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Re: Défi du 14 mai 2016
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Histoire de château

Paul Dikkenek tape le point final de son roman. Un sentiment de profonde fierté l’envahit et un sourire niais naît sur son visage. Il clique sur la commande de l’imprimante de son ordinateur et les pages se mettent à sortir de l’appareil. C’est alors que sa tendre épouse Mélanie passe sa tête dans l’entrebâillement de la porte du bureau.
– Tu as fini ? J’ai besoin de toi.
– Pour sûr que j’ai fini ! Je viens de terminer mon chef d’œuvre.
– Ah oui, ta nouvelle…
– Cent cinquante-deux pages et demie, c’est une grosse nouvelle !
– Et j’espère que, comme celle de Jésus, elle est bonne… ta nouvelle…
– Arrête avec tes blagues à deux francs.
– On est passé à l’euro depuis longtemps.
– Tu ne te rends pas compte comment ça va changer notre vie !
– Ah non, en effet, je ne vois pas bien comment.
– Ecoute, là je vais envoyer mon manuscrit ou plutôt mon tapuscrit à un éditeur. Je suis persuadé qu’il sera emballé.
– Dans de l’aluminium ou du papier cadeau ?
– Tu n’es qu’une jalouse. Je te dis qu’il sera publié et que les lecteurs se l’arracheront dans les librairies.
– Ils devront s’arranger pour se partager les morceaux s’ils veulent comprendre l’histoire !
– Je serai invité au JT de Jean-Pierre Pernaut, j’enchaînerai les émissions de télévision. On m’appellera le nouvel Hugo !
– Rien que cela ! Tu pourras tenter d’approcher Arthur ? J’aimerais un autographe.
– Et comme mon œuvre sera traduite dans plusieurs langues, je toucherai le pactole en droits d’auteur.
– Je suis contente d’être mariée en régime de communauté.
– Besson me demandera pour en faire un film.
– Je veux bien un autographe de lui aussi.
– Je deviendrai millionnaire en quelques années.
– Ah, tout de même… le Lotto c’est parfois plus rapide.
– On pourra se payer des vacances dans les îles.
– Ben, on a déjà visité la Corse, Majorque et même l’Angleterre.
– Non, des îles tropicales !
– Avec des moustiques-tigres ? Trop picales pour moi ces îles…
– On fera construire une villa en Espagne pour profiter du soleil toute l’année et quitter la grisaille belge.
– Et pourquoi pas un château… en Espagne ?
– Mais bien sûr ! Tu as raison. Nous réaliserons nos rêves les plus fous comme aller dans l’espace.
– Oh oh ! Ne t’emballe pas. À ce train-là, ou plutôt à cette fusée-là, notre château, tu vas le construire sur Mars ! Tu sais… j’ai lu ton texte.
– Et alors ?
– Tu veux vraiment mon avis ?
– Oui, bien sûr.
– Tu fais en moyenne deux fautes par ligne, tu n’as aucun style, tes personnages sont insipides et ton intrigue sens le « déjà-lu ». Donc, si tu peux redescendre un peu sur terre, dégonfler ton cou au bord de l’explosion pour venir sortir les poubelles, Môsieur le nouvel Hugo…

Posté le : 15/05/2016 17:37
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Rafle des femmes indésirables
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Le 15 mai 1940 eut lieu la rafle des femmes indésirables

au Vélodrome d’Hiver, rafle parfois appelée première rafle du Vélodrome d’Hiver, ou rafle des femmes de mai.
Ordonnée, comme l'internement en septembre 1939 dans le camp des Milles de réfugiés du nazisme, par la IIIe République et conçue comme une mesure contre la cinquième colonne , sans visée antisémite, elle a pour conséquence l’internement au camp de Gurs de plusieurs milliers de réfugiées économiques, politiques ou confessionnelles juives, appelées dans la presse de l'époque les femmes de mai. Cet épisode de l'histoire française est tombé dans un quasi-oubli après la guerre et est même parfois confondu avec la rafle des Juifs menée par le régime de Vichy en 1942.

Historique Ségrégation

Amené à définir le statut du flot de réfugiés souhaitant trouver asile en France principalement des républicains espagnols fuyant Franco , le gouvernement français promulgue deux décrets au sujet du contrôle et de la surveillance des étrangers. Dans le second décret, sont définis comme « étrangers indésirables ceux dont les titres de séjour ne sont pas en règle et qui ne disposent pas d’un contrat de travail dûment signé avec une entreprise précise ; une sous-catégorie est prévue pour les apatrides c'est-à-dire, le plus souvent, des Juifs fuyant le nazisme. Les mariages mixtes et les procédures de naturalisation sont sévèrement réglementés tandis que le procédé de déchéance est facilité. Il est également recommandé de diriger les indésirables vers des centres spéciaux pour les surveiller en permanence.
Qualifié de « décret scélérat, il semble ne concerner dans un premier temps que les républicains espagnols. Cependant, il est appliqué avec une vigueur renouvelée lorsque la bataille de France commence, et que les réfugiés et réfugiées allemands sont considérés comme autant d’agents du Reich en puissance.

Arrestation

Le 14 mai 1940, le général Pierre Héring, gouverneur militaire de Paris, fait placarder, sur les murs de la capitale des affiches enjoignant sous peine d’arrestation les ressortissants allemands, sarrois, dantzikois et étrangers de nationalité indéterminée, mais d’origine allemande c’est-à-dire Juifs déchus de leur nationalité allemande, résidant dans le département de la Seine » à se présenter le jour même au stade Buffalo pour les hommes parmi lesquels Walter Benjamin, Lion Feuchtwanger, Heinrich Mann et d’autres ou le lendemain au Vélodrome d’Hiver pour les femmes.
Selon Elsbeth Weichmann, beaucoup étaient venues […] de leur plein gré croyant, de bonne foi, qu'une séparation d’avec les nazies, les véritables ennemies, devrait s’ensuivre. Toutes sont internées ; un premier convoi de 464 Allemandes parvient le 21 mai 1940 au camp de Gurs, dans le Béarn, suivi chaque jour d’autres convois de milliers de femmes. Le 31 mai, le camp, dirigé par le commandant Davergne, compte 7 112 internées dont Hannah Arendt, Lotte Eisner et Dita Parlo, toutes désignées comme ressortissantes allemandes. Ce chiffre comporte, outre celles qui se sont présentées spontanément, des femmes interpellées à leur domicile ou ailleurs, épouses d’Allemands ou réfugiées fuyant l’avance de la Wehrmacht.
Les opérations s’étendent ensuite à l’ensemble du territoire de France et les Allemandes sont rejointes dans les jours suivants par des convois de Mosellanes c’est-à-dire de Françaises de Lorraine, d’Autrichiennes, de Bulgares il s’agit de familles séfarades ladinophones, de Roumaines (des familles romnia etc., portant le nombre total d’internés à 9 771 femmes et enfants. Ces femmes sont, pour la plupart, jeunes et sans enfants. Selon Hanna Schramm, chef de baraque, environ un quart sont des réfugiées économiques Denis Blanchot ramène ce chiffre à 7 %, un quart des réfugiées politiques et une moitié sont juives certaines relèvent de plusieurs catégories : Élisabeth Marum a en effet fui l’Allemagne à la suite de l’internement et de l’assassinat de son père Ludwig Marum, membre du SPD et Juif ; de même, Adrienne Thomas a été pourchassée tant en raison de ses origines que de ses opinions.

Internement

Le séjour au Vélodrome d’Hiver est décrit comme fortement pénible, au vu des conditions d’hygiène insuffisantes, de l’absence de ventilation et de l’angoisse tant des bombardements aériens que d’être livrées au régime nazi. Toutefois, les internées sont correctement nourries et aucune n'est brutalisée.
Quant au camp de Gurs, c’est un marécage traversé par une route dont les baraques sont délabrées, infestées de rats, de souris et de poux. L’eau et la nourriture sont d’autant plus rares que le camp est surpeuplé. Les femmes sont internées dans les îlots H à M (celui-ci étant réservé aux mères accompagnées de leurs enfants. Six d’entre elles y meurent en été. Les nouvelles de la défaite française se succèdent et plongent les internées dans l'angoisse de voir les nazis aux portes, voire dans le camp.
L’armistice franco-allemand annonce paradoxalement une période transitoire d’amélioration relative de ces conditions. L'administration s’interroge sur la nécessité de la détention de ces femmes internées comme ressortissantes ennemies. Il devient possible pour elles de circuler dans le camp, voire d’en sortir pour chercher du bois, se rendre dans les fermes avoisinantes et, une fois par semaine, de faire des courses au village voisin d’Oloron-Sainte-Marie. Surtout, c’est le temps des libérations.

Libération

Le 24 juin 1940, deux jours après la signature de l’armistice franco-allemand, le commandant Davergne, las des atermoiements de l’administration et prévenu de l’imminence d’une inspection allemande, fait brûler les archives du camp, parmi lesquelles les documents relatifs aux femmes de mai ; il ordonne en outre de libérer celles qui sont physiquement et financièrement capables de quitter le camp. Pendant deux semaines, il suffit alors d’en faire la demande pour obtenir sa libération. Environ 5 000 internées dont Hannah Arendt en bénéficient bien que ses biographes aient erronément indiqué qu’elle se serait évadée.
Un arrêté préfectoral du 8 juillet 1940 enjoint les ex-internées du camp de Gurs à quitter le département des Basses-Pyrénées dans les 24 heures sous peine d’être réinternées. Les libérations se poursuivent cependant jusqu’au mois d’août et, au total, 8350 femmes ont quitté le camp. 600 autres sont volontairement rapatriées en Allemagne dont l'actrice Dita Parlo qui accueille avec enthousiasme et ostentation les inspecteurs nazis.
Nombre des femmes libérées émigrent aux États-unis ou traversent la frontière espagnole. D'autres, dont Lore Krüger, Dora Schaul, Lisa Fittko, Lisa Ost et Hedwig Rahmel, choisissent de rester en France et rejoignent la Résistance ; elles en constituent, avec les hommes allemands, un quart en 1940 et 1941. Leur rôle est toutefois sous-estimé voire oublié lors de la Libération, la France voulant, selon l’historienne Rita Thalmann, garder le souvenir d’hommes français armés de mitraillettes. Un millier environ tentent de s’établir dans le Béarn et sont réinternées. Quelques-unes, dont Sidonie Gobitz, sont reprises lors de la Grande Rafle de 1942 et d'autres, parmi lesquelles des internées romnia, se retrouvent au camp au printemps 1944.
Environ 700 internées, dont Lilo Petersen, choisissent de rester au camp, en dépit des conditions toujours aussi déplorables. Le nombre d’internées s’étant restreint, des amitiés se nouent entre internées ou avec les Espagnols, et des activités culturelles sont organisées.
Cet intermède prend fin avec l’été et l'arrivée des Juifs de Bade. L’hiver 1940 fait plus de victimes à Gurs qu’à Buchenwald à la même période. De plus, le camp est désormais totalement administré par Vichy ; les internées juives ou d’ascendance juive, dont Mary Fuchs et Bertha Gradenwitz, figurent parmi les premières victimes de la déportation.

Témoignages et analyses

Bien qu’abondamment couvertes dans la presse de l’époque, l’arrestation et l’internement des femmes indésirables demeurent un épisode assez méconnu de l’histoire française. Elles sont souvent passées sous silence ou attribuées à la France de Vichy alors qu’il s’agissait de mesures prises par le gouvernement de Paul Reynaud cinq jours après le début de l’invasion allemande.
En l'absence de compte-rendu objectif de l’époque la presse est partiale et les archives administratives ont été brûlées, l’essentiel des connaissances sur ce qui a parfois été appelé la première rafle du Vel’ d’Hiv provient des témoignages d’internées Lisa Fittko, Adrienne Thomas, Suzanne Leo-Pollak, Lilo Petersen, Hanna Schramm, Élisabeth Marum-Lunau etc. Des études ont également été menées par Éliane Viennot, Gabrielle Mittag etc.
Dans sa postface aux Oubliées de Lilo Petersen, l’historien Denis Blanchot établit les distinctions entre les deux rafles. Bien que l’ancienne internée emploie ce terme, il n'y avait pas eu, en 1940, de ratissage policier ni de violence caractérisée. Le Vélodrome n’était qu'un lieu d'internement et non l’antichambre des camps d’extermination. L'internement lui-même résultait de la remise en vigueur du décret du 12 octobre 1938, qui faisait des étrangers des indésirables c’est-à-dire des suspects des mesures similaires furent prises par la Grande-Bretagne le 28 mai 1940 avec l’internement des femmes allemandes et autrichiennes et la déportation d’Allemands - pour la plupart juifs - notamment en Australie en juillet 1940. Si elles touchèrent en majorité des Juifs et ont été incluses par Serge Klarsfeld dans son Calendrier de la persécution des Juifs de France 1940-1944, ce ne fut pas le fait, comme deux ans plus tard, d’une volonté antisémite officielle et délibérée.
L’historien ne peut cependant s’empêcher de voir dans l’un une préfiguration de l’autre « par le lieu, les forces impliquées et la cible majoritairement juive. De même, pour les internées, ce ne fut là qu’une question de subtiles nuances : entre être jeté par ses ennemis dans les camps de concentration et par ses amis dans les camps d’internement, la différence n’a résidé qu’entre faire crever et laisser crever.


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Posté le : 14/05/2016 23:18

Edité par Loriane sur 15-05-2016 13:37:28
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Le salon des refusés
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Le 15 mai 1863 s'ouvre le Salon des refusés

à Paris en marge du Salon officiel. Ce salon expose, dans douze salles annexes du Palais de l'Industrie, 1 200 œuvres d'artistes,à l'initiative de Napoléon III lui-même, qui jugeait le jury officiel trop sévère, ce dernier ayant refusé 3 000 œuvres sur les 5 000 qui lui furent présentées. Ce Salon est l'une des illustrations de l'émergence, dans la seconde moitié du XIXe siècle, d'une modernité en peinture, en opposition avec le goût officiel.

En bref les salons libertés de sélections.

La Révolution française consacra le principe des Salons, mais en transforma l'esprit en en faisant une exposition publique et internationale des artistes vivants et non plus des seuls membres d'une corporation. Le 21 août 1791, l'Assemblée nationale, « considérant qu'il n'y avait plus pour aucune partie de la nation ni pour aucun individu aucun privilège, qu'il n'y avait plus ni jurandes ni corporations [...] décrète que tous les artistes français ou étrangers, membres ou non de l'Académie de peinture et sculpture, seraient également admis à exposer leurs ouvrages dans la partie du Louvre destinée à cet effet ». Cette mesure émancipatrice est lourde d'avenir. Désormais la bataille des Salons se pose dans les termes nouveaux de liberté ou de jury. La conséquence en effet fut immédiate : 247 artistes exposent 767 œuvres dont 590 peintures, 121 sculptures, 9 plans, 47 gravures. L'impression de « chaos » est telle qu'en 1798, et malgré les protestations, l'accès est subordonné à l'examen d'un jury de 15 membres nommés par le gouvernement. De 1793 à 1802, on compte neuf expositions annuelles. Sous l'Empire, elles redeviennent bisannuelles avec six Salons de 1804 à 1814. De 1817 à 1831, avec une interruption en 1819, les Salons sont bisannuels, mais à partir de 1833, conséquence directe du nouveau régime, ils furent annuels. L'exposition de 1873 fut ainsi la 100e, celle de 1937 la 150e, la 182e étant celle de 1969, dans cette longue histoire pratiquement continue.
Aussi bien, la succession régulière des numéros ne doit-elle pas cacher les changements essentiels survenus dans un combat mené contre le fait du jury et l'influence de l' Académie des beaux-arts, finalement conclu par l'éclatement du Salon et la perte de son caractère de manifestation principale sinon unique. Sous le premier Empire et la Restauration, le jury est composé du directeur des Musées, d'artistes et d'amateurs, puis, sous la monarchie de Juillet, il est constitué uniquement de membres de l'Académie, soucieux de maintenir la tradition du chef-d'œuvre, assurément opposés aux innovations. Sous la monarchie de Juillet, les victimes sont célèbres : les peintres Théodore Rousseau, Delacroix, le sculpteur Préault, mais ne sauraient faire oublier l'éclectisme raisonnable d'un jury, qui, pour avoir été trop vilipendé, mérite d'être réhabilité. Autant que de refus ou d'acceptation du mouvement des arts, le problème est aussi bien celui du nombre. 563 peintures sont exposées en 1806 ; il y en eut 1761 en 1824, le nombre de 2 000 donnant environ la moyenne générale. En 1848, le jury est supprimé, et l'arrêté du 25 février proclame que « tous les ouvrages envoyés cette année seront reçus sans exception ». Ainsi compte-t-on 5 180 numéros dont 4 598 peintures. L'abondance effraya et rendit insupportable la liberté totale.
Dès 1849, un règlement du 20 avril prévoit « un jury spécial pour statuer sur l'admission des ouvrages présentés [...] nommés à l'élection des artistes exposants ». Le choix des élus est très instructif. Par ordre viennent Léon Cogniet, Paul Delaroche, Decamps, Delacroix, Ingres, Robert-Fleury, Isabey, Meissonier, Corot, Abel de Pujol, Picot : soit des victimes illustres du jury comme Decamps ou Delacroix, mais en fait moins de classiques de stricte obédience comme Abel de Pujol et Picot que de tenants du parti du milieu, tel Delaroche. Sous le second Empire, le jury fut pour moitié nommé par « l'administration », mesure plus progressiste que conservatrice. C'est du reste Napoléon III, « voulant laisser le public juge de la légitimité des réclamations », qui, en 1863, permit le Salon des refusés, expression du mouvement de révolte contre la sévérité du jury. Le résultat fut mitigé, Manet et Courbet, « les plus refusés des refusés », devant courir le risque d'exposer à côté des simples médiocres, et le public, dans une réaction conservatrice, ayant donné raison au jury. Mais les conséquences sont grandes : 1863, année de la réforme de l'Académie des beaux-arts, marque en fait la fin du Salon, institution nationale et unique, et annonce le retour à la véritable tradition, celle du Salon corporatif, groupant des artistes reconnaissant une même autorité ou se réclamant des mêmes tendances, désormais obligés d'accepter en contrepartie la multiplication de leurs associations.
C'est ainsi qu'en 1881 le Salon des artistes français, organisé par la Société nationale des artistes français, réunissant tous ceux qui avaient été une fois admis à exposer, succède au Salon des artistes vivants qui avait toujours été officiellement pris en charge par l'administration des Beaux-Arts, mais reste l'expression des maîtres en place. De même, la séparation de 1890 et la création de la Société nationale des beaux-arts sont plus une question de personnes que de doctrine. Meissonier fait sécession, suivi de Puvis de Chavannes, Carolus-Duran, Carrière, Besnard, Gervex, Rafaëlli, Boldini, Roll, Béraud, et s'installe au Champ-de-Mars dans un pavillon de l'exposition de 1884. La qualité des partants, le rejet des médailles et récompenses promettaient une belle destinée, mais en vain. En 1919, Artistes français et Nationale se regroupent, puis ouvrent une section à la Société des beaux-arts de la France d'outre-mer, réunissant tous les artistes qui n'appartiennent pas à une école ou à un groupe cohérent.
Ce que le Salon des refusés de 1863 ne put être, les impressionnistes le réalisèrent avec leurs propres expositions. En 1867, après l'exclusion des Femmes au jardin de Monet, Zola écrivait à Valabrègue : « Paul (Cézanne) est refusé, [...] tout le monde est refusé [...] le jury a fermé la porte à tous ceux qui prennent la route nouvelle. » Ainsi Manet décide-t-il, comme avait fait Courbet en 1855 – et il recommençait cette même année 1867 –, de présenter à part ses propres tableaux. Bazille et ses amis renoncèrent pour des raisons financières au projet d'une exposition commune dès alors formulé, mais, en 1874, la première exposition de ceux qui allaient être appelés les impressionnistes est ouverte avec 165 toiles boulevard des Capucines chez Nadar. « Le mouvement réaliste n'a plus besoin de luttes avec d'autres. Il est, il existe, il doit se montrer à part. Il doit y avoir un Salon réaliste », avait assuré Degas. La huitième et dernière exposition (après celles de 1874, 1876, 1877, 1879, 1880, 1881, 1882) se tint en 1886, mais sans Monet, Renoir et Sisley, qui acceptent difficilement la présence de Seurat et de Signac. La difficulté de maintenir l'homogénéité d'un groupe est évidemment grande, et l'exemple des impressionnistes explique la multiplication des Salons de groupes, comme, par une paradoxale réaction, le maintien d'un Salon national à l'accueil parfaitement éclectique, même s'il est jugé de moins en moins intéressant. Ainsi l'académisme agressif, de par l'hostilité même qu'il suscitait, apparaît à présent comme la justification du Salon officiel.
Dans cette éclosion de Salons, il faut réserver une place de choix à celui dit des Artistes indépendants, fondé en 1884 avec l'aide de la Ville de Paris, qui, excluant jury et récompenses, put véritablement rivaliser par son ampleur (1 000 œuvres environ) avec le Salon des artistes français que la tradition exténuée de l'Académie ne soutenait qu'à peine. L'exposition de 1970 fut la 84e en date. Il permit au divisionnisme de se manifester comme école, et Signac en fut le président de 1908 à 1934. Redon, Guillaumin, H. E. Cross, Angrand y exposent. Les nabis y sont accueillis avec Émile Bernard, Anquetin, Maurice Denis, comme les symbolistes. Ce sont les Indépendants qui, en 1908, montrent les « bizarreries cubistes » de Braque, alors même que les marchands et leurs galeries, avec Durand-Ruel et Kahnweiler, ont pris le relais. Le Salon des indépendants de 1911 est le lieu de la première exposition d'ensemble du groupe cubiste, dans la salle no 41 désormais fameuse. Enfin le Salon d'automne est créé en 1903 avec 990 envois, et se tient au Petit-Palais. Frantz Jourdain est l'animateur, Carrière et Besnard les présidents d'honneur. Il pouvait, en 1925, s'affirmer comme l'organe en France de la tendance dite « art déco » ou « art nouveau ».
Si le Salon se déconsidère définitivement après 1870, les Salons ne manquèrent finalement jamais aux artistes. Le rôle joué actuellement par les galeries et le marché de l'art, l'intervention nouvelle de l'État et des musées désireux par des expositions systématiques de faciliter ou de suivre la vie artistique, par crainte de retomber dans les erreurs du XIXe siècle, en renforcent même la salutaire nécessité qui est d'assurer la liberté. Salon de mai, Salon d'hiver, Salon d'automne, Réalités nouvelles en témoignent par exemple aujourd'hui.

Historique du Salon des refusés Raisons de la création

Cette année-là le jury du Salon de peinture et de sculpture, désigné par les membres de l'Académie, refusa plus de 3 000 œuvres sur les 5 000 envoyées. Face à cette hécatombe, le Salon fut vigoureusement contesté par les postulants exclus, dont Antoine Chintreuil ou encore Édouard Manet qui seront des initiateurs du Salon des refusés.
À l'époque, le Salon est la seule façon pour un artiste de se faire connaître et d'acquérir une reconnaissance officielle, unique moyen d'obtenir des commandes publiques et une clientèle.
L’empereur Napoléon III, informé du conflit, décide qu’une exposition des refusés se tiendra au Palais de l'Industrie, bâtiment construit pour l’exposition universelle de 1855 et qui précède le Grand Palais Monument consacré à la Gloire de l'art français ainsi qu’il est gravé sur son fronton, construit pour l’Exposition universelle de 1900, et où se tiennent les Salons d'artistes vivants depuis lors.
La décision de Napoléon III fut publiée dans Le Moniteur universel du 24 avril 1863 :
« De nombreuses réclamations sont parvenues à l’Empereur au sujet des œuvres d’art qui ont été refusées par le jury de l’Exposition. Sa Majesté, voulant laisser le public juge de la légitimité de ces réclamations, a décidé que les œuvres d’art refusées seraient exposées dans une autre partie du Palais de l’Industrie.
Cette exposition sera facultative, et les artistes qui ne voudraient pas y prendre part n’auront qu’à informer l’administration qui s’empressera de leur restituer leurs œuvres. »
Cette décision fut largement contestée par l’Académie et les artistes officiels de l’époque.

Organisation de l'exposition

Un catalogue des artistes refusés ayant accepté de présenter leurs œuvres fut composé par le comité des artistes refusés qui s’était constitué entre temps. Néanmoins, nombreux furent ceux qui retirèrent leurs œuvres et n’exposèrent pas cette année-là. On dénombre cependant 871 participants.
La préface du catalogue manifestait la détermination des non-admis et leur regret du désistement de nombreux refusés :
« Ce catalogue a été composé en dehors de toute spéculation de librairie, par les soins du comité des artistes refusés par le jury d’admission au salon de 1863 ; sans le secours de l’administration et sur des notices recueillies de tous côtés à la hâte. (…)
En livrant la dernière page de ce catalogue à l’impression, le comité a accompli sa mission tout entière ; mais en la terminant, il éprouve le besoin d’exprimer le regret profond qu’il a ressenti, en constatant le nombre considérable des artistes qui n’ont pas cru devoir maintenir leurs ouvrages à la contre-exposition. Cette abstention est d’autant plus regrettable, qu’elle prive le public et la critique de bien des œuvres dont la valeur eût été précieuse, autant pour répondre à la pensée qui a inspiré la contre-exposition, que l’édification entière de cette épreuve, peut-être unique, qui nous est offerte. »
L’exposition se tint donc dans le Palais de l'Industrie en 1863, et a permis à certains artistes de devenir célèbres, tel que Manet qui a exposé Le Déjeuner sur l'herbe, qui a déclenché l'une des polémiques les plus violentes de l'histoire de l'art du xixe siècle. Cependant, l’exposition des refusés n’eut pas lieu les années suivantes. Il faudra attendre 1884, avec la création du Salon des artistes indépendants pour que tous les artistes puissent présenter leurs œuvres librement, sans qu’elles soient soumises à l’appréciation d’un jury. La devise de ce Salon, « Sans jury ni récompenses », témoignait de son désir de liberté. Le Salon des Indépendants poursuit aujourd’hui encore la mission qu’il s’était donnée alors.

Commentaires

Il y a peu de réactions de la part de la presse, à l’égard de ces refusés, parmi lesquels se trouvent les « peintres de la modernité » : Pissarro, Manet avec trois tableaux : Le Bain (appelé aujourd’hui Le Déjeuner sur l'herbe, Mademoiselle V. en costume d’Espada, Un jeune homme en costume de majo), Harpignies, Fantin-Latour, Whistler, Jongkind.
Quelques articles, probablement inspirés par l’Académie des beaux-arts, sont là pour tourner cette affaire à son avantage et plus spécifiquement à l'avantage du jury, tel l'article de Maxime Du Camp, ami de Gustave Flaubert, dans la Revue des deux Mondes :
… Cette exhibition à la fois triste et grotesque est une des plus curieuses qu’on puisse voir. Elle prouve surabondamment, ce que du reste on savait déjà, que le jury se montre toujours d’une inconcevable indulgence. Sauf une ou deux exceptions très discutables (…) on y rit comme aux farces du Palais-Royal (…).
Cette réaction du public fait l'objet d'un chapitre de L'Œuvre d'Émile Zola, roman de la série des Rougon-Macquart, construit autour de la vie du peintre Claude Lantier. La sympathie de l'écrivain, ami de Paul Cézanne, était-elle acquise aux « paysagistes » qui allaient devenir les impressionnistes…

Discours de Jules Ferry de 1881

En 1881, la Troisième République, par la voix de Jules Ferry, libère les artistes de la tutelle de l'État, lors de l'inauguration du Salon.
M. Jules Ferry, président du Conseil des Ministres, a pris ensuite la parole et s'est exprimé en ces termes :
Mesdames et Messieurs,
Bien que nous soyons dans un bâtiment de l'État, l'État est aujourd'hui votre hôte en ma personne, et je tiens à bien le dire et à bien le préciser, ce qui s'est fait cette année n'est pas seulement un essai, c'est à nos yeux une situation définitive et qui se perpétuera.
Messieurs, vous voilà en République vous aussi, et, bien que vous ayez été un peu surpris au premier abord, je crois que vous commencez déjà à vous y accoutumer.
C'est, en effet, un très bon régime, que celui qui consiste à se gouverner soi-même ; vous venez d'en donner la preuve dans des conditions nouvelles, difficiles, mais que je considère, quant à moi, comme absolument satisfaisantes.
On est particulièrement propre, en effet, à vivre en République, quand on est, comme vous, une élite intellectuelle assez nombreuse, assez fortement constituée pour avoir un idéal élevé et pour faire passer, avant les visées particulières et avant les intérêts privés, les grands intérêts de l’Art français.
Vous avez essayé de ce régime, et vous avez montré du premier coup, que vous en étiez capables, Vous aviez à élire un jury sur les bases d'un suffrage, le plus large et le plus étendu qui ait encore été expérimenté. Qu'en est-il sorti ? Une assemblée qui comprend les plus respectés parmi les anciens et les premiers parmi les jeunes, et, du premier coup, votre suffrage universel a su mettre la main sur les meilleurs, dans tous les ordres et sans distinction d'école.
Puis, vous avez eu à décerner des récompenses, ou, du moins, vos élus, ces élus d'un choix si spontané et si excellent, ont eu à décerner des récompenses... Qui ont-ils choisi pour le placer au premier rang? Ils ont donné leur plus haute couronne à la grande tradition du grand art décoratif, au plus brillant représentant qui soit parmi nous de la grande école florentine, à Baudry !
Ce sont là, pour des premiers pas, des pas virils, et véritablement nous méconnaissions, à la fois et l'idée que nous nous sommes faite du rôle de l'État vis-à-vis des beaux-arts, et le grand exemple que vous venez de donner, si nous considérions comme une simple expérience ce qui est, je le répète, un régime définitif. Oui, Messieurs, nous avons abdiqué pour tout de bon, abdiqué pour jamais. Ce n'est pas là la fausse abdication de Charles-Quint, s'enterrant vivant au monastère de Saint-Just ; c'est une abdication définitive, j'ai l'honneur de vous le signifier.
Il faudra donc désormais et à tout jamais faire vos affaires, en matières d'expositions, comme vous les avez faites cette année, Car nous ne voulons plus en reprendre le gouvernement. Non pas qu'il nous fût incommode: mais il reposait sur une base essentiellement fausse, et l'on voyait plus clairement, d'année en année, ce qu'il y avait de contradictoire au fond de cette organisation. Qu'était-ce, en effet, Messieurs, qu'un jury, élu pour la plus grande partie, maître des récompenses et des admissions, maître du placement des ouvrages, puisqu'il donnait des numéros... Qu'était-ce qu'un jury élu, ayant la puissance de fait et n'ayant pas la responsabilité qu'il laissait tout entière à l'État.
Ne valait-il pas beaucoup mieux se résoudre à ce que nous avons fait, à ce que le Conseil supérieur des Beaux-Arts, après une longue et sérieuse discussion, a posé en principe ?
Le rôle de l'État n'est pas de faire les affaires des artistes ; le rôle de l'État n'est pas d'être votre ménagère, Messieurs ; vous devez régler vous-mêmes vos propres affaires. Le rôle de l'État est exclusivement un rôle d'enseignement et un rôle d'encouragement. Il doit bien concevoir et bien définir ce rôle d'encouragement : qu'il se garde bien d'encourager les fausses vocations, de multiplier les médiocrités besogneuses ; la séparation que nous avons faite a précisément pour but de couper court, en enfermant l'État dans sa véritable fonction, à des abus sur lesquels je n'insiste pas.

Abandon progressif des salons par l'État

À partir de 1882, les critiques à l’égard du jury se font de plus en plus ressentir. En 1895, Raymond Poincaré inaugurant à son tour le Salon, évoque le discours de Jules Ferry :
Fermer ou suspendre vos expositions, ce serait un peu, pardonnez-moi la comparaison, comme si l’on s’avisait, sous le régime parlementaire, d’interdire l’accès de la tribune. (…) L’État, messieurs, est impartial et éclectique. Il ne donne pas de conseils, il ne propage pas de théories. (…) La tâche de l’État n’est donc pas de favoriser des genres, de donner des directions, d’immobiliser la vie dans le cadre des leçons artificielles...
L’État en laissant aux artistes la liberté de se gouverner eux-mêmes et en les abritant sous la verrière du Grand Palais, donne ainsi à Paris l'occasion d’accéder au titre de Capitale des arts.

Un salon, un lieu d'exposition pour un franc symbolique

Le 27 décembre 1880, Jules Ferry demande aux artistes admis une fois au Salon de constituer la Société des artistes français, héritière du Salon créé en 1663 par Colbert.
1881: La Société des artistes français reçoit la mission d’organiser en lieu et place de l’État, l’exposition annuelle des Beaux-Arts.
1883 : Le Palais de l’Industrie est mis à disposition des artistes pour 1 franc symbolique.
Le Président de la République assistera au vernissage.

Construction du Grand-Palais

Un concours d’idées est ouvert le 9 août 1894. Son but est de concevoir un bâtiment mieux adapté à l’art que ne l’est le Palais de l’Industrie : Projet du concours… Arrêté du ministre du commerce… Tout l’édifice s’y résume en un palais des Arts destiné à des expositions de sculpture et de peinture… Les projets retenus sont ceux d’architectes sociétaires du Salon des artistes français qui font appel à des sculpteurs et à des peintres également sociétaires des Artistes Français. On peut donc affirmer que ce sont les artistes eux-mêmes qui ont conçu et réalisé le Grand Palais pour abriter leurs expositions.
En 1897 est commencée la construction du Grand Palais. Celui-ci est inauguré en 1900 à l’occasion de l’Exposition universelle, un peu plus de deux ans auront suffi pour le construire.
Extrait du Journal officiel du 6 mai 1901
Le Président de la République…
Décrète :
Art. 1er. Le Grand-Palais des Champs-Élysées sera désormais affecté exclusivement aux divers services du ministère de l’instruction publique et des Beaux-Arts Direction des Beaux-Arts.
Fait à Paris, le 30 avril 1901.
Émile Loubet
On gravera sur le fronton côté Palais de la Découverte:
Monument consacré par la République à la Gloire de l'Art Français

Discours d'inauguration du Salon de 1901 par Raymond Poincaré

Au Grand Palais, en 1901, Raymond Poincaré prononce le discours suivant :
Nous ne sommes pas à une époque ni dans un pays où le besoin se fait sentir de stimuler les vocations artistiques. Jamais l'École française n'a été plus puissante ni plus productive ; jamais elle n'a contenu dans son sein plus de talents jeunes et audacieux !
Ce n'est donc pas de ce côté que doivent se porter les efforts de l'État ; l'État n'est pas fait pour susciter des artistes, mais avant tout pour conserver certaines traditions, pour veiller sur certains chemins difficiles et escarpés de l'Art, faire savoir qu'il est là, qu'il les garde et qu'il y ramasse les blessés; l'État a pour tâche de conserver ce que le mouvement de la société moderne pourrait bien laisser dépérir, de lutter enfin contre l'invasion de l'Art par l'industrialisme, le péril, le fléau des sociétés riches et laborieuses comme la nôtre.
Voilà le rôle de l'État. C'est pour cela que quand l'État fera ses expositions - et il en fera non pas de fréquentes, car nous ne devons pas être pour vous une concurrence ; mais quand l'État ouvrira ses expositions, il devra les faire sous sa responsabilité, peu nombreuses et bien choisies.
Quant à vous, Messieurs, qu'allez-vous faire, dans les années qui vont suivre, de l'autorité qui vous est rendue ?
Qu'allez-vous faire de cette émancipation dont vous êtes si justement fiers ?
C'est là un problème que vous aurez à vous poser.
Considérez-vous les expositions comme de vastes bazars où 1'on entasse presque sans choix ni distinction toutes les œuvres qui se présentent ?
Est-ce le point de vue mercantile qui dominera ? Je ne le crois pas... et je suis très frappé de ce qu'a fait votre Comité ; il a eu un courage que nous ne nous sentions pas, nous.
Il a limité le nombre des œuvres... Il ne l'a peut-être pas assez limité, bien qu'il ait considérablement réduit le nombre des ouvrages exposés, et qu'il ait de la sorte offert au public une Exposition beaucoup plus claire, et dont le public a été beaucoup plus satisfait.
Il a peut-être — la transition le voulait — lâché parfois la bride un peu à la bienveillance... mais je compte que, par la force même des choses, par la pression de l'opinion publique artistique que représentera le prochain jury, on sera plus sévère, et l'on réduira encore notablement le nombre des admis.
C'est qu'en effet, Messieurs, c'est le propre des artistes, lorsqu'ils sont groupés, associés dans une œuvre commune, lorsqu'ils ont le sentiment de leur responsabilité, de comprendre qu'ils ont, comme on dit, charge d'âmes, qu'ils sont désormais pour quelque chose dans le développement de l'Art français, et que rien ne saurait être, à ce point de vue, plus utile et plus naturel que de faire de l'admission au Salon le premier grade, en quelque sorte, la première initiation dans la carrière des récompenses.
Je crois, Messieurs, que ce point de vue là entrera de plus en plus dans l'esprit des artistes, précisément parce qu'ils sont désormais responsables du Salon, et qu'ils le savent.
Quant à nous, Messieurs, nous ne pouvions qu'applaudir à un parti pris de ce genre, et nous vous promettons, en échange de tout le bien que vous allez faire courageusement, en échange des sacrifices que vous saurez imposer, et vous êtes mieux que nous en état de les imposer, parce qu'étant les élus de tous et parlant au nom de tous, vos décisions ferment la bouche à toutes les protestations, nous vous promettons en échange notre concours le plus absolu.
Messieurs, voilà votre tâche !
Quant à nous, vous nous trouverez toujours fidèles à notre rôle, qui n'est pas, je l'ai dit bien souvent, de vous gouverner, nous n'avons ni cette ambition, ni cette audace, mais d'encourager les vocations artistiques élevées, qui ne peuvent se passer du concours de l'État pour se maintenir dans notre pays.
Messieurs, on peut le dire, sans fatuité nationale, c'est encore l'Art français qui tient de nos jours le premier rang ; oui ! vous êtes encore en état de tenir école ouverte pour tout l'art européen.
Mais vous n'êtes pas sans avoir remarqué que vos élèves, eux aussi, ont pris du champ et qu'ils ont grandi, qu'ils marchent à grands pas, et que, pour garder votre suprématie, vous devez redoubler d'efforts. Dans cette lutte généreuse, dans cette émulation qui sera, Messieurs, si vous le voulez, toujours victorieuse, vous nous aurez pour appui confiant et solide. Messieurs, nous sommes tout à vous, parce que nous savons que, Français, vous êtes tout à l'art français !

L'époque contemporaine

Les contestations envers la politique culturelle de l’État ont ressurgi ces dernières décennies du fait de l'attitude du ministère de la Culture qui promeut un genre artistique officiel appelé art contemporain et abandonne la grande masse des milliers d'artistes vivants, qui se manifestent dans les divers salons historiques du Grand Palais.
Ces artistes, dont 2 500 d'entre eux sont regroupés au sein du Comité de défense des artistes du Grand Palais depuis 1987, mènent une action permanente, tant auprès de leur ministère de tutelle, que des élus, afin de retrouver la place qui était la leur au sein du Grand Palais, dans les conditions d’origine, et dont l'inscription gravée dans la pierre du bâtiment témoigne de la destination.
La construction du Grand Palais a été conduite et réalisée par des artistes des Salons : les architectes émanaient du Salon des artistes français, ainsi que les sculpteurs, mosaïstes et autres décorateurs qui ornèrent le bâtiment.
Dès l'ouverture, le Salon des artistes français, dont l'origine remonte au xviie siècle), occupait l'intégralité du bâtiment, y compris le Palais de la découverte et les Galeries nationales pour son exposition annuelle, et non la nef seule qui, elle, était consacrée uniquement à la sculpture et à des compétitions et spectacles équestres. À cette époque, le Salon était ouvert chaque année plus de deux mois au public et était régulièrement inauguré par le Président de la République.
Le Président François Mitterrand a été le dernier à inaugurer le Salon des indépendants en 1985, à l'occasion de l'exposition : De la Bible à nos jours.
Depuis, Renaud Donnedieu de Vabres a été le seul ministre de la Culture présent à l'inauguration des Salons, en 2006.
En 2009, les six salons historiques du Grand Palais se sont déroulés sur moins d'une semaine et la gratuité d'occupation des lieux accordée autrefois à ceux-ci leur a été supprimée. Le Salon d'automne ayant refusé de perdre son identité, en se regroupant au Grand Palais parmi les cinq autres salons historiques, s'est tenu à l'espace Champerret.



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Posté le : 14/05/2016 22:33

Edité par Loriane sur 15-05-2016 14:22:56
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Le 8 mai 1902 éruption de la  MONTAGNE PELÉE     Lire Ici


Le     8     Mai    1828    naît     HENRI   DUNANT

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Le  8    Mai    1873    meurt    John    Stuart     
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Le 8 Mai 1945 Armistice capitulation du
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Le  8   Mai  1794  exécution  de  Antoine  
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Le 8 Mai 1794 28 fermiers généraux GUILLOTINÉS
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Le  8  Mai 1886  création  du  
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Posté le : 14/05/2016 22:13
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La Corse est cédée à la France 1
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Le 15 mai 1768 la Corse est cédée à la France

par la république de Gênes et a été conquise militairement par le Royaume de France lors de la bataille de Ponte-Novo, le 9 mai 1769. La Corse est une île et une collectivité territoriale française, située en mer Méditerranée. Elle a une superficie de 8 680 km2 et 1 047 km de côtes son point culminant est le Monte Cinto avec 2 706 m de hauteur. Son administration est assurée par la collectivité territoriale de Corse, la corse est composée de deux départements, la Corse-du-Sud, 2A et la Haute-Corse 2B. Au Ier Janvier 2013 sa population était de 320 208 hab, c'est à dire une densité de 36,89 hab./km2. Le Gentilé de ses habitantt est les Corses. La plus grande ville de l'île est Ajaccio
Quatrième île de Méditerranée par sa superficie, la Corse a fait partie durant près de quatre siècles de la République de Gênes avant de se déclarer indépendante le 30 janvier 1735 et d'adopter la première Constitution démocratique de l'histoire moderne 1755.
Divisée en deux départements Corse-du-Sud et Haute-Corse, avec une superficie de 8700 Km2, la Corse constitue une collectivité territoriale à statut particulier administrée par une Assemblée et un conseil exécutif.
Toponymie : Corsica et Cyrnos
Bien des légendes existent sur l'origine du nom donné à l'île de Corse. Parmi les plus tenaces, celle qui veut que les Grecs l'aient appelée Kallistê, en grec ancien Καλλίστη : la plus belle et dont on sait maintenant qu'elle est fausse.

En bref

Terre de caractère et de beauté la Corse n’a pas volé son surnom d’Île de Beauté. Du Nord au Sud, d’Ouest en Est, les merveilles qu’elle offre à ses visiteurs sont innombrables. On peut dire que la Corse a su préserver une certaine authenticité. D’ailleurs l’île se caractérise par ses minuscules villages accrochés à la montagne, ses produits du terroir et ses chants polyphoniques traditionnels. En sortant de sentiers battus, on finit toujours par dénicher une petite crique, un village de montagne au charme redoutable ou un restaurant pittoresque. La Corse, on l’ignore trop souvent, est une montagne dans la mer dont les sommets culminent à plus de 2700 mètres comme le mont Cinto, éternellement enneigé ! En un rien de temps, on passe ainsi des plages dorées à la haute montagne. la Corse possède un patrimoine naturel hors du commun. Chaque coin et recoin de Corse a de quoi surprendre, endroit magique comme il en existe nul part ailleurs, la Corse offre des paysages étonnants, du Cap Corse, au Golfe de Porto ; des Calanches de Piana, classées à l’UNESCO à la réserve de Scandola ; des gorges de la Spelunca, à la forêt d’Aïtone ou encore aux Aiguilles de Bavela ; des îles Lavezzi, au large de Bonifacio, aux îles sanguinaires, face au golfe d’Ajaccio, tout en Corse n’est que beauté et tempérament. Pour ceux qui ont le bonheur de posséder u bateau découvrir la corse côté mer est aller au paradis. Avec des plages et des côtes magnifiques, la Corse est un vrai bijou pour ceux qui abordent ses rivages en bateau ou qui font de la plongée.
http://www.curagiu.com/histoire.htm

Des historiens ont écrit :

« De vieux auteurs l'assurent et, dans la légende qu'ils nous ont transmise, une réalité précise apparaît sans doute. Une femme de la côte de Ligurie, voyant une génisse s'éloigner à la nage et revenir fort grasse, s'avisa de suivre l'animal dans son étrange et longue course. Sur le récit qu'elle fit de la terre inconnue qu'elle venait de découvrir, les Liguriens y firent passer beaucoup de leurs compagnons. Cette femme s'appelait Corsa, d'où vint le nom de Corse. C'est la légende éponyme que nous retrouvons à l'origine de toutes les cités antiques ; mais elle est de formation récente, car le premier nom de l'île est Cyrnos et non pas Corsica.
La difficulté n'était point pour embarrasser les vieux chroniqueurs, grands amateurs de merveilleux et habitués à ne douter de rien. Il y a d'autres légendes, et plus prestigieuses, sinon moins fantaisistes. Un fils d'Héraclès, Cyrnos, aurait colonisé la Corse en lui donnant son nom. Giovanni della Grossa croit que la Corse a été peuplée par un chevalier troyen, appelé Corso ou Cor, et une nièce de Didon, nommée Sica, que Corso a bâti les villes de l'île et leur a donné les noms de ses fils et de son neveu, Aiazzo, Alero, Marino, Nebbino. C'est ainsi que la Grande-Bretagne a eu son Brut, la France son Francus et que la Corse a son Corso, neveu d'Enée ».
« L'île de Corse, nommée Cyrnos par les Grecs, était baignée au nord par la mer de Ligurie Ligusticum mare, à l'est par la mer Tyrrhénienne, au sud par le détroit Taphros ou Gallicum qui la séparait de la Sardaigne Sardinia, à l'ouest par la mer Ibérique ».
Plus loin, dans son étude sur l'occupation de l'île, Xavier Poli écrit : « L'unique texte sur lequel nous pouvons nous appuyer, pour avancer que les Libyens ont occupé la Corse, est tiré de la Phocide de Pausanias, qui écrivait au iie siècle de notre ère : « A peu de distance de la Sardaigne il est une île appelée par les Grecs Cyrnos et par les Libyens qui l'habitent Corsica ». Une partie non minime de la population, écrasée dans une sédition, passa de cette île dans celle de Sardaigne et se tailla dans la montagne un territoire où elle s'établit. Les Sardes nomment ces émigrés du nom qu'ils ont apporté de leur pays, Corses ».
« La légende est plus précise, Sardus fils d'Hercule et fondateur mythique de la Sardaigne aurait eu un frère Cyrnos. À la tête d'une nombreuse armée de Libyens, l'un et l'autre auraient quitté l'Afrique pour venir s'installer, le premier en Sardaigne, le second en Corse, donnant leurs noms aux deux îles ».
Selon Ptolémée « L'île de Cyrnos, qui est aussi appelée Corsica variantes : Corsa, Corsi, Corsia, est bornée au nord et à l'ouest par la mer de Ligurie, à l'est par la mer Tyrrhénienne, au sud par la mer qui la sépare de l'île de Sardaigne ... ».
Et Xavier Poli de conclure : « C'est de Chalcis, principale ville de l'Eubée, que partit la plus ancienne colonie que la Grèce envoya vers l'Occident ; elle alla fonder Cumes entre le xie et viiie siècles av. J.-C.. Nous savons qu'un des points du territoire de Carystos, une des plus jolies villes de l'Eubée, portait le nom de Cyrnos. Il semblerait donc vraisemblable que Corsica fut baptisée Cyrnos par les colons de Cumes ; mais il convient aussi de dire que Cyrnos est un nom propre d'homme que nous trouvons dans Hérodote et dans Stobée ».
Pour sa part, dans son ouvrage Histoire de la Corse depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours édité en 1839, Camille De Friess-Colonna exprime : « Aucun historien n'a jusqu'à ce jour donné une étymologie satisfaisante des noms de Cyrnos et de Corse. Les uns assurent que Cyrnos était un fils d'Hercule, qui donna son nom au pays que nous connaissons. Les autres, et Samuel Bochard est de ce nombre, prétendent que le nom de Cyrne voulant dire, en langue phénicienne, couvert de forêts, ce nom dut être imposé à la Corse d'aujourd'hui par les voyageurs phéniciens, qui furent frappés de la richesse de ses forêts.
Quant au nom de Corse, il y a également des historiens qui veulent qu'il ait été donné à la Corse par Corsus, fils d'Hercule ; Bochart le fait dériver d'un mot phénicien, qui voudrait dire cornue, nom qui lui aurait été imposé à cause des nombreux promontoires qui s'avancent en pointe dans la mer, et des pics élevés qu'on aperçoit de loin, avant de l'atteindre. Filippini rapporte deux versions, que nous croyons devoir transcrire ici, pour faire voir jusqu'où peut aller la manie des étymologies. Voici la première : une femme de Ligurie, appelée Corsica, ayant suivi un taureau qui se rendait à la nage dans une terre inconnue, fut rejointe par ses parents, qui, étant arrivés sur ses traces dans un pays de très belle apparence, et où les pâturages étaient excellents, s'y établirent et appelèrent ce pays Corsica, du nom de la femme qui les y avait attirés. La seconde est qu'un neveu d'Énée appelé Corsus, ayant enlevé une nièce de Didon, appelée Sica, s'enfuit dans l'île à laquelle il donna le nom de Corsica.
Du géographe grec Strabon :
« L'île de Cyrnos que les Romains appellent Corsica, est un pays affreux à habiter, vu la nature âpre du sol et le manque presque absolu de routes praticables, qui fait que les populations confinées dans les montagnes et réduites à vivre de brigandages, sont plus sauvages que les bêtes fauves. C'est ce qu'on peut, du reste, vérifier sans quitter Rome, car il arrive souvent que les généraux romains font des descentes dans l'île, attaquent à l'improviste quelques-unes des forteresses de ces barbares et enlèvent ainsi un grand nombre d'esclaves ; on peut alors observer de près la physionomie étrange de ces hommes farouches comme les bêtes des bois ou abrutis comme les bestiaux, qui ne supportent pas de vivre dans la servitude, ou qui, s'ils se résignent à ne pas mourir, lassent par leur apathie et leur insensibilité les maîtres qui les ont achetés, jusqu'à leur faire regretter le peu d'argent qu'ils leur ont coûté. Il y a cependant certaines portions de l'île, qui sont à la rigueur habitables, et où l'on trouve même quelques petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiæ et Vapanes. »
— Strabon, liv. V, ch. II, 7. - Traduction d'Amédée Tardieu

Géographie de la Corse Site et situation

La Corse est située à 177 km environ au sud-est de la Côte d'Azur, à l'ouest de la Toscane 85 km et au nord de la Sardaigne 12 km. Île plutôt boisée et montagneuse, sa côte méridionale est formée de hautes falaises Bonifacio.
La distance la plus courte entre la France continentale et l'île, du cap Martin Alpes-Maritimes à la pointe de la Revellata près de Calvi, est de 170 km. L'île est située à 85 km de l'Italie continentale et à 28 km des îles de l'archipel toscan Capraia.
Faisant partie de la région géographique italienne , la Corse se situe avec la Sardaigne sur une microplaque continentale : "... c'est au cours de l'Oligo-Miocène au milieu du Cénozoïque entre environ 22 à 25 millions d'années que le bloc corso-sarde et la lanière continentale s'écartent progressivement du bloc ibérique, ouvrant derrière eux le bassin provençal, la mer d'Alboran, le bassin algérien et la mer Tyrrhénienne. La dynamique cesse avec le blocage de l'arc contre les domaines externes, apulien et africain.
La distance entre le point nord île de la Giraglia et le point sud îles Lavezzi de la Corse est de 184 kilomètres. Elle est de 83 kilomètres entre les extrémités est Alistro et ouest île de Gargalo.
Les principales villes et bourgs de l'île :
Nom corse Politonyme officiel
Aiacciu Ajaccio
Aleria Aléria
Bastìa Bastia
Bunifaziu Bonifacio
Calvi Calvi
Cervioni Cervione
Corti Corte
Lìsula L'Île-Rousse
Portivechju Porto-Vecchio
Prupià Propriano
Ruglianu Rogliano
San Fiurenzu Saint-Florent
Sartè Sartène
Vicu Vico
Zìcavu Zicavo

Environnement

Liste des sites Natura 2000 de la Haute-Corse et Liste des sites Natura 2000 de la Corse-du-Sud.
Le golfe de Porto, patrimoine mondial de l'UNESCO
Bien que de nombreuses espèces endémiques aient disparu lors de la Préhistoire ou peu après, comparativement au continent et aux îles bretonnes, la Corse bénéficie d'un environnement relativement préservé, tant sur terre que sur la côte et en mer.
L'île abrite un parc marin international, des réserves naturelles de Scandola, Finocchiarola, Biguglia, Cerbicale, Bouches de Bonifacio et Tre Padule de Suartone et le parc naturel régional de Corse, et des zones communautaires pour les oiseaux. Un observatoire conservatoire des insectes de Corse vise à conserver les espèces patrimoniales et de la biodiversité ordinaire.
Le risque d'incendie constitue une menace pour la biodiversité, alors que (en 2006) plus de 50 % des dégâts découleraient de 12 % des mises à feu liées aux pratiques d'entretien de pâturages ou chemins et zones de chasse. 15 % des incendies seraient dus à la foudre, mais n'étant responsables que de 1 % des destructions en surface. Durant la canicule de 2003, près de 20 000 ha ont brûlé avec environ 500 mises à feu13, le problème des incendies pourrait croître avec le réchauffement climatique. 402 000 hectares sont couverts de forêt en Corse.
En 1972, s'est déroulé l'affaire des boues rouges, impliquant la société italienne Montedison qui déversa du dioxyde de titane au large du Cap Corse et qui provoqua des boues rouges.
L'Assemblée de Corse loi du 13 mai 1991 bénéficie d'une compétence particulière en environnement, avec un Office de l'environnement de la Corse et un observatoire de l'environnement.
À la suite de l'adoption du SDAGE le 18 septembre 2015 par l'Assemblée de Corse pour la période 2016-2021, le comité de bassin et la collectivité territoriale de Corse indiquent dans un communiqué commun que la Corse affiche le meilleur score de rivières en bon état en France mais que certains habitants ruraux attendent encore une eau potable de qualité et un assainissement performant .

Histoire de la Corse et Révoltes et épisodes révolutionnaires en Corse.

Préhistoire

Dans son étude sur la Corse, de ses origines à l'expulsion des Sarrasins, Xavier Poli se propose de remonter aux sources, de réunir tous les textes des écrivains grecs et romains et toutes les inscriptions intéressant la Sardinia en général, et la Corsica en particulier. Il débute son ouvrage avec ces propos :
Les savantes recherches du capitaine Ferton, du commandant Caziot, des docteurs Deperet et Caujolle, du professeur Testut nous font faire connaissance avec le squelette de l'homme de ces temps reculés et posent des bases sûres à une question qui ne peut manquer de passionner les esprits que l'histoire de la Corse intéresse.
La race néolithique corse aurait été d'assez grande taille. Par son crâne allongé et sous-dolichocéphale, par la ligne âpre et assez saillante de son fémur incarné, par son tibia remarquablement platycnémique, le squelette retrouvé présente les caractères principaux de la race néolithique de l'Europe occidentale.
Cet homme, ajoute M. Ferton, utilisait pour la confection de ses armes et de ses outils, non seulement les roches du pays : le silex, le quartz et diverses roches des terrains granitiques, mais aussi les os d'animaux, et une roche étrangère à la Corse, l'obsidienne, qu'il devait recevoir du Monte-Arci, en Sardaigne. ... Les relations de commerce entretenues à Bonifacio, avec les peuplades de la Sardaigne, l'emploi coûteux qu'on y faisait de l'obsidienne, bien que le silex du pays, d'égale valeur, fût connu et utilisé, permettent de supposer que le Bonifacien des temps néolithiques était un immigré venu de la Sardaigne, peut-être originaire de l'Afrique.
Et de poursuivre : « La conclusion du capitaine Ferton serait sans réplique s'il était prouvé, après de sérieuses recherches, que l'obsidienne ne se trouve pas en Corse où l'on constate des roches d'origine volcanique.
à partir de -10 000, fréquentation humaine de l'île
vers -6500, présence humaine sur l'ensemble de l'île qui a laissé des traces, avec la Dame de Bonifacio, et au Cap Corse à Pietracorbara.
-5000 : début de la civilisation proto-corse issue de peuplements dont l'origine reste encore incertaine. La Corse aurait à cette époque connue l'influence et le peuplement de Ligures et d'Ibères. Certains évoquent également la présence possible de populations venues d'Afrique du Nord Libyques durant cette période.
-1500/-1300 : début de la civilisation torréenne. Les Korsi développent la construction de statues-menhirs et de tours.

Antiquité Chronologie

-660 : les Étrusques, installés en Toscane en -780, commercent avec les Vanacini, peuplade du Cap Corse qui travaillaient le fer et cultivaient la vigne et le blé
-616 : les Carthaginois installent des comptoirs en Corse, commerçant avec Cagnano
-565 : les Phocéens fondent Alalia, la cité du sel actuelle Aléria
-535 : après une longue bataille navale où les Phocéens perdent environ soixante de leurs navires, les Étrusques de Toscane alliés aux Carthaginois chassent les Grecs ; cette bataille marque l'effondrement de la thalassocratie phocéenne. Les Corses utilisent l'alphabet qu'ils apportent.
-453 : les Syracusains de Sicile menés par Gélon chassent les Étrusques. Apelles, amiral de Syracuse, fonde Syracusenus Portus actuelle Porto-Vecchio
-384 : Denys Dionysos Ier, tyran de Syracuse et successeur de Gélon, décide d'anéantir les prétentions puniques sur toute la mer Tyrrhénienne. Pour cela il occupe les petites îles, les points forts de la côte orientale et fait de Syracusenus Portus une base avancée dont il se sert pour surveiller les régions alentour
-280 : les Carthaginois, appuyés par des mercenaires torréens servant déjà dans les rangs de l'armée depuis le ve siècle av. J.-C., chassent les Syracusains
-259 : à la suite d'une décision prise cinq ans plus tôt au début de la Première guerre punique, les Romains entreprennent la conquête de la Corse. À la tête d'une importante flotte, Lucius Cornelius Scipio, dit Scipion l'Africain, surprend Alalia de nuit. À l'époque, il semblerait que la cité était libre, peuplée à la fois d'Étrusques et de Carthaginois. Scipion la brûle et la rebaptise Aleria
-238 : seconde expédition romaine menée par Tiberius Gracchus. La Corse est réunie à la Sardaigne et devient la province romaine de Corse-Sardaigne. Les Corses traités en vaincus et non en libérés s'insurgent
-235 : cinquième expédition de Rome en Corse dirigée par Spurius Carvilius Maximus
-232 : les Annales romaines citent un jeune Romain nommé Cristino comme étant celui qui a donné la victoire à Carvilius
-227 : à la suite d'une nouvelle révolte, Rome accorde à la Corse un régime provincial ainsi que les droits des peuples latins
-162 : début de la paix romaine après un siècle de guerre et une douzaine d'expéditions. Malgré quelques aides puniques, les Corses se sont fait massacrer : en un siècle, les deux tiers des Corses sont tués
-105 : fondation de Mariana au sud de l'actuelle Bastia

Sources

Lorsqu'ils évoquent la Corse, les écrivains antiques sont unanimes à y représenter l'homme - à l'image de la nature qui l'environne - comme hostile :
L'île de Cyrnos est connue des Romains sous le nom de Corsica. La vie y est partout misérable, la terre n'est que rocs, la plus grande partie du pays totalement impénétrable. Aussi les bandits qui occupent ces montagnes et vivent de rapines sont-ils plus sauvages que des bêtes fauves. Parfois les généraux romains y font des incursions, et après les avoir vaincus ramènent de très nombreux esclaves, et Rome voit alors avec stupéfaction à quel point ils tiennent du fauve et de la bête d'élevage. En effet, ils se laissent mourir par dégoût de la vie, ou excèdent à tel point leur propriétaire par leur apathie et leur insensibilité qu'ils lui font regretter son achat, si peu qu'il ait dépensé. Il y a cependant certaines portions de l'île qui sont, à la rigueur, habitables, et où l'on trouve même quelque petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiae et Vapanes

Haut Moyen Âge

Le port de Bonifacio
455 : fin de l'occupation romaine et invasion par des Vandales du roi Genséric, qui a conquis l'Africa romana. Premières épidémies de malaria
534 : les troupes byzantines du général Bélisaire, conquérant du royaume vandale d'Afrique, chassent les Vandales des îles de la Méditerranée occidentale, dont la Corse
550 : les Goths d'Italie du roi Totila, en guerre contre Byzance, font plusieurs incursions dans l'île
590 : le pape Grégoire le Grand s'oppose à la politique de l'empereur byzantin Maurice Ier en Corse et Italie, l'empereur étant hostile au rapprochement entre la Papauté et les Lombards
704 : première incursion des pirates sarrasins
725 : invasion par des Lombards d'Italie du roi Liutprand qui prend l'île aux byzantins
Vers la moitié du VIIIe siècle départ des Lombards et retour du Nord de l'île à l'empire byzantin, qui n'en contrôle que la côte ; les Sarrasins s'emparent du sud
771 : légende du prince romain Ugo Colonna, envoyé sur l'île par le pape Étienne III avec 1000 fantassins et 200 cavaliers, qui expulse les Sarrasins du roi Negolone après trente ans de lutte ; les garnisons de l'empereur romain d'orient Caballino perdent définitivement la Corse du Nord au profit des Francs soutenus par les Papes
774 : Le roi des Francs Charlemagne, devenu roi des Lombards, cède la Corse à la Papauté
806 : nouvelle incursion sarrasine : les envahisseurs sont chassés par une flotte envoyée par le roi Pépin d'Italie, l'un des fils de Charlemagne, devenu en 800, empereur d'Occident
807 : incursion de musulmans venus d'Espagne; ils sont délogés par un certain Burchard, un connétable envoyé par Charlemagne. Une bataille navale a lieu aux alentours de Porto-Vecchio coûtant treize navires et des milliers de morts aux envahisseurs
809 : l'Annaliste de Saint Bertin de Sithiu écrit que les Maures, partis d'Espagne, envahissent la Corse, et le samedi de Pâques détruisent une cité où ils ne laissent survivre que son évêque et quelques vieillards et infirmes. Cette cité pourrait être Aléria
825 : l'empereur d'Occident Louis le Pieux, l'un des fils de Charlemagne, envoie en Corse son fils Lothaire, puis en 828, le comte Boniface II de Toscane, pour en chasser les Maures. Ce dernier, après avoir reconquis la quasi-totalité de l'île, pourchasse les Maures jusqu'en Afrique. C'est lui qui fondera Bonifacio en 830
les moustiques anophèles ayant été introduits dans les lagunes de l'île peut-être par les eaux de ballast des chébecs sarrasins et véhiculant la malaria, les Corses fuient les côtes et rejoignent la montagne, d'autres s'embarquent pour l'Italie. Une bonne partie d'entre eux sont accueillis à la fin du IXe siècle par le pape Léon IV 845-857, qui les installe dans la ville fortifiée de Porto, à quelques centaines de mètres du port ensablé d'Ostie, à l'embouchure du Tibre
1014 : dernière incursion sarrasine de l'émir Abu Hosein Mogehid, battu par une flotte pisano-génoise.

Période de Pise, d'Aragon et de Gênes

les Cinarchesi.
Depuis le Xe siècle les marquis Obertenghi détiennent probablement des droits sur la Corse en raison de leur titre de comte de la cité de Luni à laquelle l'île est rattachée.
1077 : Grégoire VII tente de reconquérir la Corse par son vicaire Landolfo, évêque de Pise. Il le charge de réorganiser les diocèses de l'île. De 1077 à 1092, dans le cadre de la réforme ecclésiastique, un maillage religieux du territoire par un réseau de pièves est mis en place .
1091, le pape Urbain II inféode la Corse à l'un des successeurs de ce dernier, Daiberto.
1092 : Urbain II nomme archevêque Daibertus évêque de Pise qui devient métropolitain-suzerain des 6 diocèses corses : Nebbio, Mariana, Accia, Sagone, Ajaccio et Aléria.
1095 : le marquis Ugo apparaît avec le titre de marquis de Corse et exerce une autorité sur toute l'île
1119 : consécration de la cathédrale de Mariana.
1124 : le marquis Ugo meurt sans doute peu après 1124 ?, sans descendance directe.
1130 : sous l'influence de l'Église, les morts jusque là enterrés aux bords des routes, sont inhumés autour et dans les églises.
1133 : les évêchés sont séparés en deux groupes un pour Gênes et un pour Pise. Gênes obtient du pape Innocent II les diocèses de Nebbio, Mariana, Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aléria.
Entre 1150 et 1250 environ, naissance des seigneuries. Profitant du déclin de l'autorité du marquis de Massa, l'aristocratie locale s'approprie leurs droits. Les premières fortifications privées sont construites.
1195 : installation des Génois à Bonifacio
1268 : Sinucello Della Rocca, dit « Giudice della Rocca » ou de Cinarca, est maître de toute la Corse sauf le Cap Corse et Bonifacio, avec l'aide de Pise. Gênes porte la guerre en Balagne et s'installe à Calvi, édifiant une citadelle
1284 : Bataille navale de la Meloria ; Enrico Da Mare fils d'Ansaldo, cosseigneur de Rogliano, amiral de Gênes défait la marine pisane
1284 : la Corse et toute la Ligurie deviennent la propriété de Gênes qui devient dominante en Méditerranée ; Pise est évincée
1297 : le pape Boniface VIII crée le royaume de Sardaigne et de Corse, concédé en zone inféodée à la couronne d'Aragon
1336 : mort de Jean Avogari fils d'Oberto ; son fief est partagé entre ses fils : Brando à Piero, Nonza à Lucchino et Canari à André.
1347 : la Corse est génoise.
1347 - 1348 : la peste noire qui toucha toute l'Europe ne laissa en Corse que le tiers des habitants, aux dires du chroniqueur florentin Giovanni Villani
1348 : mort de Galeotto Da Mare dit Giachetto, arrière-petit-fils d'Ansaldo ; son fief est partagé entre ses enfants : Babiano a tout sauf Centuri pour Crescione ; Morsiglia va à Nicolas fils de Crescione mais il est peu après aussi seigneur de Centuri ; Pino va à Bartolomeo frère de Crescione
1358 : Sambucucciu d'Alandu dirige une révolte populaire et chasse de leurs fiefs les seigneurs, remplacés par des Caporali. Tous les châteaux sont démolis, à part 6 dont ceux de Nonza et San Colombano. Le peuple s'administre et les communes émancipées s'unissent en une confédération de la Terra del Comune, opposée au Cap Corse et à la Terra dei Signori
1359 : le territoire compris entre Brandu et Aléria, Corte et la mer, qui s'est libéré, s'allie à la république de Gênes.
1363 : persécution des Ghjuvannali. 20 000 personnes sont excommuniées.
1372 : l'Aragon réalise ses droits sur la Corse. Il aide Arrigo Della Rocca, descendant de Giudice, comte de Corse. Gênes inféode l'île à des gentilshommes génois. Arrigo s'entend avec eux pour fonder la société de la Maona et être gouverneur de la Rocca
1378 : 27 août, Gênes afferma l'île à une société industrielle et financière, composée de six membres et désignée sous le nom de Maona
1383 : fondation de Bastia par Gênes
1394 : Arrigo Della Rocca chasse tous les seigneurs de leurs châteaux et se déclara seigneur de l'île tout entière pour former la principauté italienne de Corse, au même titre que les autres régions-états d'Italie.
1397 : Arrigo, maître de presque toute la Corse durant douze ans, est vaincu par Gênes et les Corses qui se soulèvent contre lui.
1401 : mort du comte de Corse Arrigo Della Rocca. Son fils passe dans le camp de Gênes car il s'aperçoit des intentions d'invasion étrangère, sur la Corse en particulier, de la France et du royaume d'Aragon.
1420 : intervention, avec sa flotte, du roi Alphonse V d'Aragon. Vincentello d'Istria prend Bastia, échoue après son siège à Bonifacio dont la population subira la famine, et ne peut conserver longtemps Calvi. Le roi d'Aragon veut conquérir les îles italiennes de Corse, de Sardaigne et de Sicile.
1430 : rejetant la tutelle de Vincentello, les caporali de Terra del Comune proclament Simon 1er da Mare, frère d'Urbain, gouverneur général de la Corse. Ce dernier d'abord battu à Biguglia, bloque Vincentello dans Bastia en 1433.
1434 : le comte et vice-roi de Corse Vincentello d'Istria est décapité à Gênes sur demande du peuple corse qu'il aura affamé dans sa tyrannie et ses guerres.
1434 : Simon Ier Da Mare se retrouve comte de Corse, mais ne règne durant quelques années que sur les deux tiers de l'île, malgré l'appui de Gênes, des Caporali et de son fils Carlo.
1439 : mort de Simon 1er da Mare.
1453 : à la demande des Corses, l'île est gérée par l'Office de Saint Georges avec l'assentiment du pape. La domination génoise devient fondée en droit.
1454 : le château de Petralerata est cédé à l'Office de Saint Georges par son occupant, Carlo di Luciano, suivant une convention ratifiée par l'Office le 13 février
1455 : après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, les Barbaresques commencent à razzier les côtes ils le feront durant environ trois siècles. Les villages côtiers commencent à être abandonnés. Pour rassurer les populations, Gênes impose la construction de tours littorales aux frais des pievi et communautés pour protéger la population de l'île qui subit des razzias des maures.
1457 : Gênes conçoit le projet de construire une forteresse à Ajaccio.
1460 : devant la Cortès catalane, Jean d'Aragon jure l'union perpétuelle de la Sicile et de la Sardaigne à la couronne. Il n'est plus question de la Corse. C'est la reconnaissance tacite de la souveraineté génoise.
1464 : Francesco Maletta vient prendre possession de la Corse au nom du duc de Milan ; Polo della Rocca et les seigneurs du Cap Corse lui font leur soumission.
1481 : Rinuccio di Leca soulève le peuple et offre la Corse à Appiano IV, seigneur de Piombino, qui envoie immédiatement son frère Gherardo, comte de Montegna, sur l'île où on l'acclame comte de Corse.
1483 : De nombreux personnages corses prêtent serment de fidélité devant Matteo de Flisco, capitaine général de l'île de Corse, représentant de l'Office de Saint Georges.
1492 : la citadelle d'Ajaccio est en construction. Le 2 mai 1492, Alfonso d'Ornano à qui ont été confiés les travaux, écrit aux Protecteurs de San-Giorgio que les murailles de la ville étaient assez avancées pour couper les jambes à toute espèce d'ennemis.
1511 : toute l'île passe sous le contrôle direct de Gênes
1515 : mort en exil à Rome du dernier comte de Corse, Giovan Paolo di Leca
1525 : début d'une période d'épidémie de peste qui dure quatre ans.
1540 : les capucins vinrent pour la première fois dans l'île ; ils y bâtirent six monastères, à Bastia, à Brando, à Luri, en Balagne, dans le Nebbio et en Casinca.
Les Génois conduits par Giovanni d'Oria et la flotte du prince Andrea Doria son oncle, capturent à Girolata Dragut, amiral turc et l'un des corsaires les plus célèbres de l'Empire ottoman, avec neuf galères ou galiotes.
L'Office de Saint Georges permet aux Niolins de rentrer dans leur pays, à condition qu'ils n'y bâtiraient que des maisons très basses.
1541 : Dragut racheta sa liberté, puis, avec une flotte plus considérable que la première fois, il pilla et brûla Castellare, en Casinca, Monticello, en Balagne, Sarla, dans le Delà des Monts, ainsi que beaucoup d'autres villages qu'il rencontra sur son passage.
1544 : l'Office de Saint Georges fait fortifier en toute hâte Calvi où il transporte la résidence du gouverneur Niccolò Imperiale.
1545 : un certain nombre de familles prises dans toutes les localités de l'île, vont établir à Portovecchio et au Niolo.
1547 : 3 septembre, Jacopo da Mare renouvelle tous les engagements pris par son aïeul envers l'Office de Saint Georges.
1551 : Sampiero Corso occupe la Corse avec les Turcs pour le compte de la France
1555 : les Français s'allient aux Turcs qui ravagent Bonifacio, et le Cap Corse. Le corsaire turc Acarèse base ses galiotes dans l'anse d'Agnellu et occupe durant plusieurs années le pays d'Ersa. Les Génois interviendront et chasseront les ennemis.
1559 : traité du Cateau-Cambrésis. La Corse est rendue à Gênes
1569 : Gênes dote l'île de Statuts civils et criminels en vigueur presque jusqu'en 1789.
1571 : octobre - Ambroise de Negroni et quatre felouques cap-corsines construites à Santa Severa participent à la victoire de Lépante (les Ottomans perdent leur légendaire invincibilité et 117 navires.
1573 : le drapeau de la Corse apparaît pour la première fois. Dans un atlas des possessions de Philippe II roi d'Espagne avec des armoiries pour chaque province qu'il établit en 1573, le géographe italien Mainaldi Galerati décide d'y faire figurer la Corse. Comme il n'en connaît pas les armes, il décide d'y mettre une tête de maure26.
1579 : épidémie de peste à Gênes et en Corse
1583 à 1590 : famine et misère en Corse. Les Barbaresques razzient toutes les côtes de l'île. Des personnes sont enlevées, 76 villages sont ruinés ou abandonnés dans le sud, 21 dans le nord. Gènes ne parvient pas à cette période à protéger entièrement l'île car affaiblie par les guerres européennes.
1594 : parution de la première histoire de la Corse
1676 : 14 mars, arrivent des exilés Grecs à qui les Génois accordent le territoire de Paomia pour protéger les Chrétiens d'Orient.
Article détaillé : Exode des Grecs en Corse.
1715 : les Corses obtiennent l'interdiction des armes moyennant une imposition supplémentaire de deux seini par feu
1725 : naissance de Pascal Paoli
1726 : Alessandro Saluzzo est élu gouverneur
1728 : Felice Pinelli qui lui succède, surexcite les Corses par sa maladresse et sa rigueur
1729 : premier soulèvement des Corses contre Gênes à la suite de mauvaises récoltes et de nouvelles taxes
1730 : juin, arrivées du nouveau gouverneur Giovanni Francesco Gropallo, et du commissaire Camillo Doria chargé des pleins pouvoirs militaires
1730 : en décembre, consulte de Saint-Pancrace ; la Corse déclare son indépendance
1731 : à la demande de Gênes, des troupes impériales commandées par le baron de Wachtendonck arrivent en Corse
1732 : 14 janvier, le colonel de Vins avec six cents soldats allemands tentent d'occuper Calenzana et subit une lourde défaite
1732 : 26 mars, Paolo Battista Rivarola est nommé commissaire général
1732 : 7 avril, Le prince de Wurtemberg arrive à Calvi avec de nouvelles troupes allemandes
1732 : paix de Corte qui ne sera pas respectée
1733 : Wachtendonck et les dernières troupes allemandes quittent la Corse
Pascal Paoli
1733 : juillet, Paolo Geronimo Pallavicini commissaire général en remplacement de Rivarola
1733 : deuxième soulèvement des Corses contre Gênes
1734 : début septembre, Ugo Fieschi et Pier Maria Giustiniani, sénateurs, sont nommés commissaires généraux, en remplacement de Pallavicini. Ils s'annoncent comme messagers de paix
1735 : 30 janvier, déclaration d'indépendance par la consulta d'Orezza
1735 : 2 mai, Gênes envoie un commissaire général pour l'Au-delà des monts, Ottavio Grimaldi. Felice Pinelli revient en Corse comme commissaire général de l'En-deçà des monts
1735 : première Constitution corse première constitution écrite au monde
1736 : fin janvier, arrive le commissaire général Rivarola
1736 : un aventurier, Théodore de Neuhoff, ex-espion en Écosse pour étudier le rétablissement des Stuart, devient roi des Corses
1737 : 10 novembre à Fontainebleau, convention entre la France et Gênes pour l'envoi de troupes en Corse
1737 : décembre, le marquis Giovan Battista de Mari est nommé commissaire général en remplacement de Rivarola
1738 : février, Louis de Frétat, comte de Boissieux, maréchal de camp, chef du corps expéditionnaire français arrive en Corse. Il vient négocier, suivant les ordres reçus, et refuse d'ouvrir les hostilités comme le lui demandent les Génois.
1738 : 24 septembre, Frédéric de Neuhoff, neveu du roi Théodore, débarque à Ajaccio et Sagone pour tenter de soulever la Corse occidentale.
1738 : 18 octobre, ratification à Fontainebleau, entre la France et Gênes, d'un Règlement de gouvernement de la Corse
1738 : 14 décembre, les Français qui se dirigent vers le Borgu, sont attaqués. Le détachement installé dans le village réussit à se dégager. Ils battent en retraite avec des pertes
1739 : 13 janvier, le lieutenant-général Jean-Baptiste-François des Marets, marquis de Maillebois, reçoit les instructions pour aller commander l'armée du Roi en Corse, en remplacement de Boissieux malade il meurt dans la nuit du 1er au 2 février
1739 : avril, Maillebois organise en Balagne, des compagnies de volontaires corses au service de la France. Ces compagnies constituent les premiers noyaux du futur régiment Royal-Corse
1739 : mai, les pieve de Casinca, Ampugnani, Campulori, ainsi que Corte et le Nebbiu, fournissent des compagnies de volontaires corses à Maillebois, qui disposera avec les six bataillons d'infanterie, des hussards et de l'artillerie débarqués à Bastia, d'une armée de 16 bataillons à 510 hommes chacun, deux escadrons de hussards à 100 hommes et 60 miquelets. Avec les troupes génoises, les effectifs s'élèvent à dix ou onze mille soldats
1739 : décembre, l'île est en grande partie soumise. Les troupes françaises commencent à réembarquer
1740 : juin, le marquis Domenico Maria Spinola, ancien doge, est nommé commissaire général en remplacement de Giovan Battista de'Mari
1740 : 3 octobre, Frédéric de Neuhoff qui s'est soumis, et sa suite quittent la Corse
1741 : fin juin, publication du dénombrement de la population commandé par Maillebois promu maréchal le 11 février : la Corse compte 339 paroisses, 427 villages, 26 854 feux, 120 389 habitants
1741 : 6 septembre, les dernières troupes françaises quittent Calvi pour Antibes
1742 : pour faire face à une agitation naissante, les Génois envoient de nouvelles troupes sur l'île
1743 : 1er février, Théodore réapparaît à bord d'un vaisseau anglais devant L'Île-Rousse
1743 : 22 février, mort à Bastia du commissaire Spinola. Gian Benedetto Speroni prend la suppléance
1743 : 28 février, Théodore est dans le golfe d'Ajaccio avec cinq navires anglais. L'escadre attaque un navire espagnol placé sous la protection des canons génois. Il compte s'emparer d'Ajaccio. Ses partisans commencent le blocus de la ville que la population est autorisée à quitter. La flotte anglaise en repartira le 5 mars.
1743 : dans la nuit du 16 au 17 mars, le Folkestone dépose Théodore à l'embouchure de l'Arno en Toscane. Le roi a quitté la Corse pour toujours.
1747 : seconde intervention française : le commandement supérieur est exerçé par le colonel Choiseul-Beaupré ; il est renforcé en 1748 par le marquis de Cursay, colonel du régiment de Tournaisis.

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Posté le : 14/05/2016 22:08
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La Corse est cédée à la France 2
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Le Gouvernement de Pascal Paoli 1755-1769

1755 : avril, au couvent San Francescu de Caccia, la Cunsulta de Caccia, assemblée de députés convoqués par Pascal Paoli, jette les bases de la Constitution de la future Corse indépendante.
1755 : 14 juillet, Pascal Paoli est proclamé général de la Nation par la consulte de Sant'Antone di a Casabianca, c'est le début de l'indépendance bien que celle-ci ne soit dans les faits pas reconnue.
1755 : seconde Constitution corse.
1756 : novembre, troisième intervention française. Six bataillons français débarquent en Corse, commandés par le marquis de Castries qui installe son QG à Calvi. Il sera remplacé par le comte de Vaux 1757-59.
1764 : quatrième intervention française sous le commandement supérieur de Marbeuf 1764.
1765 : ouverture de l'Université de Corse Pascal-Paoli.

La Corse française

Napoléon Ier
1768 : 15 mai, par le traité de Versailles Gênes cède la Corse, que dans les faits elle ne contrôle plus, à la France. Louis XV, qui refuse à dessein de reconnaître la République corse comme légitime, envoie son armée prendre possession de l'île. En échange, il annule la dette de Gênes.
1768 : 18 mai, le marquis de Chauvelin reçoit le commandement des troupes françaises. lieutenant-général des troupes il est nommé gouverneur général du Royaume de Corse
1768 : 9 octobre, les troupes paolistes mettent en déroute l'armée française à Borgo.
1769 : 20 février, De Vaux est nommé commandant en chef des troupes françaises en Corse.
1769 : 9 mai, les troupes de Pascal Paoli perdent la bataille de Ponte-Novo. La Corse passe sous domination militaire française. Des philosophes des Lumières, tels que Rousseau et Voltaire, s'indignent de l'injustice de cette guerre qui vient détruire une nation démocratique.
1769 : 13 juin, Pascal Paoli quitte la Corse pour la Grande-Bretagne.
1769 : 15 août, naissance de Napoléon Bonaparte à Ajaccio.
1769 : Fermeture de l'université de Corte par Louis XV.
1773 : Marbeuf, noble breton, commandant en chef des troupes françaises et gouverneur de l'île, accorde aux Grecs le droit de s'installer à Cargèse
1774 : Niolo, Talcini et Vallerustie se soulèvent. La ferme répression du général Narbonne saccage le Niolo, et six cents Corses sont envoyés au terrible bagne de Toulon.
1786 : Une enfant de Corbara, Marthe Franceschini, enlevée par des pirates en 1778, attire le Sultan alawite du Maroc. Elle deviendra Davia et impératrice du Maroc.
1789 : avril, la Corse compte 11 juridictions royales Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d'Ampugnani, Nebbiu, Sartè, Vicu et 65 pievi.
1789 : 30 novembre, le décret de réunion de la Corse à la France est adopté par l'Assemblée nationale constituante, sur la proposition de Christophe Saliceti, à la suite de la lecture des lettres de la commune de Bastia et d'habitants d'Ajaccio, réitérant les cahiers de doléances.
1789 : 22 décembre, la Constituante divise la France en 83 départements.
1790 : 21 janvier, dernière réaction des Génois avec une lettre de protestation du doge Pallavicini lue à l'Assemblée nationale. Les anciennes communautés ou paroisses prennent le nom de communes.
1790 : 26 février, par décret la Corse qui était divisée en onze juridictions royales Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d'Ampugnani, Nebbiu, Sartè et Vicu, est partagée en neuf districts ex-juridictions : Bastia, Oletta, A Porta, Cervioni, Corti, l'Isula Rossa, Aiacciu, Tallà et Vicu. Le district est partagé en cantons ex-pievi, le canton en communes. Le Conseil supérieur, créé en 1768, est supprimé.
1790 : 4 mars, lettres patentes du roi sur le décret du 26 février : L'île de Corse ne formera provisoirement qu'un seul département. L'assemblée des électeurs se tiendra dans la pieve d'Orezza ».
1790 : 7 juillet, l'Assemblée nationale décide que la Corse n'aura qu'un seul évêque comme les autres départements. Le siège est fixé à Bastia. La Corse comptait auparavant cinq diocèses : Aiacciu, Aleria, Bastia, Mariana et Nebbiu.
1790 : 14 juillet, après avoir été accueilli à Paris, Paoli amnistié rentre en Corse via Macinaggio avec le commandement militaire insulaire.
1790 : 24 septembre, Bastia est choisi provisoirement comme chef-lieu du département, avec possibilité pour le Conseil de se réunir ailleurs suivant les besoins.
1790 : 30 septembre au 14 octobre, à Bastia, première session du premier Conseil général chargé de l'administration du département. Pasquale Paoli est élu président à l'unanimité.
1791 : 27 mai, le département de la Corse obtient six députés pour la prochaine législature.
1791 : 28 juin, l'Assemblée nationale confirme la décision du Directoire du département concernant le transfert du gouvernement de l'île à Corti et fixe le siège provisoire de l'évêché à Aiacciu.
1791 : 29 septembre, en vertu du décret de la Constitution du 18 juin, l'Assemblée fixe le chef-lieu du département à Corti et le siège de l'évêché à Aiacciu.
1791 : 1er juillet, décret de la Convention : 8° L'île de Corse sera divisée en deux départements, l'un en deçà et l'autre en delà des monts ; le Comité de division fera sans délai son rapport sur l'emplacement des chefs-lieux et sur la division en districts et en cantons.
1793 : 11 août, séparation de la Corse en deux départements, le Liamone chef-lieu : Aiacciu, districts : Aiacciu, Vicu et Sartè, et le Golo chef-lieu : Bastia, districts : Bastia, Calvi et Corti.
1794 : Négociations des Anglais avec Pascal Paoli sur la cession de la Corse à la Grande-Bretagne après en avoir chassé les Français. Hood aide Paoli à occuper Saint-Florent, Patrimonio, Bastia, Calvi. Mais Hood saccage Centuri et Macinaggio. Les Anglais chassent les Français. Dernier bastion français, Calvi se rendra le 20 août. Mise en place du Royaume Anglo-Corse. Londres impose le vice-roi Gilbert Elliot.
Article détaillé : Royaume de Corse 1794-1796.
1796 : les troupes françaises reprennent l'île qui a été évacuée par les Britanniques.
1796 : la Corse compte 150 000 habitants.
1797 ; le rétablissement des lois contre le clergé provoque en Castagniccia l'insurrection de La Crucetta écrasée par le général Vaubois. Le général Augustin Giafferi, 80 ans, chef des insurgés, est fusillé à Bastia.
1801 : Le général Joseph Morand est chargé de pacifier l'île.
1804 : Napoléon Bonaparte devient empereur des Français.
1805 : Décret de sur-séance qui accorde un délai pour l'emploi de la langue française dans les actes publics en Corse, région de langue italienne jusqu'en 1858.
1807 : février, mort de Pascal Paoli à Londres.
1808 : à Isolaccio, dans le Fiumorbo le général Joseph Morand fait arrêter 167 hommes, en fusille 9 et envoie au bagne de Toulon les autres.
1811 : Golo et Liamone sont réunis, le département de Corse est restauré avec Ajaccio pour chef-lieu.
1812 : Chaque paroisse ouvre un cimetière, les morts ne sont plus inhumés dans les églises.
1814 : Napoléon Ier abdique ; il devient souverain de l'île d'Elbe. Les Anglais occupent un mois durant Bastia, Calvi, Ajaccio, Bonifacio. Napoléon de retour au pouvoir à Paris, puis battu à nouveau en juin 1815 à Waterloo par l'Europe coalisée, est déporté, cette fois sur l'île de Sainte-Hélène.
1815 : Le marquis de Rivière fut appelé, en novembre, au commandement de la 23e division militaire la Corse. Sa prudence et sa fermeté dissipèrent les troubles insurrectionnels qui désolaient cette île.
1816 : mille Fium'Orbais s'insurgent contre Louis XVIII anti-bonapartiste ; 8 000 soldats ne peuvent les soumettre. Le général Amédée Willot réconcilie tout le monde
1821 : Napoléon Bonaparte meurt à Sainte-Hélène.
1830 : les cantons ne portent plus les noms des anciennes pieves mais ceux des chefs-lieux.
1840 : voyage de Prosper Mérimée dans l'île.
1849 : 10 août, nomination du premier Monsieur Corse de l'histoire de l'île. Louis-Napoléon Bonaparte alors président de la République donne mission à Jacques Pierre Abbatucci futur garde des Sceaux de faire un rapport sur les besoins de la Corse, et le charge du suivi des dossiers relatifs à l'Île auprès des différents ministères concernés.
Le coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III est largement soutenu en Corse, département catholique, conservateur et monarchiste ; elle fait même partie des quatre départements où aucun opposant n'est arrêté.
1859 : 4 août, la Cour de cassation réaffirme que la langue française est la seule langue officielle en Corse, l'italien étant jusqu'alors la langue la plus utilisée dans l'île[réf. nécessaire]. La langue corse est désormais interdite dans l'administration.
1881 : la Corse compte 273 000 habitants.
1890 : en l'espace d'un siècle la population de l'île a presque doublé.
1905 : création de l'équipe de football du Sporting Club de Bastia.
1907 : naissance à Ajaccio du célèbre chanteur corse Tino Rossi, né Constantin Rossi.
1908 : création de l'équipe de football cortenaise.
1910 : création de l'équipe de football ajaccienne Athletic Club d'Ajaccio.
1918 : avec 11 300 morts au terme de quatre ans de guerre, la Corse est l'un des départements qui paye, proportionnellement à sa population, le plus lourd tribut en vies humaines.
1921 : le 15 mai à 2 heures, le paquebot délabré Rion venant de Constantinople, arrive dans la baie d'Ajaccio avec à son bord 3 422 réfugiés Russes. Après une mise en quarantaine sanitaire, les passagers débarquent. Certains restent définitivement, faisant souche sur l'île.
Article détaillé : Exode des Russes blancs en Corse.
1939 : interdiction du journal A Muvra, considéré comme pro-italien.

La Première Guerre mondiale

48 000 hommes sont mobilisés en Corse, outre les 9 000 hommes déjà sous les drapeaux au moment où le conflit éclate. Ce chiffre relativement élevé s'explique par le fait que l'île a le statut de place forte, qui permet l'enrôlement dans l'armée territoriale et dans sa réserve de soldats plus âgés 37 ans au minimum et 48 ans au maximum. La mission de l'infanterie territoriale est la protection des côtes et places fortes, et non l'engagement en première ligne. Toutefois, dans la confusion des premiers mois de guerre, certains soldats plus âgés sont envoyés sur le front continental, ce qui engendre en avril 1915 des protestations à l'Assemblée nationale.
Après la guerre, il sera longtemps affirmé que le nombre de tués aurait été de 30 000, voire 40 000. Ce chiffre élevé est tout à la fois dans l'intérêt des courants jacobins, qui pensent ainsi démontrer l'engagement des Corses pour le drapeau français, et des courants nationalistes, qui affirment quant à eux que la France aurait réservé un sort défavorable aux soldats corses, en les surexposant en première ligne. De fait, le 173e régiment d'infanterie composé de soldats corses fut largement utilisé en première ligne. Le maréchal Foch déclara à son sujet : Les Corses arrivent par bateaux entiers, mais des barques suffisent pour ramener les survivants. La mobilisation des conscrits corses obéissait à des règles plus sévères que celles en vigueur en France continentale, ainsi que le reconnut plus tard l'ancien Premier ministre Michel Rocard devant l'Assemblée nationale, lors de son discours du 12 avril 1989.
Selon Sébastien Ottavi, agrégé d'histoire au lycée Fesch d'Ajaccio, ce nombre est situé dans une fourchette de 12 000 à 15 000 tués, dont 10 000 morts natifs de Corse. Jean-Paul Pellegrinetti et Georges Ravis-Giordani estiment que le nombre de Corses morts au cours de cette guerre est compris entre 10 000 et 12 000 soldats insulaires. Le nombre officiel de Corses morts pour la France est de 9 751.
Ces chiffres ramènent la proportion de pertes chez les Corses à un pourcentage un peu supérieur à celui enregistré au niveau national, soit 18,2 % contre 16,8 %.
Parmi les combattants corses de la Marne, de Verdun et d'autres batailles meurtrières, se sont illustrés : le 173e régiment de ligne Aio Zitelli, le général Grossetti et les aviateurs Jean Casale et Jean-Paul Ambrogi.
L'arrivée irrégulière des bateaux entraîne de graves problèmes de ravitaillement : pain, sucre, pétrole sont rationnés. La pénurie est aggravée par l'hébergement de 2 000 prisonniers de guerre allemands, cantonnés dans les couvents et pénitenciers, puis utilisés comme main-d'œuvre dans les campagnes. De plus, la Corse devient une terre d'asile pour les réfugiés 4 000 Serbes et Syriens. Pour subvenir aux besoins de la population, les terres abandonnées à la friche sont remises en culture suivant les pratiques traditionnelles. En septembre 1918, la grippe espagnole ravage certains villages et oblige le préfet à prendre des mesures pour limiter l'épidémie cercueil plombé, ensevelissement profond.
L'armistice de 1918 est accueilli dans l'allégresse et l'anxiété du retour des blessés. Des souscriptions locales permettront d'élever dans chaque village des monuments en l'honneur des morts. En 1933, la Borne de la Terre sacrée est inaugurée à Ajaccio. Ces pertes humaines affecteront durablement la vitalité de l'île, ce qui accentuera le déclin économique.

La Seconde Guerre mondiale

1941 : à la demande de l'Italie, l'armée allemande regroupe les prisonniers de guerre corses dans des camps spéciaux : le Stalag VB et l'Oflag VC.
novembre 1942 - septembre 1943 : la Corse est occupée par les troupes italo-allemandes. À partir de novembre 1942, 80 000 soldats italiens envahissent la Corse.
14 décembre 42 : La mission secrète Pearl Harbour débarque par le sous-marin Casabianca en baie de Topiti Piana
mars 1943 : Fred Scamaroni, prisonnier à la Citadelle d'Ajaccio, se suicide afin de ne pas livrer ses compagnons sous la torture
août 1943 : exécution de Pierre Griffi le 18 août et de Jean Nicoli le 31 août à Bastia
8 septembre 1943 : à la suite de la chute du régime fasciste à Rome, les troupes allemandes occupent l'île.
Article détaillé : Libération de la Corse.
9 septembre 1943 au 5 octobre 1943 : la population se soulève, les Italiens 80 000 soldats rallient les partisans locaux 1 000 combatants et environ 4 000 soldats français pour combatre la Wehrmacht. Ajaccio devient la première ville française à être libérée. Plus de 700 soldats italiens auront été tués, mais les troupes italiennes laissent à l'armée française l'honneur d'entrer en premier à Bastia.
5 octobre 1943 : 13 000 Allemands fuient l'île, repoussés vers la mer.
8 octobre 1943 : le général de Gaulle proclame à Ajaccio : Nous devons sur le champ tirer la leçon de la page d'histoire que vient d'écrire la Corse française.... La Corse a la fortune et l'honneur d'être le premier morceau libéré de la France. Ce qu'elle a fait éclater de ses sentiments et de sa volonté, à la lumière de sa libération, démontre que ce sont les sentiments et la volonté de la Nation tout entière.
1944 : l'île devient une base importante - surnommée l'USS Corsica, le porte-avion - pour la poursuite des opérations en Italie puis pour le débarquement en Provence août 1944.
1944 : l'armée américaine éradique le paludisme, présent en Corse depuis le xiiie siècle, par épandages de DDT.
1945 : procès contre les irrédentistes. Condamnation de Petru Rocca à 15 ans de prison pour collaborationnisme.

La Corse contemporaine

1957 : création de le SETCO Société pour l'Équipement Touristique de la Corse afin de favoriser la réalisation de complexes touristiques hôtels, villages de vacances, etc.. Création de la SOMIVAC Société pour la mise en valeur agricole de la Corse. 90 % des terres ayant été promises auparavant aux paysans corses seront réservées aux rapatriés d'Algérie.
1957 : arrivée massive de rapatriés d'Algérie jusqu'en 1965; attribution de vastes terres agricoles aux agriculteurs pieds-noirs rapatriés, au détriment des agriculteurs locaux.
1960 : en avril, le gouvernement Debré décide de créer un centre d'expérimentations nucléaires souterraines dans les mines désaffectées de l'Argentella, au sud de Calvi : manifestation de protestation unanime. Le Gouvernement recule. Les essais nucléaires, qui ne peuvent plus se faire en Algérie, se feront désormais en Polynésie.
1960 : la population de l'île est retombée à 160 000 habitants.
de 1965 à mi-1970 : radicalisation des revendications d'abord régionalistes puis autonomistes et enfin nationalistes. L'île est dans un état d'isolement et de retards techniques considérables : peu de routes, des communications difficiles et coûteuses avec le continent, des installations sanitaires médiocres, une carte scolaire déplorable, pas d'université.
1970 : la Corse est administrativement détachée de Provence-Côte d'Azur et devient la 22e région métropolitaine décret du 9 janvier 1970.
1972 : affaire des boues rouges de la Montedison, déversements de produits toxiques au large du Cap Corse. Après diverses manifestations, un commando clandestin dynamitera le navire pollueur.
1975, 21 août : « affaire d'Aléria » : une douzaine d'hommes armés de fusils de chasse, représentée par le docteur Edmond Simeoni, occupe la ferme d'un viticulteur rapatrié accusé d'être mêlé à un scandale financier. En réaction, 1 200 Gendarmes et CRS, des blindés et hélicoptères cernent les bâtiments. Bilan : deux gardes mobiles tués et un militant gravement blessé. Cet événement tragique est considéré comme l'acte de renaissance du nationalisme corse.
1975 : à la suite de cette affaire, entre le 23 et le 26 août, des manifestations nocturnes ont lieu à Bastia. Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur, envoie les blindés sur Bastia. La ville connaît alors des scènes de guerre civile faisant un mort du côté des forces de l'ordre. C'est le début d'une longue période de troubles dont l'île n'émergera qu'au début du XXIe siècle. La loi du 15 mai 1975 portant réorganisation de la Corse divise l'île en deux départements.
1976 : le 5 mai, au cours d'une nuit bleue création du FLNC réclamant la reconnaissance des droits nationaux du peuple corse, le droit à l'autodétermination et un pouvoir populaire démocratique en Corse.
1976 : mise en place de la bidépartementalisation : l'île est organisée en deux départements, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud
1981 : ouverture de l'Université de Corse Pascal-Paoli à Corte.
1982 : les lois du 2 mars et 30 juillet donnent un statut particulier à la région corse et la première assemblée de Corse est élue au suffrage universel direct le 8 août. Les nationalistes jugent ces mesures insuffisantes, le FLNC reprend ses actions.
1983 : décès du célèbre chanteur corse Tino Rossi.
1989 : entre mars et avril, la Corse est paralysée par une grève des fonctionnaires sans précédent, visant à dénoncer, entre autres, la cherté de la vie sur l'île.
1989-1990 : Le mouvement nationaliste connaît ses premières divisions internes qui aboutissent à des scissions.
1991 : statut Pierre Joxe voté, l'assemblée de Corse dispose de compétences élargies, et en particulier d'un Conseil exécutif.
1992 : aux élections territoriales, les nationalistes toutes tendances confondues : Corsica Nazione, MPA, etc. dépassent 25 % des voix.
1995/1996 : les deux principales branches issues du FLNC de l'époque, le FLNC Canal Historique et le FLNC-Canal Habituel, se livrent à des règlements de comptes fratricides qui font plus d'une quinzaine de morts.
1996 : Plusieurs centaines de militants du FLNC Canal Historique tiennent une conférence de presse à Tralonca pour annoncer un cessez-le-feu. Cette manifestation, qui ressemble plus à une démonstration de force qu'à un message pacifique, en raison de l'arsenal présent lance-roquettes, fusil d'assaut, etc. et du nombre impressionnant de militants, provoque l'incompréhension et la stupéfaction générale. Jean-Louis Debré, le ministre de l'Intérieur de l'époque, sera par la suite critiqué pour avoir laissé faire et écarté du dossier corse par le gouvernement.
1998 : assassinat du préfet Claude Érignac.
1999 : affaire des paillotes. La paillote Chez Francis, construite illégalement, est incendiée tout aussi illégalement par les gendarmes du GPS au cours d'une action clandestine sur ordre du préfet Bernard Bonnet.
2000 : en août, le premier ministre Lionel Jospin propose un nouveau statut pour la Corse connu sous le nom de processus de Matignon qui est voté par l'Assemblée nationale le 4 décembre.
2002 : loi élargissant à nouveau les compétences de la collectivité territoriale de Corse et lui confiant notamment de nouvelles responsabilités dans des domaines tels la gestion des ports et aéroports, la carte des formations ou la préservation des monuments historiques.
2003 : 6 juillet : rejet par une majorité d'électeurs habitant sur l'île du projet de collectivité unique. Marquant une victoire des républicains anti-nationalistes conduits par Émile Zuccarelli, ce référendum est, selon ces derniers, un tournant décisif dans l'histoire politique récente avec l'arrêt provisoire des réformes institutionnelles.
2007 : lors de l'élection présidentielle, la Corse est l'une des régions de France qui votent le plus massivement en faveur de Nicolas Sarkozy plus de 61 % des voix, candidat élu.
2008 : 12 janvier: à la suite d'une manifestation nationaliste, ceux-ci, qui devaient initialement se diriger vers la préfecture, occupent l'Assemblée territoriale corse pendant près de trois heures s'ensuit un incendie qui ravage des bureaux dont celui du président de l'Assemblée.
2009 : le Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse PADDUC initié par la majorité UMP de l'Assemblée de Corse suscite la polémique sur l'île. Accusé, entre autres, d'être basé sur le tout-tourisme, de ne pas respecter assez l'environnement et d'empêcher le développement de l'agriculture, le projet rencontre une vive opposition. Il est finalement repoussé, et figure parmi les enjeux des élections territoriales de 2010.
2010 : la gauche, menée par Paul Giacobbi, remporte pour la première fois depuis 24 ans les élections territoriales. Les nationalistes, toute tendances confondues Femu a Corsica, autonomiste, et Corsica Libera, indépendantiste, atteignent le score historique 36 % des voix et se positionnent au centre du débat politique.
2011 : 30 juin : l'Assemblée de Corse jette les bases d'une nouvelle politique foncière et évoque des mesures qui devront s'insérer dans un nouveau statut de la Corse, que l'Assemblée devra négocier avec l'État. La gauche y est majoritairement favorable, tout comme les partis nationalistes. La gauche républicaine aujourd'hui minoritaire, y reste hostile. La droite, elle, s'est abstenue. Le débat institutionnel est relancé Corse Matin, 10 juillet 2011.
2012 : novembre : à la suite des assassinats de l'avocat Antoine Sollacaro et du Président de la Chambre de Commerce de Corse-du-Sud Jacques Nacer, le gouvernement français reconnait pour la première fois l'existence d'une mafia en Corse, et promet des mesures judiciaires spécifiques.
2013-2014: L'Assemblée de Corse vote plusieurs propositions allant dans le sens d'une nouvelle évolution institutionnelle et d'une autonomie élargie pour la Corse. Le 17 mai 2013, au terme d'un vote largement majoritaire 36 voix sur 51, soit 70 % des votants), elle vote l'adoption d'un statut de coofficialité pour la langue corse, assorti d'un programme de revitalisation linguistique. L'opinion corse, de son côté, est quasi unanimement favorable au bilinguisme et à la réintroduction de la langue (90% des personnes interrogées, selon un sondage Opinion of Corsica publié en avril 2013. Le 27 septembre de la même année, les élus corses se prononcent pour une nouvelle évolution des institutions de l'île par le biais de l'inscription d'une mention spécifique à la Corse dans la Constitution (à 46 voix sur 51. Le 25 avril 2014, à l'issue d'un vote majoritaire de 29 voix sur 51, les conseillers territoriaux proposent l'adoption d'un statut de résident permanent d'au moins cinq ans pour devenir propriétaire dans l'île afin de contrer la flambée des prix et la spéculation foncière et immobilière. À la suite de ces nouvelles propositions, un dialogue s'ouvre à nouveau entre le gouvernement français et les élus corses.
2014 : 25 juin : dans un communiqué envoyé à la presse locale, le FLNC annonce l'abandon de la lutte armée. L'organisation déclare sans préalable et sans équivoque aucune » avoir décidé unilatéralement d'enclencher un processus de démilitarisation et une sortie progressive de la clandestinité et estime qu'il est temps de passer à une phase nouvelle : celle de la construction d'une force politique pour gouverner la Corse et la conduire à l'indépendance. L'annonce est historique, et accueillie positivement par la classe politique insulaire qui y voit le début d'une nouvelle ère dans les rapports politiques en Corse.
2014 : 31 octobre : Un nouveau PADDUC, initié cette fois-ci par la majorité territoriale de gauche, est adopté par l'Assemblée de Corse. Plus consensuel que le précédent, le projet fait cependant l'objet de longues et intenses discussions avant de recevoir l'appui des élus nationalistes. Ces derniers votent le texte après avoir obtenus plusieurs garanties fondamentales, notamment sur la protection des espaces remarquables et des terrains agricoles. Malgré l'opposition de la droite et d'une élue de gauche, le texte est adopté à une large majorité, voté par 38 élus sur 51.
2015 : 1er juillet : l’Assemblée nationale adopte le projet de collectivité unique pour la Corse, voté un an plus tôt par les élus de l'Assemblée de Corse 42 voix sur 51. Ce projet prévoit notamment la fusion de la Collectivité territoriale de Corse et des deux conseil départementaux Haute Corse et Corse du Sud. L'entrée en vigueur de ce nouveau statut pour l'île est prévue pour le 1er janvier 2018.
2015 : 13 décembre : Victoire des nationalistes à l'issue du second tour des élections territoriales, la liste unie "Pè a Corsica" fusion des autonomistes de Femu a Corsica et des indépendantistes minoritaires de Corsica Libera menée par Gilles Simeoni arrive en tête avec plus de 35% des voix, conséquence de la fragmentation des partis traditionnels tant à gauche qu'à droite. Pour la première fois depuis la création de la Collectivité territoriale de Corse les nationalistes accèdent aux responsabilités territoriales.

Politique en Corse.

Les partis nationalistes, opposés à une économie uniquement axée sur le tourisme, ont réalisé une percée historique aux dernières élections régionales de mars 2010. Le 30 mars 2014, l'avocat Gilles Simeoni est devenu le premier maire nationaliste de Bastia.

Politique et administration avant la Révolution française

Liste des pievi de Corse.
Avant que soit voté à l'Assemblée nationale constituante L'Île de Corse est déclarée partie intégrante de l'empire français le 30 novembre 1789, l'île, sous domination italienne Rome, Pise, Gênes, était divisée en diocèses, pievi paroisses, communautés et fiefs. Elles étaient administrées par des évêques, piévans ou coévêques, des caporali tribuns et des seigneurs locaux jusqu'en 1641.
Le 14 décembre 1789, les communautés et paroisses deviennent des communes par la loi d'organisation municipale votée par la Constituante.

Administration de 1790 à 1982

Lorsque les circonscriptions d'action régionale CAR, équivalent des régions actuelles, sont organisées en 1960, la Corse fait partie de la CAR de Provence-Côte d'Azur-Corse. Elle en est détachée par un décret de 197038. En 1974, la Corse devient l'un des vingt-deux établissements publics régionaux et est dotée d'un conseil régional et d'un comité économique régional.
En 1975, en application de la loi du 25 mai, la Corse est divisée en deux départements, la Corse du Sud, avec Ajaccio pour chef-lieu, et la Haute-Corse, avec Bastia pour chef-lieu.

Administration depuis 1982

La Corse constitue la Collectivité territoriale de Corse CTC, statut particulier institué en vertu de la loi du 13 mai 1991. Cette loi a substitué ce nouveau statut de collectivité territoriale de la République, qui lui confère plus de pouvoir, à l'ancien statut de région.
La Corse est donc dotée d'une organisation institutionnelle originale, unique en France métropolitaine, mais comparable à celle de la plupart des autres régions européennes largement décentralisées, également comparable à celle des collectivités régies par l'article 73 de la Constitution française. Le statut de la Corse est ainsi très proche de celui de la Martinique, toutes les deux administrées par une collectivité territoriale comprenant un Conseil exécutif, une assemblée et un conseil consultatif. La spécificité de la Corse dans la République a en effet été reconnue par le pouvoir national puis traduite dans plusieurs réformes statutaires 1982, 1991, 2002 à partir d'un double fondement : favoriser l'expression du débat politique dans le cadre d'une démocratie locale rénovée, permettre la recherche de solutions adaptées aux problèmes insulaires à travers l'octroi de compétences étendues en matière d'identité et de développement. Ainsi la collectivité territoriale de Corse apparaît à l'avant-garde de la République décentralisée : par ses responsabilités accrues mais aussi une organisation rationalisée et des moyens plus importants, parmi lesquels le statut fiscal.
La collectivité territoriale de Corse comprend trois organes :
le Conseil exécutif de Corse
l'Assemblée de Corse
le Conseil économique social et culturel de Corse. Conseil exécutif
Le Conseil exécutif de Corse est l'organe exécutif de la collectivité. Il comprend neuf membres, élus par l'Assemblée parmi ses membres pour six ans.
C'est cet organe qui fait la particularité de la Corse. Il faut toutefois noter, qu'au sein de la République française, la Martinique a une organisation institutionnelle comparable à celle de la Corse. Alors que dans les autres régions françaises, c'est le président du conseil régional qui exerce à la fois l'exécutif et la présidence de l'assemblée délibérante, en Corse (et en Martinique, ces deux fonctions sont séparées.
L'Assemblée peut cependant renverser le Conseil en votant contre lui une motion de censure par 26 voix majorité absolue.
C'est actuellement Gilles Simeoni FC qui préside le Conseil.

Démographie de la Corse.

La Corse comptait 294 118 habitants au 1er janvier 200641 et 302 966 au 1er janvier 2008.
Au 1er janvier 2012, l'INSEE recense une population légale 2009 de 305 674 habitants .
Au 1er janvier 2014, l'INSEE recense une population légale provisoire de 323 092 habitants, soit une forte croissance depuis 30 ans, mais comparable à la Sardaigne, 5 fois plus peuplée avec 1,66 million d'habitants, et moins peuplée que les Baléares 1,11Mh ou la Sicile 5Mh. La Corse est donc la 4e île la plus peuplée de Méditerranée occidentale, dont les habitants insulaires sont près de 9 millions. La Corse est aussi la 4e île française la plus peuplée après la Réunion près de 850 000 habitants en 2015), la Guadeloupe plus de 400 000 habitants en 2015, la Martinique environ 380 000 habitants en 2015, et devant la Polynésie française près de 280 000 habitants en 2015), la Nouvelle-Calédonie (près de 270 000 habitants en 201 et Mayotte environ 230 000 habitants en 2015.

Immigration

En 2009, la Corse comptait 28 961 immigrés nés étrangers à l'étranger, dont 13 319 nés au Maghreb, sur une population de 305 674 soit 9,5 %.
31,2 % des nouveau-nés en 2011 en Corse, soit 962 sur 3 084, ont au moins un parent né à l'étranger quelle que soit sa nationalité, soit la plus forte proportion après la région Île-de-France 46,3 % et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur 32,6 %. Parmi ces nouveau-nés, 17,6 % ont un père né au Maghreb, soit la plus forte proportion au niveau des régions, devant les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur 14,9 %, Languedoc-Roussillon 14,1 % et Île-de-France 13,1 %.

Résidents étrangers

Au 1er janvier 2008, on recensait en Corse 24 747 étrangers déclarés sur une population totale de 302 966 habitants, soit 8 % de la population.
Résidents étrangers Population
1er janvier 2008
Maroc 10 454
Portugal 5 667
Italie 2 284
Tunisie 1 796
Algérie 825
Espagne 264
Turquie 5
Autres pays 3 155
Total 24 747

Économie de la Corse. Présentation

Les répartitions dans les trois secteurs économiques (en %) :
Primaire : 5,30
Secondaire : 15,30
Tertiaire : 79,40
La Corse possède une population active d'environ 122 300 habitants au 31 décembre 2014, en hausse de 13.000 en 7 ans 2007.
Le taux des chercheurs d'emplois sur la population active était de 10,6 % en 2002 et relativement stable.
Le PIB par habitant 24 232 euros en 2008 et de 26 554 euros en 2012, soit de 18 % inférieur à la moyenne nationale, en rattrapage de 3% en 4 ans.
L'économie corse se caractérise par la faiblesse du tissu productif et la surreprésentation du secteur tertiaire, notamment non marchand et public. La deuxième caractéristique majeure concerne les structures de production : il s'agit en très grande partie de très petites entreprises avec peu ou pas de salariés. D'un autre côté, on trouve les plus grosses structures dans la grande distribution ou dans le secteur du BTP soumis aux commandes publiques. À ceci s'ajoute une population faiblement active et vieillissante. Le secteur tertiaire, premier employeur de l'île, est marqué par la prépondérance du secteur public fonction publique d'état et collectivités territoriales.

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Posté le : 14/05/2016 22:04
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Le secteur primaire

Chèvres corses
L'agriculture reste le secteur productif le plus important malgré sa faible part dans le PIB. On ne peut comprendre la situation actuelle sans connaître un minimum l'histoire agraire de l'île. Les systèmes vivriers traditionnels disparaissent au début du vingtième siècle sous la pression conjuguée de la concurrence des céréales des pays neufs et de tarifs douaniers défavorables. Ces systèmes se basaient sur la culture des céréales en sec sur terrasses avec jachère biennale, voire culture sur brûlis en cas de crise alimentaire, de cultures d'appoint soignées jardins, vignes, vergers et d'un élevage semi-nomade inverse alliant terres de plaine d'hivernage et montagnes d'été avec village de montagne Niolo, Alta Rocca, Ascu, etc.. Certaines régions remplacent les cultures de céréales par le châtaignier.
La brebis corse est une composante essentielle de cette agriculture vivrière de montagne grâces à sa rusticité et ses aptitudes mixtes en lait, viande et laine. À partir de la fin du XIXe siècle, l'arrivée des industriels laitiers de roquefort sur l'île bouleverse cette économie et fait passer progressivement ses éleveurs dans l'ère industrielle.
L'autre composante est la chèvre corse, une race autochtone élevée en isolement des autres races, reconnue en 2003. D'ailleurs, tous les produits laitiers sont ici faits à base de lait de brebis et de chèvre.
Au tournant de 1945, l'intérieur est ruiné, en pleine déprise rurale et agricole. Les propriétaires fonciers ont bien souvent émigré. A 10 ans d'intervalle se produisent deux phénomènes qui vont redessiner le paysage agricole actuel : la mise en valeur de la plaine orientale et la reconquête de l'intérieur par l'agriculture et l'élevage pastoral.
Face au marasme ambiant et aux première agitations en 1950 la Corse compte environ 150 000 habitants, soit son minimum démographique le gouvernement entreprend de drainer la vaste plaine orientale, terre d'hivernage des bergers de brebis. Il s'agit d'y installer une agriculture moderne au sens des lois Pisani. À l'origine conçue pour les Corses, cette politique vient à propos pour accueillir les pieds noirs de retour d'Algérie. C'est l'origine d'une agriculture essentiellement orientée vers les cultures permanentes vignes, agrumes, kiwis, fruitiers, exercée au sein de grosses structures, à fort capital, grandes SAU, employeuse de main d'œuvre salariée souvent d'origine marocaine. Cette agriculture a connu des cycles : vin de table, kiwi, agrumes mais connaît des difficultés récurrentes, du fait de la forte capitalisation nécessaire et à l'endettement important des entrepreneurs. Si les performances se sont améliorées, l'avenir reste incertain car les exploitations ont du mal à honorer leur en-cours.
Au contraire, l'intérieur a connu une certaine reprise agricole dans les années 1970 en liaison avec le slogan vivre au pays / campà in paese. Il s'agit au contraire de structures légères peu d'investissements d'élevages de petits ruminants laitiers organisés en systèmes de types pastoraux : races rustiques, surfaces vastes mais peu productives, résultats techniques moyens ou médiocres mais d'une grande stabilité.
D'autres secteurs agricoles connaissent une belle croissance, tels la castanéiculture châtaignes et l'oléiculture. S'y ajoutent souvent une production de produits fermiers pour valoriser la main-d'œuvre familiale : fromages, agneaux, cabris, huile d'olive, veaux, charcuterie, miel. C'est un secteur en pleine évolution et organisation qui construit des démarches de qualité mais qui doit faire face à des problèmes de maîtrise du foncier, de manque de repreneurs, de difficultés financières et de mises aux normes des ateliers de transformation.
Dans ce cadre, dans les années 1990 et 2000 la brebis corse connaît un renouveau grâce à l'intégration de lait dans le cahier des charges d'appellations d'origine contrôlées de fromage fermier de Corse comme le brocciu et d'autres.
La viticulture en cave particulière combine des caractéristiques hybrides : forte capitalisation mais orientation vers une production labellisée. Ceci n'empêche pas que de vastes zones de l'intérieur soient devenues presque vides d'habitants et que certains villages n'aient plus assez de résidents permanents pour constituer un conseil municipal.

Le secteur secondaire

Le Vieux-port de Bastia
L'industrie, comme partout en Europe, a un effet d'entrainement fort pour l'économie, avec 4 à 6 emplois tertiaires induits par chaque emploi industriel local, d'où l'importance cruciale de ce tissu pour développer l'emploi en Corse.
Le secteur industriel est surtout développé dans le BTP qui dépend pour ses carnets de commande : des marchés publiques de routes et de grands bâtiments pour les plus grosses entreprises et une demande locale de résidences et de maisons très diversifiée ou touristique pour les PME et TPE de 0 à 3 salariés. Les industries agro-alimentaires, dites IAA, se développent aussi grâce à leur appui sur des entreprises de transformation des céréales, vignes, laits, fromages, viandes, huiles, poissons, produits de façon locale.
Parmi les nombreuses entreprises faisant des produits de qualité, on peut citer sans être exhaustif, le secteur des eaux minérales Saint Georges, Zilia, Orezza, des boissons notamment la brasserie Pietra qui développe outre les bières, les sodas et limonades; on peut aussi citer Torra, de la biscuiterie produisant selon des recettes locales, des plats cuisinés corses, de la charcuterie de type corse sans aucune garantie sur l'origine de la matière première mais aussi des fromageries et laiteries semi-industrielles.
D'autres ressources sont exploitées mais de façon plus marginale bois, lauze, pierres ornementales ou de construction.
La Corse est la plus développée des régions françaises en énergies propres, dites 'vertes'. L'énergie utilisée est pour 25% d'origine hydraulique 7 centrales EDF pour 136MW, mais aussi d'origine thermique 303MW, à Vazzio et Luciana. L'éolien se développe fortement avec un énorme potentiel, et notamment les fermes éoliennes du Cap Corse 3 fermes éoliennes pour 18MW, l'une des zones les plus venteuses de l'île. Plusieurs fermes photovoltaïques ont vu le jour un peu partout dans l'île Balagne, Cortenais, etc.. 93% de l'énergie est aujourd'hui produite par EDF et EDF EN, qui ont investi en Corse près d'un milliard d'euros de leurs ressources entre 2006 et 2012, pour développer et moderniser le parc de production.

Le secteur tertiaire

Le tertiaire privé marchand est marqué par une très forte saisonnalité liée à la quasi monoactivité touristique. Un grand nombre d'emplois offerts sont peu qualifiés et saisonniers. Avec le commerce, c'est pourtant le secteur qui est le plus dynamique ; mais il se cantonne souvent aux secteurs non délocalisables ou non concurrentiels. L'activité du secteur touristique cependant tend à s'étendre en arrière et pré-saison. Le tourisme d'affaire ainsi que le tourisme international ou thématique sportif, gastronomique, ...permettent de réguler les flux économiques sur l'ensemble de l'année.

Fiscalité Statut fiscal de la Corse.

La Corse bénéficie depuis le Consulat d'un régime fiscal dérogatoire motivé par son insularité et son état de sous-développement relatif. La dernière mesure législative qui régit le statut fiscal particulier de l'Île de Beauté date de 1994.
Des avantages fiscaux dont bénéficient les entreprises touchent notamment à l'impôt sur les sociétés dans les zones franches, et à la taxe professionnelle, réduite sur toute l'île. Les particuliers bénéficient d'avantages en matière de TVA, de taxe foncière sur les propriétés non bâties pour préserver certains secteurs de l'île, de TIPP. Ils sont par ailleurs exonérés totalement de droits de succession avantage limité à partir du 1er janvier 2012. Toutefois sur ce dernier point, il est bon de préciser qu'en France continentale, 95 % des héritiers sont de fait également exonérés de droits de succession.
L'État reverse au profit des collectivités le manque à gagner sur les taxes locales. Le coût brut est réduit : le manque à gagner en matière de recette fiscale du fait de ce statut dérogatoire était de 230 millions d'euros en 2004.
Depuis 1976, la Corse bénéficie également du concept de continuité territoriale. Elle a bénéficié de subventions au titre des fonds structurels européens relevant de l'objectif 1 qui concerne les régions dont le PIB est inférieur à 75 % de la moyenne européenne.
La Corse, qui ne fabriquait pas de produits manufacturés, était, par exception, autorisée à en importer hors taxe d'Italie ; pour éviter que l'île serve d'entrée aux produits italiens sans taxe, on a donc taxé les exportations vers la France continentale. En revanche, les produits agricoles corses étaient vendus en France continentale hors taxe.

Criminalité

Au cours de l'année 2010, 682 homicides volontaires ont été commis en France, dont 28 en Corse. Le taux d'homicide volontaire s'établit ainsi à un pour 10 800 habitants sur l'île, contre un pour 95 000 habitants sur le continent.

Transport en Corse.
Transport ferroviaire Chemins de fer de Corse.

La Corse possède un réseau ferroviaire de deux lignes seulement : Bastia - Corte - Ajaccio et Ponte-Leccia - L'Île-Rousse - Calvi. Ce réseau est géré par la CFC Chemins de Fer de la Corse et est à voie métrique.

Transport maritime

Le Sardinia Vera Corsica Ferries et le Corse SNCM à Bastia.
Le Mega Smeralda et le Pascal Paoli, à Bastia.
Le Moby Wonder à Bastia.
Le Kalliste La Méridionale.
Les liaisons maritimes entre la Corse et le continent européen sont assurées toute l'année grâce aux ports :
de Bastia 51,2 % du trafic passagers en Corse en 2011, et 1er port de Méditerranée en trafic de passagers, 2e de France après Calais
d'Ajaccio 26,5 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Porto Vecchio 9 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Île Rousse 8,2 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Bonifacio 5,4 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Calvi 3,5 % du trafic passagers de la Corse en 2011
de Propriano 2,2 % du trafic passagers de la Corse en 2011
qui relient l'île à :
Marseille SNCM et La Méridionale vers et depuis Bastia, Ajaccio, Île Rousse, Porto Vecchio et Propriano
Toulon Corsica Ferries et SNCM vers et depuis Bastia, Ajaccio, Île Rousse et Propriano
Nice Corsica Ferries et SNCM vers et depuis Bastia, Ajaccio, Île Rousse et Calvi
Savone Italie - Corsica Ferries vers et depuis Bastia, Île Rousse et Calvi
Gênes Italie - Moby Lines vers et depuis Bastia
Livourne Italie - Corsica Ferries et Moby Lines vers et depuis Bastia
Portoferraio Île d'Elbe - SNCM vers et depuis Bastia, 2 à 3 fois par an
Santa Teresa di Gallura Sardaigne - Moby Lines et SAREMAR vers et depuis Bonifacio
Porto Torres Sardaigne - La Méridionale et SNCM vers et depuis Propriano et Ajaccio
Golfo Aranci Sardaigne - Corsica Ferries vers Bastia
par les compagnies de transport maritime :
Corsica Ferries, entreprise privée franco-italienne, appartenant à la famille Lota,
la SNCM, entreprise publique française jusqu'en 2005, largement privatisée depuis,
La Méridionale, société du groupe STEF-TFE,
SAREMAR, entreprise privée italienne,
Moby Lines, groupe Onorato

Transport aérien

Les liaisons aériennes sont notamment assurées par deux compagnies aériennes, Air France et Air Corsica, qui proposent des liaisons régulières. D'avril à octobre, et surtout pendant l'été, de nombreuses liaisons de charters relient sans escale la Corse à de grandes villes européennes.

La Corse possède quatre aéroports :

Aéroport d'Ajaccio Napoléon Bonaparte à 5 km à l'ouest d'Ajaccio.
Aéroport de Bastia Poretta à 16 km au sud de Bastia
Aéroport de Calvi-Sainte-Catherine à 8 km au sud-est de Calvi
Aéroport de Figari Sud Corse à 4 km au nord-ouest de Figari

Transport routier

Réseau routier de Corse-du-Sud, Réseau routier de la Haute-Corse et Signalisation bilingue en Corse.

Culture corse Langue corse

Les montagnes corses
À l'époque romaine, les habitants de l'île parlaient un latin encore très proche de celui du continent. Pour schématiser : on retiendra que la langue corse est une langue issue du bas latin et du toscan médiéval. Certaines variétés de la langue corse sont parmi les langues les plus proches de l'italien standard, car elles ont été largement influencées par le toscan lui-même à la base de l'italien. Ceci fait que l'intercompréhension avec les Italiens est excellente mais que quelqu'un parlant corse comprend difficilement des langues locales comme le calabrais, le vénitien ou même le piémontais -et vice-versa. L'hymne corse Dio vi salvi Regina est d'ailleurs écrit en italien standard et chanté en corse sans que de grandes modifications soient perceptibles entre l'écrit et l'oral ; la seule différence est que le o italien devient un u latin en corse même dans le titre qui est parfois Dìu vi salvi Regina. Ce phénomène de l'interchangeabilité du u et du o n'est cependant pas un phénomène proprement corse puisqu'on le retrouve en sicilien, en calabrais, en occitan et en catalan. Toutefois, les variétés de la langue corse dites taravaise ou sartenaise sont plus éloignées du toscan, mais nettement plus proches des langues sicilienne ou galluraise.
La langue corse actuelle a été influencée selon les micro-régions de l'île par le toscan, au nord, tandis que l'extrême sud restait soumis à l'influence du bas latin. Cela se révèle notamment dans la forme des pluriels masculins issus du neutre latin dans l'extrême sud et dans la forme initiale de termes restés proches du latin tels u casgiu pour le fromage directement issu de caseus en latin. Les linguistes décrivent ces différentes variétés comme une forme de polynomie. Les différentes variétés sont intercommunicantes mais variées.
La langue corse est le véhicule de la culture corse, riche de ses chants, ses polyphonies, ses proverbes, et de ses expressions.
Elle est l'objet de nombreuses revendications concernant sa protection et son enseignement. L'État affiche une volonté politique de promouvoir l'enseignement de la langue et de la culture corse. Il a mis en place un enseignement facultatif d'un maximum de deux heures par semaine, géré par les professeurs des écoles dans le primaire. Ces mesures sont vues par certains comme trop faibles, comparées à ce qui est fait en Espagne pour le catalan et le basque, par exemple. En 2011, la majorité de gauche au pouvoir a annoncé dans l'enceinte de l'Assemblée son intention d'aller vers un statut officiel de la langue corse, qui pourrait permettre sa réintroduction généralisée dans la société, à l'instar de ce qui a été fait en Catalogne espagnole. Cette officialisation passe cependant par une révision de la Constitution, qui est rejetée par l'Académie française.
De fait, la langue corse est considérée par l'Unesco comme une langue en voie de disparition, de même que 90 % des langues de la planète. On estime d'ailleurs depuis 2006 que la langue corse - ainsi que certaines langues italiques tels que le sicilien, le calabrais, le vénitien - est l'une des plus proches du bas-latin tel qu'il fut parlé à l'aube du Moyen Âge.
Les patronymes corses se retrouvent un peu partout en Italie, et notamment dans les régions centrales de la péninsule. C'est le cas, notamment de Benigni, patronyme qui trouve son origine en Toscane. On pense au comédien et réalisateur Roberto Benigni originaire, précisément de cette région d'Italie ainsi que Patrice Benigni, animateur, chanteur et comédien cousin d'André Santini, ancien ministre sous Nicolas Sarkozy et maire d'Issy-les-Moulineaux et de Romain Alessandrini, joueur de l'OM. Les racines corses de ces trois cousins se situent dans le Cap à Canari. Autrefois langue orale, mélange d'origines latine, italienne, elle est actuellement codifiée et structurée par l'université de Corte Università Pasquale Paoli di Corti et défendue par de nombreuses associations insulaires. Elle doit son statut de langue au fait paradoxal que la Corse fait partie de la France, ce qui lui vaut d'être séparée des autres dialectes italiens. En Italie, les dialectes régionaux ont le statut officiel de langue seulement dans leurs propres régions.

Autres langues parlées en Corse

Français
Italien
Grec
Bonifacien
Ligure
Arabe
Hébreu

Chants et polyphonie Chant corse.

Alte Voce
Jean-Paul Poletti
A Filetta
Felì
L'Arcusgi
Barbara Furtuna
Canta U Populu Corsu
Antoine Ciosi
Giramondu
I Chjami Aghjalesi
I Muvrini
Orizonte
Tino Rossi
Battista Acquaviva
Patrizia Gattaceca en solo
Petru Guelfucci
Voce Ventu
Diana di l'Alba

Cinéma en langue corse

Depuis 2006, la série télévisée Mafiosa, le clan créée par Hugues Pagan est diffusée sur Canal+.
en 2007, Robin Renucci réalise Sempre vivu ! son premier long-métrage en Corse dans le village de Olmi-Cappella. Le film est tourné en langue corse et raconte des petites histoires et confrontations entre villageois paisani.
en 2008 sort Un prophète, un film français réalisé par Jacques Audiard. Présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2009, il y a obtenu le Grand prix du jury. Quelques mois plus tard, il reçoit le Prix Louis-Delluc. Lors de la cérémonie des César du cinéma 2010, il gagne neuf récompenses dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il est sorti en salles le 26 août 2009 et a comptabilisé 1 249 000 entrées. Le film est tourné en partie en langue corse.
en 2011 sort I Tercani, un film français tourné entièrement en langue corse, réalisé par Magà Ettori et présenté en avant-première mondiale à Florence lors des 50 Giorni di Cinema Internazionale a Firenze.
Conseiller cinéma auprès du Conseil Économique Social et Culturel Corse CESCC, réalisateur et président de l'Institut Régional du Cinéma et de l'Audiovisuel - Corse IRCA, Magà Ettori est considéré comme le chef de file du Cinéma Corse Néo Contemporain.
Le Cinéma Corse Néo Contemporain est le nom du mouvement cinématographique qui fait son apparition en Corse en 2008. La principale caractéristique de ce courant est de présenter le quotidien en l'état, en adoptant une position moyenne entre scénario, réalité et documentaire et en se servant à la fois de gens de la rue et d'acteurs professionnels pour apporter un maximum de réalisme et de véracité.

Personnalités liées à la région Sportifs professionnels

Porto-Vecchio
Morhad Amdouni, né à Porto-Vecchio
Adil Rami, né à Bastia
Chahir Belghazouani, né à Porto-Vecchio
Karim El Hany, né à Sartène
Chaouki Ben Saada, né à Bastia
Wahbi Khazri, né à Ajaccio
Pascal Berenguer, originaire de Corte
François Bracci, né à Calcatoggio
Rémy Cabella, né à Ajaccio
Yannick Cahuzac, né à Ajaccio
Johan Cavalli, né à Ajaccio
Laurent Emmanuelli, de Vescovato
Mathieu Flamini, originaire de Guagno
Ludovic Giuly, originaire de Zalana
Priscilla Gneto, a grandi et vit à Porto-Vecchio
Anthony Lippini, né à Bastia
Pierre Mignoni, de Vescovato
François Modesto, né à Bastia
Pascal Olmeta, né à Bastia
Charles Orlanducci, de Vescovato
Julian Palmieri, originaire d'Omessa
Claude Papi, originaire de Porto-Vecchio
Jean-Baptiste Pierazzi, né à Ajaccio
Sébastien Squillaci, originaire de Ghisonaccia

Écrivains Écrivains en langue française

Paul Antonietti, auteur de I. F. F. I Francesi Fora
Anne-Xavier Albertini, Le Bar à tisanes
Daniel Arnaud, auteur de La Corse et l'idée républicaine et de Dernières nouvelles du front
Frédéric Bertocchini, auteur d'ouvrages historiques et de nombreuses bandes dessinées, dont Paoli, Sampiero Corso, Libera me, Jim Morrison, Poète du Chaos, Aleria 1975, Le Bagne de la honte et autres...
Paule Calliste, auteure de Quand les pierres essaient de parler, Les échos du casone, D comme mensonge
Roger Caratini, auteur de la Bordas Encyclopédie
Xavier Casanova, auteur du Codex Corsicæ
Marie-Josée Cesarini-Dasso, L'Univers criminel féminin en Corse au XVIIIe siècle, Brigida Médecin au XVIIe siècle, La Bandite
Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca, auteur de Histoire de la Corse avec Louis Villat
Gabriel Xavier Culioli, auteur de la Terre des Seigneurs, Le Complexe corse, Terres de Corse, Les Pierres de l'apocalypse, Le Chant des Saisons, Le Grand Voyage, Légendaire corse, Bandits de Corse,
Jacques Denis, auteur de Forçats corses, déportations au bagne de Toulon, 1748-1873, éditions Privat, Toulouse, 2011, Brève histoire des Cunsulte de Corse, édition Fior di Carta, coauteur Des Jurassiens à la conquête de la Corse
Jean-Toussaint Desanti, philosophe, auteur de Les idéalités mathématiques
Michel Ferracci-Porri, auteur de La Môme Moineau, Beaux Ténèbres, La Pulsion du Mal d'Eugène Weidmann., L'Affaire du Fantôme de Heilbronn, Joyeuse encyclopédie anecdotique de la gastronomie
Marie Ferranti
Jérôme Ferrari
Marie-Hélène Ferrari, auteur notamment de la série: Les Aventures du commissaire Pierucci
Nicolas Giudici
Daniel Istria, auteur de Pouvoirs et fortifications dans le nord de la Corse XI-XVIe siècle
Evelyne Luciani, Louis Belgodere, Dominique Taddéi, auteurs de Trois prêtres Balanins au cœur de la révolution Corse
Thierry Ottaviani, essayiste, auteur notamment de La Corse pour les Nuls
François de Negroni
Paul-François Paoli
Jean Pasqualini, auteur de Prisonnier de Mao 7 ans de Laogaï
Pierre Piobb
Michel Poli, Le cimetière des éléphants
Moune Poli, auteure de la Corse au poing
Xavier Poli, auteur de La Corse dans l'Antiquité et dans le haut Moyen Âge - 1907
Pierre Poggioli, auteur de plusieurs livres sur l'histoire contemporaine corse et le nationalisme
Angelo Rinaldi
Jean-Claude Rogliano
Dominique Sampieri, auteur de Les Châtaigniers de Bocognano, La Faux et le fusil
Jeanne-Hélène Sampieri, auteur de À propos d'Ajaccio...
Jean-Pierre Santini
Petr'Anto Scolca
Marie Susini
Jean Venturini poète français d'origine corse
Gilles Zerlini
Michel Zevaco, auteur de romans de cape et d'épée dont la série des Pardaillan

Écrivains en langue corse

Îles Sanguinaires.
Marcu Biancarelli
Santu Casanova
Jean-Joseph Flori
Don-Joseph Giansily
Petru Rocca

Écrivains en langue italienne

Petru Giovacchini
Salvatore Viale
Il existe des écrivains en langue corse, notamment depuis le XIXe siècle, alors que jusqu'alors il avait plutôt existé une littérature corse en italien très importante. L'italien en Corse comme dans les autres régions italiennes était la langue écrite par les lettrés et cela jusqu'à la conquête française.

Écrivains en langue corse et en français

Prete Gentili Anghjulu-stefanu, de Calacuccia avec Pascura, un recueil de contes et proverbes
Marta Renucci Cristofini
Antoine Trojani, d'Asco, a écrit de nombreux livres en corse et en français dont une histoire du Sage d'Asco.

Poètes

Patrizia Gattaceca
Natale Sarocchi dit Natellulu di Rusiu

Religion Christianisme Diocèse d'Ajaccio.

La religion dominante de la Corse est le catholicisme où 92,2 % des habitants se déclarent catholique. Le diocèse d'Ajaccio comprend 434 paroisses, et 103 prêtres.
Un pèlerinage important a lieu, à chaque 8 septembre, à Notre-Dame de Pancheraccia où la Vierge Marie apparut à une enfant perdue et assoiffée au XVIIIe siècle.
A l'instar des gardes suisses, il exista aussi une Garde corse pour le Vatican. De nos jours, la liturgie est célébrée en français bien des offices y soient aussi menés ponctuellement en latin; en outre, la réalisation d'un missel en corse est à l'étude. Plusieurs archiconfréries contribuent aussi à la vie catholique de l'île.

Croyances et superstitions

Les croyances populaires en Corse sont encore aujourd'hui très largement imprégnée de cultures et coutumes païennes, probablement héritières de cultes antérieurs au christianisme. La pratique de l'Ochju rituel consistant à chasser le mauvais œil, et le mazzérisme en sont les exemples les plus célèbres.

Le mazzérisme

Le mazzérisme est un don hypothétique de prophétie funèbre exercé la nuit par des individus pendant la période des rêves. Au cours de cette activité, le mazzeru part chasser et tuer des animaux. On le surnomme le Chasseur d'âmes ou encore le Messager de la Mort. Certains auteurs estiment que le mazzérisme est une invention de romanciers et n'a jamais existé en Corse.

Franc-maçonnerie

Les plus anciennes loges de Corse datent de 1902 l'Étoile de Cyrnos, puis de 1903 l'Émancipation Ajaccienne. Au début de la seconde guerre mondiale la franc-maçonnerie a pratiquement disparu de Corse. À partir des années 1970, elle reprend force et vigueur.Dans une interview donnée à un magazine local, René Lotta, un haut dignitaire de la Grande Loge nationale française GLNF affirme même qu'un Corse sur 100 serait franc-maçon.

Gastronomie

La gastronomie corse est étroitement liée aux principaux produits du terroir : la culture des oliviers, de la vigne, de la châtaigne et des agrumes, la charcuterie de porc, le lait et le fromage de brebis, comme celui de chèvre.
C'est traditionnellement une cuisine de montagnards même si les produits de la pêche sont devenus plus importants, essentiellement grâce à la disparition du paludisme des côtes et à la tradition corse d'ostréiculture et de mytiliculture héritée des romains.
Il existe en Corse deux types d'huiles d'olive. L'une est plus verte ; elle est produite en décembre et janvier, à partir d'oliviers jeunes et d'olives en début de maturation. L'autre est une huile jaune, propre à la culture corse ; elle est faite à partir des olives ramassées sous des arbres centenaires vers le mois de mai.

Cuisine Corse

Fromages traditionnels corses cuisine corse.
Parmi les spécialités il faut noter :
l'apéritif : le Cap Corse, c'est un apéritif à base de vin et d'une plante médicinale, le quinquina. Les plus connus sont le Cap Corse Mattei et le Cap Corse Damiani
le Pastis Dami
La Liqueur du Maquis
la bière corse à la châtaigne : la Pietra
le whisky corse P&M
le vin de Corse AOC
la charcuterie corse : le prisuttu, la coppa, le lonzu, le figatellu, la salciccia, u salamu
les fromages corses : le Bastilicacciu, le Calinzanincu, le Niulincu, le Sartinesu, le Venachese
le brocciu
les beignets fritelli dans le Nord de l'île, friteddi dans le Sud de brocciu fromage de lait caillé de brebis
le migliacciu
les sardines à la Bastiaise
la pulenda, une polenta de farine de châtaigne
les nicci, crêpes à base de farine de châtaigne
le cabri en sauce avec sa polenta de farine de châtaigne
le civet de sanglier
les canistrelli, biscuits parfumés au citron, à l'anis, à la châtaigne, au vin, ou nature.
toutes sortes de fromages : le brocciu, le fromage frais de brebis, la tomme corse et une myriade de fromages corsés.
la tourte de farine de châtaigne, les falculelle, le fiadone ou le pastizzu les crustulle
les digestifs : eau de vie, liqueur de myrte, de châtaigne, de cédrat, d'arbouse, etc.
le pestu : sauce au basilic se mariant avec divers ingrédients selon les régions de Corse
les aubergines farcies : demi-aubergines farcies de viande hachée et d'ail gratinées au four et servies avec une sauce tomate et basilique.
le muscat pétillant.
les miels AOC de Corse.
Au temps des Romains, les Corses se nourrissent principalement de lait, de viande et de miel. Nous sommes dans un pays de simple culture... Le miel corse que les matrones romaines utilisaient pour faire disparaître les taches de rousseur devait être fourni, au lieu et place de la monnaie, pour le paiement des impôts.

Sport

En rugby à XV, un club SC Bastia XV évoluait en championnat national de fédérale1 mais des raisons financières les ont relégués en fédérale3. Les autres clubs sont situés en Balagne le CRAB XV Lumio, à Bastia Bastia XV, Casinca XV, à Lucciana RC Lucciana, Porto-Vecchio ASPV XV et RCOPV XV AjaccioRCA, à Ventiseri, à Propriano (Alta-Rocca XV) et à Corte. Henry Savary occupe actuellement le siège de président, André Giammarchi le poste de vice-président et Fabrice Orsini est secrétaire général. Le comité régional présente au niveau national des sélections corses dans toutes les catégories de jeunes, ainsi qu'en féminines.
Le football est extrêmement populaire et très bien représenté en ligue professionnelle par rapport au nombre de spectateurs et à la puissance économique de l'île. Pour la saison 2007-2008, par exemple, étaient présents les clubs de l'AC Ajaccio et du SC Bastia en Ligue 1 et du GFCO Ajaccio en Ligue 2 et du CA Bastia en Ligue National (Ligue 3). Malheureusement, le manque de moyens financiers couplé aux incohérences de gestion de certains dirigeants ont jeté l'ACA et le SCB en Ligue 2, alors que le Gazélec a été sportivement relégué en Championnat de France Amateurs pour la saison 2006-2007. À ce même niveau, le Club Athlétic Bastiais CAB a connu la première saison en CFA de son histoire, après une épopée en Coupe de France la saison précédente, achevée contre Istres ligue 2. En CFA2, enfin, les réserves professionnelles de l'ACA et du SCB sont présentes, ainsi que les Moustiques de l'AS Porto-Vecchio, le club de Corte, le FA Île-Rousse, le FC Borgo et l'Étoile Filante Bastiaise. Cependant, depuis son retour au sein de l'élite, l'ACA présente une régularité de gestion qui lui a permis d'attirer la confiance des instances nationales. La DNCG tant redoutée par de nombreux clubs n'a jamais eu de reproche à formuler envers le club ajaccien.
Ainsi, ce ne sont pas moins de 11 équipes pour 9 clubs différents qui jouent au niveau national.
En handball, le GFCO Ajaccio évolue en Nationale 1, le club du Hb Corte évolue en Nationale 2 et celui de Bonifacio évolue en Nationale 3.
En volley-ball, le GFCO Ajaccio accède en 2007 à la PRO A.
En compétition automobile, le Tour de Corse est un des plus grands rendez-vous des rallyes sur asphalte. De plus, les pilotes corses sont réputés rapides, à l'image d'Yves Loubet, Patrick Bernardini ou encore Paulu-Battistu Halter.
Il y a aussi 3 stations de ski sur l'île comme le Val d'Ese et Ghisoni-Capanelle par exemple.
L'absence de grandes vagues due au fait que la Corse se situe en Méditerranée, ainsi que le vent fort et régulier en fait un lieu idéal pour la pratique de la voile comme la planche à voile et le kitesurf. La baie de Figari s'est imposée comme un spot incontournable de l'île dans ce domaine.
En cyclisme, il existe un Tour de Corse cycliste. À noter que le tour de France 2013 partira de Corse pour la première fois.
En futsal, la Corse est présente depuis 2008 au sein de l'Union nationale des clubs de futsal (UNCFs), deux de ses clubs Bastia Futsal et Sartène Futsal sont présents dans les championnats nationaux pour la saison 2010-2011, la ligue corse a un club européen après sa troisième année d'existence. Elle est l'une des plus dynamiques sur le plan nation avec plus de 15 clubs en 2009, et 300 licenciés.
En voile, le Festival Nautic & Music regroupe plusieurs compétitions nautiques. Le Tour de Corse à la voile en équipage rassemble plusieurs dizaines de bateaux à la mi-octobre. Le Club de Voile de Bonifacio organise la régate de catamarans de sport lors du Raid des bouches de Bonifacio. Il organise également le Défi Inter-Iles (mi-septembre), compétition de windsurf entre la Corse et la Sardaigne.



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Posté le : 14/05/2016 22:02

Edité par Loriane sur 15-05-2016 13:53:49
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Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov 1
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Le 15 mai 1891 naît Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov

en russe : Михаил Афанасьевич Булгаков, il naît le 3 mai du calendrier julien, calendrier de Russie, écrivain et médecin russe puis soviétique, mort à 48 ans, le 10 mars 1940 à Moscou qui est devenue la capitale de l'URSS, république soviétique de Russie. Mikhaïl Boulgakov travaille d'abord comme médecin durant la Première Guerre mondiale, la Révolution russe et la guerre civile russe. À partir de 1920, il abandonne cette profession pour se consacrer au journalisme et à la littérature, où il est confronté, tout au long de sa carrière, aux difficultés de la censure soviétique. Il devient romancier, dramaturge, librettiste, scénariste, acteur, il écrit des ouvrages fantastiques, science-fiction, satire, ses Œuvres principales sont : La Garde blanche, Le Roman de monsieur de Molière, Le Maître et Marguerite, Cœur de chien, Morphine. Mort à seulement 48 ans, il a écrit pour le théâtre et l'opéra, mais il est surtout connu pour ses œuvres de fiction comme les romans La Garde blanche, paru en 1925, et Le Roman de monsieur de Molière, achevé en 1933 publié en URSS, de manière expurgée, en 1962 et de manière intégrale en 1989, ou la nouvelle Cœur de chien achevée en 1925, mais publié en URSS en 1987.
Mais malgré tout son œuvre la plus connue est Le Maître et Marguerite, roman plusieurs fois réécrit et retravaillé entre 1928 et 1940, publié en URSS dans son intégralité pour la première fois en 1973, dans lequel il mêle habilement le fantastique et le réel, de telle sorte que le fantastique passe pour réel, et le réel pour fantastique, ainsi que les époques et les lieux, Jérusalem au ier siècle, sous Ponce Pilate, et Moscou, dans les années 1930, sous la dictature stalinienne.


En bref

Né à Kiev, Boulgakov y mène jusqu'en 1916 une vie non exempte de chagrins (la mort de son père en 1907) et de soucis, des amours contrariées, un premier mariage alors qu'il est encore étudiant, mais rétrospectivement idéalisée. Le cadre familial, provincial et cultivé, de cette vie lui convient, ainsi que le régime tsariste dont s'accommode fort bien l'intelligentsia enseignante et médicale, d'origine cléricale, à laquelle il appartient. Éduqué dans la religion orthodoxe par un père croyant et historien des religions, il se convertit pendant ses études de médecine au darwinisme et à la « religion » du progrès. Ni la Première Guerre mondiale, lorsqu'il est mobilisé en 1916 comme médecin hospitalier à l'arrière, ni, bien qu'il en soit très affecté, l'abdication du tsar et le coup d'État bolchevique de 1917, ne le dissuadent de s'installer comme vénérologue à Kiev en 1918. C'est la guerre civile qui finit par le chasser de sa ville ; jusqu'en 1920, il assiste, à Kiev, à dix-sept changements de pouvoir entre nationalistes ukrainiens, occupants étrangers, forces blanches et forces rouges, tous rivalisant d'exactions sanglantes. Ces trois années auront fait pour lui du monde antérieur un amas de ruines, et mis fin sans retour à l'existence qui avait été la sienne.
Boulgakov atteint du typhus en émerge en mars 1920, dans un Vladicaucase désormais bolchevique où il était arrivé cinq mois plus tôt, mobilisé comme médecin par l'armée désormais battue de Denikine. Pour occulter son passé de « blanc », il dissimule sa qualité de médecin, et c'est alors que s'impose à lui la vocation de l'écriture. Il survit de sa plume à Vladicaucase en confectionnant des pièces de propagande qu'il détruira et désavouera ultérieurement. Fortement tenté d'émigrer, il décide finalement de gagner Moscou en 1921. Là, il affronte d'abord la misère commune, spécialement dure pour un plumitif isolé. En 1922, il réussit à se faire un nom dans le journalisme satirique florissant sous la N.E.P. (Nouvelle Politique économique). Il s'y révèle excellent, dans des centaines de croquis et de chroniques d'actualité plus hilarants que critiques, et politiquement très prudents. En parallèle avec ces travaux alimentaires, il compose ses premières œuvres « véritables » : des souvenirs artistiquement désorganisés sur ses débuts d'écrivain, Notes sur des manchettes (deux parties publiées en 1922 et 1923) ; une nouvelle (Morphine) et sept récits médicaux tirés de son expérience antérieure de jeune médecin ; trois grandes nouvelles qualifiées par lui de « fantastiques », Endiablade (1924), Les Œufs du destin (1925), Cœur de chien – et un roman, La Garde blanche, sur la guerre civile à Kiev telle que sa famille et lui l'avaient vécue. Les premiers de ces écrits furent publiés, mais la parution d'Endiablade alerta le camp des extrémistes, les « critiques de gauche », très influents dans la presse et au comité de censure ; Boulgakov fut catalogué par eux, à tort et pour la vie, garde blanc. Cœur de chien fut refusé par la censure en 1925, tandis que la seule première partie de La Garde blanche était publiée dans une revue moribonde en décembre 1924 les deux parties du roman furent éditées à Paris en 1927 et 1929. En 1926, les manuscrits et le Journal de l'écrivain furent confisqués à son domicile par l'Oguépéou.
Toujours en 1926, au moment même où sa prose est décrétée impubliable, Boulgakov, sollicité par le Théâtre d'art de Moscou que dirige Stanislavski, accède à la notoriété comme dramaturge avec la pièce Les Jours des Tourbine – une adaptation de La Garde blanche plusieurs fois remaniée pour satisfaire la censure. Jusqu'en 1929, malgré l'hostilité des confrères jaloux et les injures de la critique de gauche appuyée par Maïakovski et Meyerhold, alors vedettes incontestées du théâtre révolutionnaire, les pièces de Boulgakov obtiennent un immense succès public : après Les Jours des Tourbine, il fait jouer deux comédies désopilantes, L'Appartement de Zoïka 1926, satire de la N.E.P., et L'Île pourpre 1928, satire du théâtre de propagande et de la censure. Mais, au début de 1929, Staline, dans une célèbre lettre ouverte, condamne nommément le théâtre de Boulgakov, lui portant un coup fatal. Sa Cabale de dévots, centrée sur les rapports de l'artiste avec le pouvoir, rebaptisée Molière, autorisée par la censure au prix de refontes et de répétitions interminables 1929-1936, est retirée de l'affiche après sept représentations à bureaux fermés en février et mars 1936 ; La Fuite 1927-1928, qui montre le naufrage, dans l'émigration, des derniers héros de la résistance « blanche » en Crimée, ne put accéder à la scène.
Dans la rude décennie de 1930 s'instaure méthodiquement une dictature idéologique sans faille, bientôt renforcée par le culte stalinien de la personnalité. Le modèle « esthétique » du réalisme socialiste est imposé à tous les écrivains et artistes ; ceux qui ne s'y plient pas sont privés de gagne-pain, dénoncés publiquement, contraints à des autocritiques spectaculaires ; ils se suicident ou sont déportés, exécutés. Boulgakov, privé de tout revenu, demande en vain à maintes reprises l'autorisation de quitter l'U.R.S.S. Mais Staline lui accorde une semi-protection assez perverse : il lui téléphone une fois, en avril 1930, intervient pour que le Théâtre d'art lui procure un poste d'assistant-metteur en scène, et autorise en 1932 la reprise des Jours des Tourbine qu'il avait jadis appréciés, s'attachant l'écrivain par la vague promesse d'autres dialogues qui n'eurent jamais lieu, de séjours à l'étranger qui ne furent jamais autorisés.
Dès lors, aucune œuvre originale de Boulgakov ne verra plus le jour, même celles qui lui furent encore commandées au début des années 1930 : les pièces anti-utopiques, Adam et Eva et Béatitude, la comédie désopilante Ivan Vassilievitch (où l'on voit Ivan le Terrible transporté dans un appartement communautaire) ; une pièce historique, Alexandre Pouchkine, où apparaissent maints personnages historiques dont Nicolas Ier, mais jamais Pouchkine lui-même ; et Batoum, une pièce sur l'activité révolutionnaire du jeune Staline, écrite avec l'aval de celui-ci ; malgré l'extrême prudence politique de son auteur, cette œuvre fut interdite le jour même où l'écrivain partait avec la troupe pour Batoum.
Outre ses activités de dramaturge, de metteur en scène, ses travaux de traduction (de L'Avare de Molière, et de plusieurs comédies de celui-ci compilées sous le titre de L'Extravagant Monsieur Jourdain), ses adaptations scéniques (des Âmes mortes, de Don Quichotte), ses livrets d'opéra (il en composa quatre), Boulgakov, revigoré par la rencontre d'Elena Chilovskaïa qu'il épouse en 1931 en troisièmes noces, écrit trois nouveaux romans : une Vie de monsieur de Molière (à la demande de Gorki qui la décréta impubliable en 1933), et deux autres voués au tiroir, Mémoires d'un défunt (Roman théâtral) – roman commencé en 1937 et laissé inachevé, sur les démêlés tragi-comiques d'un dramaturge débutant avec un théâtre célèbre –, enfin Le Maître et Marguerite, commencé en 1928-1929, inlassablement poursuivi et remanié pendant plus de dix ans, couronnement de toute son œuvre, que sa densité de sens et son intrigue très élaborée n'empêchent pas d'être follement divertissant. En février 1940, alité, aveugle, Boulgakov dicte encore à sa femme des corrections à ce « roman du couchant », moins d'un mois avant de mourir, le 10 mars 1940, de néphrosclérose, une maladie qu'il avait depuis longtemps diagnostiquée et qui avait emporté son père au même âge.

Sa vie

Mikhaïl Boulgakov est le fils aîné d'Afanassi Ivanovitch Boulgakov, fils d'un prêtre d'Orel et lui-même maître de conférence d'histoire des religions occidentales à l'académie de Kiev, et de Varvara Mikhaïlovna, née Pokrovskaïa, fille d'un archiprêtre de Karatchev à l'époque dans le gouvernement d'Orel, actuellement dans l'oblast de Briansk, qui a été enseignante avant son mariage. La grand-mère maternelle de Boulgakov est née Tourbine. Naissent ensuite quatre sœurs : Vera en 1892, Nadejda en 1893, Varvara en 1895 et Elena en 1902, et deux frères : Nikolaï en 1898 et Ivan Vania en 19001.
En 1901, Mikhaïl entre au lycée Alexandrovski de Kiev. La même année, les Boulgakov font bâtir une datcha à Boutcha, à 30 kilomètres de Kiev, où ils se réunissent l'été et organisent des spectacles d'amateurs familiaux et amicaux. La famille aime et pratique la musique. Mikhaïl apprend le piano. À Kiev, après six déménagements, les Boulgakov s'installent, en 1906, dans un appartement loué au 13, descente Saint-André qui sera le cadre du roman La Garde blanche. Au début de l'année 1907, Afanassi Boulgakov se voit conférer par l'académie ecclésiastique le titre de docteur, le grade de professeur et une retraite correspondant à trente ans de service alors qu'il n'en a accompli que vingt-deux. Mais souffrant de graves complications d'une hypertension artérielle et devenu aveugle, il meurt en mars 1907 des suites d'une insuffisance rénale causée par une néphroangiosclérose.
À l'été 1908, Boulgakov fait la connaissance de celle qui sera sa première épouse, Tatiana Tassia Lappa, fille du directeur des douanes de Saratov. En juin 1909, il termine ses études secondaires, qui ont été très honorables malgré un penchant marqué pour les mystifications et les surnoms. Il s'inscrit à la rentrée à la faculté de médecine de l'université de Kiev, où il obtiendra son diplôme de médecin en 1916.
À cette époque, ses opinions sont monarchistes et libérales. Le centre de sa vie est le cercle familial, élargi à de nombreux cousins et camarades. Il a déjà une passion pour le théâtre et l'opéra et fréquente assidûment l'opéra de Kiev et le théâtre Solovtsov. En 1913, Boulgakov épouse Tatiana Lappa. L'année suivante, en vacances chez sa belle-famille à Saratov quand éclate la guerre, il travaille durant tout l'été à l'hôpital de secours fondé dans la ville pour accueillir les blessés. En avril 1916, il est reçu avec mention aux examens terminaux, anticipés en raison de la guerre et s'enrôle immédiatement comme médecin volontaire dans la Croix-Rouge.

Médecin dans la guerre

En septembre 1916, il est convoqué à Moscou, où on lui signifie son affectation, en qualité de réserviste de la défense territoriale de 2e classe dans un hôpital civil de la province de Smolensk, au village de Nikolskoïé, à quarante verstes du chef-lieu de district de Sytchovska expérience qui lui inspirera les Carnets d'un jeune médecin. Accablé de travail et de responsabilités très lourdes pour un jeune médecin isolé, il s'acquitte avec conscience de sa tâche. Par ailleurs, il devient morphinomane, à la suite d'une allergie au sérum antidiphtérique dont il a été soulagé par des injections de morphine. Au printemps 1917, il bénéficie de deux congés, l'un qu'il passe à Saratov, où il apprend les premiers événements de la révolution de Février à Petrograd, l'autre à Kiev.
À l'automne, il est muté à hôpital de Viazma, où il est moins pris par son travail et commence à écrire plusieurs récits, dont aucun n'a été conservé : Maladie première version de Morphine, inspiré de sa morphinomanie, Le Dragon vert, Carnets d'un jeune médecin titre qui deviendra celui d'un ensemble de récits achevés en 1925-1926, Première floraison. En décembre, alors que les bolcheviks, arrivés au pouvoir à l'occasion de la révolution d'Octobre, ont été chassés de Kiev Nikolaï Boulgakov a participé, comme junker, à la résistance de la ville et que la Rada, assemblée nationaliste ukrainienne, proclame la République populaire ukrainienne, Boulgakov est à Moscou, occupé par des démarches pour se faire libérer du service militaire, sans résultat. De retour à Viazma, il attend jusqu'au 22 février 1918 pour être libéré de ses obligations militaires et rentre à Kiev par Moscou.
Installé avec sa femme, ses frères et ses sœurs au 13, descente Saint-André, il ouvre un cabinet médical de vénérologie. Sa mère, remariée avec le docteur Voskressenski, habite au 56 de la même rue. Au printemps 1918, avec l'aide de sa femme et de son beau-père, Boulgakov parvient enfin à se libérer complètement de sa morphinomanie. À Kiev, il est témoin de l'évolution de la situation, entre le gouvernement de l'hetman Pavlo Skoropadsky, créature de l'occupant allemand, les nationalistes ukrainiens, dirigés par Simon Petlioura, l'Armée des volontaires future Armée blanche, organisée en octobre 1918 par le général Anton Ivanovitch Dénikine pour arrêter l'avance des bolcheviks, et le corps expéditionnaire franco-britannique envoyé en novembre en mer Noire. Kiev, à l'époque, sert de centre de ralliement de tous les réfugiés du nord fuyant le gouvernement communiste.
Ces événements, et plus particulièrement la prise de Kiev par les troupes de Simon Petlioura, constituent la toile de fond de La Garde blanche et des Jours des Tourbine. Mobilisé par le Directoire d'Ukraine, dont les Français se sont institués protecteurs, en s'entendant avec les généraux monarchistes Dénikine et Krasnov, Boulgakov assiste à des scènes sanglantes, notamment des crimes antisémites, et à l'évacuation de Kiev par Petlioura, menacé d'encerclement par les bolcheviks, le 5 février 1919, événements dont on trouve la trace dans La Garde blanche, Les Aventures extraordinaires du docteur N. et La Nuit du 2 au 38. Il parvient à s'échapper de l'armée en déroute de Petlioura au bout de de deux jours, dans la nuit du 2 au 3 février 1919.
Le 1er septembre, sous la double pression des nationalistes, qui organisent soulèvements et pogroms dans les campagnes ukrainiennes, et d'un corps de l'Armée des Volontaires, les bolcheviks évacuent Kiev, et Ivan et Nikolaï Boulgakov s'engagent dans l'armée de Dénikine. Boulgakov est hanté par les dangers que ses frères courent dans le Sud, hantise qui lui inspirera La Couronne rouge. Lui-même est réquisitionné par l'Armée blanche en tant que médecin, fin septembre ou début octobre, et rejoint Vladikavkaz. Le 13 novembre 1919, il publie dans Grozny, journal soutenant Dénikine, un article violemment antibolchvique, très pessimiste, intitulé Perspectives d'avenir, qu'il signe M. B..

Les débuts littéraires

Mikhaïl Boulgakov en 1926. Le monocle et le nœud papillon le distinguent ostensiblement des écrivains prolétariens volontiers débraillés de la Russie soviétique11.
En 1920, installé à Vladikavkaz, Boulgakov décide d'abandonner la médecine pour se consacrer à l'écriture. Il publie plusieurs récits Au café le 5 janvier, un récit sous-titré Tribut d'admiration le 6 ou le 7 février et collabore à un éphémère journal blanc.
Atteint du typhus lors de l'installation des bolcheviks, il ne peut s'enfuir et demeure donc à Vladikavkaz. Fin mars, il se fait engager à la sous-section des Arts de la ville, dirigée par Iouri Sliozkine, un romancier à succès avant la Révolution, qui s'associe Boulgakov comme directeur du Lito département Littérature de cet organisme. Le 1er mai, un Théâtre soviétique est inauguré ; Boulgakov y présente des spectacles, organise des soirées culturelles, anime des débats, assure la critique littéraire et théâtrale dans la presse locale. Fin mai, il prend la direction du Téo département Théâtre et organise aussitôt un studio d'art dramatique. Le 3 juin est jouée sa première pièce, Autodéfense dont nous n'avons aucune trace, une humoresque en un acte. Durant l'été, il écrit un drame en quatre actes, Les frères Tourbine, sous-titrée L'heure a sonné, qui remporte un grand succès à partir du 21 octobre, mais dont il n'est pas content, ayant dû bâcler pour des raisons alimentaires un sujet qui lui tenait à cœur. De même, une pièce en trois actes, Les Communards de Paris, écrite en dix jours, est créée à Vladikavkaz entre janvier et mars 1921.
À la même époque a lieu une polémique avec le quotidien local Kommounist Le Communiste, dont il n'a pas supporté que le directeur attaque Pouchkine lors d'un débat, et il est traité de bourgeois. Le 25 novembre, qualifié de blanc, Boulgakov est expulsé de la sous-section des Arts. Ne pouvant faire publier les récits qu'il écrit ni jouer sa comédie bouffe, Les Prétendants d'argile, il quitte Vladikavkaz en mai 1921 et pérégrine entre Bakou, Tiflis et Batoum, hésitant un moment à s'embarquer vers Constantinople, avant de partir sur les conseils du poète Ossip Mandelstam pour Moscou, à la fin de septembre 1921.
Nullement fasciné par la Révolution d'Octobre, à la différence de nombre d'intellectuels, Boulgakov comprend néanmoins que le régime est durablement en place. À partir de son installation à Moscou, et jusqu'en 1925, il multiplie les travaux alimentaires et les petits emplois, tout en écrivant ou réécrivant ses premières nouvelles et un roman sur la guerre civile. Son ambition est de prendre place parmi les plus grands écrivains de la littérature russe.
Engagé le 1er octobre au Lito de Moscou, il s'installe avec sa femme au 10, rue Bolchaïa-Sadovaïa et écrit plusieurs articles, qu'il a le plus grand mal à placer, à cause notamment de la censure. Après la dissolution du Lito, le 1er décembre 1921, il obtient un emploi modeste au Torgovo-promychlenny Vestnik, Le Courrier du Commerce et de l'Industrie, journal indépendant qui vient de se fonder dans le cadre de la NEP. Ce n'est qu'en 1922 qu'il entre dans le monde littéraire. Après la disparition du Vestnik, en janvier au bout de six numéros, il trouve un emploi dans les services éditoriaux d'un comité scientifique et technique dépendant de l'armée de l'air début février, puis est engagé comme journaliste dans un organe officiel du parti communiste, Rabotchi L'Ouvrier, dirigé par Nadejda Kroupskaïa, la femme de Lénine. De même, en avril, il entre en relation avec Nakanounié À la veille, organe de l'émigration russe de la tendance Changement de jalons, installé à Berlin, dont le supplément littéraire hebdomadaire est dirigé par Alexeï Tolstoï, et se fait embaucher comme rédacteur-réviseur au Goudok, Le Sifflet.
En mai 1922 paraît Aventures extraordinaires du docteur N. dans le deuxième numéro du mensuel Roupor Le Porte-voix. De même, Nakanounié publie la première partie de Notes sur des manchettes le 18 juin, La Ville de pierres rouges le 30 juillet, les Aventures de Tchitchikov le 24 septembre histoire fantastique qui renvoie au roman Les Âmes mortes de Gogol, La Couronne rouge le 22 octobre, La Nuit du 2 au 3 le 10 décembre, le premier chapitre de La Capitale en bloc-notes le 21 décembre et La coupe de la vie le 31 décembre. De même, dans le numéro 2 de décembre de Krasny journal dlia vsekh, La Revue Rouge pour tous paraît Le 13, Immeuble Elpit - Commune ouvrière. Par ailleurs, dans son numéro 4 de décembre, la revue Rossia Russie fait figurer Boulgakov dans la liste de ses collaborateurs et, par lettre datée du 29 décembre, la rédaction de Nakanounié l'invite à collaborer régulièrement au journal.

Entre journalisme et littérature

Durant les années qui suivent, Boulgakov consacre une bonne part de son travail à publier dans la presse des articles de variété et des récits. Au Goudok, il devient ainsi, en février 1923, l'auteur attitré des récits humoristiques. Il y noue d'ailleurs des relations avec d'autres écrivains provinciaux débutants. Fin juillet, l'almanach Vozrojdenié Renaissance publie une seconde version de la première partie de Notes sur des manchettes, mais ne peut obtenir que le récit soit publié en volume, à cause du veto de la censure. En septembre, il noue des relations amicales avec Alexeï Tolstoï, rentré depuis un mois à Moscou, où il œuvre avec d'autres à consolider le mouvement Changement de jalons en Union soviétique. Durant l'automne et l'hiver, Boulgakov s'épuise dans des travaux qu'il juge alimentaires, l'assiduité obligatoire dans les bureaux du Goudok lui pèse, et les personnalités rassemblées autour de Nakanounié commencent à lui inspirer une méfiance inquiète20.
En janvier 1924, lors d'une réception où l'on fête le retour définitif en Russie des auteurs de la tendance Changement de jalons, Boulgakov noue une idylle avec Lioubov Evguenievna Bielozerskaïa, revenue de Berlin avec son compagnon Vassilevski-Niéboukva, journaliste collaborateur de Nakanounié. Au début de cette année, il parvient à caser des textes dans d'autres périodiques que Goudok et Nakanounié. Fin février ou début mars, la nouvelle Endiablade paraît dans le numéro 4 de Niedra, que son directeur-fondateur, Nikolaï Angarski, rencontré vers la mi-octobre 1923, avait accepté sans hésiter. Elle est remarquée par Zamiatine qui en fait une critique nettement favorable. De même, la nouvelle Le Brasier du khan est publiée en février dans le numéro 2 de Krasny journal. L'Île pourpre paraît le 20 avril dans Nakanounié. En août 1924, Boulgakov et Tatiana Lappa, officiellement divorcés en avril, changent de logement dans le même immeuble ; ils occupent désormais une pièce dans l'appartement 34. En septembre, Boulgakov trouve un premier logement où cohabiter avec L. E. Bielozerskaïa, avec laquelle il s'installe, début novembre, au 9, traverse Tchisty ex-Oboukhov. Ils se marient le 30 avril 1925.
En décembre est enfin publié, après bien des difficultés, car jugé trop favorable à la cause des blancs, dans le numéro 4 de Rossia le premier tiers chapitres I à VII de La Garde blanche, roman sur la guerre civile. Suit la deuxième partie chapitres VIII à XIII dans le numéro 5, fin avril 1925. La troisième partie chapitres XIV à XIX doit être éditée dans le numéro 6. Mais la revue cesse de paraître, fin octobre 1925, alors que la troisième partie n'a toujours pas été payée à Boulgakov et que l'éditeur ne lui a pas renvoyé le manuscrit. Celui-ci ne lui sera restitué qu'en mai 1926. Durant l'année 1925, Boulgakov publie dans Krasnaïa Niva Glèbble. un nouveau récit autobiographique, La bohème, le 4 janvier et rédige la nouvelle Cœur de chien qu'il ne parviendra jamais à publier. Fin juillet, un recueil de nouvelles intitulé Endiablade paraît à Moscou, mais le volume est confisqué par le Glavlit russie et retiré des librairies durant l'été.

Théâtre et censure

La même année, il commence une adaptation de son roman La Garde blanche pour le Théâtre d'art de Stanislavski, avec lequel il a de difficiles négociations en octobre.
Le 26 mars 1926, il fait lire les deux premiers actes modifiés de La Garde blanche à Constantin Stanislavski, qui les accueille favorablement. En revanche, par une lettre du 19 mai, il fait savoir au Théâtre d'art qu'il refuse catégoriquement les importantes coupures que celui-ci veut apporter à son texte. Finalement présentée à la presse le 24 juin, la pièce déchaîne la hargne des critiques de gauche Vladimir Blum et Orlinski, proches de l'Association des écrivains prolétariens RAPP, contre Boulgakov ; ils font ajourner la pièce et accablent l'auteur d'accusations haineuses dans de nombreux articles et débats publics. Les répétitions de La Garde blanche, rebaptisée Les Jours des Tourbine le 10 septembre, reprennent finalement, après de nombreux remaniements, entre fin août et septembre. La générale a lieu le 2 octobre, suivie par un débat où Anatoli Lounatcharski, commissaire du Peuple à l'Éducation et à la Culture Narkompros, et Vladimir Maïakovski, bien que très critiques sur le plan idéologique pour l'un, sur le Théâtre d'art pour l'autre, se prononcent en faveur de l'autorisation, tandis qu'Orlinski juge la pièce politiquement inadmissible. Les représentations commencent le 5 octobre, avec un grand succès public. À l'hostilité des critiques de gauche, toutefois, s'ajoute celle des dramaturges et metteurs en scène d'avant-garde Vsevolod Meyerhold, Vladimir Maïakovski, Alexandre Taïrov ou jaloux Vladimir Bill-Bielotserkovski. Même si la polémique s'éteint bientôt, la pièce est retirée du répertoire le 15 septembre 1927, et il faut une intervention de Stanislavski et de Lounatcharski pour que le Politburo lève le 10 octobre cette mesure.
De même, à partir de septembre 1925, il travaille sur L'Appartement de Zoïka pour le théâtre Vakhtangov, dont il donne lecture le 11 janvier 1926 elle est accueillie avec enthousiasme. Après une première répétition générale, le 24 avril, il lui est demandé de remanier la pièce. Invité à Krioukovo en juillet, il refond la comédie en trois actes. Autorisées le 21 octobre, les représentations commencent le 28, dans une version encore amendée à la demande du théâtre et de la censure. Par ailleurs, le 10 novembre, le Narkompros interdit de donner la pièce en province, interdiction qui sera finalement levée sept jours après. Bien que très critiquée par la presse, elle est jouée avec succès à Moscou, Leningrad et d'autres villes.
En outre, à partir de janvier 1926, il travaille à une adaptation de sa nouvelle L'île pourpre pour le Théâtre de chambre de Moscou, qui évolue, vers la fin de l'année, après la polémique qui a entouré Les Jours des Tourbine en une comédie-pamphlet où il tourne en dérision ses détracteurs. Le manuscrit est remis le 4 mars 1927. Autorisée par le Glavrepertkom le 26 septembre 1928, sous la condition de quelques coupures, la première a lieu le 11 décembre. Aussitôt, une campagne de presse est montée pour obtenir son interdiction. L'Île pourpre sera tout de même jouée jusqu'en juin 1929.
Parallèlement, il publie Tourmente de neige, récit sous-titré Carnets d'un jeune médecin les 18 et 25 janvier 1926, Ténèbres sur le pays d'Égypte, présenté comme un extrait du livre en préparation Carnets d'un jeune médecin les 20 et 27 juillet, L'éruption étoilée les 12 et 19 août, La Serviette au coq les 12 et 18 septembre, L'Œil votalisé, sous-titré Carnets d'un jeune médecin les 2 et 12 octobre, le récit J'ai tué les 8 et 12 décembre, tous dans la revue Meditsinski rabotnik Le Travailleur médical, et une nouvelle édition du recueil Endiablade, avec l'autorisation du Glavlit, fin avril, chez Niedra. En août 1926, il peut enfin quitter le Goudok.
Toutefois, le 7 mai 1926, l'appartement des Boulgakov est perquisitionné par l'Oguépéou, dont les agents emportent le manuscrit de Cœur de chien en deux exemplaires et trois cahiers d'un journal intime de Boulgakov couvrant les années 1923 et 1924, qui ne seront restitués à leur propriétaire qu'en octobre 1929. À partir de cette date, Boulgakov ne tiendra plus de journal. De même, le 22 septembre, il est interrogé par l'Oguépéou sur les raisons pour lesquelles il ne s'intéresse pas, comme écrivain, aux paysans et aux ouvriers, et sur sa vision négative de la vie soviétique. Elle l'interroge à nouveau le 18 novembre, pour des raisons inconnues.
Au début de 1927 paraît à Rīga une édition pirate de La Garde blanche avec une troisième fausse partie réécrite d'après le canevas des Jours des Tourbine. Pendant ce temps, les différents projets d'édition en URSS échouent les uns après les autres. En décembre 1927, une édition en volume, autorisée par l'auteur, correspondant chapitres parus dans les numéros 4 et 5 de Rossia, paraît aux éditions Concorde ; elle a pour titre Les Jours des Tourbine La Garde blanche. Le tome II chapitres XII à XX paraîtra en 1929 dans une édition déclarée par l'auteur définitive alors que Boulgakov avait pensé à l'origine à une trilogie, avec un dénouement largement modifié par rapport à la version de 1925 les épreuves de Rossia. La même année paraît dans Meditsinski rabotnik le récit Morphine les 9, 17 et 23 décembre. C'est la dernière publication intégrale d'une œuvre de Boulgakov.
Fin 1926, Boulgakov se lance dans l'écriture d'une nouvelle pièce sur la guerre civile russe, intitulée d'abord Le Chevalier de Serafima Les parias et qui deviendra La Fuite. Une première lecture a lieu le 2 janvier 1928 au Théâtre d'art, en présence de Stanislavski. Mais la pièce est interdite à Moscou, le 9 mai. En août, un théâtre d'Odessa se propose tout de même de faire jouer la pièce, mais le Glavrepertkom fait annoncer par la Pravda son interdiction le 24 octobre. Le 31 janvier 1929, après que le dramaturge Bill-Bielotserkovski a demandé par lettre à Staline de se prononcer sur La Fuite, le Politburo entérine son interdiction, et, dans sa réponse à Bill-Bielotserkovski, signée le 2 février et aussitôt diffusée dans les milieux théâtraux, Staline critique durement La Fuite, Les Jours des Tourbine qu'il a pourtant déjà vue plusieurs fois et L'Île pourpre. Le 6 mars, le Glavrepertkom fait paraître dans Vetcherniaïa Moskva Moscou-Soir l'interdiction de tout le théâtre de Boulgakov. Le 17 mars a lieu la 198e et dernière représentation de L'Appartement de Zoïka déjà interdite en novembre 1927 et avril 1928 au théâtre Vakhtangov. En avril, Les Jours des Tourbine sont retirés du répertoire du Théâtre d'art. Enfin, début juin est jouée la dernière de L'Île pourpre au Théâtre de chambre. Pour conclure, le 7 décembre 1929, l'Union des dramaturges notifie officiellement l'interdiction des quatre premières pièces de Boulgakov.
Interdit de vivre de son métier d'écrivain, Boulgakov adresse à Staline, au début de juillet 1929, une requête dans laquelle il demande l'autorisation de quitter, avec son épouse, l'URSS31. Dans une lettre à son frère Nikolaï (qui a émigré à la fin de la guerre civile datée du 24 août, il parle de son anéantissement en tant qu'écrivain. Le 3 septembre, faute de réponse, il écrit à Enoukidzé et à Gorki pour les prier de la soutenir. À la même époque, Zamiatine entreprend des démarches, par l'entremise de Gorki, pour obtenir l'autorisation d'émigrer.
Cependant, le 28 février 1929, Boulgakov fait la rencontre d'Elena Sergueïevna Chilovskaïa, épouse d'un officier supérieur de l'état-major général et mère de deux enfants ; ils s'éprennent immédiatement l'un de l'autre. Elle sera sa troisième épouse et le modèle de Marguerite dans Le Maître et Marguerite. Le même jour, le GPU enregistre une information selon laquelle Boulgakov aurait entrepris un nouveau roman. Il s'agit d'un roman sur le diable, qui a été conçu en 1928, et dont Boulgakov a commencé la rédaction au début de l'année. Pendant l'été, Elena Sergueïevna part en cure à Iessentouki, et elle échange avec Boulgakov des lettres d'amour. De même, il écrit un récit inachevé, daté de septembre 1929 et dédié à Elena Sergueïevna, intitulé À ma secrète amie. D'autres ouvrages sont rédigés, durant cette année cruciale : les premiers chapitres ultérieurement détruits d'un roman intitulé Le Théâtre et une première version de la pièce d'anticipation Béatitude.
En octobre 1929, Boulgakov commence une pièce sur Molière, La Cabale des dévots pour le Théâtre d'art, en remplacement de La Fuite. La première rédaction est achevée le 6 décembre. Présentée au début de 1930, elle est à son tour interdite, en mars, par le Glavrepertkom.
Le jour de l'enterrement de Vladimir Maïakovski, le 17 avril 1939.
Devant cette décision, le 28 mars 1930, Boulgakov envoie au gouvernement de l'URSS une longue lettre où il déclare, entre autres choses, avoir jeté au feu trois œuvres qu'il avait en chantier, le brouillon d'un roman sur le diable, celui d'une comédie et le début d'un deuxième roman, Le Théâtre, et demande soit qu'on lui fournisse un emploi en rapport avec le théâtre, soit d'agir avec lui comme il l'entendra, mais d'agir d'une manière ou d'une autre. En réponse, il obtient, le 3 avril, un emploi de consultant au TRAM Théâtre de la jeunesse ouvrière et, le 18 avril, lendemain du suicide de Vladimir Maïakovski, Staline l'appelle téléphoniquement. Pris de court, Boulgakov choisit non l'émigration, mais un emploi au Théâtre d'art. Un billet de Boulgakov à Staline, daté du 5 mai, restera, lui, sans réponse38. Le 10 mai, il est engagé au Théâtre d'art comme assistant-metteur en scène.
Par la suite, il écrira plusieurs lettres directement à Staline, pour lui ou pour des amis car l'on s'imagine qu'il a l'oreille du dictateur, sans réponse. Au fil de ces lettres, l'écrivain perd de plus en plus de vue la personnalité de celui à qui il écrit. Dans ce contact, il retrouve les relations entre Molière et Louis XIV ou entre Pouchkine et Nicolas Ier, qu'il décrira dans ses dernières pièces, c'est-à-dire les relations entre l'artiste et le pouvoir qui peut protéger le premier de ses ennemis ou bien l'accabler de sa puissance.

L'écrivain et le pouvoir

Dès son entrée au Théâtre d'art, où seule la peur des réactions du pouvoir avait empêché d'agréer la demande d'emploi de Boulgakov, l'écrivain se lance dans une adaptation scénique du roman de son maître Nicolas Gogol, Les Âmes mortes. Après le rejet d'une première version, le 7 juillet 1930, il rédige une seconde version, lue le 31 octobre, elle-même refondue en novembre pour tenir compte des objections du Théâtre. Les répétitions commencent le 2 décembre, mais le Théâtre d'art, toujours insatisfait du texte, lui demande de modifier profondément sa structure. La première a lieu le 28 novembre 1932.
Dans le même temps, il rédige une pièce pour le Théâtre rouge de Léningrad et le théâtre Vakhtangov de Moscou, Adam et Ève, qu'il achève le 22 août 1931. À Moscou, la pièce est refusée, à la demande du général Alknis, chef d'état-major de l'Armée de l'air sous prétexte qu'on y voit représentée la destruction de Léningrad. Pour le théâtre rouge, il ne parvient pas à obtenir l'aval de la censure locale, et la pièce n'est finalement pas jouée.
Cependant, au printemps 1931, Boulgakov reprend par à-coups son travail sur son « roman sur le diable. De même, après introduction des modifications demandées, et sur l'intervention de Gorki, le Glavrepertkom autorise finalement, le 6 octobre 1931, la pièce Molière (nouveau nom de La Cabale des dévots, qui doit être jouée par le Grand Théâtre dramatique de Leningrad. Celui-ci dénonçant le contrat deux semaines avant la date prévue par la première, le 14 mars, la pièce est confiée au Théâtre d'art, qui le met en répétitions le 31 mars, et ce, jusqu'à leur interruption, le 25 novembre 1932. Par ailleurs, en septembre 1931, il se lance dans l'adaptation scénique de Guerre et Paix de Léon Tolstoï pour le Grand Théâtre dramatique de Léningrad. Achevée le 25 février 1932, cette adaptation ne sera jamais jouée.
Sur le plan sentimental, le grand amour entre Boulgakov et Elena Sergueïevna connaît des moments difficiles à l'automne et l'hiver 1930, celle-ci ne pouvant se résoudre à briser sa famille. Fin décembre-début janvier 1931, ils passent quelques jours ensemble dans une maison de repos proche de Moscou. Le 25 février, menacée par son mari d'être séparée de ses enfants, elle se décide finalement à rompre leur liaison.
Brusquement, le 15 janvier 1932, Boulgakov est informé par le Théâtre d'art de Moscou de la reprise prochaine des Jours des Tourbine, sur décision personnelle de Staline. Le 24 décembre 1931, après avoir assisté à une représentation privée de la pièce d'Alexandre Afinoguenov, La Peur, qui lui avait déplu, il avait dit aux responsables du théâtre : Vous avez une bonne pièce, Les Jours des Tourbine ; pourquoi ne la joue-t-on pas ?. Reprise le 18 février, la pièce sera inscrite en permanence au Théâtre d'art et jouée en tournée dans plusieurs villes de province.
En juillet 1932, Boulgakov signe avec les éditions Jourgaz un contrat pour une Vie de Molière qui doit paraître au début de 1933 dans la collection Vies d'hommes remarquables fondée par Maxime Gorki et avec le studio-théâtre Zavadski un contrat pour une traduction du Bourgeois gentilhomme de Molière ; au lieu d'une traduction, Boulgakov écrira L'Extravagant M. Jourdain, libre adaptation de plusieurs pièces de Molière. Terminée le 18 novembre et aussitôt envoyée au théâtre Zavadski, elle ne sera jamais jouée. Pour la Vie de Molière, il l'achève et la remet à l'éditeur le 5 mars 1933. Toutefois, l'éditeur lui demande une refonte complète de l'ouvrage, qu'il refuse catégoriquement, le 12 avril. L'ouvrage ne sera pas édité de son vivant.
Aux alentours du 1er septembre 1932, Boulgakov et Elena Sergueïevna renouent et décident de ne plus se quitter ; après un échange de lettres et une entrevue orageuse avec Chilovski, armé d'un pistolet, celui-ci accepte de divorcer : il gardera son fils aîné Evgueni, tandis que le cadet, Sergueï, alors âgé de 5 ans, vivra avec sa mère. Le divorce de Boulgakov et de Lioubov Evguenievna Bielozerskaïa est prononcé le 3 octobre, et, le lendemain, il fait enregistrer son mariage avec Elena Sergueïevna. Du 15 au 28 octobre, ils séjournent ensemble à Leningrad, où Boulgakov a des entretiens avec plusieurs théâtres susceptibles de donner Les Âmes mortes et La Fuite, et Boulgakov reprend le début son roman sur le diable rédaction qu'il poursuivra par à-coups jusqu'en octobre 1934. Fin octobre, Elena Sergueïevna et son fils Sergueï s'installent chez Boulgakov, rue Bolchaïa Pirogovskaïa.
En mars 1933, La Fuite est mise en répétitions au Théâtre d'art, avec l'introduction en juin des changements demandés par le Glavrepertkom, mais le Théâtre d'art décide, le 29 novembre de l'exclure du programme des répétitions. À partir de mai 1933, Boulgakov travaille à Béatitude pour le music-hall de Leningrad. La première rédaction est achevée le 28 mars 1934, la seconde le 11 avril, la troisième déposée au théâtre le 23 avril. Le projet sera définitivement abandonné au début de juillet 1934. Le 9 décembre, il reçoit son premier et seul rôle de comédien au Théâtre d'art, celui du juge dans la comédie adaptée du roman de Dickens Les Papiers posthumes du Pickwick Club qu'il jouera jusqu'à fin de l'année 1935. Entre mars et août 1934, il s'attache à adapter Les Âmes mortes en scénario pour les studios Soïouzfilm, qui l'accepte le 12 août, avant de l'envoyer pour corrections le 15 septembre, puis de le rejeter le 27 novembre. Le 18 février 1934, Boulgakov emménage dans un nouveau logement de trois pièces au 3, rue traversière Nachtchokinski, dans un immeuble coopératif d'écrivains. Dans le courant de mars, en visite au Théâtre d'art, Staline s'enquiert de Boulgakov et déclare que Les Jours des Tourbine est le meilleur spectacle du répertoire.
À partir de décembre 1934, Boulgakov se consacre aussi à la rédaction d'Alexandre Pouchkine, une pièce sur les derniers jours du grand écrivain russe qu'il coécrit d'abord avec son aîné et ami Vikenti Veressaïev, grand spécialiste de Pouchkine. Toutefois, en désaccord sur l'ouvrage, l'un réagissant en historien, l'autre en écrivain, Veressaïev se retire du projet, et Boulgakov termine seul l'ouvrage, en septembre 1935. Présentée devant le comité directeur du Bolchoï le 6 janvier 1936, proposée à différents théâtres, la pièce est d'abord victime de la censure, avant que le Glavrepertkom ne l'autorise définitivement, le 26 juin 1939. La première aura lieu le 10 avril 1943. Toutefois, Prokofiev, en octobre 1935, puis Chostakovitch, en janvier 1936, lui proposent de composer un opéra d'après la pièce, projet qui ne se réalisera pas. De même, fin novembre 1934, il commence Ivan Vassilievitch, une pièce d'anticipation autour du personnage d'Ivan le Terrible, achevée le 30 septembre 1935. Remise au Théâtre de la satire le 7 octobre, la comédie subit les 11 et 13 mai 1936 des représentations générales intentionnellement bâclées et est retirée de l'affiche.
Dans le même temps, il rédige une traduction de L'Avare de Molière pour les éditions Academia de Léningrad, réalisée entre novembre 1935 et janvier 1936. Durant le printemps et l'été 1936 il écrit pour le Théâtre d'art une adaptation des Joyeuses commères de Windsor de Shakespeare. Mais, devant les instructions données par la direction sur cette pièce et son Molière, il abandonne la rédaction, puis donne sa démission du théâtre le 15 septembre 1936.
Le 1er octobre, il est engagé comme librettiste-consultant au Bolchoï, pour lequel il va réaliser à l'été 1936 le livret de l'opéra Minine et Pojarski, sur une musique de Boris Assafiev ; le livret de La Mer Noire, opéra sur la bataille de Perekop 1920, entre octobre 1936 et mars 1937 ; le livret de l'opéra Pierre le Grand entre juin et septembre 1937 ; et une adaptation de la nouvelle de Maupassant Mademoiselle Fifi intitulée Rachel entre septembre 1938 et mars 1939. Par ailleurs, une adaptation scénique de Don Quichotte est écrite pour le théâtre Vakhtangov entre décembre 1937 et septembre 1938.
Le 6 juillet 1936, Boulgakov ouvre un nouveau cahier d'adjonctions à son roman, appelé à devenir Le Maître et Marguerite. Entre novembre 1936 et septembre-octobre 1937, il travaille à un autre roman, Mémoires d'un défunt Roman théâtral, bilan sur son expérience théâtrale, souvent cocasse, qu'il laissera inachevé. L'hiver et le printemps 1938 sont essentiellement consacrés au Maître et Marguerite dont le titre apparaît pour la première fois le 23 octobre dans le journal d'Elena Sergueïevna. La dernière rédaction manuscrite est achevée dans la nuit du 22 au 23 mai 1938, avant d'être dactylographiée sous la dictée de l'auteur. Après quoi il se lance dans une nouvelle rédaction du roman. Le 2 mai, il en fait lire les trois premiers chapitres à l'éditeur Angarski, qui le déclare impubliable. Il n'en poursuit pas moins la révision jusqu'en avril 1939. Entre le 27 avril et le 15 mai, il lit en plusieurs séances l'intégralité du Maître et Marguerite devant un cercle d'amis. Pour cela, il travaille au début de mai, jusqu'au 14, sur l'épilogue.
Durant l'année 1939, après une longue visite de Markov et de Vilenkine, délégués par le Théâtre d'art, dans la nuit du 9 au 10 septembre 1938, il travaille à une pièce sur Staline, Batoum, qui sera remise le 25 juillet. Le 14 août 1939, une délégation du Théâtre d'art incluant Boulgakov et sa femme part en repérage en Géorgie, mais, le 17, ils sont informés du veto imposé à la pièce par Staline et rentrent à Moscou.
À la fin de 1939, l'état de santé de Boulgakov, depuis longtemps des plus médiocres, s'aggrave. Le 11 septembre, il connaît une baisse inquiétante de la vue. Les spécialistes consultés confirment bientôt le diagnostic de néphro-angiosclérose, la maladie qui avait emporté son père. Le 10 octobre, Boulgakov signe devant notaire un testament en faveur de sa femme, puis, le 14, une lettre lui confiant la gestion de son patrimoine littéraire. Lors d'un séjour dans une maison de repos à Barvikha, près de Moscou, il connaît une amélioration passagère et recouvre la vue, de même que le 13 janvier 1940. Le 25 janvier, il fait sa dernière sortie. Le 13 février, il dicte encore à sa femme quelques corrections pour Le Maître et Marguerite qu'il retravaille depuis le 4 octobre 1939. Pendant sa maladie, et jusqu'au début de mars, il reçoit la visite d'Anna Akhmatova et de Nikolaï Liamine clandestinement, car ils sont interdits de séjour à Moscou. Le 10 mars, à 16 h 39, il meurt à l'issue de plusieurs heures de souffrance. Deux jours plus tard, son corps est incinéré et ses cendres placées dans une urne au cimetière de Novodevitchi.

L'unité de l'œuvre

On est frappé par la diversité des formes, des genres, des intrigues, entre les œuvres de Boulgakov et aussi à l'intérieur de chacune d'elles ; toutes les formes de comique, du burlesque à l'humour de l'autodérision, y côtoient un pathétique intense et pudique ; plusieurs niveaux de lecture sont dissimulés dans les intrigues les plus extravagantes, et signalés au lecteur par des allusions en forme de clins d'œil. Mais l'unité de l'œuvre est évidente. Elle est faite d'un matériau unique, la réalité russe-soviétique des années 1918-1940 (même dans les œuvres dites historiques) et revient toujours, par des moyens renouvelés et imprévisibles, à cette question centrale : comment survit-on en Russie soviétique, dans un monde où a éclaté et continue de sévir une de ces catastrophes qui, périodiquement, font table rase des acquis de l'humanité ? Chez Boulgakov, tout est présenté de façon subjective. Aucune des œuvres n'est autobiographique stricto sensu, mais toutes s'inscrivent dans un « espace autobiographique » : les lieux où l'auteur a vécu (Kiev et le sud de la Russie dans les années de guerre, Moscou dans les années 1920 et 1930) ; et, plus largement, l'univers culturel de Boulgakov, modelé par son milieu d'origine, marqué par ses goûts personnels élargis au fil de ses expériences et de ses lectures. Partout, un protagoniste ou un narrateur évoque de quelque façon l'auteur lui-même : écrivain malchanceux et génial, ou bien inventeur prodigieux, dépassé par son œuvre, trahi par le pouvoir avec lequel il s'est compromis.

Une écriture libre

À partir du moment où l'existence eut perdu pour Boulgakov son sens et une grande part de son attrait, l'écriture devint sa vraie vie qui débuta, à l'en croire, le 15 février 1920 – date d'une victoire décisive remportée par l'Armée rouge dans le Caucase. Elle fut d'abord pour lui un substitut de la morphine à laquelle il s'était accoutumé en 1917-1918 ; l'écriture de La Garde blanche, puis des Jours des Tourbine le soulagea d'expériences intolérables jusque dans leur souvenir. D'autres tourments sont projetés dans l'écrit avec le même résultat bénéfique : la misère, la promiscuité du logement communautaire, les attaques visant l'écrivain, l'interdiction de voyager ou d'émigrer, la simple peur de disparaître, dans un Goulag ou ailleurs comme tant d'autres. En outre, la distance prise par l'écriture fait du monde soviétique mal supporté un objet de représentation délectable que Boulgakov « monte en spectacles » irrésistibles de drôlerie – dans ses pièces comme dans ses proses –, oscillant naturellement entre le réalisme et l'imaginaire, le fantastique, diabolique ou anti-utopique.
Instrument d'un transfert libérateur, l'écriture lui offre aussi une vie libre et authentique partagée avec la fratrie supratemporelle des créateurs de l'art, écrivains et musiciens surtout, dont « les manuscrits ne brûlent pas ». Boulgakov les introduit dans son propre texte au moyen de citations ouvertes ou cachées, par des imitations, des parodies ludiques. En revanche, il traite férocement et va jusqu'à diaboliser, dans Le Maître et Marguerite, les apparatchiks de la culture soudoyés par l’État pour produire une pseudo-littérature du mensonge, ceux-là même qui l'ont malmené et finalement éliminé de son vivant.
À l'encontre de ceux-ci, Boulgakov ne prétend par pour autant faire prévaloir quelque autre vérité. Au contraire, il présente de manière ambiguë, contradictoire, toutes les doctrines et valeurs à prétention universelle : le progrès, la religion établie, le rationalisme intégral, les certitudes acquises sur le bien et le mal. Tous les choix opérés par Boulgagov, à commencer par l'individualisme subjectif de son écriture, visent à démanteler la pensée unique, et spécialement le programme esthétique du réalisme socialiste.

La dimension métaphysique

Ainsi l'écriture, éprouvée comme un bien immense, s'oppose au mal que représentent, pour l'écrivain, la frustration des libertés vitales et les tracas insupportables de la vie soviétique. Dépassant le constat initial de « catastrophe », il aboutit à une première vision, cyclique, de l'histoire humaine, apparentée à celle de Tolstoï dans La Guerre et la Paix. À la fois intuitivement et en émule conscient de Gogol et de Dostoïevski, c'est au Diable qu'il impute les invasions massives et comme planifiées du Mal dans l'histoire. Présence inquiétante dans le sous-texte de toutes ses œuvres, le Diable est montré en pied et en pleine action dans Le Maître et Marguerite. Cela dit, son emprise s'étend au moyen de relais humains qui peuvent être des hommes supérieurs, des inventeurs, ou des réformateurs, les « Faust » des temps modernes ainsi que les plus grands pécheurs : fanatiques comme Caïphe, êtres vénaux comme Judas, lâches comme Pilate. Nouveau Faust, l'écrivain peut être réduit par la peur à désavouer son œuvre et à se détruire : cette tension entre l'hybris faustienne et l'extrême faiblesse humaine l'apparente au Crucifié. La seconde partie du « roman du couchant », écrite dans l'imminence de la mort, témoigne d'une élévation vraiment spirituelle : le « maître » franchit le cap de la mort, communique avec la Lumière grâce à des médiateurs et, surtout, se voit pardonné, ce qui l'autorise à accorder le pardon même à un Pilate.
Exalté par les progrès de la science, ouvert à toutes les cultures, curieux de tous les horizons philosophiques, religieux et mystiques, Boulgakov a exercé l'écriture en vrai « moderniste » des premières décennies du XXe siècle. Il a notamment forgé une écriture du « réemploi », où les morceaux « cassés » préservent leur éclat dans le langage nouveau où ils sont inclus. Dans l'écriture, magnifiée par lui et surchargée de sens, il jouit d'une liberté absolue, et il le manifeste avec une allégresse exubérante qui se communique immédiatement à son lecteur. Françoise Flamant

Postérité

Entre 1940 et 1941, Don Quichotte est donné à Moscou et dans plusieurs villes de province, avant d'être repris au théâtre Vakhtangov. En 1955, deux ans après la mort de Staline, paraît un recueil intitulé M. Boulgakov. Les Jours des Tourbine, Les Derniers jours Alexandre Pouchkine, première parution de ces deux pièces. La Fuite est jouée pour la première fois à Stalingrad le 26 mars 1957. En 1958, c'est au tour de trois récits de Carnets d'un jeune médecin d'être publiés. En 1962 sont édités La Vie de M. de Molière largement censurée et M. Boulgakov. Théâtre, comprenant pour la première fois La Fuite et La Cabale des dévots. En 1963 paraît le recueil Carnets d'un jeune médecin six récits. En 1965, paraît le recueil M. Boulgakov. Un drame et des comédies, comprenant la première parution d’Ivan Vassilievitch en volume et Mémoires d'un défunt Roman théâtral en revue. La Russie découvre dans une version très largement censurée Le Maître et Marguerite, son œuvre majeure, qui avait fait l'objet de tant de réécritures, dans le numéro 11 de décembre 1966 et le numéro 1 de janvier 1967 de la revue Moskva Moscou. La première version non censurée paraîtra à Francfort, en Allemagne, en 1969. En Russie, il faudra attendre 1973.
La première édition des Œuvres de Boulgakov, dans leur majeure partie, sinon dans leur totalité, paraît en cinq volumes à Moscou en 1989-1990, pendant la Perestroïka. Depuis, elles ne cessent de s'enrichir au fur et à mesure des rééditions. Entre 1989 et 1994, paraît la première édition complète du Théâtre de Boulgakov en deux volumes à Leningrad redevenue entre-temps Saint-Pétersbourg.
Celui qui a tant peiné pour être accepté de son vivant est finalement devenu l'un des écrivains les plus lus de Russie et sa prose est traduite dans de nombreuses langues63. Une édition complète de ses œuvres est sortie à la Bibliothèque de la Pléiade en deux tomes.

Les musées de Boulgakov à Moscou

À Moscou, deux musées honorent la mémoire de Mikhaïl Boulgakov et Le Maître et Marguerite. Ils sont situés dans l’immeuble où Boulgakov vécut entre 1921 et 1924, dans la rue Bolchaïa Sadovaïa N⁰10, où se situent également des scènes importantes de son roman Le Maître et Marguerite. Depuis les années 1980, le bâtiment est devenu un lieu de rassemblement pour les admirateurs de Boulgakov. Différents types de graffiti ont été griffonnés sur les murs. Les nombreux dessins et quolibets qui les maculaient ont été presque totalement blanchis en 2003.
Il existe une rivalité entre les deux musées, principalement maintenue par le Musée M.A. Boulgakov, qui se présente invariablement comme le premier et le seul musée commémoratif de Mikhaïl Boulgakov à Moscou.
La Maison de Boulgakov
La Maison de Boulgakov Музей - театр "Булгаковский Дом" est située au rez-de-chaussée et a été fondé comme une initiative privée le 15 mai 2004.
Le patrimoine de la Maison de Boulgakov contient des effets personnels, des photos et des documents de Mikhaïl Boulgakov. Le musée organise plusieurs expositions liées à la vie de Boulgakov et ses œuvres. Diverses manifestations poétiques et littéraires sont souvent organisées, ainsi que des excursions au « Moscou de Boulgakov , dont certains sont animés avec des personnages du Maître et Marguerite. La Maison de Boulgakov gère également le Théâtre M.A. Boulgakov avec 126 sièges, et le Café 302-bis.
Le Musée M.A. Boulgakov
Dans le même bâtiment, dans l'appartement numéro 50 au quatrième étage, est situé un deuxième musée, le Musée M.A. Boulgakov ru russe: Музей М. А. Булгаков. Ce deuxième musée a été fondé à l'initiative du gouvernement le 26 mars 2007.
Le patrimoine de la Maison de Boulgakov contient des effets personnels, des photos et des documents de Mikhaïl Boulgakov. Le musée organise plusieurs expositions liées à la vie de Boulgakov et ses œuvres.

Œuvres

Romans

La Garde blanche Белая Гвардия - 1925 et 1927-1929 publié en URSS en 1966
La Vie de monsieur Molière ou Le Roman de monsieur de Molière Мольер - achevé en 1933 publié en URSS, de manière expurgée, en 1962, de manière intégrale en 1989
Le Roman théâtral еатральный роман, également publié sous le titre : Les Mémoires d'un défunt - inachevé, rédigé en 1936-1937 publié en URSS en 1965,en volume, en 1966
Le Maître et Marguerite Мастер и Маргарита - dernières corrections du 13 février 1940 publié en URSS, de manière intégrale, en 1973

Nouvelles

Notes sur des manchettes Записки на манжетах - 1922-1924 publié en URSS, de manière intégrale, en 1982
La Bohème Богема - janvier 1925 réédition en URSS en 1986
Endiablade Дьяволиада - 1924 réédition en URSS en 1987
Les Œufs du destin ou Les Œufs fatidiques Роковые яйца, 1925 réédition en URSS en 1988
Cœur de chien Собачье сердце- achevé en 1925 publié en URSS en 1987
Carnets d'un jeune médecin Записки юного врача publié en URSS en 1963, comprenant:
La Gorge en acier Стальное горло - 15 août 1925,
La Serviette au coq Полотенце с петухом - 12 et 18 septembre 1926,
Baptême de la version Крещение поворотом - 25 octobre et 2 novembre 1925,
La Tourmente de neige Вьюга- 18 et 25 janvier 1926,
Ténèbres sur le pays d'Égypte Тьма египетская- 20 et 27 juillet 1926,
L'Éruption étoilée Звёздная сыпь - 12 et 19 août 1926,
L'Œil votalisé Пропавший глаз - 2 et 12 octobre 1926.
Morphine Морфий - décembre 1927 réédition en URSS, de manière intégrale, en 1988
Articles de variété et récits parus dans la presse soviétique de 1919 à 1927, dont:
Les Aventures extraordinaires du docteur N. - mai 1922 réédition en URSS en 1975
Une séance de spiritisme - juillet 1922 réédition en URSS en 1985
Les Aventures de Tchitchikov - 24 septembre 1922 et en volume en 1925 réédition en URSS en 1966
La Couronne rouge - 22 octobre 1922 réédition en URSS en 1988
Le 13, immeuble Elpit-Commune ouvrière ou La Commune ouvrière Elpite N⁰13- décembre 1922 et en volume en 1925 réédition en URSS en 1987
La Nuit du 2 au 3 - 10 décembre 1922 réédition en URSS en 1988
Une histoire de Chinois - 6 mai 1923 et en volume en 1925 réédition en URSS en 1987
Un psaume Псалом - 23 septembre 1923 et 1926 réédition en URSS en 1988
Le Raid Бег - 25 décembre 1923 réédition en URSS en 198
Le Feu du khan Tougaï Ханский огонь - février 1924 réédition en URSS en 1974
L'Île pourpre Багровый остров - 20 avril 1924 réédition en URSS en 1988
J'ai tué - 8 et 12 décembre 1926 réédition en URSS en 1972

Théâtre

Autodéfense, sketch en un acte, joué à Vladikavkaz le 3 juin 1920
Les Frères Tourbine, drame en quatre actes, joué le 21 octobre 1920
Les Communards de Paris, pièce en trois acte créée à Vladikavkaz entre janvier et mars 1921
Le Perfide paternel, pièce créée à Vladikavkaz en 1921
Les Prétendants d'argile, comédie-bouffe jouée en 1921
Les Fils du mollah, pièce créée le 15 mai 1921 et jouée trois fois66.
Les Jours des Tourbine Дни Турбиных - 1926 publié en URSS en 1955
L'Appartement de Zoïka Зойкина квартира - deux versions : 1926 en quatre actes et 1935 en trois actes publié en URSS en 1982
L'Île pourpre Багровый остров - 1927 publié en URSS en 1987
La Fuite - 1928 (publié en URSS en 1962
Adam et Ève Адам и Ева - 1931 publié en URSS en 1987
Béatitude (Блаженство сон инженера Рейна - 1934 (publié en URSS en 1966
Alexandre Pouchkine Александр Пушкин - 1935 publié en URSS en 1955
Molière ou la Cabale des dévots Кабала святош - achevé en 1929 publié en URSS en 1962
Ivan Vassilievitch Иван Васильевич - 1935 (publié en URSS en 1965
Batoum (Батум) - achevé en 1939 (publié en URSS en 1988

Livrets d'opéra

Minine et Pojarski, opéra en cinq actes et neuf tableaux, musique de Boris Assafiev, contrat le 21 juin 1936, abandonné en juin 1938
La Mer Noire, musique de Sergeï Pototski, contrat le 1er octobre 1936, abandonné en mars 1937
Pierre le Grand (Пётр Великий), musique de Boris Assafiev, commencé en juillet 1937, abandonné en janvier 1938
Rachel, musique de Dounaïevski, commencé en septembre 1938, inachevé en février 1940



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Posté le : 14/05/2016 19:25

Edité par Loriane sur 15-05-2016 14:59:32
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Jean Cavaillès
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Le 15 mai 1903 naît Jean Cavaillès à Saint-Maixent

dans les Deux-Sèvres, philosophe et logicien français, héros de la Résistance. Cofondateur du réseau Libération-Sud pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le réseau Libération-Nord.il est fusillé, à 40 ans le 17 février 1944 à Arras Pas-de-Calais. Il reçoit sa formation à l'école normale supérieure, Paris, école d'Épistémologie française. Ses principaux intérêts sont : Logique, philosophie des sciences, philosophie des mathématiques? ses idées les plus remarquables : dialectique du concept, critique du logicisme, critique du formalisme radical, critique de l'analyse transcendantale, c.q. de l'analyse réflexive; notions-clefs: acte, opération et sens, sens posant et sens posé d'un acte, abstraction thématique, thématisation, abstraction paradigmatique, idéalisation, le logique, enchaînements rationnels, événement et pari, nécessité des enchaînements vs. historicité et probabilité des événements. Il est influencé par Spinoza, Kant, Hegel, Bernard Bolzano, Léon Brunschvicg, Célestin Bouglé, Georg Cantor, Richard Dedekind, David Hilbert, Kurt Gödel, Paul Bernays, Felix Klein, Gerhard Gentzen, Edmund Husserl, Emmy Noether, Blaise Pascal, Romano Guardini, Henri Cartan, Gaston Bachelard, Ludwig Wittgenstein, Luitzen Egbertus Jan Brouwer, Jacques Herbrand, Thoralf Skolem. Il a influencé Gaston Bachelard, Georges Canguilhem, Jean Gosset, Jacques Bouveresse, Gilles Gaston Granger, Jacques Derrida, Jean-Toussaint Desanti, Suzanne Bachelard, Albert Lautman, Tran Duc Thao, Jules Vuillemin, Jean Ladrière, Jean Hyppolite, Paul Ricœur, Hourya Benis Sinaceur, Gerhard Heinzmann, Dominique Lecourt, Louis Althusser, Michel Foucault, Michel Fichant, Dominique Pradelle, Elisabeth Schwartz, Michael Hallett, Tommy Murtagh, Thomas S. Kisiel, Knox Peden, Santiago Ramirez, Carlos Álvarez, Herman Roelants, Henri Maldiney, Jan Sebestik, Aurelia Monti Mondella, Renato Jacumin, Yvon Gauthier, Paul Cortois, Jaromir Danek, Edouard Morot-Sir, Henri Mougin, Paul Labérenne,Pierre Dugac, Alain Michel, Claude Imbert, Baptiste Mélès, Jacques Lautman, Alya Aglan, Jean-Pierre Azéma, Fabienne Federini, Nicole Racine, Benoît Verny, Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Pierre-Yves Canu, Jean Ogliastro, Laurent Douzou, Jean-Jacques Szczeciniarz, Jean-François Braunstein, Pierre Cassou-Noguès, W.N.A. Klever, Brendan Larvor,...

En bref

Philosophe et logicien français, professeur à l'École normale supérieure, à l'université de Strasbourg et à la Sorbonne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs fois prisonnier et évadé, il est l'un des premiers et des plus actifs fondateurs de réseaux de résistance. Il a été fusillé par les Allemands en 1944. Son souvenir est évoqué par sa sœur, G. Ferrières : Cavaillès, philosophe et combattant 1950. Il fut l'ami de deux autres logiciens brillants et prématurément disparus : Albert Lautmann (1908-1944), également fusillé, qui écrit sur la notion de structure et d'existence en mathématique, et Jacques Herbrand (1908-1931), auteur d'une thèse remarquée sur la théorie de la démonstration.
L'œuvre de Cavaillès est fondée sur une longue réflexion philosophique sur les mathématiques, depuis son diplôme d'études supérieures soutenu en 1926 avec L. Brunschvicg : La Philosophie et les applications du calcul des probabilités chez les Bernoulli jusqu'à ses deux thèses : Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles, et Méthode axiomatique et formalisme (Essai sur le problème du fondement des mathématiques), toutes deux publiées en 1938. Dans une lettre du 28 avril 1928, il caractérise nettement son objet d'étude : « Le calcul des probabilités est sans grande conséquence au point de vue qui m'intéresse, savoir celui de l'étude de la pensée mathématique dans son développement, le mécanisme de ses créations, et peut-être, but désiré mais un peu utopique, les conditions cachées qui commandent d'une façon nécessaire son déroulement. » La lecture de Klein, l'historien des mathématiques, l'étude de la correspondance entre Cantor et Dedekind, son propre travail enfin l'amènent à une attitude que Bachelard a décrite en ces termes : « Une même condamnation, dans la pensée de Cavaillès, liquidait le psychologisme et l'historicité. Il a écrit dans une formule d'une merveilleuse densité : « Il n'y a rien de si peu historique [...] que l'histoire des mathématiques. »
Le dernier ouvrage de Cavaillès, extrêmement dense et riche, est rédigé en prison et publié par les soins de ses amis, Georges Canguilhem et Charles Ehresmann : Sur la logique et la théorie de la science (1947). On y trouve une critique aiguë de l'intuitionnisme kantien et de la phénoménologie husserlienne : Ce n'est pas une philosophie de la conscience mais une philosophie du concept qui peut donner une doctrine de la science. Françoise ARMENGAUD

Sa vie

Né le 15 mai 1903, issu d’une longue lignée huguenote du Sud-Ouest, fils d’officier, Jean Cavaillès est élevé dans les valeurs du patriotisme et de la rigueur protestante. Brillant élève, il fait des études primaires et secondaires à Mont-de-Marsan et à Bordeaux, puis en classe préparatoire aux grandes écoles au lycée Louis-le-Grand. En 1923 il est reçu premier au concours d'entrée de l'École normale supérieure après l'avoir préparé seul. Il est également titulaire d'une licence de mathématiques. En 1927, il obtient l'agrégation de philosophie. Il accomplit l'année suivante son service militaire comme sous-lieutenant dans une unité de tirailleurs sénégalais.
Il participe en 1929 en tant qu'auditeur au deuxième cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. Dans le rapport qu'il publie il donne un compte rendu assez détaillé du débat historique qui y eût lieu entre Ernst Cassirer et Martin Heidegger. Il séjourne à plusieurs reprises en Allemagne Berlin, Hambourg, Göttingen, Munich et Fribourg et il peut observer les progrès du national-socialisme. Il est boursier d'étude de la Fondation Rockefeller en 1929-1930 pour une étude sociologique sur les mouvements de jeunesse et les mouvements religieux en Allemagne, notamment sur l'évolution contemporaine du protestantisme allemand. Il lit et rencontre les nouveaux théologiens dialectiques critiques protestants et catholiques tels Erich Przywara, Romano Guardini, Karl Barth, Friedrich Gogarten. Guardini finit par faire une grande impression sur lui, et il joue avec l'idée de se convertir au catholicisme "je redeviens tala", écrira-t-il non sans ironie dans sa correspondance familiale. C'est peut-être plus qu'une coincidence qu'il publie, peu après, un article3 dans le deuxième volume annuel de la revue Esprit qui vient d'être fondée par Emmanuel Mounier et à laquelle collabore son agrégatif et ami Étienne Borne. En 1931, il rend visite au philosophe Edmund Husserl. Il va aussi écouter Martin Heidegger. En 1934, il lira Mein Kampf5 après avoir entendu Adolf Hitler en 1931. Il a rencontré en 1936 à Altona les opposants au régime hitlérien.
Entretemps, il travaille sur la théorie des ensembles en vue de sa thèse de doctorat sur la philosophie des mathématiques et rencontre nombre de logiciens et de mathématiciens allemands. Il étudie ainsi à Tübingen les archives du mathématicien Paul du Bois-Reymond. A. Fraenkel l’oriente vers la correspondance entre Richard Dedekind et Georg Cantor, qu'il publie avec Emmy Noether. De 1929 à 1935, il travaille en tant qu'agrégé-répétiteur à l'École normale. Parmi ses agrégatifs on trouve entre autres Maurice Merleau-Ponty, Étienne Borne, Jean Gosset, Georges Gusdorf et Albert Lautman, probablement aussi Jean Hyppolite. Il enseigne au lycée d’Amiens la philosophie et la littérature 1936-38. À Amiens, il fait la connaissance de Lucie Aubrac.
En 1937, il soutient à la Sorbonne deux thèses, Méthode axiomatique et formalisme thèse principale et Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles thèse complémentaire sous la direction de Léon Brunschvicg. Il s'inscrit ainsi à la suite d'autres logiciens français, tels Jacques Herbrand. Mais surtout ces thèses mettent la France sur la carte mondiale de la philosophie mathématique en discutant en détail et en profondeur la genèse de la théorie des ensembles et la crise des paradoxes qui en était issue, ainsi que l'évolution des trois grandes écoles érigées dans le but de résoudre cette crise fondationnelle intuitionisme, logicisme et formalisme. En particulier, il réussit à introduire les grandes contributions des mathématiciens et logiciens de l'école allemande de Göttingen et Hamburg - formalisme hilbertien, théorie de la démonstration - dans les milieux épistémologiques en France, comme les fondateurs du groupe Bourbaki Claude Chevalley, Charles Ehresmann, Henri Cartan, Jean Dieudonné... feront de même de façon éminemment influente dans leur projet de reconstruction des mathématiques proprement dites. Cavaillès est nommé maître de conférences de logique et de philosophie générale à l'université de Strasbourg. Il fréquente les milieux bourbakistes et noue ou renoue des amitiés avec Charles Ehresmann, André Weil et Henri Cartan. Avec la collaboration de ses amis Albert Lautman et Raymond Aron, il fonde une série philosophique chez Hermann. Dans ces "Essais philosophiques dirigées par Jean Cavaillès" paraîtront quatre volumes: Albert Lautman, Nouvelles recherches sur la structure dialectique des mathématiques 1939, Jean-Paul Sartre, Esquisse d'une théorie des émotions 1939, Albert Lautman, Symétrie et dissymétrie en mathématiques et en physique. Le problème du temps 1946, posthume, et de Cavaillès lui-même, également à titre posthume, Transfini et continu 1947.

Faits de guerre

Mobilisé en septembre 1939, comme officier de corps franc puis officier du chiffre au ministère de la guerre, il est cité pour son courage à deux reprises. Fait prisonnier le 11 juin 1940 en Belgique, il s'évade et rejoint à Clermont-Ferrand l'université de Strasbourg qui y est repliée. Un haut dignitaire de l’université lui reproche d'avoir déserté parce qu'il s'est évadé.

Résistance

Il est cofondateur à Clermont-Ferrand, en 1940, avec Lucie Aubrac et Emmanuel d'Astier de La Vigerie du mouvement Libération-Sud. Il contribue également à la fondation du journal Libération destiné à gagner un plus vaste public. Le premier numéro paraît en juillet 1941.
En 1941, il est nommé professeur de logique et de philosophie des sciences à la Sorbonne. Il participe alors en zone nord à la résistance au sein du mouvement Libération-Nord. Il s'en détache pour fonder en 1942, à la demande de Christian Pineau, le réseau de renseignement Cohors-Asturies. Il est favorable à une action militaire.
Il est arrêté par la police française en août 1942 et interné à Montpellier puis à Saint-Paul-d'Eyjeaux, d'où il s'évade en décembre 1942. Il y rédige - à l'aide de seulement quelques livres que des amis ont pu lui apporter - son "testament philosophique", publié ultérieurement et posthumément, par les soins de Georges Canguilhem et de Charles Ehresmann, sous le titre délibérément neutre Sur la logique et la théorie de la science 1947. Dans le camp, il donne une conférence sur "Descartes et sa méthode" où, selon certaines sources, il utilise la philosophie mathématique comme un langage codé. En tout cas, la fin de la conférence ne laisse rien dans l'obscurité: "C'est un tonnerre d'applaudissements quand Jean Cavaillès, après avoir rappelé la traversée de l'embouchure de l'Elbe à la Hollande, où Descartes, menacé par des mariniers, dégaina avec courage et avec succès - ajouta : Il faut toujours savoir tirer l'épée".
Il rencontre Charles de Gaulle à Londres en février 1943. Revenu en France en avril de la même année, il se livre essentiellement au renseignement et au sabotage visant entre autres la Kriegsmarine et l'inspection des installations allemandes de 'radiophare' sur les côtes, mission Ramier, qu'il confie à son ami de Normale Yves Rocard, physicien très réputé). Il confie à son adjoint et ancien élève Jean Gosset la direction de l'Action immédiate. Il se plonge de plus en plus profondément dans les actions directes de sabotage, seul et au sein de groupuscules convaincus, comme lui, de la priorité de l'action militaire et paramilitaire offensive sur la propagande. L'insertion dans tous ces contextes devient écrasante. Voici quelques-uns de ses hétéronymes à usages divers : Marty, Hervé, Chennevières, Bucéphale, Pégase, Carrière, 95078, Benoît, Crillon. Là où est le danger, là aussi doit être le chef. Il fuit les dicussions et activités politiques anticipant sur les questions de pouvoir et de Realpolitik de l'après-guerre, qui prennent une place de plus en plus importante dans les questions de direction et d'organisation des divers mouvements de Résistance. Sans doute y a-t-il aussi eu des discussions quant au commandement de divers groupes et quant à la stratégie à suivre, notamment au sein de Libération-Nord. Cavaillès rompt avec le comité directeur de ce dernier mouvement; la séparation entre Libération-Nord et Cohors s'en suit. Entretemps Cohors est infiltré suite aux actions de contre-espionage de l'Abwehr IIIF, moyennant le "retournement" d'agents de liaison capturés, introduits dans le Funkspiel jeu de radio, technique destinée à capter le trafic radio notamment avec l'Angleterre. Cavaillès est trahi par un de ses agents de liaison sans doute "retourné" d'une telle façon.
Arrêté le 28 août 1943 à Paris ensemble avec sa sœur Gabrielle, son beau-frère Marcel Ferrières et quatre autres membres de son réseau dont Pierre Thiébaut, il est torturé par la Gestapo de la rue des Saussaies. Il ne parle pas, Cohors survit. Tous les sept sont incarcérés à Fresnes. L'Abwehr a fait des tentatives intensifiées afin de le "retourner" et ainsi de réaliser un coup de maître de contre-espionage offensif. Ils croient réussir, mais c'est tout en vain. Les pianistes de Cohors pour le jeu de radio sont mis en sommeil pour quelques mois. Le prof de la Sorbonne impressionne ses interrogateurs par les citations de philosophie et de culture allemandes qu'il produit devant eux. Après cinq mois, Gabrielle Ferrières est remise en liberté, les autres sont transférés à Compiègne en attente d'être déportés. Mais ensuite l' "affaire Marty" connaît un revirement : on découvre que l'énigmatique et introuvable "Daniel" des sabotages dans le Nord n'est autre, encore, que "Marty". Une fois l'ampleur de ses activités réalisée, en particulier de celle militaire ressortant sous le pseudo Daniel au sein de la section d'Action immédiate, la GRAC, fondée avec Jean Gosset, le sort de Cavaillès semble scellé. Des recherches assez récentes en histoire de la Résistance ont révélé qu'il y a eu quelques interventions de personnes influentes, même vichyistes, dont Jérôme Carcopino, directeur de l'ENS, Marcel Déat et le général Bérard, en faveur de Cavaillès. Elles n'auraient pu aboutir. Cavaillès avait déjà comparu devant un tribunal militaire allemand et été fusillé sur-le-champ le 17 février 1944 dans la citadelle d'Arras.
Il est enterré dans une fosse commune sous une croix de bois portant l'inscription Inconnu no 5.
À la Libération, son corps est exhumé. Compagnon de la Libération à titre posthume, il repose dans la chapelle de la Sorbonne.

Famille

Son arrière-grand-oncle de côté paternel, Eugène Casalis 1812-1891, fondateur des Missions protestantes, ethnographe-linguiste des Lesotho, et directeur des Missions évangéliques de Paris.
Son père, Ernest Cavaillès 1872-1940, lieutenant-colonel, de religion protestante. Auteur d'un Atlas pour servir à l'étude des campagnes modernes, 1908. Traducteur de C.R.L. Fletcher and Rudyard Kipling, A School History of England 1911: Histoire d'Angleterre pour la jeunesse, Delagrave, 1932.
Son oncle et parrain, Henri Cavaillès 1870-1951 était professeur de géographie humaine à l'université de Bordeaux. Auteur de La Transhumance Pyrénéenne et la circulation des troupeaux dans les plaines de Gascogne, A. Colin, 1931 réédition Cairn, 2004; La Houille blanche, A. Colin; La Route française, A. Colin, 1946.
Sa sœur, Gabrielle Ferrières 1900-2001, également résistante au sein de Libération-Nord et de Cohors, arrêtée en même temps que lui, pionnière de SOS Amitié, est l'auteur de sa biographie. Elle a aussi publié Sauras-tu me reconnaître... : Essai sur la solitude, éd. Lanore Fernand, 1973; ainsi que Voix sans visages, éd. Calligrammes, 1996. Pianiste, elle était formée à la Schola Cantorum dirigée par Vincent d'Indy.
Son beau-frère, Marcel Ferrières 1897-1977, également membre de Libération-Nord et de Cohors, arrêté en même temps que lui, déporté à Buchenwald. Polytechnicien, rédacteur au sein de Libération 1941-43.
Sa belle-sœur, Alice Ferrières 1909-1988, première Française à recevoir (en 1964) la Médaille des Justes parmi les nations par le Mémorial de Yad Vashem pour aide aux réfugiés et enfants juifs pendant l'occupation.

Quelques particularités de l'œuvre

Bien qu'il soit foncièrement impossible de même tenter de résumer ici la signification de l'œuvre de Cavaillès si précocement et si brutalement interrompue, il n'est peut-être pas inutile de rappeler trois points spécifiques sur lesquels Cavaillès s'est montré particulièrement lucide.
Il a été vraisemblablement le premier dans la philosophie d'expression française à discerner, sur le plan même de la technique logique et philosophique, certaines des critiques qu'on pouvait adresser au programme du positivisme logique du Wiener Kreis (par exemple concernant l'ambition déclarée de réduire la logique de la science à une syntaxe), tout en maîtrisant et en appréciant ses acquis et mérites: voir "L'École de Vienne au Congrès de Prague" 1935 et Sur la logique et la théorie de la science, éd. Vrin 1987, p. 35-43.
Il a été le premier à discerner le conflit qui existe entre l'idéal d'une théorie nomologique ou complète proféré dans "Logique formelle et logique transcendantale" 1931 de Husserl et les théorèmes d'incomplétude de Kurt Gödel 1930: voir Sur la logique et la théorie de la science, p. 70-71.
Dans le même ouvrage, il énonce un dilemme devenu classique qui se pose pour cette philosophie husserlienne de la logique, dilemme formulé dans les propres termes de celle-ci: si elle veut donner un fondement transcendantal à la logique objective, celle-ci ne pourra valoir de manière absolue; mais si elle veut donner un fondement absolu et une validité absolue à cette logique, ce fondement ne pourra être transcendantal. Sur la logique, p. 65.

Citations

« Comprendre [une théorie] est en attraper le geste, et pouvoir continuer. » Méthode axiomatique et formalisme éd. Hermann, 1938/1981, p. 178.
« Par expérience, j'entends un système de gestes, régi par une règle et soumis à des conditions indépendantes de ces gestes. » "La Pensée mathématique" (Discussion avec Albert Lautman, Société française de Philosophie, 4 février 1939 dans Œuvres complètes de philosophie des sciences, p. 601.
« L'histoire mathématique semble, de toutes les histoires, la moins liée à ce dont elle est véhicule; s'il y a lien, c'est a parte post, servant uniquement pour la curiosité, non pour l'intelligence du résultat: l'après explique l'avant. Le mathématicien n'a pas besoin de connaître le passé, parce que c'est sa vocation de le refuser: dans la mesure où il ne se plie pas à ce qui semble aller de de soi par le fait qu'il est, dans la mesure où il rejette autorité de tradition, méconnaît un climat intellectuel, dans cette mesure seule il est mathématicien, c'est-à-dire révélateur de nécessités. Cependant avec quels moyens opère-t-il? L'œuvre négatrice d'histoire s'accomplit dans l'histoire. » Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles éd. Hermann 1962: Jean Cavaillès. Philosophie mathématique
« La synthèse que Kant décèle dans la pensée ne réclame aucun divers fourni ou différent mais elle-même, multiplicité par ses moments et son progrès: ce qui est unifié n'est pas préalablement donné comme divers - car comment pourrait-il être donné sinon déjà dans une synthèse? - ... mais il est le déroulement même des actes en tant que chacun d'eux, s'oubliant et se réalisant à la fois dans une signification, ne peut poser son être propre que comme élément d'un ensemble reconnu pluralité et aussitôt base de départ pour de nouveaux actes. ... il n'y a pas de sens sans acte, pas de nouvel acte sans le sens qui l'engendre. Sur la logique et la théorie de la science éd. Vrin, 1987, p. 28-29.
« Si la logique transcendantale fonde vraiment la logique il n'y a pas de logique absolue c'est-à-dire régissant l'activité subjective absolue. S'il y a une logique absolue elle ne peut tirer son autorité que d'elle-même, elle n'est pas transcendantale. Sur la logique et la théorie de la science, p. 65.
« Il n'y a pas une conscience génératrice de ses produits, ou simplement immanente à eux, mais elle est chaque fois dans l'immédiat de l'idée, perdue en elle et se perdant avec elle et ne se liant avec d'autres consciences ce qu'on serait tenté d'appeler d'autres moments de la conscience que par les liens internes des idées auxquelles celles-ci appartiennent. Le progrès est matériel ou entre essences singulières, son moteur l'exigence de dépassement de chacune d'elles. Ce n'est pas une philosophie de la conscience mais une philosophie du concept qui peut donner une doctrine de la science. La nécessité génératrice n'est pas celle d'une activité, mais d'une dialectique. Sur la logique et la théorie de la science, p. 78.
« Prévoir n'est pas voir déjà, nier l'événement en tant que nouveauté radicale, le réduire à du déjà vu comme manifestation d'une essence permanente. La dialectique de la prévision est celle de l'action réglée: elle comporte à la fois le refus d'abandon au temps qui dominerait et l'insertion dans le rythme de ce temps par quoi quelque chose se passe, à travers une épaisseur nécessaire de durée indépendante de celle de la conscience. Elle suppose le mouvement comme irréductible, donc le risque d'un départ de soi, d'une aventure vers l'Autre, à la fois déjà là et non déjà là, qui peut décevoir bien qu'on l'attende, qui marche à son allure propre. Sa modalité est la probabilité, non la nécessité. » Sur la logique et la théorie de la science, p. 68.
« Connaître le monde, c’est parier – parier que certains actes réussiront, expériences de laboratoire ou techniques industrielles. Le caractère vital, extra-intellectuel, en est profondément aperçu par Borel dans sa description du pari : demandez à un homme de choisir entre un gain à pile ou face et tel pronostic, si la somme est importante pour lui, son choix vous instruira. C’est la loi d’intérêt qui guide : s’insérer dans la nature, vivant au sein du devenir, inventer les mouvements qui réussiront, l’invention elle-même étant partie du devenir, élément d’un dialogue, comme les gestes du corps dans l’escalade. Il semble qu’une explicitation fidèle de l’intention du physicien devrait suivre cette ligne ... L’élaboration mathématique des théories représenterait une coordination systématique de gestes efficaces. "Du collectif au pari", p. 160.
« Le procès expérimental véritable est ... dans les visées, les utilisations, et constructions effectives d’instruments, tout le système cosmico-technique où son sens se révèle et dont l’unité aussi bien que la relation avec le déroulement mathématique autonome posent le problème fondamental de l’épistémologie physique. Sur la logique et la théorie de la science, p. 41.
« L’activité même de la conscience, le rapport entre raison et devenir, d’abord opaque, mais partiellement pénétré par elle, se trouvent ici en jeu. Le pari se situe à la ligne de partage entre action pure vécue et spéculation autonome : à la fois élan vers l’avenir, reconnaissance d’une nouveauté radicale, risque, et d’autre part, essai de domination par imposition d’un ordre, établissement de symétries. » "Du collectif au pari", p. 163.
Communication orale attribuée et rapportée par Raymond Aron: je suis spinoziste, je crois que nous saisissons partout du nécessaire. Nécessaires les enchaînements des mathématiciens, nécessaires même les étapes de la science mathématique, nécessaire aussi cette lutte que nous menons.
« Le développement authentique des mathématiques sous les accidents de l’histoire est orienté par une dialectique interne des notions.

Œuvre

Briefwechsel Cantor-Dedekind, hrsg. von E. Noether und J. Cavaillès, Paris, Hermann, 1937.
Méthode axiomatique et formalisme - Essai sur le problème du fondement des mathématiques, Paris, Hermann, 1938.
Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles, Paris, Hermann, 1938.
« L'École de Vienne au Congrès de Prague, Revue de métaphysique et de morale, XLII, 1935, p. 137-149.
« Du collectif au pari, Revue de métaphysique et de morale, XLVII, 1940, p. 139-163.
« La pensée mathématique, discussion avec Albert Lautman 4 février 1939, Bulletin de la Société française de philosophie, t. XL, 1946.
Transfini et continu, Paris, Hermann, 1947.
Sur la logique et la théorie de la science éd. Vrin, 1997, première édition Paris, PUF, 1947.
Œuvres complètes de philosophie des sciences, Paris, Hermann, 1994.
"Un mouvement des jeunes en Allemagne", "L'Allemagne et le Reichstag", "Crise du protestantisme allemand", "La crise de l'église protestante allemande", Philosophia Scientiae. Travaux d'histoire et de philosophie des sciences. Studien zur Wissenschaftsgeschichte und -philosophie Volume 3 1998 Cahier 1. Jean Cavaillès. Rédigé par Gerhard Heinzmann.
"Lettres à Étienne Borne 1930-1931". Présentées et commentées par Hourya Benis Sinaceur, dans Philosophie no 107 2010, p. 3-45.
Libération : organe des Français libres, hebdomadaire, Paris, 1940-1944.

Reconnaissance Décorations

Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume
Compagnon de la Libération à titre posthume
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance
Officier de l'Ordre de la Couronne de Belgique avec palme
Médaille de la Résistance Belgique

Philatélie

En 1958, il figure dans la 2e série consacrée aux héros de la Résistance, timbre de 8 F violet et brun-noir.
Cinéma

Dans le film L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville 1969, d'après le roman de Joseph Kessel 1943, le personnage fictif de Luc Jardie évoque à plusieurs niveaux la figure de Cavaillès :
Il est chef de réseau, rencontre de Gaulle, meurt au début de l'année 1944 ;
Il cite la philosophie des sciences de Cavaillès ;
Philippe Gerbier lit, durant sa planque à 2 h 6 dans le film, cinq ouvrages publiés « avant la guerre » par Luc Jardie à la NRF, et dont deux ont déjà été aperçus à 1 h 53 : Méthode axiomatique et formalisme, un Essai sur le problème du fondement des mathématiques ce n'est en réalité que le sous-titre de Méthode axiomatique et formalisme, Remarques sur la formation de la théorie abstraite des ensembles, Transfini et continu qui était en réalité un article posthume et non un livre, et ne fut pas publié à la NRF et Sur la Logique et la théorie de la science ouvrage dont en réalité le titre est posthume;
On voit sur la couverture des livres que Luc Jardie est, comme Cavaillès, « Ancien élève de l'École Normale Supérieure, Licencié de mathématiques, Agrégé de philosophie, Docteur ès lettres ;
Sur le point d'être fusillé, Gerbier énonce une idée spinozienne sur l'éternité directement inspirée du paradoxe du continu, qu'il voudrait soumettre à son patron, Jardie/Cavaillès : si, jusqu'à la plus fine limite, on continue de ne pas croire que l'on va mourir, alors on ne meurt jamais. Cette pensée articule la pensée spinoziste de l'éternité et la notion mathématique de convergence à l'infini vers une limite.
On trouve dans le film également des évocations d'autres membres des réseaux de Cavaillès, entre autres de Lucie Aubrac Simone Signoret et de Jean Gosset.
Après sa sortie tardive aux États-Unis 2006, le film avait été classé meilleur film de l'année par les critiques du magazine américain Premiere, de Newsweek, du LA Weekly et du New York Times.

Présence dans des œuvres littéraires

Joseph Kessel, L'armée des ombres, roman, Charlot, 1943
Philippe Sollers, La fête à Venise, roman, Gallimard, 1991 passim
Armand Gatti, La traversée des langages, œuvre de théâtre, 1994/95 Théâtre Jean Vilar, Montpellier, et éditions Verdier, 2012; L'Inconnu no 5 du pentagone du fossé des fusillés du pentagone d'Arras, œuvre de théâtre, 1997

Divers

Des salles de cours portent le nom Jean Cavaillès dans deux lieux où il a lui-même enseigné :
à l'Université de Strasbourg, l'amphithéâtre 1 du bâtiment Le Patio anciennement USHS et Université Marc Bloch
à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne UFR de philosophie;
à l'École normale supérieure rue d'Ulm ;
à la Maison des sciences de l'homme de Clermont-Ferrand, ville où il a enseigné lors du repli de l'université de Strasbourg.
Un collège de 500 élèves ouvert en 2004 porte son nom à Figanières dans le département du Var.
Une école privée portant son nom fut créée à Sèvres en 1954 par Claire Lejeune, grande résistante ayant combattu aux côtés de Jean Cavaillès. Elle dirigea l'école jusqu'à sa retraite en 1993. La même année, l'école est devenue la halte-garderie et le centre de loisirs de Beauregard.
Une école élémentaire publique porte son nom à Bayonne dans le département des Pyrénées-Atlantiques
Une école maternelle et une école élémentaire publique porte son nom dans la commune du Grand-Quevilly en Seine Maritime




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Posté le : 14/05/2016 18:20

Edité par Loriane sur 15-05-2016 14:33:42
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Émily Dickinson 1
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Le 15 mai 1886 à 55 ans meurt Emily Elizabeth Dickinson

à Amherst, Massachusetts, États-Unis, née le 10 décembre 1830 dans la ême ville, poétesse américaine. Née à Amherst dans le Massachusetts, dans une famille aisée ayant des liens communautaires forts, elle a vécu une vie introvertie et recluse. Après avoir étudié dans sa jeunesse, durant sept ans à l'académie d’Amherst, elle vit un moment au séminaire féminin du mont Holyoke avant de retourner dans la maison familiale à Amherst. Considérée comme une excentrique par le voisinage, on la connaît pour son penchant pour les vêtements blancs et pour sa répugnance à recevoir des visiteurs, voire plus tard à sortir de sa chambre. La plupart de ses amitiés seront donc entretenues par correspondance.
Bien qu’ayant été un auteur prolifique, moins d’une douzaine de ses presque mille huit cents poèmes ont été publiés de son vivantN 1. Ceux qui furent publiés alors étaient généralement modifiés par les éditeurs afin de se conformer aux règles poétiques de l’époque. Les poèmes de Dickinson sont uniques pour leur époque : ils sont constitués de vers très courts, n’ont pas de titres et utilisent fréquemment des rimes imparfaites et des majuscules et une ponctuation non conventionnelle. Un grand nombre de ses poèmes traitent de la mort et de l’immortalité, des sujets récurrents dans sa correspondance avec ses amis.
Même si la plupart de ses connaissances devaient savoir qu’Emily Dickinson écrivait, l’étendue de son œuvre ne fut connue qu’après sa mort, en 1886, quand Lavinia, sa plus jeune sœur, découvre sa cachette de poèmes. Son premier recueil est publié en 1890 par des relations personnelles, Thomas Wentworth Higginson et Mabel Loomis Todd, qui en altéreront fortement le contenu. Ce n’est qu’avec l’édition de Thomas H. Johnson en 1955, Les poèmes d’Emily Dickinson The Poems of Emily Dickinson, que paraît pour la première fois un recueil complet et pratiquement intact de son travail. Malgré des critiques défavorables et un grand scepticisme vis-à-vis de ses performances littéraires de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, les critiques considèrent à présent Emily Dickinson comme une poétesse américaine majeure.

En bref

Il a fallu attendre 1955 et la grande édition variorum de ses poèmes pour lire enfin l'œuvre de la poétesse américaine Emily Dickinson dans un texte sûr. Elle n'avait publié de son vivant que cinq poèmes qui passèrent inaperçus. Quatre ans après sa disparition, des amis et des parents rassemblèrent quelques centaines d'autres poèmes dont la transcription était loin d'être exacte. L'édition de Thomas H. Johnson (les poèmes en 1955 et les lettres en 1958) permet aujourd'hui de mesurer la stature de celle qu'on s'accorde à classer parmi les plus grands auteurs américains du XIXe siècle. Son œuvre est inégale, difficile, intensément personnelle, mais aussi parcourue d'éclairs de beauté. Sans rien devoir de très reconnaissable à aucun maître, elle se situe entre la tradition romantique américaine et la tradition calviniste de la Nouvelle-Angleterre.
L'histoire d'Emily Dickinson est la chronique sans relief d'une célibataire provinciale dont toute la vie s'est déroulée à Amherst (Massachusetts) ; nul incident notable ne la signale. Fille d'un avoué, élevée dans la religion congrégationaliste, la poétesse fait des études bourgeoises à Amherst College, puis à Mount Holyoke Seminary ; avant la trentaine, elle se cloître chez son père et vit en recluse excentrique, vêtue de blanc, soignant son personnage et ses apparitions, écrivant des poèmes qu'elle montre à quelques intimes, puis qu'elle dissimule dans un coffre. Peu de gens en connaîtront l'existence : sa sœur et sa belle-sœur, le critique T. W. Higginson et l'écrivain Helen H. Jackson, qui seront ses confidents littéraires.
Dès l'adolescence, Emily Dickinson fait preuve d'un esprit alerte et spirituel, d'un style pittoresque et mordant qui jongle volontiers avec les mots et expérimente avec le langage. Certains biographes ont fait cas d'une passion platonique que la poétesse aurait nourrie pour un pasteur marié, Charles Wadsworth, et qui aurait contribué à son inspiration ; les critiques plus récents tendent à minimiser l'incident et à souligner, en revanche, les angoisses métaphysiques de celle qui, vivant dans un monde encore très puritain, n'a jamais pu éprouver la grâce au point de se convertir.
Les thèmes principaux, C'est le drame intérieur d'Emily Dickinson, ainsi que ses observations et ses réflexions sur le monde et sur l'homme qui forment le noyau de son œuvre. Mis à part les poèmes de circonstance et les fantaisies descriptives ou sentimentales, sa poésie se présente comme un faisceau de tensions et de brèves illuminations dont les thèmes sont le moi, la nature et la mort. Contrairement à Emerson ou à Whitman, Emily Dickinson conçoit un monde irrémédiablement dualiste et sans communication possible. La nature n'est qu'illusion fugitive et brillante, théâtre d'évanescences rebelle à l'homme ; les sujets souvent traités seront ceux qui dramatisent ou illustrent la fuite des apparences sensibles : animaux discrets et furtifs, jeux d'ombre et de lumière, passage des saisons. Tout cela est rendu d'un trait vif, par des métaphores brillantes, et non sans un accent yankee réaliste et ironique qui évite sentimentalisme ou convention.
Une solitude existentielle, ponctuée de vains appels passionnés, marque les poèmes de l'exploration psychique. Saisi par une angoisse quasi névrotique où alternent extase et douleur, le moi est un espace clos où s'affrontent la conscience et son double, où se tapit un ennemi métaphysique diversement représenté. Il existe chez Emily Dickinson un malaise de l'être qui se traduit par des hallucinations qu'on dirait surréalistes. C'est une âme inquiète, hantée par la mort dont elle éprouve la terreur et la fascination au point d'en paraître morbide. Mais l'artiste sait dominer son obsession en lui donnant une forme esthétique et en la personnifiant, si bien qu'à son tour, le moi devient théâtre. La curiosité clinique d'Emily Dickinson, sa fascination devant l'instant de la mort et la « facticité » du cadavre où s'abolit la conscience malheureuse sont autant d'éléments originaux que rehausse un style visant à créer la surprise et le choc.
Face au néant, Emily Dickinson ne peut s'affranchir d'une inquiétude religieuse sur l'au-delà, encore qu'elle ait traité avec peu de révérence dogmes et traditions. Son œuvre est tout entière tendue entre une foi naïve ou conditionnelle, et un doute qui ne recule pas devant le blasphème. Tel poème, À l'abri dans leur chambre d'albâtre (Safe in their Alabaster Chambers), où deux versions différentes évoquent, l'une les gisants attendant en confiance la résurrection, l'autre leurs atomes libérés gravitant dans un cosmos purement naturaliste, illustre bien cette ambiguïté de l'écrivain ; parallèlement, Emily Dickinson n'a pu partager le panthéisme optimiste de certains romantiques, pas plus d'ailleurs qu'elle n'a su se résoudre à accepter le rude credo calviniste et sa stoïque incertitude du salut. Tendue et anxieuse, ou ironique et distante, éclatant à l'improviste en fleurs métaphoriques d'une grande beauté, cette méditation sur la vie et la mort, le fini et l'infini nous a valu les chefs-d'œuvre de la poétesse.
L'expression, Pour tenter de sortir de son dilemme et compenser ce que la religion n'avait pu combler, Emily Dickinson s'est tournée vers la création artistique. De ses réflexions dispersées, comme de ses images, ressort une théorie personnelle : le poète crée, à partir d'un épicentre conscient, une « circonférence » imaginaire dont le but est de coïncider avec celle du réel. Cet effort reste vain dans la mesure où, comparées aux merveilles du moindre objet naturel, les splendeurs poétiques font figure de « ménageries », puisque aussi bien l'on ne peut qu'imiter de loin une création par essence étrangère, ou évoquer gauchement un absolu rebelle à l'expression. Mais il est aussi une magie des mots ; elle permet de construire un microcosme de beauté qui, à sa façon, atteint à une vérité absolue ; certes, comparée à l'orbe de l'univers, l'œuvre du poète paraît minuscule ; pourtant, elle reflète cet univers pour une vision humaine limitée dans le temps et dans l'espace.
Les poèmes utilisent une métrique fondée sur celle qu'employaient des hymnes protestants comme ceux d'Isaac Watts (1674-1748). Le common meter y prédomine ; avec son schéma d'octosyllabes et d'hexasyllabes alternés et son rythme iambique, il est assez proche de la ballad anglo-saxonne et de certaines nursery rhymes. Mais ce modèle est fréquemment diversifié, et ce qui était froid et mécanique chez Watts devient chez la poétesse un instrument d'une grande souplesse, aux rythmes subtils, aux rimes capricieuses, libéré par la fantaisie individualiste de l'auteur. Certains poèmes sont des réussites parfaites ; dans beaucoup d'autres, on décèle quelque monotonie et une sorte de sécheresse aggravée par le trait rapide, l'extrême concision verbale et une sténographie grammaticale qui rend le sens parfois incertain. La forte originalité formelle d'Emily Dickinson tient plus à un vocabulaire riche et inattendu, à une constellation de métaphores mémorables, qu'à une maîtrise prosodique dont elle semble s'être, en définitive, assez peu souciée. Guy Jean Forgue

Sa vie

Environnement familial et enfance
Dessin représentant Emily à 9 ans. D'après un portrait d'Emily, Austin et Lavinia enfants.
Emily Elizabeth Dickinson est née à Amherst, le 10 décembre 1830, dans une famille qui, sans être très riche, est socialement en vue dans la Nouvelle-Angleterre4. Deux-cents ans plus tôt, avec la première vague migratoire puritaine, ses ancêtres avaient rejoint le Nouveau Monde – où ils prospéreront. Avocats, éducateurs et fonctionnaires politiques figurent dans l’arbre généalogique d’Emily : l’un de ses ancêtres a été secrétaire de la mairie de Wethersfield Connecticut en 1659.
Samuel Fowler Dickinson, le grand-père d’Emily, bâtit pratiquement à lui seul l'Amherst College. En 1813, il construit la propriété familiale, une grande maison dans la rue principale de la ville, qui deviendra le centre de la vie de famille des Dickinson durant une grande partie du siècle. Il est, pendant quarante ans, juge du comté de Hampton Massachusetts, secrétaire de la mairie, représentant à la Cour générale et sénateur au Sénat d’État.
Le fils aîné de Samuel Dickinson, Edward, avocat de l’université Yale, est juge à Amherst, représentant à la Chambre des députés du Massachusetts, sénateur à la capitale de l’État et, pour finir, représentant pour l’État du Massachusetts au Congrès de Washington. Pendant près de quarante ans, il est le trésorier d'Amherst College, et fonde la ligne ferroviaire Massachusetts Central Railroad. Le 6 mai 1828, il épouse Emily Norcross de Monson dans le Massachusetts. Ils ont trois enfants : William Austin Dickinson 1829–1895, que l’on appelle Austin, Aust ou Awe, Emily Elizabeth et Lavinia Norcross Dickinson 1833–1899, que l’on appelle Lavinia ou Vinnie. L’épouse d’Edward reste clouée au lit à la fin de sa vie et est à la charge de ses filles.
Tout laisse penser qu’Emily est une petite fille sage. Lors d’une longue visite à Monson, alors qu’elle a deux ans, Lavinia, la tante d’Emily, la décrit comme parfaite et contente - Elle est une enfant charmante et facile »10. Elle note également l’attirance de l’enfant pour la musique et son talent particulier pour le piano, qu’elle appelle la moosic.
Emily suit l’école primaire dans un bâtiment de deux étages sur Pleasant Street6. Son éducation est ambitieusement classique pour une enfant de l’époque victorienne. Son père tient à ce que ses enfants soient bien éduqués et suit leurs progrès même lorsqu’il est au loin pour son travail. Quand Emily a sept ans, il écrit à la maison, rappelant à ses enfants de continuer l’école, et d’apprendre, afin de me raconter, quand je reviendrai à la maison, combien de nouvelles choses vous avez apprises. Alors qu’Emily décrit constamment son père de manière chaleureuse, sa correspondance suggère que sa mère est souvent froide et distante. Dans une lettre à une de ses confidentes, elle écrit : si quelque chose m’arrivait, je courais toujours à la maison vers Awe Austin. Il était une mère épouvantable, mais il était mieux que rien .
Le 7 septembre 1840, Emily et sa sœur Lavinia commencent ensemble au collège d'Amherst, une ancienne école de garçons qui avaient ouvert ses portes aux filles deux ans plus tôt. À la même époque, son père acquiert une maison sur North Pleasant Street. Austin, le frère d’Emily, décrira plus tard cette immense maison comme le château sur lequel il régnait avec Emily quand leurs parents étaient absents. La maison donne sur le cimetière d'Amherst, un cimetière sans arbre et menaçant selon le pasteur.

Contexte historique

Emily Dickinson naît dans la période précédant la guerre de Sécession, à un moment où de forts courants idéologiques et politiques s’affrontaient dans la haute et moyenne bourgeoisie américaine.
Même les familles les plus aisées n'ont alors ni eau chaude ni salle de bains. Les tâches ménagères représentent une charge énorme pour les femmes même dans la famille Dickinson qui, en raison de sa position économique confortable, dispose d’une servante irlandaise. De ce fait la préoccupation d’Emily d’obtenir une bonne éducation constitue une exception dans la société rurale de la Nouvelle-Angleterre de son époque.
La chorale de l’église est pratiquement la seule expression artistique acceptée par la sévère religion puritaine partout présente. L’orthodoxie protestante de 1830 considère les romans comme une littérature dissipée et interdit les jeux de cartes et la danse. Il n’existe pas plus de concerts de musique classique que de représentations théâtrales. Pâques et Noël ne sont pas célébrés jusqu'en 1864, année où la première Église épiscopale, qui y introduit ses coutumes, est établie à Amherst. Les réunions de femmes seules, autres que le thé quotidien entre voisines, ne sont pas tolérées non plus.
Une fois l’Amherst College fondé par le grand-père et le père d’Emily, l’union entre celui-ci et l'Eglise commence à former des missionnaires qui partent d’Amherst pour propager les idéaux protestants dans les recoins les plus reculés du monde. Le retour occasionnel de certains de ces religieux aboutit à l’introduction de concepts, d’idées et de visions nouvelles dans la société conservatrice du village qui commence alors à établir un contact avec le monde extérieur et tend à abandonner les coutumes et croyances d’antan plus rapidement que dans les autres endroits de la région.

Adolescence

They shut me up in Prose —
As when a little Girl
They put me in the Closet —
Because they liked me "still" —

Still! Could themselves have peeped —
And seen my Brain — go round —
They might as wise have lodged a Bird
For Treason — in the Pound —

Ils m’ont enfermée dans la Prose —
Comme lorsque j’étais une Petite Fille
Ils m’enfermaient dans le Placard —
Parce qu’ils me voulaient « calme » —

Calme ! S’ils avaient pu jeter un œil —
Et espionner dans mon esprit — le visiter —
Ils auraient aussi bien pu enfermer un Oiseau
Pour trahison — à la fourrière —

Emily passe plusieurs années à l’Amherst Academy et suit les cours d’anglais, littérature classique, latin, botanique, géologie, histoire, philosophie mentale et arithmétique. Elle s’absente quelques trimestres pour cause de maladie ; sa plus longue absence a lieu entre 1845 et 1846, quand elle ne suivra les cours que pendant onze semaines.
Dès son plus jeune âge, Emily est perturbée par la menace grandissante de la mort, et plus spécialement de celle de ses proches. Quand Sophia Holland, son amie proche et sa cousine au second degré, attrape le typhus et meurt en avril 1844, Emily est traumatisée. Deux ans plus tard, se remémorant l’évènement, Emily écrit : Il me semblait que je devais mourir aussi s’il ne m’était pas permis de veiller sur elle ni même de regarder son visage. Elle devient si mélancolique que ses parents l’envoient faire un séjour dans de la famille à Boston afin de se rétablir. Elle en revient guérie, physiquement et moralement, et retourne à ses études à l’Amherst Academy. Elle rencontre alors ceux qui deviendront des amis de toute une vie, comme Abiah Root, Abby Wood, Jane Humphrey et Susan Huntington Gilbert qui épousera plus tard Austin, le frère d’Emily.
En 1845, un second Grand réveil Second Great Awakening a lieu à Amherst et entraine quarante-six confessions de foi parmi les proches d’Emily. L’année suivante, elle écrit à un ami : Je n’ai jamais connu une paix et un bonheur aussi parfaits que pendant la courte période où je pensais avoir trouvé mon sauveur. Elle poursuit en précisant que c’était son plus grand plaisir de communier avec Dieu le très haut et de sentir qu’il écoutait mes prières. Ce sentiment ne dure pas : Emily Dickinson ne fit jamais de déclaration de foi formelle et n’assistera aux services religieux que quelques années. Vers 1852, après sa phase religieuse, elle écrit un poème qui commence par : « Certains suivent le Sabbat en allant à l’église - / Je le suis, en restant à la Maison.
Durant sa dernière année à l’Amherst Academy, Emily se lie d’amitié avec Leonard Humphrey, le jeune et populaire nouveau principal. Après avoir terminé son dernier trimestre scolaire le 10 août 1847, elle s’inscrit au séminaire du Mont Holyoke The Mount Holyoke Female Seminary, fondé par Mary Lyon l’établissement deviendra plus tard le Mount Holyoke College et situé à South Hadley, à 16 km d'Amherst. Elle reste au séminaire seulement dix mois. Et même si elle apprécie ses consœurs de Holyoke, Emily n’en conservera aucune amitié durable. Les explications concernant la courte durée de son séjour diffèrent considérablement : sa santé fragile, la volonté de son père de l’avoir auprès de lui, sa rébellion contre la ferveur évangélique de l’école, la discipline de ses professeurs ou, plus simplement, le mal du pays. Quelle que soit la raison de son départ, son frère Austin vient la chercher le 25 mars 1848 pour la ramener à la maison. De retour chez elle, Emily Dickinson se consacre aux activités domestiques. Elle se met à faire la cuisine pour sa famille et participe aux manifestations locales et aux activités de la ville universitaire naissante.

Premières influences et premiers écrits

Alors qu’Emily a dix-huit ans, la famille Dickinson se lie d’amitié à un jeune avoué, Benjamin Franklin Newton. D’après une lettre qu’écrira Emily après la mort de Newton, il a été avec mon père pendant deux ans, avant de partir pour Worcester – poursuivre ses études, et il demeurait beaucoup avec notre famille. Même si leur relation n’était probablement pas d’ordre sentimental, Newton eu une influence formatrice et deviendra le deuxième après Humphrey d’une longue série d’hommes plus âgés auquel Emily Dickinson fera référence en tant que tuteur, précepteur ou maître.
Newton lui fait probablement découvrir les écrits de William Wordsworth et lui offre son premier livre de Ralph Waldo Emerson qui aura sur elle un effet libératoire. Elle écrira plus tard que celui « dont le nom me fut révélé par l’étudiant en droit de mon père, toucha un ressort secret. Newton la tient en haute estime et reconnaît en elle une poétesse. Alors qu’il est en train de mourir de la tuberculose, il lui écrit qu’il aimerait vivre jusqu’à ce qu’elle atteigne la grandeur qu’il perçoit. Les biographes d’Emily Dickinson pensent que cette déclaration de 1862 fait référence à Newton : Lorsque j’étais petite Fille, j’avais un ami, qui m’appris l’Immortalité – mais s’en approchant trop près lui-même, il ne revint jamais.
Emily Dickinson connait non seulement la Bible mais également la littérature populaire contemporaine. Elle est probablement influencée par les Lettres de New York de Lydia Maria Child, un autre cadeau de Newton après l’avoir lu, elle s’enthousiasme : Ça c’est un livre ! Et il y en a plein d’autres ! Son frère lui apporte en secret, car son père risque de désapprouver, une copie de Kavanagh de Henry Wadsworth Longfellow et, fin 1849, un ami lui prête Jane Eyre de Charlotte Brontë. L’influence de Jane Eyre ne peut être mesurée mais quand Emily Dickinson adopte son premier et unique chien, un Terre-neuve, elle l’appelle Carlo d’après le chien du personnage St. John River39. William Shakespeare a également une forte influence sur sa vie. Se référant à ses pièces de théâtre, elle écrit à un ami : Pourquoi serrer d’autres mains que celle-ci ? et à un autre : Pourquoi aurait-on besoin d’un autre livre ?

Âge adulte et réclusion

Début 1850, Emily Dickinson écrit que « Amherst est vivant et amusant cet hiver… Oh, c’est une magnifique ville ! . Mais sa bonne humeur se transforme rapidement en mélancolie après un nouveau décès. Le principal de l’Amherst Academy, Leonard Humphrey, meurt brusquement à l’âge de 25 ans d’une congestion du cerveau. Deux ans après sa mort, elle révèle à son ami, Abiah Root, l’étendue de sa dépression : … certains de mes amis sont partis, et certains de mes amis sont endormis – endormis du sommeil du cimetière – l’heure du soir est triste – c’était jadis mon heure d’étude – mon maître a trouvé le repos, et les pages ouvertes du livre, et l’étudiant seul à l’école, me fait monter les larmes aux yeux, et je ne peux pas les balayer ; je ne le ferai pas si je le pouvais, car elles sont le seul hommage que je puisse rendre au défunt Humphrey .
Durant les années 1850, Emily Dickinson entretient une relation intense et affectueuse avec Susan Gilbert. Jusqu’à la fin de leur relation, Emily lui enverra plus de trois cents lettres, plus qu’à la plupart de ses correspondants. En général, ses missives quémandent l’affection de Sue et s’effraient de la non-réciprocité de son admiration, mais comme Susan est souvent distante et désagréable, Emily est continuellement blessée par cette amitié tempétueuse. Cependant, Susan soutient la poétesse, jouant le rôle de « meilleure amie, autorité, muse et conseillère, dont Emily suit parfois les suggestions rédactionnelles ; elle joue un rôle fondamental dans le processus créatif d’Emily . Susan épouse Austin en 1856, après une cour de quatre ans, mais leur mariage n’est pas heureux. Edward Dickinson leur construisit une maison,the Evergreen, sur la partie ouest de la propriété familiale.

Portrait supposé d’Emily Dickinson, l’une des deux photographies connues. Prise dans les années 1850 et découverte en 2000 sur eBay par Philip F. Gura, son authenticité n’est pas prouvée45.
Jusqu’en 1855, Emily ne s’est jamais beaucoup éloignée d’Amherst. Au printemps de cette année-là, avec sa mère et sa sœur, elle entreprend ce qui sera son voyage le plus long et le plus lointain. Elles passent d’abord trois semaines à Washington, où son père représente le Massachusetts au Congrès. Les deux semaines suivantes, elles visitent de la famille à Philadelphie. Là, Emily rencontre Charles Wadsworth, un célèbre pasteur de l’église presbytérienne d'Arch Street The Arch Street Presbyterian Church, avec lequel elle liera une amitié solide qui durera jusqu’à sa mort en 188247. Après 1855, elle ne le reverra que deux fois il déménagea à San Francisco en 1862, mais elle se réfère à lui comme mon Philadelphie, mon Pasteur, mon plus cher ami sur terre et mon Berger de la Jeunesse .
Dès le milieu des années 1850 et jusqu’à sa mort en 1858, la mère d’Emily est clouée au lit par de nombreuses maladies chroniques. Écrivant à un ami durant l’été 1858, Emily dit qu’elle lui aurait rendu visite si elle pouvait quitter la maison, ou mère. Je ne sors pas du tout, de peur que père puisse venir et que je le manque, ou que je manque quelque petit évènement que je pourrais oublier, si je venais à fuir – Mère est comme d’habitude. J’ignore qu’espérer pour elle. Alors que sa mère dépérit, les responsabilités domestiques d’Emily deviennent de plus en plus lourdes et elle se confine à l’intérieur de la propriété familiale. Emily fait sien ce rôle et trouvant agréable cette vie avec ses livres et dans la nature, continue à la vivre.
Se retirant de plus en plus du monde extérieur, Emily commence en été 1858 ce qui sera son héritage. Révisant des poèmes qu’elle avait écrit auparavant, elle commence à recopier son travail au propre et assemble ainsi avec soin des livres manuscrits. Les quarante fascicules qu’elle crée de 1858 à 1865 contiendront finalement près de huit cent poèmes. Nul ne connaissait l’existence de ces livres, jusqu’à sa mort.
À la fin des années 1850, les Dickinson se lient d’amitié à Samuel Bowles, le propriétaire et éditeur en chef du Springfield Republican, et à sa femme, Mary. Ils rendront régulièrement visite aux Dickinson durant les années suivantes. Pendant cette période, Emily enverra à Samuel plus de trois douzaines de lettres et près de cinquante poèmes. Leur amitié sera le terreau de certains de ses écrits les plus intenses et Samuel Bowles publiera quelques-uns de ces poèmes dans son journal. On pense que c’est entre 1858 et 1861 qu’Emily écrivit Les Lettres du Maître The Master Letters. Ces trois lettres, adressées à un inconnu simplement appelé Maître, continuent de faire l’objet de spéculations et de conflits parmi les spécialistes.
Les premières années de 1860, après qu’Emily se sera largement retirée de toute vie sociale, seront ses plus productives en tant qu’écrivain.

«Mes Vers sont-ils vivants ?

En avril 1862, Thomas Wentworth Higginson, un critique littéraire, abolitionniste radical et ancien pasteur, écrit à la Une du The Atlantic Monthly un article intitulé : Lettre à un Jeune Journaliste Letter to a Young Contributor. Dans cet essai, il exhorte les aspirants écrivains à emplir leur style de vie, prodigue des conseils pratiques à ceux qui veulent être publiés. Recherchant un mentorat littéraire que personne près d’elle ne peut lui fournir, Emily lui envoie une lettre.

M. Higginson,
êtes-vous trop occupés pour me dire si mes Vers sont vivants ?
L’Esprit est si proche lui-même – il ne peut voir, distinctement – et je n’ai personne à qui demander –
Si vous pensez qu’ils respirent – et que vous ayez le loisir de me le dire, j’en ressentirais une prompte gratitude –
Si je suis dans l’erreur – et que vous osiez me le dire – vous me feriez un honneur sincère –
J’inclus mon nom – vous priant, s’il vous plait – Monsieur – de me dire ce qui est vrai–
Il n’est pas nécessaire de vous demander – de ne pas me trahir – car l’Honneur est son propre garant -
La lettre n’est pas signée, mais Emily joint dans l’enveloppe son nom sur une carte et quatre de ses poèmes. Higginson rend hommage à son travail mais lui suggère d’en retarder la publication jusqu’à ce qu’elle en ait écrit plus. Elle lui assure que publier lui est aussi étranger mais elle suggère que Si la gloire m’appelle, je ne peux lui échapper .
Dans ses lettres à Higginson, Emily Dickinson se complaît dans des auto-descriptions théâtrales et mystérieuses. Elle dit d’elle-même : Je suis petite, comme le roitelet, et mes cheveux sont épais, comme la bogue du châtaignier, et mes yeux sont comme le sherry que laissent les invités au fond du verre. Elle accentue sa nature solitaire, affirmant que ses seuls compagnons sont les collines, le coucher du soleil et son chien, Carlo. Elle mentionne également que si sa mère ne s’intéresse pas à la Pensée, son père lui amène des livres, mais la supplie de ne pas les lire – car il a peur qu’ils perturbent l’Esprit. Emily apprécie ses conseils, elle l’appelle M. Higginson ou Cher ami et signe ses lettres : Votre Gnome et Votre disciple. L’intérêt qu’il porte à son travail lui apporta certainement un important soutien moral. Des années plus tard, Emily dira à Higginson qu’il lui a sauvé la vie en 1862. Ils correspondront jusqu’à sa mort.

La femme en blanc

Après avoir fait preuve d’une intense productivité au début des années 1860, Emily Dickinson écrit beaucoup moins de poèmes en 1866. En proie à ses deuils personnels, manquant d’aide dans les travaux domestiques, il est possible qu’elle ait trop à surmonter pour maintenir son niveau précédent d’écriture. Après l’avoir accompagné pendant seize ans, son chien Carlo meurt ; Emily ne le remplacera jamais. Malgré le départ de la domestique, partie pour se marier après neuf ans au service de la famille, il faudra attendre 1869 pour que les Dickinson la remplacent. Une fois encore, Emily hérite des corvées, cuisine comprise, activité dans laquelle elle excelle.

A solemn thing – it was – I said –
A Woman – White – to be –
And wear – if God should count me fit –
Her blameless mystery –

Une chose solennelle – c’était – je vous le dis –
Une Femme – Blanche – qui est -
et qui porte – si Dieu me le permet –
Son mystère irréprochable -

À cette époque, le comportement d’Emily commence à changer. Elle ne quitte plus la propriété qu’en cas de nécessité absolue et, dès 1867, elle commence à parler à ses visiteurs à travers une porte plutôt que face à face. Elle acquiert une notoriété locale ; on la voit rarement, et quand on la voit, elle est généralement vêtue de blanc. La pièce de sa garde-robe qui lui a survécu est une robe blanche en coton, probablement cousue aux environs de 1878-1882. Peu d’autochtones, qui échangèrent des messages avec elle durant les quinze dernières années de sa vie, la virent en personne. Austin et sa famille commencent à protéger la solitude d’Emily, décidant de ne pas en faire un sujet de discussion avec des étrangers. Malgré sa réclusion physique, Emily est socialement active et s’exprime à travers ce qui constitue deux-tiers des notes et lettres qui nous sont parvenues. Lorsque des invités viennent à la propriété familiale ou à Evergreens, elle se retire souvent et envoie des petits cadeaux sous forme de fleurs ou de poèmes. Toute sa vie, elle entretient d’excellents rapports avec les enfants. Mattie Dickinson, le deuxième enfant d’Austin et Sue, dira plus tard que Tante Emily représente l’indulgence. MacGregor Mac Jenkins, le fils d’amis de la famille qui écrira en 1891 un court article appelé Un souvenir d’enfance d’Emily Dickinson A Child's Recollection of Emily Dickinson, se rappelle qu’elle offrait toujours son aide aux enfants du voisinage.
Quand Higginson la presse d’aller à Boston en 1868 afin de pouvoir enfin la rencontrer, elle décline l’invitation et écrit : Je serais très heureuse s’il venait à votre convenance de voyager aussi loin qu’Amherst, mais, moi, je ne traverserai pas les terres de mon Père pour me rendre dans quelque Maison ou ville que ce soit. Ils ne se rencontreront qu’en 1870, lorsqu’il se rendra à Amherst. Plus tard, dans ce qui est la description la plus détaillée et la plus vivante que nous ayons d’Emily, il parle d’elle comme une petite femme ordinaire avec deux bandeaux lisses de cheveux roux… dans un piqué blanc clair et exquis et un châle bleu ouvragé en laine peignée. Il dit également qu’il n’a jamais été avec quiconque qui épuise autant mes nerfs. Sans la toucher, elle puise en moi. Je suis content de ne pas vivre auprès d’elle.

Bouquets de fleurs et poésies

Le professeur Judith Farr note que, de son vivant, Emily est peut-être plus connue comme jardinière que comme poète. Elle prend des cours de botanique dès l’âge de neuf ans et, avec ses sœurs, entretient le jardin de Homestead. Tout au long de sa vie, elle rassemble une collection de plantes séchées dans un herbier relié en cuir de soixante six pages. Il contient 424 spécimens de fleurs séchées qu’elle a cueillies, classées et étiquetées en utilisant le système de la nomenclature binominale. De son temps, le jardin de Homestead est connu et admiré. Mais il n’a pas survécu et Emily n’avait conservé aucun calepin de jardinage, ni liste de plantes. Cependant, on peut en avoir une bonne impression à travers les lettres et les souvenirs de sa famille et de ses amis. Sa nièce, Martha Dickinson Bianchi, se souvient de tapis de muguet et de pensées, de rangs de pois de senteur et de jacinthes, il y en avait suffisamment en mai pour donner la dyspepsie à toutes les abeilles de l’été. Il y avait des rubans de haies de pivoines et des amoncellements de jonquilles, des soucis à foison – un vrai rêve de papillon. Emily cultive notamment des fleurs exotiques parfumées, et écrit qu’elle peut vivre aux îles des épices simplement en traversant la salle à manger vers la serre, où les plantes sont accrochées dans des paniers. Elle envoie fréquemment à ses amis des bouquets de fleurs auxquels sont attachés des poèmes, et ils appréciaient les bouquets plus que la poésie.

Décès des êtres chers

Le 16 juin 1874, à Boston, le père d’Emily subit une attaque cérébrale et meurt. Pendant les obsèques qui se tiennent dans l’entrée de Homestead, Emily se cantonne dans sa chambre, la porte légèrement ouverte. Elle ne participe pas non plus à la cérémonie funèbre du 28 juin. Elle écrit à Higginson que le cœur de son père était pur et terrible et je crois qu’aucun autre comme lui n’existe. Un an plus tard, le 15 juin 1875, la mère d’Emily subit également une attaque qui la laisse paralysée d’un côté du corps et la fait souffrir de pertes de mémoire. Se plaignant des besoins croissant de sa mère, aussi bien sur le plan physique que mental, elle écrit : La Maison est si loin de la Maison.

Though the great Waters sleep,
That they are still the Deep,
We cannot doubt –
No vacillating God
Ignited this Abode
To put it out –

Bien que les grandes Eaux sommeillent,
Et soient encore Profondes
On ne peut douter –
Qu’aucun Dieu vacillant
N’a enflammé cette Demeure
Pour l’éteindre -

Otis Phillips Lord, un vieux juge siégeant à la Cour suprême judiciaire du Massachusetts à Salem, fait la connaissance d’Emily Dickinson en 1872 ou 1873. Après la mort de sa femme, en 1877, son amitié avec Emily devint probablement une romance de vieillesse, mais ceci n’est qu’une supposition, la plupart de leurs lettres ayant été détruites. Emily trouve en Lord une âme sœur, notamment en termes d’intérêts littéraires communs, les lettres qui nous sont parvenues citent les œuvres de William Shakespeare comme Othello, Antoine et Cléopâtre, Hamlet et Le Roi Lear. En 1880, il lui offre Complete Concordance to Shakespeare de Cowden Clarke 1877. Emily écrit : Alors que d’autres vont à l’Église, je vais à la mienne, car n’êtes-vous pas mon Église, et n’avons-nous pas un cantique que seul nous connaissons ? Elle l’appelle Mon beau Salem et ils s’écrivent religieusement tous les dimanches. Emily attend ce jour avec impatience ; un fragment d’une de ses lettres fait état que Mardi est un jour profondément déprimant.
Après avoir été gravement malade pendant de longues années, le juge Lord s’éteint en mars 1884. Emily se réfère à lui comme notre dernière Perte. Deux années auparavant, le 1er avril 1882, Charles Wadsworth, le Berger de la Jeunesse d’Emily, étaient également mort après une longue maladie.

Déclin et mort

Même si elle continue à écrire durant ses dernières années, Emily Dickinson arrête d’organiser ses poèmes et oblige sa sœur Lavinia à lui promettre de brûler ses papiers. Cette dernière ne se mariera pas et demeurera à Homestead jusqu’à sa mort en 1899.
Les années 1880 sont difficiles pour les Dickinson. Se détachant irrémédiablement de sa femme, Austin tombe amoureux en 1882 de Mabel Loomis Todd, qui vient d’emménager récemment dans la région. Mabel n’a jamais rencontré Emily mais, intriguée, elle se réfère à elle comme « la femme que l’on appelle le Mythe. Austin se distancie de sa famille, faisant fructifier ses affaires, et sa femme en tombe malade de chagrin. La mère d’Emily meurt le 14 novembre 1882. Cinq semaines plus tard, Emily écrit : Nous n’avons jamais été proches… même si elle était notre Mère – mais les Mines d’une même Terre se rencontrent en creusant un tunnel et quand elle devint notre Enfant, l’affection survint. L’année suivante, Gilbert, le troisième et plus jeune enfant d’Austin et Sue – le préféré d’Emily – meurt de la fièvre typhoïde.
Alors que les morts se succèdent, Emily Dickinson voit son monde s’effondrer. À l’automne 1884, elle écrit que les Décès ont été trop importants pour moi, et avant que mon cœur ait pu se remettre de l’un, un autre survenait. Cet été là, elle voit une grande obscurité arriver et s’évanouit en faisant la cuisine. Elle reste inconsciente jusque tard dans la nuit et tombe malade des semaines durant. Le 30 novembre 1885, sa faiblesse et ses autres symptômes sont si alarmants qu’Austin annule un voyage à Boston. Elle reste clouée au lit pendant quelques mois, mais parvient à envoyer quelques lettres au printemps. Ce qu’on pense être sa dernière lettre a été envoyée à ses cousines, Louise et Frances Norcross, et dit simplement Petites Cousines, j’ai été rappelée. Emily. Le 15 mai 1886, après plusieurs jours d’aggravation, Emily meurt à l’âge de 55 ans. Austin écrit dans son journal que la journée a été terrible… elle a cessé cette horrible respiration juste avant que la cloche de l’après-midi ne sonne six heures. Le médecin d’Emily attribue son décès au Mal de Bright qui aurait duré deux ans et demi.
Emily Dickinson est enterrée dans un cercueil blanc, avec des héliotropes vanillées, des orchidées Calceolaria biflora et un bouquet de violettes. La cérémonie funéraire, qui se tient dans la bibliothèque de Hamstead, est simple et courte ; Higginson, qui ne l’a rencontré que deux fois, lit : No Coward Soul Is Mine Mon âme n’est pas lâche, le poème d’Emily Brontë que préférait Emily Dickinson. À la demande d’Emily, son cercueil ne fut pas conduit, mais porté à travers un champ de renoncules, jusqu’au carré familial à l’ouest du Cimetière sur Triangle Street.


Posté le : 14/05/2016 16:45
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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