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Les fermiers guillotinés 3
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Bail Alaterre 1768

Pour autant le bail Alaterre n'est porté qu'à 132 millions, soit une augmentation de 12 millions. Mais le trésor exigeait une avance de 92 millions. Les fermiers consentirent à cette nouvelle exigence et constituèrent un fonds d'avance de 93,6 millions de livres, se décomposant en 72 millions d'avances dans le bail Prévost les cautions des deux baux étaient les mêmes, de 20 millions versés au trésor dont ils devaient être remboursés par fraction égale sur chacune des six années du bail. Fragilisé par la suspension des paiements de ses billets en 1759, la Ferme ne pût faire face à ses engagements et en février 1770 il fallut ordonner la suspension indéfinie du paiement des billets des fermes. Cette mesure fut modifiée en novembre suivant par un remboursement annuel par tirage au sort dans la limite de 3,6 millions de livres. Les produits restèrent soutenus sur la période mais diverses mesures prises par le pouvoir royal et notamment la retenue des deux dixièmes du bénéfice du bail imposées au mépris de l’engagement initial ont grandement diminué les profits. Lavoisier ne donne pas de chiffres, mais à partir de ses précisions on peut évaluer le bénéfice de chaque fermier entre 170 et 260 000 livres.

Bail David 1774

C'est une ferme lourdement endettée que celle issue du bail David. Le remboursement des billets à ordre antérieurs représente une charge, sur les 6 années du bail de 21,6 millions de livres. L'abbé Terray impose par ailleurs des conditions très dures pour le nouveau bail. Il est amputé des droits de greffes, des revenus fixes du domaine de la couronne et de diverses catégories d'aides représentant un montant de l'ordre de 8 millions de livres, néanmoins le prix annuel du bail est fixé à 152 million en augmentation de 20 millions sur le précédent. Les fermiers constituèrent un fonds de 93,6 millions soit 1 560 000 livres par part. Le bail du 2 janvier 1674 a enfin été modifié par un arrêté du 20 du même mois imposant aux fermiers un partage des bénéfices calculé après imputation de tous les frais y compris les intérêts que se versaient les fermiers sur leur cautionnement: Revenait ainsi au trésor :
50 % sur les 4 premiers millions
40 % entre 4 et 8 millions
30 % de 8 à 12 millions
20 % au delà de 12 millions

La Ferme après 1780

En 1780 la Ferme est démembrée . L’arrêté de règlement du 9 janvier 178034 crée, à côté de la Ferme générale, deux autres régies, l’Administration générale des domaines et droits domaniaux et la Régie générale des aides, la Ferme générale ne conservant que la perception des traites, des gabelles et des produits du tabac. Le produit en représentait en 1780 environ 80 millions35 il est de 101 millions dans les résultats de 178736. Compte tenu de cette évolution le nombre de fermiers est ramené à 40.

Le bail Salzard 1780 - 1786

Le bail Salzard du 27 mars 1680 est néanmoins arrêté à la somme annuelle de 126 millions de livres. La progression des produits par rapport au bail David est de l'ordre de 40 millions par an. Au-delà des 126 millions, les bénéfices sont partagés par moitié entre le roi et les fermiers. Les fermiers doivent constituer un fonds de 1 560 000 par part soit 62, 4 millions, toutefois une 41 e place est créée le roi disposant de la possibilité d'y admettre les cadres de la Ferme qu'il aura choisi et qui cotiseront au fonds à hauteur des droits qu'il leur aura consenti et percevront la quote-part des bénéfices correspondants qui seront donc divisé en 41 parts. Le fonds ainsi créé est donc de 63,96 millions de livres. article XII
Le nouveau bail prévoyait une avance au trésor de 30,9 millions de livres, à titre de prêt et d'avance ou de cautionnement article XIII, la nouvelle compagnie doit poursuivre par ailleurs le remboursement des bons dont le paiement avait été suspendu en 1770, à raison de 3,6 millions par année..
Les tarifs furent augmentés uniformément d'1/10 par un édit de 1781 qui produisit environ 11 millions de recettes complémentaires.
D'importantes évolutions accompagnent ce bail, le durcissement qui s'ensuivit dans le contrôle des entrées de Paris aggravera très significativement l’impopularité de la Ferme.

Le mur des Fermiers généraux

La barrière d'Italie dite aussi de Fontainebleau
En 1784, sur une idée de Lavoisier, les fermiers généraux, voulant arrêter les progrès toujours croissants de la contrebande, et faire payer les droits d'entrée à un plus grand nombre de consommateurs, obtiennent de Charles Alexandre de Calonne, alors contrôleur général des finances, de dresser une enceinte autour de Paris ; 54 barrières sont mises en service avant 1790. La veille du 14 juillet 1789, les parisiens s'en prennent aux barrières, plusieurs sont incendiées et le mur partiellement détruit. Le 1er mai 1791, les droits d'entrées sur paris sont abolis.

Mur des Fermiers généraux Réforme des franchises droits d'entrées

Toujours à partir d'une proposition de Lavoisier, intervint une réforme des droits d’entrées pour limiter la fraude liées aux franchises dont bénéficiaient les pourvoyeurs des Invalides, de l'École Militaire, de la Bastille et de plusieurs communauté religieuses. Lavoisier avait démontré que la consommation possible de ces divers établissements était largement inférieure aux livraisons réelles et que ce surplus profitait à des commerces qui faussaient la concurrence en vendant à bas prix. La franchise fût remplacé par une rente annuelle équivalente.

Depuis la fin de la guerre de Cent Ans, les Parisiens étaient exemptés de l'impôt direct : la taille. Ces conditions avantageuses étaient destinées à attirer de nouveaux habitants vers la capitale ravagée et dépeuplée. En revanche, la royauté institua un impôt indirect (ou aide) sur la plupart des marchandises entrant dans Paris, et ces taxes augmentèrent au fur et à mesure que croissaient les besoins du Trésor. Les plus élevées et les plus détestées de ces taxes frappaient le vin, breuvage dont les Parisiens faisaient une consommation considérable puisque, si l'on retient le chiffre élevé de 650 000 habitants dans les années 1780, on obtient une moyenne annuelle de plus de cent litres par tête. Pour échapper à ces droits qui doublaient le prix du vin, la contrebande sévissait sur une grande échelle ; les fraudeurs avaient inventé toutes sortes de moyens dont le plus original était l'emploi de larges tuyaux enterrés qui permettaient de faire passer les barriques sous la barrière de l'octroi. Cette barrière, enfermant depuis le début du siècle les vingt quartiers de Paris, s'avérait à la fois trop étroite et trop perméable. Aussi la construction d'une nouvelle enceinte aux allures de fortification fut-elle entreprise en 1786. Le mur des Fermiers généraux, long de vingt-trois kilomètres, englobait les nouveaux quartiers de l'ouest et les anciens faubourgs, encore partiellement champêtres, et où prospéraient les auberges et guinguettes. Ces établissements vendaient du vin à 3 sous, frelaté et de mauvaise qualité. La construction du nouveau mur fut donc très mal accueillie de la population et encore plus des vignerons ; les marchands de vin fomentèrent une émeute aux barrières en juillet 1789. La Constituante aurait bien volontiers maintenu les taxes qui étaient d'un bon rapport. Elles furent néanmoins abolies en 1791 devant l'opposition populaire et rétablies seulement en 1798. Le mur des Fermiers généraux ne disparut qu'en 1860 avec une partie du vieux Paris et ne laissa derrière lui qu'une mauvaise réputation et cet alexandrin anonyme : Ce mur murant Paris rend Paris murmurant. Solange Marin

Le bail Mager 1786 - 1791

Les fermiers garantissait par le bail arrêté le 8 mars 1786 un produit de 144 millions par an payable par douzième mensuel, le partage des bénéfices n'intervenant qu'au delà de 150 millions. Au-delà du douzième ils étaient autorisés à prélever une somme suffisante pour assurer à chacun d'eux une rémunération de 60 000 livres outre les intérêts de leurs fonds d'avance. Ils assuraient la gestion des droits de douanes sous le régime de la Régie.
Le bail est résilié par le décret du 20 avril 1791 avec effet rétroactif au 1er juillet 1789

Le corps des fermiers généraux

De 1726 à la fin de l'Ancien Régime il y eut 223 fermiers généraux et 71 adjoints dont 56 étaient les fils ou les neveux des titulaires. La plus grande partie d'entre eux était originaire de la moyenne bourgeoisie, médecins, officiers roturiers, marchands, receveurs des tailles etc. Avant d'entrer dans la compagnie ils s'étaient élevés dans la hiérarchie sociale. Quelques familles avaient été anoblies au XVIIe siècle. certains fermiers, nommés sous Louis XV, étaient fils de hauts magistrats, Avocats au Parlement Trésoriers Généraux ou banquiers.
Peu de fermiers étaient de basse extraction, André Haudry, était fils d'un boulanger de Corbeil, Claude Dupin, qui devint l'un des hommes les plus fastueux de son temps, était fils d'un receveur des tailles de Châteauroux. Honoré Chambon, sous fermier dans la compagnie du bail David puis fermier à partir de 1732, était un ancien commis d'un receveur des domaines, certains le disent même ancien laquais ; En raison des mises de fonds nécessaires pour espérer accéder aux fonctions, ils sont pour la moitié d'entre eux issus de milieux du milieu des manieurs d'argents . Dans ses origines, le corps des fermiers généraux n'est en définitive pas différent des autres corps de la société du XVIIIe siècle, si ce n'est son accession plus récente à la noblesse.
La liste des fermiers généraux et leurs origines et qualités de 1720 à 1751 contenue dans l'ouvrage de Barthélemy Mouffle d'Angerville confirme en tout point cette composition du corps des fermiers généraux.
Pour beaucoup de familles la ferme générale aura été une plateforme pour accéder à la noblesse de robe ou d'épée. Ainsi en 1726 plus du 1/3 des fermiers étaient roturiers, mais ils ne sont plus que 17 % en 1774 et 10 % en 1786 à la mise en place du bail Mager44Les anoblissements furent obtenus essentiellement par l'achat d'offices de secrétaires du roi.
Yves Durand note une tendance à l'endogamie professionnelle du milieu de la Ferme générale, seulement 1/3 des membres de la Compagnie n'ont aucun lien de parenté ou d'alliance avec les autres familles de la ferme. Les Fermiers ont par les alliances de leurs filles des liens avec la haute noblesse et la robe. ainsi de crée, a coté de la robe et de l'épée une noblesse de la finance, qui ne se confond pas avec le commerce

Son insertion dans le siècle des lumières

Après avoir souligné le conservatisme des fermiers généraux, d'anciennes traditions, qui constituaient le noyau dirigeant de la ferme de 1780 et … qui croyaient que chaque renouvellement de bail les rendait aliénataires, pour six ans, des impôts qu'ils devaient administrer et à la proportion desquels le gouvernement ne pouvait faire aucun changement dans cette période, Mollien porte sur les fermiers de 1780 un jugement largement positif« la très grande majorité des fermiers-généraux de 1780, par la culture de l'esprit et l"aménité des mœurs, tenait honorablement sa place dans les premiers rangs de la société française ; et plusieurs, par la direction qu'ils avaient donnée à leurs études, auraient été disposés à mieux servir l'état, même avec moins de profit
Certains fermiers, restent connus surtout pour leur faste et l"énormité de leurs dépenses, tels Claude Dupin, Etienne-Michel Bouret, auquel on attribuait un revenu de 1 500 000 livres ou encore de de Jean-Joseph de Laborde qui dépensa dans la reconstruction du Château de la Ferté-Vidame la somme insensée de 14 millions de livres. et où Il reçut Louis XV, le futur Joseph II d'Autriche et le duc de Choiseul. Mais la ferme compte aussi certaines des personnalités intellectuelles les plus brillantes du siècle des lumiéres. Claude-Adrien Helvetius, philosophe et poète français, qui entre dans la ferme en 1738, mais qui reste pour la postérité l'auteur de De l'esprit et dont le salon de son épouse accueillit les plus grandes figures du siècle des lumières, Jean Baptiste Seroux d'Agincourt, historien de l'art, auteur d'une monumentale Histoire de l’Art par les Monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu’à son renouvellement au XVI, faisant encore autorité et réédité en 2005 et peut être surtout, Antoine Lavoisier, considéré comme le père de la Chimie moderne, illustrent le haut niveau de culture que l'on pouvait trouver parmi les fermiers de la 2 e moitié du XVIIIe.
Ils auront l'appui de l'église, car catholiques par opposition aux banquiers le plus souvent protestants. Ils contribueront à l'embellissement de Paris, en s'installant dans les nouveaux quartiers de l'ouest où ils font construire de splendides hôtels particuliers, leur train de vie fastueux, leurs maîtresses, leur luxe susciteront jalousies et convoitises et sans doute plus tard contribua à la fureur qui les emportera.

Rémunérations et charges des fermiers généraux Les bénéfices

La rémunération des fermiers est constituée par la différence entre le prix du bail et les recouvrements réels. Ils percevaient en outre une rémunération fixe et se servaient un intérêts sur le montant des avances faites. Mais ce n'est qu'en se fondant sur les bénéfices du bail que ce traitement fixe et ces intérêts étaient prévus au bail, en sorte qu'en cas de perte, les fermiers devaient déduire ce qu'ils auraient reçu eau cours du bail et n'auraient d'autres ressources que ce que le bon vouloir du roi voudrait bien leur accorder pour prix de leur travail. C'est ce qui fut fait à la liquidation des baux Pointeau, et Templier pour lesquels les fermiers obtinrent du roi une indemnité globale de 800 000 et 2 000 000 livres. Cela étant, ces situations sont demeurées exceptionnelles et le plus souvent le bénéfices étaient très importants. Cette affirmation de Lavoisier demeure surprenante, le bail Pointeau a été conclu dans des conditions qui ne laissaient espérer aucun résultat positif, les fermiers qui en étaient conscient avait attiré l'attention du Contrôleur Général sur cette situation qui les assura que le roi leur tiendrait compte de leurs pertes. Il paraît étonnant qu'à ce titre, ces négociateurs avisés se soient contentés d'une gratification globale des 800 000 livres soit 200 000 livres par part pour l'ensemble de la période. des recherches complémentaires restent à faire sur les conditions réelles de clôture ces comptes des baux Pointeau et Templier.
Les évaluations du bénéfice réel des différents baux sont difficiles à établir. Si les profits des fermiers généraux ont suscité une abondante littérature, peu de travaux historiques se sont intéressés à cette question. Clamagéran, dans son histoire de l'impôt, évalue le bénéfice moyen de chaque année du bail Carlier à 11 000 000 de livres auxquels il faut ajouter le bénéfice du bail des restes passé avec les mêmes cautions, que, reprenant le chiffrage du fermier général Durand de Mezy, il évalue à 39 million de livres47. Si l'on suit ce calcul le bénéfice brut annuel moyen de chaque fermier serait de 437 500 livres. Pour sa part Lavoisier évalue les bénéfices annuels de chaque fermier du bail Henriet 1756 à 240 000 livres et celui du bail Prévost à 332 000 livres . Sur le bail Alaterne 1768, sans donner de chiffres précis, il indique que les bénéfices auraient été égaux à celui du bail Prévost sans la retenue des 2/10 e sur les bénéfices ordonné postérieurement à la signature par un arrêt du Conseil et l'augmentation des droits des fermes imposés par l'édit de novembre 1771 qui a entraîné une diminution des produits sur les droits de la ferme concernés par les augmentations les plus fortes de de 4 et 6 sols par livre. A partir de ces précisions on peut évaluer le bénéfice de chaque fermier entre 170 et 260 000 livres.
La seule évaluation connue des bénéfices du bail David est celle de Nicolas François Mollien, ancien agent du Contrôle Général des Finances, chargé à partir de 1781 de la surveillance de la Ferme Générale. Il fait état, dans ses mémoires d'une rémunération moyenne de 300 000 livres par an et par siège Elle est à prendre avec précaution, car ne reposant sur aucune donnée précise, pour autant elle ne s'écarte pas des chiffres avancés par Lavoisier sur les baux antérieurs.

Les charges

Le bénéfice de chaque fermier ne constituait pas sa rémunération nette, car chaque place était grevée de charges particulières.

Les croupes et pensions

Les fermiers généraux qui ne disposaient pas des moyens financiers pour subvenir aux besoins de leurs charges s’adjoignaient des associés qui, naturellement, participaient aux bénéfices à hauteur de leur apport.
Mais à coté de ces croupiers le roi en imposait d'autres qui n’apportaient rien mais recevaient néanmoins un dividende pris sur la part de bénéfice de la place grevée. Par ailleurs le Roi assignait parfois des pensions sur certaines parts. Mais au delà de la charge que représentaient ces pratiques pour les fermiers concernés, elles devinrent un élément de la négociation du prix du bail et contribuaient à la réduction du prix des fermes.
La liste des bénéficiaires est édifiante. Le Roi percevait le quart de deux place et la moitié dune 3e place ; l'abbé Terray possédait une croupe d'1/4 dans deux charges et une pension de 22 000 livres dans une autre ; Mme de Pompadour ; Mme Du Barry, mais encore les tantes de Louis XVI, le valet de chambre de Louis XV, une chanteuse du concert de la Reine, divers officiers des petites écuries etc. Turgot à son arrivée au pouvoir en 1774 ne peut toucher aux dispositions des baux en cours, mais il fait part, à l'avenir de son intention de n'accorder à l'avenir aucune de ces faveurs à toute personne étrangère aux fermes. Pour autant, démis de ses fonctions en mai 1776, les promesse de Turgot seront oubliées lors de la conclusion du bail David.
Le bail David était ainsi grevé d'une charge annuelle de 404 000 livres au titre des pensions et pour les croupes le bénéfice de 12,5 places soit sur la base d'un bénéfice de 100 000 livres par place une somme de 1 250 000 livres au titre des croupes. ces prélèvements représentaient 27,5 % des bénéfices totaux.
Ces croupes n'étaient pas sans inconvénients pour le bon fonctionnement de la Ferme. Dune part elle contribuait à mettre sur la place publique des pratiques que la compagnie ne souhaitait pas dévoiler, d'autre part elle compromettait la libération du fonds d'avance, à hauteur des retards ou défaut de paiement des croupiers de complaisance et pouvait compromettre la bonne gestion de la trésorerie. A ce titre Lavoisier donne cet exemple La Ferme générale ; privée d'un fonds nécessaire à ses avances, aurait été exposée à manquer à son service, si elle n'avait pas pris les précautions de retarder ses approvisionnements de tabac ; et ce retard lui a coûté plus de 1,800,000 livres par le surenchérissement des matières occasionné par la révolution des colonies anglaises de l'Amérique septentrionale

Les pots de vins

Les fermiers devaient assumer divers pots de vins soit à l'occasion de la cession ou de l'acquisition de leur charges en raison du trafic sur les brevets d'admission dans la Cie des Fermes. Le plus important était la rémunération que touchait le contrôleur des finances à la signature de chaque nouveau bail . Initialement fixé à 100 000 livres, cette pratique devint courante au renouvellement de chaque bail. L'abbé Terray exigea 300 000 livres lors de la signature du bail David en 1774 et 1 °/°° sur le montant total du bail soit une somme totale de 452 000 livres Lors des discussions pour la fixation des clauses du bail Salzard de 1780, Necker, renonça à toute forme de rémunération.

La rémunération nette

Elle reste difficile à apprécier, en reprenant les données du bail David, il ressort les éléments suivants:
Selon l’évaluation de Mollien le bénéfice des 60 parts seraient de 18 millions de livres. A déduire le 10 e d'amortissement, soit 1, 8 million, le montant des croupes sur 12,5 part soit 3,75 millions et les pension 404 000 livres et enfin le pot de vin de l'Abbé Terray 452 000 livres. Le bénéfice à répartir est donc de 12 498 000 livres soit en moyenne par part 208 300 livres.
Encore faut il tenir compte des intérêts de l'emprunt que les fermiers sont amenés à faire pour couvrir leur fonds d'avance de 1 560 000 livres ; Lavoisier estime cette somme, y compris les frais de notaire de 1,5% la première année, et sur la base d'un taux moyen de 6% à la somme de 93 600 livre. En suivant ce raisonnement la rémunération nette moyenne de chaque fermier serait de 114 700 livres.

Ce calcul appelle les observions suivantes

Les croupes, pensions représentent plus de 25 % du bénéfice brut,
21 places ne sont pas grevées de croupes, 5 seulement ne sont grevées ni de croupes, ni de pensions,
Les croupes correspondant à 2 places sont des engagements entre fermiers généraux
Tous les fermiers ne sont pas amenés à emprunter la totalité de leur fonds d'avance du fait de la continuité des cautions d'un bail sur l'autre et de la reprise des actifs du bail précédent. L’évaluation de Lavoisier ne peut s'appliquer pleinement qu'à un fermier nouvellement admis dans la compagnie et ne disposant pas d'une surface financière lui permettant de faire face à tout ou partie de son fonds d'avance. Ces situations sont l'exception.
Le calcul de Lavoisier est contestable, les avances au Trésor du bail Alaterre 92 millions, ont été, à l'exception d'une somme de 10 millions, remboursées en cours ou en fin de bail, la quasi totalité des fermiers qui se retrouvent dans le bail suivant, n'ont donc pas à faire l'avance de la totalité du fonds de 1 560 000 livres. La rémunération nette devrait avoir été plus proche de 150, voire 160 000 livres que du chiffre avancé par Lavoisier.

Organisation de la compagnie des Ferme

La Ferme Générale est la jouissance d'une partie des revenus du roi, consenti par ce dernier, sous certaines conditions, à un adjudicataire dont les cautions forment la Compagnie des fermiers généraux. Les charges, clauses et conditions de cette mise à disposition sont consignées dans un arrêt du conseil.

Nomination aux fonctions

Seules les personnes titulaires d'un brevet de Fermier Général, délivré par le roi, pouvaient faire partie de la Compagnie. Un arrêté du conseil de 1687 avait modifié le règlement de 1681 rendant libre l'accès aux fonctions.Lorsqu'une place devenait vacante, le successeur était choisi par ceux dont il allait être le collègue, mais à partir de 1707, il faut un brevet du roi. Les brevets firent l'objet de transactions multiples. Accordés à des courtisans qui n'avaient aucune intention d'exercer la fonction, ils étaient monnayés. Louis XV en fit don aux futurs gendre de son premier chirurgien pour constituer des dots à ses filles. Le roi autorisa même der fermiers à vendre leur place sous la forme de bons anonymes dont la cession faisait l'objet de "pots-de-vin".
Certains fermiers n'obtinrent leur place que grâce à l'intervention de personnes influentes auprès du roi qui, en rémunération de leurs bons offices percevaient une pension prélevée sur les profits de leur protégés.

Organisation générale

Avant 1756, les droits sur les Aides et le droit du Domaine étaient données en sous-fermes à d'autres compagnies par Généralités . Après cette date, tous les droits sont réunis en une seule, mais bien qu'il n'y ait qu'une seule compagnie, chaque partie de la Ferme avait ses préposés, ses dépenses et ses recettes séparées. Chacune de ces trois parties avaient son propre encadrement. C'est cette organisation que reprendra Necker lorsqu'en en 1780 il démembra la Ferme. Avant 1756, les droits sur les Aides et le droit du Domaine étaient données en sous-fermes à d'autres compagnies par Généralités . Après cette date, tous les droits sont réunis en une seule, mais bien qu'il n'y ait qu'une seule compagnie, chaque partie de la Ferme avait ses préposés, ses dépenses et ses recettes séparées. Chacune de ces trois parties avaient son propre encadrement. C'est cette organisation que reprendra Necker lorsqu'en en 1780 il démembra la Ferme.
Depuis 1756, la Ferme générale avait son siège principal à Paris à l'hôtel des Fermes, situé sur l'actuelle cour des Fermes. Elle disposait par ailleurs de deux autres bâtiments à Paris : l'hôtel de Bretonvilliers dans l'Ile Notre-Dame et l’hôtel de Longueville près du Louvre.

Hotel de Longueville, annexe parisienne de la Ferme Générale Les dirigeants

Le fonctionnement des services centraux s’articulait autour de trois grandes sections: Les comités Les correspondances Les tournées Les comités, au nombrhe de 26 durant la 4e année du bail David, couvraient tous les secteurs d'administration et charges de la ferme. Le plus important était celui des caisses et des frais de la Régie. On y trouvait des comités du personnel, des retraites,du contentieux, un comité pour chacun des produits de la ferme, gabelles, traites, tabacs etc;. Sous le bail David, la Régie des Aides était gérée par un comité particulier, divisé en 4 départements, placés chacun sous la direction de 2 fermiers et comportant 12 membres. La régie des domaines et droits joints comprenait 2 comités, placés sous l'autorité de M. Poujeaud. Chaque comité était placé sous l'autorité d'un président et comprenait de 6 à 20 fermiers. Les décisions des comités étaient notifiées aux services locaux par les départements de correspondance qui comprenaient plusieurs bureaux à compétence géographique; selon leur importance chaque département comprenait de 1 à 4 fermiers qui avait chacun une compétence géographique déterminée. La section des tournées comprenait les deux ou trois fermiers que désignait le Contrôleur Général des Finances pour inspecter les services de la Ferme en province. Les tourneurs avaient de très larges attributions, ils vérifiaient les caisses, le fonctionnement des bureaux et des magasins, l’état des stocks et la tenue des entrepôts et greniers à sel

Le personnel des service centraux

Dans sa monographie sur les produits des fermes, Lavoisier donne le détail des personnels de la Ferme. Les services centraux représentent 680 personnes employées L'organisation est placée sous l'autorité d'un Receveur et d'un contrôleur général, assistée de 6 contrôleurs particuliers, 4 caissiers, 8 compteurs et 10 porteurs d'argent. Sous leur autorité 43 bureaux différents, couvrant l'administration de la ferme personnel, retraites, cautionnement, contentieux et des bureaux spécialisés par mission ou produits relevant des attributions de la Ferme. A la tête de chaque bureau, l'un des 56 Directeurs, voire 2 dans les plus importants. Le service du contentieux est divisé en 2 sous directions. Chaque bureau comprend selon son importance 1 à 3 sous chef de bureau qui sont au nombre de 81. Enfin 347 commis et 52 commis principaux qui forment l'encadrement de premier niveau sont répartis dans les divers bureaux. 65 inspecteurs ou vérificateurs, attachés aux différents bureaux s'assurent de la qualité des travaux. Auprès du service du contentieux est placé un conseil comprenant 10 avocats et 1 procureur. La ferme emploie également 2 aumôniers 4 suisses, 2 portiers 1 tapissiers, 2 facteurs et 4 monteurs de bois, La Ferme est une administration particulièrement structurée tant au niveau de l'exercice de ses missions que sur le plan du contrôle interne de ses agents. Ce type d'organisation constituera le modèle des futures administrations financières qui verront le jour après 1791.

Brigadier des Fermes du Roi

Les services extérieurs Les gabelles, traites et tabacs

La gestion des gabelles traites et tabacs occupait 23554 employés dont 42 directeurs, 79 contrôleurs généraux ou inspecteurs, 85 receveurs généraux, 287 receveurs pour les gabelles,987 receveurs pour les traites, 588 contrôleurs, 453 entreposeurs et les 21118 employés de brigades, dont 352 capitaines dont le montant de la rémunération représente selon Lavoisier une dépense annuelle de près de 7 500 000 livres, soit une rémunération individuelle moyenne de 350 livres. Les brigadiers des compagnies de gabelles sont mal payés peu ou pas instruits, ils sont souvent brutaux et excessifs dans l'exercice de leurs missions. Un officier pour 60 hommes en moyenne, ne permet vraisemblablement pas un encadrement de nature à éviter les excès. C'est à ces compagnies qu'est associé le terme de gabelous et l'image la plus négative de la Ferme auprès de ses assujettis.

Les Aides, Les régies des entrées de Paris et des domaines

2440 employés assuraient la gestion des aides, dont 156 directeurs, 115 receveurs généraux, 76 sous-receveurs, 80 contrôleurs ambulants, 121 contrôleurs de villes, 1892 receveurs et commis, non comptés les buralistes. que Necker évalue à 4700. Ils percevaient de si petites rémunérations qu'ils n'acceptaient pareilles fonctions qu'en appoint de leurs autres occupations. Sous le contrôle de la ferme, elle ne les considérait pas comme faisant partie de son personnel Les entrées de Paris emploient un personnel nombreux, 655 personnes, et très divers. Lavoisier en donne le détail suivant: 1 directeur, 7 commis, 1 contrôleur général des entrées, 1 receveur général, 1 contrôleur, 1 agent pour le contentieux, 3 garçons de bureaux, 11 vérificateurs ; 1 directeur des comptes, 1 sous-chef, 3 commis, 2 vérificateurs, 1 garde-magasin de la formule, 1 inspecteur, 1 compteur, 1 timbreur, 9 distributeurs, 1 directeur de la régie des bières, 1 inspecteur, 2 contrôleurs, 7 commis aux exercices, 4 surnuméraires, 1 receveur, 2 contrôleurs, 10 commis pour l'exercice des maisons détachées, 1 inspecteur général de la jauge, 18 contrôleurs jaugeurs, 6 employés à cheval, 453 à pied, 5 contrôleurs ambulants à cheval, 5 à pied, 26 receveurs des barrières ou autres, 65 contrôleurs aux barrières, 3 portiers. La régie des domaines employait, selon Lavoisier 30 directeurs, 36 inspecteurs, 58 vérificateurs, 152 contrôleurs ambulants et 608, contrôleurs des actes. Necker fait pour sa part état de 2600 contrôleur des actes, mais pour une très grand nombre d'entre eux, ce n'était qu'une activité accessoire, peu rémunératrice et la ferme, comme les buralistes, ne les considérait pas comme des employés permanents Au total la ferme employait 680 personnes dans les services centraux, 27 533 personnes dans les services extérieurs essentiellement dans les brigades des gabelles, et de manière ponctuelle environ 5 000 buralistes et 2 000 contrôleurs des actes. L'ensemble de ces agents étaient rémunérés sur les produits bruts de l'impôt et exerçaient les droits de l'État, Ils dépendaient cependant d'une compagnie financière privée. On peut les comparer à des fonctionnaires, en charge de la mission régalienne d'assiette et de contrôle de l'impôt mis à la disposition d'une société de droit privé ; ce n'est pas le moindre paradoxe de la fiscalité d'ancien régime.

Procès des Fermiers ou procès de la Ferme

Si le XVIIIe ne connaît pas de grandes révoltes antifiscales comme sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV, l'hostilité contre l'affermage de l'impôt grandit cependant. La multiplication des octrois et la présence de plus en plus importante des gabelous a pour effet une exaspération des milieux populaires qui s'exprime dans les cahiers de doléance rédigés avant les États généraux. Ils y sont décrits comme « les sangsues du peuple, une peste qui infecte le royaume, une vermine qui dévore la nation La Ferme générale est donc l'une des principales institutions de l'Ancien Régime qui fut le plus vivement critiquée pendant la Révolution.
Les fermiers généraux en payèrent le prix sur l'échafaud : 28 d'entre eux furent guillotinés le 8 mai 1794. la question reste posée de savoir si ce procès visait des individus ou bien l'institution à laquelle ils appartenaient.

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Posté le : 06/05/2016 17:32
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Les fermiers guillotinés 4
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Les prémisses

Après la suppression de la Ferme en 1791 une commission composée de 6 fermiers et assistés de trois adjoints fut chargée de clôturer les comptes. Les difficultés de liquidation furent immenses. Le bail avait été résilié avec effet rétroactif au 1er juillet 1789, extraire des comptes les sommes comptabilisées jusqu'en avril 1791 était déjà chose quasi impossible, de plus la commission ne disposait pas de toutes les pièces.
Deux ans après sa mise en place les opérations n'étaient toujours pas terminées. À la Convention des dénonciations violentes à la tribune de Jean louis Carra et de Louis Bon de Montaut accusèrent les fermiers généraux de retards volontaires pour dissimuler des bénéfices illicites De février à juin les interventions se multiplièrent. Carra, Mais aussi Dupin,qui ne cessait de répéter qu'ils avaient détournés 30 millions dans un seul de leurs comptes, Cambon qui promit une rentrée de 200 millions de livres si on les exécutaient Il fut décidé, sur la proposition de Montaut et de Vadier le 2 juin 1793, d'apposer à titre conservatoire les scellés sur les documents des fermiers, ce qui eut pour conséquence première d’empêcher la poursuite des travaux de clôture pendant 5 mois. Cinq anciens employés de la Ferme dont Gaudot ancien Receveur indélicat qui avait été renvoyé de la ferme pour un détournement de 500 000 livres, se présentent à la convention et offrent de découvrir de grands abus dont ils affirment avoir eu connaissance. Le 27 septembre l'Assemblée décida que les 5 dénonciateurs, qui sont nommés réviseurs, auraient à constater les abus et les excès des accusés. La Convention leur promet une indemnité proportionnelle aux malversations qu'ils découvriront. Le même décret décide, dans son article III, que leurs travaux seront soumis à la vérification des commissaires à la comptabilité et désigne deux de ses membres dont Dupin, pour veiller à la bonne exécution de ces dispositions Le 24 novembre a la demande de Bourdon de l'Oise qu'ils fussent arrêtés livré au glaive le loi si leurs comptes n'étaient pas rendus au bout d'un mois » les fermiers furent emprisonnés. à la prison de Port-Libre. Le 24 décembre ils furent transférés à l'hôtel des fermes, transformés en prison et mis en possession des comptes qu'ils remirent au comité des finances en début de l'année suivante. De son coté Lavoisier rédigeait un mémoire en défense à partir des questions posées par Dupin. Dans cet exercice Dupin commence à sortir du rôle qui lui a été assigné par le décret du 27 septembre, il était chargé de veiller à la conduite des travaux par les réviseurs, à la qualité des leurs accusations et des réponses des fermiers généraux. il n'a pas à poser les questions aux prévenus à la place des réviseurs. Dès le stade de l'instruction il prend place parmi les accusateurs. Pendant les 5 mois de l'instruction, il maintiendra les accusés dans l’ambiguïté sur son rôle exact. le mémoire en défense des accusés ne sera pas remis à la commission des finances63. Le 12 janvier 1794 23 nivôse An II, Dupin fait prendre par la convention un décret préliminaire par le quel la convention déclarait qu'il était de son devoir de pas laisser s'altérer la gage national et ajoute que les biens des fermiers généraux seraient désormais placés sous la main de la nation et administrés par la régie de l'enregistrement comme ceux des émigrés , le 28 nivôse suivant la convention va encore plus loin en décidant qui mettait dans les mains de la nation les biens meubles, immeubles et revenus des Fermiers généraux que les biens de tous les fermiers des baux David, Salzard et Mager. la finalité du procès est désormais claire, il s'agit de mettre la main sur l'ensemble des avoirs des fermiers généraux. A la dissolution de la ferme en avril 1791, l'état devenait redevable des avoirs des fermiers à la clôture des comptes. Cette dette représentait une somme de plus de 48 millions de livres. Il est évident que les finances publiques des années 1793-1794 ne pouvaient faire face à une telle dépense. Le mémoire en défense ne sera pas remis aux commissaires à la comptabilité, selon les descendants et parents des fermiers exécutés, Dupin leur aurait fait valoir que la publicité de ce mémoire indisposerait contre eux le comité des finances

L'accusation

C'est lui qui sera vraisemblablement le rédacteur du mémoire des réviseurs à la commission des finances et dans son rapport a la convention lors de la séance du 16 floréal An II, non seulement il valide la totalité de leurs conclusions mais encore il accable les accusés. Le 16 floréal, Dupin sort de son rôle d'arbitre prévu par le décret du 27 septembre 1793 et intervient en tant que rapporteur du comité des finances. Son réquisitoire. repose sur 8 chefs d'accusation:
Pendant le bail David d'avoir pris des intérêts à 10 et 6% au lieu de 4% comme le prévoyait le bail;
D'avoir introduit de l'eau dans le tabac dans la proportion d'1/7 e
De ne pas avoir versé chaque mois les droits qui leur avait été donné en régie
D'avoir fait substituer à l'imposition du 10e une participation sur les bénéfices; D'avoir sollicité et obtenu une indemnité pour les produits retirés de leur bail en cours; De s'être partagé des fonds qui devaient revenir au trésor ;
D'avoir versé des gratifications extraordinaires sans fondement, au détriment du trésor
D'avoir liquidé les débets de leurs comptes avec de l'argent qui devait revenir au trésor.
Aucun de ces chefs d'accusation n'est susceptible , en admettant qu'ils soient démontrés, de constituer un crime contre l'état. Ils ne constituent que des délits de droit commun. Au moment de l'ouverture de leur procès, la compétence du tribunal révolutionnaire est ainsi définie Il sera établi à Paris un tribunal criminel extraordinaire, qui connoîtra de toute entreprise contre-révolutionnaire, de tous attentats contre la liberté, l’égalité, l’unité, l’indivisibilité de la république, la sûreté intérieure et extérieure de l’État, et de tous les complots tendant à rétablir la royauté, ou à établir toute autre autorité attentatoire à la liberté, à l’égalité, et à la souveraineté du peuple, soit que les accusés soient fonctionnaires civils ou militaires, ou simples citoyens »68 Néanmoins ce décret est adopté sans discussions.

Les inculpés

Ils sont au nombre de 39, la majorité d'entre eux 35 sont jugés entre le 16 et le 23 floréal An II. Avant cette date deux fermiers avaient été jugés et exécutés. Paul de Kolly , ancien fermier des baux David et Salzard fut jugé et exécuté le 4 mai 1793, non pour sa participation à la ferme, mais pour sa participation au complot dit de la caisse de commerce de la rue de Bussy aux fins de procurer des fonds aux frères du roi pour servir leurs projets contre révolutionnaires. le 12 prairial an II.Le 29 germinal An II 18 avril 1794 fut condamné Jean Joseph de Laborde, financier, porteur d'une demi part en association avec Dollé dans le Bail David, non pour son appartenance à la ferme, amis avec d'autres pour « correspondances et intelligence avec les ennemis de la république, pour leur fournir des secours en hommes et argent et favoriser le succès de leurs armes sur le territoire français.
Ce n'est qu'avec le procès du 16 floréal que débute les véritables procès des fermiers généraux en raison de leur appartenance à la ferme. Le 16 floréal 31 personnes sont inculpées, le 22 une mise en accusation et trois le 23 du même mois,. Après ce qui constitue le réel procès des fermiers et de la ferme, deux autres condamnations interviendront ; le 12 prairial Claude François Simonet fut condamné pour avoir été auteur ou complice des délits commis par les ex-fermiers généraux, mais aussi comme auteur ou complice de la conspiration du août 1792. Enfin le 4 thermidor an II 24 juillet 1794 sera condamné le dernier fermier général, Jean Benjamin de La Borde, dans les dernières condamnations avant la chute des Robespierre, il est condamné avec d'autres sous une accusation très générale dont on peut extraire ce motif convaincus de s'être déclarés les ennemis du peuple en participant .....aux dilapidations des fermiers généraux ... qui ne peut concerner que lui, seul fermier de la la fournée du 4 messidor. Pour autant cela ne peut être le motif de sa condamnation, n'aurait il pas été ex fermier, qu'en ces derniers jours de la terreur il n'aurait pas échappé à la mort. Sourd aux conseils de ses amis, il aurait fait hâter son procès et sera condamné cinq jours seulement avant la chute de Robespierre. Le dernier des fermiers condamné était un musicien, compositeur et historien de la musique, cartographe et grand voyageur. Homme de lettre, on lui doit un livre de pensées et maximes où l'on peut lire Deux choses manquent ordinairement à la fortune, de l'avoir bien acquise et d'en user sagement, que bon nombre de ses collègues fermiers auraient du méditer
En définitive 39 fermiers généraux seront inculpés, 3 pour des motifs étrangers à leur condition d'ex fermier, 35 au motif exclusif de leur appartenance à l’institution, et le dernier sous plusieurs chefs d'accusation dont celle d'avoir été ex fermier. Ce nombre est largement en deçà des inculpations possibles.En application du décret du 23 nivôse et pour faciliter le séquestre des biens des fermiers, le 29 nivôse a été publié la liste des citoyens intéressés dans les baux David, Salzard et Mager. Cette liste, qui n'est toutefois pas exempte d'inexactitudes, comporte tous les fermiers et sous fermiers ayant participé à l'un ou plusieurs des baux en cause qu'ils soient, au moment de sa publication, morts, émigrés ou vivants. Le croisement de cette liste avec les listes publiées par la ferme elle même des fermiers des Baux David, Salzard et Mager, aboutit aux constations suivantes :
123 personnes figurent sur la liste dont 122 ayant eu la qualité de fermiers ou de sous fermiers dans un ou plusieurs baux concernés
Edme Gauthier d'Hauteserve figure sur la liste du 29 nivôse avec la mention N'a jamais été fermier-général Ancien commis aux Aides, puis directeur a Rethel, il n’apparaît sur aucune liste des fermiers, il décède en 1844, toutefois figure sur la liste des fermiers généraux de la 4e année du bail David un Gauthier d'Hauteserbes dont on ne retrouve aucune trace.
3 fermiers seulement ont émigré, ce qui tendrait à prouver qu'ils n'avaient pas de craintes particulières avant le 16 floréal An II
43 sont décédés avant l'établissement de la liste du 29 nivôse, dont 1 fermiers exécuté, Paul de Kolly
39 fermiers sont inculpés dans les divers procès ,
37 fermiers ou sous fermiers auraient donc échappés aux poursuites.

Les laissés pour compte

Antoine louis Bertin de Blagny, fermier du bail David,
Pierre Bouilhac, sous fermier de son père, décédé, dans le Bail David, ne figure pas dans les baux suivants,
Jean Doazan, Sous fermier de son père décédé dans le bail Mager, franc-maçon77 comme son père qui avait été capitaine d'un bataillon des Feuillants en 1789. Dupin arguera pour sa défense que c'est sur son intervention auprès du Comité de Sureté Générale, qu'il aura été libéré
Benigné Dollé, ancien caissier de la Caisse d'escompte qui était associé pour 1/2 part avec Jean Joseph de Laborde
Claude Gaudard D'Aucourt, fermier du Bali David,
Charles François Gaudard d'Aucourt de Plancy, sous fermier de son père,
Gaudot de la Bruère, figure sur la liste de la 4e année du bail David en qualité de sous fermier de D'Arjuzon
Gauthier d'Hauteserbes, fermier la 4e année du bail David. Aucune autre trace.
Laurent Grimod de la Reynière, fermier du bail David, décédé le 6 nivôse An II
André Haudry de Soucy 1765 - 1844, fermier du bail David, ne parît pas avoir été inquiété
Jean Baptiste d'Arnay, fermier du bail David
Procès des 16 au 19 floréal an II78

Nom des inculpés

Salzard
Bail Mager
Bail David
Bail Mager
Clément Delaage , père
70 ans natif de Saintes, fermier général, ex noble
Denis Henri Fabus Vernaud, 47 ans
ex noble natif de Paris,fermier général
depuis 1787, sans département, et depuis
commandant de bataillon dans la section
dite de Molièret-Lafontaine
Louis Balthazar,
Dangé de Bagneux,
55 ans ,natif de Paris
, ex fermier général
Nicolas Devismes, 44 ans, natif de Lagrelle,
ex secrétaire de Capet,fermier
adjoint en 1785, titulaire en 1788
ayant le département d'Alsace
Jacques Paulze ,71 ans , natif de Montbrisson, Louis Antoine Prévot D'Arlincourt fils, ex noble,
55 ans,natif et demeurant à Paris, fermier général depuis 1783
ayant le département des gabelles
de Provence,domicilé à Magny
les Hameaux, district de Versailles
Antoine-Laurent Lavoisier,
50 ans, ex noble, ex fermier général à Paris
Clément Cugnot-Lepinay, 55 ans,
natif de Paris, ex noble, Fermier Général
François Puissant , ex noble,
âgé de 60 ans, natif de Port Égalité
Jérôme François Hector
Salleure de Grissiens, 64 ans, demeurant à Paris, ex noble,
fermier général des baux Salzard
et Mager,ayant le département
des domainesdes généralités
de Picardie et du Soissonnais
Antoine-Victor Saint Amand,
74 ans, natif de Marseille, ex noble Fermier général
Etienne Marie De la Haye, 36 ans, natif de paris,
ex noble, adjoint à son père jusqu'en 1791,
et depuis titulaire de la ferme jusqu'à la révolution
ayant les départements des gabelles et tabacs
dans les généralités de Tours et d'Orléans
Gilbert Georges Montcloux,
68 ans, natif de Montaigu secrétaire de Capet,
fermier général
François Mesnage de Pressigny, 61 ans,
natif de Bordeaux, ex noble, ayant les
départements des traites et tabacs
de la généralité de Guyenne
Antoine-François
Pascel de Saint -Cristaux
44 ans ,natif de Rennes,
ex noble, fermier général
Guillaume Couturier, 60 ans, natif d'Orléans,
fermier général depuis 1781
salines de Franche-Comté, Lorraine
et pays de Gex,
et en 1788 président des grandes gabelles
Louis Marie Lebas-Courmont
52 ans,natif de Paris,
fermier général,
Receveur Général des Aides en 1781
Louis Philippe Du Vaucel, 40 ans, natif de Paris,
ex noble, adjoint à la ferme du bail Salzard,
sans département, ensuite titulaire en 1785
Jean-Baptiste Boullongne
de Préninville, ex noble, 45 ans fermier général
sans département,membre
de la commune de Paris,
natif de Paris et y demeurant
Alexandre Philibert Pierre Parseval, 36 ans,
natif de Paris , ex noble, fermier adjoint,
et titulaire sans département,
ayant eu ensuite la direction de la Lorraine
et des trois évêchés pour le sel et le tabac,
commandant du bataillon
de la bibliothèque jusqu'en 1791
Charles René Parseval
Frileuse, 35 ans ,fermier général
sans département,commandant
de la garde nationale de Suresnes,
domicilié à Paris et Nantes
Jean François Didelot, 59 ans,
natif de Paris, ex noble,régisseur,
fermier général pendant le bail David,
ayant les aides dans les généralités
d’Alençon et de Caen .
Domicilié Chalons sur Marne
Nicolas- Jacques
Papillon d'Auteroche, 64 ans,
ex noble,natif de Chalons sur Marne,
y demeurant, fermier général,
chargé des traites dans
la province de Champagne
Jean Louis Loiseau Berranger, 62 ans,
natif et demeurant à Paris,ex noble, f
ermier adjoint, puis titulaire ayant
le département des marchandises prohibèes
Jean Germain Maubert Neuilly,
64 ans, natif de Paris, ex noble, secrétaire notaire
devant la cour des aydes,
fermier général, des généralités
de Berry et de Bourbonnais,
domicilié à Noisy le Grand
René Albert Sanlot, 65 ans, natif de Rouen,
régisseur général adjoint à la ferme générale
pendant le bail David, ayant les généralités
du Soissonnais et de la Picardie
chargé des aides des généralités de Lyon,
Moulins, Bourges et Orléans
Jacques-Joseph Brac
de Laperrière, 68 ans, originaire de Ville-Affranchie,
ex noble,fermier général,
domicilié à Paris
Clément François Philippe
Delaage de Bellefaye, 35 ans,natif et demeurant à Paris,
adjoint à son père et ex noble comme lui.
Claude-François Rougeot,
65 ans,natif de Dijon,
à la ferme générale depuis 1762,
secrétaire général de l'hôtel des Fermes
Étienne Marie De La Hante, 50 ans,
natif de Crépy Seine et marne
adjoint à la ferme depuis 1785
François-Jean Vente,
68 ans, natif de Dieppe, ex noble, fermier général
depuis 1767 ayant les entrées
de Paris et élection

Procès du 22 floréal

inculpé Bail David Bail Salzard Bail Mager
Claude Joseph Saint Germain Villeplat, 66 ans
natif de Valence, domicilié à Valence
Procès du 23 floréal an II83
Inculpés condamné à mort
Claude-Alexis Prévost Darlincourt, 67 ans,
natif de Doulens domicilié à Paris et au Mont
Valérien, ex secrétaire de Capet, ex fermier général
pendant le bail de David
Jean Pierre Claude Douet, âgé de 73 ans, natif de Commune-Affranchie, Domicilié à Paris, rue Bergère, fermier général pendant le bail de David ,de Salzard et de Mager
Louis Mercier, 78 ans, natif de Paris, y demeurant, rue Bergère, fermier Général
pendant le bail de David et de Salzard
Fermiers généraux hors-liste
Pour les fermiers généraux déjà répertoriés :
Catégorie:Fermier général.
Pour ceux qui sont absents de la liste ci-dessus :
Alexandre-Marc-René Estienne d'Augny
Pierre-François Bergeret
Pierre-Jacques-Onesyme Bergeret
Geoffroy Chalut de Verins
Léonard du Cluzel
Claude Godard d'Aucour
Denis Joseph Lalive d'Épinay
Jean ou François Le Juge ?
Philbert de Parseval 1696-1766
Jacques-Jérémie Roussel
Jean-Jacques Marie Verdun de Montchiroux, intendant du Comte d'Artois.

Fermiers généraux guillotinés Le premier procès 16-19 floréal an II

Présidé par Antoine Fouquier-Tinville au nom du Tribunal révolutionnaire, le procès et jugement des 28 fermiers généraux s'ouvrit le 8 mai 1794. L'acte d'accusation est très détaillé, et fait ressortir ce qui leur est reproché, et notamment d'avoir :
sous le bail David, placé 72 millions des sommes allouées à 10 % au lieu de 4 % autorisés ;
introduit de l'eau dans le tabac et fait payer celle-ci au prix fort ;
surfacturé l’État sur des opérations de prélèvements nullement onéreuses ;
retenu des sommes bénéficiaires au lieu de les verser immédiatement au Trésor public ;
offerts des gratifications extraordinaires on dirait aujourd'hui des pots-de-vin ;
consolider les comptes débiteurs avec l'argent public, etc.
Aucun autre montant n'est cependant indiqué dans l'attendu, quand, trois jours plus tard, le 19 floréal, une série de questions est posée au jury où l'idée d'un complot des fermiers contre l'intérêt général est sensiblement appuyée. Le jugement est rendu le soir même et les 28 fermiers sont condamnés à mort, devant être exécutés dans les 24 heures, place de la Révolution.
Quelles ont été les principales sources de l'accusation ? Outre des témoignages et des lettres de dénonciation, trois baux servirent à lancer les arrestations : le bail David, le bail Salzard et le bail Mager, autrement dit, sur des affaires remontant parfois à 1768, furent contestés les prises d'intérêts aux termes renégociés, et on parla de concussion. Le bail Mager, supprimé en 1791, mentionne, par le biais d'un recollement effectué par la Convention nationale, 50 noms. Sur ce, on trouve bien les 40 fermiers-généraux cautionnaires et leurs 10 adjoints, en ligne. Mais la liste des 28 premiers condamnés inclut également des fermiers ayant cautionné les baux précédents et qui ne se trouvaient pas forcément dans celui de Mager.
Dans la matinée, trois adjoints des fils de fermiers associés à l'emploi avaient été remis en prison et ne furent donc pas exécutés : Étienne-Marie Delahante, Étienne-René-Agnan Sanlot de Bospin et Clément-François Delaage de Bellefaye, fils.

Le second procès


Il s'ouvre le 24 floréal an II 13 mai 1794. Trois nouveaux fermiers généraux avaient été arrêtés et assignés sous surveillance à leurs domicile depuis la fin de l'année 1793, l'instruction dura donc près d'une année. Le premier est Charles-Adrien Prévost d'Arlincourt, 75 ans, qui, bien que disposant de nombreux certificats de civisme, de non-émigration, de serment à la Convention, etc., se voit reprocher d'avoir été fermier sous le bail David ; un avocat lui est commis d'office. Le deuxième est Louis Mercier de Montplan, 78 ans, qui avait été dénoncé par trois citoyens, membres des comités révolutionnaire du Faubourg-Montmartre et Poissonnière, d'avoir dissimulé une importante quantité de marchandises en ses diverses propriétés, ce qui entraîna une longue série de perquisitions et de pétitions-dénonciations. Enfin le troisième, Jean-Claude Douet, 73 ans, au domicile également perquisitionné et dans la cave duquel on découvrit quantités d'or et d'argent 155 880 livres ; de plus, son épouse, appelée à témoigner, est ensuite accusée d'avoir correspondu avec deux ennemis du peuple, Dietrich, maire de Strasbourg, et le duc du Châtelet, tous deux guillotinés. Les trois accusés sont exécutés le 14 mai 1794, suivis par Marie-Claude Batailhe-Francès, épouse Douet.

Procès annexes - bilan

On compte 6 autres anciens fermiers exécutés lors de procédures annexes, suite à des arrestations qui remontaient au mois d'octobre 1793. La cas de Magon de La Balue, 81 ans, est assez atypique, il est en partie lié à la liquidation de la Caisse d'escompte : c'est, avec Jean-Joseph de Laborde, l'un des rares banquiers guillotinés sous la Révolution.

On compte donc au total 37 exécutions et seulement 8 survécurent : outre Étienne-Marie Delahante, Étienne-René-Agnan Sanlot de Bospin et Laage de Bellefaye fils, relaxés comme adjoints, on trouve Verdun de Montchiroux, apparemment protégé car rayé de la liste d'accusation, Guillaume Perier, Legendre de Luçay (emprisonné, deux fois évadé, puis relâché comme maître de forge et munitionnaire, utile à la République, Papillon de Sannois, Saleur de Grizien fils, les Savalette père et fils sauvés par Barrère, George de Montcloux fils, et Vismes de Saint-Alphonse.
Il conviendrait de mentionner Doazan père et fils et Chicoyneau, emprisonnés, Luzine, Marcenay de Saint Prix, Pignon qui n'était qu'adjoint, et Alliot de Mussey, qui émigra. De son côté, Alexandre Estienne d'Augny 1715-1798 quoiqu'ancien fermier général démissionnaire en 1768, fut également mis en état d'arrestation le 5 frimaire : il échappa à la guillotine et fut libéré le 5 fructidor an II. Gauthier des Préaux et Varanchan émigrèrent ; Bourlier de Saint-Hilaire, Taillepied se firent oublier. Quant à Jacques-Marie Digeon, bien que mentionné « directeur des fermes du Roi, il est mort le 24 décembre 1815.

Liste des fermiers et adjoints exécutés

Le 3 ou 4 mai 1793 ?
Pierre-Paul de Kolly, 53 ans, né à Paris Ancien Fermier général, mais condamné pour un autre motif que son appartenance à la Ferme. Complot de la caisse de commerce de la Rue Buffy

Les 28 du 8 mai 1794 19 floréal an II

Jacques-Joseph Brac de La Perrière, 68 ans, né à Villefranche .
Guillaume Couturier, 60 ans, né à Orléans.
Clément Cugnot de L'Épinay, 44 ans, né à Paris.
Louis-Balthazar Dangé de Bagneux, 55 ans, né à Paris.
Nicolas Deville de Noailly, 44 ans, né à Lagrèle.
Jean-François Didelot, 59 ans, né à Chalons-sur-Marne.
Louis-Philippe-Alexandre Duvaucel, 40 ans, né à Paris.
Denis-Henri Fabus (de Vernan), 47 ans, né à Paris.
Clément de Laage père, 70 ans, né à Saintes guillotiné le 8 mai 1794.
Étienne de La Haye des Fossés, 36 ans, né à Paris.
Antoine Lavoisier, 50 ans, né à Paris.
Louis-Dominique-François Le Bas de Courmont, 52 ans, né à Paris.
Jean-Louis Loiseau de Béranger, 62 ans, né à Paris.
Jean-Germain Maubert de Neuilly, 64 ans, né à Paris.
Marie-François Ménage de Pressigny, 60 ans, né à Bordeaux.
Gilbert Georges de Montcloux père, 68 ans, né à Montaigne Montaigut-en-Combrailles.
Nicolas-Jacques Papillon d'Auteroche, 64 ans, né à Paris lire Chalons-sur-Marne ?.
Adam-François Parcel de Saint-Christau, 44 ans, né à Rennes.
Alexandre-Philbert-Pierre de Parseval, 36 ans, né à Paris.
Charles-René Parseval-Frileuse, 35 ans, né à Paris.
Jacques Paulze, 72 ans, né à Montbrison.
Louis-Adrien Prévost d'Arlincourt fils, 50 ans, né à Évreux.
François Puissant de La Villeguérif, 59 ans, né à Port-l’Égalité 56 Port-Louis.
Claude-François Rougeot, 76 ans, né à Dijon.
Alexandre-Victor de Saint-Amand, 74 ans, né à Marseille.
Hiérosme-François-Hector Saleur de Grizien, 64 ans, né à Évreux.
Jean-Baptiste Tavernier dit de Boullongne de Magnanville, 45 ans lire 44 ; né à Paris.
François-Jean Vente, 68 ans, né à Dieppe.

Le 11 mai 1794 22 floréal an II

Joseph Starot de Saint-Germain de Villeplat, 66 ans, né à Valence

Le 14 mai 1794 25 floréal an II

Jean-Claude Douet, 73 ans, né à Ville Affranchie Lyon.
Louis Mercier de Montplan, 78 ans, né à Paris.
Charles-Adrien Prévost d'Arlincourt père, 73 ans, né à Doullens, ci-devant secrétaire de Capet.

Le 31 mai 1794 12 prairial an II

Claude-François Simonet de Coulmiers, 42 ans, né à Dijon. condamnè pour les crimes des autres fermiers généraux et pour avoir participé au complot du 10 août et de civers vols pour fournir des secours aux ennemis de la france
Le 22 juillet 1794 4 thermidor an II




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Posté le : 06/05/2016 17:28

Edité par Loriane sur 07-05-2016 15:14:44
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Re: Défi du 1er mai
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Mon Donald,

Ton texte m'a touchée car ce monde de l'adolescence est en effet une période d'insouciance que j'aimerais revivre. Ce retour en arrière est comme boire un peu à la coupe de jouvence.

Merci de m'avoir emmenée dans ton voyage temporel.

bises

Couscous

Posté le : 06/05/2016 08:25
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Jeanne D'Arc boute les anglais 4
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Les enseignes

Envoyée à Tours par le roi pour y prendre livraison de son armure avant de se diriger vers Orléans, Jehanne d'Arc réside dans la ville du 5 au 21 avril 1429 et se fait faire deux enseignes : une petite qui fut brûlée accidentellement au moment de l’entrée à Orléans et une grande qu'elle tenait toujours au moment de sa capture par les Bourguignons à Compiègne. Cette dernière n'était plus disponible lors de son procès et Pierre Cauchon ne l'avait pas vue, puisqu'il en demande à Jehanne une description détaillée. On a conservé, au 13e compte de Hémon Raguier, trésorier des guerres du roi Charles VII, la mention de la dépense: Et a Hauves Poulnoir, paintre demorant a Tours, pour avoir paint et baillé estoffes pour ung grant estendart et ung petit pour la Pucelle, 25 livres tournois.
L'étendard : les voix conduisirent Jeanne d'Arc à substituer à l'oriflamme de Reims un étendard de couleur blanche avec sur le premier tiers de la hampe une représentation de l'apocalypse par Hauves Poulnoir « l'image de notre Sauveur assis en jugement dans les nuées du ciel et un ange tenant une fleur de lys avec inscrit Jhésus Maria description de Jean Pasquerel ; selon les déclarations de Jeanne d'Arc, lors du procès, le champ était blanc semé de fleurs de lys, sur lequel se trouvait " le monde figuré et deux anges sur les côtés, et il était de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin, et étaient là ces devises : Jhésus Maria, ainsi qu’il lui semble, et les franges étaient de soie. Selon la représentation courante des apocalypses à cette époque, l'ange de droite tenant un lys est celui de la miséricorde et le second ange, placé à gauche tenant une épée, est celui de la justice. L'inscription Jhesus Maria mentionnée par la déposition de Jeanne d'Arc est confirmée par le Journal du siège... Selon la manière dont ces bannières se faisaient, le verso représentait les mêmes motifs et les mêmes inscriptions à l'envers mais, selon Perceval de Cagny qui la décrit lors de la bataille de Jargeau, la mandorle du Christ était remplacée par un écu d'azur semé de fleurs de lys d'or : La Pucelle prit son étendard auquel était peint Dieu en majesté ... manque et de l'autre côté un écu de France tenu par des anges.
Le pennon fanion de forme triangulaire : sur ce pennon, on pouvait voir Notre-Dame ayant devant elle un ange lui présentant un lys. Selon le témoignage du greffier de La Rochelle en 1431, ce pennon portait aussi un cri de guerre : Par le Roi du Ciel.
En 1894, un étendard fut réalisé pour la cathédrale Notre-Dame de Paris, en suivant le mieux possible les indications de Jeanne d'Arc et des autres témoins du temps.
En 1909, le conservateur du musée Jeanne-d'Arc d'Orléans fit fabriquer une nouvelle restitution s'inspirant de l'étendard de Notre-Dame et de la représentation de la bannière de Jehanne d'Arc se trouvant sur la tapisserie d'Azeglio découverte et achetée en 1858 à Lucerne par le Marquis d'Azeglio, ministre plénipotentiaire de Sardaigne en Angleterre et sur deux autres miniatures découvertes ensuite près de Strasbourg. L’actuel étendard des fêtes de Jeanne d’Arc date de 1936 et reprend la disposition de l’étendard réalisé en 1909.
Une copie du drapeau de Jehanne d'Arc a été remise par Lord Tyrrell, ambassadeur d'Angleterre à M. Paul Doumer le 1er janvier 1932. Cet exemplaire de très grande taille, destiné à la cathédrale de Reims, est placé dans une chapelle absidiale derrière la statue de Jeanne sculptée par Prosper d'Épinay en 1901.
D'autres essais de reconstitutions ont été faits, par Henri de Barenton en 1909, pour les fêtes de la canonisation, etc. Une étude approfondie et critique de toutes les sources avec leurs variantes a été faite par le colonel Ferdinand de Liocourt en 1974.

L'armure

Charles VII paya à Jeanne une armure coûtant 100 écus, soit 2.500 sols ou 125 livres tournois. Cette somme n'est pas extraordinaire, il suffit de la rapprocher de l'inventaire établi par Jeanne lors de son procès : Elle dit ensuite que ses frères ont ses biens, ses chevaux, épées, à ce qu'elle croit, et autres qui valent plus de 12.000 écus. Elle répondit qu'elle avait dix ou douze mille écus qu'elle a vaillant… Le comte de Laval par témoignage nous apprend qu'il s'agissait d'un harnois blanc, c'est-à-dire de pièces d'armure d'un seul tenant, et non d'une brigandine. Par comparaison, cette armure valait deux fois le prix de l'équipement le moins coûteux, et huit fois moins que le plus cher. Cette armure fut offerte à Saint-Denis en ex-voto après l'échec de l'assaut sur Paris. À partir de ce moment, elle porta une armure prise sur un Bourguignon, sans qu'on connaisse la valeur de ce nouvel équipement. L'armure de Saint-Denis ne fut certainement pas détruite mais a peut-être subi le sort de l'épée qui fut déposée à Sainte-Catherine de Fierbois par un soldat et empruntée par Jeanne.
Sur la tapisserie d'Azeglio, Jeanne d'Arc qui fait son entrée à Chinon est montée sur un cheval blond clair, et armée de toutes pièces; elle porte une huque vermeille, frangée de jaune, et un chaperon de même couleur avec aigrette, par-dessus lequel est posé une chapeline de fer; ses cheveux sont entièrement enveloppés et cachés; à la main droite elle tient son étendard...".

L'épée

L'épée qui accompagna Jeanne d'Arc pendant toutes ses batailles fut découverte sur son indication sous les dalles de l'église de Sainte-Catherine-de-Fierbois (Indre-et-Loire), parmi d'autres épées enterrées par des soldats de passage. Cette épée fort ancienne était décorée de cinq croix. La rouille qui la recouvrait aurait disparu aussitôt que Jeanne d'Arc eut l'épée en main.
Jean Chartier, dans Journal du siège et Chronique de la Pucelle, mentionne l'épée et les circonstances de son acquisition par la Pucelle : le roi voulut lui donner une épée, elle demanda celle de Sainte-Catherine de Fierbois, on lui demanda si elle l'avoit oncques veue, et elle dit que non. Un forgeron fut envoyé depuis Tours et découvrit l'épée parmi plusieurs ex-voto déposés là, apparemment dans un coffre derrière l'autel. Jeanne brisa cette épée sur le dos d'une prostituée, à Saint-Denis, selon le duc d'Alençon, vraisemblablement après la tentative manquée contre Paris. Il semble qu'elle ait pris l'habitude de frapper avec cette épée sur le dos des filles de joie qu'elle rencontrait, de tels incidents étant précédemment mentionnés à Auxerre par le chroniqueur Jean Chartier et par son page, Louis de Coutes, pour l'étape Château-Thierry. Charles VII se montra très mécontent du bris de l'épée. Celle-ci avait en effet pris des allures d'arme magique parmi les compagnons de Jeanne, et sa destruction passa pour un mauvais présage. On n'a aucun indice sur ce que sont devenus les morceaux.
Suivant une légende locale, Lyonnel de Wandonne récupéra l'épée de Jeanne d'Arc qu'il emmura dans l'église de Wandonne.
Il ne faut pas confondre l'épée réelle et l'épée virtuelle qui se trouve décrite et dessinée dans les armoiries de la famille d'Arc. Dans le blason de Jeanne, l'épée est représentée avec cinq fleurs de lys alors que les textes concernant l'épée de Fierbois ne mentionnent que cinq croix.

Les anneaux de Jeanne d'Arc un événement en cours.

Ces informations peuvent manquer de recul, ne pas prendre en compte des développements récents ou changer à mesure que l’événement progresse. Le titre lui-même peut être provisoire. N’hésitez pas à l’améliorer en veillant à citer vos sources.
Dernière modification de cette page le 2 mai 2016, à 18:11.
Le jeudi 1er mars 1431, lors de la cinquième séance du procès de condamnation à Rouen, les juges demandent à Jeanne d'Arc si les saints qu'elle déclare avoir vu portaient des anneaux. Ils l'interrogent ensuite au sujet de ses propres anneaux. S'adressant à Pierre Cauchon, la Pucelle rétorque que l'évêque en détient un qui lui appartient ; elle demande que cet objet — cadeau de son frère — lui soit rendu, avant de charger son juge d'en faire don à l'Église. En outre, la prisonnière déclare qu'un autre de ses anneaux a été gardé par les Bourguignons. Elle décrit ce second bien, cadeau de son père ou sa mère, comme portant l'inscription « Jésus Marie » Jhesu Maria, sans aucune pierre précieuse. Jeanne d'Arc affirme n'avoir jamais utilisé ses anneaux pour guérir quelqu'un.
L'après-midi du samedi 17 mars 1431, les juges s'intéressent derechef à l'anneau gardé par les Bourguignons, questionnant Jeanne d'Arc au sujet de sa matière. La Pucelle répond de manière imprécise, ne sachant pas si l'objet est en or pas d'or fin dans ce cas, précise-t-elle ou en laiton. Outre les noms Jésus Marie, elle précise que l'anneau porte également trois croix et pas d'autre signe.
Le mardi 27 mars 1431, le promoteur autrement dit le procureur Jean d'Estivet expose à Jeanne d'Arc les soixante-dix articles composant le réquisitoire à son encontre. Le vingtième chef d'accusation affirme que la Pucelle a ensorcelé son anneau ainsi que son étendard et l'épée de Sainte-Catherine.
Il existe un anneau présenté comme celui porté au doigt par Jeanne d’Arc jusqu'à son procès. En vermeil, décoré de trois croix, il porte les inscriptions I et M et IHS et MAR pour Jhesus Maria. D'après le journaliste Jean-Louis Tremblay du Figaro Magazine, l'histoire de cet anneau serait la suivante : censément confisqué au cours du procès par l’évêque Cauchon, il aurait été vendu ou donné au cardinal anglais Henri Beaufort. Porté par le roi Henri VI d’Angleterre, il serait demeuré la propriété des Anglais depuis 1431. Cet anneau devint ensuite la propriété d’Ottoline Morrell, une aristocrate anglaise, qui en fit cadeau à son conjoint de l’époque, le peintre Augustus John qui le vendit en 1914 à un gardien des armoiries royales. Le dernier propriétaire, le fils d'un médecin ayant servi le général de Gaulle et les Forces françaises libres à Londres durant la Seconde Guerre mondiale, l'a présenté au cours d’une vente aux enchères le 26 février 2016, à Londres. Prévenu de cette vente par l'avocat et écrivain Jacques Trémolet de Villers, auteur d'un ouvrage sur le procès de condamnation de Jeanne d'Arc103, Philippe de Villiers transmet l'information à son fils Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou, qui rachète l'anneau pour la somme de 376 833 € afin de l'exposer dans son parc d'attraction à thème historique.
Cependant, l'historien médiéviste Olivier Bouzy ainsi que le comité scientifique de l'Historial Jeanne d'Arc de Rouen émettent des doutes sur l'authenticité de la relique, soulignant la différence entre la nature du métal de l'anneau en vermeil vendu aux enchères et celui en laiton ou en or — mais pas en or fin — décrit par Jeanne elle-même lors de son procès. De surcroît, Bouzy indique que les indications fournies par la Pucelle — la nature du métal, l'inscription Jésus Marie, Jhesu Maria, les trois croix, l'absence de pierre précieuse — correspondent à l'anneau gardé par les Bourguignons et non à celui détenu par l'évêque Cauchon, pour lequel il n'existe aucune description. Enfin, l'historien médiéviste estime que rien ne prouve que les Bourguignons ... ont donné l'anneau au cardinal anglais Henri Beaufort, avant de rappeler l'imprécision inhérente aux expertises de métaux antérieurs au XVIe siècle, établissant à cette fin une comparaison avec les nombreuses armures censément associées à Jeanne d'Arc.
L'historienne médiéviste Colette Beaune se montre également circonspecte quant à l'historique de l'objet, sinon quant à sa datation : Tous les trois ou quatre ans des fausses épées, armures ou reliques de Jeanne d'Arc apparaissent. On m'avait demandé il y a quelques années de donner mon avis sur un bocal à Chinon, en fait c'était de la momie égyptienne... Il faut être prudent, dans ce cas l'analyse scientifique semble sérieuse mais si l'on peut prouver qu'une bague est bien du XVe siècle, il est plus difficile d'établir par quelles mains elle est passée.
Les rapports d'experts du Puy du Fou confirment que l'anneau semble bien dater du XVe siècle et qu'il aurait été plaqué or, ainsi qu'en attestent des traces de métal jaune » en plusieurs endroits. Le parc d'attraction identifiait initialement l'objet acheté aux enchères au bijou offert à Jeanne d'Arc par son frère, anneau que l'héroïne réclamait à l'évêque Cauchon lors du procès rouennais. Se ravisant, le président du Puy du Fou associe désormais le bien acquis en Grande-Bretagne à l'autre anneau de Jeanne d'Arc, cadeau de son père ou de sa mère, dont la description nous est parvenue par le biais des questions insistantes que les juges rouennais posaient à la Pucelle. Celle-ci affirmait, lors de son procès, que l'objet était détenu par les Bourguignons, vraisemblablement à la suite de sa capture à Compiègne en mai 1430. Nicolas de Villiers conjecture que les sujets du duc de Bourgogne auraient vendu simultanément l'héroïne et son anneau aux Anglais, nonobstant les affirmations de Jeanne d'Arc elle-même à ce sujet.
Outre cette contradiction, le dossier d'archives obtenu par le parc d'attraction ne permet pas d'établir le suivi de la transmission du bijou puisque ces documents évoquent uniquement ses propriétaires présumés, presumed owners. De surcroît, ce même dossier indique que l'anneau a été agrandi et modifié vraisemblablement au XIXe ou XXe siècle. Les historiens médiévistes Olivier Bouzy et Philippe Contamine soulignent que ces multiples incertitudes ne permettent pas de trancher quant à l'authenticité ou non de l'objet.
Lors d'une cérémonie d'hommage au Puy du Fou le 20 mars 2016, Philippe de Villiers proclame que l’Arts Council England, conseil national des Arts se réservait la possibilité de préempter, pour le compte de l'État britannique, l'anneau. L'organisme en question est chargé, entre autres, de gérer les autorisations d'exportation d'objets d'arts en Grande-Bretagne pour le compte du gouvernement britannique. Tout objet d'art bijoux inclus dont la valeur dépasse une certaine somme ne peut être exporté que muni d'une autorisation d'exportation, procédure non accomplie par le Puy du Fou. En conséquence, l’Arts Council England demande simultanément le retour de l'anneau sur le territoire britannique et au propriétaire de se mettre en règle. Il n'existe pas en Grande-Bretagne de droit de préemption de l'État dans les ventes aux enchères.

Reliques

Jeanne au bûcher
Hermann Anton Stilke.
De prétendues reliques de Jeanne d'Arc sont conservées au musée d'art et d'histoire de Chinon. Propriété de l'archevêché de Tours, elles ont été mises en dépôt dans ce musée en 1963. Le bocal de verre qui les contient a été découvert à Paris en 1867 dans le grenier d'une pharmacie, située rue du Temple, par un étudiant en pharmacie, M. Noblet. Le parchemin qui fermait l'ouverture du bocal portait la mention : Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc, pucelle d'Orléans.
Le bocal contient une côte humaine de dix centimètres de long recouverte d'une couche noirâtre, un morceau de tissu de lin d'une quinzaine de centimètres de longueur, un fémur de chat et des fragments de charbons de bois.
Le médecin-légiste français Philippe Charlier, spécialiste de pathographie, qui a analysé les restes à partir de février 2006 avec son équipe de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches Hauts-de-Seine, conclut qu'il s'agit de restes de momies, à la fois momie humaine et momie animale, d'origine égyptienne datés de la Basse époque et qui auraient pu faire partie soit de la collection d'un cabinet d'amateur soit de la pharmacopée d'un apothicaire, avant d'être employés à la confection de ces pseudo-reliques.
Une analyse microscopique et chimique du fragment de côte montre qu'il n'a pas été brûlé, mais imprégné d'un produit végétal et minéral de couleur noire. Sa composition s'apparente plus à celle du bitume ou de la poix qu'à celle de résidus organiques d'origine humaine ou animale ayant été réduits à l'état de charbon par crémation.
Les nez de grands parfumeurs Guerlain et Jean Patou ont notamment décelé sur le morceau de côte une odeur de vanille. Or ce parfum peut être produit par la décomposition d'un corps, comme dans le cas d'une momification, pas par sa crémation.
Le tissu de lin, quant à lui, n'a pas été brûlé, mais teint et a les caractéristiques de celui utilisé par les Égyptiens pour envelopper les momies.
D'autre part, concernant le pollen, il a été noté une grande richesse de pollens de pin, vraisemblablement en rapport avec l'usage de résine en Égypte au cours de l'embaumement.
Enfin, une étude au carbone 14 a daté les restes entre le vie et le IIIe siècle av. J.-C., et un examen spectrométrique du revêtement à la surface des os a montré qu'il correspondait à ceux de momies égyptiennes de cette période tardive.

Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc

L'Inspiration et la Vision de Jeanne d'Arc
Louis-Maurice Boutet de Monvel 1911.
Les œuvres inspirées par la Pucelle sont innombrables dans tous les domaines des arts et des médias : architecture, bande dessinée, chansons, cinéma, radio et télévision, jeux vidéo, littérature poésie, roman, théâtre, musique notamment opéras et oratorios, peinture, sculpture, tapisserie, vitrail, etc.

Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc. Œuvres littéraires

Le personnage, dans son ambivalence et sa grande complexité, a fasciné les écrivains et les dramaturges à travers les époques.
Charles Péguy en fit la figure centrale de son œuvre écrite. Jeanne d'Arc, bataillant à la réalisation sur terre de la cité harmonieuse, et incarnant en plus du salut, l'âme paysanne et pieuse de la France. Plusieurs volumes sont consacrés à des périodes distinctes de son existence. D'abord un drame, en trois actes, puis une épopée en trois parties distinctes publiée dans les cahiers de la Quinzaine. Enfin, la fresque des trois mystères, débutée par "le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc".
Les pièces les plus connues qui offrent une large diversité d'interprétation sur sa vie, ont été écrites par Shakespeare Henri VI, Voltaire La Pucelle d'Orléans, Schiller La Pucelle d'Orléans, George Bernard Shaw Sainte Jeanne, Jean Anouilh L'Alouette et Bertolt Brecht Sainte Jeanne des abattoirs. En 1894, Thérèse de Lisieux écrit une pièce de théâtre inspirée par la Pucelle d'Orléans, dont elle interprète aussi le rôle.
Samuel Clemens a écrit une biographie de fiction sous le nom de plume de Sieur Louis de Conte, sans utiliser son pseudonyme de Mark Twain. Thomas de Quincey, qui est l'un des seuls Anglais à prendre la défense de Jeanne d'Arc, a écrit une Jeanne d'Arc en 1847. Louis-Maurice Boutet de Monvel en fit un livre d'illustration pour enfants en 1896 qui connut un grand succès.

Adaptations à l'écran

Jeanne d'Arc Joan the Woman de Cecil B. De Mille, 1916.
Jeanne d'Arc a inspiré près d'une centaine de films et téléfilms :

Cinéma muet

1898 : Jeanne d'Arc, court métrage muet de Georges Hatot.
1899 : Domrémy, court métrage des Frères Lumière.
1899 : Jeanne d'Arc, court métrage muet de Georges Méliès, avec Bleuette Bernon.
1909 : La Vie de Jeanne d'Arc d'Albert Capellani.
1913, Italie : Giovanna d'Arco d'Ubaldo Maria Del Colle et Nino Oxilia, tourné à Turin.
1916, États-Unis : Jeanne d'Arc Joan the Woman de Cecil B. De Mille, avec Geraldine Farrar - Ce film fut conçu pour convaincre les Américains du bien-fondé de leur intervention aux côtés des alliés dans la Grande Guerre.
1928 : La Passion de Jeanne d'Arc, de Carl Theodor Dreyer, avec Renée Falconetti - Inspiré du roman Jeanne d'Arc de Joseph Delteil.
1929 : La Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc, fille de Lorraine, de Marco de Gastyne, avec Simone Genevois

Cinéma parlant

1935, Allemagne : Das Mädchen Johanna, de Gustav Ucicky, avec Angela Salloker.
1948, États-Unis : Jeanne d'Arc Joan of Arc, de Victor Fleming, avec Ingrid Bergman.
1953 : Destinées, film à sketches - séquence réalisée par Jean Delannoy, avec Michèle Morgan
1954, Italie : Jeanne au bûcher Giovanna d'Arco al rogo, de Roberto Rossellini, avec Ingrid Bergman qui reprend donc le rôle qu'elle avait déjà tenu en 1948
1957, États-Unis : Sainte Jeanne Saint Joan, d'Otto Preminger, avec Jean Seberg, d'après la pièce Sainte Jeanne de George Bernard Shaw 1924.
1962 : Procès de Jeanne d'Arc, de Robert Bresson, avec Florence Delay. Les mots de Jeanne sont scrupuleusement tirés des minutes du procès.
1970, Russie : Le Début de Gleb Panfilov avec Inna Tchourikova.
1989 : Jeanne d'Arc, le pouvoir de l'innocence, téléfilm en 3 parties de Pierre Badel d'après le livre de Pierre Moinot, avec Cécile Magnet.
1994 : Jeanne la Pucelle, de Jacques Rivette, avec Sandrine Bonnaire - film divisé en deux époques : les Batailles et les Prisons sur plus de 5 heures et demie.
1999 : Jeanne d'Arc, de Luc Besson, avec Milla Jovovich.
1999 : Jeanne d'Arc, film-TV de Christian Duguay, avec Leelee Sobieski.
2011 : Jeanne captive, de Philippe Ramos avec Clémence Poésy.
Philatélie
En 1929, un timbre de 50 centimes bleu est émis à l'occasion du 5e centenaire de la délivrance d'Orléans. Jeanne y est représentée à cheval.
En 1946, un timbre de 5 f surtaxé 4 f outremer appartient à la série Célébrités du XVe siècle. Ce timbre grand format est un portrait.
En 1968, sur un timbre de 30 centimes surtaxé 10 centimes, brun et violet, elle est représentée pour illustrer l'œuvre de Paul Claudel Jeanne d'Arc au bûcher, sujet principal dont on célébrait le centenaire de sa naissance.
La même année, la poste en fait le sujet principal dans un timbre à 60 centimes, gris-bleu, bleu et brun pour représenter le départ de Vaucouleurs en 1429. Ce timbre fait partie de la série Grands noms de l'Histoire.

Astronomie

L'astéroïde Johanna a été nommé en son honneur.

Botanique

La rose Jeanne d'Arc obtenteur Vibert



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Posté le : 05/05/2016 21:26

Edité par Loriane sur 07-05-2016 15:29:53
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Jeanne d' Arc boute les anglais 3
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Jeanne d'Arc, son procès le 15 mars 1431 Condamnation, exécution

Le 24 mai, au cimetière Saint-Ouen de Rouen, les juges mettent en scène un simulacre de bûcher pour effrayer Jeanne et la presser de reconnaître ses fautes. Jeanne, sous la promesse orale donc invérifiable du tribunal de l'incarcérer dans une prison ecclésiastique, signe d'une croix alors qu'elle savait écrire son nom l'abjuration de ses erreurs, reconnaissant avoir menti à propos des voix et se soumet à l'autorité de l'Église. Elle est alors renvoyée dans sa prison aux mains des Anglais. S'estimant trompée, elle se rétracte deux jours plus tard, endosse de nouveau des habits d'homme dans des conditions obscures.
Le tribunal la déclare relapse retombée dans ses erreurs passées, la condamne au bûcher et la livre au bras séculier. Le 30 mai 1431, après s'être confessée et avoir communié, Jeanne en tunique de toile soufrée est conduite vers neuf heures, sous escorte anglaise, dans la charrette du bourreau Geoffroy Thérage, place du Vieux-Marché à Rouen où l'on a dressé trois estrades : la première, pour le cardinal Winchester et ses invités, la seconde pour les membres du tribunal civil représenté par le bailli de Rouen Raoul le Bouteiller ; la troisième, pour Jeanne et le prédicateur Nicolas Midi, docteur en théologie. Après le prêche et la lecture de sa sentence, les soldats la conduisent au bûcher dressé en hauteur sur une estrade plâtrée pour qu'elle soit bien vue.
Le supplice de Jeanne suscite de nombreux témoignages de mythographes comme celui du chevalier Perceval de Caigny qui prétendent que sur le bûcher, un écriteau décrivant ses péchés masquait Jeanne, ou que Jeanne était coiffée de la mitre d'infamie qui dissimulait son visage. Ces témoignages donnent naissance quelques années plus tard à la légende survivantiste selon laquelle Jeanne aurait survécu au bûcher grâce à la substitution d'une autre condamnée.
Le cardinal de Winchester avait insisté pour qu'il ne reste rien de son corps. Il désirait éviter tout culte posthume de la pucelle. Il avait donc ordonné trois crémations successives. La première vit mourir Jeanne d'Arc par intoxication par les gaz toxiques issus de la combustion, dont notamment le monoxyde de carbone. Le bourreau écarta les fagots, à la demande des Anglais qui craignaient qu’on ne dise qu’elle s’était évadée, pour que le public puisse voir que le cadavre déshabillé par les flammes était bien celui de Jeanne. La seconde dura plusieurs heures et fit exploser la boîte crânienne et la cavité abdominale dont les morceaux furent projetés sur le public en contrebas, laissant au centre du bûcher les organes calcinés à l'exception des entrailles et du cœur organes plus humides brûlant moins vite restés intacts. Pour la troisième, le bourreau ajouta de l'huile et de la poix et il ne resta que des cendres et des débris osseux qui furent dispersés à quinze heures par Geoffroy Thérage dans la Seine non pas à l'emplacement de l'actuel pont Jeanne d'Arc, mais du pont Mathilde, jadis situé près de l'emplacement de l'actuel pont Boieldieu afin qu'on ne puisse pas en faire de reliques ou des actes de sorcellerie.

Procès en nullité de la condamnation

Peu après qu'il eut repris Rouen, Charles VII publia, le 15 février 1450, une ordonnance où il était dit que les ennemis de Jeanne l'ayant fait mourir contre raison et très cruellement, il voulait savoir la vérité sur cette affaire. Mais il fallut attendre que Calixte III succédât à Nicolas V pour qu'un rescrit papal ordonnât enfin, en 1455 et sur la demande de la mère de Jeanne, la révision du procès. Le pape avait ordonné à Thomas Basin, évêque de Lisieux et conseiller de Charles VII, d'étudier en profondeur les actes du procès de Jeanne d'Arc. Son mémoire fut la condition juridique du procès en réhabilitation. Celui-ci aboutit à casser le premier jugement pour corruption, dol, calomnie, fraude et malice grâce au travail de Jean Bréhal, qui enregistra les dépositions de nombreux contemporains de Jeanne, dont les notaires du premier procès et certains juges. Le jugement, prononcé le 7 juillet 1456, déclare le premier procès et ses conclusions nuls, non avenus, sans valeur ni effet et réhabilite entièrement Jeanne et sa famille. Il ordonne également l'apposition d'une croix honnête pour la perpétuelle mémoire de la défunte au lieu même où Jeanne est morte. La plupart des juges du premier procès, dont l'évêque Cauchon, sont morts entre-temps. Aubert d'Ourches, ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, comparait à Toul comme vingt-huitième témoin, voici sa déposition du 14 février 1456 lors de la neuvième séance : La Pucelle me parut être imbue des meilleures mœurs. Je voudrais bien avoir une fille aussi bonne… Elle parlait moult bien.

Jeanne d'Arc et son époque : enjeux et problèmes

Statue de Jeanne d'Arc à Paris : le modèle de la femme guerrière s'inspire du De mulieribus claris de Boccace

Problèmes des sources historiques

Les deux sources principales sur l'histoire de Jeanne d'Arc sont le procès de la condamnation de 1431, et le procès en nullité de la condamnation de 1455-1456. Le procès-verbal, l’instrumentum publicum, est rédigé quelques années plus tard sous le contrôle du principal greffier Guillaume Manchon par Thomas de Courcelles59. Étant des actes juridiques, elles ont l'immense avantage d'être les retranscriptions les plus fidèles des dépositions. Mais elles ne sont pas les seules : des notices, des chroniques ont également été rédigées de son vivant, telle que la Geste des nobles François, la Chronique de la Pucelle, la Chronique de Perceval de Cagny, la Chronique de Monstrelet ou encore le Journal du siège d'Orléans et du voyage de Reims, le Ditié de Jeanne d'Arc de Christine de Pizan, le traité de Jean de Gerson. Il faut ajouter également les rapports des diplomates et autres informateurs écrits de Jacques Gelu à Charles VII, registres du greffier du Parlement de Paris Clément de Fauquembergue. C'est Jules Quicherat qui rassemblera de manière quasi exhaustive, en cinq volumes, l'historiographie johannique entre 1841 et 1849. Entre le XVe siècle et le XIXe siècle, une foule d'écrivains, de politiciens, de religieux se sont approprié Jeanne d'Arc, et leurs écrits sont nombreux. Il faut donc être prudent dans la manipulation des sources : peu lui sont contemporaines et elles réinterprètent souvent les sources originelles dans le contexte de leur interprète.
Les procès sont des actes juridiques. Les deux procès ont la particularité d'avoir subi une influence politique évidente, et la méthode inquisitoire suppose bien souvent que l'accusée et les témoins ne répondent qu'aux questions posées. De plus le procès de 1431 fut retranscrit en latin vraisemblablement à l'insu de Jeanne, alors que les interrogatoires étaient en français.
Philippe Contamine, au cours de ses recherches, a constaté une abondance d'écrits dès 1429, et le formidable retentissement au niveau international dont cette abondance témoigne. Il remarque également que Jeanne d'Arc fut d'emblée mise en controverse et suscita le débat parmi ses contemporains. Enfin, dès le début des légendes coururent à son sujet, concernant son enfance, ses prophéties, sa mission, les miracles ou les prodiges dont elle était l'auteur. Au commencement était le mythe.
Il apparaît donc qu'aucun document contemporain de l'époque — hormis les minutes des procès — n'est à l'abri de déformation issue de l'imaginaire collectif. Au cours du procès de réhabilitation, les témoins racontent d'après des souvenirs vieux de 26 ans.
Aucune source ne permet de déterminer exactement les origines de Jeanne d'Arc, ni ses dates et lieu de naissance : les témoignages d'époque sont imprécis, Domrémy ne possédait pas de registre paroissial, et les discussions restent nombreuses sur ces points, néanmoins sa biographie peut s'établir à partir des réponses de Jeanne d'Arc aux questions des juges à son premier procès de condamnation sur son éducation religieuse et ses occupations ainsi que les souvenirs des habitants de Domrémy qui veulent convaincre les juges du procès en réhabilitation de sa piété et sa bonne renommée.
L'anoblissement accordé à Jeanne d'Arc par le roi Charles VII pose un autre problème. Il ne reste en effet aucune charte originale pour l'attester, mais uniquement des documents attestant de cet anoblissement rédigés postérieurement. Ces documents dont nous ne savons s'ils sont faux ou déforment une partie de la vérité historique font apparaître que Jeanne d'Arc avait été anoblie par Charles VII et avec elle ses parents, comme il était d'usage pour asseoir la filiation nobiliaire sans contestation, et par conséquent la filiation présente et à venir de ses frères et sœur. En 1614, la descendance fort nombreuse de la famille d'Arc montra qu'elle s'établissait uniquement vers la roture, et le roi leur retira leur titre de noblesse. Par ailleurs, le trésor y gagna en nombreuses pensions, car chaque membre de la lignée pouvait prétendre à indemnisation de la part du trésor pour le sacrifice de Jeanne d'Arc.
Une des copies de la charte d'anoblissement qui nous est parvenue dit que le roi Charles VII la fit Jeanne dame du Lys, sans lui concéder un pouce de terre, ni à elle ni à ses frères et sœur, ce qui était contraire à l'usage de l'anoblissement, car le titre visait à asseoir la propriété de façon héréditaire. En d'autres termes, la faisant dame du Lys, le roi Charles VII la liait au royaume et à la nation mais puisqu'elle s'était vouée à la chasteté et à la pauvreté, il ne lui allouait aucun bénéfice terrestre, ce qui privait du même coup sa parentèle de la possibilité d'user convenablement de cet anoblissement puisqu'elle demeurait sans possibilité de s'élever dans la société nobiliaire. Les d'Arc restèrent des roturiers par la force des choses.

Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille

Jeanne d'Arc et ses contemporains

Jeanne d'Arc fut très populaire de son vivant, la chevauchée vers Reims la fait connaître également à l'étranger. Le caractère exceptionnel de son épopée nourrit d'innombrables rumeurs en France, et même au-delà. Elle commence à recevoir des courriers sur des questionnements théologiques venant de nombreuses contrées. On lui demandera son avis sur lequel des papes, alors en concurrence, est le vrai. Jeanne se rapproche des ordres mendiants. Elle était une des nombreux prédicateurs en cette époque se disant directement envoyés de Dieu. Même si l'objet principal de sa mission est la restauration du trône de France, la Pucelle prend parti de fait sur le plan théologique et fait débat. Les conflits d'intérêts autour d'elle dépassent la rivalité politique entre les Anglais et les partisans du dauphin.
Ainsi l'université de Paris, qui était remplie des créatures du roi d'Angleterre ne la voit pas d'un bon œil, à l'opposé des théologiens de Poitiers, composée des universitaires parisiens exilés par les Anglais, et également à l'inverse de l'archevêque d'Embrun, des évêques de Poitiers et de Maguelonne, Jean de Gerson auparavant chancelier de l'université de Paris, l'Inquisiteur général de Toulouse, ou encore l'Inquisiteur Jean Dupuy qui ne voyait que comme enjeux à savoir la restitution du roi à son royaume et l'expulsion ou l'écrasement très juste d'ennemis très obstinés. Ces gens d'Église, et autres, soutenaient la Pucelle.
Pour l'éminente autorité religieuse qu'était alors la Sorbonne, le comportement religieux de Jeanne dépasse l'enjeu de reconquête du royaume, et les docteurs en théologie de cette institution la considèrent comme une menace contre leur autorité, notamment à cause du soutien des rivaux de l'université à Jeanne, et pour ce qu'elle représente dans les luttes d'influence à l'intérieur de l'Église.
Jeanne n'a pas eu non plus que des amis à la Cour du Dauphin. Au Conseil du Dauphin, le parti du favori – La Trémouille – dont était Gilles de Rais s'opposa régulièrement à ses initiatives. Cependant, de nombreux clercs du roi, notamment son confesseur Jean Girard, soutinrent la jeune fille, notamment après la prise d'Orléans, jusqu'à commander à l'archevêque d'Embrun, Jacques Gélu, une défense argumentée de Jeanne d'Arc.

Son rôle dans la guerre de Cent Ans

Jeanne d'Arc, à elle seule, n'a pas influé sur la phase finale de la guerre, qui s'est achevée en 1453. Elle n'a pas été non plus inexistante dans le rôle tactique et stratégique de sa campagne : Dunois parle d'une personne douée d'un bon sens indéniable et tout à fait capable de placer aux points clés les pièces d'artillerie de l'époque. Les faits d'armes sont donc à porter à son crédit. Elle fut en outre un chef indéniablement charismatique.
Sur le plan géopolitique, le royaume de France, privé de tout ce qui était situé au nord de la Loire et à l'ouest de l'Anjou-Auvergne, bénéficiait de ressources humaines et matérielles à peu près identiques à celles de l'Angleterre, proprement dite, qui était moins peuplée. Mais l'Angleterre tirait de ses possessions selon les Anglais de ses conquêtes selon les Français du Nord et de l'Ouest du royaume de France, des ressources en hommes et en impôts largement supérieures à celle du roi de Bourges, Charles VII. De plus, l'Angleterre était à l'aise pour mobiliser ses ressources continentales, car les Anglais connaissaient parfaitement tout le Grand Ouest de la France, lequel était leur domaine avant confiscation par Philippe Auguste un siècle plus tôt. Les Anglais n'ont jamais eu de difficulté pour lever des troupes et des fonds. La tactique de Charles V et de Du Guesclin, qui misaient sur le temps, en évitant les combats frontaux, et en assiégeant une par une les places fortes, tactique que Charles VII a adoptée faute de moyens, a parfaitement montré son efficacité. Cette tactique avait déjà montré les limites de l'invasion anglaise sous Charles V. Charles VII, avec l'appui de Jeanne, puis, après, des frères Gaspard et Jean Bureau, en a confirmé l'efficacité.
Cependant, avant l'intervention de Jeanne d'Arc, les Anglais bénéficiaient d'un avantage psychologique extrêmement important lié à plusieurs raisons :
la réputation d'invincibilité de leurs troupes ;
le traité de Troyes qui déshéritait le dauphin Charles et mettait en doute sa filiation à l'égard du roi Charles VI ;
un état d'abattement et de résignation de la population ;
l'alliance avec la Bourgogne.
L'avantage numérique du royaume de France pesait peu. Cette situation faisait qu'en 1429 la dynamique était anglaise.
Jeanne a eu indéniablement le mérite d'inverser l'ascendant psychologique en faveur de la France, en remontant le moral des armées et des populations, en légitimant et sacrant le roi, et en montrant que la réputation d'invincibilité des Anglais était fausse. Charles VII a eu, lui, l'initiative de se raccommoder avec les Bourguignons, étape indispensable pour la reconquête de Paris. Jeanne d'Arc visiblement ne portait pas les Bourguignons dans son cœur à cause de leur proximité avec son village de Domrémy et des heurts qu'il avait pu y avoir.

Le pape Pie II évoqua Jeanne d'Arc en ces termes :

… Ainsi mourut Jeanne, l'admirable, la stupéfiante Vierge. C'est elle qui releva le royaume des Français abattu et presque désespéré, elle qui infligea aux Anglais tant et de si grandes défaites. À la tête des guerriers, elle garda au milieu des armées une pureté sans tache, sans que le moindre soupçon ait jamais effleuré sa vertu. Était-ce œuvre divine ? était-ce stratagème humain ? Il me serait difficile de l'affirmer. Quelques-uns pensent, que durant les prospérités des Anglais, les grands de France étant divisés entre eux, sans vouloir accepter la conduite de l'un des leurs, l'un d'eux mieux avisé aura imaginé cet artifice, de produire une Vierge divinement envoyée, et à ce titre réclamant la conduite des affaires ; il n'est pas un homme qui n'accepte d'avoir Dieu pour chef ; c'est ainsi que la direction de la guerre et le commandement militaire ont été remis à la Pucelle. Ce qui est de toute notoriété, c'est que, sous le commandement de la Pucelle, le siège d'Orléans a été levé ; c'est que par ses armes a été soumis tout le pays entre Bourges et Paris ; c'est que, par son conseil, les habitants de Reims sont revenus à l'obéissance et le couronnement s'est effectué parmi eux ; c'est que, par l'impétuosité de son attaque, Talbot a été mis en fuite et son armée taillée en pièces ; par son audace le feu a été mis à une porte de Paris ; par sa pénétration et son habileté les affaires des Français ont été solidement reconstituées. Événements dignes de mémoire, encore que, dans la postérité, ils doivent exciter plus d'admiration qu'ils ne trouveront de créance.
Mémoires du pape Pie II, traduites et citées par Quicherat

L'enjeu de sa virginité

Si pucelle signifiait à l'époque simplement fille et pas particulièrement vierge, Jeanne mettait aussi en avant sa virginité pour prouver, selon les mœurs de son temps, qu'elle était envoyée de Dieu et non une sorcière et affirmer clairement sa pureté, aussi bien physiquement que dans ses intentions religieuses et politiques.
Si vous connaissez le sujet dont traite l'article, merci de le reprendre à partir de sources pertinentes en utilisant notamment les notes de fin de page. Vous pouvez également laisser un mot d'explication en page de discussion.
L'opinion de cette époque était en effet formée à ces miracles où la Vierge et les saints venaient délivrer les prisonniers ou sauver des royaumes, comme le prophétisaient Merlin, Brigitte de Suède ou la recluse d'Avignon66. Dès lors vérifier sa virginité devient un enjeu important, étant donné l'importance politique des projets de Jeanne : restaurer la légitimité du roi Charles VII et l'amener au sacre.
Par deux fois, la virginité de Jeanne fut constatée par des matrones, à Poitiers en mars 1429, mais aussi à Rouen, le 13 janvier 1431. Pierre Cauchon celui-là même qui la fit brûler avait ordonné ce deuxième examen pour trouver un chef d'accusation contre elle, en vain.
Il est en revanche difficile de savoir ce qui s'est passé entre le jugement et le constat de relapse, période où Jeanne a été durement maltraitée, défigurée, par ses geôliers. Selon Martin Ladvenu, un lord anglais aurait essayé de la forcer dans sa prison, en vain.

Les autres pucelles

Jeanne des Armoises et Jeanne de Sermaises

On trouve une représentation de Jeanne d'Arc portant armure et coupe en sébile 1937 dans la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.
Plusieurs femmes se présentèrent comme étant Jeanne d'Arc affirmant avoir échappé aux flammes. Pour la plupart, leur imposture fut rapidement décelée, mais deux d'entre elles parvinrent à convaincre leurs contemporains qu'elles étaient réellement Jeanne d'Arc : il s'agit de Jeanne des Armoises et de Jeanne de Sermaises.
D'après une source tardive (trouvée en 1645 à Metz par un prêtre de l'oratoire le père Jérôme Viguier et publiée en 1683 par son frère Benjamin Viguier, La Chronique du doyen de Saint-Thiébaud, Claude, dite Jeanne des Armoises apparut pour la première fois le 20 mai 1436 à Metz où elle rencontra les deux frères de Jeanne d'Arc, qui la reconnurent pour leur sœur. Il semble impossible d'affirmer s'ils crurent vraiment qu'elle fut leur sœur ou non. La belle-sœur de son mari Alarde de Chamblay devenue veuve s'était remariée en 1425 avec Robert de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Claude-Jeanne guerroya avec les frères d'Arc et Dunois dans le sud-ouest de la France et en Espagne. En juillet 1439, elle passa par Orléans, les comptes de la ville mentionnent pour le 1er août : À Jehanne d'Armoise pour don à elle fait, par délibération faite avec le conseil de ville et pour le bien qu'elle a fait à ladite ville pendant le siège IICX lp, soit 210 livres parisis. Elle mourut vers 1446 sans descendance.
En 1456, après la réhabilitation de la Pucelle, Jeanne de Sermaises apparut en Anjou. Elle fut accusée de s'être fait appeler la Pucelle d'Orléans, d'avoir porté des vêtements d'homme. Elle fut emprisonnée jusqu'en février 1458, et libérée à la condition qu'elle s'habillerait honnêtement. Elle disparaît des sources après cette date.

Les consœurs

Jeanne d'Arc n'est pas un cas unique, bien qu'on fasse à l'époque plus confiance à des enfants ayant des visions qu'à des hommes ou femmes prophètes les prophétesses sont des mulierculae, petites bonnes femmes dans le traité De probatione spirituum de 1415 de Jean de Gerson, théologien qui déconsidère notamment Brigitte de Suède ou Catherine de Sienne et met au point des procédures d'authentification des vraies prophétesses car désormais seule l'Église a le jugement d'autorité en matière de visions, apparitions et prophéties. En 1391, l'université de la Sorbonne et en 1413 l'université de Paris publient une affiche appelant à tous ceux qui ont des visions et se croyant appelés à sauver la France à leur communiquer leurs prophéties, les vrais prophètes selon les critères de l'époque devant être humbles, discrets, patients, charitables et avoir l'amour de Dieu. Le Journal d'un bourgeois de Paris rapporte un sermon entendu le 4 juillet 1431 faisant référence à trois autres femmes :
Encore dist il en son sermon qu'ilz estoient IIII, dont les III avoit esté prinses, c'est assavoir ceste Pucelle, et Perronne et sa compaigne, et une qui est avec les Arminalx Armagnacs, nommée Katherine de La Rochelle ; … et disoit que toutes ces quatre pouvres femme frère Richart le cordelier … les avoit toute ainsi gouvernées ; … et que le jour de Noel, en la ville de Jarguiau Jargeau, il bailla à ceste dame Jehanne la Pucelle trois foys le corps de Nostre Seigneur … ; et l'avoit baillé à Peronne, celui jour, deux fois …
De ces trois autres femmes, le même Bourgeois de Paris relate l'exécution de Piéronne, qui estoit de Bretaigne bretonnant et fut brûlée sur le parvis de Notre-Dame le 3 septembre 1430. Et s'il ne la nomme pas, le Formicarium du frère Jean Nider semble décrire la même exécution.
Interrogée au sujet de Katherine de La Rochelle lors de son procès, Jeanne d'Arc déclara l'avoir rencontrée et lui avoir répondu qu'elle retournât à son mari, faire son ménage et nourrir ses enfants. Elle ajouta : Et pour en savoir la certitude, j'en parlai à sainte Marguerite ou sainte Catherine, qui me dirent que du fait de cette Catherine n'était que folie, et que c'était tout néant. J'écrivis à mon Roi que je lui dirais ce qu'il en devait faire ; et quand je vins à lui, je lui dis que c'était folie et tout néant du fait de Catherine. Toutefois frère Richard voulait qu'on la mît en œuvre. Et ont été très mal contents de moi frère Richard et ladite Catherine.
Avec l'essor de l'astronomie et de la futurologie à la fin du Moyen Âge, les cours à cette époque aimaient s'entourer de ces prophètes, parfois pour les instrumentaliser à des fins politiques. Ainsi, une bataille autour des prophètes eut lieu notamment entre les Anglais et les Français, chaque camp fabriquant de fausses prophéties.

Sa reconnaissance

Reconnaissance littéraire et politique Mythes de Jeanne d'Arc.
Le culte de son vivant ayant rapidement décliné, les siècles suivants ne lui portent qu'un intérêt inconstant. C'est principalement à partir du xixe siècle que la figure historique de Jeanne d'Arc a été reprise par de nombreux auteurs pour illustrer ou cristalliser des messages religieux, philosophiques ou politiques.
Christine de Pisan est un des rares auteurs contemporains à avoir fait l'éloge de Jeanne d'Arc, la nouvelle Judith. Villon mentionne en deux vers, parmi les Dames du temps jadis, Jeanne la bonne Lorraine / Qu'Anglois brûlèrent à Rouen . Avant le XIXe siècle, l'image de Jeanne d'Arc est défigurée par la littérature. Seule la notice d'Edmond Richer, surtout prolifique sur le plan théologique, apporte un volet historique cependant entaché d'inexactitudes. Chapelain, poète officiel de Louis XIV, lui consacre une épopée malheureusement très médiocre sur le plan littéraire. Voltaire ne consacre qu'un vers et demi à la gloire de Jeanne d'Arc dans son Henriade, chant VII «… Et vous, brave amazone, La honte des Anglais, et le soutien du trône. et en consacra plus de vingt mille à la déshonorer. La figure de Jeanne d'Arc connaît son âge d'or sous la Restauration des Bourbon.
Depuis le XIXe siècle, les exploits de Jeanne d'Arc sont usurpés pour servir certains desseins politiques au mépris de l'histoire. Les arcanes de cette exploitation d'une héroïne qui symbolise la France de façon mythique, voire mystique sont innombrables. On retint surtout les thèses évoquées lors de son procès : la mandragore suggérée par Cauchon, l’instrument politique destiné à jeter la terreur dans les troupes anglaises, et la si romanesque main de Dieu qu’on y voit de l’hérésie ou des desseins monarchiques.
Jeanne d'Arc a été réhabilitée en 1817, dans le livre de Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes : Histoire de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du roi de la tour de Londres. Le travail scrupuleux de cet historien, fondé sur des enquêtes rigoureuses, et l'étude de documents originaux, a souvent été réutilisé comme base de travail par des écrivains français et étrangers, tels Jules Quicherat ou Joseph Fabre, qui ont contribué à redonner ses titres de noblesse à la Pucelle d'Orléans.
Les enjeux politiques et religieux du XIXe siècle expliquent l'émergence de thèses révisionnistes : la théorie surviviste ou survivaliste se développe avec l'ouvrage en 1889 La Fin d'une légende, vie de Jeanne d'Arc de 1409 à 1440 d'Ernest Lesigne alléguant que Jeanne fut sauvée du bûcher par substitution avec une autre femme et devenue Jeanne des Armoises. Cette théorie est reprise par des auteurs laïcs comme Gaston Save qui cherchent à minimiser le rôle de Jeanne d'Arc et enrayer son processus de canonisation. La théorie bâtardisante apparaît sur le plan littéraire pour la première fois en 1805 naît avec Pierre Caze qui écrit la pièce de théâtre La Mort de Jeanne d'Arc : la Pucelle y serait une bâtarde royale mise en scène à dessein, et dont la mère aurait été Isabeau de Bavière et le père Louis d'Orléans. Dans son livre La vérité sur Jeanne d'Arc en 1819, Caze développe cette théorie qui est généralement relayée par des monarchistes comme Jean Jacoby Le secret de Jeanne, pucelle d'Orléans en 1932 pour qui le peuple ne serait pas en mesure de donner naissance à des héros. La théorie « survivo-bâtardisante fusionne les deux précédentes en faisant de Jeanne une princesse royale qui a échappé au bûcher et survécu sous le nom de Jeanne des Armoises. Lancée par Jean Grimod Jeanne d'Arc a-t-elle été brûlée, 1952, elle est reprise par des auteurs comme Maurice David-Darnac, Étienne Weill-Raynal, Robert Ambelain, André Cherpillod Les deux mystères de Jeanne "d'Arc": sa naissance, sa mort, 1992 ou Marcel Gay et Roger Senzig L'affaire Jeanne d'Arc, 2007.

Reconnaissance par l'Église catholique Canonisation

La délégation pour la canonisation de Jeanne d'Arc.
Jeanne d'Arc est béatifiée le 18 avril 190978 et canonisée le 16 mai 1920. Sa fête religieuse est fixée au 30 mai, jour anniversaire de son martyre. Pie XI la proclame sainte patronne secondaire de la France en 1922.

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Posté le : 05/05/2016 20:29
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Jeanne D'Arc boute les anglais 2
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Contexte politique du royaume de France 1407-1429

1429
Territoires contrôlés par Henri VI d'Angleterre
Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne
Territoires contrôlés par le dauphin Charles
Principales batailles
Raid anglais de 1415
Itinéraire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429
Sujet à des crises intermittentes de maladie mentale suivies de phases de rémissions, le roi de France Charles VI, dit le Fol, se voit fréquemment contraint de délaisser le pouvoir au profit de son Conseil, devenu bientôt le siège de sourdes luttes d'influences entre son frère Louis d'Orléans et son oncle Philippe de Bourgogne, dit Philippe le Hardi.
L'affrontement entre les ducs d'Orléans et de Bourgogne s'intensifie lorsque Jean sans Peur, fils de Philippe le Hardi, succède à son père. Le nouveau duc de Bourgogne finit par faire assassiner son rival et cousin Louis d'Orléans en novembre 1407, acte déclencheur d'une guerre civile entre les Bourguignons et les Orléans. Ces derniers sont ultérieurement appelés Armagnacs en raison de l'engagement de Bernard VII d'Armagnac en faveur de son beau-fils Charles d'Orléans, fils et successeur du défunt duc Louis.
Profitant de ce conflit, Henri V, roi d'Angleterre relance les hostilités en brisant une longue trève franco-anglaise. La seconde phase de la Guerre de Cent Ans se caractérise donc par une guerre étrangère couplée à une guerre civile. Le monarque de la dynastie usurpatrice des Lancastre débarque en Normandie en 1415. La chevalerie française subit un désastre à Azincourt, face au Corps des Long Bow, archers gallois. En effet, les Anglais disposent d'un corps gallois ayant une maîtrise meurtrière de l'arc long longbow. Toujours bien abrités des charges de cavalerie par des pieux disposés à l'avance, ces gallois déciment sous une pluie de flèches la chevalerie française, dont les chevaux ne sont pas encore protégés. Ils vont ainsi devenir maîtres des batailles à terrain découvert malgré leur nette infériorité numérique. Mais après Orléans, Jeanne ayant obtenu des chefs militaires français — sur sa grande insistance — de poursuivre les troupes anglaises, le Corps des Long Bow est surpris faisant une pause à Patay et, inorganisés, quasiment tous ses archers sont massacrés par des charges de cavalerie. Le Corps ne sera pas reconstitué et sera totalement éliminé une décennie plus tard par l'apparition de l'artillerie nouvelle des frères Gaspard et Jean Bureau - notamment l'artillerie de campagne - aux batailles de Formigny et Castillon, avantages combinés qui mettront fin au conflit.
À Domrémy, on apprend que le duc Édouard III de Bar, son frère, Jean de Bar, seigneur de Puysaye et son petit-fils le comte de Marle, sont tombés au combat. Le duché échoit au frère survivant du duc défunt, Louis, évêque de Verdun, lequel est un temps contesté par le duc de Berg, gendre du feu duc.
Lors de l'entrevue de Montereau, le 10 septembre 1419, le dauphin Charles et Jean sans Peur doivent se réconcilier pour faire face à l'ennemi. Cependant, le duc de Bourgogne est poignardé au cours de cette rencontre, peut-être à l'instigation du dauphin lui-même et de certains de ses conseillers dont Tanneguy III du Chastel, entre autres motifs par vengeance de l'assassinat du duc Louis d'Orléans. En réaction à cet assassinat, le fils de Jean sans Peur et nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, se rallie aux Anglais, imité en cela par la puissante université de Paris.
Alliés au puissant duc de Bourgogne, les Anglais peuvent imposer en 1420 le traité de Troyes, signé entre le roi Henri V d'Angleterre et Isabeau de Bavière, reine de France et régente. Selon les termes de ce traité, Henri V se marie à Catherine de Valois, fille de Charles VI. À la mort de Charles VI, la couronne doit revenir à leur descendance, réunissant les deux royaumes.
Ce traité est contesté par la noblesse française car il spolie le Dauphin - stigmatisé en tant qu'assassin du duc de Bourgogne - de son droit à la succession. À la mort de Charles VI en 1422, la France n'a donc plus de roi ayant été sacré. La couronne de France est alors revendiquée par le roi d'Angleterre encore mineur, Henri VI qui vient de succéder à son père.
La situation territoriale devient alors la suivante : le Sud-Ouest du territoire français est contrôlé par les Anglais de même que la plupart des régions du Nord, excepté le duché de Bretagne, État indépendant, qui se remet d'une guerre de succession et dont la neutralité réglée par le traité de Guérande de 1381 se poursuivra sous le règne de Jean V. La Bretagne jouera néanmoins un rôle décisif dans la dernière phase de cette guerre de Cent Ans en assurant le blocus de Bordeaux.

Traité de Troyes. De Domrémy à Chinon : 1428 - février 1429

À treize ans, Jeanne affirme avoir entendu dans le jardin de son père les voix célestes des saintes Catherine et Marguerite et de l'archange saint Michel lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Dès lors, elle s'isole et s'éloigne des jeunes du village qui n'hésitent pas à se moquer de sa trop grande ferveur religieuse, allant jusqu'à rompre ses fiançailles probablement devant l'official de l'évêché de Toul. Elle craint le pillage et les massacres pour son village de Domrémy : les intrusions anglo-bourguignonnes menacent toute la Lorraine. Ses expériences mystiques se multiplient à mesure que les troubles dans la région augmentent mais, effrayée, elle ne les révèle à son oncle, Durand Laxart en fait, un cousin qu'elle appelle oncle car plus âgé, qu'à l'âge de 16 ans. Après beaucoup d'hésitations, son oncle l'emmène — sans permission parentale — rencontrer Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy, sous prétexte d'aller aider aux relevailles d'une cousine germaine. Demandant à s'enrôler dans les troupes du Dauphin pour répondre à une prophétie locale qui voulait qu'une pucelle des Marches de Lorraine sauvât la France, elle demande audience à Robert de Baudricourt en vue d'obtenir de lui la lettre de crédit qui lui ouvrirait les portes de la Cour. Le seigneur local la prend pour une affabulatrice ou une illuminée et conseille Laxart de ramener sa nièce chez ses parents avec une bonne gifle.
L'année suivante, les Anglo-bourguignons attaquent Domrémy ; avec sa famille, elle se réfugie à Neufchâteau. Jeanne tenace revient s'installer à Vaucouleurs en 1429 pendant trois semaines. Elle loge chez Henri et Catherine Le Royer, famille bourgeoise, et la population — avide en ces temps troublés de prophéties encourageantes — l'adopte et la soutient. Dotée d'un grand charisme, la jeune paysanne illettrée acquiert une certaine notoriété de guérisseuse lorsque le duc malade Charles II de Lorraine lui donne un sauf-conduit pour lui rendre visite à Nancy : elle ose promettre au souverain de prier pour sa guérison en échange de l'abandon par le duc de sa maîtresse la belle Alison Du May et d'une escorte menée par René d'Anjou, gendre du duc et beau-frère du Dauphin Charles pour libérer la France. Elle finit par être prise au sérieux par Baudricourt après qu'elle lui a annoncé par avance la journée des Harengs et l'arrivée concomitante de Bertrand de Poulengy, jeune seigneur proche de la maison d'Anjou et de Jean de Novellompont, dit de Metz. Il lui donne une escorte de six hommes : les deux écuyers Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son aventure, ainsi qu'un courrier, le messager royal Colet de Vienne, chacun accompagné de son serviteur Julien et Jean de Honnecourt ainsi que Richard L'Archer. Avant son départ pour le royaume de France, Jeanne se recueille dans l'ancienne église de Saint-Nicolas-de-Port, dédiée au saint patron du duché de Lorraine.
Portant des habits masculins et arborant la coupe en écuelle ou en sébile à la mode masculine de l'époque, autrement dit la chevelure taillée en rond au-dessus des oreilles, avec la nuque et les tempes rasées — ce qu'elle fera jusqu'à sa mort, excepté pour sa dernière fête de Pâques — elle traverse incognito les terres bourguignonnes et se rend à Chinon où elle est finalement autorisée à voir le Dauphin Charles, après réception d'une lettre de Baudricourt. La légende raconte qu'elle fut capable de reconnaître Charles, vêtu simplement au milieu de ses courtisans. En réalité, arrivée à Chinon le mercredi 23 février 1429, elle n'est reçue par le roi que deux jours plus tard, non dans la grande salle de la forteresse mais dans ses appartements privés lors d'une entrevue au cours de laquelle elle parle au Dauphin de sa mission, la grande réception devant la Cour à l'origine de la légende n'ayant lieu qu'un mois plus tard. Jeanne est logée dans la tour du Coudray. Jeanne annonce clairement quatre événements : la libération d'Orléans, le sacre du roi à Reims, la libération de Paris et la libération du duc d'Orléans.
Après l'avoir fait interroger par les autorités ecclésiastiques à Poitiers où des docteurs en théologie réalisent son examen de conscience et où des matrones, supervisées par la duchesse douairière d'Anjou, belle-mère du Dauphin, constatent sa virginité exigence pour une envoyée de Dieu ? Vérification qu'elle n'est pas un homme ? Pour ne pas donner prise à ses ennemis qui la qualifient de putain des Armagnac, et après avoir fait une enquête à Domrémy, Charles donne son accord pour envoyer Jeanne à Orléans assiégée par les Anglais.

Campagnes militaires avril - décembre 1429 Orléans

En avril 1429, Jeanne d'Arc est envoyée par le roi à Orléans, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement. Ses frères la rejoignent. On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit Jesus Maria, qui est aussi la devise des ordres mendiants les dominicains et les franciscains. En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques. Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d'Orléans, dit le Bâtard d'Orléans, futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.

Siège d'Orléans 1428-1429.

En raison de cette victoire encore célébrée à Orléans au cours des Fêtes johanniques, chaque année du 29 avril au 8 mai, on la surnomme la Pucelle d'Orléans, expression apparaissant pour la première fois en 1555 dans l'ouvrage Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin de François de Billon.

Reims

Après le nettoyage de la vallée de la Loire grâce à la victoire de Patay où Jeanne d'Arc ne prit pas part aux combats, le 18 juin 1429, remportée face aux Anglais, Jeanne se rend à Loches et persuade le Dauphin d'aller à Reims se faire sacrer roi de France.
Pour arriver à Reims, l'équipée doit traverser des villes sous domination bourguignonne qui n'ont pas de raison d'ouvrir leurs portes, et que personne n'a les moyens de contraindre militairement. Selon Dunois, le coup de bluff aux portes de Troyes entraîne la soumission de la ville mais aussi de Châlons-en-Champagne et de Reims. Dès lors, la traversée est possible.

Chevauchée vers Reims et Bataille de Patay.

Le 17 juillet 1429, dans la cathédrale de Reims, en la présence de Jeanne d'Arc, Charles VII est sacré par l'archevêque Regnault de Chartres. Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, en tant que pair du royaume, est absent ; Jeanne lui envoie une lettre le jour même du sacre pour lui demander la paix. L'effet politique et psychologique de ce sacre est majeur. Reims étant au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons et hautement symbolique, il est interprété par beaucoup à l'époque comme le résultat d'une volonté divine. Il légitime Charles VII qui était déshérité par le traité de Troyes.
Cette partie de la vie de Jeanne d'Arc constitue communément son épopée : ces événements qui fourmillent d'anecdotes où les contemporains voient régulièrement des petits miracles, le tout conforté par leurs références explicites dans les procès, ont grandement contribué à forger la légende et l'histoire officielle de Jeanne d'Arc. La découverte miraculeuse de l'épée dite de Charles Martel sous l'autel de Sainte-Catherine-de-Fierbois, en est un exemple. Le mythe de la chef de guerre commandant les armées de Charles VII en est un autre. C'est le duc de Bedford, régent du royaume de France pour les Anglais, qui lui attribue le rôle de chef de guerre de l'ost du roi envoyé par le diable, pour minimiser la portée de la délivrance d'Orléans et des défaites ultérieures. Les conseillers du roi se méfiant de son inexpérience et de son prestige, ils la font tenir à l'écart des décisions militaires essentielles tandis que le commandement est successivement confié à Dunois, au duc d'Alençon, à Charles d'Albret ou au maréchal de Boussac36. Les historiens contemporains la considèrent soit comme un porte-étendard qui redonne du cœur aux combattants, soit comme un chef de guerre démontrant de réelles compétences tactiques.

Siège de Paris 1429.

Dans la foulée du sacre, Jeanne d'Arc tente de convaincre le roi de reprendre Paris aux Bourguignons et aux Anglais, mais il hésite. Jeanne mène une attaque sur Paris mais elle est blessée lors de l'attaque de la porte Saint-Honoré ; l'attaque est rapidement abandonnée et Jeanne est ramenée au village de la Chapelle. Le roi finit par interdire tout nouvel assaut : l'argent et les vivres manquent et la discorde règne au sein de son conseil. C'est une retraite forcée vers la Loire, l'armée est dissoute.

La prise de Jeanne d'Arc à Compiègne

Jeanne repart néanmoins en campagne : désormais elle conduit sa propre troupe et se considère comme une chef de guerre indépendante, elle ne représente plus le roi. Entraîneur d'hommes qu'elle galvanise par son charisme et son courage elle est plusieurs fois blessée, elle dispose d'une maison militaire avec une écurie de coursiers. Ses troupes lutteront contre des capitaines locaux, mais sans beaucoup de succès. Le 4 novembre 1429, la Pucelle et Charles d'Albret s'emparent de Saint-Pierre-le-Moûtier. Le 23 novembre, ils mettent le siège devant La Charité-sur-Loire pour en chasser Perrinet Gressart. Pour Noël, Jeanne a regagné Jargeau à la suite de l'échec du siège.
Capture par les Bourguignons et vente aux Anglais 1430
Jeanne est alors conviée à rester dans le château de La Trémoille à Sully-sur-Loire. Quittant le roi sans prendre congé, elle s'échappe rapidement de sa prison dorée pour répondre à l'appel à l'aide de Compiègne, assiégée par les Bourguignons. Finalement, elle est capturée par les Bourguignons lors d'une sortie aux portes de Compiègne le 23 mai 1430. Elle essaie de s'échapper par deux fois, mais échoue. Elle se blessa même sérieusement en sautant par une fenêtre au château de Beaurevoir. Elle est vendue aux Anglais le 21 novembre 1430, pour dix mille livres tournois, et confiée à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et allié des Anglais. Les Anglais l'emmènent à Rouen où se situe leur quartier-général.

Capture de Jeanne d'Arc par les Bourguignons.Le procès et la condamnation 1431

Le procès

Tour Jeanne-d'Arc, donjon du château de Philippe-Auguste à Rouen, où elle fut amenée pour être soumise à la question.
Lors de son procès qui dura du 21 février au 23 mai 143142, Jeanne d'Arc était accusée d'hérésie. Elle fut emprisonnée dans une tour du château de Philippe Auguste à Rouen, dite plus tard tour de la Pucelle » ; seul le donjon de la construction est parvenu jusqu'à nous. Il est appelé à tort tour Jeanne-d'Arc, cependant les substructions de la tour de la Pucelle ont été dégagées au début du xxe siècle et sont visibles dans la cour d'une maison sise rue Jeanne d'Arc. Jugée par l'Église, Jeanne d'Arc resta néanmoins emprisonnée dans cette prison civile, au mépris du droit canon.
L'enquête préliminaire commence en janvier 1431 et Jeanne d'Arc est interrogée sans ménagement à Rouen. Si ses conditions d'emprisonnement étaient particulièrement difficiles, Jeanne n'a néanmoins pas été soumise à la question, bien qu'elle en ait été menacée.
Le procès débute le 21 février 1431. Environ cent vingt personnes y participent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris. Leurs membres furent sélectionnés avec soin. Lors du procès de réhabilitation, plusieurs témoignèrent de leur peur. Ainsi, Richard de Grouchet déclare que c'est sous la menace et en pleine terreur que nous dûmes prendre part au procès ; nous avions l'intention de déguerpir. Pour Jean Massieu, il n'y avait personne au tribunal qui ne tremblât de peur. Pour Jean Lemaître, Je vois que si l'on n'agit pas selon la volonté des Anglais, c'est la mort qui menace.
Une dizaine de personnes sont actives lors du procès, tels Jean d'Estivet, Nicolas Midy et Nicolas Loyseleur. Mais les enquêteurs, conduits par l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, ne parviennent pas à établir un chef d'accusation valable : Jeanne semble être une bonne chrétienne, convaincue de sa mission, différente des hérétiques qui pullulent dans un climat de défiance vis-à-vis de l'Église en ces temps troublés. Le tribunal lui reproche par défaut de porter des habits d'homme, d'avoir quitté ses parents sans qu'ils lui aient donné congé, et surtout de s'en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu'à celui de l'Église militante, c'est-à-dire l'autorité ecclésiastique terrestre. Les juges estiment également que ses voix, auxquelles elle se réfère constamment, sont en fait inspirées par le démon. Soixante-dix chefs d'accusation sont finalement trouvés, le principal étant Revelationum et apparitionum divinorum mendosa confictrix imaginant mensongèrement des révélations et apparitions divines.L’université de Paris Sorbonne, alors à la solde des Bourguignons, rend son avis : Jeanne est coupable d'être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d'hérésie, errante en la foi, blasphématrice de Dieu et des saints. Jeanne en appelle au Pape, ce qui sera ignoré par les juges.
Sur l'amour ou la haine que Dieu porte aux Anglais, je n'en sais rien, mais je suis convaincue qu'ils seront boutés hors de France, exceptés ceux qui mourront sur cette terre.

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Posté le : 05/05/2016 20:23
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Jeanne d'arc boute les anglais 1
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Le 8 mai 1429 Jeanne D'arc " boute " les anglais hors d'Orléans

et met fin au siège de la ville qui durait depuis 1428. En raison de cette victoire encore célébrée à Orléans au cours des Fêtes johanniques, chaque année du 29 avril au 8 mai, on la surnomme la Pucelle d'Orléans, expression apparaissant pour la première fois en 1555 dans l'ouvrage " Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin " de François de Bienne. Elle s'illustre pendant le conflit de la Guerre de Cent Ans, elle participe au Siège d'Orléans, à la bataille de Jargeau, à la bataille de Meung-sur-Loire et à la chevauchée vers Reims. Elle est la fille de Isabelle Romée et de Jacques d'Arc; elle a 3 frères et 1 sœur : Jacques, Jean, Pierre, et Catherine d'Arc.
En avril 1429, Jeanne d'Arc est envoyée par le roi à Orléans, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement. Ses frères la rejoignent. On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit Jesus Maria, qui est aussi la devise des ordres mendiants les dominicains et les franciscains. En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques. Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d'Orléans, dit le Bâtard d'Orléans, futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.
Jeanne d'Arc, née vers 1412 à Domrémy village du duché de Bar en Lorraine actuelle,et dont une partie relevait du royaume de France pour le temporel et de l'évêché de Toul pour le spirituel actuellement dans le département des Vosges en Lorraine, et morte, à 19 ans sur le bûcher le 30 mai 1431 à Rouen, capitale du duché de Normandie alors possession du royaume d'Angleterre, est une héroïne de l'histoire de France, chef de guerre et sainte de l'Église catholique, surnommée depuis le XVIe siècle la Pucelle d'Orléans et, depuis le XIXe siècle, mère de la nation française.
Au début du XV e siècle, cette jeune fille de dix-sept ans d'origine paysanne affirme avoir reçu de la part des saints Michel, Marguerite d'Antioche et Catherine la mission de délivrer la France de l'occupation anglaise. Elle parvient à rencontrer Charles VII, à conduire victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, à lever le siège d'Orléans et à conduire le roi au sacre à Reims, contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.
Capturée par les Bourguignons à Compiègne en 1430, elle est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg, comte de Ligny, pour la somme de dix mille livres. Elle est condamnée à être brûlée vive en 1431 après un procès en hérésie conduit par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et ancien recteur de l'université de Paris. Entaché de nombreuses irrégularités, ce procès voit sa révision ordonnée par le pape Calixte III en 1455. Un second procès est instruit qui conclut, en 1456, à l'innocence de Jeanne et la réhabilite entièrement. Grâce à ces deux procès dont les minutes ont été conservées, elle est l'une des personnalités les mieux connues du Moyen Âge.
Béatifiée en 1909 puis canonisée en 1920, Jeanne d'Arc est devenue une des quatre saintes patronnes secondaires de la France. Sa fête nationale est instituée par la loi en 1920 et fixée au 2e dimanche de mai.
Elle est dans le monde entier une personnalité mythique qui a inspiré une multitude d’œuvres littéraires, historiques, musicales, dramatiques et cinématographiques.


En bref


Jeanne d'Arc qui, grâce à la documentation d'une exceptionnelle richesse constituée par les dossiers de ses deux procès (condamnation en 1431, réhabilitation en 1456), est l'un des personnages les mieux connus du XVe siècle reste pourtant mystérieuse. Cela tient d'abord au contraste qui rend son action et les sources historiques qui la présentent déconcertantes. Paysanne qui ne sait ni lire ni écrire, dont tout le bagage savant se limite à la récitation du Pater, de l'Ave et du Credo et aux échos de sermons et de conversations entendus, elle est portée ou se porte (l'initiative de son action paraît bien lui revenir) au premier rang de la société.
Les procès ont bien consigné ses déclarations authentiques, mais ils sont rédigés dans la langue des juristes et des théologiens, alors que les paroles de Jeanne expriment une mentalité, une culture populaires. Ce contraste a rendu Jeanne incompréhensible ou suspecte à la plupart de ses contemporains (de Charles VII à ses juges) et des historiens, du XVe siècle à nos jours. Mais ceux qui ont saisi l'importance du caractère populaire de son comportement, de ses idées, de ses croyances ont faussé l'image de la Jeanne d'Arc historique soit par leur conception erronée du peuple (en partie Michelet, et surtout Péguy), soit par leur ignorance de la culture et de la mentalité populaires dans la France du début du XVe siècle.
Le fossé culturel séparant Jeanne de son entourage politique, militaire et ecclésiastique au XVe siècle et, depuis lors, de ses historiens a permis toutes les interprétations. L'historiographie de Jeanne d'Arc est ainsi devenue le condensé de l'évolution historiographique du XVe siècle à nos jours. Pour l'historien d'aujourd'hui, cette évolution n'est pas moins intéressante que l'histoire même de Jeanne. Il y a notamment une Jeanne d'Arc gothique, une Jeanne d'Arc Renaissance, une Jeanne d'Arc classique, une Jeanne d'Arc des « Lumières », une Jeanne d'Arc romantique, une Jeanne d'Arc nationaliste, etc.
Les deux caractères qui, au XXe siècle, sont passés au premier plan : la sainteté et le nationalisme, sont liés au moment historique et chargés d'équivoques et d'erreurs de perspective historique. Jeanne d'Arc, au XVe siècle, ne pouvait apparaître comme une sainte à personne et l'idée n'a effleuré aucun de ses plus chauds partisans. L'interprétation qui a été faite de paroles prononcées par certains témoins qui l'auraient traitée de « bona et sancta persona » repose sur un contresens. L'expression ne signifie pas « bonne et sainte personne », mais « personne de bonnes mœurs et de religion droite ». S'il est vrai que Jeanne a été animée par un sentiment « national » et a suscité des passions « nationales » en son temps, elle n'a ni créé ni même cristallisé ce sentiment qui existait en France bien auparavant, notamment dans les milieux populaires ; la nature du « nationalisme » du XVe siècle est différente de celle du nationalisme moderne et contemporain.
Si la plupart des interprétations de Jeanne d'Arc depuis le XVe siècle sont issues de déformations de bonne foi dues à l'outillage mental et scientifique de l'époque, si l'on comprend comment, de son vivant, ses ennemis, mal intentionnés sans doute, ont pu cependant confondre, plus ou moins de bonne foi, piété populaire et hérésie ou sorcellerie, il faut dénoncer les entreprises modernes qui, au mépris des textes les plus clairs et des données les plus certaines, reprennent inlassablement certaines erreurs. Il en est trois surtout, qui sont autant de contre-vérités assurées. Jeanne n'était pas une bâtarde royale ou noble, fruit par exemple des amours secrètes de la reine Isabeau de Bavière et du duc d'Orléans. Jeanne a bien été brûlée à Rouen, et les fausses Jeanne apparues après 1431 sont des folles ou des imposteurs. Jeanne n'a pas été démonolâtre, n'a pas appartenu à une secte « luciférienne » et, elle l'a dit sans ambiguïté, si elle partageait les traditions de son entourage paysan (fêtes autour d'un « arbre de fées », légendes du « Bois chenu »), elle « n'y croyait pas » comme le faisaient des compagnes et des compagnons d'une mentalité plus traditionnelle. Sa « simplicité » était celle d'une chrétienne du peuple très « orthodoxe ». Il est piquant de noter que les anthropologues anglais qui, au XXe siècle, ont eu le souci de replacer les croyances de Jeanne dans un cadre de mentalités traditionnelles sont tombés dans le piège de la sorcellerie. Une fausse science a renoué – innocemment – avec les superstitions savantes de leurs compatriotes mal intentionnés, ennemis de Jeanne au XVe siècle. En revanche, on peut penser que, à côté de l'histoire des mentalités et traditions populaires, les tentatives ébauchées par des spécialistes de l'histoire comparée des religions, de la psychiatrie et de la psychanalyse contribueront à mettre en lumière la vérité d'un personnage qui reste, en son temps et dans l'histoire, exceptionnel et, à travers les documents authentiques, souvent bouleversant.
Les événements. Jeanne est née probablement le 6 janvier 1412 dans un bourg du Barrois, Domrémy. Ses parents étaient des « laboureurs », c'est-à-dire des paysans assez aisés. Le nom de famille est écrit dans les documents d'époque Darc, Tarc, Dare, Day, etc. Le nom de Jeanne d'Arc apparaît pour la première fois dans un poème en 1576. De son enfance on connaît ce qu'elle-même et certains témoins en ont évoqué aux procès : sa dévotion, marquée par l'enseignement des ordres mendiants (confession et communion fréquentes, pratique des œuvres de miséricorde – surtout aumône aux pauvres –, culte spécial à certains saints et surtout à la Vierge et au nom de Jésus qu'elle prononcera sur le bûcher) ; sa participation aux fêtes et aux jeux de ses compagnons, à l'égard de qui elle manifestait toutefois une certaine distance, inspirée par sa piété et son goût pour la solitude. Domrémy, dans la vallée de la Meuse, était situé sur une route fréquentée par les marchands, les pèlerins, les clercs voyageurs, les soldats – le monde médiéval de la route, colporteur de nouvelles, de légendes et d'histoires plus ou moins savantes qui se mêlaient au fonds traditionnel local.
Les événements qui touchent Jeanne sont liés à la guerre de Cent Ans. Au lendemain du traité de Troyes (1420) et de la mort de Charles VI (1422), le royaume de France est divisé entre un roi légal, l'Anglais Henri VI – un enfant – qui, de Paris, ne tient que la France du Nord et doit beaucoup au soutien du duc de Bourgogne, et un roi qui se dit seul légitime, le dauphin Charles, « roi de Bourges », qui tient le Midi. Domrémy se trouve à la frontière entre les deux France et, dans la châtellenie de Vaucouleurs, non loin des possessions bourguignonnes et de l'Empire, c'est un des rares bourgs qui, dépendant du roi de France, soit resté fidèle à Charles. En 1425, les habitants doivent abandonner une première fois le village devant la menace bourguignonne et, en 1428, quand les Anglo-Bourguignons mettent le siège devant Vaucouleurs, qui résiste, Jeanne, avec les siens, se réfugie à Neufchâteau. C'est dans ce contexte qu'elle a commencé à entendre des « voix » – celles de saint Michel, de sainte Catherine et de sainte Marguerite – qui lui ordonnent d'aller en France, d'en chasser les Anglais et de faire sacrer Charles à Reims. Les Anglais en Angleterre, les Français en France, et le roi légitime sacré à Reims, en signe de lieutenance du vrai roi, Dieu : voilà l'essentiel du modèle de « monarchie chrétienne nationale » reçu par Jeanne. Après de longues hésitations, aidée par un parent, elle va trouver en mai 1428 le représentant du roi à Vaucouleurs, le capitaine Robert de Baudricourt, qui la traite de folle et la renvoie chez elle. Désormais elle sera aidée par des gens qui croiront en la réalité de sa mission et de ses voix, et elle se heurtera à l'incompréhension ou à l'hostilité de ceux qui la croiront folle, ou intrigante et menteuse, ou pis encore sorcière. Entre les deux, beaucoup hésiteront à se prononcer, oscilleront entre l'indifférence, la méfiance ou un intérêt sceptique. C'est qu'une longue tradition médiévale fait surgir un peu partout – et plus que jamais en ce début du XVe siècle à la faveur de la guerre, de la peste, du schisme – des prophètes savants ou populaires que l'Église rejette pour la plupart dans les cohortes maudites de Satan : sorciers ou pseudo-prophètes. Tel est le monde interlope, social et mental, dans lequel se trouve Jeanne en 1428-1429.
Le 12 février 1429, elle fait une nouvelle tentative auprès de Baudricourt. Sous la pression de partisans de Jeanne, après une séance d'exorcisme d'où elle sort victorieuse, Baudricourt cède. Il lui accorde une escorte armée. En onze jours la petite troupe, partie le 13 février de Vaucouleurs par la porte de France, arrive à Chinon, résidence du « roi » Charles. Celui-ci, très réticent, la reçoit le 25 février au soir. Elle passe l'épreuve avec succès, reconnaît le roi parmi son entourage et, dans un entretien particulier, le convainc de sa mission par un « signe » qu'elle refusera toujours de révéler au procès. Charles la soumet à l'interrogatoire des théologiens de l'université de Poitiers. Elle leur fait quatre prédictions : les Anglais lèveront le siège d'Orléans, le roi sera sacré à Reims, Paris rentrera dans l'obéissance au roi, le duc d'Orléans reviendra de sa captivité en Angleterre. Après un examen de virginité et une enquête de moralité, Jeanne, par une décision de Charles en conseil, est autorisée à participer aux opérations militaires. Munie d'une bannière (avec l'inscription « Jhesus Maria »), d'un prénom, d'une armure complète et d'une épée trouvée, sur ses indications, en la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois près de Tours, d'un écuyer, de deux pages, et d'un religieux augustin comme chapelain, elle prit part aux opérations qui aboutirent à la levée du siège d'Orléans par les Anglais, le 8 mai 1429. Ce fut ensuite la reprise de Jargeau, de Meung, de Beaugency, la victoire de Patay, le 18 juin. Son nom se répandit dans toute la France. Jean Gerson, chancelier de l'Université de Paris, dans un petit traité du 14 mai, se prononça en faveur de la mission divine de Jeanne, et Christine de Pisan, dans un poème du 31 juillet, voyait en elle la réalisation des prophéties de la Sibylle, de Bède et de Merlin : la France sauvée par une vierge.
Le 17 juillet, Charles VII fut sacré par l'archevêque de Reims selon le cérémonial traditionnel. Jeanne se tenait près du roi, avec sa bannière dont elle dira qu'« ayant été à la peine, il était juste qu'elle fût à l'honneur ». Jeanne allait échouer dans sa troisième prédiction. L'armée commandée par le duc d'Alençon livra le 8 septembre un assaut contre Paris, qui fut repoussé, dans lequel Jeanne fut blessée. Des opérations limitées auxquelles participa Jeanne aboutirent à la reprise de Saint-Pierre-le-Moûtier, mais à un échec devant La Charité-sur-Loire (décembre). Le 24 décembre, Charles VII anoblit Jeanne et sa famille. Jeanne passa l'hiver 1429-1430 dans le Berry, à Bourges et à Sully. À la fin de mars elle se rendit dans le nord de l'Île-de-France avec une petite troupe pour combattre les Bourguignons. Le 23 mai, alors qu'elle tentait de faire lever le siège de Compiègne, elle fut faite prisonnière par les hommes de Jean de Luxembourg, condottiere au service du duc de Bourgogne. L'archevêque de Reims, Regnaut de Chartres, qui administrait pour Charles VII les régions conquises, écrivit aux Rémois pour les rassurer. La prise de la Pucelle, disait-il, ne changeait rien : déjà un jeune berger du Gévaudan venait de se manifester qui en ferait autant qu'elle. Tout le contraste est là, entre le « rationalisme » du clerc savant et la croyance populaire. Jeanne va en mourir.
Les procès. Jeanne échoua dans une tentative d'évasion du château de Beaulieu-en-Vermandois, elle se jeta du haut d'une tour, ce qui lui fut reproché à son procès comme une tentative de suicide. Dès le 26 mai, l'Université de Paris avait réclamé qu'elle fût jugée comme hérétique par le tribunal de l' Inquisition. Ce corps, représentant suprême en France de la culture et des préjugés savants et de la collaboration avec les Bourguignons et les Anglais, s'avérait être le principal ennemi de Jeanne. Les Anglais, qui voulaient la condamnation de Jeanne, l'achetèrent à Jean de Luxembourg, mais la remirent à la justice d'Église, tout en déclarant qu'ils la reprendraient si elle n'était pas déclarée hérétique. Un tribunal ecclésiastique fut constitué, par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, diocèse sur le territoire duquel Jeanne avait été prise ; son diocèse étant aux mains des Français, cet universitaire parisien, devenu une créature des Anglais, était replié à Rouen. Depuis longtemps gagné aux Bourguignons, il était l'un des rédacteurs de l'ordonnance « progressiste » de 1413, dite ordonnance « cabochienne ». Il s'adjoignit, malgré les réticences de celui-ci, un dominicain, frère Jean le Maître, vicaire de l'inquisiteur de France à Rouen. Ce furent les deux seuls juges de Jeanne, entourés d'un certain nombre de conseillers et d'assesseurs à titre consultatif.
Le procès de Jeanne fut donc un procès d'« inquisition en matière de foi ». On lui reprochait le port de vêtements d'homme, qui tombait sous le coup d'une interdiction canonique, sa tentative de suicide, ses visions considérées comme une imposture et un signe de sorcellerie, son refus de soumission à l'Église militante, et divers griefs mineurs. Le procès s'ouvrit à Rouen le 9 janvier 1431. Malgré quelques entorses aux règlements ou à la tradition, il est conforme à la légalité inquisitoriale, les juges se montrant soucieux de se mettre à l'abri de cas d'annulation. La partialité se manifestera surtout dans la façon de conduire les interrogatoires et d'abuser de l'ignorance de Jeanne. Des déclarations de celle-ci on tire douze articles soumis à l'Université de Paris qui, le 14 mai, en assemblée solennelle, ratifie les conclusions des facultés de théologie et de droit. Les théologiens ont déclaré Jeanne idolâtre, invocatrice de démons, schismatique et apostate. Les canonistes l'ont dénoncée comme menteuse, devineresse, très suspecte d'hérésie, schismatique et apostate. Ou elle abjurera publiquement ses erreurs, ou elle sera abandonnée au bras séculier. Dans un moment de faiblesse, Jeanne, qui a résisté aux menaces de torture, « abjure » le 24 mai au cimetière de Saint-Ouen. Elle se ressaisit bientôt et, en signe de fidélité envers ses voix et Dieu, elle reprend le 27 mai ses habits d'homme. Un nouveau procès est expédié et, le 30 mai 1431, Jeanne hérétique et relapse, est brûlée sur le bûcher sur la place du Vieux-Marché de Rouen.
En 1437, la troisième prophétie de Jeanne s'était accomplie : les troupes de Charles VII avaient repris Paris. Le 10 novembre 1449, Charles VII entra à Rouen et, le 15 février 1450, il fit procéder à une enquête sur la façon dont s'était déroulé le procès de Jeanne. Cette enquête n'eut pas de suite. En 1452, pour plaire à la cour française, le cardinal d' Estouteville, légat pontifical, fit rouvrir l'enquête sans plus de résultat immédiat. En 1455, à la demande de la mère de Jeanne, débuta un nouveau procès d'inquisition, où le nouveau grand inquisiteur de France, le dominicain Jean Bréhal, se dépensa en faveur de la mémoire de Jeanne. Le 7 juillet 1456, dans la grande salle du palais archiépiscopal de Rouen, les commissaires pontificaux, sous la présidence de Jean Juvénal des Ursins, archevêque de Reims, déclarèrent le procès de condamnation de Jeanne et la sentence « entachés de vol, de calomnie, d'iniquité, de contradiction, d'erreur manifeste en fait et en droit y compris l'abjuration, les exécutions et toutes leurs conséquences » et, par suite, « nuls, invalides, sans valeur et sans autorité ». La décision fut publiée solennellement dans les principales villes du royaume. Décision d'annulation, purement négative, qui se contentait de lever une hypothèque sur le destin posthume de Jeanne.
Jeanne après Jeanne .Jeanne avait de son vivant connu une célébrité due surtout à l'étonnement de voir la Pucelle « passer de la garde des brebis à la tête des armées du roi de France ». Au lendemain de sa mort son souvenir fut tantôt honoré, tantôt exploité, bien que, à la cour et au sommet de la hiérarchie ecclésiastique, on fût porté à faire silence sur elle pour attribuer à Dieu seul et à son intérêt pour la monarchie française les événements provoqués par l'action de Jeanne. Des villes comme Bourges et surtout Orléans firent célébrer une messe de requiem à l'anniversaire de sa mort. À Orléans, une pièce de théâtre, ébauchée en 1435-1439, mise en forme en 1453-1456, le Mistère du siège d'Orléans, fut jouée à plusieurs reprises. Une fausse Jeanne, Jeanne ou Claude du Lis, apparut dans la région de Metz en 1436, épousa un pauvre chevalier, Robert des Armoises, et cette Jeanne des Armoises, qui fut reconnue par les frères de Jeanne – aberration ou calcul ? – donna le change jusqu'en 1440 où elle fut démasquée – ironie du sort – par l'Université et le Parlement de Paris.
L'époque humaniste voit une éclipse de Jeanne. L'historiographie officielle minimise l'importance de l'héroïsme au profit de la monarchie qui, par la volonté de Dieu, a été la véritable salvatrice de la France. Un courant rationaliste voit dans Jeanne la création et la créature d'un groupe de politiques avisés et cyniques (par exemple Girard du Haillan : De l'estat et mercy des affaires de France, 1570). D'autres la placent simplement dans la galerie à la mode des « femmes vertueuses ». Rares sont ceux qui, comme François de Belleforest (Les Grandes Annales, 1572) ou Étienne Pasquier (Les Recherches de la France, 1580), s'efforcent à une objectivité érudite. Pourtant, certains curieux s'intéressent au texte des procès puisqu'une trentaine d'exemplaires manuscrits ont été conservés pour la période de la Renaissance. D'autre part, avec les guerres de religion, Jeanne, vilipendée par les protestants (ils avaient détruit en 1567 le monument qui lui avait été élevé à Orléans), tendait à devenir la patronne des catholiques et en particulier des catholiques extrémistes, les ligueurs.
Le XVIIe siècle serait aussi une époque négative pour Jeanne d'Arc, dont le caractère « gothique » choquait l'esprit classique, si Jean Chapelain ne lui avait consacré une longue épopée, La Pucelle, ou La France délivrée (1656), qui fut « attendue comme une Énéide » et consterna les meilleurs amis du poète. Les libertins cependant ne voyaient en Jeanne qu'une « subtilité politique » et prétendaient qu'elle n'avait été brûlée qu'en effigie. Cette veine rationaliste semble triompher au siècle des Lumières. Jeanne est une des cibles favorites de Voltaire, qui cherche à la ridiculiser dans l'épopée héroï-comique de La Pucelle (composée en 1738, éditée en 1762), peu estimée aujourd'hui, mais très admirée par les milieux éclairés du XVIIIe siècle. Voltaire n'était pas seul de son bord. Beaumarchais, dans Les Lettres sérieuses et badines (1740), l'Encyclopédie ne voyaient en Jeanne qu'une malheureuse « idiote » manœuvrée par des fripons. Montesquieu la réduisait à une « pieuse fourberie ». Pourtant une abondante littérature catholique d'édification chantait ses louanges, le nombre des gravures la représentant en guerrière atteste sa popularité. Des esprits indépendants étaient sensibles à son personnage : Rousseau offrit à la république de Genève un texte des procès. Le mythe de Jeanne d'Arc doit beaucoup au romantisme et à deux poètes étrangers, l'Anglais Robert Southey (1795) et l'Allemand Schiller qui dans la pièce Die Jungfrau von Orléans fit de Jeanne une des plus touchantes héroïnes romantiques. La Restauration, la monarchie de Juillet, le second Empire voient le mythe de Jeanne s'épanouir avec le « patriotisme moderne ». Trois hommes firent beaucoup pour la légende, la connaissance et le culte de Jeanne. Michelet dans le tome V de l'Histoire de France (1841), puis dans une Jeanne d'Arc séparée (éditions critiques par G. Rudler, 1925 et par R. Giron, 1948) donna de Jeanne un inoubliable portrait, moins éloigné des documents authentiques qu'on ne l'a dit. Un érudit, Jules Quicherat, donna des procès et des documents annexes une édition qui fait encore autorité (1841-1849). Monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans depuis 1849, prépara enfin l'opinion catholique à l'idée de la sainteté de Jeanne. Peintre de la bourgeoisie et de la société établie, Ingres sacrifia à la mode en peignant une insipide Jeanne assistant au sacre du roi Charles VII dans la cathédrale de Reims (1854).
Après la guerre de 1870, Jeanne devint « la bonne Lorraine », symbole de l'espérance et de la revanche. Ses images – statues saint-sulpiciennes, lithographies, gravures – pullulent. Tous les artistes officiels et pompiers lui sacrifient (Jules Barbier, Charles Gounod, J. E. Lenepveu, Sarah Bernhardt, Théodore de Banville, François Coppée, Sully Prudhomme). Une même idéologie chauvine et cléricale inspirait jusqu'aux travaux historiques sérieux, telle la Jeanne d'Arc d'Henri Wallon (1860). Les voix plus ou moins discordantes sont rares. Bernard Shaw fait de Saint Joan (1923) la première protestante mais ne l'en admire que davantage. Anatole France, dans sa Vie de Jeanne d'Arc (1908), tout en voyant en Jeanne une hallucinée, instrument d'une faction d'ecclésiastiques, sut reconnaître la « fille des champs naïve et pure » à la « dévotion sincèrement visionnaire » et il est en définitive un de ceux qui ont le mieux senti son caractère populaire, historique, authentique. Monarchistes et républicains, catholiques et laïcs favorisaient à qui mieux mieux le culte de Jeanne. Cependant, le déchaînement des passions nationalistes avant et après la guerre de 1914-1918, orchestré par Péguy et par Barrès, était ratifié par l'Église qui proclamait l'héroïne nationale française bienheureuse en 1909 (le culte de Jeanne était dans la ligne de la spiritualité de Pie X), puis sainte et patronne de la France en 1920 (Benoît XV tenait à effacer auprès des Français vainqueurs l'attitude peu bienveillante du Vatican pendant la Grande Guerre). Depuis, au milieu de l'embaumement patriotique et religieux, certains artistes ont donné de Jeanne une interprétation plus simple et profonde à la fois, tels, au cinéma La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer (1927) et, au théâtre, l'oratorio de Honegger, Jeanne au bûcher.
On peut avancer aujourd'hui que Jeanne d'Arc a été une paysanne qui a ressenti avec une intensité extraordinaire les sentiments inspirés aux gens de son milieu par le drame de la France déchirée entre « Français français » et « Français anglais » et livrée aux misères matérielles et spirituelles de la guerre, et qui a manifesté avec une force exceptionnelle les croyances qui fournissaient à ces sentiments leur contenu affectif et irrationnel et des instruments d'action : vocation divine de certains élus comme elle, vocation divine des princes « nationaux », recours à certains moyens pour parvenir à ces fins divines, tels que la préservation de sa virginité à l'instar de Marie, l'observance du port symbolique du costume masculin pendant le temps de sa mission, la pratique des actes fondamentaux à ses yeux de la religion chrétienne confession, assistance à la messe, communion, mais aussi, et sans contradiction, prière individuelle et soumission aux ordres divins transmis par les voix. Pour réaliser sa mission dans un milieu soit réticent par distance sociale et culturelle du côté français, soit hostile à cause des formes militaires et politiques de son action du côté anglais, elle avait absolument besoin du succès. L'échec que fut sa capture fit disparaître son charisme. Toutes les réhabilitations, de 1456 à nos jours, sont plus des témoignages sur les préoccupations idéologiques de divers milieux et de diverses époques que sur la Jeanne historique. Jacques Le Goff

Sa vie

La naissance de Jeanne d'Arc se situe vraisemblablement en 1412 dans la ferme familiale du père de Jeanne attenante à l'église de Domrémy, village situé aux marches de la Champagne, du Barrois et de la Lorraine, pendant la guerre de Cent Ans qui opposait le Royaume de France au Royaume d'Angleterre.
Au début du XVe siècle, Domrémy se trouve imbriquée dans un territoire aux suzerainetés diverses. Sur la rive gauche de la Meuse, elle peut relever du Barrois mouvant, pour lequel le duc de Bar, par ailleurs souverain dans ses États, prête hommage au roi de France depuis 1301. Mais elle semble être plutôt rattachée à la châtellenie de Vaucouleurs, sous l'autorité directe du roi de France qui y nomme un capitaine le sire de Baudricourt, au temps de Jeanne d'Arc. Enfin, l'église de Domrémy dépend de la paroisse de Greux, au diocèse de Toul dont l'évêque est prince du Saint-Empire germanique.
L'historienne médiéviste Colette Beaune précise que Jeanne est née dans la partie sud de Domrémy, côté Barrois mouvant, dans le bailliage de Chaumont-en-Bassigny et la prévôté d'Andelot. Les juges de 1431 corroborent cette origine, de même que les chroniqueurs Jean Chartier et Perceval de Cagny. Seul Perceval de Boulainvilliers considère pour sa part qu'elle est née dans la partie nord, qui relevait de la châtellenie de Vaucouleurs et donc du royaume de France dès 1291.

Incertitudes sur la date de naissance

L'âge exact de Jeanne demeure inconnu. La version officielle, construite à partir du procès qui s'est tenu à Rouen, nous transmet que Jeanne a dit être née à Domrémy, et qu'elle a 18 ou 19 ans au moment de son procès. Une lettre du conseiller royal Perceval de Boulainvilliers en date du 21 juin 1429 constitue l'unique source faisant naître Jeanne la nuit de l'Épiphanie, autrement dit le 6 janvier, sans précision de l'année. La date de cette venue au monde saluée par le chant des coqs, à en croire Boulainvilliers, n'est pas authentifiée par les historiens médiévistes, qui soulignent plutôt la valeur symbolique de la nuit des rois mentionnée dans la missive.
Les chroniques médiévales se révèlent en fait souvent imprécises et les appréciations testimoniales sur les dates des naissances d'autant plus approximatives lorsque celles-ci ne sont pas illustres. Pour Jeanne d'Arc, les dates de naissance données par les chroniqueurs s'échelonnent entre 1399 et 1417 mais la Pucelle, lors de son premier interrogatoire le 21 février 1431 dit qu'elle croit avoir environ 19 ans et lorsqu'elle retrace sa vie, elle reste relativement cohérente. De plus, lors de son procès en nullité, les témoins, à l'exception de son amie d'enfance Hauviette et de Jean d'Aulon, concordent pour lui donner comme âge en 1431, 18, 19 ou 20 ans, ce qui la ferait naître vers 1412.

Famille

Jacques d'Arc et Isabelle Rommée, parents de Jeanne vue d'artiste par l'Union internationale artistique de Vaucouleurs. Statues érigées en 1911 sur le parvis de la basilique du Bois-Chenu à Domrémy-la-Pucelle Vosges.
Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée, elle faisait partie d'une famille de cinq enfants : Jeanne, Jacques, Catherine, Jean et Pierre.
L'usage de la particule n'indique rien quant à de possibles origines nobles, une particule pouvant être portée tant par des roturiers que par des nobles, en outre son nom est orthographié de différentes manières Dar, Darc, Day, d'Ay, Tare, Tarc, Tard, Dart, etc. dans la documentation relative à l'époque, sachant que l'usage de l'apostrophe n'est pas d'un emploi général au XVe siècle. Le nom d'Arc apparaît dans un sonnet anonyme, imprimé en 1576 à Orléans, qui célèbre la noblesse conférée par Charles VII à la Pucelle et déclenche la redécouverte littéraire de ce personnage.
Le patronyme d'Arc tire peut-être son origine d'Arc-en-Barrois en Champagne mais aucun document ne l'atteste. De arco signifie de l'arche ou du pont équivalent des patronymes courants Dupont ou Dupond, ce qui se rapporte probablement à un microtoponyme disparu.
Le père de Jeanne, Jacques, est désigné comme pauvre laboureur par des témoins du procès de réhabilitation de la Pucelle dans les années 1450. Cependant, l'historien médiéviste Olivier Bouzy note qu'un laboureur n'est pas pauvre puisque ce type de paysan aisé possède des terres et des bêtes. L'état des biens de Jacques d'Arc n'est pas connu avec précision. Bien que construite en pierre, sa maison comporte uniquement trois pièces pour toute sa famille. Bénéficiant vraisemblablement d'une certaine notoriété à Domrémy, le père de Jeanne représente à plusieurs reprises la communauté des villageois.
Jeanne ou Jeannette, comme on l'appelait à Domrémy où elle grandit fut décrite par tous les témoins comme très pieuse ; elle aimait notamment se rendre en groupe, chaque dimanche, en pèlerinage à la chapelle de Bermont tenue par des ermites garde-chapelle, près de Greux, pour y prier. Les témoignages de ses voisins lors de ses futurs procès rapportent qu'à cette époque, elle fait les travaux de la maison ménage, cuisine, du filage de la laine et du chanvre, aide aux moissons ou garde occasionnellement des animaux quand c'est le tour de son père, activité loin du mythe de la bergère qui utilise le registre poétique de la pastourelle et le registre spirituel du Bon berger de la Bible16. Cette légende de la bergère résulte probablement de la volonté des Armagnacs de transmettre cette image plus symbolique qu'une simple fille de paysan à des fins de propagande politico-religieuse pour montrer qu'une simple d'esprit pouvait aider le chef de la chrétienté du royaume de France et guider son armée, illuminée par la foi.
Les réponses qu'elle a faites à ses juges, conservées dans les minutes de son procès, révèlent une jeune femme courageuse, dont le franc-parler et l'esprit de répartie se tempèrent d'une grande sensibilité face à la souffrance et aux horreurs de la guerre, comme devant les mystères de la religion.
Une plaque apposée en 1930 sur le parvis de la cathédrale de Toul indique qu' elle comparut ici lors d'un procès matrimonial intenté par son fiancé en 1428.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10942#forumpost10942

Posté le : 05/05/2016 20:17
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Re: Défi du 1er mai
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Eh bien mon cher Donald, voila une belle tranche de nostalgie, de ces tranches que l’on aimerait gouter quand le quotidien nous semble être d’un autre temps, d’une époque qui ne semble pas la notre.

C’est, comme toujours avec tes écrits Donald, d’abord très joliment conté et j’ai apprécié ce retour vers hier, dans lequel je me suis, par instant, retrouvé !!!


On prétend que la nostalgie apparaît quand le présent n'est pas à la hauteur des promesses du passé…...

Il y a sans doute un peu de vrai

Merci Donald pour cette petite tranche d'un passé qui nous fuit,.................. à l'mage de notre jeunesse!!!

Amitiés



Posté le : 04/05/2016 20:22

Edité par kjtiti sur 05-05-2016 12:43:06
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Henri Dunant
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Le 8 mai 1828 à Genève naît Henri Dunant

parfois orthographié Henry Dunant, né sous le nom de Jean-Henri Dunant, mort le 30 octobre 1910, à Heiden, homme d'affaires, philantrope, humaniste suisse et également chrétien protestant. Il a fondé la Croix-Rouge, protestant évangélique, il reçoit le prix Nobel de la paix en 1901
Pendant un voyage d'affaires en juin 1859, il se trouve à proximité de la ville italienne de Solférino et découvre les dégâts humains de la bataille qui s’y déroula. À partir de cette expérience, il écrit un livre intitulé Un souvenir de Solférino qu'il publie en 1862.
Une année plus tard, il participe à Genève à la fondation du Comité international de secours aux militaires blessés, désigné dès 1876 sous le nom de Comité international de la Croix-Rouge. La première convention de Genève est ratifiée en 1864 et se réfère largement à ses propositions. Il obtient avec Frédéric Passy le premier prix Nobel de la paix en 1901 et est ainsi considéré comme le fondateur du mouvement de la Croix-Rouge internationale.

En bref

Philanthrope suisse, père de la Croix-Rouge internationale, Genevois élevé dans l'atmosphère de piété du « réveil » protestant, il milite dans les Unions chrétiennes de jeunes gens et entre au service de la Compagnie genevoise de colonisation, à Sétif. En 1858, tout en gardant la citoyenneté suisse, Henri Dunant est naturalisé français. Pour régler les problèmes nés de ses activités algériennes, il cherche à intéresser Napoléon III à ses difficultés en lui offrant la dédicace d'un ouvrage écrit à sa louange. En 1859, il le suit en Italie, lors de la guerre contre l'Autriche. Cette circonstance va décider de sa destinée. Il se trouve présent, sur les arrières de l'armée française, à la journée de Solferino (24 juin), qui fait 40 000 tués et blessés. Dunant voit affluer au quartier général de Castiglione delle Stiviere les blessés et les mourants. Il constate l'incurie et l'indifférence avec laquelle on traite les victimes. Dunant improvise des secours, organise les soins, mobilise les volontés et, jusqu'au 12 juillet, continue son action à Brescia, publiant dans les journaux de Genève des appels à la charité. Il traduit le choc qui a bouleversé sa vie dans un récit, publié en novembre 1862, Un souvenir de Solferino. Toute l'Europe s'émeut à la lecture de ces pages qui auront huit éditions, jusqu'en 1873. L'auteur formule le vœu de « quelque principe international, conventionnel et sacré, lequel, une fois agréé et ratifié, servirait de base à des sociétés de secours pour les blessés dans les divers pays de l'Europe ». Son souhait trouve un écho à la Société genevoise d'utilité publique. Une commission formée du général Dufour, ami de Napoléon III, du juriste Gustave Moynier, des médecins Louis Appia et Théodore Maunoir charge Dunant de présenter le mémoire qu'elle a élaboré, au Congrès de statistique de Berlin, en septembre 1863. La Commission des cinq se transforme en un Comité international de secours aux blessés. Dans la capitale prussienne, Dunant, aidé du médecin militaire hollandais Basting, lance un appel aux puissances pour réunir une conférence internationale à Genève, initiative qui fait de lui le promoteur indiscutable de la future Croix-Rouge. La Conférence de Genève, groupant les représentants de seize États, s'ouvre en octobre 1863. Elle préconise la création de sociétés nationales de secours aux blessés militaires officiellement reconnues. Appia et Dufour font adopter un signe distinctif : le brassard blanc à croix rouge, inverse du drapeau fédéral suisse. Le 22 août 1864 sont signées les conventions de Genève, qui jettent les bases du droit humanitaire. Elles font obligation de soigner les blessés, sans distinction de nationalité, et prévoient la neutralisation du personnel et du matériel sanitaires. Dunant est alors au comble de sa renommée et couvert d'honneurs. Vice-président de la Société française de secours aux blessés militaires (1864), il parcourt l'Europe pour propager l'idéal de la Croix-Rouge. Son imagination ne cesse d'engendrer des projets politico-économiques passablement utopiques, comme la neutralisation de la Méditerranée ou, ce qui fait de lui un précurseur du sionisme, le retour des Juifs en Palestine. Ses affaires algériennes périclitent et Dunant use de son crédit pour tenter de les renflouer en multipliant les emprunts. Il fait investir plus de trois millions de francs dans des mines, des fabriques, des exploitations forestières, mal gérées et déficitaires. En 1867, le Crédit genevois, principal créancier, le fait déclarer en faillite et condamner comme civilement responsable. À trente-neuf ans, totalement ruiné, Dunant quitte sa ville natale. Mis au ban de la société, il démissionne de ses fonctions de secrétaire du Comité international de la Croix-Rouge, qui passe désormais son nom sous silence. Il cherche à rétablir sa situation, mêlant philanthropie et commerce dans des entreprises qui s'avèrent malheureuses. En 1871, il joue son dernier rôle important lors du siège de Paris et de la Commune, essayant de faire obtenir, par les deux camps, l'évacuation des blessés, des malades et des vieillards. Après 1875, son audience s'efface, et, de 1877 à 1888, il touche le fond de la détresse « dans un dénuement absolu », écrit-il dans ses Mémoires. Il erre à travers l'Europe, vivant de modestes emplois de secrétaire, traducteur, précepteur. En 1888, il échoue à Heiden, petite station de cure du canton d'Appenzell, où, en avril 1892, le docteur Altherr le fait admettre, comme indigent, à l'hôpital du district. Pendant vingt ans, dans son étroite chambre, Dunant accumule une énorme documentation, écrit et récrit ses Mémoires, qu'il laissera inachevées. Il a retrouvé quelques fidèles, qui s'emploient à le tirer de l'isolement. En 1895, Georg Baumgartner, journaliste au Zürcher Nachrichten, apprend, par hasard, l'existence du créateur de la Croix-Rouge. Dans des articles à sensation, il dénonce le scandale Dunant et lance un appel au Conseil fédéral suisse, pour que soit rendue au philanthrope la place qui lui revient. Dunant reprend la plume pour soutenir les idées sur le pacifisme et le désarmement qui connaissent un regain de faveur à la fin du XIXe siècle. L'opinion européenne le redécouvre. En 1901, tardive réhabilitation, il reçoit, avec le pacifiste français Frédéric Passy, le premier prix Nobel de la paix et lègue le capital qui lui est attribué à des œuvres de bienfaisance. Déjà entré dans la légende, il meurt à Heiden. Paul Guichonnet

Sa vie

Henri Dunant est le fils aîné de cinq frères et sœurs ; ses parents, le commerçant Jean-Jacques Dunant et son épouse Antoinette Dunant-Colladon. Ses parents, appartenant à la bourgeoisie moyenne, disposent d'une influence dans la ville et s'engagent dans l'action sociale : son père est membre du Conseil représentatif, ancêtre du Conseil municipal de la ville de Genève, et se préoccupe du sort des orphelins et des anciens criminels alors que sa mère qui travaille dans le secteur de la bienfaisance — en particulier pour les pauvres et les malades — est la fille de Henri Colladon, directeur de l'hôpital et maire de la commune d'Avully. Les activités de bienfaisance des parents influent sur l'éducation de leurs enfants : la responsabilité sociale est tôt inculquée à Henri, à ses deux sœurs et ses deux frères cadets. À l'âge de six ans, Henri part avec toute sa famille à la découverte de la mer Méditerranée, ce voyage permet également au père de contrôler les conditions de détention des hommes d’origine genevoise incarcérés à Toulon. Le petit Henri accompagne son père lors de ces visites ; doté d’une grande sensibilité, il est choqué et horrifié. Il se distingue tôt par l'intensité de sa ferveur religieuse. Avec le désir de s'engager au niveau social, Dunant, influencé par un courant religieux présent à Genève et dans d'autres régions francophones et désigné sous le nom de Réveil s'engage à l'âge de 18 ans, après avoir été forcé de quitter l'école fondée par Jean Calvin, au sein de la Société pour des donations d'aumône. Le 30 novembre 1852, il fonde un groupe genevois qui formera le noyau de la Young Men's Christian Association (YMCA) fondée trois ans plus tard à Paris et dont la charte sera rédigée par Dunant. Sur la base de ses mauvaises notes, Dunant quitte précocement le Collège Calvin et débute en 1849 un enseignement de trois ans chez les banquiers Lullin et Sautter. Au terme de sa formation, il devient employé de banque mais reste actif sur le plan social.

Affaires en Algérie

En 1853, Dunant visite, au nom de la Compagnie genevoise des colonies suisses qui a reçu un terrain à Sétif par concession du gouvernement français, l'Algérie, la Tunisie et la Sicile. Malgré de faibles résultats concrets, il conduit les affaires de ses donneurs d'ordre avec succès. Inspiré de ses impressions de voyage, il rédige et publie en 1858 son premier ouvrage intitulé Notice sur la régence de Tunis. À l'aide de ce livre, il réussit à accéder à plusieurs sociétés scientifiques.
En 1856, il fonde une société coloniale et, après avoir obtenu une concession de terres en Algérie, met en place deux ans plus tard la Société financière et industrielle des moulins de Mons-Djémila à Saint-Arnaud (actuelle El Eulma) après avoir constaté que la population de Sétif était obligée de fabriquer sa farine elle-même. Néanmoins, l'autorisation de l'exploitation d'une chute d'eau pour faire fonctionner le premier moulin moderne construit n'arrive pas car les législations sur les cours d'eau et les terres ne sont pas claires et les autorités coloniales compétentes ne se montrent guère coopératives. En 1858, Dunant prend également la nationalité française à Culoz afin de faciliter l'accès aux concessions agricoles de la puissance coloniale pour faire pousser du blé.
Une année plus tard, il décide de s'adresser directement à l'empereur Napoléon III alors que celui-ci s'est arrêté avec son armée en Lombardie. En effet, la France y combat aux côtés des Piémontais contre les Autrichiens qui occupent de grandes parties du nord de l'Italie actuelle. Le quartier général de Napoléon III se trouve dans la petite ville de Solférino située à proximité du lac de Garde. Dunant écrit d'abord un éloge à l'empereur afin que celui-ci réponde positivement à sa demande. Il se rend ensuite à Solférino afin de rencontrer personnellement l'empereur lui remettre son éloge et lui faire sa requête.

Bataille de Solférino Bataille de Solférino.

C'est au soir du 24 juin 18594 que Dunant arrive à proximité du champ de bataille de Solférino après la fin des combats entre les troupes piémontaises et françaises sous la conduite de Napoléon III d'une part et l'armée autrichienne d'autre part. Environ 38 000 blessés et morts se trouvent encore sur le champ de bataille sans que personne ne leur prête assistance. Ce que voit Dunant l'ébranle au plus profond et il organise alors spontanément la prise en charge des soldats blessés et des malades, avec des volontaires de la population civile locale, principalement des femmes. Dans la ville voisine de Castiglione delle Stiviere, il met en place un hôpital dans la Chiesa Maggiore, la plus grande église du lieu. Environ 500 des quelque 8 000 à 10 000 blessés y sont conduits.
Comme il le constate rapidement, presque tout vient à manquer : du personnel, il n'y a que six médecins militaires français et aucune école d'infirmier ne forme à cette profession, des connaissances techniques, du matériel médical et de la nourriture. Dunant et ceux qui répondent à ses appels successifs ne font toutefois pas de différence entre les soldats au regard de leur appartenance nationale. Les femmes du village trouvent une phrase devenue célèbre pour justifier ce choix : Tutti fratelli tous frères. Dunant réussit en outre à obtenir des Français que les médecins autrichiens faits prisonniers puissent aider à la prise en charge des blessés. Il met en place d'autres hôpitaux et fait venir du matériel à ses frais. Malgré cette aide, beaucoup de blessés viennent à mourir.
Trois années après sa visite auprès de Napoléon à Solferino, les blessures, les hurlements d'agonie et les odeurs nauséabondes hantent son esprit. Il ne parvient pas à les oublier, ce qui le pousse à écrire ce qu'il a vécu. Son livre, Un souvenir de Solférino paraît en 1862; il décrit la victoire de Napoléon mais fait découvrir aussi les aspects négatifs de cette victoire : les soldats battus à mort et l'agonie sans fin des blessés. L'expérience de Castiglione delle Stiviere est décisive pour Dunant, l'accumulation des soldats blessés étant pour lui indescriptible.

Fondation de la Croix-Rouge

Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Sous le choc de ces événements, il retourne début juillet à Genève. Sur recommandation de sa mère, il passe d'abord un mois dans le chalet que possède un ami de la famille à Montreux. Ensuite, il part pour plusieurs semaines à Paris. Pour son action à Solférino, il reçoit en janvier 1860, en même temps que le médecin genevois Louis Appia, l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare de la part du futur roi d'Italie Victor-Emmanuel II, la seconde plus importante distinction du royaume transalpin.
Au début de l'année 1860, il tente d'abord d'améliorer la situation financière de ses entreprises en Algérie, ce qu'il ne parvient pourtant pas à faire. En outre, puisqu'il ne peut pas oublier ce qu'il a vécu à Solférino, il écrit ses impressions de guerre à une amie vivant à Genève, la comtesse de Gasparin, qui les fait publier anonymement dans le Journal de Genève. C'est la première fois qu'on décrit les horreurs d'un champ de bataille. À son retour, il débute la rédaction d'un livre : Un souvenir de Solférino. Il y décrit la bataille, mais aussi les souffrances et chaos des jours suivants. Il développe l'idée que les souffrances des soldats pourraient être réduites et que, dans tous les pays, des organisations humanitaires, fondées sur la neutralité et le volontariat, devraient être autorisées à soigner les blessés en cas de guerre
un militaire hors de combat à cause de ses blessures cesse d'être un ennemi et doit désormais être considéré comme un être humain qui a besoin d'aide ;
les médecins et les infirmiers pourront donner leurs soins sans crainte d'être capturés. Ainsi ils ne seront pas forcés d'abandonner leurs blessés en cas de percée adverse.
En septembre 1862, il fait imprimer le livre à ses propres frais par l'imprimerie genevoise Fick et distribue les 1 600 exemplaires à un grand nombre de personnalités politiques et militaires de toute l'Europe. Par la suite, Dunant effectue des voyages à travers le continent pour répandre son idée. Ce livre est reçu presque unanimement de façon positive, avec intérêt et enthousiasme, alors que Dunant reçoit reconnaissance et sympathie. En décembre 1862, une deuxième édition est imprimée alors qu'au début de l'année suivante, une troisième version est imprimée et traduite en anglais, allemand, italien et suédois. Parmi le peu de réactions négatives figurent celle du ministre de la guerre français, Jacques Louis Randon pour qui le livre est dirigé contre la France. D'autre part, Florence Nightingale se montre étonnamment critique puisqu'elle est d'avis que les sociétés d'assistance proposées par Dunant se chargeraient d'une tâche qui incombent aux gouvernements.
Le président de la Société d'utilité publique genevoise, le juriste Gustave Moynier, fait de ce livre et des idées de Dunant le thème de l'assemblée des membres de sa société, la Société genevoise d'utilité publique, tenue le 9 février 1863. Les propositions de Dunant sont examinées et considérées comme valables et réalisables par les divers membres. Dunant lui-même est nommé membre d'une commission qui comprend également Moynier, le général Guillaume-Henri Dufour ainsi que les médecins Louis Appia et Théodore Maunoir. Pendant sa première réunion le 17 février, les cinq membres décident de transformer la commission en organe permanent, appelé le Comité des Cinq ou Comité de Genève. Ce jour est depuis considéré comme la date de création du Comité International de secours aux militaires blessés en campagne, désigné dès 1863 sous le nom de Comité International de la Croix-Rouge. Dufour en devient le premier président avec Moynier comme vice-président et Dunant comme secrétaire du comité.
Contrairement à ce que l'on a parfois prétendu, ni Dunant ni aucun des membres fondateurs du Comité International de la Croix-Rouge n'ont jamais été membres de la Fédération

Conflit avec Moynier Conventions de Genève.

Néanmoins, des divergences d'opinions se développent vite entre Moynier et Dunant à propos de différents aspects du projet. La proposition de Dunant de placer les blessés, le personnel ainsi que les lazarets sous la protection du principe de neutralité apparaît à Moynier comme inexécutable. Il demande à Dunant de ne pas persister dans cette voie. Au cours de ses voyages à travers l'Europe, et de ses entretiens avec des politiciens et militaires de haut rang, Dunant défend à diverses reprises sa position sur le principe de neutralité. Ce qui exacerbe davantage le conflit entre Moynier et Dunant.
Pendant ses voyages, Dunant participe également au congrès statistique international tenu à Berlin du 6 au 12 septembre 1863. Là, il s'entretient avec le médecin militaire Jan Hendrik Christiaan Basting qui avait fourni une traduction néerlandaise de son ouvrage. Il lui demande alors de faire distribuer un mémorandum et une invitation du Comité International aux participants du congrès afin qu'ils se joignent à une conférence internationale. Avec Basting et sans entretien avec les membres du comité basé à Genève, il ajoute l'idée de la neutralité des secours aux propositions contenues dans le mémorandum. Cette décision de Dunant, contraire à l'opinion de Moynier, contribue à aggraver le conflit entre les deux hommes. Basting, en tant que participant au congrès, présente les idées de Dunant aux délégués présents.
Peu après le congrès, Dunant se rend à Dresde, capitale de la Saxe, où il est reçu en audience par le roi Jean Ier. À la demande de soutien de Dunant, le souverain répond par une phrase que Dunant mentionnera à plusieurs reprises dans ses lettres à d'autres personnalités de haut rang : Je ferai ce qui est en mon pouvoir car un peuple qui ne s'associerait pas sûrement à ces efforts philanthropiques devrait s'en expliquer à l'opinion publique de l'Europe.
Du 26 au 29 octobre, la conférence prévue par le Comité International se tient à Genève. Des représentants de quatorze États débattent des mesures concernant l'amélioration de l'aide aux soldats blessés en période de guerre. Dunant lui-même n'est, sur les instructions de Moynier, que rédacteur du procès-verbal durant la conférence. L'emblème de la Croix-Rouge est également choisi lors de cette conférence préparatoire : ce symbole uniforme servant à la protection des blessés et du personnel médical est une croix rouge sur fond blanc, soit l'inverse du drapeau suisse. La paternité de cet emblème n'est pas précisément connue ; il semblerait qu'il ait résulté d'un choix collégial. Louis Appia formule pour sa part l'idée du brassard blanc.
Une nouvelle conférence diplomatique se tient du 8 au 22 août 1864, sur une invitation du Conseil fédéral suisse. Dans ce cadre, le 22 août, les représentants de douze États signent la première convention de Genève12 qui établit la Croix-Rouge internationale de manière permanente. Dunant ne s'étant vu assigné pour cette conférence que la tâche de veiller à l'entretien des hôtes, il reste malgré tout, au cours des deux années suivantes, au centre de l'attention publique et reçoit de nombreux honneurs et invitations. Ainsi, au printemps 1865, il est décoré de la Légion d'honneur des mains de l'empereur des Français Napoléon III. En mai de la même année, il s'entretient personnellement avec le souverain à Alger et reçoit de celui-ci la promesse non contraignante que les entreprises de la Croix-Rouge en Algérie seraient placées sous la protection du gouvernement français. En 1866, après la guerre austro-prussienne, il est invité aux cérémonies célébrant la victoire à Berlin par la reine Augusta de Prusse épouse du roi Guillaume Ier. Il y voit alors flotter le drapeau blanc à croix rouge aux côtés du drapeau national durant la parade de l'armée prussienne.

Faillite et déchéanche.

L'année 1865 est marquée en Algérie par une série d'événements catastrophiques : des révoltes, une épidémie de choléra, une invasion de sauterelles, des séismes, une sécheresse et un hiver inhabituellement rigoureux. Pour toutes ces raisons, mais aussi — pour une part significative — parce qu'il a jusque-là négligé ses affaires pour promouvoir ses idées, la situation financière de Dunant s'aggrave sensiblement. En avril 1867 a lieu la dissolution de la société de financement participant à ses entreprises : le Crédit genevois. Son affiliation au conseil d'administration de cette société provoque un scandale et il se trouve contraint d'annoncer la faillite de sa société alors que sa famille et des amis sont également impliqués dans ses entreprises de par leurs investissements. Le 17 août, il est condamné par le tribunal de commerce genevois pour faillite frauduleuse. En raison des contraintes sociales de l'époque, ce crash économique conduit à des demandes de retrait du Comité International. Le 25 août, il démissionne de son poste de secrétaire du comité et se trouve complètement exclu de celui-ci le 8 septembre. Moynier, qui a pris en charge la présidence du comité en 1864, joue un rôle essentiel dans cette exclusion.
La mère de Dunant meurt le 2 février 1868. Au cours de l'année, il est aussi exclu de la YMCA. Dès mars 1867, il avait quitté Genève qu'il ne reverra plus après son rejet par la société genevoise succédant à sa condamnation judiciaire. Moynier utilisera à différentes reprises ses relations et son influence pour empêcher que Dunant ne reçoive de l'aide financière de ses amis ou de partisans provenant de différents pays. Par ailleurs, la médaille d'or des sciences morales de l'exposition universelle de Paris ne lui est pas remise personnellement, comme prévu — par le fait de manœuvres de Moynier — mais à Moynier, Dufour et Dunant, de sorte que l'argent lié au prix est transféré directement dans la caisse du Comité International. L'offre de l'empereur Napoléon III de prendre en charge la moitié des dettes de Dunant, si ses amis prennent en charge l'autre moitié, échoue également à cause des manœuvres de Moynier.
Dunant part s'établir à Paris où il vit dans des conditions très modestes. Il tente toutefois de propager à nouveau ses idées. Durant la guerre franco-allemande de 1870-1871, il fonde la Société d'assistance générale puis l'Alliance générale pour l'ordre et la civilisation. Ses objectifs sont la diminution du nombre de conflits armés, de l'ampleur des forces en présence et de l'oppression en améliorant par une formation les normes morales et culturelles des simples citoyens de la société. En outre se met en place l'Alliance pour la protection des travailleurs luttant contre l'exploitation de ces derniers de même que contre l'influence considérée comme corruptrice et athée de l'Association internationale des travailleurs fondée en 1864 à Londres. Durant le recrutement des membres de l'Alliance générale pour l'ordre et la civilisation, Dunant exigera des négociations sur le désarmement et l'installation d'une cour de justice internationale chargée de gérer les conflits interétatiques afin de les régler sans usage de la force.

Action en faveur des prisonniers de guerre

Pendant le premier congrès de l'Alliance générale pour l'ordre et la civilisation tenu en 1872 à Paris, un article de Dunant concernant le traitement des prisonniers de guerre est lu aux participants. Il avait déjà écrit cet article en 1867 pour la première conférence de la Croix-Rouge mais cette contribution n'avait cependant pas été examinée. Après que ces propositions ont été adoptées avec enthousiasme par les personnes présentes, Dunant tente, à travers un voyage en Angleterre, de gagner des soutiens pour l'organisation d'une conférence internationale à propos de la question des prisonniers de guerre. Il tient des discours, notamment le 6 août à Londres et le 11 septembre à Plymouth devant les membres de la Social Science Association dont les objectifs sont comparables à ceux de l'Alliance générale pour l'ordre et la civilisation. Durant son discours à Plymouth, il connaît un malaise en raison d'une accumulation de fatigue.
Ses propositions rencontrent à nouveau une approbation et un enthousiasme certain. Peu après que Napoléon III l'ait encore assuré de son soutien, celui-ci meurt le 9 janvier 1873 d'une opération des calculs biliaires. En février 1874, Dunant est nommé secrétaire international lors du premier congrès de la Société pour l'amélioration des conditions des prisonniers de guerre nouvellement créée à Paris. Celle-ci projette la mise en œuvre d'une conférence diplomatique pour le mois de mai de la même année et demande à Dunant d'aider aux préparations à Paris. Sur l'initiative du tsar Alexandre II de Russie, il se rend toutefois en juillet et en août 1874 à Bruxelles pour assister à une conférence similaire. Sur la base des discussions portant sur un projet du gouvernement russe destiné à élargir la convention signée à Genève, les propositions de Dunant en faveur des prisonniers de guerre ne reçoivent que peu d'attention des participants. La conférence de Bruxelles prend finalement fin sans modifications de la convention existante ou décisions concrètes quant à la question des prisonniers de guerre. Alors que Moynier, en tant que président du Comité International, est satisfait de ce résultat puisqu'il craignait un manquement à la convention de Genève, Dunant en ressort déçu.

Pauvreté et oubli

Par la suite, il recrute plus encore pour atteindre les objectifs de l'Alliance générale pour l'ordre et la civilisation. Il écrit des articles et tient des discours consacrés aussi à la lutte pour la libération des esclaves en Amérique du Nord. En outre, il conçoit en collaboration avec l'Italien Max Gracia l'idée de la fondation d'une bibliothèque mondiale qui sera reprise environ un siècle plus tard par l'Unesco. Parmi ses autres idées visionnaires figurent la fondation d'un État d'Israël. En raison de l'engagement pour ses idées, ses affaires personnelles sont négligées et il s'endette encore plus, ce qui pousse son entourage à l'éviter. Même le mouvement de la Croix-Rouge, qui s'est étendu plus encore par la fondation de sociétés nationales dans nombre de pays, l'a presque oublié même si les sociétés d'Autriche, des Pays-Bas, de Suède, de Prusse et d'Espagne le nomment comme membre honoraire. La guerre franco-allemande et la vie politique française après la fondation de la Troisième République constituent un autre tournant dans la vie de Dunant. Il se retire encore plus de la vie publique et développe une timidité prononcée qui marquera de façon décisive son comportement jusqu'à la fin de sa vie.
Entre 1874 et 1886, il poursuit une vie en solitaire, dans la misère matérielle, vivant notamment à Stuttgart, Rome, Corfou, Bâle et Karlsruhe. Peu de détails de sa vie durant cette période sont connus. Mais le soutien financier de divers amis ainsi que des activités occasionnelles, où des connaissances et des garants lui permettent d'engranger de petits gains, l'empêchent de sombrer. Parmi ses soutiens figurent le banquier américain Charles Bowles qui avait pris part en tant que délégué à la conférence diplomatique de 1864, Jean-Jacques Bourcart, homme d'affaires alsacien ainsi que Max Gracia qui a aidé Dunant dans sa correspondance avec ses créanciers. Léonie Kastner-Boursault, veuve du compositeur Jean-Georges Kastner aide aussi Dunant à plusieurs reprises dans des situations difficiles. Ainsi, elle le charge de la commercialisation du pyrophone, un instrument de musique inventé par son fils Frédéric Kastner. Même si Dunant n'y parvient pas, cette activité et un long voyage en Italie avec Kastner-Boursault de 1875 jusqu'au début des années 1880 le préservent d'une vie dans la complète pauvreté. À Stuttgart, il fait la connaissance en 1877 de l'étudiant Rudolf Müller 1856 - 1922 avec qui il devient ami.

Retraite à Heiden

En 1881, il se rend pour la première fois en compagnie d'amis de Stuttgart au Biedermeierdorf situé au-dessus de la ville de Heiden dans le canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures. À partir de 1887, alors qu'il vit à Londres, il reçoit une petite aide financière mensuelle de ses partisans. Puisque celui-ci possède un style de vie certes modeste mais sans tomber dans la pauvreté, il parvient à s'installer définitivement en juillet de la même année dans l'hôtel Paradies de la famille Stähelin situé à Heiden. Après que cette famille a vendu la pension quelques années plus tard, il se rend dans la commune voisine de Trogen et vit à partir de la fin 1890 dans l'hôtel Lindenbühl sans toutefois se sentir à son aise. Après plus d'une année, il retourne à Heiden et vit à partir du 30 avril 1892 dans l'hôpital de la ville qui est dirigé par le docteur Hermann Altherr. Il se retire alors complètement au cours des années suivantes et laisse de plus en plus la place, au soir de sa vie, à des pensées mystiques et des visions prophétiques. Parmi les raisons du choix de Dunant porté sur Heiden figurent, aux côtés de la perspective de l'isolement et de la renommée de cette ville comme lieu de repos et de traitement, la vue sur le lac de Constance qui lui rappelle sa ville natale et le lac Léman qu'il aime se remémorer durant ses promenades. Peu après son arrivée, il se lie d'amitié avec le jeune enseignant Wilhelm Sonderegger et son épouse Susanna.
Sous la pression de Sonderegger, il débute la rédaction de ses Mémoires. Susanna lui suggère alors la fondation d'une section de la Croix-Rouge à Heiden, une idée qui enthousiasme Dunant. En 1890, il devient président d'honneur de la section fondée le 27 février de la même année. Il fonde de grands espoirs en l'amitié avec les Sonderegger en ce qui concerne la propagation de ses idées, en particulier sous la forme d'une nouvelle édition de son livre. Toutefois, cette amitié souffre plus tard fortement d'accusations non justifiées de Dunant selon lesquelles Sonderegger ferait cause commune avec Moynier resté à Genève. Le décès prématuré de Sonderegger en 1904, à l'âge de 42 ans, pèse sur Dunant malgré les tensions profondes existant entre les deux hommes. L'admiration de Sonderegger pour Dunant, restée intacte malgré les reproches de ce dernier, s'est tard transmise à son fils Hans Konrad Sonderegger et à son petit-fils René qui publiera en 1935 des lettres de Dunant héritée de son père.

Rappel tardif

En septembre 1895, Georg Baumberger, rédacteur en chef du journal Die Ostschweiz de Saint-Gall, écrit un article sur le fondateur de la Croix-Rouge avec lequel il s'entretient en venant par hasard à Heiden en août de la même année. Cet article intitulé Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge paraît dans la revue allemande Sur terre et mer qui est diffusée en peu de jours dans toute l'Europe. On se souvient alors de lui et il reçoit des messages de sympathie et de soutien du monde entier. Il apparaît à nouveau dans la conscience d'un large public en tant que fondateur du mouvement de la Croix-Rouge même si le Comité International de Genève évite encore tout contact avec lui. Dunant reçoit notamment le prix Binet-Fendt remis par le Conseil fédéral et la reconnaissance du pape Léon XIII pour son dévouement personnel. Grâce à une pension annuelle envoyée par la tsarine russe Maria Fedorovna et d'autres versements, sa situation financière s'améliore rapidement.
En 1897, Rudolf Müller, devenu professeur de l'enseignement secondaire à Stuttgart, publie chez les éditions Greiner & Pfeiffer L'histoire de la naissance de la Croix-Rouge et de la convention de Genève où le rôle de Dunant en tant que fondateur est souligné pour la première fois depuis son retrait du Comité International. Le livre contient aussi la nouvelle édition germanophone et raccourcie d'Un souvenir de Solférino. Dunant lui-même entretient à cette époque un échange de correspondance avec la pacifiste autrichienne Bertha von Suttner à la suite de la visite de cette dernière à Heiden.
Il écrit également de nombreux articles dans une revue publiée par celle-ci, À bas les armes !, dont un essai sous le titre À la presse. En outre, il publie aussi des extraits de manuscrits non publiés sous le titre Petit arsenal contre le militarisme ou Petit arsenal contre la guerre. Impressionné par l'action de Suttner et Florence Nightingale, il en arrive à la conviction que les femmes pourraient jouer un rôle bien plus important dans la réalisation d'une paix durable que les hommes. Il voit à cet égard la défense de l'intérêt personnel, le militarisme et la brutalité comme des principes typiquement masculins alors qu'il attribue aux femmes l'amour du prochain, l'empathie et l'aspiration à la résolution des conflits. En se fondant sur cette constatation, il soutient fortement l'égalité des droits pour les femmes.
En 1897, il suggère la fondation d'une fédération d'infirmières internationale sous le nom de Croix verte. En février 1899, avant la première conférence de La Haye, il publie un essai dans la Revue allemande, sous le titre Proposition à sa majesté de l'empereur Nicolas II, qui constitue sa dernière tentative de prendre part au débat public de l'époque en faveur des efforts de paix.

Prix Nobel de la paix

En 1901, Dunant reçoit le premier prix Nobel de la paix pour la fondation de la Croix-Rouge internationale et l'initiation de la première convention de Genève. Dans un télégramme qu'il reçoit le 10 décembre, le comité Nobel basé à Oslo lui communique ainsi sa décision :
À Henry Dunant, Heiden. Le comité Nobel du parlement norvégien a l'honneur de vous communiquer qu'il vous remet le prix Nobel de la paix 1901 à vous, Henry Dunant, et à Frédéric Passy. Le comité vous envoie ses respects et ses bons vœux.
Pour défendre ses opinions, Dunant a agi auprès du comité Nobel au travers du médecin militaire norvégien Hans Daae, à qui Rudolf Müller avait expédié une copie de son livre. Dunant partage cette distinction avec le pacifiste français Frédéric Passy, fondateur de la première Ligue internationale de la paix et de la liberté à Paris (1867) et membre avec lui de l'Alliance pour l'ordre et la civilisation. Les félicitations qui lui sont adressées à cette occasion signent sa réhabilitation et la reconnaissance de ses actions, 34 ans après la naissance de la Croix-Rouge ; gestes bien plus importants pour lui que tous les autres prix, distinctions, honneurs et paroles de sympathie précédents. Pour le mouvement de la Croix-Rouge, le prix marque la reconnaissance de son travail et de la convention de Genève dans un contexte où l'intensification des tensions internationales et des programmes d'armement accroissent les perspectives de guerre.
Moynier, et le Comité International, sont également en lice pour le prix. C'est dans ce contexte que Rudolf Müller, dans une longue lettre au comité Nobel, propose d'attribuer le Prix à Dunant et de le partager avec Frédéric Passy, prévu à l'origine comme unique récipiendaire. Sachant que Dunant figure déjà parmi les récipiendaires pressentis pour les années à venir, Müller avance les arguments de son âge avancé et de sa mauvaise santé. Dunant est soutenu par une large palette de partisans — dont trois professeurs de Bruxelles, sept professeurs d'Amsterdam, 92 parlementaires suédois, 64 parlementaires du Wurtemberg, deux ministres norvégiens ainsi que le Bureau international permanent de la paix —. On reste toutefois divisé sur l'effet de la Croix-Rouge et de la convention de Genève sur un conflit : ne rendent-ils la guerre plus attirante parce qu'ils supportent une partie de la peine liée à celle-ci ?
Le partage du prix entre Passy et Dunant est aussi intéressant en raison des différences qui existent alors entre le mouvement pour la paix et le mouvement de la Croix-Rouge. Avec la décision de partager le premier prix Nobel de la paix entre Passy, un pacifiste traditionnel et le représentant le plus connu du mouvement pour la paix à l'époque, et l'humaniste Dunant, le comité Nobel montre les deux catégories sur lesquelles il s'appuiera par la suite :
D'un côté, les hommes, puis plus tard les organisations, qui se consacrent à la paix et correspondant ainsi à la partie du testament d'Alfred Nobel qui prévoit de distinguer ceux qui ont agi la plupart du temps ou le mieux possible pour la suppression ou la diminution des armées ainsi que pour la formation et la diffusion de congrès de la paix...
De l'autre, les actions humanitaires, considérées elles aussi comme pacifiques et correspondant aux dispositions du testament de Nobel prévoyant de distinguer ceux qui ont agi la plupart du temps ou le mieux possible pour la fraternité des peuples ... À partir de Dunant, le prix Nobel de la Paix couronnera aussi remis des actions dans le secteur humanitaire.
Quant à Hans Daae, il place une partie de l'argent du prix, d'un montant de 104 000 francs suisses, dans une banque norvégienne, le protégeant ainsi des créanciers de Dunant. Dunant ne touchera pas à cet argent durant le reste de sa vie.

Mort

Quelques autres distinctions lui sont décernées dans les années qui suivent : il est fait docteur honoris causa de la faculté de médecine de l'Université de Heidelberg en 1903, en même temps que Gustave Moynier. Il passe les dernières années de sa vie à l'hôpital de Heiden où il tombe dans la dépression et la crainte d'être poursuivi par ses créanciers et son adversaire Moynier. Le fait qu'un règlement complet de ses dettes ne soit pas possible avait fortement pesé sur lui à la fin de sa vie.
Bien qu'il se voit encore lié à la foi chrétienne, il s'éloigne aussi bien du calvinisme que d'autres formes de religion organisée et dédaigne toute institution religieuse. Selon les indications fournies par les infirmières s'occupant de lui, son dernier acte est l'envoi d'une version de son livre éditée par Rudolf Müller avec un mot personnel à la reine d'Italie. Il s'éteint dans la soirée du 30 octobre 1910 aux environs de 22h00, survivant ainsi à Moynier de près de deux mois. Malgré les félicitations que le comité de la Croix-Rouge lui aura adressé à l'occasion de la remise du prix Nobel, leurs relations n'auront pas connu d'amélioration.
Ses derniers mots, adressés au docteur Altherr, furent : Ah, que ça devient noir ! Dans une lettre adressée à Wilhelm Sonderegger, il formule son souhait quant à son inhumation :
Je souhaite être porté en terre comme un chien le serait, sans une seule de vos cérémonies que je ne reconnais pas. Je compte sûrement sur votre bonté pour veiller sur mon dernier désir terrestre. Je compte sur votre amitié pour qu'il en soit ainsi. Je suis un jeune disciple du Christ comme au premier siècle, c'est-à-dire rien.
Il est donc inhumé trois jours plus tard dans la discrétion et sans célébration au cimetière Sihlfeld de Zurich. Parmi les personnes présentes figurent, aux côtés de Hermann Altherr et Rudolf Müller, quelques envoyés de diverses associations de la Croix-Rouge en provenance de Suisse et d'Allemagne ainsi que ses neveux arrivés de Genève. Le prix Nobel et de nombreuses donations lui ayant laissé un petit patrimoine, il offre par dans testament, rédigé les 2 mai et 27 juillet 1910, un lit libre dans l'hôpital de Heiden pour les patients les plus démunis de la ville. En outre, il fait parvenir à ses amis les plus proches, dont Müller, Altherr et sa femme ainsi que les collaborateurs de l'hôpital, de petites sommes d'argent en remerciement. Il offre ce qui reste à des organisations d'utilité publique en Norvège et en Suisse et transfère à son exécuteur testamentaire le pouvoir de décider du choix des récipiendaires. Tous les livres, notes, lettres et autres documents en sa possession ainsi que ses distinctions sont remis à son neveu Maurice Dunant qui vit à Genève. À des fins de recherche, la correspondance échangée avec Rudolf Müller est rendue publique en 1975.

Pensée et héritage

Buste Henri Dunant, à proximité de la place Neuve,à l'angle de la rue de la Tertasse et de la Rampe de la Treille à Genève.Sculpté par Luc Jaggi et inauguré le 2 juin 1980.
À l'occasion de l'anniversaire de Henri Dunant, le 8 mai, le mouvement de la Croix-Rouge internationale commémore son souvenir. L'hôpital de Heiden, où il a passé les dernières années de sa vie, abrite le musée Henri Dunant. Dans sa ville natale de Genève, ainsi que dans plusieurs villes situées dans d'autres pays, des rues, des places, des écoles et d'autres bâtiments portent son nom, même si, à Genève, le premier monument commémoratif n'est inauguré qu'à l'occasion du centième anniversaire de la fondation du Comité International en 1963. Par ailleurs, tous les deux ans, la commission permanente du mouvement de la Croix-Rouge remet la médaille Henri Dunant qui constitue la distinction la plus élevée du mouvement.
Lors de l'évaluation du rôle de Dunant dans la fondation de la Croix-Rouge, il faut toutefois aussi considérer le rôle de son adversaire Gustave Moynier. Dunant, à travers son livre, son charisme et ses activités avant la conférence de Genève en 1863, joue sans aucun doute un rôle décisif dans la mise en place du Comité International et de la convention de Genève. Dans l'histoire de naissance de la Croix-Rouge, il joue le rôle de l'idéaliste sans les idées duquel le développement historique après la bataille de Solférino aurait peut-être suivi une autre voie. Sa présence fortuite sur un champ de bataille ressemblant à tant d'autres de cette époque, le traitement de ses expériences dans un livre et les propositions qu'il développe donne à Solférino et à l'année 1859 leur place dans l'histoire. D'autre part, ce succès aurait été à peine possible sans l'action pragmatique de Moynier largement responsable dans le développement ultérieur du comité et l'expansion du mouvement de la Croix-Rouge et de ses activités. D'un point de vue historique, la combinaison de l'action des deux hommes contribua au succès de la Croix-Rouge, de la convention de Genève et des propositions de Dunant concernant la question des prisonniers de guerre. Environ dix ans après la fondation du Comité International et de l'adoption de la convention de Genève, le développement de son activité pour les prisonniers de guerre montre d'abord quelques parallèles aux événements des années 1863 et 1864.
Blessés de guerre d'un hôpital militaire français pendant la Première Guerre mondiale.
Même si finalement le manquement a plusieurs raisons, sans la concurrence du tsar Alexandre III et de sa conférence de Bruxelles en 1874, une coopération renouvelée entre Dunant et Moynier aurait peut-être eu plus de succès. Une solution juridique des problèmes des prisonniers de guerre ne sera intégralement trouvée que 25 ans plus tard dans les conférences de La Haye de 1899 et de 1907, ainsi qu'après le décès de Dunant et Moynier à travers les nouvelles conventions de Genève signées en 1929 et 1949.
Le fait que presque toutes ses idées aient été réalisées au fil du temps et sont encore en grande partie pertinentes montre que Dunant avait beaucoup d'avance sur les visions de son temps. Cela vaut aussi, au-delà de la justification du mouvement de la Croix-Rouge et de l'expansion des activités du Comité International pour la YMCA, la fondation de l'État d'Israël, la création d'une organisation destinée à protéger l'héritage culturel de l'humanité sous la forme de l'Unesco ainsi que pour son engagement dans la libération des esclaves en Amérique du Nord et l'égalité des femmes.

Littérature et cinéma

La biographie de Dunant a été transposée à différentes reprises dans des livres et des films, aussi bien dans des documentaires que des fictions. La première œuvre littéraire parue est le roman biographique Le Voyageur. Les visions de Henry Dunant de Eveline Hasler. Dans celui-ci, la vie de Dunant est racontée dans une perspective narrative par un observateur anonyme dans les dernières années de sa vie. Un autre roman connu, Dunant. Le roman de la Croix-Rouge de Martin Gumpert, paraît déjà en 1938 et compte aussi parmi les premières transpositions littéraires de la vie de Dunant. Parmi les ouvrages documentaires les plus importants en allemand figure le livre de Willy Heudtlass et Walter Gruber plusieurs fois édité entre 1962 et 1985 : J. Henry Dunant. Fondateur de la Croix-Rouge. Auteur de la convention de Genève. Heudtlass, au début des années 1960, eut d'ailleurs la possibilité d'accéder à des lettres jusqu'ici inconnues car se trouvant en possession des descendants de Rudolf Müller et Hans Daae. Il faut aussi signaler le livre de Jacques Pous, Henry Dunant, l'Algérien paru avec une préface d'Henri Guillemin aux éditions Grounauer à Genève et qui concerne la période algérienne de la vie de Dunant.
D'homme à hommes de Christian-Jaque, coproduction franco-suisse d'une durée de 96 minutes, sort dans les salles en 1948. En 1978, Dieter Forte monte une pièce de théâtre qu'il baptise Jean Henry Dunant ou l'introduction de la civilisation et la fait jouer pour la première fois le 30 mars 1978 au Théâtre national de Darmstadt. Une version cinématographique sort dans les salles de la RDA en 1964. Un documentaire sur sa vie est produit en 1998 par le Musée Henry Dunant sous la forme d'un film d'environ 30 minutes : Henry Dunant 1828-1910. La première transposition sous la forme d'un téléfilm intitulé Henry Dunant, du rouge sur la croix est diffusé par la première fois le 10 mars 2006 à Genève. D'une durée d'environ 90 minutes et réalisé par Dominique Othenin-Girard au moyen d'un budget d'environ 5,6 millions d'euros cofinancé par Arte, l'EPTV télévision algérienne ainsi que 18 chaînes de télévision européennes, il est né de la coopération entre les studios et chaînes de télévision d'Autriche, de Suisse et de France. Toutefois, la Société Henry Dunant y a trouvé un certain nombre d'erreurs par rapport à la réalité de la vie de Dunant14.
Walter Weideli, Agonie et résurrection d’Henri Dunant, 1980, pièce télévisée créée par Jean-Jacques Lagrange à la Télévision suisse romande
Henry Dunant, du rouge sur la croix, téléfilm de Dominique Othenin-Girard 2006

Publications

Notice sur la régence de Tunis, Genève, 1858
L'Empire de Charlemagne rétabli ou le Saint-Empire romain reconstitué par sa majesté l'empereur Napoléon III, Genève, 1859
Mémorandum au sujet de la société financière et industrielle des Moulins de Mons-Djemila en Algérie. Paris, non daté v. 1859
Un souvenir de Solférino, Genève, 1862 réédition Editions Ampelos
L'Esclavage chez les musulmans et aux États-Unis d'Amérique, Genève, 1863
La Charité sur les champs de bataille, Genève, 1864
Les Prisonniers de guerre, Paris, 1867
Bibliothèque internationale universelle, Paris, 1867

Distinctions

1857 : Nichan Iftikhar Tunisie
1860 : ordre des Saints-Maurice-et-Lazare Italie
1865 : Légion d'honneur France
1901 : prix Nobel de la paix Suède

Postérité

2006 : Henry Dunant, du rouge sur la croix, téléfilm de Dominique Othenin-Girard
Un astéroïde de la ceinture principale, 1962 Dunant, a été nommé en hommage à Henri Dunant.
La place Henry-Dunant jusqu’en 2008 où elle prend le nom de place Paul-Émile-Victor, une place du 8e arrondissement de Paris et l’allée Henry-Dunant depuis 2007, une impasse du 14e arrondissement de Paris, voies correspondant à des sièges successifs de la Croix-Rouge française.
L'hôpital Henri-Dunant à Paris.
La place Henri Dunant, une place du 4e arrondissement de Marseille
Une ECG (école de culture générale) porte son nom à Genève, en Suisse romande. Il se nomme ECG Henry Dunant15.
La pointe de l'Est, deuxième plus haut sommet de Suisse, renommée pointe Dunant à l'occasion des 150 ans de la Croix-Rouge.
• Une rue du centre de Bangkok (Thaïlande) porte le nom de Henri Dunant


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Posté le : 04/05/2016 17:18

Edité par Loriane sur 07-05-2016 18:47:15
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Re: Défi du 1er mai
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Quelle revisite de cette fameuse guerre ! Le Napo est tout penaud. Pas de bol, on ne peut changer le cours de l'Histoire.

Merci mon Titi.

Bises


Couscous

Posté le : 04/05/2016 07:38
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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