| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 136 137 138 (139) 140 141 142 ... 956 »


Re: Défi du 1er mai
Plume d'Or
Inscrit:
18/02/2015 13:39
De Dijon
Messages: 2303
Niveau : 39; EXP : 1
HP : 190 / 950
MP : 767 / 26006
Hors Ligne
Bonjour Delphine, Serge et Donald,

Quelques soucis de santé m'ont éloigné et vont demander quelques investigations, en espérant que l'on ne me découvrira pas quelques vacheries. La soixantaine est sur ce plan parfois redoutable.

Soyez remercié(e)s d'avoir répondu à ce défi.

Je vous souhaite un magnifique week end.

Portez vous bien.
Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 07/05/2016 12:59
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Défi du 8 mai
Plume d'Or
Inscrit:
14/03/2014 18:40
De Paris
Messages: 1111
Niveau : 29; EXP : 25
HP : 0 / 706
MP : 370 / 21257
Hors Ligne
Bonjour à toutes et à tous,

Le défi de cette semaine m'incombe et comme je viens juste d'être relâché par des clients un tantinet obstinés, je garde au fond de moi une âme de prisonnier. Mon psychothérapeute, spécialisé dans les Hurlus et les consultants, me conseille de briser le signe indien par le biais de l'écriture.

Comme il n'est pas plus bête qu'un autre et que je suis ses conseils, je propose de baser le défi de la semaine sur le thème de l'emprisonnement. Que vous soyez prisonniers de votre belle-mère, de vos enfants, de votre patron, des impôts ou d'une terrible addiction pour les chansons de Florent Pagny, vous êtes toutes et tous les bienvenus pour exorciser cette désagréable sensation.

En vers, en pieds, en croches ou en bémols, en nouvelle ou en conte pour enfants, bref dans tous les styles qu'il vous plaira, sentez vous libres et lâchez les chevaux.

Eeh Aah !

Donald


Posté le : 06/05/2016 23:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Éruption de la montagne Pelée
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 8 mai 1902 Éruption de la montagne Pelée

Zone d'activité avec cratère sommital et rivière Blanche du 23 avril 1902 au 5 octobre 1905 pendant 3 ans 5 mois et 12 jours c'était un type d'éruption Phréatique, péléenne avec des phénomènes de uées ardentes, lahars, retombées de cendres, et raz-de-marée le 5 et le 7 mai, le volume émis fut de 0,14 km3 de lave et 0,2 km3 de téphra
sur l'échelle VEI 4? Toute la région nord de la Martinique fut affectées faisant environ 30 000 morts
L'éruption de la montagne Pelée en 1902 est l'éruption volcanique la plus meurtrière du XXe siècle ; sa nuée ardente paroxystique du 8 mai 1902 reste célèbre pour avoir en quelques minutes entièrement détruit ce qui était alors la plus grande ville de l’île de la Martinique, Saint-Pierre, exterminé ses habitants — environ 30 000 personnesN 1, seulement trois rescapés certifiés — et coulé une quinzaine de navires marchands. La destruction de la ville et de ses alentours était inévitable, mais pas la mort de ses habitants et de nombreux marins qui ont été les victimes effectives de décisions politiques et administratives nationales et locales — sur instructions ministérielles, refus par le gouverneur de la Martinique, Louis Mouttet, de faire évacuer la ville et de laisser appareiller les navires ancrés dans la rade — afin d’assurer le second tour d’une élection législative le 11 mai.
Référence capitale de l’étude du risque volcanique, et même du risque naturel, elle montre ce qu’il faut éviter de faire à tout prix quand on court un danger naturel » imminent : ne pas prendre la précaution élémentaire de faire évacuer la zone menacée quand il est encore temps ; ainsi, la nuée du 30 août 1902 a fait encore un millier de victimes, car on n’avait toujours pas pris cette précaution ; en revanche, l’éruption de 1929/1932 n’en a pas fait, car toute la population du nord de l’île avait été évacuée.
L’éruption type de 1889/1905 dont la nuée ardente catastrophique du 8 mai 1902 n’était qu’une phase, est aussi la référence fondamentale de volcanologie ; c’est la première éruption volcanique qui ait été scrupuleusement étudiée et décrite scientifiquement par Lacroix, Heilprin, Jaggar, Perret et beaucoup d’autres : pour désigner ce type d’éruption Lacroix a utilisé l’expression « éruption péléenne » et pour ses événements destructeurs, l’expression nuée ardente.

Le cadre

La ville de Saint-Pierre s’étendait en bordure de sa rade bien protégée, sur environ 3 km de long et 400 m de large, aux pieds du flanc Sud-Ouest du volcan ; elle était entourée de plusieurs hameaux et villages ; le tout était directement exposé aux effets des éruptions.

Saint-Pierre

Saint-Pierre, le Petit Paris des Antilles.
Capitale économique et culturelle de la Martinique — chef-lieu administratif : Fort-de-France, résidence du gouverneur —, le Petit Paris des AntillesN 3 avait une cathédrale, un théâtre, un lycée, un hôpital, une prison, une chambre de Commerce, des consulats étrangers, un journal Les Colonies… Son port — en fait, un mouillage dans la rade, vers 100 m du rivage — accueillait de nombreux navires marchands internationaux pour exporter le sucre et le rhum fabriqués dans ses usines.
Découverte le 15 décembre 1502 par Christophe Colomb lors de son quatrième voyage vers les Indes occidentales, puis colonisée à partir de 1635, la Martinique possède l'un des volcans les plus célèbres des Petites Antilles : la montagne Pelée. Ce volcan fait partie de l'arc insulaire des Petites Antilles, long de 850 km ; d'orientation subméridienne et reliant l'Amérique du Sud au Grandes Antilles. Cet arc volcanique est le résultat du plongement et de la fusion subduction de la croûte océanique atlantique sous la plaque Caraïbe.
Massif dominant de la Martinique, la montagne Pelée se situe dans la partie nord de l'île. Sa superficie est de 120 kilomètres carrés pour un diamètre de base moyen de 13 kilomètres ; avant l'éruption volcanique de 1902, elle culminait à 1 351 mètres, au Morne-La-Croix qui dominait une caldeira sommitale dite de l'Étang-Sec
L'édification de ce volcan devait commencer il y a 300 000 ans environ (la Martinique a environ 50 millions d'années. Trois phases se sont succédées. Au cours du premier stade, le volcan peléen primitif, qui se construit sur le versant sud du mont Conil, émet principalement des coulés de laves massives et autoclastiques, intercalées avec d'épaisses formations lahariques des cendres. Une deuxième phase débute il y a 40 000 ans avec un strato-volcan semblable à celui d'aujourd'hui et animé d'éruptions explosives. Une troisième phase débute il y a 13 500 ans environ ; elle a conduit à l'édification du volcan actuel, au cône central régulier. Des restes de foyers de populations caraïbes ou arawaks retrouvés sous des dépôts volcaniques témoignent de l'activité volcanique préhistorique de la montagne Pelée. D'autres éruptions, majeures ont été datées à 650 ans B.P. et 305 ans B.P. (formation de la caldeira, en 1792 et en 1851-1852.
Les phénomènes précurseurs de l'éruption de 1902 datent de 1889 ; ils consistèrent en l'apparition de petites fumerolles dans la caldeira. Ce type d'activité s'était déjà produit en 1792 et en 1851, mais, cette fois-ci, dès le 2 mai 1902, des cendres volcaniques tombent sans interruption. Le 5 mai, le barrage de l'Étang-Sec se rompt et l'eau se déverse en formant rapidement un lahar qui ensevelit une usine et fait vingt-cinq morts. Quelques petits séismes sont enregistrés et, le 8 mai, à 8 heures, une formidable explosion se produit, suivie d'une nuée ardente détruisant tout sur son passage et rasant la ville de Saint-Pierre, où périssent 28 000 personnes, laissant seulement deux survivants, dont Auguste Cyparis, un prisonnier qui dut son salut aux murs épais de son cachot.

Éruption de la montagne Pelée . Le 8 mai 1902, l'éruption de la montagne Pelée, à la Martinique, anéantit la ville de Saint-Pierre, alors capitale de l'île. Vingt-huit mille personnes périssent lors de cette catastrophe. Après la destruction de Saint-Pierre, c'est Fort-de-France qui devient la capitale de la Martinique.
Une étude des cadavres a montré que beaucoup de gens sont morts à cause de l'onde de choc précédant la nuée ardente à la vitesse de 600 km/h, qui a fait éclater les corps, mais, de toute façon, la température de la nuée ardente était probablement de l'ordre de 300 à 350 0C. Le nombre des morts peut paraître important pour une explosion que de nombreux signes précurseurs pouvaient laisser prévoir. Mais le climat social et politique en est responsable (le gouverneur ayant refusé l'évacuation de la ville, car des élections devaient avoir lieu). Cette année-là, quatre autres éruptions de la montagne Pelée firent au total 40 000 morts.
Ainsi, jusqu'au 6 juin, l'activité du cratère reste violente et l'on peut noter trois nuées ardentes semblables à celle du 8 mai (20 mai, 26 mai et 6 juin). Du 6 juin à la mi-août, on observe un calme relatif ; il est suivi d'une recrudescence jusqu'au 30 août, jour où se produit la plus fantastique nuée ardente de l'éruption, qui détruit les villages de Morne-Rouge et d'Ajoupa-Bouillon. Mais la phase finale sera la plus instructive pour les géologues qui surveillent l'éruption, car elle se caractérise par la construction du dôme et la mise en place d'aiguilles rigides. Le dôme atteint 1 353 mètres et ne cessera de s'accroître jusqu'en septembre 1903 où il finira par s'écrouler. C'est une masse de matières visqueuses, à haute température, couvertes d'une carapace refroidie. L'aiguille commence à pousser au début de novembre 1902. Sa base est située, au départ, à 1 343 mètres ; elle atteint 1 575 mètres le 24 novembre 1902 et 1 600 mètres à la fin de mai 1903. Dans sa première phase d'ascension, l'aiguille croît à une vitesse moyenne de 10 mètres par 24 heures, avec un maximum de 60 mètres par 24 heures.
Ensuite, l'activité s'est réduite au fonctionnement de quelques fumerolles. Mais, en 1929, l'activité augmente et une nouvelle éruption se produit entre 1929 et 1932, d'une manière identique à l'activité de 1902, avec nuée ardente, dôme et aiguilles. Depuis lors, seule la morphologie du cône, la présence de quelques sources thermominérales et quelques crises sismiques, qui se produisent parfois comme en 1986, trahissent un volcan actif.
Les roches de la montagne Pelée ont des compositions chimiques voisines, mais des structures variables suivant le mode de mise en place. La roche typique est une andésite sursaturée à hypersthène. Les phénocristaux sont composés de plagioclase (bytownite à labrador) ; hypersthène, hornblende sont toujours présents ; olivine, titanomagnétite, ilménite sont des minéraux accessoires. La pâte est à dominance de plagioclases avec hypersthène ; sa texture est plus ou moins ponceuse, plus ou moins vitreuse, parfois franchement dévitrifiée.
Le type d'éruption de la montagne Pelée (pyroclastes à 95 p. 100) indique un magma à viscosité et teneur en gaz élevées. Le dégazage se produit le plus souvent en cours d'éruption, proche de la surface et, selon sa violence, la température du milieu donne lieu à tel ou tel phénomène explosif. Quand le dégazage se fait calmement en profondeur, on observe un stade effusif avec mise en place de dômes, dômes-coulées, coulées selon que la température est forte ou moyenne.
L'éruption de la montagne Pelée tient une place capitale dans l'histoire de la volcanologie pour des raisons humanitaires aussi bien que scientifiques. À la suite de la catastrophe, la mise en place d'observatoires scientifiques a été décrétée par les pouvoirs publics ; c'est aussi la première fois qu'une nuée ardente et que la construction d'un dôme avec la mise en place d'une aiguille sont décrites. Le terme « nuée ardente » a d'ailleurs été créé par Alfred Lacroix à cette occasion. Yves Gautier

Le volcan

Carte de la montagne Pelée avant l’éruption, par Lacroix, in La montagne Pelée et ses éruptions.
Vers le milieu de l’arc de subduction des petites Antilles qui compte neuf volcans actifs, à l’extrémité nord de la Martinique, la montagne Pelée est un strato-volcan gris calco-alcalin, empilement subconique de blocs et de pyroclastites plus ou moins cimentés, enrobant un axe subvertical d’andésite, racine de deux dômes juxtaposés, celui de 1902 au NE et celui de 1929, le plus élevé sommet 1 397 m. Les dômes occupent l’est de la demi-caldeira de l’étang Sec, ouverte au SW vers Saint-Pierre qui s’étend à son pied. Le cône volcanique surface ~ 120 km2, est strié par un réseau dense de ravines rayonnantes dont la principale est la rivière Blanche qui part de l’étang Sec et se jette dans la rade, au nord de Saint-Pierre.

L’activité volcanique

L’activité de la montagne Pelée est modérée, éruptions peu fréquentes, courtes, relativement faibles et lentes, mais son dynamisme magmatique peut être violent et son évolution, difficilement prévisible.
En éruption, son magma d’andésite à labrador et hypersthène, très gazeux et très visqueux, produit des nuées ardentes par explosions violentes de dégazage, des lahars par pluies de condensation de vapeur d’eau volcanique et/ou vidange d’étangs temporaires, construit des dômes ou des aiguilles plus ou moins vacuolaires instables, mais pas de coulées de lave. Actuellement, elle n’émet même pas quelques fumerolles.

Les éruptions anciennes

La première phase d’activité de l’arc antillais se serait produite entre -50 et -25 Ma. La phase actuelle aurait débuté vers -5 Ma, d’abord au morne Jacob, ~ -5/-2 Ma, et au piton du Carbet, ~ -2/-1 Ma, puis au piton Conil, < -0,5 Ma.
La montagne Pelée se serait formée il y a environ 300 000 ans sur le bord nord de la dépression de Saint-Pierre entre le morne Jacob et le piton Conil. Lors de l’épisode actuel qui aurait débuté il y a environ 13 500 ans, elle aurait eu une trentaine d’éruptions pliniennes ou péléennes, en groupes alternants plus ou moins longs et nombreux, non cycliques.
Vers 300, le volcan aurait produit une éruption qui aurait freiné le peuplement caraïbe de la Martinique. Peut-être à la suite d’une éruption au XVIe siècle, les Caraïbes auraient appelé le volcan « montagne de Feu.
Lors de l’arrivée des Français le 15 septembre 1635, le volcan venait de produire une éruption péléenne - dôme dans le cratère sommital, plusieurs nuées ardentes…, destruction de la végétation sur toute la surface du volcan d'où la dénomination de montagne Pelée.
Depuis, le volcan a eu quatre éruptions documentées en un peu plus de 200 ans : dynamisme phréatique en 1792 et 1851/1854 paroxysme le 5 août 1851 ; dynamisme magmatique péléen en 1889/1905 paroxysmes les 8 mai et 30 août 1902 et 1927/1932 paroxysme le 18 octobre 1929.

L’éruption de 1889/1905

Après une accalmie d’une trentaine d’années, l’éruption a débuté en 1889 ; ses événements majeurs sont la nuée ardente du 8 mai 1902 et celle plus puissante du 30 août.
Les événements précurseurs :
Le volcan est loin de s’être réveillé brusquement et de façon inattendue :
1889, début de l’éruption : fumerolles intermittentes dans l’étang Sec, cratère sommital ;
février 1902 : permanence et intensification des fumerolles sulfhydriques ; pas d'inquiétude ;
mardi 22 avril : rupture du câble télégraphique vers la Guadeloupe ;
mercredi 23 avril, début de la phase phréatique : séismes, grondements souterrains, pluie de cendres au sud et à l’ouest sur Saint-Pierre ;
vendredi 25 avril : nuage de cendres ; en bordure de l'étang Sec, construction d'un cône de pyroclastite ;
samedi 26 avril : les cendres couvrirent Saint-Pierre et les environs ; pas d'inquiétude ;
dimanche 27 avril : l'étang Sec se remplit d’eau bouillonnante jaillissant du cône de pyroclastite haut d’environ 15 m ; forte odeur de soufre dans les rues de Saint-Pierre et à 10 km alentour ; premier tour des élections législatives ;
mercredi 30 avril : dans la ravine Roxelane qui traversait Saint-Pierre et au nord dans celle des Pères, lahars charriant des rochers et des arbres arrachés au sommet ; au nord, les villages du Prêcheur et de Sainte-Philomène furent couverts de cendres ;
vendredi 2 mai à 11 h 30, début de la phase magmatique : séismes, éclairs, violentes détonations ; soleil masqué ; couche de cendres épaisse de plusieurs centimètres sur toute la partie nord de la Martinique ;
samedi 3 mai : le vent renvoya le nuage de cendres vers le nord, dégageant provisoirement Saint-Pierre ; séismes ; rupture du câble télégraphique vers la Dominique ;
dimanche 4 mai : retour et intensification des chutes de cendres ; toutes les ravines étaient en crue ; coupures des routes vers le nord ; début d’affolement et de départs ;
lundi 5 mai : le matin, calme apparent du volcan ; chassés des hauts par l’eau et les cendres brûlantes, à l’embouchure de la rivière Blanche, invasion de l’usine Guèrin par des myriades de fourmis fourmis-fous et de scolopendres (bêtes-mille-pattes) venimeux, et dans les rues de Saint-Pierre, invasion de serpents fer-de-lance dont la morsure est mortelle - ~ 50 personnes et plus de 200 animaux tués1 ; ensuite, le débordement de l’étang Sec produisit un lahar dans la rivière Blanche qui ensevelit l’usine Guérin sous plus de 6 m de boue brûlante – 23 victimesA 1 –, provoqua un tsunami inondant les bas-quartiers de Saint-Pierre et coupant toutes les liaisons télégraphiques avec les îles voisines ; rupture du réseau électrique surchargé par les cendres humides ;
mardi 6 mai : début de la formation du dôme au bord de la caldeira de l'étang Sec ; expulsion explosive continue de cendres incandescentes ; pluies torrentielles condensation de la vapeur d’eau et lahars dans toutes les ravines ; rade couverte d’un épais tapis de cendres, ponces et débris végétaux ;
mercredi 7 mai : calme apparent, car l’obstruction du cratère par le dôme en surrection bloquait l’expulsion des gaz et des pyroclastites, préparant l’explosion finale du bouchon du cratère, sous l’énorme pression de dégazage du magma ;
nuit du 7 au 8 mai : d'intenses orages provoquent des coulées de boue ; entre 3 et 4 heures du matin, elles dévalent les pentes et touchent Macouba, Basse-Pointe et Grand'Rivière ; celle qui fait déborder la rivière du Prêcheur cause le décès de 400 personnes au Prêcheur et aux Abymes ; cet événement étant survenu très peu de temps avant le paroxysme, son information ne sera pas diffusée

Jeudi 8 mai : nuée ardente dévastatrice

Le jeudi 8 mai, jour de l'Ascension, une explosion se produisit dans le cratère de l’étang Sec, dont le flanc était largement échancré depuis la coulée du 5 mai. Un souffle puissant, suivi en trois minutes par un immense nuage toxique, la nuée ardente, bloquée vers le nord et l’est par la falaise de la caldeira et le dôme, emprunta la brèche de l’étang Sec vers la rivière Blanche, déferla à plus de 500 km/h sur la ville et, à 7 h 52, en moins d’une minute, la détruisit en grande partie et incendia les navires ancrés dans la rade.
L’explosion du bouchon provoqua un embrasement du cratère et une onde de choc atmosphérique supersonique ~ 450 m/s, 30 hPa de surpression instantanée ; puis une épaisse émulsion brûlante ~ 1 000 °C de gaz, d’eau et d’éléments solides en suspension s’échappa d’une bouche au pied du dôme, produisant un panache noir en forme de champignon haut de plus de 4 km au-dessus du volcan, visible à plus de 100 km de distance ; il s’effondra sur lui-même et la nuée descendante axée sur la rivière Blanche, couvrit de boue, de blocs et de cendres une zone triangulaire étang Sec/Prêcheur/Saint-Pierre, de plus de 40 km2 et s’arrêta au milieu de la rade à plus de 1 500 m du rivage.
Des incendies et des lahars aggravèrent les destructions. Selon l’endroit où elles se trouvaient dans la zone ravagée par la nuée ardente, les 30 000 victimes succombèrent à l’onde de choc atmosphérique, à l’inhalation de gaz brûlants, à de profondes brûlures, à des chutes de blocs volcaniques, à des écroulements de bâtiments… Deux survivants durent leur salut à la solidité ou à l’éloignement des bâtiments qu’ils occupaient, mais furent gravement brûlés.
Premier secours venant de Fort-de-France, le croiseur Suchet se présenta à l’entrée de la rade à 12 h 30, mais la chaleur l'empêcha d'y entrer avant 15 h ; il put secourir des marins et des passagers du Roraima puis des autres navires en feu au mouillage dans la rade ; la plupart moururent à terre ; une vingtaine survécurent.

Les événements suivants

Il y eut huit nuées entre le 8 mai et le 30 août, puis d’autres de moins en moins violentes, une soixantaine au total jusqu’à fin 1903. L’épaisseur cumulée des couches de cendres qu’elles ont déposé a dépassé 3 m rue Levassor déblayée.
20 mai : éruption plus violente que la première ; retombées de cendres sur toute l’île ; achèvement des destructions ; quelques victimes, des pillards ; appelée éruption sanitaire, car les cendres recouvrant les cadavres empêchèrent leur décomposition.
26 mai, 6 juin, 9 juillet : nuées analogues ;
30 août : nuée beaucoup plus étendue vers le sud et l'est – accroissement de la surface détruite ~ 60 km2. Moins explosive et moins brûlante < 120 °C - fonte du soufre), ses éléments incandescents incendièrent néanmoins la végétation et les habitations et pour cela fit environ 1 400 victimes dont au moins 800 au Morne-Rouge, 250 à L'Ajoupa-Bouillon, 25 à Basse-Pointe et 10 au Morne Capot, car aucune disposition n'avait été prise pour évacuer les habitants.
De novembre 1902 à septembre 1903, surrection de l'aiguille filée par une crevasse du dôme ; écroulements successifs aux départs des nuées ; hauteur maximale atteinte ~ 310 m.
Après juillet 1905 et jusqu’en 1910, quelques fumerolles et lente surrection du dôme ; extinction apparente.

Éruption de 1929/1932

Les effets de cette éruption magmatique, un peu moins violente mais plus durable, ont été limités aux destructions matérielles, car on avait pris la précaution d’évacuer toute la population du nord de l’île, en utilisant la carte de risque levée par Perret et ses observations depuis le morne des Cadets où il établit ensuite l’observatoire qui assure toujours la sécurité du nord de l’île.
fin août : grondements et fumerolles acides ;
16 septembre : explosions ; panique à Saint-Pierre ;
mi-octobre : intensification des explosions de plus en plus violentes ; évacuation de la population ;
mi-novembre : début des nuées ;
16 décembre 1929 : nuée la plus violente ; début de la surrection du second dôme ;
1930/1932 : diminution progressive de l’activité ; début de l’assoupissement actuel.

La vie à Saint-Pierre avant le 8 mai

Les effets sans victimes, en grande partie limités aux alentours du cratère3, des éruptions phréatiques de 1792 et 1851/1854 étaient connus mais vus comme des curiosités pittoresques. Il en fut ainsi jusqu’au 27 avril 1902, jour du premier tour de l’élection législative.
À partir du 2 mai, les événements inquiétants se succédèrent, mais en pleine campagne électorale, l’administration voulait que le second tour de l’élection — prévu le 11 mai — se passât normalement, les personnalités de la ville se partagèrent en partisans et adversaires de l’évacuation de la ville selon leurs opinions politiques et le journal Les Colonies ne publiait pas d’article alarmant sur le comportement du volcan ;
3 mai : inspection du gouverneur Louis Mouttet ; consignation de la troupe mise en état d’alerte ; innombrables confessions dans la cathédrale et les églises ;
4 mai : information du ministère à Paris et demande d’instructions par le gouverneur ; annulation d’une excursion sur le volcan ;
5 mai : début de panique à la suite de la destruction de l’usine Guérin ; nouvelle inspection du gouverneur et nomination d’une commission d'étude ; afflux de réfugiés des alentours ;
6 mai : plus d’électricité et pénurie de nourriture ; maintien de l’ordre par la troupe ; déclaration rassurante du maire ; départs d’habitants refoulés par la troupe sur la route de Fort-de-France ;
7 mai : dernier numéro du journal Les Colonies consacré à l’éruption et aux élections ; avis scientifique rassurant sur l’évolution de l’éruption ; retour du gouverneur accompagné de son épouse pour rassurer la population ; interdiction aux navires d’appareiller, mais le navire napolitain Orsolina y contrevint sous menaces d’arrestation de son commandant le capitaine Ferrata qui répliqua aux douaniers le menaçant de lourdes sanctions : Qui me les appliquera ? Demain, vous serez tous morts. Ce navire sera le seul de tous ceux qui se trouvaient dans la rade, à avoir échappé à la catastrophe en partant avant.

Causes de la catastrophe

Comme toutes les catastrophes dites naturelles, celle-ci a eu deux causes, l’une naturelle - la nuée ardente irrépressible, aux effets inévitables, mais qui n’auraient pu être qu’écologiques et matériels - et l’autre humaine - la décision de ne pas faire évacuer la ville et de ne pas autoriser le départ des navires à l’ancre, dont la conséquence a été la mort de la population et de celle des marins et passagers.
On savait évidemment que les éruptions volcaniques étaient susceptibles de provoquer des catastrophes et on en connaissait les effets décrits à propos de celles du Vésuve 79, 1631 du Laki 1783, du Krakatoa 1883… Mais on ignorait pratiquement tout du déroulement, ainsi que de la nature et de la contingence des événements dangereux : le 7 mai, 150 km plus au sud, une nuée ardente de l’éruption en cours de la Soufrière de Saint-Vincent avait fait près de 2 000 victimes malgré l’évacuation de la population exposée ; à Saint-Pierre, les autorités le savaient, mais n’en ont pas tiré la leçon qui s’imposait ; les géologues et journalistes américains arrivés sur place le 21 mai avec le Dixie furent stupéfiés par l’aspect, la nature et l’ampleur des destructions.
Cause naturelle inconnue, sous-estimée, négligée ? Quoi qu’il en soit, c’est bien pour assurer le déroulement du second tour de l’élection législative que les autorités politiques et administratives ont empêché l'évacuation de Saint-Pierre, cause humaine qui a provoqué la catastrophe humanitaire.

Ensuite

Les rescapés
À Saint-Pierre, dans la zone ravagée par la nuée ardente, il n’y eut que trois rescapés :
Louis-Auguste Cyparis, un ouvrier de 27 ans, enfermé dans le cachot de la prison pour avoir participé à une rixe meurtrière dans un bar - le cachot aux murs très épais, n'avait qu’une étroite ouverture sur sa façade opposée au volcan. Il en fut extrait le 11 mai. Bien qu'horriblement brûlé, il survécut, fut gracié et devint célèbre comme l'homme qui a vécu le jour du jugement dernier au cours d’une tournée aux États-Unis du plus grand spectacle au monde du cirque Barnum and Bailey's ; il fut le premier noir célèbre dans le monde du spectacle aux États-Unis.
Léon Compère dit Léandre, jeune et robuste cordonnier qui vivait dans un bâtiment aux murs épais situé en bordure de la zone dévastée ;
Havivra Da Ifrile, petite fille échappée in extremis sur la barque de son frère, qui fut recueillie en mer par le Suchet.
Au mouillage dans la rade, sur le Roraima puis sur les autres navires en feu, des marins et des passagers ont été secourus par le Suchet ; la plupart moururent à quai, seule une vingtaine survécut.

L'aide aux sinistrés

La plupart des quelque 22 000 rescapés des communes environnantes se réfugièrent à Fort-de-France où ils trouvèrent le dénuement et l'insécurité. Le gouverneur intérimaire G. Lhuerre décida de les renvoyer chez eux dès le 5 août 1902 ; mais les routes vers le nord étaient impraticables ; pour les inciter néanmoins à partir, il décida qu’ils ne recevraient plus aucun secours en nature après le 15 août.
Dès le 13 mai 1902, un comité officiel d'assistance et de secours aux victimes a été créé et une souscription nationale a été ouverte par le ministre des Colonies. À sa dissolution, en 1904, le comité avait récolté près de 10 millions de francs or.
À l’étranger, les États-Unis, les plus proches des Antilles, intervinrent les premiers : le président Theodore Roosevelt fit voter par le Congrès un crédit de 200 000 dollars (environ un million de francs or), pour l'achat de 1 250 tonnes de vivres, médicaments…, apportés par le croiseur Dixie parti de New York le 14 mai et arrivé le 21 mai ; un crédit supplémentaire de 300 000 dollars fut ensuite alloué aux sinistrés.
En Europe, le Royaume-Uni, l’Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Russie… participèrent à cette aide humanitaire pour en moyenne 5 000 dollars chacun.

Conséquences sociales, politiques et économiques

Les conséquences sur la vie sociale, politique et économique de la Martinique furent considérables : Fort-de-France, déjà chef-lieu administratif, devint la ville principale de l’île et il ne resta de Saint-Pierre qu’un gros village agricole ; l'orphelinat de l'Espérance fut créé à Fort-de-France pour accueillir de nombreux enfants ; une partie de la population sinistrée fut relogée dans d'autres villages de la Martinique, sur la côte nord-atlantique et dans le sud de l'île. D'autres partirent pour la Guadeloupe, Sainte-Lucie, Trinidad, la Guyane, le Panama, le Venezuela…

Naissance de la vulcanologieN 10 scientifique

Avant cette catastrophe, la vulcanologie n’était qu’une branche mineure de la géologie. Elle devint une science à part entière à la suite des nombreuses observations que firent sur place de nombreux géologues et aux comptes-rendus qu’ils publièrent.
Le 21 mai, avec les premiers secours, le Dixie amena aussi sur place plusieurs géologues, Heilprin, Hovey, Jaggar… pour étudier l’événement ; Lacroix arriva sur place le 23 juin et en repartit le 1er août. Aucun d’entre eux n’avait pu assister à une nuée ardente et ils donnèrent diverses interprétations différentes du phénomène en cause.
Revenu précipitamment après le second désastre du 30 août, Lacroix effectua l’étude détaillée de plusieurs nuées auxquelles il assista jusqu’en mars 1903 ; il en décrivit de façon détaillée la forme et le comportement, expliqua l’origine et la raison de leur dangerosité et produisit le premier rapport de vulcanologie scientifique publié pour le grand public par Masson sous le titre La montagne Pelée et ses éruptions.
Perret fit ensuite l’étude complète de l’ensemble de l’éruption de 1929/1932, en a dressé la carte détaillée et a créé l’observatoire du morne des Cadets.

Effets sur la nature

Évidemment, l’éruption a aussi ravagé la végétation et la plus grande partie de la faune dans la zone affectée par les nuées successives ; en particulier, on lui attribue la disparition du rat musqué de la Martinique.

Visites à Saint-Pierre
Commémorations :

Monument derrière la cathédrale reconstruite ;
Statue de Frank Perret à l’entrée sud de la ville.
Musées :
La maison des volcans : photographies, articles de journaux... ;
Musée vulcanologique Frank Perret : objets, gravures, photographies, témoignages...
Ruines :
Rue Levassor : déblayée de cendres sur plus de 3 m d'épaisseur ;
Théâtre : escaliers, dallage, pans de murs… ;
Église du Fort : ruines conservées en l’état ;
Cachot de Cyparis : les murs épais du cachot ont sauvé la vie du prisonnier ;
Asile Bethléem : ruines de la chapelle ;
Épaves de navires coulés : une douzaine d’épaves, la Gabrielle, le Roraima, le Dalia, le Diamant, le Tamaya… échouées dans la rade par plus de 100 m de fond, constituent un site remarquable d’archéologie sous-marine et de plongée.
Observatoire du morne des Cadets à Fond-Saint-Denis : installé par Perret pour surveiller le volcan ; panorama magnifique de l’ensemble du site.
Musée Frank Perret : bourdon de la cathédrale déformé par la chaleur.
Ruines du théâtre.
Cachot de Cyparis.
Ruines de l'asile Bethléem.
Les différentes ruines et les épaves des navires coulés lors de l'éruption ont fait l'objet d'une demande de classement au patrimoine mondial de l'UNESCO. La décision n'est à ce jour pas encore prise.



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l


Posté le : 06/05/2016 21:56

Edité par Loriane sur 07-05-2016 13:50:18
Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:01:55
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Création du Coca-Cola
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 8 mai 1886, le docteur John Stich Pemberton crée le coca-cola

il met en vente une boisson révolutionnaire, à base de sirop de cola dilué avec de l’eau gazeuse. Avec la prohibition de l’alcool en vigueur à Atlanta, le succès de cette nouvelle boisson couleur caramel est immédiat. Pemberton va développer une version sans alcool de sa boisson, mais toujours avec la coca, son principal ingrédient actif, qui subsistera dans la recette jusqu'à la fin du 19e siècle.
Pemberton était convaincu que les vertus de sa boisson ont été les feuilles de coca et de noix de kola. En utilisant ces ingrédients il s'est concentré sur une nouvelle boisson médicale. Le Coca-Cola, parfois abrégé Coca en France ou Coke en Amérique du Nord et dans certains pays européens et africains, est une boisson gazeuse sucrée soda de type cola fabriquée par la Coca-Cola Company. C'est également une marque commerciale américaine déposée en 1886. Ce nom provient de deux ingrédients utilisés pour sa composition originelle : la feuille de coca et la noix de kola. Société The Coca-Cola Company dont la ville d’origine est Atlanta, recette découverte à Bay City, Michigan. Conditionné en bouteille plastique, bouteille en verre, canette, bouteille aluminium. Slogan Ouvre un Coca-Cola, ouvre du bonheur. et Choisis le bonheur. Date de création : le 8 Mai 1886. Boisson de type sype Soda dont les principaux ingrédients sont : Eau gazéifiée, sucre, extrait de feuilles de coca, colorant caramel E150d, acidifiant, acide phosphorique, arômes naturels, caféine Couleur Brune. Parfums Réglisse, caramel. Variantes Light, Life, Zéro, Cherry, Décaféiné, vanille

En bref

John Stich Pemberton est né en 1831 dans la ville de Knoxville en Géorgie. Il fait des études à l’école de pharmacie de Macon et, en, 1850, à l’âge de 19 ans, il obtient un diplôme de botanique appliquée à la médecine. La connaissance des plantes médicinales sera un atout important pour sa carrière. Il s’installe à Columbus et ouvre un drugstore, une boutique de produites médicinaux.
Pemberton combat pour les confédérés dans la guerre civile. En avril 1865, il est gravement blessé lors d’une bataille où est engagé son bataillon de cavalerie. Il est soigné à la morphine et à la cocaïne, seuls produits antidouleur disponibles, et découvre en pratique leurs intérêts thérapeutiques. En 1870, à Atlanta, il commence à vendre des spécialités pharmaceutiques dans le cadre d’une société Pemberton, Wilson Taylor and Company. La première recette ancêtre du Coca-Cola, le French Wine Coca, est inventée par John Pemberton en 1885. C'est une boisson alcoolisée à base de coca, de noix de kola et de damiana, Pemberton se serait inspiré de la recette du vin Mariani, un mélange de vin de Bordeaux et de feuille de coca créé par le chimiste corse Angelo Mariani en 1863. La vente du French Wine Coca se poursuivra jusqu'à la mort de Pemberton en 1888. Le « French Wine Coca » est présenté comme un remède efficace plus que comme un produit de plaisir gustatif.1886 : La création du Coca Cola
L’histoire de Coca Cola commence en Géorgie, à Atlanta en 1886. Dans son laboratoire, John Stich Pemberton, cherche de nouvelles boissons lui permettant de gagner facilement de l’argent. Il a compris, en 1885, qu’il fallait créer un soda de type nouveau car le 25 novembre 1885, le maire d'Atlanta organise un référendum sur la question de l'interdiction de l'alcool dans la ville. Atlanta devient une ville « sèche » pour une période d'essai de deux ans durant lesquels la vente d'alcool est interdite. Ainsi, l'enjeu pour John Pemberton sera d'offrir une boisson sans alcool, tranchant avec les orangeades et procurant les effets du bourbon. Pemberton va développer une version sans alcool de sa boisson, mais toujours avec la coca, son principal ingrédient actif, qui subsistera dans la recette jusqu'à la fin du 19e siècle. Le 8 mai 1886, le docteur met en vente une boisson révolutionnaire, à base de sirop de cola dilué avec de l’eau gazeuse. Avec la prohibition de l’alcool en vigueur à Atlanta, le succès de cette nouvelle boisson couleur caramel est immédiat. La recette du Coca-Cola : Pemberton était convaincu que les vertus de sa boisson ont été les feuilles de coca et de noix de kola. En utilisant ces ingrédients il s'est concentré sur une nouvelle boisson médicale.
Les ingrédients : La coca est une plante d’Amérique du sud de la famille érythroxylacées (ce sont des arbres ou des arbustes des régions subtropicales à tropicales). Elle joue un rôle important dans la culture andine, à travers ses utilisations rituelles ou médicinales. La cocaïne est extraite de ces feuilles.
La noix de cola est utilisée notamment pour ses propriétés stimulantes mais possède aussi des propriétés antidépressives. Elle est réputée pour faciliter la digestion et avoir des propriétés aphrodisiaques. La noix de cola est très commune dans de nombreuses cultures traditionnelles de l’Afrique de l’ouest, mais aussi de l’Indonésie et du Brésil. John Pemberton a remplacé le vin avec des huiles essentielles, mais la boisson était trop amère. Il a ajouté du sucre, mais il est devenu trop sucré. Il a donc décidé d'ajouter de l'acide citrique pour contrebalancer la saveur sucrée. Il a inventé un nouveau produit : le Coca Cola, noms des deux ingrédients médicaux rassemblés. Il a rapidement lancé Pemberton Chemical Company, en partenariat avec Frank Robinson pour commercialiser son produit. Peu après, Frank Robinson, lui propose le nom Coca-Cola et le design du logo. Coca-Cola est alors devenu sa marque de commerce.Création de la société the Coca Cola Company : 1888: Pour 2300 dollars, l'affaire est rachetée par Asa Candler, qui devient le seul détenteur de la formule de Coca-Cola, tenue secrète. Son nom de code est 7X.
Asa Griggs Candler né le 30décembre 1851 à Villa Rica en Géorgie. Il commence sa carrière dans les affaires en tenant un drugstore. C’est un homme d’affaire connu grâce à son achat de la compagnie Coca-Cola en 1888 à John Pemberton pour 2 300 dollars , c’est alors qu’il fonde The Coca-Cola Company en 1892. grâce à un très bonne stratégie marketing appelée « marketing agressif » il a pu gagner plusieurs millions de dollars sur son investissement. Candler devient un grand donateur de l'église méthodiste. Il donne un million de dollars plus un terrain pour que l'Université Emory (à l'époque un collège méthodiste) déménage d'Oxford (Georgie) à Atlanta. L'école de Théologie d'Emory porte son nom ainsi que sa première bibliothèque. Il a aussi donné plusieurs millions à ce qui devint par la suite l'hôpital d'Emory. En 1906, il construit le plus haut immeuble d'Atlanta, le Candler Building. Cet immeuble de 17 étages est toujours présent au 127 Peachtree Street. Candler a été maire d'Atlanta entre 1916 et 1919. En 1919 il vend la Coca-Cola Company à un groupe d'investisseurs dirigé par Ernest Woodruff. Il subit une attaque cardiaque en 1926 et meurt en mars 1929. De la fontaine à soda à la bouteille : Le coca-cola gagne l'ensemble de la société car il sort de la fontaine à soda pour être dans toutes les surfaces de distribution. Le changement de contenant est décisif pour la diffusion du contenu et l'invention du nouveau goût. En 1891 la canicule provoque la rupture de stock , c'est à partir de cet évènement climatique que Biendenharn propose à Candler d'enfermer vingt-cinq centilitres de Coca-cola dans une bouteille de verre, ainsi démarre la mise en bouteille du produit fini en 1874.
En 1899 une nouvelle société nait : la Coca-Cola bottling company permettant de développer un système d'embouteillage indépendant de la compagnie. Cette organisation a démarré avec le premier contrat accordant le droit d’embouteiller à deux habitants du Tennessee. Dans quasiment chaque pays où il s'implante, Coca-Cola installe des usines et embauche la main-d'œuvre locale. Cette méthode lui a permis de s'implanter même dans des endroits où l'image des États-Unis n'est pas très bonne. Mais un probème majeur se pose, le problème de fermeture de cette bouteille car celle-ci étant formée d'un long cylindre de verre épais droit se terminant par un goulot étroit, ne peut être fermée correctement. Le premier système était un joint en caoutchouc maintenu par une boucle en métal, mais celui s'avère encombrant, c'est alors que la capsule est inventée et commercialisée par la Crow Cork and Seal Company.
Le système est simple, bon marché et propre, de plus cette capsule couverte du symbole " Coca-Cola" de couleur rouge offre à la marque un nouveau support publicitaire. Le Coca-Cola arrive alors en bouteille dans les petits commerces permettant une plus grande diffusion de la marque et pousse à une consommation plus forte des classes les plus pauvres ce qui n'était alors pas possible dans les anciennes fontaines fréquentées en ville, par les classes moyennes. la publicité les initie et les encourage car il ne suffit pas de produire, il faut former le consommateur.
Asa Candler a compris l'interêt commercial de cette bouteille et réclame un récipient que "même un aveugle pourra reconnaitre".de plus les imitations et les contrefaçons de Coca-Cola pullulent et la compagnie pense que le meilleur moyen et de lui trouver un emballage d'une originalité absolue.
Un défi est lancé par le juriste Hirsh: " nous n'avons pas fait Coca-Cola seuleument pour aujourd'hui. Nous avons construit Coca-Cola à jamais, et c'est notre espoir que celui-ci devienne la boisson nationale jusqu'à la fin des temps...Pour cela, il nous faut une bouteille que nous allons adopter et transmettre à nos propres enfants". Deux ans plus tard la société Roots Glass de l'Indiana propose une bouteille cannelée dessinée par Alexander Samuelson. la taille lisse et les stries du verre évoquent une silhouette féminine portant une robe plissée très en vogue à l'époque: la robe fourreau. Le développement international :
Les dirigeants, notamment Asa Candler qui sera considéré comme l’artisan du succès de l’implantation de Coca Cola partout aux Etats-Unis, attendront 10 ans pour exporter la boisson et sa marque. En 1896, la distribution de la boisson gazeuse se fait aux alentours des Etats-Unis comme au Canada, à Hawaï et Cuba.
La Première Guerre Mondiale et les restrictions de sucre entraînent un ralentissement de la fabrication de Coca-Cola. Après la guerre Coca-Cola part à la conquête du monde, la boisson se vend dans 76 pays.
Pour faciliter une distribution mondiale, Robert Woodruff, le président de "the Coca Cola Company" crée alors la « Coca Cola Export Corporation », en 1926.
Ce n’est qu’en 1933, que la boisson sera réellement importée en France, mais elle devra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour être connue de tous les français. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Coca Cola promet aux soldats américains qu’ils trouveront du Coca partout où ils iront. Sur demande de l'armée, jusqu'en 1945, 64 usines sont mises en chantier pour la mise en bouteilles derrière le front.
En 1950 c’est la première publicité à la télé. On invente la canette pour proposer des quantités plus faibles aux clients.
En 1960 c’est devenu la boisson la plus consommée de toute la planète : il y a 1200 usines dans 135 pays.
En 1979, c’est au tour de la Chine de découvrir le Coca Cola. L’année suivante, elle s’implante en Inde, au Mexique et au Vietnam
Les autres boissons de the Coca Cola Company
La première autre boisson fut le Fanta créé en Allemagne en 1940, pendant la guerre quand les usines furent en rupture de stock de sirop pour le Coca-Cola.
Depuis de très nombreuses boissons comme Sprite, Minute Maid, Powerade, Nestea sont vendues par Coca Cola Company, ainsi que des variantes de ces boissons (sans sucre, au citron…. Aujourd’hui il existe plus de 3,300 produits différents dans le monde, vendus sous 500 marques appartenant au groupe Coca Cola.

Création
Noix de kola.

À la fin de la Guerre de Sécession à laquelle il participe, John Pemberton est pharmacien à Columbus Géorgie et possède un petit laboratoire a Bay City Michigan. En 1870, il s'installe à Atlanta, le marché étant plus important que celui de Columbus et de Bay City. Vétéran de la guerre de Sécession, John Pemberton a contracté une addiction à la morphine suite au traitement des douleurs dues à ses blessures. Il est alors à la recherche d'une boisson qui pourrait lui permettre de se désintoxiquer progressivement. La première recette ancêtre du Coca-Cola, le French Wine Coca, est inventée par John Pemberton en 1885. Il s'agit d'une boisson alcoolisée à base de coca, de noix de kola et de damiana, Pemberton se serait inspiré de la recette du vin Mariani, un mélange de vin de Bordeaux et de feuille de coca créé par le chimiste corse Angelo Mariani en 1863. La vente du French Wine Coca se poursuivra jusqu'à la mort de Pemberton en 1888.

Publicité datant de 1890.

Le 25 novembre 1885, le maire d'Atlanta organise un référendum sur la question de l'interdiction de l'alcool dans la ville. Atlanta devient une ville sèche pour une période d'essai de deux ans durant lesquels la vente d'alcool est interdite. Ainsi, l'enjeu pour la jeune compagnie sera d'offrir une boisson sans alcool, tranchant avec les orangeades et procurant les effets du bourbon. Pemberton va développer une version sans alcool de sa boisson, mais toujours avec la coca, son principal ingrédient actif, qui subsistera dans la recette jusqu'à la fin du XIXe siècle. Pemberton s'associe à Frank Robinson, un comptable de formation et surtout, un homme ambitieux. Il le rencontre en présence de son associé Ed Holland en 1885. De cette association, naît officiellement la marque Coca-Cola et la Pemberton Chemical Company. Frank Robinson est, pour certains, l'initiateur de la création du nom de la nouvelle boisson, de la calligraphie spencerienne de son logo et l'initiateur d'un recours massif à la publicité. Le 6 juin 1887, Pemberton fait inscrire la marque au registre du commerce, ce qui fait de lui l'unique propriétaire et cela aux dépens de ses anciens associés. La même année, l'homme d'affaire Asa Griggs Candler achète Coca-Cola à Pemberton pour 2 300 dollars, profitant, avec Frank Robinson, de la maladie de Pemberton pour racheter de force. Il va, à l'aide d'une campagne marketing intense, donner son essor à la boisson. Elle est mise en bouteille pour la 1ère fois en 1894 par Joe Biedenharn, dans l'arrière salle d'une fabrique de confiseries, à Vicksburg, dans le Mississippi.

Feuille de coca

Officiellement la boisson ne contient plus de cocaïne depuis 1903, mais après un contrôle surprise de la US Food, Drug and Insecticide sur le produit il s'avère qu'on en détecte encore des traces après 1929. Des recherches scientifiques montrent qu'un verre de Coca-Cola en 1886 contenait environ neuf milligrammes de cocaïne. En 1911, le directeur du Bureau de chimie du département de l'agriculture américain Harvey Washington Wiley affronte la firme et son important service de chercheurs, l'accusant d'user à tort du nom de Coca-Cola alors qu'elle ne contient plus de cocaïne et également d'utiliser illégalement de la caféine comme additif. L'affaire se termine en 1916 devant la Cour suprême qui exige que l'entreprise paye les frais de justice et réduise le taux de caféine de son soda. Cette affaire juridique marque un jalon important dans l'élaboration de normes sur l'étiquetage.

En France

Contrairement à la chronologie officielle de l'entreprise, Coca-Cola ne s'est pas implantée en France en 1933, mais en 1919. Après la fin de la Première Guerre mondiale en 1918, les soldats américains mobilisés en attente dans des camps de transit, doivent embarquer vers les États-Unis. Un Américain habitant la France, Raymond Linton, a l'idée de vendre la boisson à ses compatriotes. Raymond Linton livre son témoignage sur les premières livraisons : Le premier envoi de Coca-Cola vers la France est arrivé à Bordeaux, au printemps 1919. Si les tonneaux pouvaient parler, je serais effrayé à l'idée de ce que des milliers de tonneaux de vin passant par le port auraient à dire à ces premiers tonneaux rouges et nul doute que ces tonneaux rouges auraient également beaucoup de choses à dire … Les services de la douane n'avaient pas un tel produit sur leurs listes et ils refusaient de m'écouter quand je leur expliquais que ce n'était pas de l'extrait de coca. Ils furent même très surpris lorsque leurs chimistes fournirent les résultats des analyses. Le succès des ventes aux soldats américains poussèrent l'entreprise à s'implanter à Paris, le 11 juillet 1919. Mais la production française ne débuta qu'en 1921.
En 1933, le café de l'Europe à Paris, près de la gare Saint-Lazare propose une nouvelle boisson, le Coca-Cola.

Troisième Reich

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich représente le second marché de la compagnie Coca-Cola après les États-Unis, avec une production de plus de cent millions de bouteilles. En 1928, Robert Woodruff, alors président de la compagnie, participa à deux soirées privées organisées par Göring et Goebbels. Son séjour dépassa donc le cadre de la banale visite de courtoisie aux dignitaires d'un pays au marché important. Max Keit, responsable de la compagnie en Allemagne entre autres et proche du pouvoir politique ainsi que Nicholas Rouks, directeur des ventes outre-atlantique, plaçaient des publicités pour son soda, dès qu'un magazine mettait le Führer en couverture, mais aussi dans les pages de Die Wehrmacht, le périodique de l'armée allemande, ou encore à la radio où le jingle Coca-Cola est souvent le premier spot publicitaire suivant le Reichsrundfunk, le journal d'information du IIIe Reich. En 1937, Coke est l'une des attractions d'une exposition berlinoise à la gloire des ouvriers du Reich.
À cette époque, la firme entreprend une stratégie d'expansion et pour la compagnie, le marché européen se doit de poursuivre son commerce même pendant la guerre. Cela explique la vente de la boisson en France et en Allemagne, alors qu'en 1942, l'administration F.D. Roosevelt accorda à la firme d'Atlanta le statut de fournisseur de guerre, ce qui lui permit d'échapper à la restriction sur le sucre aux États-Unis. Ce fut la même chose en Allemagne.

Époque actuelle

Le Coca-Cola peut s'identifier à la bouteille à contours, conçue en 1915 par Earl R. Dean. Cependant, la bouteille à contours avec l'imprimé éponyme n'est reconnue comme une propre marque commerciale par l'office américain des brevets qu'en 1960, bien qu'un brevet fût apparemment déposé en 1916. La boisson et ses campagnes publicitaires ont eu un impact significatif sur la culture américaine. Une rumeur affirme que la société a créé l'image moderne du Père Noël sous les traits d'un vieil homme habillé en rouge et blanc, autrefois vert et rouge. Toutefois, si les campagnes publicitaires d'hiver dans les années 1930 ont repris cette image, le personnage était déjà connu auparavant. Les campagnes publicitaires montrant des pin-ups, contributions d'artistes tels que Bradshaw Crandell, ou Gil Elvgren, ont aussi beaucoup contribué à la reconnaissance de la marque. D'autre part, l'entreprise comprend très tôt les retombées médiatiques qu'elle pouvait tirer des évènements sportifs. Elle est présente sur les Jeux olympiques depuis les Jeux olympiques d'été de 1928. Cette qualité de partenaire historique du mouvement olympique n'est sans doute pas innocente dans le choix de la ville d'Atlanta pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 1996. Coca-Cola est aujourd'hui partenaire des principaux événements sportifs Jeux olympiques, Coupe du monde de football, Tour de France jusqu'aux années 2000.
Dans les années 1980, l'entreprise annonce la modification définitive de la formule utilisée pour la fabrication de sa boisson. L'origine de cette décision serait des tests en aveugle montrant que les gens préfèrent la boisson concurrente Pepsi-Cola. Le Pepsi utilise plus d'essence de citron, moins d'essence d'orange et la vanilline à la place de la vanille. La nouvelle boisson, nommé New Coke aux États-Unis, est testé en aveugle et se trouve préféré à la recette originelle. Malgré ces tests concluants et une très grosse campagne publicitaire, la nouvelle recette est un fiasco commercial. Le 10 juillet 1985, la société relance l'ancienne formule sous le nom de Coca-Cola Classic en fait, le Classic utilise du sucre de maïs au lieu du sucre de canne de la boisson d'origine, mais cela ne modifierait pas le goût du produit. Le résultat est surprenant : les ventes totales des deux boissons sont plus importantes. Parce qu'une stratégie d'évolution de la formule du produit étalée sur le temps aurait probablement été plus efficace, certains suspectent que la société a volontairement orchestré ces changements abrupts afin de présenter un nouveau produit qui revivifierait l'attrait pour la ligne classique. Le président de l'entreprise, Donald Keough répondra : Nous n'étions ni assez intelligents ni assez stupides pour cela.
En 1985, l'entreprise lance une nouvelle formule et la baptise New Coke, mais le public n'accepte pas ce changement. Le Coca-Cola Classic est relancé avec l'ancienne formule excepté le sucre de canne remplacé par du sucre de maïs. Il s'avèrera ensuite que l'opération visait principalement à libérer la firme d'engagements tarifaires contraignants avec ses clients du marché de gros : le produit n'existant plus, la firme reprenait sa liberté ; le changement remplaçait aussi la vanille Coca-Cola achetait 50 % de la production de vanille de Madagascar par de la vanilline moins chère, à l'instar de Pepsi.
Trois ans après son lancement, en mars 2009, la marque annonce au magazine LSA qu'elle va cesser la production et la commercialisation du Coca-Cola BlāK. Les ventes n'auraient jamais été au rendez-vous avec moins de 1 % du marché français des boissons pétillantes.
En 2012, les deux seuls pays où le Coca-Cola ne peut être commercialisé, du moins officiellement, sont la Corée du Nord et Cuba, en raison de l'embargo commercial auquel ils sont soumis de la part des États-Unis respectivement depuis 1950 et 1962. Le 5 février 2014 le groupe investit 1,25 milliards de dollars USD pour prendre 10% du capital de Green Mountain Coffee Roasters, spécialisé dans la fabrication de machines à soda. L'objectif est de concevoir ensemble une machine de fabrication de sodas à domicile, avec un système de dosettes de la marque.
Le 24 décembre 2014, le Wall Street Journal annonce que l'entreprise prévoit de supprimer entre 1 000 et 2 000 postes en janvier 2015 à la suite de difficultés économiques -14 % de bénéfice au 3e trimestre 2014.
En avril 2015, l'entreprise lance une offre d'acquisition sur l'entreprise de boisson chinoise, China Culiangwang Beverages, filiale de China Culiangwang, pour 400 millions de dollars. En janvier 2016, elle acquiert une participation de 40 % dans Chi, une entreprise nigériane de jus de fruit et de boissons.

Description du produit

La formule du Coca-Cola actuelle n'est pas communiquée par la firme au nom du secret industriel. Celle de Pemberton, ayant fait l'objet d'un brevet, est en revanche maintenant dans le domaine public, bien qu'interdite de fabrication compte tenu de ses ingrédients. La firme, depuis sa création, entretient un certain mystère sur sa recette. Le document repose depuis 2011 dans le musée de l'entreprise, World of Coca-Cola, situé à Atlanta.

Ingrédients

La fiche officielle du produit annonce simplement de l'eau gazéifiée, du sucre sirop de maïs à haute teneur en fructose ou saccharose selon les pays, le colorant caramel E150d, de l'acide phosphorique comme acidifiant, des extraits végétaux et un arôme caféine. Néanmoins, d'après William Reymond auteur du livre Coca-Cola, L'enquête interdite, on peut trouver sur Internet et dans son livre la recette de la boisson, comprenant notamment un mélange de sucre, d’acidifiants acide phosphorique E338, acide citrique E330, dioxyde de carbone E290, acide benzoïque E210 ou du benzoate de sodium E211 actifs contre les champignons, dioxyde de soufre E220 actif contre les bactéries, d'huiles essentielles stabilisées par un émulsifiant glycérine E442 ou par la gomme arabique E414, de caféine, vanille et du colorant caramel au sulfite d'ammonium E150d. Il s'agit, cependant, là d'un secret ne concernant que le procédé de fabrication. En ce qui concerne les ingrédients, des chimistes en ont la liste parfaitement quantifiée depuis l'invention des techniques de chromatographie. Sa saveur particulière provient principalement du mélange de sucre et des essences d'orange, citron et vanille. Les autres ingrédients acide phosphorique… interviendraient moins dans son goût.
L'acide phosphorique, incorporé au taux de 0,05 %, confère au Coca un pH de 2,4838. Il faut savoir cependant que l'ingestion répétée d'acide phosphorique est connue en médecine pour entraver le fonctionnement des reins et favoriser les calculs rénaux. Des chercheurs américains ont interrogé 500 personnes pour lesquelles une insuffisance rénale a été récemment diagnostiquée ; ils constatent à partir de la description de leur régime alimentaire qu'à partir de deux verres consommés par jour, le risque d'insuffisance rénale est multiplié par deux. Il en est de même avec le Coca-Cola Light. En revanche, aucune association n'a été trouvée avec les autres sodas, ce qui renforce la suspicion à l'encontre de l'acide phosphorique39. À la suite de ces suspicions, l'ESFA a réexaminé l'apport maximal tolérable de phosphore et a conclu qu'il n'y avait pas de corrélation significative entre la consommation de phosphore dont l'acide phosphorique et les effets indésirables dont cet additif pouvait être accusé notamment la perturbation dans l'équilibre du calcium dans l'organisme ou risque d'atteinte rénale. Chaque fabriquant sous licence de la boisson reçoit le concentré en poudre dans de gros flacons et se contente d'y ajouter l'eau, le sirop de fructose et le gaz. Comme l'eau n'a pas tout à fait le même goût dans les différentes régions, celle-ci est nano-filtrée afin de neutraliser son goût partout dans le monde. On peut trouver que celui du Coca-Cola varie entre différents pays, cela n'est dû qu'à une différence de dosage dans les recettes, par exemple la boisson en Espagne sera plus sucrée qu'en France. L'effet stimulant originel est alors produit par les feuilles de coca et par la caféine des noix de kola. En 1906, le Coca-Cola, vendu comme tonique pour le cerveau, fut quasiment privé de cocaïne 1/400e de grain par once de sirop, cette proportion persistant jusqu'en 1929. La technologie a désormais supprimé toute trace de cocaïne. Cependant, l'utilisation de feuille de coca, est toujours présente. 159 tonnes de feuilles de coca ont été achetées à la Bolivie en 2002 pour subir une décocaïnisation grâce à la Stepan Company. La caféine subsiste avec un taux réduit pour que la boisson conserve sa dimension stimulante.
La société Coca-Cola est le plus grand consommateur mondial d'extrait de vanille naturelle. Ainsi, quand une nouvelle formule fut utilisée en 1984 pour le New Coke, l'économie de Madagascar s'écroula. En effet, la nouvelle formule utilisait un substitut synthétique la vanilline et les achats d'extrait de vanille furent divisés par deux. Inversement, la sortie récente d'une formule à l'éthylvanilline a fait monter les prix. La vanilline reproduit exactement la molécule principale de l'arôme de vanille naturelle. La plus grande richesse de bouquet de la vanille naturelle est due à la présence d'autres composés aromatiques.
Un article paru le 18 février 1979 dans The Atlanta Journal-Constitution raconte que le journaliste Charles Salter prétend avoir retrouvé dans un document datant de 1910 des notes de Pemberton décrivant la recette secrète.

Différences par pays

La composition du Coca-Cola varie en fonction des réglementations applicables et des pays.
Sucres
Dans des pays comme la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie, des sucres moins chers sont utilisés, comme l'isoglucose glucose d'amidon de maïs accusé de favoriser l'obésité et le diabète. Cependant aucun lien de causalité n'a aujourd'hui été démontré entre consommation d'isoglucose et apparition de l'obésité, les spécialistes s'attachant à dire que l'origine de cette maladie est multifactorielle.
Colorant caramel. La teinte caramel est obtenue à l'aide du colorant caramel au sulfite d'ammonium E150d. Ce colorant chimique est sujet à débat48,49 du fait de la présence d'un résidu de fabrication, le 4-méthylimidazole 4-MEI, reconnu toxique et cancérigène possible. Les évaluations des agences sanitaires sont aujourd'hui différentes suivant les pays l'Europe est moins contraignante, et un état comme la Californie a adopté début 2012 une DJA très faible 29 µg par jour.
Cependant l'EFSA a réexaminé en 2011 la sécurité du caramel colorant E150d en s'appuyant sur les études récentes et en prenant en compte la présence du 4-MEI. Elle a conclu que l'étude utilisée en Californie montrant un effet cancérigène pour ce composé était biaisée et ne pouvait être prise en compte. Il a ainsi été établi que ce colorant dans les conditions d'utilisation réglementaires, ne présente pas de risque. Il est donc autorisé.
Le 8 mars 2012, Coca-Cola annonce qu'il a demandé à ses fournisseurs de baisser la teneur en 4-MEI pour l'ensemble des États-Unis.
D'après le CSPI Center for Science in the Public Interest en, en juin 2012, les doses de 4-MEI sont les suivantes pour une canette de 33 cl achetée dans le commerce : 56 µg en Chine, 267 µg au Brésil, 145 µg au Royaume-Uni, 144 µg à Washington aux États-Unis, et 4 µg en Californie.
Dans le documentaire d'Olivia Mokiejewski, le scientifique du CSPI donne les chiffres pour la France normal : 79 µg, Light : 103 µg et déclare que la consommation d'un Coca-Cola par jour sans précision de la dose de 4-MEI aboutirait à un cas de cancer leucémie pour 50 000 personnes. À relativiser avec les dangers du sucre signalés par le pédiatre Robert Lustig qui constate que des enfants de 8 à 10 ans ont aujourd'hui les mêmes maladies que des personnes de 60 ans. D'après lui, la consommation de boissons sucrées, si elle n'est pas compensée par une heure de sport par canette, est dommageable sur la durée de vie attaque cardiaque, AVC, démence, diabète, obésité. Ainsi deux canettes 2 × 39 g de sucre par jour réduiraient la durée de vie de 20 ans comme deux paquets de cigarettes. Les consommateurs ne souhaitant pas consommer de sucre via les sodas peuvent cependant consommer les formules Light et Zero qui sont sans sucres et sans calorie.

Gamme

Bouteilles de Light et Zero.
La Coca-Cola Company a décliné son produit phare essentiellement dans les années 1980 et dans les années 2000. Dans les années 80, trois déclinaisons principales sont lancées : Light ou Diet, sans sucre, en 1982 ; Sans caféine en 1983 ; et Cherry, arôme cerise, en 1985. Une formule alternative a également été lancée en 1985, New ou Coke II, arrêté depuis.
Les années 2000 ont vu la commercialisation de nombreuses déclinaisons : Lemon arôme citron et Vanille en 2002 ; Lime arôme citron vert, Raspberry arôme framboise et Zero sans sucre en 2005 ; Black Cherry Vanilla arômes cerise noire et vanille, BlāK arôme café ...
Les déclinaisons Light et Zero sont toutes les deux sans sucre. Les deux produits sont presque identiques en dehors d'un additif et peut-être d'extraits végétaux. La principale différence tient du marketing55. Ces deux déclinaisons ont leurs propres sous-gammes, reprenant en grande partie les autres déclinaisons de la gamme principale (Sans caféine, etc.

Publicité

Ancienne publicité bien conservée dans une rue du vieil Atlanta, aujourd'hui souterraine.
Publicité dans les montagnes du Haut Atlas Maroc.
La publicité pour Coca-Cola a significativement affecté la culture américaine. Elle est fréquemment créditée pour avoir inventé l'image du Père Noël moderne avec sa barbe blanche et ses habits rouges. La société est partenaire d'évènements sportifs internationaux : Jeux olympiques depuis 1928, Coupe du monde de football depuis 1978. L'entreprise a prolongé le 22 novembre 2005 son partenariat avec la fédération internationale de football jusqu’en 2022. Ce contrat, au montant gardé secret, couvre quatre éditions de la Coupe du monde..
De nombreuses personnalités ont participé à différentes publicités télévisuelles, avec entre autres : Elvis Presley qui utilisa sa chanson A Little Less Conversation pour la campagne de marque japonaise, The Beatles, David Bowie, George Michael, Elton John61, Whitney Houston62, Christina Aguilera ou encore Duffy64, Melanie Thornton.
En France, la marque a pu faire appel aux services d'artistes tels que Daft Punk, Olivia Ruiz, David Guetta Karl Lagerfeld, Jean Paul Gaultier, Mika, Nathalie Rykiel, Justice, Sylvie Vartan ou encore Jean-Charles de Castelbajac.
L'anniversaire des 125 ans de la marque en 2011 a été l'occasion d'une campagne publicitaire mondiale, de plus grande ampleur en France. Un Coca Store est ouvert de manière temporaire à Paris.
Depuis la fin du mois d'avril 2015, l'entreprise a lancé, dans le cadre de son opération Share A Coke, une nouvelle campagne destinée aux aveugles et malvoyants du Mexique. Alors que l'on pouvait faire inscrire le prénom d'une personne chère sur les canettes, il est aujourd'hui possible pour les habitants de ce pays d'y faire graver ce même prénom en braille pour convenir ainsi aux personnes souffrant de cécité.

Marché

Chaque jour, 1,5 milliard de boissons sont vendues dans le monde.
Au fil des années, de nombreux sodas, ou colas alternatifs, ont fait concurrence à Coca-Cola. Ils incluent notamment : Selecto, Mecca Cola, Alp'Cola, Anjou Cola, le Montania Cola en Haute-Savoie et Savoie, Auvergnat Cola en Auvergne, Colà-Occitan en Languedoc-Roussillon, Biper Cola cola basque, Breizh Cola, China Cola, Chtilà Cola, Cola’rdeche, Corsica Cola, Dr Pepper, Elsass Cola, Meuh Cola, Pepsi-Cola, Sinalco Cola, Virgin Cola, Royal Crown Cola, Berry Cola, Ubuntu Cola, Vendée Cola et Vitamont Cola bio et équitable.
En Chine populaire, Coca-Cola est concurrencé par Wahaha et Jiaduobao fabriquant respectivement de l'eau purifiée et des thés aux herbes.

Mises en cause et controverses Meurtres et violences

Coca-Cola est accusé par un syndicat colombien d'être impliqué dans l'assassinat de 7 syndicalistes par des milices paramilitaires d'extrême-droite, notamment à Barrancabermeja. Le directeur américain de l'usine aurait menacé de mort les syndicalistes de son entreprise, avant d'ordonner l'assassinat de l'un d'entre eux, Isidro Segundo Gil. Ces accusations donnent lieu à un boycott de la marque début 2006. À la suite de ces accusations, plusieurs établissements scolaires des États-Unis, d'Europe et du Canada n'ont pas renouvelé leur contrat avec cette société et les fonds de pension des employés de la ville de New York, qui possèdent des actions de cette société, ont demandé que l'entreprise finance une enquête indépendante composée de représentants américains et colombiens des droits de l'homme.
La multinationale tente d’interdire la diffusion d’un film documentaire dénonçant ses pratiques en Colombie, voire son implication dans le meurtre de plusieurs syndicalistes, et elle menace le festival international du film des droits de l’homme de Paris de poursuites judiciaires.

Utilisation de l'eau potable

Coca-Cola a été également fortement contestée en Inde, notamment au Kerala, où elle est alors accusée d'assécher des nappes phréatiques pour fabriquer son soda, au détriment des paysans locaux.
À San Cristóbal de Las Casas au Mexique, où une usine a été implantée dans les années 1980, la production de Coca-Cola nécessiterait le pompage d'environ 750 000 litres par jour dans les nappes phréatiques de la ville, soit un volume qui permettrait d'alimenter 10 000 habitants par jour, d'après l'hydrologue Antonio Garcia. Certaines communautés auraient vu leurs ressources en eau diminuer depuis l'implantation de cette usine. L'entreprise nie cependant être la cause des coupures d'eau affectant ces communautés.

Responsabilité environnementale

En 2003 et 2006, le Centre pour la Science et l'environnement CSE, une organisation non gouvernementale localisée à New Delhi, a constaté que les boissons produites par PepsiCo et Coca-Cola Company en Inde présentaient un niveau dangereusement élevé de pesticides. Les deux sociétés ont alors soutenu que leurs boissons sont sûres pour la consommation et ont annoncé que le niveau de pesticides dans leurs produits serait inférieur à celui de produits de consommation courante tels que le thé, les fruits ou les produits laitiers. Dans l'État indien du Kerala, la vente et la production de Pepsi-Cola — ainsi que d'autres boissons non alcoolisées — ont été interdites. Cinq autres États indiens ont annoncé des interdictions partielles de boissons dans les écoles, les universités et les hôpitaux. Le vendredi 22 septembre 2006, la Cour suprême du Kerala a levé cette interdiction considérant que seul le gouvernement fédéral est alors habilité à interdire la commercialisation de produits alimentaires.
En octobre 2013 la société inaugure une co-entreprise, Infineo, fondée avec APPE leader du PET en Europe pour 8,7 millions d'euros. Implantée en Bourgogne, la co-entreprise permet de recycler les bouteilles de Coca-Cola pour en faire des granulés de plastique recyclables.
Le 5 juin 2014 Coca-Cola et Danone annonce un investissement commun dans Avantium, une entreprise technologique qualifiée de « chimie verte chimie du végétal. Avantium a mis au point un procédé de fabrication de polymères PEF Poly-éthylène-furanoate à partir de carbohydrates extraits de résidus agricoles, de grains ou de plantes pour fabriquer du bioplastique.

Relations avec le régime nazi

Le journaliste William Reymond, dans son livre Coca-Cola, L'enquête interdite 2006, affirme que durant la Seconde Guerre mondiale la marque aurait entretenu de bonnes relations avec le régime nazi par l'intermédiaire de son représentant Max Keith alors que la marque prétendait s'être retirée en 1939. C'est d'ailleurs sous le Troisième Reich, alors que le blocus empêchait l'acheminement des ingrédients de sa boisson, que la marque inventa le Fanta afin de pouvoir maintenir une bonne relation commerciale avec le régime nazi. Cette nouvelle boisson est donc, à l'origine, unCoca-Cola sans la formule secrète. La firme jouant sur les deux tableaux a mis de côté son intégrité afin de ne pas souffrir de la défaite d'un des deux camps.
Plus tard, de nombreuses rumeurs associent l'entreprise et des régimes dictatoriaux en Amérique du Sud. Par ailleurs Vicente Fox, président de la République du Mexique de 2000 à 2006, a été président de la compagnie Coca-Cola pour le Mexique et l'Amérique latine. La manne financière est trop importante et la marque s'implante sur tous les continents devenant une des marques les plus connues au monde.

Études scientifiques mensongères en France

Coca-Cola finance des études faussement scientifiques publiées dans les médias par des organismes de recherche. La firme a, par exemple, cofinancé une étude du CRÉDOC qui affirme alors qu'il n'existe pas de corrélation entre la consommation de sodas et l'obésité. Elle a ensuite repris sur son propre site cette affirmation du CRÉDOC, en n'indiquant toutefois pas sur cette page que c'est la firme qui a financé cette étude.

Lobbying auprès des décideurs politiques

En 2011, le groupe Coca-Cola s'oppose vigoureusement à l'entrée en vigueur de la taxe sur les sodas fixée au premier janvier 2012 par le gouvernement français.
La corruption aurait été permise grâce à Dominique Reiniche, à la tête de Coca-Cola Europe entre 2005 et 2014 .
La multinationale du soda sucré verse 50 000 euros a la ville de Meaux que dirige Jean-François Copé pour exposer une bouteille qui ne vaut en réalité que 20 euros99. La bouteille, qui n'a aucune valeur, ne sera jamais exposée. Le député Jean-François Copé défend alors les positions de la multinationale américaine, et va jusqu’à menacer la députée Valérie Boyer de la faire échouer à la prochaine élection99. Les médias révèlent que Coca-Cola est également client pour un montant de 120 000 euros de l'entreprise Bygmalion, fondée par Bastien Millot et Guy Alvès, deux proches de Jean François Copé et impliqué dans un grave scandale de financement politique et de fausses facturation lors de la campagne de Nicolas Sarkozy.

Études scientifiques mensongères aux États Unis

En août 2015, selon une enquête du New York Times Coca-Cola a créé et financé des associations de scientifiques pour nier les méfaits de leurs boissons sur la santé.
L'entreprise est ainsi derrière le lancement d'une association baptisée Global Energy Balance Network ; au total, la société spécialisée dans les boissons non alcoolisées aurait offert plus de 5 millions d'euros à ses chercheurs pour publier de fausses informations. Le groupe d'experts après plusieurs mois de polémique s'est finalement dissous de lui même.

Citations célèbres

La pertinence de cette section est remise en cause, considérez son contenu avec précaution. En discuter ?
Lors d'une interview à la station de ratio de Boston WEEI en octobre 2015, la star du football US Tom Brady déclara :
Vous sortez et vous prenez un Coca en pensant tout va bien. Pourquoi ? Parce qu’ils ont payé des fortunes en publicité pour vous convaincre de boire du Coca toute votre vie. Je ne suis pas d’accord. Le fait qu’ils puissent vendre du Coca aux enfants ? C’est du poison pour eux ! Je crois que de nombreux groupes agro-alimentaires et fabricants de boissons nous mentent depuis des années. Mais nous continuons. C’est l’Amérique ! Ici, on croît que les céréales Frosties sont un aliment.



Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l


Posté le : 06/05/2016 21:24

Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:00:04
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


John Stuart Mill
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 8 mai 1873 à Avignon meurt John Stuart Mill

à 66 ans, né le 20 mai 1806 à Londres, philosophe, logicien et économiste britannique. Parmi les penseurs libéraux les plus influents du XIXe siècle, il était un partisan de l'utilitarisme, une théorie éthique préalablement exposée par Jeremy Bentham, dont Mill proposa sa version personnelle. En économie, il fut l'un des derniers représentants de l'école classique. Féministe précurseur, Mill proposa en outre un système de logique qui opère la transition entre l'empirisme du XVIIIe siècle et la logique contemporaine. Il fut enfin l'auteur du premier grand traité sur la démocratie représentative intitulé : Considération sur le gouvernement représentatif 1861. De tradition Utilitarisme, empirisme, libéralisme. Ses principaux intérêts : Éthique, philosophie politique, économie, logique, épistémologie. ses Idées remarquables sont ; Séparation des sphères publique et privée, hiérarchisation des plaisirs dans la théorie utilitariste, émancipation des femmes, logique inductive. Ii est influencé par Épicure, Diogène, Hume, Bentham, James Mill, Comte, Tocqueville, et beaucoup d'autres. Il a influencé Henry Sidgwick, William James, Edmund Husserl, Bertrand Russell, Peter Singer et beaucoup d'autres. Son père est James Mill, il est marié à Harriet Taylor Mill

En bref

Au milieu du XIXe siècle, Mill, philosophe et économiste anglais, représente à la fois le couronnement de la pensée libérale et l'attirance vers le socialisme utopique de l'époque ; sa philosophie emprunte à l'empirisme de Hume, à l'utilitarisme de Bentham, à l'associationnisme de son père James Mill, à Saint-Simon, à Comte. En même temps, Mill souligne la portée limitée de leurs théories, car il pressent que la réalité est trop complexe pour être enfermée en une explication unique. « Il incarne en une grandiose synthèse, sous tous ses aspects et dans toute son ampleur, la conception atomistique de l'homme et du monde » (D. Villey).
Partisan convaincu de la démocratie parlementaire, il craint qu'en pratique le conformisme de la masse ne devienne despotisme et n'écrase les individus. À son sentiment philanthropique vis-à-vis de l'humanité, on peut opposer ses vues pessimistes de la nature humaine, grossière et brutale. Son socialisme apparaît réservé à l'avenir, à une élite d'hommes supérieurs, lorsque « l'ignorance et la brutalité des masses » auront disparu. Comme pour l'utilité, le bonheur qu'il propose comme fin suprême de l'activité de l'homme n'a rien de bas, de sensuel, mais c'est un bonheur de qualité que l'homme doit rechercher.
Une vie déchirée. Né à Londres, John Stuart Mill fut l'aîné de neuf enfants d'un ami et disciple de Bentham et de Ricardo. Désirant montrer que, suivant Helvetius, l'éducation est toute-puissante dans la formation de l'individu, James Mill en fit l'expérience sur John Stuart. Il réussit sans doute à en faire un enfant prodige, mais à quel prix ! S'astreignant à tout lui apprendre lui-même, il lui imposa une discipline de fer dans la vie et la pensée. À trois ans, John Stuart commence l'étude du grec ; à huit ans, il a lu Hérodote, Xénophon et Platon en partie ; il apprend le latin, est chargé de l'enseigner à ses frères. Pas de récréations, pas de jouets ; son père l'emmène dans ses promenades, et il doit alors lui résumer ses lectures de la veille, puis il l'écoute disserter sur la société et l'économie. Quant aux soirées, elles sont réservées à l'arithmétique. À douze ans, il étudie Aristote, la logique de Hobbes. À treize ans, il lit les Principes de Ricardo.
Cette éducation rigide, toujours tendue, sans affection, sans amusements, le modela et le déforma profondément. Il en restera marqué pour la vie, certes enrichi intellectuellement, mais vieilli avant l'âge, ayant une avance d'un quart de siècle sur ses contemporains, esprit purement livresque, resté enfantin à certains égards.
À quatorze ans, il est envoyé en France pour un an, passe à Paris, où il est reçu par J.-B. Say, et s'installe dans le Midi. Il respire enfin ; ce fut pour lui la révélation de « l'atmosphère libre et douce de la vie que l'on mène sur le continent .
À son retour, après avoir lu le Traité de législation de P.-L. Dumont exposant les vues de Bentham, il se déclare disciple de ce dernier. Il fonde l' Utilitarian Society en 1822 et commence à écrire des articles sur le radicalisme philosophique. Il entre en 1823 à la Compagnie des Indes sous les ordres de son père ; il va y faire toute sa carrière : en 1856, il en deviendra le chef contrôleur et se retirera à sa dissolution en 1858.
Cependant, l'influence dominante de son père commence à lui peser, et des doutes surgissent dans son esprit sur les idées de Bentham. En 1826, ses réflexions et les discussions à la Speculative Debating Society aboutissent à une crise de dépression. Il rejette le modèle utilitaire simple et s'éloigne de la doctrine de son père.
Mais s'il s'émancipe d'un côté, c'est pour tomber sous l'emprise de Mme Taylor, dont il tombe follement amoureux en 1830, et dont il va se faire le fidèle chevalier servant durant vingt ans avant de l'épouser en 1851, après la mort de M. Taylor. À l'en croire, il aurait trouvé en elle cette sensibilité affective à laquelle il aspirait et une ouverture d'esprit, sur les questions humaines et sociales, qui lui manquait. Il déclare très haut lui devoir le meilleur de ses pensées. En dépit – ou à cause – de cette passion aveugle, on peut estimer qu'elle l'a simplement révélé à lui-même. Il avait, en effet, besoin de se sentir compris. Il a voué à Mme Taylor un amour exalté et romantique dont témoignent la curieuse lettre qu'il lui remet le jour de leur mariage, la touchante préface de son livre On Liberty, l'épitaphe dithyrambique et élégiaque qu'il fit graver sur son tombeau à Avignon lorsqu'elle y mourut en 1858. Désormais, il va se retirer dans une petite maison hors des remparts d'Avignon, à Saint-Véran, d'où il voit le cimetière où repose sa femme, qu'il ira rejoindre en 1873.
Durant ces quatorze années, il publie de nombreux articles et livres d'ordre philosophique, politique, économique. En dépit des conditions qu'il avait posées : ne pas faire de campagne, ne pas s'occuper des affaires des électeurs, demander le vote des femmes, il fut élu à Westminster en 1865. Il y prit part aux discussions sur la question foncière en Irlande, la réforme électorale en faveur des Noirs de la Jamaïque, toujours en invoquant ses principes et en faisant fi des partis. Il ne fut donc pas surpris de ne pas être réélu en 1868. Il vécut alors entouré par sa belle-fille, Helen Taylor, dans sa petite maison de Saint-Véran, lisant, écrivant, discutant, faisant de longues courses botaniques.

Sa vie

Fils aîné de James Mill, il est né dans la maison parentale à Pentonville, Londres. Il a été instruit par son père, sur les conseils et avec l'assistance de Jeremy Bentham et David Ricardo. Il reçut une éducation extrêmement rigoureuse et fut délibérément protégé des relations avec les enfants de son âge. Son père, adepte de Bentham et défenseur de l'associationnisme, avait pour but avoué de faire de lui un génie qui pourrait poursuivre la cause de l'utilitarisme et de ses applications après sa mort et celle de Bentham.
Il fut d'une intelligence et d'une culture exceptionnellement précoces ; son père lui avait appris à l'âge de trois ans l'alphabet grec et une longue liste de mots grecs avec leurs équivalents en anglais. À huit ans, il avait lu les fables d'Ésope, l'Anabase de Xénophon, tout Hérodote, il était à l'aise avec Lucien de Samosate, Diogène, Isocrate et connaissait six dialogues de Platon. Il avait aussi lu une grande quantité d'ouvrages sur l'histoire.
Toujours à l'âge de huit ans, Mill commença le latin, étudia Euclide, l'algèbre et fut chargé de l'éducation des plus jeunes enfants de la famille. Ses principales lectures concernaient l'histoire, mais il lut tous les auteurs latins et grecs communément étudiés dans les collèges et les universités de l'époque. Il n'avait pas à composer en latin ou en grec et ne fut jamais un pur scolaire ; c'étaient des matières qu'il devait lire, et à dix ans il lisait Platon et Démosthène aisément. L'ouvrage de son père : Histoire des Indes, fut publié en 1818 ; immédiatement après, vers douze ans, John commença l'étude de la logique scolastique, tout en parcourant les traités de logique d'Aristote dans le texte. Les années suivantes, son père l'introduisit à l'économie politique par l'étude d'Adam Smith et de David Ricardo et, finalement, compléta sa vision économique avec l'étude des facteurs de production.
À vingt ans, il est victime d'une dépression liée probablement au surmenage. Cet épisode de sa vie l'amène à reconsidérer l'utilitarisme de Bentham et de son père : il en vient à penser que l'éducation utilitariste qu'il avait reçue, si elle avait fait de lui une exceptionnelle « machine à penser », l'avait dans le même mouvement coupé de son moi profond et avait presque tari en lui toute forme de sensibilité. Dès lors, il tente de concilier la rigueur scientifique et logique avec l'expression des émotions. Ce sont les œuvres du poète Wordsworth qui, dans un premier temps, l'aident à développer une culture des sentiments, à faire resurgir en lui la vitalité du cœur, et l'amènent à se rapprocher de la pensée romantique.
Sa charge de travail ne semble pas avoir handicapé Mill dans sa vie sentimentale : la famille qu'il forma avec sa femme, Harriet Taylor Mill, et sa belle-fille Helen Taylor, a été considérée par ses contemporains comme exceptionnellement réussie. Lui-même indique dans l'un de ses ouvrages que ceux-ci ne sont pas le travail d'un esprit, mais de trois. Notamment, il a décrit son essai De la liberté comme issu de la conjonction de l'esprit de sa femme Harriet, et du sien, et souligne dans des pages émouvantes de ses Mémoires combien l'amour qu'il lui portait se doublait d'une complicité intellectuelle intense :
Lorsque deux personnes partagent complètement leurs pensées et leurs spéculations, lorsqu'elles discutent entre elles, dans la vie de tous les jours, de tous les sujets qui ont un intérêt moral ou intellectuel, et qu'elles les explorent à une plus grande profondeur que celle que sondent d'habitude et par facilité les écrits destinés aux lecteurs moyens ; lorsqu'elles partent des mêmes principes, et arrivent à leurs conclusions par des voies suivies en commun, il est de peu d'intérêt, du point de vue de la question de l'originalité, de savoir lequel des deux tient la plume. Celui qui contribue le moins à la composition peut contribuer davantage à la pensée ; les écrits qui en sont le résultat sont le produit des deux pris ensemble, et il doit souvent être impossible de démêler la part qu'ils y ont chacun, respectivement, et d'affirmer laquelle appartient à l'un, et laquelle, à l'autre. Ainsi, au sens large, non seulement durant nos années de vie maritale, mais encore durant les nombreuses années de complicité qui les précédèrent, toutes mes publications furent tout autant les œuvres de ma femme que les miennes...

Mill et la France

Il fut très affecté par le décès de sa femme à Avignon en 1858, morte d'une congestion pulmonaire, et il resta dès lors en France, pour demeurer près d'elle. Outre De la liberté, ses Considérations sur le gouvernement représentatif, qui reprennent notamment le système de représentation proportionnelle inventé par Thomas Hare afin d'assurer une représentation des minorités dans le cadre du suffrage universel, influença plusieurs auteurs français, dont le républicain-socialiste Louis Blanc, l'orléaniste Lucien-Anatole Prévost-Paradol, Joseph Guadet De la Représentation nationale en France, 1863, Alfred Le Chartier de Sedouy Réforme du suffrage universel, 1863 ou Hippolyte Passy Rapport sur un ouvrage de M. Stuart Mill, intitulé : Du Gouvernement représentatif, Séances et Travaux de l’Académie des sciences morales et politiques, 1862 ; plusieurs articles de La Revue des deux Mondes, écrits par le duc d'Ayen ou Alfred Jacobs, rendent compte également cet ouvrage. Sa défense du droit de vote des femmes, qui donna lieu à un discours notable lors de la campagne pour le Reform Act de 1867, ainsi qu'à un ouvrage spécifique, eut moins de succès. Le jeune Clemenceau, enfin, traduit son livre Auguste Comte et le positivisme en échange de la publication de sa thèse de médecine.

Il est enterré au cimetière Saint-Véran d'Avignon.

La liberté : respect du non-conformisme

Mill, esprit indépendant, individualiste avant tout, n'a toutefois pas d'unité de pensée ; il est plus ou moins tiraillé entre l'abstraction et l'utilitarisme de son père, et les élans parfois naïfs et romantiques de sa propre nature. Sa pensée est exposée avec clarté et force dans une œuvre extrêmement abondante et variée ; il a étudié tous les grands débats de son siècle. Sa pensée est très nuancée, si bien que parfois il est difficile de la saisir.
S'il fallait cependant qualifier Mill par une formule rapide, nous dirions qu'il fut le non-conformiste de la liberté. Alors que son maître Bentham avait œuvré en moraliste, il raisonne en psychologue ; et tandis que le premier maintient la liberté dans l'État comme un élément de ce vaste édifice destiné à abriter la félicité humaine, Mill la situe en retrait, dans le petit temple individuel où chacun vient jouir de sa félicité personnelle. Sa conception de la liberté, il l'a exposée dans un livre, On Liberty, dont il n'est pas exagéré de dire qu'il a été l'un des bréviaires du libéralisme. La liberté, c'est la protection contre toute contrainte, et d'abord contre la plus redoutable de toutes, celle qu'exerce le groupe par l'entremise d'une opinion avide d'imposer ses coutumes, ses croyances et ses caractères. Aussi est-elle ici d'abord synonyme de droit à la dissidence et de non-conformisme.
C'est ce non-conformisme qui invite Mill à refuser de confondre la liberté politique avec la loi du nombre. Sans doute, autrefois, lorsque la liberté et l'autorité étaient en conflit constant, entendait-on par liberté une protection contre la tyrannie des gouvernants. Pour l'assurer, on cherchait à assigner des limites au pouvoir de ceux-ci sur la communauté, soit en leur arrachant certaines immunités inscrites dans les chartes, soit, lorsque la technique gouvernementale se perfectionna, par l'établissement de freins constitutionnels impliquant le contrôle des gouvernés sur les décisions politiques. Un moment vint, cependant, où les gouvernés furent assez forts pour que le pouvoir fût exercé par leurs délégués, révocables à leur gré. Il semblait alors que la nation n'avait plus besoin d'être protégée contre sa propre volonté. Il n'y avait pas à craindre qu'elle se tyrannisât elle-même La Liberté, trad. M. Dupont-White.
Cette idée que les peuples n'ont pas besoin de limiter un pouvoir qui procède d'eux ne fut pas ébranlée par la Révolution française dans laquelle on put voir une aberration temporaire. Mais, lorsque le gouvernement électif se fut établi durablement dans un grand pays – et Mill faisait allusion aux États-Unis –, « on s'aperçut que des phrases comme « le pouvoir sur soi-même » et « le pouvoir des peuples sur eux-mêmes » n'exprimaient pas le véritable état de choses ; le peuple qui exerce le pouvoir n'est pas toujours le même peuple que celui sur qui on l'exerce, et le gouvernement de soi-même dont on parle n'est pas le gouvernement de chacun par lui-même, mais de chacun par tout le reste ». Au surplus, on comprit que la volonté du peuple était, en fait, celle de la majorité. Bref, l'éventualité d'une tyrannie des assemblées dut être envisagée. Or cette tyrannie n'est, le plus souvent, qu'une manière d'être de l'oppression que le groupe entier tend à faire peser sur l' individu en imposant ses idées ou ses coutumes, en obligeant les caractères à se modeler sur ceux de la collectivité. Dès lors, pour Stuart Mill, la liberté résulte à la fois des limites à l'action de l'opinion collective sur l'indépendance individuelle et de la protection contre le despotisme politique. La seule liberté qui mérite ce nom est celle de chercher notre bien propre à notre propre façon, aussi longtemps que nous n'essayons pas de priver les autres du leur ou d'entraver leurs efforts pour l'obtenir .

Pour une démocratie parlementaire

Stuart Mill est pourtant trop profondément libéral pour s'accommoder d'une forme de gouvernement qui ne ferait pas sa place à la liberté politique. Mais liberté politique, c'est participation au pouvoir. La solution de cette contradiction entre la liberté désirable et la menace que comporte son accomplissement, c'est la démocratie gouvernée qui la fournit puisque, en acceptant le pouvoir du peuple, elle en canalise l'exercice par l'indépendance des gouvernants à l'égard des passions de la foule. C'est cette théorie de la démocratie gouvernée que Mill expose dans Considerations on Representative Government.
Il s'efforce d'y établir qu'« une démocratie représentative... – où tous seraient représentés, et non pas seulement la majorité – où les intérêts, les opinions, les degrés d'intelligence qui sont en minorité seraient néanmoins entendus, avec chance d'obtenir, par le poids de leur réfutation et par la puissance de leurs arguments, une influence supérieure à leur force numérique – cette démocratie où se rencontreraient l'égalité, l'impartialité, le gouvernement de tous par tous, ce qui est le seul type véritable de la démocratie, serait exempte des plus grands maux inhérents à ce qu'on appelle mal à propos aujourd'hui la démocratie » (Le Gouvernement représentatif, trad. M. Dupont-White).
L'utilitarisme anglais rejoint ainsi, par un détour, les conclusions du rationalisme français. On veut établir en maîtresse la volonté du peuple, mais on refuse de qualifier telle les passions de la foule ou les conséquences du nombre. On se refuse, avec une force égale, à voir la démocratie dans le gouvernement par une classe sociale, fût-elle la plus nombreuse. La démocratie n'est pas l'idéal de la meilleure forme de gouvernement [...] si elle ne peut être organisée de façon à ce qu'aucune classe, pas même la plus nombreuse, ne soit capable de réduire à l'insignifiance politique tout ce qui n'est pas elle, et de diriger la marche de la législation et de l'administration d'après son intérêt exclusif de classe. Trouver les moyens d'empêcher cet abus sans sacrifier les avantages caractéristiques du gouvernement populaire, voilà le problème ibid..

Option libérale et tendance socialiste

On a souvent relevé l'orientation socialiste de la pensée de Mill. On doit souligner cependant l'originalité de ce socialisme si socialisme il y a qui se définit par la maîtrise de l'homme sur lui-même. Sans doute Mill ne condamne-t-il pas systématiquement l'intervention des gouvernants et, sur la fin de sa vie, dans les dernières éditions de ses Principles of Political Economy, l'envisage-t-il même avec faveur, afin de restreindre le droit de propriété.
Mais plus que la question de savoir ce que les gouvernements doivent ou ne doivent pas faire, ce qui intéresse Mill, c'est le motif au nom duquel ils le font. Or, à cet égard, il pose un principe dont la valeur n'a cessé de s'imposer à sa pensée : Le seul objet qui autorise les hommes individuellement ou collectivement à troubler la liberté d'action d'aucun de leurs semblables, est la protection de soi-même. La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de force contre un de ses membres est de l'empêcher de nuire aux autres. Elle n'en a pas une raison suffisante dans le bien de cet individu, soit physique, soit moral » (La Liberté).
Ce respect de la spontanéité individuelle ne s'accompagne d'aucune arrière-pensée égoïste. Ce n'est pas au nom d'une quelconque sécurité bourgeoise qu'il s'impose. C'est parce qu'il est une condition du bonheur non seulement individuel mais collectif : ce n'est pas l'uniformité des pensées, des actes, des sentiments, qui crée le bonheur, c'est la diversité entre les hommes. La variété des opinions et des mœurs féconde la nature. Il n'est pas besoin de relever ce qu'a de spécifiquement anglais cette apologie de l'originalité.
Il insiste toujours sur la nécessité de la liberté dans tous les domaines, car « l'unique source infaillible et permanente du progrès est la liberté ». Libertés économique et politique vont de pair, l'une ne pouvant exister sans l'autre. La concurrence, expression de la liberté, est à la fois facteur d'avancement de la société et moyen de développement de l'individu. Le libéralisme est dynamique et novateur.
Mill entraîne l'école libérale non pas à la recherche de lois naturelles mais de recettes rationnelles en vue d'assurer le bonheur du plus grand nombre. Il s'écarte donc de la rigueur d'abstraction de Ricardo et se rapproche plutôt de Smith. Il adhère complètement au principe de population de Malthus ; la tendance de la population à dépasser les ressources disponibles à un moment donné explique la plupart des malheurs des hommes. D'où son combat en faveur de l'émancipation des femmes et l'éloge de la petite propriété paysanne en France.
Il précise les avantages de la liberté des échanges internationaux par sa théorie des valeurs internationales. Mill a cru devoir faire une distinction entre les lois de la production et celles de la répartition ; les premières s'imposeraient à l'homme alors que les secondes seraient en grande partie exprimées par la législation. Acceptant l'analyse de la rente foncière de Ricardo d'après laquelle ce sont les propriétaires fonciers qui bénéficient à la longue du progrès, il propose un impôt spécial sur cet unearned increment (surplus non gagné). C'est un des points où se manifeste sa tendance sentimentale socialisante.
Si Mill est plutôt pessimiste à court terme à cause des appétits brutaux des hommes, il est optimiste pour l'avenir : par suite de l'éducation des besoins, la société pourra parvenir à ce qu'il appelle l'état stationnaire. Il suppose qu'alors la population, aux goûts épurés, ne s'accroîtra pas et sera satisfaite de la quantité et de la nature des richesses matérielles produites ; le problème économique étant résolu, le problème social ne se posera plus. Les hommes n'emploieront pas leur vie à courir après les dollars, mais cultiveront les arts qui embellissent la vie ». Vue séduisante, si l'on accepte les prémisses.
Par suite de la logique et de la clarté de leur exposition, ses écrits furent en honneur pendant un demi-siècle dans les universités anglaises. Mill est considéré avec sympathie par les libéraux et les interventionnistes, par les individualistes et les socialistes, parce qu'il refuse de se laisser enfermer dans une explication unique de la société. En dépit d'un certain flottement de sa pensée, sa vision d'une société idéale où, les problèmes économiques étant résolus, le bonheur de l'homme rassasié sera fait de plaisirs de qualité intellectuelle est peut-être prophétique. François Trévoux

Principales œuvres

Essays on economics and society, 1967
Système de logique déductive et inductive, 1843. Traduction française réalisée par Louis Peisse à partir de la 6e édition britannique de 1865. Paris : Librairie philosophique de Ladrange, 1866.
Cet ouvrage n'est pas, malgré son titre, une répétition de la logique d'Aristote, ni un manuel supplémentaire pour une discipline codifiée. En réalité, le système est l'expression d'une philosophie nouvelle, chaînon indispensable qui relie David Hume à Bertrand Russell. Le système de logique nous offre sans doute un récapitulatif de tout ce qu'il faut entendre sous le terme de logique, mais il nous propose aussi une nouvelle théorie des sophismes, des noms propres, de la référence, et surtout de l'induction. On trouve chez Mill des réponses convaincantes au paradoxe de l'induction mis en évidence par Hume, comme l'on y lit la critique, devenue classique, de la déduction comme raisonnement circulaire, et condamné par nature à ne pouvoir remettre en cause, donc ne pas dépasser, ses axiomes et prémisses. Enfin, et ce n'est pas la moindre contribution de Mill, le système de logique met en place une théorie générale des sciences humaines et de leurs méthodes propres, nous rappelant ainsi que Mill est aussi l'auteur des Principes d'économie politique, et le contemporain de Karl Marx.
Essays on Some Unsettled Questions of Political Economy, London, 1844 ;
Principes d'économie politique, Londres, 1848, dans lequel il développe ses idées sur les droits sociaux et les libertés des travailleurs ;
John Stuart Mill, interprète synthétique des classiques, livre ses « principes d'’économie politique ». Il définit les bornes du progrès des sociétés industrielles, notamment par la baisse tendancielle du taux des profits. Il constate que les mobiles d’agressivité et de gain ne sont utilisés que, faute de mieux, pour accroître les richesses matérielles ; leur déchaînement grevé d’un lourd passif, dégrade les hommes et leur ravit le loisir et la solitude. Les progrès économiques ne sont pas parvenus à engendrer les grands changements qui feraient, comme il convient, des inventions mécaniques la commune propriété du genre humain. Aussi, la société en vue du mieux-être de tous ses membres, peut-elle être réorientée et remodelée sans peur, même si elle doit pour cela perdre un peu de ses dynamismes matériels et manifestes. L’épanouissement de tout l’homme en chaque homme est desservi par les ruées d’êtres avilis sur une nature humiliée. L'humanité doit choisir l'état stationnaire avant que la nécessité ne l'y contraigne.
Pour Heilbroner in Les Grands Économistes, il est l’auteur du « plus grand “mais” de l’histoire de la pensée économique ». En effet, Mill pose que la science économique s’applique à la production de biens et de services, permet d’utiliser au mieux les ressources, mais elle ne s’applique pas au champ de la répartition : c’est à la société de choisir le mode de répartition des richesses créées, ce qui laisse le champ libre à la politique, au rôle de l'État, à des choix de société, etc.
De la liberté, titre en anglais : On Liberty, 1859. Première traduction française par Charles Brook Dupont-White, Paris : Guillaumin, 1860 ;
Quelques mots sur la non-intervention, 1859. Essai de politique étrangère.
Considerations on Representative Government, Londres, 1861 - Traductions françaises : Considérations sur le gouvernement représentatif par Patrick Savidan, Paris, Gallimard, 2009 / Considérations sur le gouvernement représentatif, par Malik Bozzo-Rey, Jean-Pierre Cléro, Claire Wrobel, Hermann, L'avocat du diable, 2014.
Utilitarianism, Londres, 1863, Traduction française: L'utilitarisme ;
An Examination of Sir Hamilton's Philosophy, Londres, 1865 ;
Auguste Comte et le positivisme, Londres, 1865, Westminster Review ; première traduction française par Georges Clemenceau, rééd. chez Alcan, 1893
De l'assujettissement des femmes, 1869. Traduction française de Émile Cazelles. Paris : Éditions Avatar, 1992, 206 pages. Ouvrage dans lequel il défend la cause de l'émancipation des femmes et demande à ce qu'elles bénéficient elles aussi du suffrage, voir La Sujétion des femmes ;
Autobiographie, Londres, 1873, traduction française ;
Three Essays on Religion, Nature + Utility of Religion + Theism, Londres, 1874.
Essais sur Tocqueville et la société américaine.



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l

Posté le : 06/05/2016 19:37

Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:25:59
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Capitulation Allemande 8 Mai 1945
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 8 mai 1945 signature de la capitulation de l'Allemagne

à 23 h 01, heure de Berlin, soit le 9 mai 1945 à 1 h 01, heure de Moscou, cette signature est la seconde, la première capitulation a été signée à Reims le 7 mai 1945 à 2 h 41.
Les Actes de capitulation du Troisième Reich sont constitués par les deux versions de l’Acte de reddition militaire — en anglais : Act of military surrender — qui constituent le texte légal de la capitulation du Troisième Reich par lequel le Haut Commandement des forces armées allemandes s'est rendu de manière simultanée sans condition aux hauts commandements suprêmes des forces expéditionnaires alliées en Europe et de l'Union soviétique, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en Europe.

Première capitulation

Les deux pages de l’acte de capitulation allemand, signé à Reims le 7 mai 1945 par le Generaloberst Jodl et visé par les représentants alliés sur place.
La délégation allemande est composée du Generaloberst Alfred Jodl, de l'amiral von Friedeburg et du major Wilhelm Oxenius. Le 7 mai 1945 à 2 h 41, dans une salle du Collège technique et moderne de Reims actuel musée de la Reddition qui était alors occupée par l'état-major du général Eisenhower, est signée la reddition sans condition des forces armées allemandes par Alfred Jodl, au nom du Haut Commandement des forces armées en allemand : Oberkommando der Wehrmacht et en tant que représentant du nouveau Reichspräsident, le Großadmiral Karl Dönitz.
Le document, rédigé en quatre langues, est signé pour le SHAEF par le général Walter B. Smith, chef d’état-major du général Eisenhower qui signe au nom des Alliés occidentaux, et par le général Ivan Sousloparov, seul représentant de l'Union soviétique à Reims et commandant la mission de liaison militaire. Le général français François Sevez, convoqué in extremis, est invité à le contresigner comme témoin en tant que chef d'état-major du général de Gaulle. Le texte en anglais était le seul texte faisant autorité.
L'étendue des pouvoirs dont est investi le général Susloparov n'est pas vraiment claire et il ne dispose d'aucun moyen de contacter rapidement le Kremlin. Il prend néanmoins le risque de signer pour la partie soviétique. Il fait noter cependant que le document pourrait être remplacé dans le futur par une nouvelle version (voir l'article 4). Staline se révèle très mécontent de la tournure de l'événement. Il exige que la capitulation allemande ne puisse être acceptée qu'en présence d'un représentant du Haut Commandement des forces de l'Union soviétique et il insiste pour que le protocole de Reims ne soit considéré que comme un préliminaire à la cérémonie officielle qui se tiendrait à Berlin en présence du maréchal Joukov.

Texte de l'acte de capitulation du 7 mai 1945 à Reims

traduction française
Seul le texte en anglais fait autorité

Acte de redition militaire

Nous soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous offrons la reddition sans condition au Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et, simultanément au Haut Commandement soviétique, de toutes les forces de terre, de mer et de l'air qui sont à cette date sous contrôle allemand.
Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement à toutes les autorités militaires navales et aériennes allemandes et à toutes les autorités militaires sous contrôle allemand, l'ordre de cesser de prendre part aux opérations actives à 23 heures 01 heure d'Europe centrale le 8 mai et de rester sur les positions qu'elles occuperont à ce moment. Aucun navire ni avion ne sera sabordé et aucun dégât ne sera fait à leur coque, à leurs machines ou à leur équipement.
Le Haut Commandement allemand adressera immédiatement aux commandants des forces intéressées tous les ordres donnés par le Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et par le Haut Commandement soviétique, et s'assurera de leur exécution.
Cet acte de reddition militaire ne préjuge pas de l'avenir et sera remplacé par tout autre instrument général de reddition qui sera imposé par ou au nom des Nations unies et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble.
Dans le cas où le Haut Commandement allemand ou certaines forces sous son contrôle manqueraient d'agir conformément à cet acte de reddition, le Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et le Haut Commandement soviétique prendront toutes actions punitives ou autres qu'ils jugeront appropriées.
Signé à Reims France à 2 heures 41, le 7 mai 1945.
Au nom du Haut Commandement allemand.
Signature du général JODL
En présence de
Au nom du Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées
Signature du général BEDELL-SMITH
Au nom du Haut Commandement soviétique,
Signature du général SOUSLOPAROV
Général, Armée française Témoin

Seconde capitulation

Le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel signe la capitulation de l’Allemagne à Berlin le 8 mai 1945.
Le 8 mai peu avant minuit, la seconde capitulation allemande est signée3 à Karlshorst, en banlieue sud-est de Berlin, dans une villa qui abrite aujourd'hui le musée germano-russe. Les représentants de l'URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis arrivent peu avant minuit. Après l’ouverture de la cérémonie par le maréchal Joukov, les représentants du Haut Commandement allemand, emmenés par le Generalfeldmarschall Keitel, sont invités à signer l'acte de capitulation entrant en vigueur le 8 mai à 23 h 01, heure d'Europe centrale, soit le 9 mai à 1 h 01 à l’heure de Moscou : ceci explique pourquoi la victoire est célébrée le 9 Mai, au lieu du 8, dans les pays de l'ex-URSS, notamment en Russie.

Texte de l'acte de capitulation du 8 mai 1945 à Berlin

traduction en français à partir du texte original en anglais

Acte de capitulation militaire :

1. Nous, soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous présentons la reddition sans condition, au commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et simultanément au Haut Commandement suprême de l'Armée rouge, de toutes les forces terrestres, navales et aériennes qui sont à ce jour sous contrôle allemand.
2. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement l'ordre, à toutes les autorités militaires terrestres, navales et aériennes allemandes et à toutes les forces sous contrôle allemand, de cesser leurs actions de combat à 23 h 01 heure de l’Europe centrale le 8 mai, de rester sur les positions qu'elles occupaient à ce moment et de se désarmer complètement, remettant leurs armes et équipements aux commandants alliés ou aux officiers locaux désignés par les représentants des commandements suprêmes alliés. Aucun bateau, navire ou avion ne doit être sabordé, ou aucun dommage ne doit être fait à leur coque, machines ou équipement, ainsi qu'aux machines de toutes sortes, aux armements, appareils et à tous les moyens techniques permettant la poursuite de la guerre en général.
3. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement aux commandants concernés tous nouveaux ordres publiés par le commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et par le Commandement suprême de l'Armée rouge, et il s'assurera de leur bonne exécution.
4. Cet acte de reddition militaire ne tient pas compte de tout éventuel nouvel acte de reddition général imposé par les Nations unies ou en leur nom et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble, lequel nouvel acte remplacera le précédent.
5. Si le Haut Commandement allemand ou toute force sous son contrôle n’agissaient pas selon les termes de cet acte de reddition, le commandant en chef de la Force Expéditionnaire Alliée et le Haut Commandement suprême de l'Armée rouge exerceraient toutes actions punitives ou autres comme ils le jugeraient opportun.
6. Le présent acte est établi en anglais, russe et allemand. Seuls les textes anglais et russe font foi.
Signé à Berlin, le 8 mai 1945.
Keitel
von Friedeburg
Stumpff
Pour le Haut Commandement allemand
En présence de :
Air chief marshal A. W. Tedder
Au nom du commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée
G. Joukov
Au nom du Haut Commandement suprême de l'Armée rouge
À la signature étaient également présents comme témoins :
J. De Lattre de Tassigny,
Général commandant en chef de la 1re armée française
Carl Spaatz
Général, commandant des Forces stratégiques aériennes des États-Unis.

La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01 (heure allemande), au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims.
Elle laisse un bilan sans équivalent dans l'Histoire avec plus de cinquante millions de morts militaires et majoritairement civils (400.000 Américains, autant de Britanniques, 600.000 Français, huit millions d'Allemands, dix à vingt millions de Soviétiques etc).
Défaite totale de l'Allemagne nazie
Le tournant de la guerre s'est produit lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942.
À partir de cette date, les armées allemandes subissent défaite sur défaite et reculent sur tous les fronts. En février 1945, Dresde est écrasée sous les bombes. La jonction des troupes soviétiques et anglo-américaines a lieu le 25 avril 1945 au milieu de l'Allemagne, sur l'Elbe.
Le 30 avril, le suicide de Hitler, terré dans son bunker de Berlin avec son dernier carré de fidèles, sonne le glas des espoirs allemands.
Il revient à son successeur, l'amiral Dönitz, de demander la cessation des combats aux puissances alliées. Celui-ci envoie le général Alfred Jodl, chef d'état-major de la Wehrmacht, à Reims, au quartier général des forces alliées du général Dwight Eisenhower.
Signature de la capitulation à Reims 7 mai
Le général Alfred Jodl signe dans la nuit du 6 au 7 mai, à 2h41 du matin, la capitulation sans condition de l'Allemagne. Quelques mois plus tard, il sera condamné à mort par le Tribunal de Nuremberg pour avoir contresigné des ordres d'exécution d'otages ou de prisonniers.
Le chef d'état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov signent l'acte de capitulation au nom des vainqueurs. Le général français François Sevez, chef d'état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin.
La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01.
Ratification de la capitulation à Berlin 8 mai
Pour Staline, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu'elle soit ratifiée à Berlin, au coeur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d'occupation soviétique.
Bien que la France se fût officiellement retirée de la guerre avec l'armistice du 22 juin 1940, le gouvernement du général de Gaulle obtient de Staline de se faire représenter par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny.
Cette formalité se tient au quartier général des forces soviétiques, sous la présidence du maréchal Gueorgui Joukov. Après que le maréchal Wilhelm Keitel, chef d'état-major de la Wehrmacht, a signé les protocoles de la capitulation, la délégation allemande est poussée vers la sortie et les vainqueurs donnent libre cours à leur joie dans un banquet qui se prolonge jusqu'au matin.
NB : la ratification de la capitulation à Berlin ayant été enregistrée en URSS le lendemain, à 00h01 (heure de Moscou), c'est le 9 mai que, depuis lors, Soviétiques et Russes commémorent leur victoire dans la Grande Guerre patriotique.
La capitulation n'est pas la paix
Les chefs d'État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe.
Mais malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour le contraindre à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne.
Les Français n'ayant eu aucune part à la capitulation militaire de l'Allemagne, à Reims, le 7 mai 1945, ils ont choisi par la suite de commémorer exclusivement la fin des combats, le 8 mai 1945.
En 1975, le président Giscard d'Estaing a souhaité mettre un terme à cette commémoration dans le désir de se réconcilier avec les Allemands... mais au grand scandale des associations d'anciens combattants.
En 1981, le président Mitterrand a voulu prendre le contrepied de son prédécesseur. Il ne s'est pas contenté de refaire du 8 mai un jour férié. Il en a aussi fait un jour chômé... sans rencontrer d'objections chez les citoyens (faut-il s'en étonner ? un jour de congé supplémentaire, ça ne se refuse pas). Cela fait, avec le 11 novembre, deux jours chômés pour autant de victoires sur nos « amis allemands » ! L'attention portée à cette célébration paraît d'autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est aussi marqué par la répression sanglante de Sétif.
À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu'ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, rappelons-le, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire.
Notons enfin que cette date du 8 mai 1945 marque avant tout une victoire militaire. Le nazisme proprement dit est mort avec son fondateur dans le bunker de Berlin, le 25 Avril 1945

La fin du IIIe Reich

L'Allemagne envahie, cependant que les villes du Reich étaient soumises par l'aviation anglo-américaine à des bombardements destructeurs, les chefs du IIIe Reich n'en continuèrent pas moins la lutte, rêvant de contre-offensives victorieuses ou d'armes miracles, espérant jusqu'au bout susciter la discorde entre les Alliés et demandant à la population de nouveaux sacrifices, mobilisant, dans les derniers mois, jusqu'aux adolescents de quinze ans dans le Volkssturm.
Le 30 avril 1945, dans le Bunker de la chancellerie à Berlin, Hitler se donna la mort, bientôt imité par Goebbels ; le Führer avait confié le pouvoir à l'amiral Karl Dönitz qui, espérant encore négocier séparément avec les Anglo-Américains, composa un gouvernement d'où étaient exclus les dirigeants nazis, et se résigna à capituler le 4 mai.
Les principaux responsables nationaux-socialistes – quand ils n'avaient pas péri ou disparu – ont été jugés après la guerre par le tribunal international de Nuremberg. Un certain nombre d'entre eux ont été condamnés à mort et exécutés, d'autres se virent infliger des peines d'emprisonnement, quelques-uns furent acquittés. Ont été jugés également, mais par un tribunal exclusivement américain, quelques industriels (Krupp, Flick). Parfois condamnés, ils ont été libérés au bout de peu de temps et ont repris leur place à la tête de leurs entreprises, ou Konzern.
Dans sa grande majorité, le peuple allemand avait accepté jusqu'au bout un régime qui lui avait apporté quelques maigres profits et beaucoup de souffrances. Goebbels avait réussi à persuader un grand nombre d'Allemands qu'ils étaient – volens nolens – solidaires du régime et de ses actes, et que la seule alternative était la victoire ou la disparition de l'Allemagne.

Conséquences

L'effondrement du IIIe Reich a eu pour l'Allemagne et les Allemands des conséquences graves. Parce qu'elle avait envahi et pillé la plupart des pays européens, l'Allemagne a suscité longtemps la haine et la méfiance des peuples qu'elle avait tenté d'asservir. Pendant les décennies qui ont suivi, plusieurs pays ont craint une renaissance du nazisme et se sont efforcés de se prémunir contre elle.
Au lendemain de la guerre et jusqu'en 1949, l'autorité suprême a été exercée en Allemagne par les Alliés Union soviétique, États-Unis, Grande-Bretagne, France. Le territoire du Reich s'est trouvé notablement réduit à l'est Prusse-Orientale, territoires situés au-delà de la ligne Oder-Neisse. Sur le territoire du Reich furent établis, de 1949 à 1990, deux États à systèmes sociaux et politiques différents : la république fédérale d'Allemagne à l'ouest, la République démocratique allemande à l'est.
Telles sont les principales conséquences pour l'Allemagne et son peuple de la politique menée par les nationaux-socialistes.

Jugements et problématique

Sans doute aucune autre période de l'histoire de l'Allemagne n'a-t-elle suscité, de la part des historiens, à la fois autant d'intérêt et de jugements passionnés, souvent contradictoires.
Le IIIe Reich a fait naître et fait naître encore une littérature surabondante et de qualité fort inégale. Trop d'auteurs ont semblé vouloir réduire l'histoire de ce régime fasciste à la biographie de quelques-uns des personnages apparus sur le devant de la scène. Plus tard, on a insisté à l'excès sur les aspects « secrets » ou « fantastiques » du IIIe Reich.
Pour les uns, le IIIe Reich est un accident tout à fait fortuit et, à la limite, presque inexplicable dans la longue histoire de l'Allemagne. Il constituerait une césure totale, comme en témoigne l'expression « année zéro » employée à propos de 1945. Nous avons, au contraire, tenté de montrer que le national-socialisme surgissait à un moment précis de l'histoire allemande, que les nazis n'avaient pas accédé au pouvoir sans de multiples appuis et qu'ils ne l'avaient pas assumé seuls : le succès et le triomphe de ce mouvement sont liés à certains intérêts économiques. L'idéologie du national-socialisme elle-même s'alimente pour une part aux traditions nationalistes et chauvines qui existaient en Allemagne avant Hitler. La tentative d'hégémonie européenne de Hitler s'inscrit dans la ligne des visées pangermanistes qui se sont exprimées avant et pendant la Première Guerre mondiale. Le national-socialisme est un fascisme auquel l'époque et les particularités de l'histoire allemande donnent sa spécificité.
Qui est responsable des crimes du IIIe Reich ? Faut-il attribuer au peuple allemand une responsabilité collective ou faut-il rejeter tout le poids des crimes commis sur quelques coupables que l'on chargera d'autant plus qu'ils sont morts ? Quelques voix courageuses se sont élevées en Allemagne même, au lendemain de la guerre (Karl Jaspers), contre cette dernière interprétation. Les électeurs qui ont donné 12 millions de voix au national-socialisme, les Allemands qui ont approuvé l'établissement de la dictature hitlérienne, sans parler de ceux qui ont élaboré, encouragé ou exécuté les mesures répressives ou racistes, portent, à n'en pas douter, une part de responsabilité qu'on ne saurait, par contre, faire supporter aux victimes, par exemple aux Allemands qui ont résisté, parfois au péril de leur vie.
La période du IIIe Reich a longtemps été, en Allemagne occidentale, après la guerre, une période taboue. Dans les familles, tout comme dans les livres d'histoire, on en parlait peu ou on n'en parlait pas. Tout un peuple semblait se refuser à assumer un passé qui le plongeait dans un malaise collectif, refusant du même coup de prendre la mesure exacte des conséquences du IIIe Reich (Unbewältigte Vergangenheit). Dans les pays de l'Est, au contraire, où le jour de la capitulation hitlérienne était célébré comme une fête nationale, on expliquait, quelquefois non sans schématisme, le IIIe Reich comme l'aboutissement de la politique de la grande bourgeoisie allemande impérialiste, sans étudier suffisamment ce qu'avait eu de spécifique ce régime politique, sans essayer de découvrir les motivations concrètes et le comportement réel des diverses couches de la population allemande.
De nombreux historiens occidentaux ont tenté de faire de Hitler et de son équipe les maîtres absolus du IIIe Reich et donc les seuls responsables, assez machiavéliques pour abuser leurs alliés (la droite conservatrice) et les évincer du pouvoir. Dans la même ligne s'inscrivent toutes les « explications » qui recourent à la fascination qu'aurait exercée Hitler, à la puissance démiurgique qui aurait émané de ce personnage. C'est passer du domaine de l'histoire à celui de la magie. Hitler et ses ministres n'ont jamais été des hommes seuls. Des forces politiques et économiques connues ne leur ont pas ménagé leur appui, même après la dissolution des partis. Aussi bien un État moderne de 70 millions d'hommes, et qui plus est un système dominant ou s'efforçant de dominer l'Europe entière, requiert-il la collaboration active de centaines de milliers de personnes : le IIIe Reich a bénéficié de la collaboration d'un corps de fonctionnaires conservateur et antirépublicain que le régime précédent avait laissé subsister.
Il est plus intéressant et plus important de rechercher pourquoi ces milliers ou ces millions de personnes ont suivi, approuvé le national-socialisme, de découvrir les intérêts que ce système politique a favorisés, d'étudier l'idéologie qu'il incarnait et propageait. Car, si l'on a pu dire qu'avant leur accession au pouvoir les nazis promettaient tout à tout le monde, il est bien évident que certaines catégories sociales ont tiré profit du IIIe Reich et que d'autres en ont été les victimes, fussent-elles parfois consentantes.
Enfin il est un autre type de « jugement » qui paraît fort contestable, celui qui consiste à distinguer dans le IIIe Reich deux périodes : l'une bénéfique, l'autre néfaste. On oppose le Hitler bâtisseur des autoroutes au chef de guerre responsable du désastre de Stalingrad et finalement de la défaite avec toutes ses conséquences. « En sa qualité de nation la plus puissante du continent, l'Allemagne [en sept. 1938] pouvait obtenir satisfaction en ce qui concernait ses légitimes revendications nationales (mais non impérialistes) et devenir le pilier oriental d'un bloc quadripartite dressé en face de la Russie bolcheviste », écrivent H. Mau et H. Krausnick, et par « légitimes revendications » ils entendent l'annexion de l'Autriche et le dépècement de la Tchécoslovaquie. Porter pareil jugement, c'est se refuser à voir que les autoroutes avaient d'abord des buts stratégiques, que toute la politique nationale-socialiste débouche sur la tentative d'instaurer l'hégémonie allemande en Europe et de soumettre les autres peuples à la loi nazie. C'est par le réarmement qu'a été résolue la crise économique, c'est vers la guerre d'agression et de conquête que toute l'économie du Reich a été orientée à partir de 1936.
À la veille de la guerre, l'Allemagne possède 3000 kilomètres d'autoroutes, objet de prestige international mais aussi et d'abord instrument stratégique dont la réalisation a été confiée par Hitler à Fritz Todt dès 1933.
D'une façon générale, pendant longtemps les historiens se sont plus attachés à étudier l'idéologie du régime dont on a bien montré la genèse et les variations, l'organisation du parti et les institutions politiques que les résultats économiques. On peut se demander si l'importance donnée par Goebbels, avec un art certain de la mise en scène, à la propagande n'avait pas précisément pour but de masquer aux yeux du plus grand nombre les problèmes économiques ou d'en détourner l'attention. En République démocratique allemande surtout, les aspects économiques du IIIe Reich ont fait l'objet d'une étude approfondie.
Peut-être a-t-on un peu trop insisté parfois sur l'irrationalité du système. S'il est vrai que Hitler maintenait volontiers côte à côte, dans les domaines diplomatique et militaire, des organismes parallèles, aux compétences volontairement mal définies de façon à s'assurer un rôle d'arbitre, il n'en reste pas moins que, tout compte fait, la machine de guerre allemande était fort bien organisée. L'extermination dans les camps d'une main-d'œuvre potentielle s'explique aussi par une contradiction inhérente au système. Ces milliers de prisonniers constituaient, certes, une main-d'œuvre possible, mais ils étaient aussi des adversaires politiques souvent irréductibles que le régime, à ce titre, s'efforçait d'anéantir.
Est-ce à dire que l'histoire du IIIe Reich ne comporte plus désormais de vastes zones de clair-obscur ou même d'ombre ?
On est assez bien informé sur la composition sociologique du Parti nazi. On sait que les classes moyennes y étaient surreprésentées et que les cadres du parti en sont issus dans leur majorité. Or le régime, en dépit de ses promesses antérieures, n'a nullement servi les intérêts de la petite bourgeoisie. Comment expliquer ce phénomène ?
Ou encore, dans le succès de la propagande hitlérienne, quelle part attribuer aux arguments nationalistes, quelle part aux arguments socialisants ? Et quelles fractions de la classe ouvrière ont cédé à cette argumentation ? (On sait qu'avant 1933 le national-socialisme a remporté ses plus grands succès dans les régions rurales à dominante protestante, alors qu'il « mordait » plus difficilement sur le prolétariat urbain et sur les zones catholiques, mais en fut-il de même après 1933 ?) Plus généralement, on n'a sans doute pas encore assez étudié en quoi le national-socialisme se distinguait des autres fascismes. Quelles étaient ses composantes nationales ?
Ce ne sont là que quelques-unes des questions que soulève ce régime. Gilbert Badia



Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l


Posté le : 06/05/2016 19:13

Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:41:07
Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:41:50
Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:42:35
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Antoine Lavoisier 1
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne

Le 8 mai 1794 à Paris Antoine Laurent Lavoisier

est guillotiné à 50 ans, le ci-devant de Lavoisier, né le 26 août 1743 à Paris, chimiste, philosophe et économiste français, souvent présenté comme le père de la chimie moderne, qui se développera à partir des bases et des notions qu'il a établies et d'une nouvelle exigence de précision offerte par les instruments qu'il a mis au point. Il a inauguré la méthode scientifique, à la fois expérimentale et mathématique, dans ce domaine qui, au contraire de la mécanique, semblait devoir y échapper. Il a un diplôme d'avocat.Il est le directeur de thèse de Guettard.il a pour étudiants en thèse : Bertholet, Chaptal, Fourcroy, Hallé. Il soit sa renommée au principe de
conservation de la matière dit en France « loi de Lavoisier ». Il a reçu pour distinctions la médaille d'or de l'Académie des Sciences en 1766,Il fait partie des Hommes illustres Louvre, et des savants inscrits sur la tour Eiffel. Il était également rentier et fermier général de son métier ce qui lui couta sa vie.
Au delà de la découverte de l'oxydation, des composants de l'air et de l'eau, de l'état de la matière, ses contributions à la révolution chimique sont à la fois techniques, expérimentales et épistémologiques. Elles résultent d'un effort conscient d'adapter toutes les expériences dans le cadre d'une théorie simple dans laquelle, pour la première fois, la notion moderne d'élément est présentée de façon systématique. Lavoisier a établi l'utilisation cohérente de l'équilibre chimique, a utilisé ses découvertes sur l'oxygène, dont il a inventé le nom ainsi que ceux de l'azote et de l'hydrogène, pour renverser la théorie phlogistique, et a développé une nouvelle nomenclature chimique qui soutient, ce qui se révélera inexact, que l'oxygène est un constituant essentiel de tous les acides. Précurseur de la stœchiométrie, il a surtout traduit des réactions dans les équations chimiques qui respectent la loi de conservation de la matière, donnant à celle-ci une solide assise expérimentale.
Financier de son métier, soucieux d'établir des statistiques précises utiles à ce qu'il appelle à la suite de Condorcet l'arithmétique politique, il a été sollicité par l'administration royale puis révolutionnaire sur de très nombreux sujets depuis l'instruction publique jusqu'à l'hygiène en passant par le système monétaire. Il a aussi produit dans la lancée de Joseph Black la première théorie expérimentale de la chaleur, à travers l'étude non seulement de la combustion mais aussi de la respiration et de la fermentation des sols.

En bref

Le chimiste Lavoisier n'a en rien enrichi l'inventaire des choses naturelles, ni découvert quelque phénomène qui eût été inconnu avant lui. Mais on lui doit, en revanche, d'avoir conçu et mis à l'épreuve une méthode de penser la représentation de l'univers matériel. Grâce à lui, le rapport de la substance au substantif sera désormais pensé au moyen de pesées. L'analytique doit trouver son image exacte dans le dénotatif, et celui-ci rend compte par la composition vocalique de la structure associative des combinaisons.
La consistance de son système repose sur le principe newtonien d'économie : Rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l'opération ; que la qualité et la quantité des principes sont les mêmes et qu'il n'y a que des changements, des modifications. Dès lors, le champ matériel des transformations est réductible en droit aux équations qui décrivent les occurrences des combinaisons, ce qui entraîne l'obligation corrélative de clore tout système expérimental, afin d'en tenir l'exacte définition quantitative.
Lavoisier paiera d'exemple dans cette exigence de clôture qui aura d'immenses conséquences dans la théorie des phénomènes naturels : la thermodynamique ne se constituera-t-elle pas comme un corps de relations descriptives de systèmes isolés ?
C'est également en vertu de son principe d'économie que Lavoisier constate l'inutilité de donner au phlogistique une fonction médiatrice et introduit l'action effective de l'oxygène. Celle-ci chevillera, mais imparfaitement, la distribution élémentaire des substances, selon un projet didactique aussi bien que cosmologique. Son apport fondamental, en définitive, aura été de lier dans un effort de représentation, tout à la fois scrupuleuse et globale, une méthode de nomenclature rationnelle, une classification méthodique et une théorie de la matière où tout est résoluble en réarrangements de combinaisons. Le développement de la thermodynamique clarifiera certaines implications du projet de Lavoisier, mais son mérite incontestable est d'avoir, par sa mise en ordre temporaire d'un savoir errant, fondé positivement la chimie moderne. Une jeunesse studieuse : La famille Lavoisier a pour berceau la petite ville de Villers-Cotterêts, dans le Soissonnais. Le postillon Antoine Lavoisier, mort en 1620, y était chevaucheur des écuries du roi. Ses descendants s'élevèrent peu à peu dans la hiérarchie sociale, grâce à leur travail, à l'esprit d'économie, à une sage gestion du patrimoine, aux mariages calculés avec des jeunes filles riches et à la limitation des naissances. Leur mentalité de possédants bourgeois avait pour lointain objectif l'achat d'une charge entraînant l'accession à la noblesse non fieffée.
Jean-Antoine Lavoisier 1715-1775, descendant d'Antoine à la cinquième génération, fit ses études à la faculté de droit, à Paris, et succéda, en 1741, à un oncle procureur au parlement de Paris. En 1742, il épousa Émilie Punctis, fille d'un riche avocat. De cette union naquirent deux enfants : Antoine Laurent, le 26 août 1743, et, deux ans plus tard, Marie-Marguerite-Émilie, qui devait décéder à l'âge de quinze ans. Devenu veuf en 1746, le procureur s'établit chez ses beaux-parents où sa jeune belle-sœur, Clémence Punctis, se consacra aux deux orphelins.
Externe au collège Mazarin dont les cours de sciences étaient réputés, le jeune Antoine Laurent se révéla un brillant élève. En 1760, dans la classe de rhétorique, il obtint le second prix de discours français au concours général des collèges parisiens. Il suivit ensuite les leçons de mathématiques élémentaires de l'abbé Nicolas-Louis de La Caille, qui avait installé un petit observatoire dans l'établissement et qui lui donna le goût des observations météorologiques. En philosophie, il fut particulièrement frappé par les idées de Condillac sur le langage.
À sa sortie du collège, il poursuivit ses études dans deux directions, afin de suivre la double vocation à laquelle le poussaient une curiosité sans cesse en éveil, une intelligence exceptionnelle et une capacité de travail peu commune : celle d'exercer des fonctions d'administrateur à l'échelon élevé, correspondant à la fortune devant lui revenir, et celle de se livrer en même temps à des recherches scientifiques. Inscrit, suivant l'exemple paternel, à la faculté de droit, il fut reçu bachelier, licencié en 1764, et obtint le titre d'avocat en parlement.
Parallèlement à ces études juridiques, il suivit les cours de physique expérimentale de l'abbé Nollet, il apprit des rudiments de botanique avec Bernard de Jussieu au Jardin du roi et assista aux cours de chimie que l'apothicaire Guillaume-François Rouelle donnait en son officine de la rue Jacob. Rouelle enseignait en particulier la technique de manipulation des airs, le mot gaz, forgé par le chimiste flamand J. B. Van Helmont à partir du nom grec chaos, apparaîtra pour la première fois en français dans le Dictionnaire de chimie de P.-J. Macquer en 1766, au moyen d'un appareillage constitué par des tubes en verre coudés, aboutissant sous une cloche plongeant dans une cuve à eau. L'enseignement de Rouelle, s'il intéressa Lavoisier par les techniques opératoires qu'il recommandait, le dérouta cependant au point de provoquer de sa part les réflexions suivantes :
« Lorsque j'ai commencé pour la première fois à suivre un cours de chimie, quoique le professeur que j'avais choisi passât pour le plus clair et le plus à portée des commençants, quoiqu'il prît infiniment de peine pour se faire entendre, je fus surpris de voir de combien d'obscurité les premiers abords de la science se trouvaient environnés. J'avais fait un bon cours de physique... j'avais abordé avec quelque fruit les mathématiques élémentaires... J'étais accoutumé à cette rigueur de raisonnement que les mathématiciens mettent dans leurs ouvrages. Jamais ils ne prouvent une proposition que celle qui la précède ait été démontrée. Tout est lié, tout est enchaîné depuis la définition du point, de la ligne, jusqu'aux vérités les plus sublimes de la géométrie transcendante.
Dans la chimie, c'était tout une autre marche. Dès les premiers pas, on commençait par supposer au lieu de prouver, on me présentait des mots qu'on ne savait point encore définir ou, du moins, qu'on ne pouvait définir qu'en empruntant des connaissances qui m'étaient absolument étrangères et que je ne pouvais acquérir que par l'étude de toute la chimie. Ainsi on commençait la science en supposant déjà que je la savais.
Lavoisier compléta sa culture scientifique en s'initiant à la minéralogie et à la géologie, que lui enseigna un ami de sa famille, le géologue Jean-Étienne Guettard, conservateur de la collection d'histoire naturelle du duc d'Orléans au Palais-Royal.

Sa vie

Le collège des Quatre-Nations où Lavoisier a été écolier, et où siègera l'Académie des sciences à partir de 1805.
Né le 26 août 1743 à Paris, dans une famille aisée, Antoine Laurent de Lavoisier est baptisé le jour de sa naissance en l’église Saint-Merrin. Orphelin de sa mère à l'âge de cinq ans, il hérite ainsi une grande fortune.
En 1754, à l'âge de onze ans, il intègre le collège des Quatre-Nations. Les cours incluent chimie, botanique, astronomie et mathématiques. En classe de philosophie, la dernière année, il a pour professeur l'astronome Nicolas-Louis de Lacaille, auprès duquel il s'enthousiasme pour la météorologie, passion qui ne le quittera jamais.
À l'automne 1761, il s'inscrit à la Faculté de droit civil et canonique. Il y suit le cursus habituel, qui lui délivre en deux ans le baccalauréat en droit et l'année suivante, en 1764, la licence qui lui permet de s'inscrire au barreau de Paris. Il ne plaidera cependant jamais.
Durant ces études de droit, il assiste à des conférences sur les sciences naturelles. Paris frisonne alors de l'esprit encyclopédique. L'université est agitée par l'abolition du monopole qu'exercent les jésuites sur l'enseignement, la sécularisation de leurs écoles et la création d'écoles d'application, telle, en 1747, l'École des ponts et chaussées, dans lesquelles l'enseignement moral et religieux s'efface devant celui des sciences et des techniques. L'étudiant Lavoisier adhère à la démarche expérimentale que, dans la ligne cartésienne, professe Étienne de Condillac depuis une dizaine d'années dans les salons parisiens. Il est un lecteur avide du Dictionnaire de la chymie que vient de publier Pierre Macquer, le théoricien des affinités électives entre corps chimiques, qui préfigurent les équations chimiques. Son premier essai portera sur l'hydratation du gypse et fait l'objet d'une conférence qu'il donne en 1764 à l’Académie des sciences.
Deux ans plus tard, il est lauréat du concours de l’Académie des sciences pour un essai sur l'éclairage public des salles de spectacle et reçoit au nom du roi une médaille d'or. Cette même année 1766, il assiste Jean-Étienne Guettard, botaniste de l'Académie des sciences, dans l'élaboration de l'atlas minéralogique de la France. Il fait des relevés minéralogiques depuis déjà trois ans. Entre juin et novembre 1767, ils travaillent ensemble à une étude géologique de l’Alsace et de la Lorraine. Leur collaboration se prolongera jusqu'en 1780. Parrainé par Henri Louis Duhamel du Monceau, grand ami de son père, Antoine de Lavoisier est élu membre de l’Académie des sciences le 18 mai 1768, qui siège au Louvre, à l’âge de vingt-quatre ans5, soit deux ans avant un autre jeune collaborateur de Jean-Étienne Guettard avec lequel il a appris à travailler, Balthazar Georges Sage, lequel fondera en 1778, l'École des mines.

Fermier général 1770-1774

Deux balances ayant appartenu à Lavoisier, exposées au Musée des arts et métiers. Du modèle de celle de la Ferme, elles sont reliées par des tuyaux à des récipients à gaz sous pression.
Ses études de droit sont d'une importance capitale dans la vie de Lavoisier. Elles l'amènent en effet à s'intéresser à la politique française, et lui permettent d'acquérir en 1770 une charge de fermier général. Âgé de vingt-six ans, il entre ainsi au conseil d'administration de la compagnie privée à laquelle le roi délègue le monopole de la collecte des impôts. C'est ce poste de fermier général qui est à l'origine de ses principales découvertes scientifiques en chimie. Affecté au secrétariat chargé de la perception des impôts à l'octroi de Paris, il y dispose en effet d'une balance, qui sert à détecter les fraudes, la plus précise d'Europe, et c'est cette balance qu'il utilise pour procéder à des pesées moléculaires de divers gaz avec une marge d'erreur inégalée jusqu'alors.
Toutefois ce poste le tiendra éloigné pendant trois années de ses recherches. Il n'abandonnera cependant jamais son rôle d'expert en finance. Il proposera en 1790, à la faveur de la Révolution, une réforme du système monétaire français et en 1791 un changement d'assiette du système d'imposition. Dans son travail pour le gouvernement, il participe au développement du système métrique pour fixer l'uniformité des poids et des mesures dans l'ensemble de la France.
Le 16 décembre 1771, il épouse, à l'église Saint-Roch à Paris6, Marie-Anne Pierrette Paulze, la fille d'un fermier général, alors âgée de treize ans. Au fil du temps, celle-ci se révèle une aide et une collaboratrice scientifique précieuse pour son époux. Elle traduit pour lui des ouvrages anglais, parmi lesquels l'Essai sur le Phlogistique de Richard Kirwan et les recherches de Joseph Priestley. Elle réalise de nombreux croquis et gravures des instruments de laboratoire utilisés par Lavoisier et ses collègues. Elle écrit et publie également les mémoires de Lavoisier, et accueille des soirées où d'éminents scientifiques débattent des questions liées à la chimie.
À l'automne 1772, il se lance dans une recherche de plusieurs années sur ce qui cause la combustion. Reproduisant les expériences de Joseph Black, rencontrant à Paris, en octobre 1774, Joseph Priestley, qui a observé le 1er août précédent le dégagement d'un mystérieux air déphlogistiqué, il expose en avril 1775 dans un fameux mémoire appelé Mémoire de Pâques que la combustion a une cause nécessaire, la présence de cet air déphlogistiqué, qu'il baptisera en 1779 oxygène. Partant, il démontre la nature composée de l'air, et nommera, également en 1779, la partie qui n'est pas de l'oxygène, azote. C'est en 1778, qu'il publiera une description de l'effet de cet oxygène, l'oxydation, effet qu'il appelle acidification, et en 1783 qu'il montrera que l'eau est composée d'un gaz observé par Henry Cavendish, gaz qu'il baptise hydrogène.

Régisseur des Poudres 1775-1788

La Ferme générale est chargée depuis 1633 d'administrer pour le roi la Surintendance des Poudres et Salpêtres. C'est à ce titre qu'elle propose et obtient de créer en 1775, la Régie Royale des Poudres et Salpêtres, ancêtre de la SNPE et de l'actuel SIMu. Lavoisier en est un des quatre fermiers délégués aux postes de régisseurs8. Il est logé dans un hôtel du Grand Arsenal situé le long de l'actuel rue Bassompierre, où il dispose d'un laboratoire. Ses travaux portent sur l'amélioration de la production de la poudre et s'étendent au domaine de l'agrochimie. Il crée un nouveau procédé de production du salpêtre en utilisant la potasse d'Alsace. Son action se traduit par un redressement financier spectaculaire. Les bénéfices reversés par la Régie à l'état lui valent d'être reconnu.
Régisseur des Poudres par délégation de la Grande ferme, Lavoisier n'en continue par moins d'exercer sa charge au sein de celle-ci. Il y joue, comme le fait Goethe auprès du Duc de Saxe, un rôle de conseiller ministériel. À la suite de la guerre des farines, il s'oppose ainsi au nouveau ministre des finance, le physiocrate Turgot, et à l'inspecteur au Monnaies que celui-ci vient de nommer, Nicolas de Condorcet, dans leur projet d'une taxation des navires de commerce à la jauge. Pour lui, le seul impôt qui vaille est territorial et porte sur les revenus du capital.
Son travail d'académicien reste néanmoins primordial. En 1777, il lit devant l'Académie des Sciences un premier rapport sur la physiologie de la respiration.
En 1778, peu après la mort de son père, il acquiert le domaine et le château de Freschines à Villefrancoeur, dans le Blésois. Sa femme en assure depuis Paris l'administration et le couple se rend sur place régulièrement, quelques semaines par an, pour rencontrer l'intendant et mesurer les progrès. C'est là que le savant acquiert la conviction que l'humus ne produit pas spontanément la végétation, mais que celle-ci à besoin de deux sources de chaleur, le soleil et le fumier. Sa ferme est d'abord pour lui un objet d'étude de la rentabilité d'une exploitation et lui sert de modèle économétrique.
Gravure du XIXe siècle montrant Lavoisier au laboratoire en 1788 avec le fils d'un ami, son jeune assistant Pont de Nemours, physiocrate et franc maçon qui fondera en 1802 la poudrerie DuPont, aujourd'hui acteur mondial majeur.
À partir de 1779, commence une fructueuse coopération avec un professeur de mathématiques trentenaire en poste à École des cadets gentilshommes qui a été distingué par l'Académie des Sciences, Pierre-Simon de Laplace.
En 1784, Lavoisier fait partie d'une commission nommée par Louis XVI pour étudier la pratique du magnétisme animal avec le médecin Joseph Ignace Guillotin, l'astronome Jean Sylvain Bailly et l'ambassadeur des États-Unis en France, Benjamin Franklin.
Quand le 27 novembre 1788 le roi convoque les États généraux, c'est à lui, seigneur blésois et scientifique déjà rendu célèbre par les multiples mémoires et rapports qu'il a publiés, que la classe les nobles de Blois confie la rédaction de leur cahier de doléances. Il y reprend l'idée formulée par Thomas Jefferson dans le préambule de la Déclaration d'indépendance des États-Unis que le bien commun est le bonheur : Le but de toute institution sociale est de rendre le plus heureux qu’il est possible ceux qui vivent sous ses lois. Le bonheur ne doit pas être réservé à un petit nombre d’hommes; il appartient à tous. Ce n’est point un privilège exclusif qu’il faut disputer; c’est un droit commun qu’il faut conserver, qu’il faut partager et la félicité publique est une source dans laquelle chacun a le droit de puiser la sienne.

La Révolution 1789-1794

Député suppléant d'Alexandre de Beauharnais, Antoine de Lavoisier, très au fait en tant que fermier général de ce qu'a été au début du siècle le système de Law et du fonctionnement du dollar continental, est celui qui, à l'automne 1789, propose à la Constituante une monnaie d'escompte qui fluidifie les échanges à un moment où la sécularisation des biens du clergé provoque une inflation de ceux-ci. Ce sera l'assignat. Favorable à une réforme profonde de l'Ancien régime et l'instauration d'une monarchie constitutionnelle, il renonce à sa particule et adhère au printemps 1790 à la Société de 1789, second parti politique après le Club breton que fonde son collègue démissionnaire de la Monnaie Nicolas de Condorcet à l'imitation de celui-ci pour en contrecarrer l'influence. Tout en continuant ses recherches au laboratoire des Poudres, il adresse en 1792 à la Convention un projet d'éducation nationale.
L'Arrestation de Lavoisier, représentation fantasmatique réalisée en 1876 par le peintre historique Ludwig von Langenmantel.
Il est l'un des trois commissaires du Comité des finances de la Convention chargé de réformer le système de perception des impôts quand la Terreur éclate. Lavoisier, dont l'image est associée à la dévaluation qui a suivi la transformation des assignats en monnaie de nécessité et qui aurait profité aux émigrés, est dénoncé aux autorités révolutionnaires avec les vingt-sept autres fermiers généraux comme traître à la nation par Antoine Dupin, lui-même ancien employé de la ferme. Il est incarcéré avec son beau-père, Jacques Paulze, le 28 novembre 1793 à la prison de Port Libre et accusé d'avoir spéculé contre l'intérêt des citoyens. L'Ami du peuple le vilipende comme trafiquant de tabac frelaté par de mauvaises conditions de stockage. Il est condamné cinq mois après son arrestation, le 5 mai 1794, malgré la courageuse défense de son disciple et collaborateur Jean Noël Hallé.
Ayant demandé un sursis pour pouvoir achever une expérience, il s’entend répondre par le président du tribunal révolutionnaire, Jean-Baptiste Coffinhal : La République n'a pas besoin de savants ni de chimistes ; le cours de la justice ne peut être suspendu. Il est guillotiné place de la Révolution le 8 mai 1794, à l'âge de cinquante ans, en même temps que l'ensemble de ses collègues de la Ferme. Son corps, dépouillé, est empilé dans la fosse commune des Errancis.
Le lendemain de l'exécution de Lavoisier, le grand mathématicien Louis de Lagrange commente : Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable.
Son matériel et ses notes sont saisis mais ses travaux d'économétrie, dont il avait fait don à l'Assemblée constituante, peuvent être repris et publiés en 1796 par Lagrange. Après maintes tribulations, sa femme et collaboratrice, Marie Anne Lavoisier, rassemble ses papiers personnels. Ils sont conservés aux Archives nationales sous la cote 129AP. Avec la collaboration de leurs amis savants, elle édite ses derniers travaux en forme d'exposé de la méthodologie de la chimie moderne.

Lavoisier, père de la chimie moderne. La découverte de l'oxydation

Les instruments de Lavoisier rassemblés par ses élèves au Musée des Arts et Métiers, à Paris.
L'une de ses plus importantes recherches a été de déterminer la nature du phénomène de combustion, ou oxydation rapide. Ses expériences permettent de démontrer que la combustion est un processus qui implique la combinaison d'une substance avec du dioxygène. À travers cette découverte, c'est toute la conception de la chimie qui est bouleversée.
À l'automne 1772, doutant que la matière, comme l'enseigne Aristote, prenne des formes différentes – fluides, solides, gazeuses – par une seule loi générale de dégénérescence, il se lance dans une recherche sur la combustion des métaux qui, paradoxalement, gagnent du poids au terme de leur calcination. Ses résultats font l'objet de deux publications dans le bulletin de l'Académie des sciences, sur les exemples de la production d'acide phosphorique et de la calcination des sulfures. Lavoisier cherche une cause au processus de combustion qui puisse expliquer qu'elle ne soit pas qu'une dégradation d'état, cause qu'il n'appelle pas encore oxygène.
Il consacre l'année 1773 à reproduire les expériences de Joseph Black et finit par découvrir que le gain de poids des métaux calcinés est dû à l'absorption par ceux-ci de l'air fixe, découvert quelques années plus tôt par son aîné écossais. Les comptes-rendus sont publiés l'année suivante dans Opuscules physiques et chimiques.
En octobre 1774, il rencontre Joseph Priestley en visite à Paris et résout son problème de calcination de l'oxyde mercurique, qui dégage un gaz mystérieux. Il démontre dans son célèbre Mémoire de Pâques, présenté à l'Académie des sciences le 26 avril 1775 que, lorsque la combustion est faite au charbon de bois, ce qui se dégage est l'air fixe, et que ce dernier est produit par la combustion du carbone en présence de l'« air déphlogistiqué observé par Joseph Priestley. Il en déduit que le gaz mystérieux est un composant présent dans l'air en permanence dans une certaine proportion et le renomme air vital.
En 1778, dans les ouvrages Sur la combustion en général et Considérations générales sur la nature des acides, il démontre que l'air déphlogistiqué, responsable de la combustion, est aussi une source d'acidité. Ce n'est qu'en 1779 qu'il nomme cette partie vitale de l'air : oxygène du grec signifiant formeur d'acide, et l'autre partie : « azote » (du grec signifiant sans vie.
À partir de 1780, il démontre également le rôle du dioxygène dans la respiration végétale et animale, ainsi que son rôle dans la formation de la rouille, autre forme d'oxydation lente.

Changement du paradigme des éléments et de la chaleur

Calorimètre utilisé par Lavoisier à partir de 1780. Le double bord rempli de glace assurait le maintien de la température à zéro dégré.
L'explication de Lavoisier sur la combustion remplace la théorie phlogistique, qui postule que les matériaux relâchent une substance appelée phlogiston lorsqu'ils brûlent dans le récipient en question.
Les contemporains de Lavoisier sont en effet convaincus de la théorie aristotélicienne, défendue jusqu'après 1787 devant la Société royale de Londres par Richard Kirwan et son collègue Joseph Priestley, selon laquelle la matière est composée de quatre éléments fondamentaux – la terre, l'air, l'eau et le feu –, dont les variations de dosage détermineraient la nature des corps. Pour expliquer les échanges entre ces éléments et leurs variations, le bon sens a dû construire l'hypothèse ad hoc d'un cinquième élément, le phlogistique, sorte d'éther, dans lequel baignerait tout corps et qui échapperait à toute observation directe.
Schéma de la célèbre expérience du phlogiston dessiné par Madame Lavoisier en 1783 et publié à la veille de la Révolution dans le Traité élémentaire de chimie.
Dès 1774, Lavoisier s'attaque à cette théorie en démontrant devant ses collègues de l'Académie que le dépôt formé par l'évaporation n'est pas une mutation de l'eau en terre, mais le résidu de matières déjà présentes dans le récipient. Il sera le premier à infirmer l'antique théorie, mais ce n'est qu'en 1780 qu'il établit expérimentalement, avec Laplace, dans un célèbre mémoire, que la chaleur n'est pas un fluide, mais le résultat de l'agitation de ce que les savants appellent déjà des molécules
Il abonde ainsi dans le sens de l'hypothèse d'une chaleur latente, que suppose la théorie du calorique avancée en 1761 par Joseph Black devant ses collègues de la future Société royale d'Edimbourg. Lavoisier n'ira cependant pas jusqu'à rejeter le concept de fluide calorique bien que celui ci conserve à la chaleur le caractère d'éther et que les concepts d'état de la matière et de chaleur latente, qu'il n'a pas su tirer lui même, n'ont pas besoin de supposer un tel éther. Ce sera Joule qui le fera en 1843.
En 1783, dans ses Réflexions sur le phlogistique, Lavoisier, comme Galilée cent soixante dix ans plus tôt avec la conception aristotélicienne du mouvement, démontre que cette théorie phlogistique, si elle répond aux impressions ordinaires, n'est pas conforme à l'expérience scientifique.
Avec Laplace, il réalise en outre une expérience qui met en évidence que l'air inflammable, découvert par Henry Cavendish et qu'il baptise hydrogène du grec formeur d'eau, réagit avec l'oxygène pour former une rosée, qui est de l'eau, comme l'avait déjà remarqué Priestley, sans toutefois l'expliquer. La synthèse de l'eau démolit deux mil cinq cents ans de dogme aristotélicien, selon lequel l'eau est un élément, et réhabilite la théorie épicurienne de Lucrèce sur les atomes. Elle démontre aussi qu'un corps qui se liquéfie n'est pas un corps qui se transforme en un autre, comme le postule la théorie aristotélicienne, mais que le même élément chimique peut, selon les conditions de pression et de température, changer d'état. Le concept sous jacent d'état de la matière est, quant à lui, totalement nouveau, et ouvre la voie, insoupçonnée par Lavoisier, à une thermodynamique statistique.

La conservation des masses dans le changement d'état de la matière

Les expériences de Lavoisier sont parmi les premières expériences chimiques véritablement quantitatives jamais exécutées: c'est en ce sens qu'il assure le passage de l'alchimie, discipline symbolique à visée spirituelle plus qu'expérimentale, à la chimie, dont il est le fondateur. Il a prouvé que, bien que la matière change d'état dans une réaction chimique, la masse totale des réactifs et des produits reste identique du début jusqu'à la fin de la réaction. Il brûla du phosphore et du soufre dans l'air, et montra que les produits pesaient plus que les réactifs de départ. Néanmoins, le poids gagné était perdu par l'air. Ces expériences ont été des preuves à la base de la loi de conservation de la matière. Lavoisier a aussi étudié la composition de l'eau, et il appelle ses composants oxygène et hydrogène.
Réclame publiée par Liebig en 1929 montrant Berthollet, inventeur de l'équilibre chimique, à l'école de Lavoisier, inventeur du concept d'équation chimique.
La maxime Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme attribuée à Lavoisier, est simplement la paraphrase du philosophe grec présocratique Anaxagore : Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. Dans son Traité élémentaire de chimie de 1789, Lavoisier parle de la matière en ces termes :
On voit que, pour arriver à la solution de ces deux questions, il fallait d'abord bien connaître l'analyse et la nature du corps susceptible de fermenter, et les produits de la fermentation ; car rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l'opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu'il n'y a que des changements, des modifications.
Sous la plume de Lavoisier quantité de matière désigne la quantité d'éléments chimiques mis en jeu lors d'une réaction. En posant la réaction chimique en terme laplacien d'équation, Lavoisier rend possible ce qu'en 1792 le berlinois Jeremias Richter appellera stœchiométrie mais ce ne sera qu'en 1802 qu'un disciple de Lavoisier, Claude Louis Berthollet, définira l'équilibre chimique lui permettant d'établir la première classification des éléments.

Une nomenclature des éléments chimiques

Symboles des éléments avant Lavoisier.Suite et fin de la même liste.
Avec le chimiste Claude Louis Berthollet et d'autres, Lavoisier conçoit une nomenclature chimique ou un système des noms qui sert de base au système moderne. Il la décrit dans la Méthode de nomenclature chimique 1787. Ce système est toujours en grande partie en service au XXIe siècle, y compris des noms tels que l'acide sulfurique, les sulfates et les sulfites.
Son Traité élémentaire de chimie 1789 est considéré comme le premier manuel chimique moderne, et présente une vue unifiée des nouvelles théories de chimie, fournit un rapport clair de la loi de la conservation de la masse et nie l'existence du phlogiston. En outre, Lavoisier clarifie le concept d'un élément comme substance simple qui ne peut être décomposée par aucune méthode connue d'analyse chimique, et conçoit une théorie de la formation des composés chimiques des éléments.
De plus, son ouvrage contient une liste d'éléments ou substances qui ne peuvent être décomposés davantage, incluant l'oxygène, l'azote, l'hydrogène, le phosphore, le mercure, le zinc et le soufre. Dans sa liste figurent aussi la lumière et la chaleur, toutes deux qui ne sont plus considérées comme étant de la matière selon la physique moderne.
Table des rapports déposée en 1718 à l'Académie des sciences par l'apothicaire Étienne Geoffroy pour expliquer l'élection d'un élément pour un autre plutôt qu'un troisième. Elle a été vue comme l'origine de la révolution lavoisienne.

Traduction anglaise de la table déposée par Lavoisier en mai 1787.

Lavoisier, précurseur de la physiologie

Expériences de Lavoisier sur la respiration humaine. Marie Anne de Lavoisier s'est représentée elle-même dans son rôle de greffière.
À partir de 1780, Lavoisier collabore avec le mathématicien Pierre-Simon Laplace. Ensemble, ils poursuivent des expériences, entre autres, sur la respiration. Ces expériences sur l'oxydation lente font suite à celles sur l'oxydation rapide.
Les deux académiciens mettent en évidence, en comparant la quantité de dioxyde de carbone produite par un cochon d'Inde placé dans un calorimètre maintenu à zéro degré et la quantité de chaleur nécessaire pour que de la glace produise la même quantité de dioxyde de carbone dans le même calorimètre, que la respiration est une production de chaleur continue semblable à une combustion lente. Ils démontrent que la respiration est une étape de la thermogenèse nécessaire à l'homéostasie.
Les expériences sont poursuivies à partir de 1789 avec l'ingénieur Armand Seguin, l'inventeur de la première usine, mais le projet d'une description complète de cet aspect de la physiologie animale sera interrompu par la Révolution.

Lavoisier, un agronome discrer La mode du gentleman-farmer

En 1778, trois ans après la mort de son père, Lavoisier achète le domaine de Fréchines près de Blois et se prend d'une passion discrète pour l'agriculture. Il se rend trois fois par an sur ses terres, pour deux à trois semaines, en compagnie de Madame Lavoisier qui assure la correspondance avec le gestionnaire local, le notaire Lefebvre.
Ce domaine est l'occasion pour Lavoisier de mettre en pratique les travaux de Duhamel du Monceau. Après dix ans, Lavoisier rédige un compte-rendu de ses recherches pour la Société royale d'agriculture et déclare qu'il lui faudra encore une décennie pour confirmer ses résultats. Peu avant sa mort sur l'échafaud, il rédige un traité d'agriculture qu'il déclare pratiquement terminé en 1793.

Le bétail, un mal nécessaire

Expérience réalisée dans les années 1770 du procédé d'Archimède d'une combustion à travers des lentilles optiques.
En 1791, Lavoisier présente à la Constituante un mémoire, De la richesse territoriale du royaume de France, dans lequel il chiffre en vue d'en évaluer la ponction fiscale tolérable, le « produit national net, notion physiocratique qui prend en compte une seule catégorie de revenus, celle des propriétaires du sol. ...C'est dans ce mémoire que Lavoisier constate que les bestiaux ne sont que les instruments employés pour cultiver et pour fumer et que le bénéfice qu'ils procurent n'est qu'un léger accessoire. Il affirme alors — et la formule connaîtra une grande fortune — que le bétail est un mal nécessaire.

La végétalisation

Détail des lentilles optiques concentrant la lumière du soleil sur un matériau combustible.
Ses idées sur l'utilisation du fumier sont très conventionnelles pour l'époque. Ainsi, il montre que des apports massifs permettent d'augmenter lentement les rendements. Vers la fin de sa vie, il est confronté à la théorie de l'humus soutenue par Jean Henri Hassenfratz. Cette théorie, qui postule que seul l'humus est capable de nourrir les végétaux, est fausse et prévalut jusqu'aux travaux de Justus von Liebig en 1840.
Lavoisier rédige anonymement un programme de recherche que l'Académie des sciences aurait dû proposer au concours en 1794, date où la Convention supprime l'Académie et condamne Lavoisier. Dans ce programme, Lavoisier décrit le cycle des composants de la matière à la surface de la terre (le cycle réduction-oxydation et oppose la « végétalisation la photosynthèse à la combustion et aux fermentations. En ce sens, il annonce les grandes découvertes agronomiques du XIXe siècle. Lavoisier, est le promoteur de l'hygiénisme

Carrière administrative et premiers travaux scientifiques

La description que Lavoisier a laissée d'une aurore boréale observée en 1763 constitue le plus ancien document conservé touchant son activité scientifique. Dès cette année 1763, il avait commencé des levés géologiques dans le Bassin parisien, afin d'aider Guettard à établir la carte minéralogique de la France. Celui-ci, ne pouvant envisager de dresser une carte géologique, se proposait essentiellement de noter par des signes sur la carte l'emplacement des carrières de matériaux de construction et celui des affleurements des gîtes minéraux utiles à l'économie. Il estimait en outre intéressant de lever en ces emplacements une coupe précise du sous-sol, indiquant dans les terrains sédimentaires les différentes couches distinguées par leurs caractères lithologiques.
Guettard attira l'attention de Lavoisier sur les problèmes posés par l'étude des roches sédimentaires. En 1764, Lavoisier examina de nombreuses variétés de gypse, détermina leur solubilité dans l'eau et fut l'un des premiers à expliquer la prise du plâtre, en montrant que le gypse, sous l'action de la chaleur, perd une certaine quantité d'eau, qu'il reprend au cours de sa solidification. Il communiqua ses travaux sur le gypse à l'Académie royale des sciences en 1765 et 1766.
Dans l'intervalle, il concourut pour le prix de 2 000 livres créé par l'Académie, à la demande du lieutenant de police, sur le meilleur moyen d' éclairer pendant la nuit les rues d'une grande ville, en combinant ensemble la clarté, la facilité du service et l'économie. Dans son mémoire, il étudia les différents types de lanternes à chandelle ou à huile, simples ou à réverbère elliptique ou hyperbolique, l'influence de la nature du combustible, la forme des mèches, et terminait par des expériences relatives à l'intensité de la lumière comparée à la consommation de combustible. Le 9 août 1766, l'Académie partagea le prix entre trois fabricants qui avaient expérimenté des lanternes de formes diverses et décerna une médaille d'or à Lavoisier, dont le mémoire portait en épigraphe Signabitque viam flammis. Et marquera la route par des flammes, mettant au futur un hémistiche de Virgile (L'Énéide, livre V, vers 526.
En 1767, de juin à novembre, Lavoisier accompagna Guettard en Lorraine et en Alsace, dans une tournée de levé de la carte minéralogique. Afin de déterminer la nature des eaux échantillonnées au cours de ce voyage, il avait emporté un aréomètre en argent à niveau constant d'immersion, dont il interprétait les charges grâce aux tables qu'il avait préparées sur la solubilité des principaux sels contenus dans les eaux courantes ou minérales.
L' Académie royale des sciences, créée par Colbert en 1666, réunissait un nombre limité de travailleurs scientifiques, convenablement pensionnés au sommet de la hiérarchie et chargés en particulier de donner un avis sur les questions scientifiques ou techniques qui intéressaient l'administration royale. La valeur prometteuse des premiers mémoires de Lavoisier et l'amitié que lui portait Guettard lui laissaient espérer une admission prochaine dans la savante compagnie. Le 18 mai 1768, à la suite d'un décès, l'Académie élut exceptionnellement deux sujets pour remplir la place d'adjoint chimiste, Lavoisier et l'ingénieur des Mines G. Jars. Lavoisier fut chargé de nombreux rapports dès son entrée à l'Académie, où il devait rapidement gravir les échelons successifs de la hiérarchie.
Appuyé par un ami de la famille, La Galaizière, intendant de la Lorraine, Lavoisier entra dans la Ferme générale en qualité d'adjoint du vieux fermier général François Baudon, qui, en 1768, lui céda un tiers de sa part, moyennant un apport de 520 000 livres. En 1771, Lavoisier fit porter à la moitié sa part, qui devint entière à la mort de Baudon 1779. Lavoisier débuta à la Ferme sous les ordres de Jacques Paulze, directeur de la Commission du tabac, et remplit au début les fonctions d'inspecteur régional. Dans ses déplacements, il tenait un journal de voyage et un registre de notes géologiques avec le même souci d'observation que s'il eût encore accompagné Guettard.
Apprécié de Paulze, il épousa en 1771 sa fille, Marie-Anne-Pierrette, qui poursuivit ses études afin de devenir sa collaboratrice, et n'eut pas d'enfant.
En 1772, le père de Lavoisier acquit un office de conseiller secrétaire du roi, maison, finances et couronne de France, qui, avec le titre d'écuyer, transmettait la noblesse héréditaire.
En 1775, Turgot créa la Régie des poudres et salpêtres. Nommé l'un des quatre régisseurs, Lavoisier vint habiter à l'Arsenal, où le laboratoire qu'il installa devint le rendez-vous des chimistes.
Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10951#forumpost10951

Posté le : 06/05/2016 18:47
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Antoine Lavoisier 2
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne

Les grands travaux scientifiques

En 1768, il entreprit d'approfondir la nature des quatre éléments considérés depuis l'Antiquité comme porteurs d'une réalité inaccessible à l'analyse scientifique : la terre, l'eau, l'air et le feu.
Certes, les chimistes contemporains utilisaient déjà la balance, car depuis la diffusion de la mécanique newtonienne tous connaissaient le principe de la conservation de la matière, que personne n'avait éprouvé le besoin de formuler explicitement ; mais, comme en dehors des essais sur les métaux précieux la chimie n'avait pas dépassé le stade d'une analyse qualitative imprécise, la pesée ne faisait pas partie des manipulations systématiques. Lavoisier, qui sa vie durant devait rechercher la précision en toute chose, aborda ce problème avec le souci de suivre par la pesée les modifications qu'entraînaient toutes les manipulations. Son attention se porta en premier lieu sur les expériences par lesquelles on avait prétendu prouver la possibilité de changer l'eau en terre. En observant le développement d'un végétal dans un vase empli de terre simplement arrosée, Van Helmont avait cru pouvoir conclure que l'eau devait se changer en terre pour former la masse de ce végétal. Boyle avait abouti à la même conclusion, après avoir constaté qu'une once d'eau distillée deux cents fois dans un vase finissait par y laisser six drachmes de terre. Lavoisier répéta l'expérience dans un pélican de verre hermétiquement clos et pesé à l'avance, dans lequel il maintint l'eau en ébullition durant cent jours. Il constata que le poids total du système n'avait pas varié et que la quantité de matière terreuse passée à la longue en dissolution ou en suspension dans l'eau avait un poids égal à celui perdu par le pélican.
Lavoisier s'intéressa ensuite aux problèmes de saturation des phosphates, à l'étude des sels magnésiens, du bleu de Prusse, de l'acide spathique et de l'acide citrique. Son attention ayant été attirée en 1772 sur les nouveaux « airs » découverts par Joseph Priestley, il décida d'étudier ces « airs » et les phénomènes de la combustion. Commençant par répéter les expériences de ses prédécesseurs, il fut dès l'abord frappé par l'augmentation du poids des métaux par la calcination. Cette constatation lui ayant montré l'inutilité de recourir à la théorie du phlogistique cf. CHIMIE-Histoire, il fit part de ses idées dans deux articles anonymes publiés dans le Journal de physique en octobre 1773 et en mars 1774. En janvier 1774, il fit paraître sous son nom le premier tome des Opuscules physiques et chimiques, dans lesquels il faisait l'historique des « émanations élastiques qui se dégagent des corps pendant la combustion, pendant la fermentation et pendant les effervescences » et exposait de « nouvelles recherches sur l'existence d'un fluide élastique fixé (acide carbonique) dans quelques substances et sur les phénomènes qui résultent de son dégagement ou de sa fixation ». Priestley, de passage à Paris en octobre 1774, annonça à Lavoisier qu'en chauffant sur une cuve à mercure le précipité per se (oxyde mercurique rouge), au moyen des rayons solaires concentrés par une forte lentille, il venait d'obtenir ce qu'il appelait l'« air déphlogistiqué ». Lavoisier refit l'expérience et fut le premier à comprendre que l'air privé de phlogistique était en réalité un « air » particulier. Il venait de découvrir que l'air de l'atmosphère était un mélange de deux gaz différents : l'air vital, l'oxygène et la mofette (l'azote), le phlogistique n'ayant rien à voir dans sa composition.
Les expériences ultérieures de Lavoisier établirent le rôle de l'air vital dans la formation de l'acide phosphorique et de l'acide sulfurique, ce qui l'amena à lui donner en 1779 le nom de principe oxigine, qu'il écrira plus tard principe oxigène (oxus, acide), au sens de principe acidifiant. Cette conception trop absolue le conduisit à méconnaître la nature de l'acide muriatique (acide chlorhydrique) et surtout celle du chlore qu'il considérait, non comme le radical de l'acide muriatique, mais, au contraire, comme de l'acide muriatique oxygéné.
Dans toute combustion, reconnut Lavoisier, il y a dégagement de la matière du feu et de la lumière. La théorie du phlogistique reposait sur ce fait exact qu'il se perd quelque chose dans les réactions chimiques, notamment dans la combustion et l'oxydation, mais ce quelque chose n'est pas de la matière pesante, c'est de la chaleur. Lavoisier fut ainsi conduit à se représenter la chaleur comme un fluide igné, constituant la matière commune du feu, de la chaleur et de la lumière, qu'il appela le calorique. De même que le rôle de l'eau est double, suivant qu'il s'agit de l'eau de combinaison ou de l'eau de dissolution, il convient, écrivait-il, de distinguer dans les corps le feu de dissolution, c'est-à-dire le feu libre, celui qui se borne à élever la température des corps, et le feu de combinaison. Presque tous les corps, ajoutait-il, peuvent exister dans trois états différents : l'état solide, l'état liquide, l'état d'« air » ou de vapeur, tous trois ne dépendant que de la quantité plus ou moins grande de la matière du feu dont les corps sont pénétrés et avec laquelle ils sont combinés.
La théorie de la formation des acides amenait Lavoisier à supposer que la combustion de l'air inflammable (hydrogène), isolé en 1766 par Cavendish, devait produire un acide. Déconcerté par les premiers résultats, il fit construire deux caisses pneumatiques, afin de pouvoir expérimenter en grand avec précision. Le 24 juin 1783, dans son laboratoire de l'Arsenal, il combina dans une cloche l'air déphlogistiqué et l'air inflammable tiré du fer par l'acide vitriolique. L'opération produisit de l'eau pure, qui ne rougissait pas la teinture de tournesol. Lavoisier en conclut que l'eau n'est pas une substance simple et qu'elle est composée d'air inflammable et d'air vital. En juillet suivant, l'Académie royale des sciences nomma Lavoisier l'un des commissaires chargés d'examiner une machine aérostatique inventée par C. et R. Montgolfier. La question provoqua des recherches sur la préparation en grande quantité de l'hydrogène en faisant passer de l'eau sur du fer rougi et conduisit Lavoisier aux expériences sur la décomposition et la recomposition de l'eau, qu'il réalisa en février et mars 1785. En avril suivant, Berthollet annonça à l'Académie qu'il abandonnait la théorie du phlogistique et se rangeait aux idées de Lavoisier.
Dans la connaissance des composés organiques, Lavoisier fit un premier pas par ses idées sur le rôle de l'oxygène dans la génération des acides organiques. Il constata la fixation de l'oxygène sur le sucre, dans la formation de l'acide oxalique au moyen de l'acide nitrique. Étudiant la fermentation du vin, il reconnut la décomposition du sucre : une portion du carbone se transforme en acide carbonique, tandis que l'autre, unie à l'hydrogène et à l'eau ajoutée, constitue l'alcool. En 1787, Berthollet découvrit que l'azote était le principal constituant de l'ammoniaque, de l'acide prussique et des matières animales. Cette découverte ruinait les théories animistes et montrait définitivement que les êtres vivants ne formaient pas un domaine différent du reste de la nature, vérité qu'avait pressentie Lavoisier en étudiant la respiration et la chaleur animales.
Lorsque, en 1776, il avait repris les expériences sur les faits signalés par Priestley, Lavoisier avait constaté à son tour que l'air privé d'oxygène par l'oxydation du mercure était devenu aussi méphitique que l'air altéré par la respiration d'un moineau et dont il avait absorbé l'acide carbonique par la potasse. Après avoir reconstitué l'air primitif en ajoutant l'oxygène disparu à la première mofette provenant de l'oxydation du mercure et à la seconde mofette provenant de la respiration animale, il avait constaté que dans les deux cas cet air permettait aussi bien d'entretenir la combustion que la vie animale. Les relations entre l'air, l'oxygène et l'acide carbonique dans la respiration étant établies, restaient à comprendre l'action de l'oxygène sur l'être vivant et l'origine de l'acide carbonique. L'analogie avec la couleur des oxydes de mercure et de plomb amena Lavoisier à attribuer la coloration rouge du sang artériel à l'absorption d'oxygène. Il compara la chaleur animale à celle des combustions vives, estimant que l'air fournissait l'oxygène et la chaleur, tandis que le sang véhiculait le combustible, restitué incessamment par les aliments. En 1783, il reprit la question avec Laplace. Tous deux mesurèrent les effets de la respiration d'un cochon d'Inde, qu'ils comparèrent à la combustion d'une bougie, en utilisant une balance et un calorimètre. « Lorsqu'un animal est dans un état permanent et tranquille, de telle sorte qu'après plusieurs heures le système animal n'éprouve point de variation sensible, la conservation de la chaleur animale est due au moins en grande partie, conclurent-ils, à la chaleur que produit la combinaison de l'oxygène respiré avec la base de l'air fixe que le sang lui fournit. » La respiration, signala Lavoisier, est l'origine d'une combustion lente, analogue à celle du charbon. À partir de 1789, il poursuivit avec son élève, Armand Seguin, l'étude de la respiration et de la transpiration. Dans le prix sur la nutrition proposé en 1793 par l'Académie des sciences, il dressa un programme de recherches sur la chimie physiologique en demandant l'étude des fonctions du foie.
Dès son arrivée à la Régie des poudres, Lavoisier s'était préoccupé d'améliorer et d'accroître la fabrication du salpêtre, afin de supprimer les importations considérables de ce produit venant de l'Inde. Sous son impulsion, plusieurs mémoires furent publiés et l'on perfectionna les procédés de raffinage lavage à froid du salpêtre brut. La production française de salpêtre doubla de 1776 à 1788 et permit d'approvisionner l'armée américaine. Le jeune Éleuthère Irénée Du Pont de Nemours, fils du physiocrate, que Lavoisier forma en 1788 à l'Arsenal, compléta ses connaissances à la poudrerie d'Essonnes, acquérant ainsi la spécialisation qui lui permettra de monter, en 1804, à Wilmington Delaware, une poudrerie appelée à un très grand avenir.

La méthode de nomenclature chimique

Louis-Bernard Guyton de Morveau, avocat général au parlement de Bourgogne de 1762 à 1782, avait appris la chimie dans les livres de P. J. Macquer et s'était fait un nom par le cours de chimie qu'il professait à Dijon, ainsi que par ses découvertes : propriétés désinfectantes du chlore, emploi du blanc de zinc dans la peinture... Chargé par un éditeur de rédiger le Dictionnaire de chimie pour la collection de l'Encyclopédie méthodique, Guyton ressentit l'intérêt de mettre un peu d'ordre dans le fatras de faits à exposer. Vers 1760, on ne connaissait encore que six acides, deux « terres solubles », onze substances métalliques et une trentaine de sels. Certains composés des métaux étaient désignés par référence aux dieux de l'Antiquité : Vénus (cuivre), Mars (fer), Jupiter (étain). Les autres produits chimiques avaient reçu un nom qui rappelait leur aspect, l'une de leurs propriétés, leur origine ou leur inventeur, ainsi huile de vitriol (acide sulfurique), huile de tartre par défaillance (potasse mélangée de carbonate de potassium), laine philosophique (oxyde de zinc), sel sédatif (acide borique), sel d'yeux d'écrevisses (acétate de calcium), sel d'Epsom (carbonate de magnésium), liqueur fumante de Libavius (chlorure stannique), sel de Seignette (tartrate de sodium). La découverte de nouveaux corps depuis 1766 avait provoqué une inflation de synonymes, qui causait une énorme confusion : le gaz carbonique, par exemple, appelé esprit sauvage par Van Helmont, avait reçu près d'une vingtaine de dénominations. Cette anarchie était encore accrue par les noms du commerce, les droguistes appelant couperose verte le vitriol de Mars et couperose blanche le vitriol de zinc. Pour limiter l'étendue de ce désordre, des chimistes frappés par l'emploi du terme générique de chaux (oxydes) et s'inspirant des méthodes de classification des naturalistes, avaient groupé certains composés que rapproche une parenté évidente, tels les sels d'un même acide, et formé la classe des vitriols et celle des nitres. Dans un Mémoire sur les dénominations chimiques, la nécessité d'en perfectionner le système, et les règles pour y parvenir, publié en mai 1782 dans le Journal de physique, Guyton posa les cinq règles fondamentales du langage chimique rationnel :
– Chaque substance doit avoir un nom et ne pas être désignée par une circonlocution.
– Le nom d'un composé chimique doit en évoquer les constituants et le caractériser sans rappeler le nom de l'inventeur (en application des deux premières règles, « sel marin à base de terre pesante » devenait muriate de barote, « sel de succin retiré par la cristallisation » était à remplacer par acide succinique cristallisé, « sucre de Saturne » par acétate de plomb, « lune cornée » par muriate d'argent.
– Toute substance de composition incertaine doit recevoir une dénomination ne signifiant rien, plutôt qu'une autre pouvant exprimer une idée fausse ainsi Bergman conseillait de désigner l'air essentiel à la respiration par l'expression d'air sain ou d'air pur, au lieu d'air déphlogistiqué, «jusqu'à ce que l'on ait pleinement éclairci les faits qui semblent y annoncer la présence du phlogistique .
– Les termes nouveaux sont à former d'après des racines prises dans les langues mortes les plus généralement répandues, c'est-à-dire le grec ou le latin cette règle avait conduit Guyton à proposer d'appeler barote la terre du spath pesant, d'après barus, lourd.
– Enfin les noms doivent être assortis au génie de chaque langue (dans le tableau qui terminait son Mémoire, Guyton donnait une liste des termes proposés, groupés par famille de corps.
Malgré ses contacts avec Lavoisier, au cours de deux séjours à Paris en 1775 et 1779, Guyton était resté partisan de la théorie du phlogistique, d'après laquelle il écrivit le premier demi-volume du Dictionnaire de chimie paru le 8 mai 1786. En décembre suivant, Guyton partit pour Paris, où il demeura huit mois. C'est alors qu'il se convertit à la nouvelle doctrine (exposée dans le deuxième demi-volume du Dictionnaire de chimie publié le 23 novembre 1789 et qu'avec Lavoisier, Berthollet et de Fourcroy il mit au point la nomenclature chimique. Sa nomenclature de 1782 fut conservée à quelques retouches près. Un genre unique, le masculin, fut adopté pour les noms de corps simples, manganèse, molybdène, platine et tungstène cessant d'être féminins. Barote fut remplacé par baryte, répondant mieux à l'étymologie. L'innovation la plus importante fut la création de trois noms pour les corps étudiés par Lavoisier : oxygène, hydrogène, azote, qui se prêtaient aisément à la dérivation en verbes et substantifs. Sous l'influence de Lavoisier, des suffixes en -ate, -ite, -ique furent adoptés pour les corps de même nature ; vitriols, acètes, borax, proposés en 1782 par Guyton, devinrent sulfates, acétates, borates. Le 18 avril 1787, Lavoisier lut à l'Académie royale des sciences son Mémoire sur la nécessité de réformer et de perfectionner la nomenclature chimique, où il plaçait l'œuvre entreprise avec les trois autres chimistes sous le patronage de Condillac et exposait la philosophie suivie pour établir la nomenclature. Les corps simples, c'est-à-dire ceux qui n'ont pu jusqu'à présent être décomposés, ou éléments, sont divisés en cinq classes. La première classe comprend ceux qui paraissent approcher le plus près de l'état de simplicité : lumière, calorique, oxygène, hydrogène, azote. Viennent ensuite la deuxième classe (vingt-cinq bases acidifiables), la troisième (dix-sept substances métalliques), la quatrième (cinq terres) et la cinquième (trois alkalis). Le tableau de la nomenclature dispose ces cinq classes en colonnes : colonne I (substances non décomposées) au regard de laquelle les nouveaux noms proposés pour les combinaisons se répartissent en colonnes II (substances mises à l'état de gaz par le calorique), III (substances combinées avec l'oxygène), IV (substances oxygénées gazeuses, suivies à partir de l'arsenic par les oxydes avec diverses bases), V (substances oxygénées avec bases) et VI (substances combinées sans être portées à l'état d'acide). Au bas du tableau sont indiquées les dénominations appropriées de diverses substances plus composées et qui se combinent sans décomposition (muqueux, gluten, sucre, amidon, huile fixe, huile volatile, arôme, résine, extractif, extracto-résineux, résino-extractif, fécule, acohol, savon). Dans son mémoire du 18 avril 1787, Lavoisier avait notamment écrit : « Il est temps de débarrasser la chimie des obstacles de toute espèce qui retardent ses progrès, d'y introduire un véritable esprit d'analyse, et nous avons suffisamment établi que c'était par le perfectionnement du langage que cette réforme devait être opérée. Nous sommes bien éloignés sans doute de connaître tout l'ensemble, toutes les parties de la science ; on doit donc s'attendre qu'une nomenclature nouvelle, avec quelque soin qu'elle soit faite, sera loin de son état de perfection ; mais pourvu qu'elle ait été entreprise sur de bons principes, pourvu que ce soit une méthode de nommer, plutôt qu'une nomenclature, elle s'adaptera naturellement aux travaux qui seront faits dans la suite ; elle marquera d'avance la place et le nom des nouvelles substances qui pourront être découvertes et elle n'exigera que quelques réformes locales et particulières. » Le 5 mai 1787, J.-H. Hassenfratz et P.-A. Adet, élèves de Lavoisier, présentèrent à l'Académie un Mémoire sur les nouveaux symboles établis en accord avec la nomenclature. Dans son Rapport sur les nouveaux caractères chimiques lu le 27 juin suivant, Lavoisier donnait les indications suivantes, révélatrices de ce fait que, malgré son génie, il ne pouvait penser qu'en homme du XVIIIe siècle : « Tous les corps de la nature sont solides, liquides ou aériformes suivant le degré de chaleur auquel on les expose. Il est donc nécessaire de distinguer dans toute espèce de gaz le calorique qui fait office de dissolvant et la substance qui lui est unie, et qui lui sert de base. L'air vital a donc sa base, et c'est à cette base que nous donnons le nom d'oxygène. Nous distinguons également la base du gaz inflammable, et c'est elle que nous désignons par le mot d'hydrogène. Nous ne dirons donc pas que l'air vital se combine avec les métaux pour former les chaux métalliques ; cette manière de nous énoncer ne serait pas suffisamment exacte ; mais nous dirons que, lorsqu'un métal est élevé à un certain degré de température, lorsque ses molécules ont été écartées jusqu'à un certain point les unes des autres par la chaleur et que leur attraction a été suffisamment diminuée, il devient susceptible de décomposer l'air vital, d'enlever sa base, c'est-à-dire l'oxygène, au calorique et qu'alors ce dernier devient libre. » L'ensemble de ces mémoires fut imprimé en août 1787 sous le titre : Méthode de nomenclature proposée par MM. de Morveau, Lavoisier, Bertholet [sic] et Fourcroy. On y a joint un nouveau système de caractères chimiques, adaptés à cette nomenclature par MM. Hassenfratz et Adet. Lavoisier remania son mémoire sur la nomenclature pour former le discours préliminaire du Traité élémentaire de chimie présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes, publié en 1789.

L'agronome et l'économiste

L'expérience agronomique que Lavoisier tira de l'exploitation de ses propriétés, dont il pesa la production, lui valut de faire partie, de 1785 à 1787, du Comité d'agriculture, où il se lia avec le physiocrate Pierre-Samuel Dupont et présenta plusieurs mémoires sur le parcage des bêtes à laine, sur les fumiers et sur le trèfle. Dans ce domaine de la chimie agricole, son œuvre devait être reprise et poursuivie par Jean-Baptiste Boussingault (1802-1887).
Quoique noble, Lavoisier représenta en 1787 l'électorat de Romorantin dans l'ordre du tiers à l'assemblée provinciale de l'Orléanais. Il rédigea plusieurs rapports copieux pour le Bureau du bien public et de l'agriculture. Au sujet de la corvée, dont il avait souligné le caractère d'injustice au Comité d'agriculture, il proposa d'abolir les privilèges de la noblesse et de faire payer la prestation par les inscrits aux rôles des vingtièmes. À propos de l'agriculture, il insista sur l'état d'insalubrité de la Sologne. Traitant du commerce et de l'industrie, il demanda le remplacement des droits frappant les marchandises par un abonnement de la province. Enfin, il préconisa la création à Orléans d'une caisse d'épargne du peuple alimentée par des versements destinés à procurer une rente viagère à l'âge de soixante ans. Ces rapports montrent que Lavoisier partageait encore les illusions de Charles-Alexandre de Calonne sur la possibilité de faire adopter des réformes par la noblesse et le clergé.
En mars 1789, à Blois, après avoir été rejeté par le tiers état du bailliage, il fut accueilli par la noblesse qui l'élut député suppléant aux états généraux. La question des assignats retint d'autant plus son attention qu'il faisait partie de la Caisse d'escompte. À la Société de 1789, réunissant des partisans de la monarchie constitutionnelle, il lut, le 29 août 1790, des Réflexions sur les assignats et sur la liquidation de la dette. Estimant à 2 milliards de livres le numéraire existant en France, à 1 800 millions les domaines nationaux susceptibles d'être mis en vente, il considérait, compte tenu des assignats déjà émis et du déficit prévisible sur les rentrées d'impôts, que l'émission du solde des assignats pourrait tout au plus atteindre le milliard, à condition d'être faite lentement.
Le 15 mars 1791, Lavoisier présenta à la Constituante un mémoire sur la richesse territoriale de la France, où il chiffrait le produit national net, en vue de situer la limite de la ponction fiscale tolérable, car pour lui « ce n'est pas aux prétendues nécessités des États que l'impôt doit être proportionné, mais à leur richesse disponible ». Ce qu'il appelait produit national net correspondait à la notion physiocratique d'une seule catégorie de revenus, celle des propriétaires du sol. Afin de déterminer le revenu territorial convertible en argent, qui totalise ce que consommaient les Français, Lavoisier commença par différencier les consommateurs par sexe, groupe d'âge, habitat (citadins ou ruraux) et profession, en se fondant sur les travaux démographiques de Moheau et de La Michaudière. Une vaste enquête sur les budgets familiaux d'après les statistiques de la Ferme générale et les observations des curés de campagne lui avait permis d'estimer les dépenses des ménages des villes et des campagnes. Il recoupa cette estimation par comparaison avec la paie du soldat, supposée égale à la consommation moyenne de l'homme adulte ; il trouva que la consommation individuelle moyenne atteignait 110 livres par an et correspondait à 2 750 millions de livres pour une population de 25 millions d'habitants. Le revenu net du royaume, représenté par la valeur des céréales consommées, s'élevait à 1 200 millions de livres, lorsque le blé valait deux sols la livre, mais devait être abaissé à 1 milliard pour tenir compte des prix réels du blé, du seigle et de l'orge. Lavoisier considérait que l'imposition foncière, fixée au sixième par la Constituante, ne pourrait dépasser 210 millions de livres, soit 30 millions de moins que prévu. Le mémoire de Lavoisier se terminait par des tableaux détaillés concernant la répartition de la population, le cheptel, la consommation de céréales, de viande et de vin, la surface des cultures. Sa qualité valut à son auteur d'être nommé l'un des six commissaires de la Trésorerie nationale. Dans cette branche de l'économie politique, Lavoisier apparaît, de même qu'en chimie agricole et en physiologie, comme un précurseur sans disciples.

Les autres travaux scientifiques

Le 17 décembre 1788, Lavoisier lut à l'Académie des sciences des observations générales sur les couches modernes horizontales ; il y formula la théorie géologique du « profil limite » dans les régions côtières.
Ses nombreux rapports à l'Académie, quel qu'en soit le sujet, sont remarquables par la rigueur du raisonnement et la qualité du style au service d'une pensée sans cesse en alerte devant l'étendue des faits restant à étudier. Le souci de la précision, qu'il apportait en toute chose, le conduisit, par exemple, à déplorer l'absence de nivellement de précision. « Nous n'avons point encore un nivellement exact depuis Paris jusqu'à l'océan, déclarait-il. Ce serait une entreprise bien digne des ingénieurs des Ponts et Chaussées et qui serait très utile pour la physique. On varie sur cette hauteur depuis 42 pieds jusqu'à 180. » Cette réflexion lui était inspirée par sa participation à la commission des poids et mesures de l'Académie, chargée de définir les bases du système métrique. Son travail le plus notable en ce domaine consista, en janvier 1793, à déterminer avec R. J. Haüy la valeur de la nouvelle unité de masse, le grave (appelé kilogramme par la suite) ; leur résultat était approché à 1/20 000 près par défaut. Les documents qui subsistent révèlent que Lavoisier n'avait pas la même conception de l'étalon de masse sous l'Ancien Régime que la plupart des autres physiciens. Pour lui, l'étalon était le marc creux (demi-livre) de la pile de Charlemagne, actuellement au C.N.A.M., et non la pile considérée d'ordinaire comme pesant exactement 50 marcs. Les discussions provoquées par cette divergence d'interprétation amenèrent Lefèvre-Gineau à reprendre la détermination en 1799.
La suppression des Académies, décrétée le 8 août 1793 par la Convention, précéda de peu la fin de l'activité scientifique de Lavoisier, marquée par son emprisonnement le 28 novembre 1793 en même temps que ses anciens collègues de la Ferme. Les lettres qu'il recevait l'avaient rendu suspect bien avant la loi du 17 septembre 1793. Le gouvernement révolutionnaire considérait avec quelque raison les fermiers généraux comme des ennemis de la République, qui devaient être guillotinés le 19 floréal an II 8 mai 1794. Le partisan de la monarchie constitutionnelle qu'était Lavoisier portait, sans s'en rendre compte, quelques-unes des contradictions fondamentales de son époque de transition brutale. Par son activité à la Ferme, il avait été l'un des soutiens financiers de l'Ancien Régime, alors que, par ses travaux de laboratoire, il faisait progresser la science et contribuait par là même à l'avènement au pouvoir de la grande bourgeoisie. Mais il saisissait imparfaitement le sens des événements qu'il vivait. Cette incompréhension donne un caractère dramatique au mouvement dialectique de l'histoire et confère au destin de l'illustre chimiste sa grandeur tragique. Arthur

Célébration

Son nom est inscrit sur la tour Eiffel, façade Trocadéro, il est, en outre, représenté sur l'hôtel de ville de la capitale.
En 1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Lavoisier à un cratère lunaire.
Hommage du sculpteur Dalou au penseur qu'incarne Lavoisier, réalisé soixante douze ans après la mort de celui-ci.
Lavoisier représenté par Jacques Léonard Maillet en 1853 parmi les Hommes illustres dans la cour Napoléon du Louvre.
Principaux écrits de Lavoisier

Géologie

Instruction sur l'établissement des nitrières et sur la fabrication du salpêtre, Imprimerie Royale, Paris, 1777, 83 p.
Avec J. E. Guettard, Description de deux mines de charbon de terre: situées au pied des montagnes de Voyes, l'une en Franche-Comté, l'autre en Alsace, avec quelques expériences sur le charbon qu'on en tire., Académie des sciences, Paris, 1778, 7 p.
Avec J. E. Guettard & B. G. Sage, Analyse de l'eau du lac asphaltite. Lu le 23 Juillet 1778., Académie des sciences, Paris, 1778, 4 p.
L'art de fabriquer le salin et la potasse, publié par ordre du Roi, par les régisseurs-généraux des Poudres & Salpêtres, Paris, 1779.

Thermique

Avec P. S. Laplace, Mémoire sur la chaleur, in Mémoires de l'Académie des sciences, p. 355–408, Académie des sciences, Paris, 1780.
Avec J. B. Le Roy, Rapport fait à l'Académie des sciences, sur la machine aérostatique, Académie des sciences, Paris, 1783, 27 p.
Avec P. S. Laplace, Mémoire contenant les expériences faites sur la chaleur, pendant l'hiver de 1783 à 1784, par P. S. de Laplace & A. K. Lavoisier, 1792.

Chimie

Opuscules physiques et chimiques, Durand, Didot & Esprit, Paris, 1774.
Mémoire sur l'existence de l'air dans l'acide nitreux, et sur les moyens de décomposer & de recomposer cet acide, Académie des sciences, Paris, 1776, 10 p.
Sur la nature du principe qui se combine avec les métaux pendant leur calcination et augmente leur poids., Académie des sciences, Paris, 26 avril 1775.
Sur la combustion en général, Académie des sciences, Paris, 1778.
Considérations générales sur la nature des acides, Académie des sciences, Paris, 1778.
De l'action du feu animé par l'air vital, sur les substances minérales les plus réfractaires, Académie des sciences, Paris, 1785.
rééd. in F. L. Ehrmann, Essai d'un art de fusion à l'aide de l'air du feu ou air vital, Cuchet, Paris, 1787.
Avec L. B. Guyton de Morveau, C. L. Berthollet & A. F. Fourcroy, Méthode de nomenclature chimique, Cuchet, Paris, 1787.
Avec A. F. Fourcroy, L. B. Guyton de Morveau, Cadet, Baumé, d'Arcet & Sage, Nomenclature chimique, ou synonymie ancienne et moderne, pour servir à l'intelligence des auteurs., Cuchet, Paris, 1789.
Traité élémentaire de chimie, présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes, vol. I & II, Cuchet, Paris, 1789, rééd., Cultures et Civilisations, Bruxelles, 1965.

Économie

Notes pour servir de supplément au rapport des commissaires de l'Académie royale des sciences sur un projet d'établissement de nouvelles prisons, Académie des sciences, Paris, 1770.
Instruction sur les moyens de suppléer à la disette des fourrages, et d’augmenter la subsistance des bestiaux, Supplément à l’instruction sur les moyens de pourvoir à la disette des fourrages, publiée par ordre du Roi le 31 mai 1785, Conseil d'État, Paris, 1785, in-4°, 16 p.
Instruction sur le parcage des bêtes à laine, Imprimerie Royale, Paris, 1785, 19 p.
Réflexions sur les assignats & sur la liquidation de la dette exigible ou arriérée lue à la Société de 1789, Clousier, Paris, 29 août 1790, 35 p.
Idées de circonstance soumises à la Société de 1789 par un de ses membres, Postillon impr., Paris, 14 janvier 1791, 8
De la richesse territoriale du royaume de France, Assemblée constituante, Paris, 1791, 66 p.,
rééd. in coll. Mélanges d'éçonomie politique, Guillaumin & cie., Paris, 1847.
De l'état des finances de France, au premier janvier 1792, Du Pont, Paris, 1791, 90 p.
Rapport des commissaires réviseurs des trois compagnies de finances, aux représentans du peuple chargés de surveiller leurs travaux et lu aux Comités des finances et de comptabilité, Convention nationale, Paris, 1794, 187 p.

Posthumes

Dir. Delagrange, Collection de divers ouvrages d'arithmétique politique, CC. Corancez & Rœderer impr., Paris, 1796.
Préf. Veuve Lavoisier, Mémoires de physique et de chimie, 1805.
C. Potelet, Catalogue de livres faisant partie de la bibliothèque de feu Madame Lavoisier, comtesse de Rumford, Galliot lib., Paris, 1836, 56 p.
Misc. in G. Bertrand & A. Léveillé, Catalogue de l'exposition à l'occasion du deuième centenaire de Lavoisier, Palais de la découverte, Paris, novembre 1943-janvier 1944.
M. Sadoun-Goupil & P. Bret, dir. R. Fric, préf. L. de Broglie, Correspondance, vol. I-VI, Albin Michel, Paris, 1955.
M. Goupil, préf. A. Horeau, Oeuvres de Lavoisier: correspondance., Comité Lavoisier de l'Académie des sciences, Paris, 1986.
Dir. Pietro Corsi & Patrice Bret, Œuvres complètes d'Antoine Lavoisier en ligne, CRHST CNRS, Paris, 2003
.


Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Posté le : 06/05/2016 18:46

Edité par Loriane sur 07-05-2016 15:03:07
Edité par Loriane sur 07-05-2016 15:04:11
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Les fermiers guillotinés 1
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Le 8 mai 1794 28 fermiers généraux, récolteurs d'impôt guillotinés,


ils payèrent de leur vie sur l'échafaud, la colère que leur rôle fit naître dans le peuple. la question reste posée de savoir si le procès qu'on leur fit visait des individus ou bien essentiellement l'institution à laquelle ils appartenaient.
Après la suppression de la Ferme en 1791 une commission composée de 6 fermiers et assistés de trois adjoints fut chargée de clôturer les comptes. Les difficultés de liquidation furent immenses. Le bail avait été résilié avec effet rétroactif au 1er juillet 1789, extraire des comptes les sommes comptabilisées jusqu'en avril 1791 était déjà chose quasi impossible, de plus la commission ne disposait pas de toutes les pièces.
Écrivains et historiens n'ont cessé, depuis le XVIIIe siècle, de dénoncer les tares de la Ferme générale. L'étude objective de l'institution n'est pas encore terminée. La tâche n'est, en effet, pas aisée. La dispersion des archives de la Ferme au début de la Révolution, la persécution, puis l'exécution de vingt-huit fermiers généraux parmi lesquels Lavoisier les 1er et 3 floréal 20-22 avril 1794 sont autant d'éléments qui multiplient les difficultés matérielles et intellectuelles d'une recherche déjà difficile en soi. Les abus du système d'affermage d'impôts et de l'inévitable instauration d'une para-administration particulièrement efficace sont évidents. Mais aucune étude historique n'est valable si elle se contente d'être structurelle. Or, la Ferme générale et le milieu social qui en est le support ont singulièrement évolué. Elle n'existe en tant que telle qu'à partir de 1680 bail Fauconnet. Bien plus, son organisation définitive ne se met en place que vers 1725-1726. Étroitement surveillée par le contrôle général des Finances et par la Cour, la Ferme, devenue un rouage essentiel de l'État, se transforme en une administration de moins en moins abusive. Parallèlement se constate un changement analogue du milieu humain. Aux traitants de l'époque de Turcaret succèdent les Lavoisier ou les La Popelinière. Les quarante rois non couronnés de la France se situent à l'un des tournants de l'évolution de la société française ; la civilisation du XVIIIe siècle leur doit quelques-uns de ses traits les plus distinctifs.

Des écrits hostiles

Cahiers de doléances, œuvres littéraires, pamphlets politiques n'ont cessé d'exprimer, tout au long du siècle des Lumières, des sentiments de haine à l'encontre des fermiers généraux. Le cahier de Salmonville-la-Rivière (Rouen) donne le ton : « Ce sont les sangsues de l'État. C'est une vermine qui le dévore, c'est une peste qui l'infecte. Nous supplions très humblement Sa Majesté de nous en délivrer pour toujours et d'exterminer tellement les racines de cette pernicieuse plante qu'elle ne repousse jamais. » M. Marion citait, voici longtemps, le cahier de Menetou-Couture (Bourges). Il demande « l'abolition entière des fermes, qui ne contribuent qu'à enrichir une vingtaine d'hommes de la fortune desquels on ne parle que par millions qu'ils gagnent sur les fermes et qui, en ruinant les peuples, ne contribuent en rien au soulagement de l'État ». Le marquis de Mirabeau ne dit pas autre chose dans sa Théorie de l'impôt. Pour lui, il n'est qu'une seule réforme nécessaire et suffisante : la suppression de la Ferme. Il est inutile d'allonger la liste des « anti-financiers » (Darigrand, 1764), tant ce genre de littérature a proliféré.

L'élaboration du système

Fermes et fermiers, traitants et partisans avant 1680
L'explication de l'affermage des impôts réside dans l'histoire même de la monarchie française. L'incapacité d'admettre la légitimité de l'impôt, inhérente à la mentalité du Moyen Âge français, a provoqué la mise en place d'une fiscalité directe à la fois fragmentaire, hypocrite et toujours en retard sur les besoins. Il était commode de disposer à date fixe de sommes prévisibles levées par des compagnies financières ou par des banquiers.
Dans le monde rural français, le vocabulaire du fermage apparaît au XIIIe siècle (1260, Bretagne). Au cours des périodes de reconstruction du paysage agricole pendant et après la guerre de Cent Ans, noblesse et bourgeoisie ont mis au point un procédé de gestion remplaçant la gestion directe : la ferme générale d'une terre ou d'une seigneurie. L'État devait reprendre ce moyen d'action (1508 : premier affermage des aides). D'autre part, le coût croissant des guerres força les rois de France à contracter des emprunts, principalement auprès des banquiers italiens et allemands. Le remboursement étant rien moins qu'assuré, les taux d'intérêts étaient exorbitants et les prêts s'accompagnaient de prises de gages. Puis, il s'avéra plus sûr de remplacer la prise de gages par un système de levées. L'exemple venait d'Italie où États-villes et principautés urbaines utilisaient ce type de procédé, d'ailleurs hérité de l'Empire romain. François Ier n'a fait que généraliser des méthodes déjà usuelles dès l'époque de Charles VII. Au XVIe siècle, la place de Lyon, lieu de rencontre des banquiers italiens ou allemands, fournit aux Valois les prêts de 1517, 1544, 1551 ; en 1555, se constitue le « grand parti », syndicat financier italien. La catastrophe financière de 1559 ne retarde guère l'évolution en cours. Les banquiers étrangers dominent encore en France jusqu'au début du règne de Louis XIV, mais partisans et traitants français renforcent leurs positions. Sully, plus ou moins prisonnier des Rambouillet, Zamet et Moysset, réserve les fermes aux Français. En 1604, Jean de Moysset prend la ferme des gabelles, la ferme générale des aides et les cinq grosses fermes créées en 1584. L'influence de ses successeurs croît proportionnellement aux dépenses de guerre. Les anticipations étant devenues avec les assignations le moyen de gouvernement par excellence, un Gondi, un Herwart (qui devient contrôleur général), un Jabach, un Fouquet occupent les premières places de l'État. La participation de Mazarin aux prêts usuraires de Fouquet préfigure le système des « croupes » (intérêt versé par les fermiers généraux à leurs prêteurs) du XVIIIe siècle. Face aux abus, la royauté ne peut réagir qu'épisodiquement : arrestation de Fouquet et condamnation par la Chambre de justice (nov. 1661-juill. 1665). Louis XIV reconnaît lui-même : « Je voulus rebailler mes fermes qui, jusqu'alors, n'avaient pas été portées à leur juste prix, et afin d'éviter les fraudes [...] je me trouvai moi-même aux enchères » (Mémoires). La « remise en ordre » des finances tentée par Colbert repose, pour une part, sur l'augmentation des impôts indirects, donc sur un contrôle plus poussé des activités des fermiers. En 1669, il regroupe sous le nom de « fermes unies » gabelles, aides et les cinq grosses fermes. Il fallut encore une bonne décennie pour aboutir au premier bail « général », le bail Fauconnet de 1680.

La période de transition 1680-1726

L'examen des actes de société passés devant notaires révèle l'étonnante imbrication des intérêts de la bourgeoisie financière parisienne avec ceux des milieux d'affaires provinciaux. Les diverses sociétés affer mantes, organisées comme de véritables sociétés par actions, ce dès la fin du XVIIe siècle, sont dirigées par un petit nombre d'hommes, souvent issus des milieux des miseurs municipaux et des manieurs d'argent de l'État.

Pourtant, les guerres de la fin du règne de Louis XIV mirent souvent les sociétés fermières en difficulté. De 1680 à 1696, le taux nominal du produit de la Ferme se maintient encore autour de 63 millions de livres. Mais le bail Templier se solde par un revenu d'à peine 50 millions. De cette époque date la terrible réputation des « partisans ». Les réussites fort inégales des traitants expliquent leur impitoyable dureté. Pour les adversaires de Law, la condition même de sa chute est de s'emparer du bastion majeur qu'était la Ferme. Elle fait partie de l'« anti-système », qui s'oppose au nouveau système.

La Ferme générale au XVIIIe siècle 1726-1789

Après 1726, la Ferme générale a acquis ses caractéristiques quasi définitives. La réforme de 1780 n'apporte que des transformations de second plan. La Ferme est devenue une organisation gigantesque de 20 000 à 25 000 agents réguliers. Ce corps se recrute essentiellement parmi les anciens soldats : vers 1770, un cinquième des gardes provient de l'armée. En 1789, les Fermes rapporteraient environ 250 millions de livres sur un total de 475 millions ( ?) de recettes budgétaires. Dans l'ensemble, les fermes auraient fourni la moitié des revenus de l'État, la Ferme générale à elle seule le tiers. Les baux sont renouvelés tous les six ans, le prête-nom servant de couverture aux cautionnaires qui sont les quarante fermiers généraux. Inamovibles, « quasi-fonctionnaires » (Marion), ils ne peuvent prétendre à ce titre qu'après avoir franchi les obstacles du contrôle général, des futurs collègues et du système des croupes, le vrai scandale du système résidant en ce dernier obstacle. Très vite, la croupe devient la contrepartie des trafics d'influence. Procédé d'enrichissement rapide, elle a pu être aussi un moyen de surveillance. Elle rendait, en effet, la fraude sur les bénéfices presque impossible. Quant au contrôleur général, il touche un pot-de-vin unique de 300 000 livres (suivant les usages notariaux de l'époque), transformé ultérieurement en une gratification annuelle de 50 000 livres.
Les fermiers généraux, dont le nombre passe en 1756 de 40 à 60, étaient entourés de 27 adjoints, de 25 régisseurs généraux et de 19 administrateurs de domaines. Necker démembre la Ferme générale en 1780 : de ce fait, le nombre des fermiers généraux est ramené à 40, plus « 25 intéressés de la deuxième et troisième compagnie ». La rémunération du fermier général est double. Elle consiste d'abord dans des revenus fixes garantis par l'État : 10 p. 100 sur le premier million du cautionnement et 6 p. 100 sur le reste (soit 100 000 livres avant 1768, 133 600 livres après cette date). S'y ajoutent 24 000 livres de « fixe », 4 200 livres de frais de bureau, 1 500 livres d'indemnité pour les fermiers en tournée de contrôle dans les provinces, soit au total un peu plus de 160 000 livres. La réforme de 1786 ne réduit ce premier type de revenu que dans des proportions assez limitées. Il est bien évident, cependant, que l'essentiel de la rémunération provient d'une autre source, d'autant que ce fixe est pratiquement absorbé, et au-delà, par les croupes. Il n'est pourtant pas possible de calculer d'une manière précise les dividendes rapportés par l'exploitation fiscale du pays. D'après La Forbonnais, le bénéfice moyen s'élevait, vers le milieu du XVIIIe siècle, de 30 à 35 p. 100 du capital. « Les moindres affaires rendent 25 p. 100, il y en a qui rendent de 60 à 90 p. 100. » Il paraît certain que ces chiffres ont été largement dépassés au cours de la première moitié du siècle ; il est probable que le revenu a nettement diminué après 1750.
La Ferme générale est donc une véritable institution d'État. Dans la liste d'attribution publiée par l'Almanach royal, la « direction générale de toutes les fermes du Roi » est du ressort du contrôleur général. Elle figure au troisième rang, après le trésor royal, les parties casuelles, avant le clergé ! La Ferme est la para-administration qui compte le plus d'employés. Ceux-ci sont les « para-fonctionnaires » les plus favorisés de l'Ancien Régime. La Ferme établit en 1768 le premier système cohérent de retraites pour ses agents âgés, blessés ou infirmes. Elle prélève, suivant l'importance du salaire, 2, 3 ou 4 deniers par livre et y ajoute une somme équivalente, de manière à créer un fonds de retraite. La Ferme veille jalousement sur la qualité du recrutement de ses commis, surtout pour les agents du domaine et des droits domaniaux. Cette qualité était plus difficile à maintenir lors du recrutement des agents chargés de la répression des fraudes sur la gabelle. Mais tous les témoignages impartiaux, tel celui de Mollien, insistent sur la compétence et l'humanité de la plupart des commis. Leur sinistre réputation est injustifiée.
Quatre noms résument et symbolisent les confluences sociales que permet la Ferme : Mme de Pompadour, Helvétius, La Popelinière et Lavoisier.
Fille d'un ancien commis des frères Pâris (eux-mêmes fermiers généraux), Jeanne Antoinette Poisson épouse Lenormand d'Etioles, neveu de fermier général et fermier général lui-même. A-t-elle été l'instrument des Pâris contre le contrôleur général Orry ? L'ascension sociale d'Helvétius n'est pas moins typique, celui qui fut l'un des plus jeunes fermiers généraux (à vingt-trois ans, en 1738) l'est devenu grâce au système des croupes, c'est-à-dire, en l'occurrence, par l'influence de la reine Marie Leczinska. Le salon de Mme d'Helvétius est fréquenté par Duclos, d'Alembert, d'Holbach, l'abbé Raynal, Marmontel, Grimm, ainsi que par des politiques comme Chamfort, Condorcet et Turgot. Quant à Alexandre Le Riche de La Popelinière, son orchestre privé est dirigé par Rameau, puis par Gossec et Stamitz ! Couperin le Grand fréquente la luxueuse maison d'Auteuil et lui dédie une pièce-portrait au clavecin.
Le plus célèbre, cependant, des fermiers généraux est Lavoisier. Par son mariage, il entre dans la famille du futur contrôleur général, l'abbé Terray. En 1774, il devient lui-même fermier général. En 1775, Turgot lui confie la régie des Salpêtres. Les bénéfices de sa charge lui permettent de consacrer quelque 10 000 livres par an à ses expériences de laboratoire, somme énorme pour l'époque. Grâce à ce qui subsiste de sa fortune, il peut faire figure de financier du parti des Girondins.
L'ancienne France est, à bien des égards, la France de la Ferme générale. Au-delà de la puissance de l'institution, ces hommes comptent parmi les plus remarquables que ce pays ait produits. Leurs détracteurs, passés ou présents, l'oublient trop facilement. La Ferme générale, qui a longtemps été l'un des piliers de l'Ancien Régime, n'a pas été étrangère à sa chute. Le prix des baux est allé sans cesse croissant. Quelle a été la profondeur de la désaffection qui en a, incontestablement, résulté ? Protecteurs des philosophes, plus ou moins philosophes eux-mêmes, nombre de fermiers ont été, très tôt, des réformateurs (modérés) en puissance. Et, surtout, la réforme de Necker a profondément affecté l'ensemble des fermiers généraux. Il n'est pas sûr que les critiques n'aient eu raison sur l'essentiel. Ainsi, la Ferme générale a cessé d'être un recours obligatoire de l'État. De 1780 à 1789, quelques-uns d'entre eux ont fait partie de ce « mur d'argent » auquel se sont heurtés Necker et Calonne. D'autres sont restés neutres. Mais cette neutralité même est nouvelle, et préjudiciable à l'État. Ambiguïté presque normale aux yeux de l'historien : la Ferme, fondée sur d'évidents abus, a été aussi la citadelle du ferment intellectuel qui a mis en cause les abus même dont elle vivait. Jean Meyer

La Ferme générale

La Ferme générale est la jouissance d'une partie des revenus du roi, consenti par ce dernier, sous certaines conditions, à un adjudicataire dont les cautions forment la Compagnie des fermiers généraux. Créée par Louis XIV, à l'initiative de Colbert en 1680, l'institution avait pour vocation de prendre en charge la recette de tous les impôts indirects, droits de douanes, droits d'enregistrement et produits domaniaux. Par extension la Ferme Générale est le corps de financiers qui prend à ferme les revenus du roi ; ils ne sont donc pas de simples banquiers. La Ferme n'assura pleinement l'ensemble de ces fonctions qu'entre 1726 et 1790.
Les dirigeants et actionnaires de cette compagnie financière chargés du recouvrement de l'impôt sont appelés les fermiers généraux.
L'établissement de la Ferme générale est l'aboutissement d'un mouvement de concentration qui avait commencé sous le règne d'Henri IV. À l'origine les fermes étaient très morcelées Chaque nature de taxes faisait l'objet d'un bail distinct par province, bailliage voire prévôté. Tout était amodié jusqu'au revenu des cures et des greffes de tabellion. Du fait de cet émiettement, le pouvoir royal n'était pas à même d'apprécier à la valeur de ce qu'il amodiait. Les baux étaient le plus souvent consentis pour des prix dérisoires et les adjudicataires réalisaient des bénéfices énormes. Par ailleurs, le plus souvent, pour ne pas avoir les soucis de la gestion, ils rétrocédaient le bail à des sous fermiers dans des conditions financières beaucoup plus exigeantes, qui pour s'assurer un bénéfice appliquaient les tarifs avec une extrême rigueur et souvent excès qui a grandement contribué à l'impopularité de l'institution.
C'est pour mettre un terme à ces abus et permettre au trésor royal des rentrées plus substantielles, que Sully s'attache à partir de 1599 au regroupement des fermes qui aboutira en 1604.
À partir des années 1670, s'amorce un mouvement de regroupement des baux consentis antérieurement qui débouche sur l'acte fondateur de la Ferme Générale en mai 1680. Par un arrêt du Conseil du Roi du 20 juin 1680 un bail unique est consenti au sieur Fauconnet. Ce bail marque le début véritable de la Ferme Générale, quand bien même, a peine consenti il est remis en question. En mars 1693, en effet, l'édit qui soumet tous les actes notariés à la formalité de l’enregistrement dans les 15 jours de leur rédaction et qui est l’acte fondateur de tous les dispositifs suivants de taxation des faits juridiques débouche sur un bail distinct de la ferme. Le besoin de compétences et de connaissance juridique pour exercer cet office conduit à en confier la gestion à une ferme particulière Bail Augustin Bonnel du 1er mars 1693. En 1705, les droits d’insinuation et de contrôle sont réunis dans un bail unique Bail Chaplet de 1705. Cette fusion donne naissance à l’administration de l’enregistrement, qui ne relèvera de la Ferme Générale qu’à partir de 1726.
Les difficultés récurrentes du Trésor Royal et les expédients mis en œuvre par Louis XIV pour trouver des ressources immédiates, débouchèrent sur une période confuse jusqu'à la fin du règne. Le système recommença à fonctionner avec la Compagnie des Indes, mais la banqueroute de Law, puis la faillite de la Compagnie amenèrent la royauté à constituer de nouvelles régies distinctes.
En 1726 le Cardinal Fleury rétabli le bail unique au profit de la Ferme qui fonctionnera dans ce cadre jusqu'en 1780.
En 1780 Necker démembre la Ferme générale qui ne conserve que la perception des traites, des gabelles et des produits du tabac.
Les Aides et Traites intérieures sont abolies en octobre 1790 et la gabelle le 20 mars 1791, de facto la Régie des Aides et la Ferme générale n'existent plus.
Trois ans plus tard, s'ensuivit une série de procès et d'exécutions.
Principes généraux d'assiette et de recouvrement de l'impôt sous l'Ancien Régime;

La fiscalité de l'Ancien Régime

A Bas les Impôts !
Elle comporte trois grandes catégories d'impôts, par ailleurs sont rattachés à la fiscalité les produits de la vente des monopoles, notamment les tabacs et les produits de la gestion dues Domaines.

Les impôts directs

Essentiellement La Taille, la Capitation et le Vingtième
La taille royale, qui se stabilise au début du XIV e comprend la Taille personnelle et le taille réelle. La Taille personnelle est le droit commun. elle est réputée frapper l'ensemble du revenu, quel qu'en soit l'origine. Seuls les roturiers et les serfs payait cet impôt. Les nobles et les ecclésiastiques en étaient exemptés. Il existait de nombreuse exceptions personnelles pour les roturiers exerçant des fonctions royales ou réelles comme pour la plus part des villes du royaume. En fait la Taille personnelle frappait essentiellement le monde rural, fermiers et cultivateurs.
La taille réelle frappait les revenus des immeubles. Les biens d'église et les biens nobles en étaient exemptés, mais un bien roturier entre les mains d'un noble ou d'un prélat demeurait imposable. Moins injuste que la Taille personnelle elle était mieux acceptée.
La capitation et le vingtième sont des impôts extraordinaires créés à la fin du règne de Louis XIV et sous Louis XV pour faire face aux dépenses de la Guerre de Sept Ans, en principe temporaires ils devinrent rapidement perpétuel et demeurèrent jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. À l'origine ces impôts devaient frapper tous les ressortissants du Royaume. Le clergé racheta sa contribution à la capitation à titre définitif en 1710 moyennant uns somme de 24 millions, la noblesse obtenait le plus souvent des décharges ou des réductions et les agents du recouvrement ne mettait pas beaucoup d'énergie pour faire rentrer leurs cotes. Dans un système ainsi biaisé, la capitation devint rapidement un supplément qui ne frappait pratiquement que les taillables.
Ces impôts directs, particulièrement contestables dans leur répartition ont concentré tous les mécontentements et sont à la base du rejet de l'impôt jusque dans la période moderne. Faute d'un interlocuteur clair pour porter ces critiques, c'est sur la Ferme qu'elles se cristalliseront, quand bien même elle n'a jamais participé à leur recouvrement.

L'imposition des faits juridiques

L’Ancien Régime est à la base de la création de l’administration de l’enregistrement, qui constituera le modèle des futures administrations financières.
En mars 1693, Louis XIV, soumet par un édit, tous les actes notariés à la formalité de l’enregistrement dans les 15 jours de leur rédaction.
C’est l’acte fondateur de tous les dispositifs suivants de taxation des faits juridiques.
Le préposé tient un registre coté et paraphé par le juge. L’enregistrement est une analyse sommaire de l’acte ; le contrôleur paraphe chaque feuillet et y mentionne les N° de volume, de la page et de l’article du registre sur lequel il a procédé à l’enregistrement. Ces mentions doivent être reproduites par le notaire sur la grosse et les expéditions qu’il délivre.
La Régie de l’Enregistrement, puis la Direction Générale des impôts, fonctionneront sur ces bases jusques en 1970.
Cette régie particulière fut distincte de la Ferme Générale jusques en 1726. Entre 1726 et 1780. Elle est partie intégrante des attributions de la Ferme mais fait l'objet, jusqu'en 1756 Bail Henriet d'un sous affermage par généralités à diverses compagnies. Elle ne redevient autonome qu'avec la réforme de Necker. Outre les revenus des domaines et le recettes des bois, elle gérait les droits sur les immeubles et les actes qui y sont relatifs, droits de contrôle, d'insinuation et centième denier droits de franc-fief, droits d'hypothèques les droits de formules timbres et exploit, les perceptions opérées sur les jugements et actes judiciaires petit-scel et amendes et elle assurait la gestion des abonnements

Les impôts indirects

Ils sont le cœur des attributions de la Ferme. À l'exception des Aides qui firent l'objet de sous-fermes jusqu'en 1756 ; les gabelles et traites et droits d'entrées sur Paris furent depuis 1681 toujours gérées directement par la compagnie des fermiers généraux.

Les Aides

Il s'agit des droits indirects sur la circulation des produits, des droits sur la vente en gros, et la vente au détail, des droits de péage ou de rivière et des droits joints à la ferme des aides, poinçons, marques diverses, formules sur les papiers et parchemins Même en cette matière, les privilèges étaient nombreux les nobles étaient dispensés des droits de gros, l’église n'était pas imposé sur les productions des biens d'église et bon nombre d'officiers royaux bénéficiaient d'exemptions ou de privilèges divers. Par ailleurs l'application des droits n'étaient pas uniforme dans toute les Généralités ou Pays d'élection Les aides proprement dites ne se levaient que dans le ressort des cours des Aides de Paris et de Rouen, dans les autres parties du royaume existaient des impôts semblables avec d'autres taux et une autre assiette. Il en résultait une grande complexité et un contentieux particulièrement abondant.

La Gabelle

Carte des Gabelles en 1780 issue d'un compte-rendu établi Necker
C'est à l'origine un impôt de consommation sur divers produits alimentaires (vin, huile etc. qui en définitive deviendra un impôt sur la vente de sel monopolisée par l'état. Cet impôt variait encore plus que tous les autres dans son assiette et dans son application géographique. Certaines provinces en étaient exemptées, soit parce qu'au moment de leur annexion dans le royaume, elles avaient négocié le maintien de leur franchise, c'est notamment le cas de la Bretagne, des Flandres, de l'Artois, l'Alsace ou encore du Béarn, soit parce que, d'abord soumise à la Gabelle, elles avaient acheté leur affranchissement moyennent une grosse somme d'argent. Il s'agit des Pays Rédimés.

S'agissant des pays imposables on distinguait les Pays de Grande Gabelle et les Pays de Petite Gabelle.
Dans les Pays de Grande Gabelle le commerce du sel n'était pas libre et sa consommation était, en certains lieux, obligatoire, chaque chef de famille devait acheter au grenier à sel une quantité minimum que l'on appelait le devoir de gabelle ou sel de devoir qui ne pouvait être employé que pour le pot ou la salière. Pour tous les autres usages et notamment les salaisons, il fallait acheter d'autre sel, sauf à démonter que la quantité de sel de devoir était supérieure aux besoins de la famille.
En 1769,les pays de grande gabelle comprenaient 250 greniers à sel dont 179 de ventes volontaires, 34 de ventes forcées et 37 mixtes dont certaines paroisses relevaient de 'un ou l'autre régime Cette différence de régime concernait essentiellement les paroisses frontalières des pays exemptés ou proches du bord de mer ne laissait aucune espérance de consommation dans les greniers, s'ils eussent été de ventes volontaires ; l'impôt y a pourvu.
Dans les Pays de petite Gabelle10, la vente du sel n'était pas libre et ne pouvait se faire que par le grenier à sel de la ferme. le prix était supérieur au prix marchand mais moins élevé que dans les pays de grande gabelle. Par contre la consommation était libre. il existait au moins quatre tarifs différents auxquels s'ajoutaient des taxes annexes diverses, variables selon les pays.
Dans un mémoire à l'assemblée des notables de 1787 on peut lire un impôt, si considérable dans sa quantité, qu'il excède les produits des deux vingtième ; si disproportionné dans sa distribution qu'il fait payer dans une province vingt fois plus qu'on ne paye dans une autre ; si rigoureux dans sa perception que son seul nom inspire l'effroi, un impôt qui frappant une denrée de première nécessité pèse sur le pauvre presque autant que sur le riche, et qui par l'attrait violent qu'il présente à la contrebande, fait condamner, tous les ans, à la chaîne ou à la prison plus de cinq cents chefs de famille et accumule plus de 4000 saisies par années : tels sont les traits qui caractérisent la gabelle
Les notables, assemblés en 1787, ont condamné la gabelle« la gabelle est jugée. Son régime est décidé de nature si défectueuse qu'il n'est pas susceptible de réforme. Les réformes proposées par Calonne échouent et entraînent sa disgrâce et le rappel de Necker qui renoue avec les méthodes financières traditionnelles, il ne peut s'opposer à la suppression de la gabelle en mars 1790 mais en désaccord avec l'assemblée constituante et doit démissionner, sur l'instigation de Mirabeau le 3 septembre 1790

Les Traites

Les traites sont l'équivalent des droits de Douanes mais elles s'appliquaient non seulement aux frontières du royaume mais encore à l'intérieur de celui ci, de province à province, voire de ville à ville.
Ce système particulièrement lourd avait déjà été vivement critiqué par Vauban dès 1698 Car il faut parler à tant de bureaux pour transporter les denrées, non seulement d'une province ou d'un pays à un autre, par exemple de Bretagne en Normandie, ce qui rend les Français étrangers aux Français même, contre les principes de la vraie politique qui conspire toujours à conserver une certaine uniformité entre les sujets qui les attache plus fortement au Prince, mais encore d'un lieu à un autre dans la même province
Il était le fruit d'une lente construction historique, avec au départ pour objectif de d'éviter l'exportation de leur lieu de production des produits de première nécessité, mais rapidement les préoccupations fiscales prirent le dessus, en 1621 Louis XIII crée le regroupement des cinq grosses fermes, toutes les provinces qui n'avaient pas fait le choix de ce rattachement au royaume furent réputées étrangères. En définitive sous le règne de Louis XV on distingue trois catégories de Province :
Les cinq grosses fermes dans l'enceinte desquelles Colbert avait fait supprimer la quasi totalité des droits levés précédemment
Les Provinces réputées étrangères qui n'avaient pas accepté le tarif établi par Colbert en 1664, elles payaient les droits de douanes selon les tarifs des coutumes antérieures, entre elles et à l'intérieur de chacune d'elle où subsistaient de nombreux péages locaux. Elles payaient en outre les droits de douanes pour le commerce avec les cinq grosses fermes et l’étranger
Les provinces traitées comme pays étrangers. Il s'agit des trois dernières provinces rattachées à la France :
L'Alsace
les Trois Évêchés
La Lorraine Ces provinces commerçaient librement avec l'étranger et pour le commerce avec le reste du royaume payaient les mêmes droits que les provinces réputées étrangères.

Lire la suite - > http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10949#forumpost10949

Posté le : 06/05/2016 17:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Les fermiers guillotinés 2
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57687
Hors Ligne
Les modalités de recouvrement

Sous l'Ancien Régime, l'organisation d'une administration d'état, chargée d'encaisser les revenus et les impôts royaux n'était pas concevable. quatre modes principaux de recouvrement existaient:
L'Office
La Régie
La Ferme
L'Abonnement
Les Offices
Un office est dans la France du bas Moyen Âge et de l'époque moderne, une charge personnelle octroyée par un souverain ou un seigneur à un individu ; il s'agit d'une véritable délégation de pouvoir de la part du détenteur de la souveraineté. Charles Loyseau, juriste français du xvie siècle, définit l'office comme une dignité avec fonction publique ordinaire. L'office constitue jusqu'au XVIIIe siècle la base de fonctionnement de l'administration publique, notamment dans les domaines de la justice et de la finance. Le titulaire de l'office est appelé officier. Il doit, en échange de la dignité que lui confère l'office et les gages qui lui sont rattachés, accomplir un service administratif.
Les officiers du Roi étaient, des employés indépendants qui tant qu'ils respectaient les règlements définissant leurs fonctions et leurs devoirs, étaient totalement libres de conduire leur office comme ils l'entendaient, avec conscience ou nonchalance, directement ou par l'intermédiaire de préposés qu'ils rémunéraient.
Le paiement du prix de leur office tenait lieu de brevet de compétences. À l'origine l'office est concédé gratuitement par le roi,mais rapidement le système débouche sur la vénalité des offices 1522, création du Bureau des Parties Casuelles, puis ils deviennent héréditaires 1604 Edit de la Paulette
L'affermage pouvait répondre à ces inconvénients, à condition d'être consenti à des compagnies financières suffisamment structurées et disposant d'une surface financière suffisante, pour faire face aux avances, gérer les services de recouvrement, recruter du personnel, organiser leur formation et contrôler leur activité.
Les difficultés récurrentes du Trésor Royal et les expédients mis en œuvre par Louis XIV pour trouver des ressources immédiates, débouchèrent sur une période confuse et une multiplication des offices de toute nature pour trouver des ressources immédiates jusqu'à la fin du règne.

La Régie Recouvrement des impôts directs

Seuls les impôts de répartition comme la Capitation ou la Taille faisaient l'objet d'une collecte directe et étaient au demeurant très impopulaires.
Dans le cadre de la Régie, les titulaires ne perçoivent que la rémunération prévue au contrat, les éventuels bénéfices restent la propriété du propriétaire de la chose mise en régie, à moins qu'il ne soit prévue qu'outre les émoluments prévus ils perçoivent une part des bénéfices Régie intéressée
Le produit attendu était fixé par le roi, puis décliné au niveau des généralités et des élections la composant, une fois validé il était transmis aux élus de chaque élection. Ces derniers en répartissaient le montant entre chaque paroisse de l'élection où la répartition était effectuée par des répartiteurs élus par les contribuables eux mêmes . L'arbitraire le plus grand régnait à tous les niveaux de la répartition.

Les autres impôts

Dans la période difficile du début du XVIIIe, les baux à ferme ne trouvent plus preneur, voire les baux en cours sont largement déficitaires et sont de fait transformés en régies. Avec la réforme Necker, une nouvelle forme de délégation se met en place, l’Administration Générale des Domaines et Droits domaniaux, et La Régie Générale des Aides fonctionnent sous le statut de régie intéressée.
S'agissant, à titre d'exemple, de l' Administration des Domaines.chacun des 30 administrateurs formant la compagnie apporte au capital un sol de 366 000 livres et verse au Trésor un cautionnement d’un million de livres. Chaque administrateur perçoit une rémunération fixe de 28 000 livres par sol, et en intérêts du cautionnement 5 % sur 800 000 livres 7 % sur les 200 000 livres supplémentaires. Au titre de l’intéressement, la Compagnie percevait au-delà d’un produit net de 42 millions un bénéfice égal à 25 % du bénéfice supplémentaire dont le montant était réparti au prorata des sols, il fut de 18 000 livres par sol en 1781, 28 000 en 1782, vraisemblablement près de 50 000 livres en 1783.
Dans cette configuration, l'adjudicataire ne supporte pas les risques mais ne reçoit que 25 % des rentrées supplémentaires au-delà de la somme prévue au bail. Cette organisation s’approche de la délégation de service public contemporaine où l'État confie à un organisme privé des missions relevant d'un service public.
En 1783 la Ferme Générale est également à compter du 1er janvier 1784 transformée en régie intéressée, mais cet arrêté qui entraîne la chute du contrôleur Général Henri Lefèvre d'Ormesson est rapportée dès la prise de fonction de Calonne son successeur ;

La Ferme

L'affermage trouve son origine dans la ferme des prévôts.
On adjugeait déjà, sous Philippe Auguste, à une personne, pour un temps déterminé et pour une certaine somme le droit de percevoir tous les revenus de la couronne de la prévôté et l'adjudicataire, pour le temps du bail était nommé prévôt.
Les fermes furent, à l'origine, très morcelées. Chaque nature de revenus ou de taxes faisait l'objet d'un bail particulier par province et plus fréquemment par bailliage et même prévôté. Ce morcellement ne permettait pas au concédant d'avoir une exacte appréciation de la valeur des revenus qu'il concédait. Concédé le plus souvent pour des prix dérisoires, les baux généraient des bénéfices énormes. Le plus souvent rétrocédés à des sous-fermiers, pour des prix largement supérieurs, ils conduisaient ces derniers à une application intransigeante et souvent excessive des tarifs.
À partir de 1598 Sully s'attache à regrouper les Fermes . Il n'aboutira à un bail unique qu'au 1er octobre 1604. Le nouvel acquéreur, Charles du Ham, se fit adjuger le bail pour 5 années au prix annuel de 670 000 livres. Par comparaison la somme des baux de l'année 1605 représentait à peine plus de 100 000 livres.En 1607, il promulgue un Règlement Général sur les traites pour tenter d'harmoniser les procédures.
Dans le même temps, il cherche à constituer l'ensemble du royaume en un unique territoire douanier et somme, mais sans succès, les provinces réputées étrangères de se réunir aux Cinq Grosses Fermes.

Cinq Grosses Fermes.

Les bases de la Ferme unique avaient été jetées par une série de textes pris à l’initiative de Colbert avec l'ordonnance de Louis XIV donnée en mai 1680, de juin 1680, l'ordonnance donnée à Versailles en juillet 1681 et le règlement du 25 juillet 1681.Cette série de textes se clôture par l'ordonnance de février 1687 sur le fait des cinq grosses fermes. Pour autant, ces dispositions d'une grande précision ne seront jamais totalement mises en œuvre en raison des difficultés récurrentes du Trésor Royal et des expédients mis en œuvre par Louis XIV pour trouver des ressources immédiates, qui débouchèrent sur une période confuse jusqu'à la fin du règne
L’Ancien Régime est à l’origine de tous les contrats publics et de toutes les formes de délégation. Contrainte par nécessité en raison de la faiblesse structurelle des rentrées fiscales pour faire face, le plus souvent dans l’urgence, aux besoins du trésor royal, la monarchie n’a pas d’autres solutions.
La délégation fiscale et domaniale est l’une d’entre elles. Elle consiste à vendre ou à louer la recette des impôts directs et indirects et les revenus du domaine royal. C’est la forme la plus encadrée juridiquement et la plus contrôlée en raison de son importance
L'affermage repose sur un bail, le roi concédait à un particulier, pour une durée limitée, le droit de recouvrer des impôts et d'en conserver le produit, moyennant le versement d'une somme d'argent, appelé prix du bail. Le Trésor acquérait ainsi une avance considérable de capitaux permettant de préparer le budget ou du moins les dépenses annuelles de l’État. Derrière le titulaire du bail, en fait un simple prête nom, rémunéré forfaitairement à ce titre par les actionnaires, le capital de la Compagnie, qui correspond au prix à verser au Trésor royal, est divisé en parts, les sols, dont les actionnaires doivent se libérer dans les délais prévus au contrat. Ils sont rémunérés par une rente sur le montant de ce capital. Le capital est garanti pour le Roi, l’adjudicataire supporte les aléas, mais conserve les produits de l'impôt perçus au-delà de la somme prévue au bail.
Ce système disparaît en 1780 pour l’Administration Générale des Domaines et Droits domaniaux, et La Régie Générale des Aides. Il devait en être de même au 1er janvier 1784 pour la Ferme Générale, mais l'arrêté du 24 octobre 1783 qui prévoyait cette mesure est rapporté avant sa mise en oeuvre.

L'Abonnement

L'abonnement est une convention qui a réduit à un prix certain et à une quantité fixe, des choses et des droits incertains 25 En matière fiscale le roi passait ainsi avec les pays d'états, certaines villes ou le clergé des contras par lesquels, pour une période donnée ou à perpétuité il abandonnait le produit d'un ou plusieurs impôts en contrepartie d'une somme soit globale, soit périodique. Ainsi en matière de Taille de nombreuses villes avaient acheté leur exemption au prix d'un abonnement pris sur les produits de leurs octrois, ce même certains pays d'État. Le clergé s'était déchargé de la capitation par un Traité d'abonnement du 17 avril 1710 moyennant le paiement, à titre d'exemption définitive de la somme de 24 millions de livres. L'abonnement ne concernait pas les impôts relevant de la Ferme, par contre, sous des conditions strictement encadrées par les ordonnances de 1680 et 1681, les fermiers peuvent consentir des abonnements avec les sous-fermiers.

La Ferme Générale entre 1680 et 1780 Les différents baux

Le bail est consenti à un fermier qui est un particulier au nom duquel le bail de la Ferme Générale est passé et dont les Fermiers généraux sont cautions pendant la durée du bail. Le nom de cet adjudicataire est le seul qui figure sur l'arrêt du conseil par lequel les nouveaux fermiers généraux sont mis en possession des fermes du roi. Cet arrêt est rendu le plus souvent un an ou six mois avant l'expiration du bail en cours. Il doit être revêtu de lettres patentes pour qu'il soit enregistré dans les cours souveraines et dans les juridictions auxquelles est attribué la connaissance des litiges relatifs aux droits des fermes. Tous les arrêts et jugements rendus sur les faits des fermes ne font état que de l'adjudicataire. Les actes judiciaires de toute nature sont passé en son nom et signifié à son domicile élu soit à l’hôtel des Fermes à Paris, soit en province dans tous les bureaux de perception. Par ce nom on entend l'ensemble de ses cautions ; il est collectif pour désigner le corps de la Ferme Générale ou la compagnie des fermiers généraux. L'adjudicataire est, généralement un homme de basse extraction,à titre d'exemple Girardin, adjudicataire en 1750, était le valet de chambre de Machault d'Arnouville. il n'est en définitive qu'un prête-nom et reçoit pour ses services un traitement annuel de 4 000 livres. Il n'exerce aucune fonction dans les bureaux de la Ferme. En dernier lieu, l'adjudicataire percevait un traitement de 6000 £ durant les six années du bail, puis un traitement de 300 £ les six années suivantes.
Le bail prévoit qu'aucune action ne pourra être intentée contre le Fermier au-delà du délai de deux ans après son expiration. Les action intentées en cours de bail ou dans le délai de 2 ans se prescrivent dans le délai de 10 ans, comme les actions entre particuliers. Il est dès lors déchargé, 10 ans après l'expiration du bail, de la garde et de la représentation des registres, sauf instance en cours d’instruction.
Les fermiers généraux sont, à l'origine bail Fauconnet au nombre de 40, ils peuvent consentir des sous-fermes. Le sous fermiers sont responsables devant eux. En 1756, lors de la constitution du bail Henriet, les sous-fermes furent interdites et le nombre d’administrateurs porté à 60.
Les modalités d'organisation des adjudications, déroulement des enchères, enregistrements des baux étaient très précisément réglées parle règlement du 25 juillet 1681, mais ces formalités tombèrent rapidement en désuétude. En fait, peu de personnes disposaient de la surface financière pour assumer la charge des baux, et dans la dernière année du bail en cours les Fermiers en place négociaient avec le Contrôleur Général des Finances les conditions d'un nouveau contrat sans qu'il soit besoin de formalités particulières.
Ce tableau des différents baux depuis 1680 est principalement issu d'un mémoire autographe de Lavoisier complété des éléments retiré de l'article Fermier Généraux du Répertoire Guyot .Il faut distinguer trois périodes distinctes, jusqu'en 1703 où la Ferme générale trouve son assise et développe ses activités, notamment en matière de tabac, mais à partir de 1691 les préoccupations du monarque ne sont plus dans l'organisation de la collecte de l'impôt . À partir de 1703 s'ouvre une période trouble qui fait suite aux difficultés rencontrées à partir de 1691 avec les conséquences des Guerres de Louis XIV. Entre 1703 et 1726, la situation est extrêmement confuse, les baux ne trouvent plus preneurs, certains doivent être transformés en Régie. La Banqueroute de Law et la faillite de la Compagnie des Indes rendent la gestion de l'impôt, même sous forme de Régie, impossible. La situation s'assainit enfin à partir de 1726 avec le bail Carlier.

Tableau des différents bau

1e année
Montant total de chaque bail

Livres Livres
1681-1687 Bail Fauconnet 26 juillet 1681 56 670 000 384 744 000
1687-1691 Baux Domergue et Charrière 18 mars 1687 63 000 000 378 000 000
1691-1697 Bail Pointeau 11 septembre 1691 61 000 000 315 316 583
1697-1703 Bail Templier 30 avril 1697 59 000 000 354 000 000
1703-1707 Bail Ferreau 18 août 1703 et 10 septembre 1707
1707-1713 Régie Isambert 4 septembre 1708 et renouvellement annuel
1713-1715 Régie Nerville 29 août et 9 décembre 1713
1715-1718 Baux Bonnet et Manis 25 juin et 5 octobre 1715 28 juin 1718
1718-1719 Bail Lambert 28 juin 1718 27 août 1719
1719- 1720 Bail Pillavoine 23 septembre 1719 5 septembre 1720
1721- 1726 Régie Cordier, Girard et Simon
et autres

11 septembre 1721 renouvelé annuellement


jusqu'au 1er octobre 1726

1721-1726 Bail rétroactif Bourgeois 10 septembre 1726 70 000 000 461 000 000
1726-1732 bail Carlier 20 août 1726 80 000 000 480 000 000
1732-1738 bail Desboves 9 septembre 1732 84 000 000 504 000 00030
1738-1744 bail Forceville 1er juillet 1738 91 083 000 546 498 000
1744-1750 bail La Rue 15 octobre 1743 92 000 000 552 000 000
1750-1756 bail Girardin et Bocquillon31 28 octobre 1749 et 6 mars 1751 102 765 000 616 590 000
1756-1762 bail Henriet 31 août 1756 110 000 000 660 000 000
1762-1768 bail Prévost 6 juillet 1762 124 000 000 744 000 000
1768-1774 bail Alaterre 24 novembre 1767 132 000 000 792 000 000
1774-1780 bail David 26 avril 1774 162 000 000 972 000 000
1780-1786 bail Salzard Nicolas Salzard 126 000 000 756 000 000
1787-1791 bail Mager Jean-Baptiste Mager 150 000 000 900 000 000

La période 1681 - 1703

Colbert est à l'origine du Bail unique, mais à partir de 1681 son influence est moins grande dans les décisions du roi. Il meurt en 1683 et ses successeurs n'auront plus la même place dans la conduite des affaires du royaume. À partir de 1667, Louis XIV s'est engagé dans une suite sans fin de guerre qui ne seront entrecoupées que de courtes périodes de paix. L'homme d'influence est désormais Louvois. La réorganisation de l'armée, le coût des différentes campagnes vont mettre le royaume au bord de la banqueroute. C'est la Ferme qui contribuera à prévenir une telle perspective. À l'expiration des baux Domergue et Charrière, pendant lesquelles les rentrées fiscales avaient beaucoup souffert des conséquences de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg, le Contrôleur Général des Finances, M. de Pontchartrain, convaincu que le seul moyen de rétablir la perception des droits et de s'assurer un crédit permanent, était de passer un seul bail de tous les droits que les deux compagnies avaient partagés entre 1687 et 1691, réunit les cautions des deux compagnies sous un seul bail consenti au nom de Pointeau. Ce bail se solda par plus de 50 millions de livres de pertes. Les fermiers avaient prévu cette situation et avaient, dés la signature, averti M. de Ponchartrain qu'ils ne pourraient en supporter le prix. Le Contrôleur Général consentit un bail aux conditions avantageuses et exigea néanmoins leur engagement en les assurant que le roi leur tiendrait compte des pertes subies. Cet engagement fut tenu et le déficit d'exploitation fut couvert par diverses ordonnances de comptant sur le Trésor Royal. Mais pour faire face à l'exploitation, les fermiers durent à plusieurs reprises recourir à l'emprunt au cours du bail. Dans les faits ce bail fonctionna comme une Régie, le Roi assumant les risques à la différence des baux à ferme. En fin de bail les fermiers touchèrent pour une gratification de 800 000 £ pour leurs peines et soins. C'est au cours de cette période que les règles d'administration de la Ferme se structurent, sur le plan de l'organisation des services centraux, des tournées de vérifications et la tenue de la comptabilité.
En 1697, avec les mêmes cautions, un nouveau bail fut passé au nom de Thomas Templier, au prix de 59 millions de livres par année en temps de guerre. Il comportait une clause particulière, en cas de retour de la paix : le bail ne devait pas subir de modifications quand bien même les augmentions d’impôts décidées en 1680 et 1681, notamment sur les papiers timbrés et le sel, cesseraient d'être perçues six mois après la signature de la Paix.
Ce bail connut des fortunes diverses. Quatre années de paix, deux de guerre avec la Guerre de succession d'Espagne en 1701. Les tabacs sont retirés de la Ferme et affermés séparément moyennant 1 500 000 £, le roi multiplie les créations d'offices particuliers en matière d'Aides et de Domaines, la sous régie consentie par les fermiers généraux ne peut plus faire face à ses engagements. Les cautions du bail Templier sont obligés de la mettre en surséance à hauteur de 2 400 000 £, l'augmentation des droits, notamment sur le sel, entraîna une chute considérable de la consommation ; à l'inverse, les droits sur les passeports et le droit de fret remis aux Hollandais affermé 1 600 000 £ en rapportèrent plus de 3 500 000 £. En fin de Bail, les fermiers reçurent à titre de gratification une somme globale de 2 millions de livres. Ils décidèrent qu'elle serait partagée, avec les autres bénéfices, entre toutes les cautions, leurs veuves ou héritier à proportion de part contributive et par part égale sur chaque année du bail. Cette mesure devient la règle et sera appliquée jusqu'en 1780.

1703 - 1726 : le désordre dans le recouvrement de l'impôt

A partie de 1703 s'ouvre une période grande confusion. Sur les dernières années du règne de Louis XIV, le difficultés financières du Trésor royal sont endémiques. Pour y faire face le monarque multiplie la création d'offices qui ne trouvent pas preneurs, résilie les baux en cours pour aliéner les droits dans certaine généralités en général pour une période de 10 ans parfois à perpétuité. Dans un tel contexte les baux de la Ferme Générale ne trouvent plus preneurs et dans les faits les bail Ferreau fonctionnera comme un régie et c'est ce dispositif qui sera mis en oeuvre pour les gestions d'Isambert et Nerville. Sur le plan de l'impôt le règne de Louis XIV s’achève sur une situation particulièrement dégradée.
Les baux suivants de 1714 à 1720 ne sont en fait que des régies, ils seront tous résiliés avant leur terme normal. Après la banqueroute de Law, le bail Pillavoine fut résilié.Il avait été consenti sous la caution de la Compagnie Perpétuelle des Indes, que Law avait entraîné dans sa chute. Entre 1721 et 1726, le recouvrement est éclaté entre plusieurs régies, dont les compétences varient tout au long de la période et dont il s'avéra au moment de la passation du bail Carlier impossible d'arrêter les comptes. Le Ministre prit alors la décision, unique dans l'histoire de la Ferme, de réunir toutes ces régies sous un seul bail rétroactif, dit bail des restes, qui fut consenti le 10 septembre 1726 à Louis Bourgeois pour un prix total de 461 000 000 pour la période du 1 octobre 1720 au 1er octobre 1726. Le bail des restes laissât aux fermiers un bénéfice de plus de 6 millions selon les indictions de Lavoisier
L'organisation de la Compagnie évolue peu au cours de cette période. Le seul changement d'importance est celui qui fut fait par la Compagnie des Indes, par sa délibération du 15 juin 1720, dans l’ordre de la comptabilité des provinces. À une centralisation par direction fut substituée une centralisation nationale pour chaque catégorie de droits. Des bureaux spécialisés furent créés à l’Hôtel des Fermes où chaque comptable envoyait, à la fin de chaque année, ses comptes et l'ensemble des pièces justificatives. Cette procédure permettait tout à la fois d'accélérer les opérations de centralisation et d'en sécuriser le contenu. À partir des différentes centralisations, il était établi une carte des produits nets qui était utilisée pour la détermination des prix des baux suivants. Ce dispositif a été mis en œuvre jusqu'à la fin de la Ferme Générale.

1726 - 1780 : La Ferme retrouve l'intégralité de ses compétences

Entre 1726 et 1780 la Ferme connait une évolution essentielle dans ses missions. Jusqu'en 1756 elle est avant tout une compagnie financière qui gère l'organisation, après cette date elle devient un rouage essentiel dans la gestion des besoins financiers du trésor royal.
Jusqu'en 1756, les avances au trésor sont en moyenne de 8 millions par an et le fonds que constituent les fermiers est essentiellement un fonds de roulement pour faire face aux premières dépenses. À partir de 1756 le fonds que constituent les fermiers est essentiellement constitué par les avances consenties au trésor royal. Avances qu'il ne pourra rembourser et qui passera de 60 millions en 1756 à 93,6 millions en 1774.

1726 - 1756 La Ferme gestionnaire de l'impôt et des monopoles

Le prix du bail Carlier fut porté à 80 millions, hors les produits du tabacs. C'est une évolution significative, les produits de même nature n'avaient jamais produit plus de 52 millions et étaient même tombés à 47 à la fin du règne de Louis XIV. Les fermiers de cette période sous affermaient les Aides et le Domaines et constituaient un fonds de roulement pour faire face aux frais de fonctionnement en attendant les premières rentrées. Ainsi le fonds d'avance du bail de Boquillon était de 26 millions, le quartier d'avance fourni par les sous-fermiers des aides et domaines montait à 7,883,000, en sorte que le fonds total mis en caisse était de 33,883,000, sur laquelle somme il devait être porté au Trésor royal, à titre de cautionnement du prix du bail, celle de 8 millions : il restait en caisse, pour les services et les besoins, 25,883,000 livres. 33 pour faire face, dans de meilleures conditions, à leur besoins de trésorerie, les fermiers recourent, dans des limites raisonnables, à l'emprunt par des billets à l'ordre du Receveur Général des Fermes .
Cette période se caractérise par une progression rapide des droits

1756 - 1780 Un rôle de gestionnaire, mais aussi de préteur du trésor royal

En 1755 la France entre dans la Guerre de Sept ans, les besoins du trésor pour la soutenir sont très important, il n'est pas envisageable de les couvrir intégralement par l'impôt. Le rôle de la Ferme change alors de dimension, elle n'est plus seulement gestionnaire de l'organisation des fermes, elle devient l'organisme préteur du trésor royal. Les négociations pour le nouveau bail conduites par M. de Séchelle, Contrôleur des Finances aboutissent à une construction radicalement différente:

Bail Henriet - 1756

Le nombre des fermiers est porté à 60
L'avance faite au trésor est porté de 8 à 60 millions
l'avance est remboursable par tranche de 6 millions annuels sur la durée du bail, le solde en fin de bail
Les sous-affermages sont désormais interdits
Ces clauses fragilise grandement la Ferme. Les fermiers avaient constitués un fonds de 60 millions par un apport individuel d'un million qui fut versé intégralement au trésor. La suppression su sous affermage les privait en outre du quartier d'avance environ 8 millions fourni par les sous fermiers des aides et du Domaine. Ils n'ont dès lors plus de fonds de roulement et durent recourir à l'emprunt à hauteur de 60 millions en 1756. Ils comptaient en réduire l'importance avec les remboursements annuels du trésor, mais celui-ci ne put faire face à ses engagements. Le moindre aléas dans la gestion ne pouvait qu’entraîner une banqueroute générale . Aussi un arrêt du 21 novembre 1759 ordonna la suspension du paiement des billets de la Ferme et leur réinscription sur les recettes générales des finances.
Cela étant les produits restèrent soutenus et laissât un bénéfice de 240 000 livres à chaque fermier général soit un bénéfice total de 14,4 millions de livres. Il aurait été supérieur en l'absence des opérations d'emprunts imposées par le gouvernement et de l'augmentations de 4 sols par livre du prix du tabac.

Bail Prévost 1762

Le bail Prévost, se déroule dans les mêmes conditions et les mêmes défaillances du trésor. Mais les recettes restent soutenues et la ferme prend des dispositions pour accélérer le recouvrement afin de diminuer le volume de ses emprunts. En définitive, selon Lavoisier, ce bail à donné un bénéfice de 332 000 livres à chaque fermier général, soit un bénéfice total de près de 20 millions de livres.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10948#forumpost10948

Posté le : 06/05/2016 17:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 136 137 138 (139) 140 141 142 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
80 Personne(s) en ligne (47 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 80

Plus ...