la chambre.
Bientôt, dans les derniers jours de l’année 1706, il rentre à Paris dans son hôtel de la rue Saint-Vincent dans la paroisse Saint-Roch loué aux neveux de Bossuet, où il s’est installé à partir de 1702 dans l’actuelle rue de Rivoli : Une plaque y commémore la présence de Vauban il y a trois siècles.Il y retrouve, semble-t-il, Charlotte de Mesgrigny, sa fille. Il souffre, il tousse, plus que jamais sa bronchite chronique n’a fait qu’empirer, son vieux corps est miné, mais son esprit a gardé toute sa vivacité.
C’est alors qu’il décide, peut-être incité par l’abbé Vincent Ragot de Beaumont, qui fait fonction de secrétaire, d’imprimer son livre, cette Dîme royale, celui, de tous ses écrits, qu’il estime le plus.

Posté le : 30/04/2016 19:07
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Le 1er mai 1633 naît Sébastien Le Prestre marquis de Vauban

à Saint-Léger-de-Foucheret, aujourd'hui Saint-Léger-Vauban, mort à 73 ans le 30 mars 1707 à Paris est un ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Il est nommé maréchal de France par Louis XIV.
Vauban préfigure, par nombre de ses écrits, les philosophes du siècle des Lumières. Comme le souligne Fontenelle dans l'éloge funèbre prononcé devant l'Académie, Vauban a une vision scientifique, sinon mathématique de la réalité et en fait un large usage dans ses activités.
Militaire du Génie, il est élevé à la dignité d'État , Maréchal de France Il participe aux conflits de la Fronde, Guerre de Dévolution, Guerre de la Ligue d'Augsbourg, Guerre de Hollande, Guerre de Succession d'Espagne. Faits d'armes 49 prises de ville, défense de Camaret
Ses distinctions Chevalier de l'ordre de Saint-Louis, il est Chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, Il reçoit l'Hommages des l'Hommes illustres Louvre, Ingénieur et architecte militaire, Gouverneur de Lille de 1668 à 1707 Commissaire général des fortifications de 1678 à 1703 Membre de l'Académie des sciences
Expert en poliorcétique c'est-à-dire en l'art d'organiser l'attaque ou la défense lors du siège d'une ville, d'un lieu ou d'une place forte, il donne au royaume de France une ceinture de fer pour faire de la France un pré carré — selon son expression — protégé par une ceinture de citadelles. Il conçoit ou améliore une centaine de places fortes. L'ingénieur n'a pas l'ambition de construire des forteresses inexpugnables, car la stratégie consiste alors à gagner du temps en obligeant l'assaillant à immobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l'assiégé. Il dote la France d'un glacis qui la rend inviolée durant tout le règne de Louis XIV — à l'exception de la citadelle de Lille prise une fois — jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, période où les forteresses sont rendues obsolètes par les progrès de l'artillerie.
La fin de sa vie est marquée par l'affaire de La Dîme royale : dans cet essai, distribué sous le manteau malgré l'interdiction qui le frappe, Vauban propose un audacieux programme de réforme fiscale pour tenter de résoudre les injustices sociales et les difficultés économiques des « années de misère de la fin du règne du Roi Soleil 1692-93-94 sont des années de disette alimentaire épouvantables, qui font 3 millions de morts, soit un dixième de la population.
Douze ouvrages de Vauban, regroupés au sein du réseau des sites majeurs de Vauban, sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO le 7 juillet 2008. Le musée des Plans-reliefs aux Invalides à Paris, contient un nombre important de maquettes et de plans-reliefs de ces places.


En bref

La carrière de Vauban correspond à l'apogée de la fortification bastionnée en France, dont les nombreuses guerres du règne de Louis XIV favorisent le développement. Vauban est né à Saint-Léger de Foucheret (actuellement Saint-Léger-Vauban, Yonne) dans une famille de petite noblesse nivernaise. Après des études chaotiques, il commence son apprentissage militaire en 1651 dans le régiment du prince de Condé, en rébellion contre le pouvoir royal. Deux ans plus tard, il est fait prisonnier par les troupes du roi, mais sa bravoure et son efficacité sur le terrain sont déjà connues et Mazarin l'envoie au service du chevalier de Clerville, alors commissaire général des fortifications. Il y apprend le métier d'ingénieur militaire et en obtient le brevet en 1655.
Dès lors, il participe à la plupart des campagnes militaires de Louis XIV, dont le règne personnel vient de commencer. Gouverneur de Lille en 1668, brigadier en 1673, maréchal de camp en 1676, commissaire général des fortifications en 1678, lieutenant des armées du roi en 1688, Vauban n'accédera au maréchalat qu'en 1703.
Ces titres ne rendent pas compte de son action sur le terrain ni de son sens politique. Cet ingénieur militaire est en effet à l'origine de l'aménagement de plus d'une centaine de places fortes situées aux frontières du royaume et au-delà, de la construction d'une trentaine d' enceintes nouvelles et de citadelles, comme celle de Lille, son premier grand projet urbanistique réalisé à partir de 1667. Vauban, ingénieur militaire : Mettant à profit les acquis de ses prédécesseurs, notamment ceux de Blaise de Pagan (1604-1655), Vauban perfectionne les méthodes d'attaque et de défense des places. Il veut à tout prix éviter les pertes en hommes en réduisant la durée des sièges. Et, pour ce faire, il s'inspire des moyens alors utilisés par l'armée ottomane pour investir une place et conçoit un système de tranchées souterraines tracées en ligne brisée et reliées entre elles par des parallèles ceignant les fortifications de la ville. La progression des assiégeants se fait alors par étapes successives, grâce à l'utilisation de batteries d' artillerie qui ont pour mission d'exécuter des brèches. Vauban augmente aussi l'efficacité de ces batteries en inventant le tir à ricochet qui permet aux boulets de faire plusieurs rebonds et de démolir en un seul tir les défenses et les canons ennemis. Il dote enfin les fantassins d'armes mieux adaptées à leurs actions, comme la baïonnette. La modernisation des principes d'attaque fait évoluer la construction des fortifications. Vauban estime que la place forte doit commander le terrain environnant, de façon à permettre des observations tactiques et à empêcher les tirs plongeants de l'ennemi. Il conçoit donc des ouvrages épais, renforcés par d'importants volumes de remblai et maintenus par des maçonneries à l'épreuve des tirs. Il prévoit des remparts munis de bastions convenablement espacés pour éviter des tirs flanquants et protégés par des contregardes et par des ouvrages échelonnés en profondeur. Ces derniers sont destinés à multiplier les obstacles que l'assaillant devra franchir l'un après l'autre.
Vauban est aussi un pragmatique. Il se rend compte que le relief de la place en commande le tracé bastionné, qu'il est impossible de fortifier de la même manière une place de plaine et une place de montagne : les perfectionnements qu'il apporte à la fortification, comme les tours bastionnées à casemates (tour Rivotte à Besançon), ou le doublement des ouvrages au-dehors de la place, dont un des meilleurs exemples est fourni par la place alsacienne d'Huningue, sont toujours introduits en fonction du site. Il constate que la citadelle, lieu de commandement de la place et réduit pour la garnison dans la phase ultime d'un siège, doit, comme à Lille, être éloignée de la cité : cela implique l'agrandissement du périmètre fortifié des places modernisées par Vauban qui veut alors englober tous les organes défensifs dans le même tracé bastionné. Ce qu'on a appelé les « trois systèmes » de Vauban, selon la doctrine établie par le Génie en France aux XVIIIe et XIXe siècles, n'est donc qu'une désignation a posteriori des aménagements variés mis au point par l'ingénieur en vue d'augmenter efficacement la résistance d'une place. L'originalité de Vauban est d'avoir su tirer toutes les conséquences logiques des principes de l'attaque pour construire ou pour rénover les places.
Toujours dans une optique défensive, doublée du souci de stabiliser les frontières nord-est du royaume, Vauban conçoit une double ligne de places fortes qu'il nomme pré carré, destinées à verrouiller les passages les plus vulnérables. Vauban, urbaniste militaire. Pendant les guerres de la ligue d'Augsbourg et de la succession d'Espagne, Vauban se consacre aussi à la défense des côtes et met au point un type de petit fort semi-circulaire adapté aux tirs rasants sur l'eau. L'un des exemples les mieux conservés en est la tour Vauban à Camaret (Finistère). Vauban accorde aussi beaucoup d'attention au front terrestre des fortifications maritimes comme à Blaye Gironde. Il préconise encore l'installation de phares constitués d'une tour principale et d'une tourelle d'escalier, comme celui du Stiff à la pointe ouest de l'île d'Ouessant Finistère. Il encourage le développement de certains ports de guerre : il construit entièrement Dunkerque qu'il relie par un canal à la haute mer pour le garantir de l'ensablement. En montagne, notamment à Briançon, la nature fortement accidentée du terrain l'oblige à renoncer aux dispositions habituelles de la fortification bastionnée pour reprendre celles de la fortification médiévale afin d'échelonner ses enceintes. En plaine, Vauban utilise souvent l'eau pour améliorer le système défensif d'une place : il y fait réaliser des écluses dans le but d'inonder artificiellement celle-ci et d'arrêter la progression de l'ennemi. L'adjonction d'une citadelle érigée à distance de la ville (Arras : 1668 ; Besançon : 1674-1687 ; Strasbourg : 1681) a entraîné la construction en damier de nouveaux quartiers séparés de la citadelle par une zone interdite à la construction, appelée esplanade.
Ainsi, dans les neuf places qu'il crée de toutes pièces pour protéger les frontières (Huningue, Longwy, Phalsbourg : 1679 ; Sarrelouis : 1680 ; Montlouis : 1681 ; Fort-Louis-du-Rhin : 1687, détruite en 1794 ; Montroyal, rasée en 1702 ; Montdauphin : 1692 ; Neufbrisach : 1698), Vauban applique des principes urbanistiques simples et normalisés en matière de construction. Une enceinte le plus régulière possible : le tracé octogonal de Neufbrisach, en est l'application la mieux réussie. Une organisation urbanistique qui réponde aux exigences militaires : ce qui implique un plan en damier et une distribution fonctionnelle des bâtiments publics et des habitations groupés autour d'une place centrale carrée destinée aux manœuvres et aux parades. Les lieux du commandement militaire se combinent harmonieusement avec les lieux voués aux activités civiles (hôtel de ville, halles) et religieuses (église). Les casernes, dont les pavillons situés aux extrémités sont réservés aux officiers, et les magasins à poudre sont construits sur les remparts. La superficie de ces places est délimitée par une enceinte, dont l'extension n'est pas prévue. La construction des bâtiments militaires, qu'il s'agisse des arsenaux ou surtout des casernes, suit des normes strictes, où seuls les matériaux employés changent suivant les régions. Il en est de même pour les constructions civiles. Seules les portes de ville échappent à cette rigueur constructive car Vauban tient à leur conserver un décor sculpté à la gloire du roi.
Comme beaucoup d'hommes de son temps, Vauban a eu l'habitude de consigner ses actions et ses projets par écrit : Le Traité de l'attaque des places et Le Traité de défense des places, publiés l'un et l'autre en 1706, sont passés rapidement à la postérité. En complément à cette œuvre sur le terrain, Vauban poursuit l'initiative de Louvois et fait exécuter les plans en relief des places qu'il construit ou restructure. Ces maquettes, réalisées à l'échelle d'un pied pour cent toises correspondant dans le système métrique au 600e, reproduisent avec soin une place et les travaux prévus. Elles sont ensuite fabriquées sur place par les ingénieurs militaires chargés des travaux de fortification. Une fois achevées, elles sont transportées au Louvre où, propriété personnelle du roi, elles sont gardées aussi jalousement que des secrets militaires. Il reste une trentaine de maquettes fabriquées du vivant de Vauban sur les cent deux encore conservées. Cet ensemble, qui présente un intérêt historique et urbanistique exceptionnel, forme une collection publique appartenant à l'État, partagée depuis 1986 entre Paris hôtel des Invalides, musée des Plans-Reliefs et Lille musée des Beaux-Arts. Vauban, inventeur, penseur et réformateur. En dehors de son œuvre militaire, Vauban est à l'origine de nombreuses réalisations dans des domaines aussi variés que l'agronomie, la démographie ou encore les travaux publics. Ses connaissances techniques le conduisent à s'intéresser à la navigation fluviale qu'il considère comme essentielle au développement de l'économie française. Il essaie de faire comprendre au roi que certains travaux, comme l'aqueduc de Maintenon destiné à alimenter Versailles en eau, sont trop onéreux et pourraient aisément être remplacés par des solutions moins prestigieuses et moins coûteuses.
Comme il connaît admirablement le royaume de France qu'il traverse continuellement, Vauban se rend compte des difficultés auxquelles est confrontée sa population, en particulier les paysans, accablés par les guerres et par les impôts. Il cherche avec lucidité des solutions, qu'il consigne tout au long de sa vie dans de nombreux mémoires ou traités intitulés : Mes Oisivetés, ou Pensées d'un homme qui n'avait pas grand-chose à faire. Ces écrits, consacrés aux sujets les plus divers et réunis en une douzaine de volumes, témoignent non seulement des multiples facettes de son intelligence, mais aussi de son esprit de tolérance. Les thèmes y foisonnent et concernent aussi bien les méthodes de construction que le travail dans les mines. Les méthodes préconisées y sont parfois audacieuses : pour connaître la géographie de la région entourant ses terres dans le Morvan (Description géographique de l'élection de Vézelay, 1696), il conduit son enquête en utilisant, c'est une innovation, des formulaires de statistiques. En politique, Vauban demeure pourtant soucieux de l'autorité du roi, tout en étant conscient des erreurs commises par Louis XIV, notamment lors de la révocation de l'édit de Nantes. Dans le Mémoire pour le rappel des huguenots (1686), il énumère les conséquences tragiques pour la France, tant sur le plan humain que sur le plan économique, de cette décision arbitraire.
Soucieux de plus d'équité, Vauban en vient à s'attaquer aux inégalités fiscales, tout d'abord avec son Projet de capitation (1694), puis en rédigeant en 1698 son Projet d'une dixme royale, publié seulement en 1706 et sans l'autorisation du roi. Conclusion logique de l'évolution généreuse et lucide du maréchal, l'ouvrage préconise un impôt fiscal proportionné au revenu et l'abandon des privilèges du clergé et de la noblesse. Louis XIV condamne le livre : Vauban en meurt de chagrin quelques semaines plus tard. En prononçant son éloge funèbre devant l'Académie des sciences en 1707, Fontenelle souligne la clairvoyance du maréchal. Les générations suivantes et notamment les encyclopédistes n'ont pas saisi la modernité de la pensée économique de Vauban. Il faudra attendre le début du XXe siècle et surtout les années 1970-1980 pour que soit enfin reconnue l'originalité des travaux de Vauban dans le domaine économique. Catherine Brisac

Sa vie

Sébastien Le Prestre de Vauban, né le 1er mai fut baptisé le 15 mai 1633 en l’église de Saint-Léger-de-Foucherets, dans le Morvan un décret impérial transforma le nom en Saint-Léger-Vauban en 1867. Le nouveau-né était issu d’une famille de nobles nivernais récemment agrégés à la noblesse quatrième génération pour l'ascendance paternelle : les origines lointaines sont obscures et les brûlements et les pillages des guerres de religion ont permis, quand il fallut répondre aux enquêtes de noblesse ordonnées par Colbert, de camoufler l’absence de documents plus anciens.

Bazoches

Les Le Prestre furent probablement d’anciens marchands : des Le Prestre s’installèrent à Dun-les-Places, puis à Bazoches où ils dirigèrent un flottage de bois vers Paris par la Cure, l’Yonne et la Seine. Nous savons aussi qu'Emery Le Prestre, l’arrière-grand-père paternel de Vauban, a acquis, en 1555, le château de Bazoches, située à une lieue de Bazoches, et que Vauban rachètera… D’Hozier, examinant en 1705, les preuves de noblesse de Vauban, dira : quelle qualité que celle d’un bailli de village pour le père d’un chevalier du Saint-Esprit ? Et quelles alliances pour des tantes du maréchal que Millereau et Lambert ?7…
On ignore exactement où était située sa maison et en quoi consistait son aménagement intérieur… Vauban, écrira Saint-Simon, toujours cruel et qui pourtant lui reconnaît bien des qualités, petit gentilhomme de campagne tout au plus …. Rien de si court, de si nouveau, de si plat, de si mince.
Son père il a trente ans à sa naissance, Albin ou Urbain Le Prestre suivant les généalogistes, qualifié d’ ecuyer sur le registre de baptême de son fils, appartenait à une lignée noble depuis trois générations, mais cousinait par sa mère avec des maisons d’ancienne chevalerie, les Montmorillon et les Chastellux. Ce fut un homme discret, peu causant, dont la passion principale semble avoir été la greffe des arbres fruitiers il a laissé à la postérité les pommes et les poires Vauban…
Quant à la mère de Vauban, damoiselle Edmée de Carmignolles ou Cormignolles, fille de Jehan Carmignolle, escuyer, âgée de vingt-deux ans à sa naissance, elle sortait d’une famille de marchands et de paysans enrichis, des principaux du village, comme le mentionnent les documents. C'est elle qui apporte en dot une demeure paysanne à Saint-Léger-de-Foucherets.
De son enfance et de son adolescence, on ignore à peu près tout. Nous pouvons simplement supposer qu’il a été élevé à la dure et que, très tôt, il apprit à monter à cheval pour devenir le parfait cavalier qu’il fut longtemps. Et qu’il a vécu toute son enfance dans une ambiance de guerre c’est en 1635 que la France entre dans la guerre de Trente Ans, avec son cortège de violences et de maladies les troupes provoquent dans leur sillage des épidémies de peste : en 1636, on compte plus de cent villages détruits dans la vallée de la Saône.
On peut supposer aussi qu’entre 1643 et 1650, Sébastien Le Prestre aurait fréquenté le collège de Semur-en-Auxois, tenu par les carmes. Il y fait ses humanités : il y a appris le latin, la grammaire, les auteurs antiques, notamment Cicéron et Virgile. Il dit de lui dans son Abrégé des services du maréchal de Vauban, qu’il avait reçu, à l’orée de sa carrière, une assez bonne teinture de mathématiques et de fortification, et ne dessinant d’ailleurs pas mal. On devine donc, pour la suite de sa vie, une enfance plutôt pauvre, au contact des campagnards, mal vêtus, été comme hiver, de toile à demi pourrie et déchirée, chaussés de sabots dans lesquels ils ont les pieds nus toute l’année Description de l’élection de Vézelay, 1696. C’est parmi eux qu’il a mesuré l’âpreté de la vie et c’est eux sans doute qui lui ont transmis le goût de la terre : toute sa vie, il s’appliquera, avec persévérance, à se constituer un domaine, lopin par lopin.

Les guerres domestiques de la Fronde : Vauban condéen

Et puis c’est la Fronde 1648-1652. Vauban est présenté au prince de Condé par un oncle maternel qui est dans son état-major. Le voici engagé dans la rébellion : au début de 1651, probablement vers avril, à 17 ans, il entre comme cadet dans le régiment d’infanterie du prince de Condé, chef du parti frondeur, en suivant l’exemple de nombreux parents et voisins qui ont suivi, par fidélité quasi féodale, les Condé, qui sont gouverneurs de Bourgogne depuis 1631.
En novembre 1652, alors que Vauban expérimente, sur le terrain, ses talents d’ingénieur militaire, il se trouve impliqué dans le siège de Sainte-Menehould prise le 14 novembre par le prince de Condé, et il se distingue par sa bravoure : dans son Abrégé des services le récit de sa carrière, il signale qu’il a été félicité par les officiers du prince pour avoir traversé l’Aisne à la nage sous le feu des ennemis. La place est finalement prise par les Frondeurs. Et Vauban est promu maistre (sous-officier dans le régiment de Condé cavalerie.
Au début de 1653, alors que le prince de Condé est passé au service de l'Espagne, le jeune Vauban, lors d'une patrouille, face aux armées royales fit sa capitulation , mais avec les honneurs il n'est pas démonté, on l'autorise à garder ses armes et il est conduit au camp de Mazarin, qui le fait comparaître, l'interroge et se montre séduit par ce Morvandais râblé et trapu, vigoureux, plein de vie, à la vivacité d’esprit et la repartie remarquable. Le cardinal ministre n’a, semble-t-il, aucune peine à le « convertir. Vauban change de camp. C’est là un décisif déplacement de fidélité : il passe de la clientèle de Monsieur le Prince à celle de Mazarin, c’est-à-dire à celle du roi

Au service du roi

Il se trouve bientôt placé comme volontaire auprès de Louis Nicolas de Clerville, ingénieur et professeur de mathématiques, chargé du siège de Sainte-Menehould la ville qui avait vu Vauban se distinguer dans l’armée rebelle. La ville capitule le 25 novembre 1653, et Vauban, chargé de réparer cette place forte, est nommé lieutenant au régiment d’infanterie de Bourgogne, bientôt surnommé le régiment des repentis, car il recueillait beaucoup d’anciens frondeurs de la province.
Dans les années qui suivent, placé sous la tutelle du chevalier de Clerville Colbert créa pour lui la charge de Commissaire général des fortifications, il servit en Champagne et participa à de nombreux sièges : notamment Stenay siège dirigé par le marquis Abraham de Fabert d'Esternay, une place forte lorraine que le prince de Condé avait obtenue, en 1648, en contrepartie de l’aide qu’il avait apportée à l’État royal, pour en jouir souverainement comme en jouissait Sa Majesté elle-même ». Pour le jeune roi, qui venait d’être sacré à Reims, le 14 juin, prendre Stenay, c’est, d’une certaine manière, outre accompagner l’onction divine d’un sacre militaire, achever la Fronde par la prise de cette ville au centre du territoire contrôlé par le prince de Condé. Le siège dura trente-deux jours et Vauban est assez sérieusement blessé au neuvième jour du siège. Rétabli, il est chargé de marquer l’emplacement où le mineur placera sa mine et il est à nouveau blessé, cette fois-ci par un coup de pierre alors que les assiégés allumaient un grand feu au pied du bastion de la gauche, devant le trou du mineur, qui l’en chassa sans retour. La ville est finalement prise en présence de Louis XIV, le 6 août.
Au lendemain de ce siège, il est promu capitaine ce qui lui vaut une solde de 50 livres, que lui verse chaque mois le trésorier des fortifications au titre de sa fonction d'ingénieur ordinaire, puis il participe au secours d’Arras août 1654, au siège de Clermont-en-Argonne novembre 1654, à la prise de Landrecies juin-juillet 1655 – il est fait alors ingénieur ordinaire du roi par brevet du 3 mai 1655, alors qu’il a vingt-deux ans. L’année suivante, en 1656, il participe au siège de Valenciennes juin-juillet, qui voit l’affrontement des troupes de Turenne pour le roi et de Condé pour les Espagnols. Vauban, blessé au début du siège, a porté un jugement sévère sur cette opération la ville fut obligée de se rendre, faute de vivres, dans son Mémoire pour servir d’instruction à la conduite des sièges. C’est, pour lui, une des opérations les plus mal dirigées par Monsieur de la Ferté auxquelles il ait participé :
Il n’est pas concevable combien les Français y firent de fautes ; jamais les lignes ne furent plus mal faites et plus mal ordonnées, et jamais ouvrage plus mal imaginé que la digue à laquelle on travailla prodigieusement pendant tout le siège, et qui n’était pas encore achevée lorsqu’on fut obligé de le lever.
Puis, en juin-juillet 1657, c’est le siège de Montmédy, en présence du roi, où Vauban est de nouveau blessé : ce fut un siège long – quarante-six jours de tranchée ouverte – particulièrement coûteux en vies humaines.
Vauban évoqua ce siège dans son Traité de l’attaque des places de 1704 :
Il n’y avait que 700 hommes de garnison qui furent assiégés par une armée de 10 000 hommes, que de quatre ingénieurs que nous étions au commencement du siège, destinés à la conduite des travaux, je me trouvais le seul cinq à six jours après l’ouverture de la tranchée, qui en dura quarante-six ; pendant lesquels nous eûmes plus de 300 hommes de tués et 1 800 blessés, de compte fait à l’hôpital, sans y comprendre plus de 200 qui n’y furent pas ; car dans ces temps là, les hôpitaux étant fort mal administrés, il n’y allait que ceux qui ne pouvaient faire autrement, et pas un de ceux qui n’étaient que légèrement blessés ; il faut avouer que c’était acheter les places bien cher…
Il a critiqué avec force la manière dont ce siège sanglant a été mené : elle la citadelle pouvait être emportée en quinze jours si elle eût été bien attaquée. Désormais, et ce sera son obsession tout au long de sa carrière militaire, il fera tout pour épargner le sang des hommes : Il ne faut tenir pour maxime de ne jamais exposer son monde mal à propos et sans grande raison.
Il est encore à Mardyck en septembre 1657, à Gravelines dans l’été 1658, puis à Oudenarde, où il a été fait prisonnier, libéré sur parole, puis échangé. Il est enfin à Ypres, en octobre, sous les ordres de Turenne. La ville est rapidement enlevée, ce qui lui vaut un nouvel entretien avec Mazarin, que Vauban rapporte ainsi : Il le gracieusa fort et, quoique naturellement peu libéral, lui donna une honnête gratification et la flatta de l’espoir d’une lieutenance aux gardes. En fait, cette promotion se fera attendre comme bien d’autres promotions… : contrairement aux promesses de Mazarin, il ne sera nommé lieutenant aux gardes que dix ans plus tard, en 1668.
À vingt-cinq ans, il a déjà le corps couturé de multiples blessures, mais sa bravoure et sa compétence sont reconnues, notamment par Mazarin.

La vie familiale

Après la paix des Pyrénées le 8 novembre 1659 – il a alors vingt-sept ans -, un congé d’un an lui permet de rentrer au pays pour épouser le 25 mars 1660, une petite parente, demi-sœur de cousins germains, Jeanne d’Osnay ou d’Aunay, fille de Claude d'Osnay baron d'Epiry. Elle a 20 ans et est orpheline de mère, le jeune couple s'installe dans le château d'Epiry. À peine marié depuis deux mois, Vauban est rappelé par le service du roi pour procéder au démantèlement de la place forte de Nancy rendue au duc de Lorraine. En fait, par la suite il ne revit plus sa femme, que le temps de brefs séjours (en tout, pas plus de trois ans et demi soit 32 mois sur 44912!) et lorsque Jeanne, en juin 1661 met au monde une petite fille, Charlotte, son mari est à Nancy.
Mais ces rares séjours dans ses terres morvandelles, il y tient par dessus-tout, comme il l’explique au printemps 1680 :Le roi ne pouvait me faire un plus grand plaisir que de me permettre d’aller deux mois chez moi, même si la saison est peu propice à séjourner dans un si mauvais pays que le mien, j’aimerai beaucoup mieux y estre au cœur des plus cruels hivers que de ne point y aller du tout.
Un de ses plus longs séjours à Bazoches eut lieu en 1690 : le roi l’autorisa à y rester presque toute l’année pour soigner une fièvre et une toux opiniâtres. Mais même à Bazoches, il ne cesse de travailler : tout au long de l’année 1690, Louvois lui adressa de multiples mémoires…
Sa femme lui donnera deux filles survivantes la progéniture mâle a prématurément disparu, ce qui fut un drame intime pour Vauban :
Charlotte, née en juin 1661, épousera, le 26 mars 1680, en l’église d’Epiry, en Morvan, Jacques-Louis de Mesgrigny, neveu de Jean de Mesgrigny, grand ami de Vauban, compagnon de siège, ingénieur, lieutenant général et gouverneur de la citadelle de Tournai. Jean-Charles de Mesgrigny, comte d’Aunay 1680-1763, fils de Charlotte Le Prestre de Vauban et de Jacques de Mesgrigny, reçut les papiers de Vauban en héritage dont les manuscrits des Oisivetés, désormais dans la famille de Louis Le Peletier de Rosanbo, président à mortier au parlement de Paris et héritier de Charlotte de Mesgrigny dans la mesure où il a épousé sa fille unique, Marie-Claire Edmée de Mesgrigny, en 1738. Les manuscrits sont aujourd’hui conservés dans le château familial de Rosanbo dans les Côtes d’Armor et microfilmés aux Archives nationales. Le couple eut 11 enfants et un seul Jean-Charles eu une descendance avec deux filles et un garçon. Seule Marie-Claire Aimée de Mesgrigny fut la seule à survivre. Elle est née vingt-cinq ans après la mort. Elle épouse en 1738 Louis Le Peletier de Rosambo, et de cette union naissent trois enfants.
Jeanne-Françoise, la cadette se mariera, le 8 janvier 1691, en l’église Saint-Roch de Paris, avec Louis Bernin, marquis de Valentinay, seigneur d'Ussé, apparenté au contrôleur général des finances Claude le Pelletier, à deux intendants des finances, à des membres de la cour des comptes et à des trésoriers généraux des finances. Ce qui rapproche Vauban du monde des officiers de la finance et des parlementaires. Vauban séjournera souvent à Paris dans le faubourg Saint-Honoré, chez sa fille, tout en ne cessant de demander au roi une maison parisienne. Elle meurt bizarrement à 35 ans au château de Bazoches et son fils unique Louis Sébastien Bernin de Valentinay meurt en 1772 sans enfant.
D’autres unions, de sa part, et passagères, engendreront une demi-douzaine d’enfants naturels, parsemés le long de ses voyages dans les provinces du royaume (sur ce sujet, nous disposons d’un testament émouvant dans lequel il prévoit de laisser des sommes d’argent aux femmes qui disent avoir eu un enfant de lui. Il lègue la coquette somme de 14,000 livres à cinq jeunes femmes avec enfants Grand voyageur, il fait des journées de 30 à 35 kilomètres chacune, avec une record de 250 jours en 1681, grande année d'inspection durant laquelle il parcourt 7 500 kilomètres, à cheval ou dans sa basterne, une chaise de poste qui serait de son invention et suffisamment grande pour pouvoir y travailler avec son secrétaire.

Ingénieur royal : le preneur de villes

Ingénieur militaire responsable des fortifications

Ses talents sont alors reconnus et le 3 mai 1655, à l'âge de 22 ans, il devient ingénieur militaire responsable des fortifications» et, en 1656, il reçoit une compagnie dans le régiment du maréchal de La Ferté. De 1653 à 1659, il participe à 14 sièges et est blessé plusieurs fois. Il perfectionne la défense des villes et dirige lui-même de nombreux sièges. En 1667, Vauban assiège les villes de Tournai, de Douai et de Lille, prises en seulement neuf jours. Le roi lui confie l'édification de la citadelle de Lille qu'il appellera lui-même la "Reine des citadelles". C'est à partir de Lille qu'il supervise l'édification des nombreuses citadelles et canaux du Nord, lesquels ont structuré la frontière qui sépare toujours la France de la Belgique. Il dirige aussi le siège de Maastricht en 1673. Enfin, il succède le 4 janvier 1678 à Clerville au poste de commissaire général des fortifications.

1673. Le siège de Maastricht

Maastricht était une place stratégique, située au confluent du fleuve Meuse et de son affluent la Geer, protégée par d’importantes fortifications et d’énormes travaux extérieurs l’enserrant dans une quadruple ceinture de pierres. L’effectif des assiégeants se montait à 26 000 fantassins et 19 000 cavaliers. L’artillerie disposait de 58 pièces de canon, un chiffre énorme pour l’époque, et les magasins renfermaient pour plus de dix semaines de vivres et de munitions. Jamais un aussi grand appareil de forces n’avait été déployé en vue d’un siège. Et pour la première fois, la direction supérieure des travaux était soustraite aux généraux et confiée à un ingénieur : Vauban, qui avait sous ses ordres le corps du génie tout entier et il était entièrement responsable de la conduite de tous les travaux du siège. Appuyé sur le corps du génie, il inaugure un nouveau mode d’approche des prises de places. Tout alors fut différent : jusqu’alors, les travaux d’approche consistaient en une tranchée unique fort étroite, derrière laquelle s’abritaient les travailleurs, mais qui ne donnait pas aux troupes un espace suffisant pour se mouvoir, et provoquait de terribles boucheries. “ Du temps passé, écrit dans ses Mémoires le comte d’Aligny, alors officier aux mousquetaires, c’était une boucherie que les tranchées ; c’est ainsi qu’on en parlait. Maintenant, Vauban les fait d’une manière qu’on y est en sûreté comme si l’on était chez soi ”. Vauban rationalisa, en effet, le procédé d'attaque mis au point par les Turcs lors du long siège de Candie qui s'acheva en 1669.

Les douze phases du siège

L’ensemble du siège, union de tactiques traditionnelles et nouvelles, se décompose en douze phases :
- Phase 1. Investissement de la place. Il faut agir rapidement et par surprise. L'armée de siège coupe la place en occupant toutes les routes d'accès et en la ceinturant rapidement de deux lignes de retranchement parallèles un vieux procédé, mis au point par les Romains.
- Phase 2. Construction de deux lignes de retranchement autour de la place investie :
Une ligne de circonvallation, tournée vers l'extérieur et qui interdit toute arrivée de secours ou de vivres et de munitions venant de l'extérieur.
Une ligne de contrevallation est construite, tournée vers la place, elle prévient toute sortie des assiégés. Elle est située environ à 600 mètres, c'est-à-dire au-delà de la limite de portée des canons de la place assiégée.
L'armée de siège établit ses campements entre ces deux retranchements.
-Phase 3. Phase de reconnaissance. Intervention des ingénieurs assiégeants qui effectuent des reconnaissances pour choisir le secteur d'attaque qui est toujours un front formé de deux bastions voisins avec leurs ouvrages extérieurs (demi-lune, chemin couvert et glacis. Il faut souligner le rôle des ingénieurs dans cette phase et l'importance des études de balistique, de géométrie, de mathématiques. On oublie parfois que les premiers travaux de l'académie des sciences, fondée par Colbert en 1665, furent consacrés à des études qui avaient des relations directes avec les nécessités techniques imposées par la guerre. Colbert suscita ainsi, en 1675, des recherches sur l'artillerie et la balistique afin de résoudre la question de la portée et de l'angle des tirs d'après les travaux de Torricelli qui prolongeaient ceux de Galilée. L'ensemble aboutit à la rédaction du livre de François Blondel, L'art de jeter les bombes, publié en 1683. Depuis 1673, l'auteur donnait des cours d'art militaire au Grand Dauphin.
- Phase 4. Travaux d'approche. Cette fois, il s’agit des nouveautés introduites par Vauban. Les travaux d’approche s'effectuent à partir de la contrevallation et ils se présentent sous la forme de deux tranchées et non plus une seule creusées en zig zag ce cheminement brisé évitant les tirs d'enfilade des assiégés qui s'avancent progressivement vers les deux saillants des bastions en suivant des lignes qui correspondent à des zones de feux moins denses de la part des assiégés. Vauban s'inspire des tranchées en zig zag utilisées par les ottomans sous la direction d'un ingénieur italien au siège de Candie, les multiplie et les rationalise .
- Phase 5. Construction d'une première parallèle ou place d’armes. À 600 mètres de la place limite de portée des canons, les deux boyaux sont reliés par une première parallèle au front attaqué, appelée aussi place d’armes, qui se développe ensuite très longuement, à gauche et à droite, jusqu'à être en vue des faces externes des deux bastions attaqués et de leurs demi-lunes voisines. Cette première parallèle est une autre innovation de Vauban, inspirée d’une technique turque au siège de Candie. Pelisson écrit que Vauban lui a avoué qu’il avait imité des Turcs dans leurs travaux devant Candie Lettres historiques, III, p. 270 La parallèle a plusieurs fonctions :
Relier les boyaux entre eux, ce qui permet de se prêter renfort en cas de sortie des assiégés sur l'un d'entre eux, et de masser à couvert des troupes et du matériel.
Placer des batteries de canons qui commencent à tirer en enfilade sur les faces des bastions et des demi lunes choisies pour l'assaut.
Le système des parallèles, fortifiées provisoirement, a l'avantage de mettre l'assaillant à couvert pour l'approche des défenses.
Louis XIV, lui-même, en témoigne, dans ses Mémoires :
La façon dont la tranchée était conduite, empêchait les assiégés de rien tenter ; car on allait vers la place quasi en bataille, avec de grandes lignes parallèles qui étaient larges et spacieuses ; de sorte que, par le moyen des banquettes qu’il y avait, on pouvait aller aux ennemis avec un fort grand front. Le gouverneur et les officiers qui étaient dedans n’avaient encore jamais rien vu de semblable, quoique Fargeaux [le gouverneur de Maastricht] se fût trouvé en cinq ou six places assiégées, mais où l’on n’avait été que par des boyaux si étroits qu’il n’était pas possible de tenir dedans, à la moindre sortie. Les ennemis, étonnés de nous voir aller à eux avec tant de troupes et une telle disposition, prirent le parti de ne rien tenter tant que nous avancerions avec tant de précautions.
- Phase 6. La progression des deux tranchées. Elle reprend, jusqu'à 350 mètres de la place, distance où l'on établit une deuxième parallèle tout à fait comparable à la première et jouant le même rôle.
- Phases 7, 8, 9. Progression à partir de la construction de trois tranchées : les deux précédentes, plus une nouvelle, suivant l'axe de la demi lune visée. Plus construction de tronçons de parallèles qui servent à faire avancer au plus près des canons.
- Phase 10. Tirs à bout portant sur les escarpes parois des fossés et les bastions pour les faire s'effondrer et pratiquer la brèche qui permettra l'assaut.
- Phase 11. Ouverture de la brèche par mine. Il s'agit là d'un travail de sape, long et dangereux pour les mineurs spécialisés dans ce type d'ouvrage.
- Phase 12. Assaut. Montée à pied sur l'éboulement de la brèche au sommet de laquelle on établit un "nid de pie" pour être sûr de bien tenir. À ce stade, le gouverneur de la place assiégée estime souvent que la partie est perdue, et il fait battre la chamade : offre de négociation en vue d'une reddition honorable.

Qu'est-ce qu'un siège à la Vauban ?

Au total, on le voit, le siège à la Vauban est une méthode raisonnée dans laquelle l'ingénieur mathématicien coordonne tous les corps de troupe. Ce qui n’évita pas de nombreux morts d’Artagnan notamment. Parmi les ingénieurs, beaucoup sont tombés sous les yeux de Vauban : Je crois, écrivait-il à Louvois au début du siège, que Monseigneur sait bien que le pauvre Regnault a été tué roide, dont je suis dans une extrême affliction. Bonnefoi a été aussi blessé ce soir au bras. J’ai laissé tous les autres en bon état ; je prie Dieu qu’il les conserve, car c'est bien le plus joli troupeau qu’il est possible d’imaginer.

À Maastricht, Vauban innova de plusieurs manières :

Il procéda, on l'a vu, selon un système de larges tranchées parallèles et sinueuses pour éviter le tir des assiégés et permettre une progression méthodique et efficace des troupes, la moins dangereuse pour elles ;
Il ouvrit la brèche au canon ;
Il perfectionna le tir d'enfilade ;
Il multiplia les tranchées de diversion ;
Surtout, il élargit les tranchées par endroits, en particulier aux angles et aux détours, pour former des places d'armes et des redoutes d'où les assiégeants pouvaient se regrouper, de cinquante à cent soldats, à l'abri des feux des canons et des mousquets. Il put ainsi réduire la place avec une rapidité qui étonna ses contemporains Treize jours de tranchée ouverte, diminuant au minimum les pertes humaines, l'obsession qui, toute sa vie, poursuivit Vauban : la conservation de cent de ses sujets écrit-il à Louvois en 1676, lors du siège de Cambrai, lui doit être plus considérable que la perte de mille de ses ennemis.
Dans son traité de 1704, Traité des sièges et de l’attaque de places, Vauban a parfaitement décrit sa propre fonction en expliquant le rôle joué par le directeur des attaques :
Tout siège de quelque considération demande un homme d’expérience, de tête et de caractère, qui ait la principale disposition des attaques sous l’autorité du général ; que cet homme dirige la tranchée et tout ce qui en dépend, place les batteries de toutes espèces et montre aux officiers d’artillerie ce qu’ils ont à faire ; à qui ceux-ci doivent obéir ponctuellement sans y ajouter ni diminuer. Pour ces mêmes raisons, ce directeur des attaques doit commander aux ingénieurs, mineurs, sapeurs, et à tout ce qui a rapport aux attaques, dont il est comptable au général seul.
Et comme à son habitude, Vauban fit de ce siège une relation détaillée assortie de remarques critiques : il soulignait que ce siège fut fort sanglant à cause des incongruités qui arrivèrent par la faute de gens qu’il ne veut pas nommer. Et il termine par cette observation : Je ne sais si on doit appeler ostentation, vanité ou paresse, la facilité que nous avons de nous montrer mal à propos, et de nous mettre à découvert sans nécessité hors de la tranchée, mais je sais bien que cette négligence, ou cette vanité comme on voudra l’appeler a coûté plus de cent hommes pendant le siège, qui se sont fait tuer ou blesser mal à propos et sans aucune raison, ceci est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais si Dieu qui est tout puissant n’en réforme toute l’espèce.

La gloire du roi de guerre

Vauban reçut 80 000 livres, ce qui lui permit de racheter le château de Bazoches en février 1675.
Mais à Versailles, sur les peintures de la Galerie des glaces, Charles Le Brun fit du roi le seul bénéficiaire de cette victoire Masstricht, prise en treize jours dont Vauban, jamais représenté, n'était qu'un docile et invisible exécutant. Au début du mois de juillet 1673, Louis XIV écrivait à Colbert : maître d'œuvre de ce fameux siège, vantant sa prudence à régler seul les attaques, son courage à les appuyer et les soutenir, sa vigueur dans les veilles et les fatigues, sa capacité dans les ordres et dans les travaux.
Le 10 août, Vauban fit faire au prince de Condé, de passage dans la ville prise, le tour complet, par le dehors et par le dedans. Condé trouva les projets de Vauban très séduisants : Le poste me paraît le plus beau du monde et le plus considérable, et plus je l’ai examiné plus je trouve qu’il est de la dernière importance de le fortifier. M. de Vauban a fait deux dessins, le grand dessin est la plus belle chose du monde.

Commissaire général des fortifications : le bâtisseur.

Il continue à ce poste de diriger les sièges : par exemple lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, les sièges de Philippsbourg en 1688, de Mons en 1691 et de Namur en 1692. En 1694, il organise avec succès la défense contre un débarquement anglais sur les côtes de Bretagne à Camaret.
C'est la victoire de Maastricht qui pousse le roi à lui offrir une forte dotation lui permettant d'acheter le château de Bazoches en 1675. Vauban est nommé commissaire des fortifications» en 1678, lieutenant général en 1688, puis maréchal de France, en 1703. Il devint si fameux que l'on dit même : Une ville construite par Vauban est une ville sauvée, une ville attaquée par Vauban est une ville perdue.

Posté le : 30/04/2016 19:05
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Fête celtes de Beltane. 1 Mai
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Premier Mai, fête Celtes de Beltaine, Cliquez pour afficher l


c'est le passage de la saison de l'ombre à la lumière, les aubépines fleurissent, le sureau, beaucoup de fleurs blanches et ... le muguet. Beltaine ou Bealtaine, Beltane ou Beilteine, est la troisième des quatre grandes fêtes religieuses de l'année celtique. Elle marque la fin de la saison sombre et le début de la saison claire.
Beltane est un des sabbats majeurs de la tradition païenne.
Traditionnellement célébrée la nuit du 30 avril au 1er mai.
On l’appelle aussi : Fête du premier mai, Veille de mai, Roodmas, Nuit de Walpurgis, Cethsamhain, Whitsun or Old Bhealltainn, Bealtinne, Walburga, Eté celte…
Elle était en fait célébrée lors de la première floraison de l’aubépine.
Pour cette fête comme pour les toutes les autres célébrations de notre culture occidentale, nous voyons la religion catholique imposer ses fêtes en lieu et place des réjouissances, aux dates des croyances populaires païennes, polythéistes, animistes, chamanistes, etc, manifestations que la religion officielle introduite par Rome a tenté d'interdire et d'éradiquer. Les racines de l'Europe occidentale, avant d'être chrétiennes, sont Celtes. Le christianisme est une religion venue du Moyen Orient qui s'imposa en diabolisant les anciennes coutumes dites "païennes". Le christianisme a vu de nombreux saints et saintes ayant le cerf comme animal totémique, survivance du celtisme dévoyé de ses racines. Chacun sait que, selon la Légende, Merlin pouvait se transformer en cerf.

Fête de Beltane

La fête de Beltane Belteine ou Beltaine le 1er mai célèbre l'union symbolique, de la Déesse Mère et du Dieu Cerf, le dieu Bel des Celtes, devenu Bélénos et Cermunnos le cornu, divinité gauloise à la tête ornée de bois de cerf. Cette fête fait le lien avec l'été qui s'approche, elle est la fête du Feu. Beltane est un des sabbats majeurs de la tradition païenne. On l’appelle aussi : Fête du premier mai, Veille de mai, Roodmas, Nuit de Walpurgis, Cethsamhain, Whitsun or Old Bhealltainn, Bealtinne, Walburga, Eté celte ... Beltane était fêtée lors de la première floraison de l’aubépine.
La représentation, sur une plaque du chaudron de Gundestrup, du dieu aux bois de cerf, assis dans la posture bouddhique, tenant le torque d'une main, un serpent de l'autre, et entouré d'animaux, dont un cerf, laisserait à penser que Cermunnos est le Jupiter, Zeus gaulois dans l'aspect de maître des animaux.
Selon l'archiviste paléographe Anne Lombard-Jourdan, le dieu père des Gaulois auquel Jules César donne le nom d'un dieu romain, Dis pater, nom archaïque de Pluton, le dieu du monde souterrain et des richesses comme pourrait l'être Cermunnos.
Le dieu que Jules César nomme Dis pater pourrait avoir été honoré sous des formes et des dénominations variées selon des qualités divines mises en avant par les druides locaux. Il pourrait être ainsi une désignation du dieu que Jules César nomme dis pater.
Cermunnos est tantôt représenté jeune et imberbe, tantôt comme un vieillard à la barbe fournie. Il est parfois entouré d’animaux, ce qui pourrait en faire un Maître du règne animal. Le serpent à tête de bélier lui est souvent associé et bénéficiait d'une grande popularité dans toute l'Europe celtique et en Gaule, illustrant l'unité culturelle réalisée par les Celtes au terme de leur expansion. Cermunnos a été assimilé à Gwynn au Pays de galles et aussi à Herne le chasseur en Angleterre. Cernunnos est souvent représenté sur le chaudron de Gundestrap
Ces Dieux Celtes étaient fort célèbres pour leur "Chasse Sauvage", ils sortaient des Enfers ou plus simplement de la forêt accompagnés de leur meute de chiens des Enfers pendant la saison de chasse hivernale. La posture bouddhique et sa présence sur un sceau de la civilisation de l'Indus représentation d'un dieu à cornes, assis en tailleur, entouré d'animaux pourrait faire penser à une origine indo-européenne.

Histoire

Contrairement à Samonios, Beltane n’est pas la fête des trois fonctions de la société celtique. C’est une fête sacerdotale.
Beltane, Belteine ou Beltaine est la fête du feu et de la lumière.
Bel signifie "brillant" mais fait certainement référence à Belenos et Belisama, le couple brillant des Dieux gaulois. Tous deux représentent la jeunesse, le soleil et le feu.
Teine signifie "feu".
De fait, nous sommes en présence d’une fête rituelle en l’honneur du renouveau de la lumière rayonnante, la victoire du jour. Nous entrons dans la partie claire de l’année qui durera jusqu’à Samonios.
Les celtes avaient pour habitude de célébrer la nuit.
On tend à penser aussi qu’ils devaient fêter Beltane lors de la pleine de lune de mai.
Cette fête est attestée en Irlande mais aussi en Gaule.

Le feu - la tradition

Le Feu de Bel est un feu bénéfique. Les druides le créaient par leur magie et leurs incantations. Et il était d’usage en Irlande qu’ils fassent passer les troupeaux de bétail entre deux feux pour qu’ils les protègent toute l’année.
Le Feu de Beltane est un feu puissant, sacré et fort, celui qui l’allume est une personne de pouvoir. Sa fonction est loin d’être anodine…
Les druides sacrifient aussi à Beltane d’où, comme pour Samonios, l’intérêt de l’offrande aux Dieux lors de la cérémonie.
Beltaine marque une rupture dans l’année, on passe de la saison sombre à la saison claire, lumineuse, c’est aussi un changement de vie puisque c’est l’ouverture des activités diurnes : reprise de la chasse, de la guerre, des razzias, des conquêtes pour les guerriers, début des travaux agraires et champêtres pour les agriculteurs et les éleveurs.
Beltaine est la période de prédilection pour les rites de passage entre les périodes froide et chaude, entre l’obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la renaissance spirituelle.
De manière générale, Beltaine est la fête du changement du rythme de vie. Du rythme hivernal, on passe au rythme estival. La fête marque ce passage tant physiquement que spirituellement. Beltane est aussi la période de prédilection pour les rites de passage entre les périodes froide et chaude, entre l’obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la re-naissance spirituelle. Peut-être que les rites anciens d’enfermement dans les chambre des dolmens se passaient durant la nuit de Beltane. Cela demeure une excellente manière de faire l’expérience du passage. Il y a fort à parier que le lieu vous donnera des enseignements…
La tradition veut que l’on se lève avec le soleil pour cueillir des fleurs, des rameaux verts symbole de la Déesse pour servir de décoration rituelle ou pour se parer.
Une autre coutume consistait à faire passer les troupeaux entre deux feux, dans lesquels brûlaient si possible des branches de chêne. Le bétail était alors protégé des épidémies jusqu'à l'année suivante, et on pouvait l'emmener paître dans les prés. On sautait entre deux feux pour s’assurer une bonne destinée, un bétail en bonne santé, de la prospérité, et la fertilité au sens propre comme au figuré. Les gens dansaient pour célébrer le retour du soleil, de la nature fertile et vivante, les espoirs réalisés etc. Ils se promenaient aussi avec des torches pour encourager le soleil à continuer son ascension en réchauffant la Terre.
Les feux de Beltane ont des vertus purificatrices et fertilisantes.

La lumière et le feu

Beltane est nous le voyons la période de prédilection pour les rites de passage entre les périodes froide et chaude, entre l’obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la re-naissance spirituelle. Peut-être que les rites anciens d’enfermement dans les chambre des dolmens se passaient durant la nuit de Beltane. De manière générale, c'est la fête de changement du rythme de vie. Du rythme hivernal on passe au rythme estival.
BEL signifie brillant mais fait certainement référence à Belenos et Belisama, le couple brillant des Dieux gaulois. Tous deux représentent la jeunesse, le soleil et le feu. Teine signifie feu. De fait, nous sommes en présence d’une fête rituelle en l’honneur du renouveau de la lumière rayonnante, la victoire du jour. Nous entrons dans la partie claire de l’année qui durera jusqu’à Samonios.
Cette fête est attestée en Irlande mais aussi en Gaule. Le Feu de Bel est un feu bénéfique. Les druides le créaient par leur magie et leurs incantations. Et il était d’usage en Irlande qu’ils fassent passer les troupeaux de bétail entre deux feux pour qu’ils les protègent toute l’année. Ceci ne prouve pas que Beltane est une fête agraire car le bétail était trop important pour toute la communauté celtique, cette habitude n’est qu’un détail.
On suppose que la célèbre assemblée des druides dans la forêt des Carnutes attestée par César dans La guerre des Gaules, se tenait à l’époque de Beltane. Une bonne période pour faire le point sur les objectifs de la période claire… Le Feu de Beltane est un feu puissant, sacré et fort, celui qui l’allume est une personne de pouvoir.
Beltane est l’exaltation du feu, élément druidique par excellence. BEL ou enus est un surnom de Lug vu dans son aspect de lumière, opposé symétriquement au Lug de Samain préparant dans la chaleur et la lumière des festins, à l’hiver et à l’obscurité, opposé aussi au Lug de Lugnasad, vu dans son aspect de roi suprême faisant bénéficier les hommes de la fécondité de la terre et des troupeaux. Les druides sacrifient aussi à Beltane d’où, comme pour Samonios, l’intérêt de l’offrande aux Dieux lors de la cérémonie.

Astronomie des druides

La constellation du Serpentaire, Ophiucus servait jadis chez les druides comme marqueur de l'initiation du nouvel an, c'est-à-dire au moment de l'entrée du Soleil en Scorpion. Cermunnos porte toujours des cornes de cerf car il est la constellation du Cerf liée au moment de Samain. Une des raisons de cet attribut, qui n'a rien d'une survivance totémique, est justement son rôle vernal.
Ce sont les cornes d'Elembius, signe du premier mois de l'année gauloise, mois du Bélier de notre sphère. Pour certaines raisons, cette constellation se nommait non le Bélier mais le Cerf *Elembho terme quasi identique au grec Elaphos qui a donné son nom au mois Elaphebolion.
Dans le folklore, le Cerf est lié à l'eau, et au serpent. Ce que l'on retrouve par exemple dans la mythologie nordique et le Cerf Eikhyrnirerf, épine de chêne dont les bois sont la source des sources. Le Soleil passe dans la constellation celte du Cerf, association de la constellation de la balance et du scorpion d'octobre à novembre avec l'équinoxe du soleil mourant de l'ouest, la lumière de l'eau, après Samonios, quand la pleine lune est en opposition à ce soleil et donc dans le taureau.
Beltane est l'inverse, c'est le Soleil qui est dans le taureau, et la Lune dans le Cerf, c'est l'aspect lunaire du Cerf qui s'exprime et émane ce qui éventuellement tendrait a aller vers la symbolique de l'aspect masculin de la Lune. La symbolique du Cerf est donc à prendre dans sa nature solaire. Les constellations interviennent aussi dans la roue en fonction des étoiles à l'instar du cerf, du lion, du taureau, etc., et non des animaux physiques.

Coutumes et symbolisme

En Europe avant que le 1er mai devienne la fête du travail on avait pour coutume de planter un arbre le premier mai en symbole de prospérité.
Jadis, en Angleterre, on plantait des arbres de mai dans la Terre mère en tant que symbole phallique célébrant l’union de la Déesse et du Dieu.
C’est le commencement de l’été celte. L’arbre de mai était un pin communal que l’on avait décoré lors de Yule et qui avait perdu la plupart de ces branches à cette période de l’année. On y accrochait en hauteur des rubans rouges et blancs on peut y mettre aussi des fleurs, des guirlandes de plantes etc. En effet le rouge peut représenter le Dieu du Soleil ou la Déesse dans son aspect Femme-Mère, sang/règles/perte de virginité/accouchement et le Blanc la Déesse Vierge.
Les participants prenaient un ruban rouge pour les hommes et blancs pour les femmes) et dansaient autour du mat. Les rubans tissaient ainsi une sorte de canal symbolique de la naissance entourant le mat phallique. Le tout étant l’emblème de l’Union du Dieu et de la Déesse.

C’est l’époque traditionnelle du mariage païen.

C’est en premier lieu une fête de fertilité soulignant la renaissance de nature que devient évidente. Le pouvoir des esprits élémentaires, fées, elfes, gnomes, ondines, salamandres etc. devient plus important et atteint son apogée lors de la fête du Solstice d’été.
C’est un moment magique qui, comme Samhain, voit le voile entre les mondes se lever pour nous permettre de rencontrer le petits peuples et faciliter l’entrée dans les états modifiés de conscience.

Le visage de la Déesse lors de Beltane

Le principal aspect de la Déesse à cette période est celui de la femme fertile, humide, attirante et lumineuse. La jeune fille éclatante d’Imbolc est à présent une femme prête à concevoir en son sein.
La fête de Beltane appelle à faire l’amour dans la forêt dont les énergies grisantes du printemps aiguisent les sens. La joie étant omniprésente lors de la fête, les enfants conçus cette nuit, sentiront à quel point, ils sont aimés et désirés. D’ailleurs, attention ! Si vous ne souhaitez pas concevoir cette nuit là, évitez de faire l’amour de manière rituelle, les moyens de contraceptions ont tendance à faire défaut dans cette situation.
Autrement, c’est une bonne période pour faire ensemble un enfant avec conscience et Amour, sous l’oeil protecteur de la Déesse.
Beltane peut être une bonne période pour réfléchir à notre comportement sexuel d’une manière générale. Il existe plusieurs manières de vivre sa sexualité, certainement autant que d’individus. Cependant, il est important de garder le respect de soi. A chacun de voir ce que cela signifie pour lui.
En tant que prêtresse ou prêtre, le corps est aussi le Temple de la Déesse et des Dieux, se laisser aller à avoir des relations avec de nombreuses personnes en recherchant le sexe pour le sexe, risque de ne pas vous permettre d’obtenir les résultats escomptés…
Pourtant Beltane se prête tout à fait à un moment de partage charnel qui peut ne pas déboucher sur une relation. Mais il n’est pas forcément nécessaire de vivre une histoire longue pour passer un moment d’amour physique et spirituel avec quelqu’un.
Le paganisme sanctifie l’amour physique pour diverses raisons : les centres énegétiques en ont besoin, l’esprit aussi, la libération des hormones endorphines pendant l’orgasme permettent à la fois de se libérer des tensions et de gagner en énergie, le naturel de l’acte rapproche de la nature et de notre être primordial, la magie de la conception d’un enfant : le fruit de l’amour et du partage…etc.
En somme, les rituels de Beltane seront axés sur l’offrande aux Dieux Belenos et Belisama, à la Déesse en général, sur les rituels de prospérité de chance et de réussite pour l’année claire et donc active qui vient, sur les rites de fertilité, les rites de passage adolescence, premiers sangs, unions/mariages etc., les rites d’initiation divers etc.

Les déités à célébrer :

Flora : déesse romaine des fleurs
Diane : déesse de la Lune
Pan : le dieu grec des bois et de la fertilité

Plantes

Les fleurs du moment, celle qu’on trouve dans la forêt à cette période.
Jacinthe des bois, rose, souci, maguerite, primevère, lila, muguet, violette, campanule, bouton d’or, arbres fruitiers, bouleau, romarin, aubépine, toutes les plantes en fleurs à ce moment de l’année...

Encens

Utilisez la base verveine/oliban citée pour la fête de Samonios, y ajouter de l’aubépine en fleur, de l’écorce de chêne, des fleurs de pommier séchées, du jasmin, des feuilles d’orties séchées etc.
Encens de Beltane :

3 parties d’oliban
1 partie d’aspérule odorante
1 parties de pétales de rose
quelques gouttes d’huile de jasmin
quelques gouttes d’huile de Néroli

ou :

4 parties d’oliban
½ parties d’oseille sauvage
1 parties de fleurs d’aubépine
½ parties de fleurs de primevères
½ parties de fleurs de pommier
1 parties d’écorce de chêne (vert ou blanc)

Couleurs de la fête de Beltane

Le Blanc, le vert, le rose, le jaune, le rouge etc.

Idée de décoration

Une très grosse chandelle décorée avec des rubans roses, verts, jaunes et mauves.
Une couronne de fleurs, comme des marguerites.
Les fleurs appropriées sont les fleurs sauvages du printemps comme les violettes, les primeroses et les boutons d'or.
Une très jolie invocation aux 4 éléments :

Nourriture

Lait, Miel, Fraises, avoine.
Amandes, asperges, orties, laitues, carottes et tout ce qui est à maturité au jardin ou en vente chez les producteurs bio de qualité (éviter les tomates d’Espagne et autres fruits ou légumes qui n’est pas de saison)


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Posté le : 30/04/2016 15:20
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Recette pour la fête de Beltane 1 Mai
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Recettes

Pains de Beltane

Recette de Ann Moura Aoumiel
Préchauffez le four à 190 °C et mélangez :
4 tasses de farine tamisée
1/2 tasse d’amandes
2 tasses de sucre
1 tube de pâte d’amande (vous pouvez aussi la faire !)
1/2 cuillère à café de bicarbonate de soude ou de levure à gâteau
1 cuillère à café de cannelle
5 œufs
Quand la pâte est bien travaillée et presque molle, faites-en des boules applaties et mettez les sur une plaque à biscuits non graissée. Laissez cuire jusqu’à ce que les biscuits soient dorés, environ 20 minutes. Glacez avec une croix solaire blanche. Vous pouvez aussi ne faire qu’une miche de pain.
Ann Moura Aoumiel “Green Witchcraft: Folk Magic, Fairy Lore & Herb Craft.

Oeufs au yaourt et à la moutarde

Pour 4 personnes
Oeufs
Gousses d’ail
Un Yaourt
Citron
Cuillère à Café de Sauce à la moutarde
Cuillère à Soupe de feuilles de menthe fraîche
Pincée de Cayenne
Sel
1.Dans un mortier, écraser l’ail et les feuilles de menthe
2.Ajoutez le yaourt, 1 cuillère à café de jus de citron, la sauce à la moutarde – vinaigrette fortement moutardée – le piment rouge et le sel, puis mélangez bien l’ensemble jusqu’à obtenir une sauce homogène. Réservez.
3.Pochez les œufs : placez sur le feu une casserole large contenant 1 litre d’eau, le jus d’½ citron et ½ cuillère à café de sel.
4.Dès que ce mélange arrive à ébullition, cassez les œufs dans une assiette et glissez-les délicatement dans l’eau, un par un. Au fur et à mesure que les blancs d’œufs prennent – 3 min environ, pêchez-les à l’aide d’une écumoire, puis posez-les sur un papier absorbant.
5.Coupez un peu les bavures. Servez les œufs dans une terrine, après les avoir nappés de la préparation réservée.

Asperges à la fontenelle

Pour 4 personnes:
1,500 kg d’asperges
4 œufs
200 gr de beurre
Sel, poivre
Ciboulette.
1.Pelez les asperges, faites-les cuire à l’eau bouillante salée 20 mn environ cela dépend de leur grosseur, vérifiez souvent leur cuisson; elles sont à point quand la pointe cède sous une légère pression des doigts.
2.Pendant ce temps, faites cuire les oeufs à la coque 3 a 4 mn à l’eau bouillante.
3.Faites fondre le beurre doucement, assaisonnez-le et ajoutez la ciboulette.
4.Egouttez les asperges lorsqu’elles sont cuites.
Chaque personne reçoit un oeuf et une coupelle de beurre fondu, il se sert des asperges trempées dans du beurre comme de mouillettes pour manger l’oeuf.

Crème de cresson au poulet

Pour 6 personnes
Cresson : 500 g
Blancs de poulet : 200 g
Beurre : 90 g
Farine : 40 g
Lait : 80 cl
Bouillon de volaille : 1/2 verre
Crème fraîche : 20 cl
Sel,
poivre
1.Faites cuire le blanc de poulet à la vapeur pendant 10 min. Découpez-le en petits cubes et réservez au chaud.
2.Lavez soigneusement le cresson et faites-le étuver pendant 5 min dans une poêle avec 50 g de beurre. Faites fondre 40 g de beurre dans une casserole à fond épais.
3.Quand il mousse, jetez 40 g de farine et remuez jusqu’à ce que le mélange se détache des parois de la casserole.
4.Versez alors le lait et cuire sur feu moyen, sans cesser de remuer, jusqu’à épaississement.
5.Ajoutez le cresson et poursuivez la cuisson 15 min.
6.Passez au mixeur, puis ajoutez le bouillon de volaille, la crème fraîche, sel et poivre. Répartissez la crème dans les assiettes et parsemez de cubes de blancs de poulet.
7.Servez immédiatement avec des tranches de pain grillées.

Gratin de laitues

2 laitues par personne
25 gr de lard fumé
25 gr de fromage rapé
Sel,
poivre.
1.Lavez soigneusement les laitues en écartant les feuilles mais en les laissant entières, égoutez-les assez longtemps.
2.Faites fondre du beurre dans une cocotte, rangez-y les laitues. Salez, poivrez, couvrez, laissez cuire à petit feu à l’étouffée.
3.Pendant ce temps, coupez le lard en minuscules bâtonnets, blanchissez-les.
4.Beurrez un plat allant au four, garnissez-le avec les laitues en les pressant pour qu’elles gardent le moins de jus possible, ajoutez les lardons.
5.Faites réduire le jus des laitues au maximum, versez-le sur le plat. Ajoutez le fromage râpé, faites cuire 20 minutes au four.

Gâteau de mariage Wiccan

Recette de Gerina Dunwich
1 tasse de beurre
1 tasse de sucre
1/2 tasse de miel
5 oeufs
2 tasses de farine
2 cuillère à café écorce de citron râpée
2-1/2 cuillère à café de jus de citron
1 cuillère à café d’eau de rose
une pincée de basilic
6 feuilles fraîches de géranium rose
1.Dans un grand saladier, écrémez le beurre et le sucre pour obternir un pâte légère et douce.
2.Ajoutez le miel et mélangez bien.
3.Ajoutez les oeufs, un par un, en battant bien après chaque œuf.
4.Ajoutez la farine petit à petit et mélangez complètement avec une grosse cuillère en bois.
5.Remuez le tout avec l’écorce et le jus de citron, l’eau de rose et la pincée de basilic (herbe de l’amour).
6.Tapissez le fond du moule à gâteau beurré avec les feuilles de Géranium et mettez-y la pâte.
7.Faites cuire le gâteau dans un four préchauffé à 180°C pendant 1h15.
8.Sortez-le du four une fois cuit et laissez le reposer 20 minutes avant de le démouler. Vous pouvez ajouter un glaçage ou saupoudrer de sucre avant de servir.

{Gerina Dunwich “Wicca Craft: The Modern Witch’s Book of Herbs, Magick, and Dreams”)

Sablés à l’avoine

3/4 tasse de farine
2/3 tasse de gruau d’avoine
1/2 tasse de fécule de maïs
1/2 tasse de sucre glace
3/4 tasse de beurre ramolli
1.Mélangez la farine, le gruau, la fécule et le sucre glace dans un saladier.
2.Avec une grande cuillère, incorporez le beurre.
3.Travaillez avec les mains pour obtenir une pâte molle et lisse; formez une boule.
4.Si nécessaire, réfrigérez 30 minutes ou jusqu’à ce qu’elle se manipule facilement.
5.Abaissez (étendre la pâte au rouleau, à l’épaisseur voulue) la pâte à 5mm d’épaisseur.
6.Découpez à l’emporte-pièce. Placer sur des plaques à biscuits non graissées.
7.Enfournez à 150 °C, de 15 à 25 minutes ou jusqu’à ce que les bords soient légèrement dorés
Le temps dépend de la grosseur des biscuits. Retirer et laisser refroidir complètement sur une grille.


Posté le : 30/04/2016 14:55
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Défi du 1er mai
Plume d'Or
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Chères Loréennes et chers Loréens,

Vous avez mis au point la machine à remonter le temps.
Oh, malgré les quelques réglages qu'il vous reste à faire, et avec beaucoup de risques, vous décidez de faire un petit tour dans le passé.
Vous avez choisi une époque précise qui répond à vos attentes. Mais voilà, les choses ne se passent pas comme vous le vouliez.
Vous atterrissez dans une période loufoque hors du temps et dans tout les temps.
Visiblement votre machine n'est pas au point et mérite quelques réglages.
Il vous faut revenir maintenant!

Racontez nous votre périple dans ce monde loufoque et votre retour, si vous l'envisagez bien sûr.
Soyez poète, romancier, nouvelliste ou journaliste. A votre convenance!

Economisez vous! N'oubliez pas que c'est la fête du travail!

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 30/04/2016 12:04
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Re: Défi du 23 avril 2016
Plume d'Or
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Cher Serge,

Merci pour ton message bienveillant et amical.

Ah le Faugères! Ce vin me parle au coeur mon ami. Le Faugères fut le vin qui inonda les tables lors de mon mariage avec la Dame de mes pensées.
Ce vin a été et sera toujours présent dans ma cave.

Porte toi mon ami et prend bien soin de toi.

Je te souhaite un magnifique week end au milieu des tiens.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 30/04/2016 11:55
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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